Histoire de l’entreprise et de la gestion - Université Paris Dauphine, 2020-2021 PDF

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Université Paris-Dauphine

2021

Clothilde Le Roy

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histoire de l'entreprise gestion d'entreprise organisation histoire économique

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These are lecture notes from a course on the history of business and management at the University of Paris Dauphine, given during the 2020-2021 academic year by Mr. Labardin. It covers topics such as the historical development of organizational models, sales and production methods. The notes are organized into chapters on Organizing, Selling, and Producing.

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UNIVERSITÉ PARIS DAUPHINE Histoire de l’entreprise et de la gestion Semestre 1 – Dauphine Paris Cours de : Monsieur Labardin Chargée de TD : Justine Loizeau Clothilde Le Roy ​ Licence de droit – Deuxième a...

UNIVERSITÉ PARIS DAUPHINE Histoire de l’entreprise et de la gestion Semestre 1 – Dauphine Paris Cours de : Monsieur Labardin Chargée de TD : Justine Loizeau Clothilde Le Roy ​ Licence de droit – Deuxième année Année universitaire 2020-2021 Objectifs du cours : - Présentations des grandes fonctions de la gestion à travers 6 thématiques - Mettre en évidence leur développement historique - Apprendre à synthétiser et problématiser à partir de document Organisation du cours : - Lire le cours magistral sur le PP (2semaines par chapitre) en semaine impaire - Travaux d’étude de cas en semaine paire Modalités d’évaluation : - Contrôle continu : o​ Un exposé oral (25%) (voir vidéo TDx sur le powerpoint) o​ Travail méthodologique (25%) o​ Participation +/- 2points - Contrôle final (50%) : étude de cas (1h30) et questions de cours (30min) Table des matières Repères historiques : Une introduction à l’Histoire des organisations depuis le 19ème siècle​ 1 Chapitre n°1 : Organiser​ 3 Partie I : La coexistence de trois modèles jusqu’au 19ème​ 3 I) La manufacture éclatée​ 3 A) Le fonctionnement de la manufacture éclatée​ 3 B) L’organisation du travail​ 4 1) les avantages du marchand-fabricant​ 4 2) Distinction entre ouvriers internes et externes​ 4 C) Les espaces​ 4 D) Les temps​ 4 Conclusion :​ 5 II) La manufacture concentrée​ 5 A) Définition et structures de la manufacture concentrée​ 5 B) Espace-temps​ 6 1) Patronage​ 6 2) Paternalisme​ 6 3) Réorganisation des rapports entre patrons et ouvriers​ 6 Conclusion :​ 7 III) Usine​ 7 A) Structure​ 7 B) Organisation​ 7 1) Le règne du contremaitre​ 7 2) L’ingénieur​ 7 3) Le recrutement​ 7 C) Espace-temps​ 7 Partie II : La construction du modèle contemporain au 20ème​ 8 I) organiser le travail​ 8 A) la connaissance du terrain​ 8 1) Le taylorisme : fin du XIXème​ 8 2) Le fordisme​ 9 3) Le toyotisme​ 9 B) La personne de l’organisateur​ 9 1) L’OAT (organisation Administrative du travail)​ 9 2) La DPO (Direction Par Objectifs)​ 10 II) Structurer l’entreprise​ 10 A) La structuration de la grande entreprise​ 10 B) De nouveaux acteurs​ 10 III) L’espace-temps de l’entreprise​ 10 A) Les bureaux ouverts​ 10 B) Les bureaux paysagers​ 11 C) Vers de nouveaux espaces de bureaux ?​ 11 Chapitre n°2 : Vendre​ 12 Partie I : Émergence de nouveaux dispositifs de vente et de promotion au XIXème siècle​ 12 I.- Les conditions d’émergence d’un marché de plus forte consommation​ 12 A.- Un marché de plus forte consommation​ 12 B.- Le développement des infrastructures​ 12 II.- Les dispositifs de vente​ 13 A.- Évolution et variété des dispositifs de vente​ 13 B.- La boutique, écrin de la découverte des produits​ 13 C.- Les grands magasins​ 14 D.