Cours 5 : D’une guerre mondiale à l’autre (1914-1945) PDF
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Clotilde Nouët
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This document is a lecture on the period between the first and second world wars. It discusses the rise of nationalism and the collapse of empires, the causes of the first World War, and the events of the second World War. The document contains excerpts from Stefan Zweig.
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Cours de Clo*lde Nouët- HIS103 Cours 5 : D’une guerre mondiale à l’autre (1914-1945) Lecture d’un court extrait de Stefan Zweig : « Moi tout seul, j’ai été le témoin des deux plus grandes guerres qui ont désolé l’humanité et je les ai vécues sur deux fronts différents, l...
Cours de Clo*lde Nouët- HIS103 Cours 5 : D’une guerre mondiale à l’autre (1914-1945) Lecture d’un court extrait de Stefan Zweig : « Moi tout seul, j’ai été le témoin des deux plus grandes guerres qui ont désolé l’humanité et je les ai vécues sur deux fronts différents, la première sur le front allemand, la seconde sur le front opposé. J’ai connu dans l’avant-guerre la forme et le degré les plus élevés de la liberté individuelle et, depuis, l’état de la pire dégrada*on qu’on eût vue depuis des siècles, j’ai été célébré et mis hors la loi, j’ai été libre et asservi, riche et pauvre. […] J’ai vu croître sous nos yeux, et se répandre parmi les masses, les grandes idéologies, le fascisme en Italie, le na*onal-socialisme en Allemagne, le bolchevisme en Russie, et avant tout, ceTe pes*lence des pes*lences, le na*onalisme, qui a empoisonné la fleur de notre culture européenne. Il m’a fallu être le témoin impuissant et sans défense de cet inimaginable retour de l’humanité à un état de barbarie qu’on croyait depuis longtemps oublié, avec ses dogmes et son programme an*-humains consciemment élaborés. Il nous était réservé de revoir après des siècles des guerres sans déclara*on de guerre, des camps de concentra*on, des supplices, des spolia*ons massives et des bombardements de ville sans défense, tous actes de bes*alité que les cinquante dernières généra*ons n’ont pas connues et que les futures, espérons-le, ne souffriront plus ». (1941) à Témoin d’une époque et soumis à l’histoire : deux guerres et l’E2G Dans sa vie a connu la gloire et la mise au ban de la société (lois de Nuremberg, an*-juives), la richesse et la pauvreté à un entre-deux-guerres marqué par les grandes idéologies à le na*onalisme à la régression vers la barbarie : programme an*-humain, camps, bombardements (Guernica)… 1 Cours de Clo*lde Nouët- HIS103 Introduc=on Le cours s’in*tule : d’une guerre mondiale à l’autre, et couvre une période historique beaucoup plus courte que celles que nous avons pu traiter au cours du semestre. De 1914 à 1945 : seulement trente ans, alors qu’il nous est arrivé de balayer deux siècles dans une même séquence. Ø 1914, date du début de la première guerre mondiale ; 1945, date de la fin de la seconde guerre mondiale. CeTe période cons*tue un véritable point de bascule dans l’histoire mondiale, sur trois plans. Je prendrai pour fil directeur l’idée que, d’une guerre mondiale à l’autre, c’est à un « effondrement de la civilisa*on occidentale du 19ème siècle » que l’on assiste (Hobsbawm). Ø On assiste en effet à la fin des empires anciens, du monde impérial, au profit du principe des na9onalités (un des facteurs décisifs de la 1ère gm) Ø On assiste à une crise sans précédent du capitalisme moderne (cf. crise de 1929 et ses conséquences désastreuses) Ø Enfin, on assiste à une crise des ins9tu9ons de la démocra9e libérale, des régimes parlementaires qui s’étaient mis en place tout au long du 19ème siècle, avec la montée de régimes autoritaires voire dictatoriaux et totalitaires. 1. D’un monde impérial à l’affirma=on du principe des na=onalités 1.1. Le na(onalisme, creuset de la Première guerre mondiale Nous avons, à la fin du 19ème siècle, un monde cons*tué autour de grands empires territoriaux mul*na*onaux : par exemple, dominant l’Europe de l’Est et les Balkans, l’empire d’Autriche et l’empire OToman. Empires qui, comme on l’a vu dans le cas de l’Empire oToman, regroupent au sein d’un même ensemble une grande variété de territoires, de peuples, dont les origines ethniques, les langues, les religions diffèrent. Or, le 19ème = voit la montée des tensions iden*taires et na*onalistes (exemple de la Grèce qui devient un Etat indépendant en 1830 ; fin 19ème unifica*on de l’Allemagne et de l’Italie…) Celles-ci vont par*culièrement s’exprimer dans le premier conflit mondial. = c’est ce monde impérial qui va s’effondrer, au profit de ce qu’on a appelé le « principe des na*onalités », qui triomphe à la fin de la première guerre mondiale. Dates : 1914-1918. La guerre se déclenche dans un contexte de fortes tensions entre puissances européennes rivales (deux blocs se font face, la Triple Alliance, dite aussi Triplice (= Allemagne, Autriche-Hongrie, Italie) et la Triple Entente (France, RU, Russie), avivées par les rivalités coloniales. L’assassinat à Sarajevo de Franz-Ferdinand, héri*er du trône d’Autriche, l’été 1914, par des na*onalistes serbes, met le feu aux poudres. Pour plusieurs raisons : - On évoque souvent le jeu des alliances : l’assassinat conduit l’Autriche-Hongrie à déclarer la guerre à la Serbie, l’Allemagne la suit en déclarant la guerre à la Russie, en représailles le RU déclare la guerre à l’Allemagne. 