- La vente par correspondance​ 14 E.- Une nouvelle organisation de distribution : le succursalisme​ 15 III.- La promotion des produits​ 15 A.- Les dispositifs existants et émergeants​ 15 B.- Les prospectus et catalogues​ 15 C.- Affichage public​ 15 D.- Annonce de presse​ 16 E.- Les expositions universelles​ 16 Partie II : Émergence du marketing moderne au XXème siècle​ 16 I.- L’émergence d’une société de consommation​ 16 A.- Le renouveau démographique​ 16 B.- Une société de consommation et de loisirs​ 17 II.- Un marketing « moderne » avant les 30 Glorieuses​ 17 A.- Une consommation cloisonnée​ 17 1) Socialement​ 17 2) Géographiquement​ 17 3) Idéologiquement​ 17 B.- Le renouvellement des techniques commerciales​ 18 II.- Une rationalisation et transformation du commerce​ 18 III.- La publicité, arme de séduction massive​ 18 A.- Développement des politiques de marque​ 18 B.- Structuration de la profession​ 19 III.- Marketing scientifique et consommation de masse : l’explosion du marketing ?​ 19 A.- Introduction des méthodes scientifiques​ 19 B.- L’avènement de la distribution moderne​ 19 III.- La société des loisirs et l’explosion du marketing​ 20 Chapitre n°3 : Produire​ 21 Partie I : Produire au XIXème siècle – Les nouveaux enjeux​ 21 Introduction​ 21 I.- Enjeux techniques et économiques​ 21 A.- Enjeux économiques​ 21 B.- Processus de production de l’industrie textile​ 21 C.- Les enjeux économiques et techniques​ 21 D.- Les innovations techniques dans la sidérurgie​ 22 II.- L’industrialisation française​ 23 A.- Quels chiffres ?​ 23 B.- Exemple : les périodes dans l’industrialisation du coton​ 23 C.- L’industrialisation de la sidérurgie​ 23 III.- Capitalisme industriel : nouveaux rapports de production​ 24 A.- Conditions de travail de l’ouvrier​ 24 B.- Organisation progressive du prolétariat​ 24 C.- Des rapports sociaux conflictuels et le développement des syndicats​ 24 D.- Une législation toujours favorable aux employeurs​ 25 E.- Des solutions : les cités utopiques ?​ 26 IV.- Une « pensée » de la production​ 26 A.- La division du travail – définition​ 26 B.- Le machinisme​ 27 C.- L’interchangeabilité des pièces​ 27 PARTIE II : PRODUIRE AU XXÈME SIECLE​ 27 I.- L’électricité et l’automobile : deux secteurs structurants (1880 – 1940)​ 27 A.- Électricité et aluminium​ 27 B.- L’automobile : pilier de la seconde révolution industrielle​ 27 C.- L’informatique et le jeu vidéo : le renouveau​ 28 II.- Une pensée de la gestion de la production​ 28 Chapitre n°3 : Diriger et planifier​ 30 PARTIE I : DIRIGER AU XIXÈME SIECLE​ 30 Introduction​ 30 I.- Comment devient-on dirigeant ?​ 30 A.- La figure de l’entrepreneur​ 30 B.- La figure dynastique​ 31 C.- Les formations des entrepreneurs​ 31 II.- La constitution d’un savoir empirique​ 32 A.- Les modèles existants​ 32 1.- Le modèle familial​ 32 2.- Le modèle domanial, relatif au domaine féodal​ 32 3.- Le modèle étatique​ 33 4.- Le modèle du couvent​ 33 5.- Le modèle de l’armée​ 33 B.- L’influence anglaise sur l’enseignement et la connaissance technique en France​ 33 C.- Vers une généralisation des modèles​ 33 D.- Genèse du management et de la planification​ 33 III.- Les stratégies industrielles​ 34 A.- Stratégies d’innovation​ 34 B.- Stratégies d’intégration​ 34 C.- Stratégies de diversification​ 35 PARTIE II : DIRIGER AU XXÈME SIECLE​ 35 I.- Émergence du vocabulaire de la stratégie​ 35 II.- Autonomisation et « outillage »​ 35 A.- Influence des Etats-Unis​ 36 B.- Les dirigeants français​ 36 C.- Le soutien de la presse​ 36 III.- Formation croissante des modèles​ 36 A.- L’adoption de la forme en M​ 36 B.- Exemple de McKinsey​ 37 IV.- La « pratique » de la planification stratégique : le cas de Air France​ 37 V.