2 Cours de Clo*lde Nouët- HIS103 - Mais il faut bien avoir conscience du contexte extrêmement na9onaliste dans lequel on se situe. - Comment aborder ceTe no*on de « na*on » ? Voir extrait de Hobsbawm (slide) Ø Les dernières décennies du 19ème siècle sont caractérisées par l’entrée des masses en poli*que. Notamment grâce à l’extension du suffrage universel (= droit de vote pour tous) à des catégories de la popula*on qui en étaient exclus, notamment les ouvriers. L’Europe du 19ème siècle= voit à l’œuvre une démocra*sa*on de la poli*que, via l’extension du droit de vote. Or, problème lorsqu’on accorde un droit de par*cipa*on poli*que au peuple= qu’est-ce qui garan*t la loyauté du peuple au pouvoir ? Pour l’Etat et les classes dirigeantes, c’est un enjeu important = s’assurer ceTe loyauté, d’autant plus difficile dans un contexte de profondes divisions sociales. Ce qui mobilise les masses : - soit la ques*on sociale, portée notamment par les mouvements ouvriers > parce qu’elle implique de penser la fracture sociale, elle peut menacer les intérêts de la bourgeoisie. - soit la ques9on na9onale qui apparaît comme un autre candidat pour garan*r l’unité. Ø Moyen efficace d’assurer la légi*mité du pouvoir après l’ère des révolu*ons, et notamment pour les monarchies, ins*tu*ons tradi*onnelles dont les fondements apparaissent fragiles dans un tel contexte de bouleversement. Ø Former un citoyen-soldat, et encourager le patrio*sme => moyen d’assurer l’unité de la communauté poli*que et de meTre en parenthèses tout ce qui oppose les différentes classes sociales. Mais on trouve alors deux interpréta*ons de la na*on : - L’une, populaire et révolu9onnaire, qui fait de la na*on le résultat d’un choix poli*que délibéré des citoyens. Na*on comme partage d’une citoyenneté commune, indépendamment de la langue, de l’ethnie, de la religion. - L’autre, plus conservatrice, qui iden*fie la na*on à un des*n ethnique, voire « biologique », celui d’une « race » qui partage un même sang, une même langue. Ø Et par ailleurs, non seulement ceTe dis*nc*on correspond à deux façons rela*vement dis*nctes d’interpréter la na*on et donc le na*onalisme, mais aussi à un shiz historique=> pour le dire de façon un peu simpliste mais non fausse, la na*on est une idée de gauche jusqu’en 1870, elle devient ensuite progressivement une idée de droite ! La centralité de la ques*on na*onale=> se révèle dans le fait qu’à la fin du 19ème, les na*ons européennes ont adopté des lois militaires pour préparer la guerre : allongement du service militaire, augmenta*on des budgets d’armement, plans de guerre offensifs… à Le principe des na*onalités s’impose contre l’interna*onalisme des mouvements socialistes et prolétariens. 1.2. La Grande guerre : une mobilisa(on de la société tout en(ère 3 Cours de Clo*lde Nouët- HIS103 Eté 1914, tout est prêt pour que le conflit puisse escalader très vite et mener à l’explosion. L’opposi*on pacifiste ne parvient pas à enrayer l’engrenage. Jean Jaurès en France (homme poli*que et d’Etat socialiste), dénonce le rôle de l’industrie de l’armement dans la volonté des poli*ques d’aller au conflit. Il est assassiné en juillet 1914. Sa dispari*on sonne le glas de l’opposi*on pacifiste. Ø Il faut lire L’Eté 1914 de Roger Mar*n du Gard qui raconte la saga des Thibault, et évoque le des*n de deux familles de notables dans la France de la belle époque et la façon dont tout un pays sombre dans la guerre. C’est ce qui se passe, l’Europe s’embrase, donnant lieu à l’une des guerres les plus meurtrières de son histoire. Au total, +9 M de morts et 21M de blessés= en France, pendant 4 ans, 900 jeunes hommes en moyenne mouraient chaque jour au front. En France, en Allemagne, en Autriche, c’est environ 10% des hommes ac*fs qui meurent. Récit de la guerre : - On a insisté sur la ferveur populaire des débuts cf. Stefan Zweig voir slide - Puis sur le contraste entre cet enthousiasme et l’horreur, la morbidité d’une guerre qui était essen*ellement de posi*ons. Ø SLIDE Guerre de tranchées = à savoir des lignes for*fiées cons*tuées de souterrains et de fossés creusés dans la terre, où les soldats (les Poilus) vivent à l’abri du feu ennemi. La guerre consiste à bombarder les lignes ennemies, et à envoyer régulièrement les soldats d’une na*on affronter ceux d’en face. Vous avez dû le voir dans les films=> image de la guerre inu*le, qui massacre les jeunes gens > ils escaladent le mur de la tranchée pour se faire *rer dessus… On a parlé de ceTe guerre comme d’une véritable boucherie. Au printemps 1917 par exemple, au Chemin des dames, le général Nivelle ordonne une offensive qui fera, en une seule bataille, 200000 morts côté français. - Sociétés en guerre= pas uniquement les hommes sur le champ de bataille. SLIDE Rôle des femmes, dans les champs ou les usines d’armements. Mémoire sélec*ve qui oubliera vite leur mobilisa*on pendant la guerre. - Rôle des coloniaux : les puissances en conflit vont u*liser de façon très importante les ressources humaines des empires. Voir SLIDE -En France : près d’un demi-M de combaTants issus du monde colonial (la plupart du temps, les popula*ons sont enrôlées de force), avec des taux de perte très importants (1/8ème des con*ngents na*onaux sont tués ; 1/5ème des con*ngents coloniaux) -Grande-Bretagne : le *ers des forces provient de l’Inde (environ 3 M de personnes), et des dominions (Canada, Australie, Nouvelle-Zélande, Afrique du Sud), ainsi que de l’Afrique. Là encore, avec des taux de perte très importants. 1917 : année qui marque un tournant dans la guerre. - La Russie, livrée à une véritable guerre civile suite à la Révolu*on d’octobre (on va y venir) se re*re de la guerre. - L’Allemagne concentre alors ses troupes à l’ouest, ce qui fait du sou*en industriel et militaire US en faveur de la France et de la GB un élément déterminant du conflit. - USA entrent dans le conflit officiellement en 1917, ce qui fait basculer le rapport de forces. 4 Cours de Clo*lde Nouët- HIS103 - C’est par ailleurs l’année des mu*neries=> ces rébellions de soldats armés contre l’autorité militaire, qui refusent de se baTre, révoltés contre les condi*ons effroyables dans lesquelles ils vivent au quo*dien et par l’horreur des combats. L’Allemagne, bien que rela*vement épargnée sur son territoire, est toutefois affaiblie et marquée par des troubles révolu*onnaires en 1917-1918 (d’où d’ailleurs le fait que dans l’E2G on incriminera les révolu*onnaires dans l’échec de la guerre)= elle demande un cessez-le-feu en 1918. 1.3. Bilan de la Première guerre mondiale Voir slide bilan de la guerre : photo Gueules cassées ; tableau ; « Monument aux morts » Coût matériel : destruc*ons considérables Coût humain : des millions de morts voir le tableau (10 M de soldats, 9 M de civils), mais aussi d’estropiés et invalides de guerre – les gueules cassées voir le film Au revoir là-haut, adapté du roman de Pierre Lemaître). Poids très important des anciens combaTants dans les sociétés de l’E2G > et notamment rôle dans des associa*ons d’anciens combaTants qui vont servir de levier aux mouvements d’extrême-droite de l’E2G. En France par exemple, les Croix- de-feu. Ces associa*ons, alliées des ligues d’extrême-droite vont être très ac*ves lors des manifesta*ons de février 1934 en France et vont s’avérer une véritable menace fasciste. Conséquences morales : crise des valeurs, brutalisa*on des sociétés ? Ø On a encore du mal aujourd’hui à comprendre comment le bilan humain a pu être aussi lourd, et pourquoi le conflit a duré si longtemps. Cela a donné lieu à des débats historiographiques sur l’existence d’une « culture de guerre » marquée par l’accepta*on de la violence et la brutalisa*on des sociétés. Ø La Grande Guerre a eu un effet immense sur les iden9fica9ons na9onales, y compris et surtout parmi les peuples sous joug colonial. Les sacrifices subis pendant la période des guerres (pareil pour la 2nde gm) rendent encore plus incompréhensibles les régimes de droits dualistes mis en place dans les colonies. Ceux qui ont été considérés comme égaux dans le sacrifice réclament l’égalité dans la reconnaissance. Aspects géopoli*ques : c’est tout le système des rela*ons interna*onales qui est à revoir, celui qui avait été mis en place au moment du Congrès de Vienne, en 1814-1815, et qui avait réussi à contenir les crises marocaines, mais qui a échoué à empêcher la guerre. À la fin de la guerre, il y a deux visions qui s’opposent : -Celle du président américain Woodrow Wilson, exposée dans les Quatorze Points (nom donné au programme de paix qu’il expose devant le Congrès en janvier 1918). -Celle des na*ons qui ont vaincu l’Allemagne, l’Angleterre et surtout la France. SLIDE à Pour Wilson : programme de paix qui repose sur le rôle central de la société des na*ons, garante du droit des peuples à s’autodéterminer eux-mêmes. Donc consacre le principe de na*onalité (pierre angulaire des Etats-na*ons). 5 Cours de Clo*lde Nouët- HIS103 Mais également : principes de liberté de naviga*on sur les mers et abaissement des barrières tarifaires ; limita*on de l’armement ; fin de la diploma*e secrète ; paix mondiale garan*e par un droit interna*onal et une « associa*on des na*ons » (point 14) > qui donnera naissance à la SDN, la société des na*ons. Créa9on de la SDN en 1919 = objec*f étant d’éviter que de nouvelles guerres se produisent. Faiblesses= n’a pas d’armée pour faire appliquer ses décisions, nécessite l’unanimité de ses membres pour en prendre, exclut les pays vaincus de la première guerre. Ni Russie ni USA n’en sont membres. à Pour l’Angleterre et la France, il s’agit de *rer un profit maximal de la paix. En par*culier la France face à l’Allemagne, qu’elle va soumeTre à une véritable humilia*on au point qu’elle parlera du traité de Versailles comme d’un « diktat ». On voit ces deux visions s’opposer dans le traitement de la paix, la vision de Wilson aura en réalité peu de succès. 1- Le Traité de Versailles, moins une paix juste qu’un « diktat » Traité de Versailles signé dans la galerie des Glaces du château de Versailles. Visait à racheter l’humilia*on de 1870 (guerre franco-prussienne qui avait à l’époque conduit à la perte, par la France, de l’Alsace-Lorraine). => pertes territoriales importantes (notamment Alsace-Lorraine), perte des colonies, répara*ons de guerre très lourdes, occupa*on de la Ruhr. Le Sénat US (où les républicains ont triomphé en 1918) refusera de ra*fier ce traité, ce qui va fragiliser l’ordre post-guerre. 2- La fin des Empires comme l’Empire austro-hongrois, l’Empire oToman, l’Empire allemand, l’Empire russe, semble annoncer une nouvelle ère où triomphe le principe de l’autodétermina*on des peuples. Mais cela ne vaut pas pour les colonies. Les colonies des puissances victorieuses n’accèdent pas à l’indépendance, celles des puissances défaites vont être redistribuées aux vainqueurs. Cf. Système des mandats du côté de l’Empire oToman : accord secret de Sykes Picot, 1916, signé entre la GB et la France, impliquait un plan de partage de l’Empire oToman. La GB essaie de jouer la carte du na*onalisme arabe contre les Turcs, notamment en u*lisant Lawrence d’Arabie, cf. le film de David Lean, 1962, avec Peter O’Toole et Omar Sharif ; mais n’ira pas au bout de la reconnaissance des Etats revendiqués par les popula*ons arabophones. - Conférence de San Remo 1920 qui a pour objet de définir les condi*ons de paix avec l’Empire oToman (futur traité de Sèvres). Conférence où Angleterre et France s’entendent sur la répar**on des mandats et l’accès au pétrole irakien, la GB ob*ent mandats et zones d’influence sur Irak, Pales*ne, Transjordanie, et la France sur Syrie+Liban. 