- Les évolutions dans les « pensées stratégiques » ces dernières décennies​ 37 A.- École de la conception (Chandler)​ 38 B.- École de la planification (Ansoff, 1965)​ 38 C.- École du positionnement (Porter, 1980)​ 38 D.- École entrepreneuriale (Schumpeter)​ 38 E.- École cognitive​ 38 F.- École de l’apprentissage​ 38 G.- École du pouvoir​ 39 H.- École de la culture​ 39 I.- École de l’environnement​ 39 Chapitre n°4 : Financer​ 40 PARTIE I : L’ÂGE D’OR DE L’AUTOFINANCEMENT (XIXÈME SIECLE)​ 40 Introduction​ 40 I.- Première moitié du XIXème siècle : l’autofinancement​ 40 A.- Capitalisme familial et autofinancement​ 40 B.- L’autofinancement, un dogme ?​ 41 C.- De rares sources de financement externe​ 41 D.- Un système bancaire dual​ 41 II.- Après 1848 : activité bancaire et diversification des sources de financement​ 42 A.- Réorganisation du système bancaire du crédit​ 42 B.- Diversification des sources de financement​ 42 1.- Les banques d’affaire​ 42 2.- Les banques de dépôt​ 43 III.- Nouveaux besoins et manques récurrents​ 43 A.- Des nouveaux besoins​ 43 B.- Qui font apparaitre des manques importants​ 43 IV.- Des solutions en émergence​ 44 A.- La « Belle époque » (à partir de 1890) : de nouveaux financements​ 44 B.- Le recours au marché financier : développement des sociétés par action​ 44 V.- Nécessité de l’information financière​ 44 A.- Le besoin d’information par les financeurs, corollaire au financement des entreprises​ 44 B.- L’autonomie de la publicité financière et la constitution d’une presse spécialisée​ 45 PARTIE II : LE SIÈCLE DE LA FINANCE, LE XXÈME SIECLE​ 45 Introduction​ 45 I.- 1890 – 1914​ 45 II.- 1918 – 1945​ 46 III.- 1945 – 1985​ 47 IV.- Depuis 1985​ 47 V.- Besoin d’informations​ 47 A.- Une publicité financière discréditée (1900 – 1940)​ 47 B.- Des revendications (1900 – 1940)​ 47 C.- Une volonté d’assainissement (1940 – 1960)​ 48 D.- Le renforcement (1960 – 1970)​ 48 E.- Une volonté de transparence (depuis 1980)​ 48 VI.- Gouvernance et communication financière​ 48 Chapitre n°5 : Évaluer​ 49 Introduction :​ 49 PARTIE I : DES PRATIQUES DISPARATES (XIXÈME SIECLE)​ 49 I. Quelques balbutiements comptables (jusqu’en 1840)​ 49 A. Des obligations comptables​ 49 B. Des théories émergentes de l’évaluation comptable​ 50 C. Des pratiques disparates d’évaluation, de l’exploitation à la faillite​ 51 II. Naissance d’un nouveau système comptable​ 52 A. Un exemple emblématique : Decazeville​ 52 B. Évolution de la réglementation : de l’évaluation à l’information financière​ 53 III. Un exemple : le calcul des coûts dans l’industrie des chemins de fer​ 54 A. La constitution du réseau de chemin de fer en France​ 54 B. L’évaluation des coûts dans les chemins de fer​ 54 PARTIE II : UNE NORMALISATION PROGRESSIVE (XXÈME SIECLE)​ 55 I. 1901 – 1939 : La « procrastination » comptable​ 55 A. L’évaluation en comptabilité financière​ 55 B. L’évaluation en comptabilité de gestion​ 56 II. 1940 – 1960 : les balbutiements normalisateurs​ 57 III. Depuis 1960 : des mutations​ 57 A. La comptabilité générale​ 57 B. Le calcul des coûts​ 58 Repères historiques : Une introduction à l’Histoire des organisations depuis le 19ème siècle La France va connaitre à partir du 19ème une succession de plusieurs régimes successifs (Empire, République), donc les transitions politiques en France. Sont assez agitées. En parallèle, la France entre dans l’ère de l’industrialisation : -​ 1ère Révolution industrielle : commence dès le 18ème en Grande-Bretagne et France avec l’invention de la machine à vapeur, l’exploitation au charbon, chemins de fer. -​ 2ème Révolution industrielle : fin du 19ème, concerne surtout l’Allemagne et les USA. Avec sidérurgie et chimie. -​ 3ème