2. Un entre-deux guerres sous tension : des années folles à l’âge des extrêmes 6 Cours de Clo*lde Nouët- HIS103 Contexte de l’entre-deux-guerres caractérisé par des polarités extrêmes : années 1920 sont les années « folles » en Europe = années de forte croissance éco, s*mulée par la reconstruc*on de l’Europe. Période de forte créa*vité ar*s*que, que ce soit dans les arts visuels (notamment la peinture, mais aussi la photographie), la poésie (mouvement surréaliste), le roman (grande période du roman que ce soit en France, avec Proust, ou aux USA, avec Hemingway ou Fitzgerald, the Great Gatsby), la musique, avec le jazz… Mais les années 1920, c’est aussi 24/10/1929, la grande crise de 29 > qui va entraîner ce qu’on appelle la Grande Dépression. CeTe crise – un krach boursier au départ, a lieu aux USA. Profitant de l’affaiblissement des na*ons européennes suite à la 1ère gm, ces derniers sont devenus le moteur de l’économie mondiale. Mais en 29, crise boursière, qui s’étend rapidement à l’ensemble du monde, et aura des conséquences économiques et sociales très graves. Ø Dans ceTe deuxième par*e du cours, je veux insister sur les profonds bouleversements poli9ques et économiques qui marquent les années 1930. -Poli(ques : avec la montée en force de régimes qui rompent avec les modèles de la démocra*e libérale et parlementaire = notamment le bolchevisme puis le stalinisme en Russie ; et en Italie et en Allemagne le fascisme et le nazisme. -Economiques : avec les conséquences de la crise de 1929 sur les économies américaine et européenne, et les différentes réponses qui lui ont été données. Je vais commencer avec la Russie, puis j’évoquerai le cas des dictatures européennes. 2.1. De la Russie tsariste à la Russie bolchevique Contexte économique et social de la Russie du début du siècle : Paysannerie fait les ¾ de la popula*on, est pauvre, soumise à une aristocra*e qui concentre la propriété terrienne. Sur le plan industriel, en complet retard par rapport au monde occidental, malgré le fait que certaines régions, comme celle autour de Saint-Petersbourg, connaissent un début de produc*on industrielle dynamique au tout début du siècle. Contexte poli9que : le pouvoir est aux mains de Nicolas II, dernier tsar de Russie, qui ne parviendra pas à sauvegarder la monarchie, dans un contexte où il accumule les erreurs. -1904, il décide de se lancer dans une guerre contre le Japon qui finit sur un désastre complet des Russes. -En 1905, avait eu lieu une première révolu*on, portée par les aspira*ons libérales de la bourgeoisie, semblable aux révolu*ons connues par les autres pays d’Europe au 19ème. Dans le même temps, nombreuses grèves menées par les ouvriers qui veulent une améliora*on de leurs condi*ons de vie et de travail. Dimanche rouge (9/01/1905), où une manifesta*on à Saint-Petersbourg est réprimée dans le sang, ce qui va radicaliser le mouvement. Egalement à la campagne, où les paysans poussent à la réforme agraire. Nicolas II va accepter quelques concessions mais qui ne suffiront pas. En 1905, il a par exemple accepté une cons*tu*on, mais qui sera résiliée en 1912, il a également consen* à la mise en place d’une Douma – un Parlement – mais sans vraiment jouer le jeu de la démocra*e parlementaire. Ce qui va faire des groupes les plus radicaux les derniers espoirs pour le changement. 7 Cours de Clo*lde Nouët- HIS103 -La première GM va être un tournant : ne consultant pas la Douma pour les ques*ons rela*ves à la conduite de la guerre, Nicolas 2 prend la tête de l’armée mais accumule les échecs militaires. Les problèmes économiques sont nombreux, en raison du blocus imposé par l’Allemagne. -CeTe situa*on sous haute tension va mener à la première révolu*on de 1917, celle de février. Chute du tsar, un gouvernement provisoire plutôt modéré se met en place, mais qui sera rapidement mis en concurrence par le Soviet de Petrograd (Saint-Petersbourg), sous contrôle des bolchéviques. Un soviet est un conseil de délégués ouvriers, paysans ou soldats (mot d’ordre de Lénine, « Tout le pouvoir aux Soviets ») Bolchéviques= nom donné aux membres de la branche révolu*onnaire du Par* ouvrier social-démocrate de Russie, fondée par Lénine en 1903, rejoint par un autre meneur bolchévique, Léon Trotski. C’est eux, les bolchéviques, qui vont amorcer la seconde révolu*on de 1917, celle du mois d’octobre. Ø Dans le vide d’une année 1917 marquée par une guerre qui perdure, le Par* bolchévique va organiser son mouvement : aboli*on de la grande propriété foncière, na*onalisa*on des banques, contrôle ouvrier sur la produc*on industrielle, journée de 8h… mais aussi : mise sur place de la police sovié*que, la Tchéka. Ø La Russie signe un traité de paix rapide, celui de Brest-Litovsk, en mars 1918, qui permet de meTre un terme à la guerre, mais au prix de pertes territoriales importantes : plus de 800000 km carrés de territoire, qui comprennent 25% de sa popula*on, et des ressources importantes, agricoles et charbon. ð Le fait de pouvoir se concentrer sur la situa*on na*onale va permeTre aux bolcheviques de s’imposer, mais au prix d’une guerre civile entre l’armée rouge et l’armée blanche : car ils sont loin de faire l’unanimité. Face à eux, des libéraux, des forces an*révolu*onnaires restées fidèles au tsar (Russes blancs, armées blanches), des minorités na*onales aussi qui voulaient leur indépendance. ð Une stratégie dite de « communisme de guerre » se met en place= na*onalisa*on des industries et du commerce, planifica*on de la produc*on, travail obligatoire des paysans… L’Armée rouge est créée sous la direc*on de Trotski, un par* unique également. Fonda*on officielle, en 1922, de l’Union des républiques socialistes sovié9ques, URSS. A la mort de Lénine, en 1924, conflit de succession entre deux figures importantes : Trotski et Staline. C’est ce dernier, alors secrétaire général du comité central du par*, qui l’emporte. Staline va établir une véritable dictature sur le pays : collec9visa9ons de force des campagnes jusqu’au milieu des années 1930 (luTe contre les koulaks, ou paysans aisés, qui étaient propriétaires de leurs terres et de leur bétail). Centralisa*on de la produc*on se fait dans le chaos et les résistances de paysans= famines terribles qui feront 6 M de morts. Egalement dans les années 1930, ce qu’on a appelé la Grande Terreur, à savoir des purges massives contre les dirigeants sovié*ques mais aussi la popula*on = plus de 8 Cours de Clo*lde Nouët- HIS103 750000 citoyens sovié*ques sont exécutés, et plus d’un M envoyés au Goulag entre 1937 et 1938 (le Goulag= administra*on principale des camps, désigne les camps de travail forcés) Ø Il faut voir le film Docteur Jivago, également de David Lean (adapta*on d’un roman de Boris Pasternak) : grande saga qui retrace l’histoire de la Russie, depuis avant la révolu*on de 1917 à la Russie sovié*que. 2.2. Fascisme et nazisme, Italie et Allemagne En 1929, crise économique d’une gravité sans précédent éclate aux USA, qui va avoir des conséquences désastreuses aux USA et en Europe = la Grande dépression. CeTe crise se traduit : - Par un effondrement de la produc*on, de l’inves*ssement, des prix et des revenus - Par un effondrement du commerce interna*onal - Mais aussi par une mul*plica*on des faillites et une montée ver*gineuse du chômage. Les pays européens sont touchés de plein fouet, notamment l’Allemagne, à peine remise des difficultés liées à la guerre : en février 1932 presque 34% de sa popula*on est au chômage complet ou par*el. Ø La crise va favoriser la montée au pouvoir de leaders populistes comme Adolf Hitler. En Europe, le fascisme et le nazisme se développent autour des caractéris*ques suivantes : Culte de la personnalité autour de leaders dits charisma*ques comme Mussolini en Italie et Hitler en Allemagne. Rejet des valeurs libérales et notamment : le parlementarisme, la pensée individualiste et les droits et libertés individuels Rejet du communisme et du marxisme Projet na*onaliste, fondé sur une base raciste, et qui abou*t en Allemagne à une poli*que d’extermina*on de minorités On voit s’opérer une « bascule » dans un régime extrémiste et criminel, qui nie complètement les libertés individuelles et qui va jusqu’à promouvoir une poli*que d’extermina*on. Ø Italie Contexte de crise à la fois économique et morale, dans lequel se développe ce qui est perçu comme une menace révolu*onnaire (mouvements poli*ques de tendance communiste, inspirés par les succès du bolchevisme en URSS). Face à ceTe menace, les grands intérêts privés, l’appareil d’Etat, privilégient le mouvement fasciste=> alliance qui respectera les intérêts des industriels et des capitalistes. FASCISME= vient de l’italien fascio qui veut dire faisceau ; symbole ambigu, emprunté à la fois à une tradi*on de gauche, anarchiste et les faisceaux de l’Ancienne Rome (verges pour punir et hache), symbole du pouvoir de contrainte. Émergence d’une figure : Benito Mussolini, qui a fondé en 1921 un par* fasciste, au départ pe*t par* sans influence, mais qui, via l’aide des oligarques+Etat, va pouvoir se transformer en un par* de masse. 9 Cours de Clo*lde Nouët- HIS103 à Dans les riches régions agricoles du Nord et du centre de l’Italie, le fascisme se met au service des grands propriétaires pour semer la terreur parmi les militants paysans, les dirigeants des coopéra*ves rurales et les membres des municipalités socialistes. Ils déploient également des expédi*ons puni*ves dans les centres urbains, toujours en visant les organes et ins*tu*ons de leurs adversaires, principalement les socialistes, communistes (par exemple sièges des syndicats, journaux de gauche), mais aussi les libéraux et les catholiques. L’armée fournit souvent les armes et les camions, la police et les magistrats laissent faire… Donc véritable démission de l’Etat libéral. Toutefois, le par* na*onal fasciste (fondé en 1921) ne parvient pas à obtenir le pouvoir via les élec*ons (échec des élec*ons législa*ves de mai 1921). Aussi Mussolini va-t-il recourir à l’ac9on directe. En octobre 1922, il organise la fameuse Marche sur Rome, où il défile à la tête des Chemises noires (environ 30000 hommes médiocrement armées). Véritable mascarade (coup de bluff), acceptée par la classe dirigeante qui pense pouvoir u*liser le fascisme contre la menace révolu*onnaire communiste. Mussolini se fait nommer président du Conseil par le roi Victor-Emmanuel II, ob*ent des pouvoirs renforcés, et grâce à une majorité parlementaire met en œuvre des lois « fascis*ssimes » qui lui confèrent les pleins pouvoirs (devient Duce). Suppression de la presse libre, seuls les journaux accrédités par le pouvoir peuvent imprimer, suppression du droit de grève, seuls les syndicats reconnus par le pouvoir sont autorisés. A par*r de 1926, transi*on de l’Italie vers une dictature. Encadrement de la jeunesse italienne, à laquelle on enseigne les principes du fascisme dès le plus jeune âge, contrôle des ac*vités sociales et des loisirs pour les adultes (presque tous les Italiens ont leur carte au par* fasciste). L’idée est de fabriquer un « homme nouveau ». Est mise en place une véritable propagande= u*lisa*on de la radio et du cinéma. Dans l’op*que de la grandeur italienne, est visée la conquête d’un nouvel espace vital. Invasion de l’Ethiopie en octobre 1935. Ø L’Allemagne On retrouve des caractéris*ques déjà iden*fiées dans le fascisme italien. - Le contexte de l’après-guerre. Hitler fonde son par*, le NSDAP, en 1920, dans un geste profond de rejet des valeurs des vainqueurs de la guerre. - Le par*, d’emblée, valorise la violence poli*que comme moyen d’ac*on : il possède des troupes paramilitaires (les SA, sec*on d’assaut, Sturmabteilung), et essaiera de conquérir le pouvoir par la force en 1923, avec un putsch, qui échouera. C’est là qu’Hitler ira en prison, où il rédigera son fameux Mein Kampf, un ouvrage an*sémite qui deviendra le manifeste du NSDAP. - On note également l’importance des symboles forts (les faisceaux en Italie), pour les Nazis= le drapeau rouge à croix gammée, plus tard le salut hitlérien. - On retrouve également, dans le contexte de crise économique qui fait suite à la crise de 1929, la même stratégie d’alliance avec la bourgeoisie financière et les milieux conservateurs, qui ont peur des communistes. Ils vont financer son par*, le NSDAP. Celui- 10 Cours de Clo*lde Nouët- HIS103 ci était déjà entré au Parlement en 1924, il voit ses sièges se mul*plier (107 députés en 1930, puis 230 en 1932). - En 1933, Hitler est nommé premier ministre. Il orchestre l’incendie du Reichstag dans la nuit du 27 au 28 février 1933, en accusant les communistes : ce sera l’occasion de liquider les opposants communistes, et Hitler prendra les pleins pouvoirs pendant 4 ans. Aboli*on des libertés individuelles, le par* nazi devient par* unique. A la mort du président Hindenburg, Hitler devient président-chancelier du Reich, désormais appelé le Führer. Le programme idéologique an9sémite des Nazis s’accomplit inexorablement : - Encadrement de la jeunesse via les Jeunesses hitlériennes, au profit d’une na*on dite « régénérée ». cf. slide - Lois an*juives dès l’arrivée des nazis au pouvoir : les Juifs sont exclus de la fonc*on publique, leur nombre dans les universités est limité, restric*ons dans l’exercice des professions libérales, campagnes de violence contre eux. - Lois de Nuremberg en 1935 : priva*on de la citoyenneté allemande, interdic*on des mariages mixtes. La judéité n’est pas définie religieusement (par l’exercice d’un culte), mais par le « sang ». Il suffit d’avoir trois grands-parents juifs pour être considéré comme juif. Les noms des soldats juifs morts pendant la première gm ne peuvent plus figurer sur les monuments aux morts. - Puis aryanisa*on forcée des entreprises, des commerces, etc. => celles et ceux qui appar*ennent à des Juifs sont saisis par l’Etat et redistribués à des non-Juifs, certaines professions deviennent interdites aux juifs (médecin, avocat). - Le pogrom de la Nuit de Cristal (9/10 novembre 1938) - Les juifs sont concentrés dans des gheTos. - Plus tard, pendant la guerre, il y aura d’autres mesures (men*on du J sur les passeports, port obligatoire de l’étoile jaune en 1941. => puis à par*r de 1942 mise en œuvre de la solu*on finale. Enfin, idée d’espace vital (Lebensraum) : Conquêtes de territoires voisins où vivaient d’importantes minorités germanophones (1938, l’Anschluss, qui raTache l’Autriche à l’Allemagne) ; puis en octobre de la même année, les Sudètes, territoire en Tchécoslovaquie où vivent plus de 3 M d’individus germanophones. Ø Tout cela sans que la communauté interna*onale n’intervienne. Au contraire, accords de Munich, en septembre 1938, ont visé à préserver la paix en acceptant le partage de la Tchécoslovaquie, qui sera occupée en mars 1939. 2.3. Des régimes totalitaires ? On a évoqué trois cas de figure : Russie sovié*que, Italie, Allemagne, inspirées d’idéologies très différentes (le communisme dans un cas, le fascisme au sens large, avec spécifica*on : le nazisme, dans l’autre). Y a-t-il un sens à les regrouper dans la même catégorie de « régime totalitaire » ? C’est l’objet d’un véritable débat en histoire et sciences sociales. 11 Cours de Clo*lde Nouët- HIS103 Au départ, la catégorie de « totalitarisme » est définie juste après l’expérience de la 2nde guerre mondiale pour proposer une typologie des régimes sovié*que, nazi, fasciste. Friedrich et Brzezinski définissent ainsi le totalitarisme : - Est totalitaire un régime qui n’est pas pluraliste (il a aboli les libertés libérales, notamment celles d’expression, de presse, d’associa*on) - Mais qui n’est pas non plus « seulement » autoritaire : il y a une dimension radicale ou extrême > une idéologie officielle, un par* de masse unique, des mesures de terreur policière, le monopole des médias, celui des armes et une économie planifiée. - La dictature est rendue possible par ailleurs par l’entre*en du culte de la personnalité, l’encadrement de la jeunesse, le contrôle de l’opinion, et une propagande > un « homme nouveau » est censé être créé Arendt insiste aussi sur ces aspects, et sur le fait que le totalitarisme vise un contrôle total de la vie sociale dans ses moindres aspects. Mais d’autres auteurs contestent l’intérêt du concept (c’est un concept écran, qui masque les différences importantes entre les régimes communiste, d’un côté et nazi et fasciste de l’autre). - Le régime dictatorial mis en place en URSS tout d’abord n’a pas été toujours « totalitaire » si l’on accepte ceTe défini*on. Après la mort de Staline > déstalinisa*on, certains auteurs parlent d’un régime autoritaire mais non plus totalitaire. - Il faut ensuite dis*nguer l’usage des concepts de nazisme et fascisme= si nazisme désigne uniquement l’expérience allemande (régime de Hitler entre 1933 et 1945), « fascisme » est u*lisé pour désigner, au-delà du régime de Mussolini (1922-1943), un vaste ensemble de dictatures militaires et de régimes autoritaires surgis en Europe à par*r des années 1930, suite à des coups d’Etat (Espagne de Franco), des révolu*ons ‘légales’ (l’Autriche de Dollfuss), ou engagés dans la collabora*on (comme la France de Vichy…) On a également u*lisé le terme pour qualifier certaines dictatures militaires instaurées dans certains pays d’Amérique la*ne entre les années 1930 et les années 1980. - Enfin, il y a d’importantes différences dans les formes du régime lui-même. Ø dans le statut de la propriété privée qui est maintenue dans le fascisme et le nazisme, alors qu’elle est abolie, en URSS, au profit de la propriété des moyens de produc*on par une bureaucra*e éta*que. Ø dans le projet racial. Le système concentra*onnaire nazi= vise l’extermina*on, alors qu’avec le Goulag sovié*que, il s’agit d’asservir la popula*on pour la faire travailler à la modernisa*on de l’URSS. Voir à ce sujet le livre d’Enzo Traverso, Le totalitarisme. Le XXe siècle en débat 2.4. Les États-Unis du New Deal, une réponse à la crise de 1929 Aux USA, en 1933, 25% de la popula*on ac*ve est au chômage, l’ac*vité éco est en récession complète, des bidonvilles se forment aux alentours des grandes villes US. Voir les Raisins de la colère, roman de Steinbeck adapté par John Ford en 1940 dans un film où joue Henry Fonda. SLIDE. Extrait du film. 12 Cours de Clo*lde Nouët- HIS103 On a évoqué les 14 points du Président Wilson. À savoir les principes qu’il présente devant le Congrès américain en janvier 1918 pour guider la poli*que américaine pendant la Grande Guerre. Vision qui repose sur l’idée d’un monde pacifié reposant sur la démocra*e et le marché libre. Or, c’est ce modèle qui est durement aTeint par la crise de 1929. Les républicains ne parviennent pas à enrayer la crise. En 1932, Hoover lance l’ini*a*ve d’une conférence économique interna*onale, réunie à Londres en 1933. Elle connaîtra l’échec complet. Dans ce climat où les républicains sont impopulaires, c’est le candidat démocrate Franklin Delano Roosevelt qui l’emporte aux élec*ons présiden*elles de novembre 1932. Roosevelt, un homme poli*que habile et pragma*que qui va s’entourer de conseillers assez hétérogènes, largement recrutés à Columbia et Harvard. Met en place dans les 100 premiers jours de sa présidence (premier New Deal) un véritable programme pour contrôler le secteur bancaire US, reconstruire l’économie du pays=> rupture avec les poli*ques de laisser-faire. Ø Concomitance, avec les théories de l’économiste J.M Keynes qui préconise une plus grande interven*on de l’Etat dans l’économie= grands travaux pour résorber le chômage. Mais il ne faut pas non plus en déduire une influence. John Maynard Keynes, économiste britannique qui a influencé le développement de l’Etat Providence > en préconisant une interven*on de l’Etat sur l’économie à travers une poli*que de relance de la croissance via poli*que des salaires et de la s*mula*on du pouvoir d’achat des classes laborieuses. On dis*ngue généralement un premier et un second New Deal. Le premier New Deal, 1933-1934, a trois volets : - Il s’agit de ramener la confiance dans les organismes financiers, en organisant leur contrôle plus strict par l’Etat. - Également, une poli*que industrielle très progressiste, Exemple : le Na(onal Recovery Act de 1933 a visé à réglementer la collabora*on entre l’Etat et les entreprises, en vue d’objec*fs concernés pour luTer contre la crise. Pour enrayer la baisse des prix, cet Act implique des codes de concurrence loyale aux entreprises d’une même branche ; il impose aussi des clauses sociales (limita*on de la durée de la semaine de travail, défini*on d’un salaire minimal, l’objec*f étant de soutenir le pouvoir d’achat des ouvriers). Invite les délégués ouvriers et le patronat à négocier des conven*ons collec*ves. - Enfin, volet essen*el : la luTe contre le chômage, à travers notamment une poli*que de grands travaux, dans le cadre de projets de réaménagement du territoire et de rénova*on des zones rurales. Or, en 1935, la Cour suprême invalide la plupart des mesures prises pendant les 100 jours, ce qui amène Roosevelt à réorienter sa poli*que. La plupart des réformes structurelles (qui touchent aux structures de l’économie) n’étant pas possibles= il va déployer une poli*que redistribu*ve en ma*ère de revenus, donc il va jouer sur l’ou*l qu’est l’Etat-Providence. Ø LuTe contre le chômage, promo*on du syndicalisme, système d’assurance contre le chômage, la vieillesse, l’invalidité via le Social Security Act (1935). On finance ces poli*ques via un déficit budgétaire assumé ainsi que l’alourdissement de la fiscalité sur les successions et les hauts revenus. 13 Cours de Clo*lde Nouët- HIS103 à La poli*que du New Deal, qui sera reconduite en 1936, puisque Roosevelt sera réélu, repose sur une vision pragma*que (relancer l’économie) et sur une grande intelligence poli*que=> n’a pas cherché à assurer une voie de compromis avec les républicains, mais a visé une certaine base électorale – les masses laborieuses et l’électorat noir, en insistant sur l’aspect progressiste de sa poli*que. = Voie qui n’est ni le dirigisme planificateur, ni l’autoritarisme fasciste, ni le libéralisme classique. 3. La Seconde guerre mondiale et ses bouleversements inédits 3.1. Les principales séquences de la Seconde guerre mondiale On fait tradi*onnellement débuter la 2nde gm en 1939, avec l’invasion de la Pologne par l’Allemagne, et la déclara*on de guerre de la France et de l’Angleterre. D’autres historiens plaident pour 1937= date à laquelle le Japon s’aTaque à la Chine. Dans les années 1920, le Japon s’est doté d’une industrie puissante, d’une administra*on structurée, d’une armée redoutable. Les militaires et les na*onalistes gagnent du pouvoir dans ce contexte de l’E2G (où la crise se fait durement ressen*r), et le Japon s’engage dans la voie d’une expansion en Asie. Ils commencent en 1931 par envahir la Mandchourie, une région au nord de la Chine, où se trouvent le fer et le charbon, dont leur économie dépend. La région devient le Mandchoukouo, sous contrôle japonais, première étape d’un projet panasia*que dont le Japon est le principal bénéficiaire= projet qui repose sur une hiérarchie des peuples asia*ques. La colonisa*on de l’Asie va s’accélérer : 1937, c’est la prise de la ville de Nankin, soumise à des saccages et des viols, qualifiée par les Japonais eux-mêmes de « campagne d’annihila*on ». En Europe, invasion de la Pologne en septembre 1939. Au départ, c’est la Drôle de guerre, au cours de laquelle très peu d’affrontements. En mai 1939, l’Allemagne fait sa guerre éclair (Blitzkrieg) contre la France, qui en quelques semaines est défaite et demande l’armis*ce. Le pays sera occupé par les nazis dans sa par*e nord, tandis qu’au sud, est mis en place le Régime de Vichy, sous le contrôle du maréchal Pétain (un ancien héros de la Grande Guerre)=> régime qui accepte la domina*on allemande en acceptant notamment les objec*fs de guerre allemands. Un réseau de résistance se meTra en place à par*r de juin 1940, sous la houleTe du général Charles de Gaulle, depuis Londres (appel du 18 juin). Un pacte de non-agression avait été conclu entre URSS et Allemagne nazi, juste avant le déclenchement de la guerre. Il permet aux allemands de se concentrer sur le front ouest. Ils se lancent dans la Bataille d’Angleterre, qu’ils ne gagneront pas. Eté 1941, Hitler lance l’Opéra*on Barbarossa, rompant le pacte avec l’URSS, il commence une offensive à l’est. Pendant ce temps, le Japon con*nue son expansion en Asie : Malaisie, Singapour, Indochine, Philippines… Pour assurer sa sécurité dans le Pacifique, le Japon aTaque le 7 décembre 1941 la base navale US de Pearl Harbor, située à Hawai. Cela entraîne les USA dans le conflit. Après des mois de siège à Stalingrad entre l’été 1942 et février 1943, les Allemands subissent leur première véritable défaite, ce sera le tournant dans la guerre. Car pendant ce temps, les USA et l’Angleterre essaient d’ouvrir un nouveau front à l’ouest, notamment en 14 Cours de Clo*lde Nouët- HIS103 Afrique du Nord, en Italie et en Normandie. Les Allemands capitulent au printemps 1945 (8 mai), mais la guerre n’est pas terminée. Le Japon finira par capituler le 14 août 1945. Entre-temps, deux bombes nucléaires avaient été lancées contre les villes de Hiroshima et de Nagasaki, les 6 et 8 août, qui firent plus de 100000 morts en quelques secondes. L’invasion de la Mandchourie par l’URSS a lieu dans la nuit du 8 au 9 août 1945. Ø Discussion aujourd’hui : Est-ce à cause des bombes que le Japon a capitulé ou à cause de l’invasion de la Mandchourie ? Des historiens montrent que le lancement de la bombe atomique n’était pas nécessaire pour obtenir la capitula*on du Japon, et que les USA ont u*lisé l’occasion pour faire une démonstra*on de force. 3.2. Un bilan humain et matériel catastrophique Immense brutalité du conflit, du fait notamment de l’usage d’une technologie capable d’éradiquer des popula*ons en un rien de temps. Usage de tanks, d’avions, et bien sûr la bombe atomique à la fin de la guerre. Morts de soldats, mais aussi de civils. Bombardements incendiaires contre Dresde (février 1945), Tokyo, 100000 morts en mars et mai 1945. Massacres de masse lors des avancées allemandes en territoire russe, au moment de la « guerre d’annihila*on », qui vise communistes, Tsiganes, Juifs, mais aussi handicapés et homosexuels. Pra*que de la déporta*on (=déplacement forcé de popula*ons) => dans des camps de travail, camps de concentra*on, et enfin camps d’extermina*on. Les chambres à gaz, embléma*ques de l’horreur de la Shoah (mot hébreu qui veut dire catastrophe et qui désigne la destruc*on des Juifs d’Europe). C’est la « solu*on finale », poli*que d’extermina*on mise en œuvre à Wannsee, en janvier 1942. On peut parler d’une logique industrielle de la mise à mort. Primo Levi, Si c’est un homme Ø En 1945, 58% de la popula*on juive d’Europe a été exterminée, dont 2,7 M dans les chambres à gaz. Ø L’extermina9on des Juifs a été précédée par un programme de déshumanisa9on : différentes étapes pour déshumaniser, qui en passent par la priva*on des droits, d’abord civiques, puis civils, l’exclusion systéma*que de la communauté (individus traités comme des parias), les analogies entre les individus et des « nuisibles »… On parle du génocide des Juifs. Qu’est-ce que cela signifie ? Le concept de génocide apparaît chez le juriste juif polonais Raphaël Lemkin en 1944, pour désigner les poli9ques nazies d’extermina9on systéma9que du peuple juif, mais précise que la no9on peut s’appliquer à d’autres contextes et à d’autres groupes d’individus. D’ailleurs Lemkin ne se prive pas d’historiciser le génocide contre les juifs, en le replaçant dans une histoire mul*séculaire de génocides. Défini*on exacte : « plan coordonné de différentes ac*ons visant la destruc*on d’aspects fondamentaux de la vie de groupes na*onaux, avec l’objec*f d’anéan*r ces groupes ». Au cœur de la défini*on juridique du génocide= l’inten9on de détruire tout ou par9e d’un peuple (dimension de race et d’ethnie est centrale). Un génocide est un crime contre l’humanité (mais un crime contre l’humanité n’est pas nécessairement un génocide). 15 Cours de Clo*lde Nouët- HIS103 Ø La no*on de crime contre l’humanité émerge en 1915, dans une déclara*on franco- britannique et russe qui condamne les massacres systéma*ques d’Arméniens par les Turcs, mais cons*tue une incrimina9on à par*r de 1945. Ø Les crimes contre l’humanité sont des actes de violence (meurtres, viols, esclavage…) commis dans le cadre d’une aTaque généralisée ou systéma*que contre une popula*on civile (aTaque généralisée= de grande envergure et fréquente ; systéma*que=planifiée et organisée). Procès de Nuremberg : où seront jugés 22 responsables nazis, de novembre 1945 à octobre 1946. Ques*on de la responsabilité de la Shoah, étant donné qu’il y a eu les décideurs mais ensuite tout un travail collec*f, pris en charge par de hauts fonc*onnaires et l’administra*on civile. => REMARQUE : l’incrimina*on au procès de Nuremberg est celle de « crimes contre l’humanité ». L’incrimina*on de « génocide » n’apparaît qu’après l’adop*on de la Conven*on pour la préven*on et la répression du crime de génocide adoptée par l’assemblée générale des Na*ons Unies en 1948. Ø L’histoire a tristement connu de nombreux génocides : génocide des Arméniens par l’Empire oToman (1915-1916), des Tutsis par des milices Hutus (Rwanda, 1994), massacre de Srebrenica (8000 Bosniaques) par des Serbes de Bosnie (juillet 1995, guerre de Bosnie-Herzégovine)… Conclusion CeTe période est marquée par des phénomènes d’une rare intensité : d’une guerre à l’autre, nous voyons devant nous prendre forme un « âge des extrêmes », marqué par la violence des conflits guerriers, des massacres de popula*ons, à forme systéma*que parfois ; marqué aussi par la montée de mouvements poli*ques nouveaux, et notamment, en Europe, le fascisme italien et le nazisme. Paradoxe tragique. Elle correspond à une ère de progrès technologiques et dans les moyens de communica*on, qui vont accélérer la mondialisa*on. En même temps, ces progrès ont rendu possibles des entreprises d’extermina*on de masse, que ce soit pendant la première ou la seconde guerre mondiale, qui se caractérise par l’entrée en lice d’une arme inédite, l’arme atomique (u*lisée au Japon à l’été 1945). 16