Révolution industrielle : révolution numérique dès les années 80. Après 1792, la France connaît 7 régimes politiques différents. Le 1er Empire, avec Napoléon est éduqué sous les Lumières, il mettra les arts au servie de sa politique ; il donne aux Français le Code civil. Puis restauration de la Monarchie avec deux révolutions. Puis IIème République Puis 2nd Empire (Napoléon III) Enfin, enracinement de la IIIème République. A cette époque, la France effectue en parallèle sa transition démographique, moins de gens meurt et plus naisse ; début d’un exode rural et transformation d’une agriculture vivrière vers le développement d’une classe ouvrière citadine avec le développement du prolétariat. Cette industrialisation soulève aussi des questions de colonisations qui chacune vont l’une avec l’autre, puisque les matières premières proviennent en grande partie des territoires colonisés. L’abolition de l’esclavage en France intervient en. 1848 mais la colonisation s’accélère avec la conférence de Berlin en 1885 qui partage l’Afrique entre les différentes puissances coloniales. En 1914, la France possède un empire colonial de 10 millions de m2 avec 50 millions d’habitants, juste derrière la Grande-Bretagne. Puis les phases de décolonisation se font à partir des années 30 avec les dernières intervenant dans les années 1880. 1 « Antropocène » : considération des humains comme une force géologique dans la mesure où les activités humaines ne peuvent plus se considérées indépendamment de l’ensemble des phénomènes biologiques, géologiques La belle époque : fin du 19ème siècle. elle tient son nom d’après la WWI quand la prise de conscience générale a réalisé que c’était mieux avant. Cette expression s’applique à la France et la Belgique où l’art nouveau se développe fortement. La WWI marque la fin de cette époque justement et incarne la première guerre industrielle (sans oublier la guerre de Crimée) et qui concerne autant de sociétés prises dans leur intégralité : développement de l’automobile, des gaz... Les années folles : expression apparaît après le Krak boursier de 1929. Marque une solide croissance économique, on commence à parler de « société de masse ». Les années 30 posent ensuite les personnages de 2nde guerre mondiale. « Chrononyme » : terme qui donne son nom à une époque. Seconde guerre mondiale : nouvelle guerre industrielle et développement de l’énergie nucléaire. Les 30 Glorieuses (45-75) correspondant aussi à la Guerre Froise et D2colonisation : croissance de l’économie et de la démographie (baby-boom), développement de l’agriculture industrialisé, émancipation des femmes, « société de consommation », remise en question de ce modèle de croissance. Années 70-80 : déploiement des idées libérales (Tatcher/Reagan), chocs prétroliers de 1973 et 1979 avec une prise de conscience de l’énergie en tant qu’enjeu géopolitique, début du contexte européen. Années 90 : début du déploiement de l’informatique. Années 2000 : nouvelle crise financière. La période 19ème/20ème est aussi appelée « Période de la Grande Accélération ». A partir des années 70, on remarque que l’énergie n’est pas abondante et que les ressources naturelles sont épuisables, l’impact de l’Homme est énorme. A partir des années 80, une conscience écologie se révèle. 2 Chapitre n°1 : Organiser Partie I : La coexistence de trois modèles jusqu’au 19ème D’abord jusqu’au 18ème siècle : l’accès au travail était difficile dans le sens où chaque individu voulant travailler devait faire partie d’un Métier, une sorte de corporation qui est le mode de fonctionnement de beaucoup de métiers. Celles-ci vont être supprimées au moment de la Révolution par la Loi Le Chapelier (1791) considérant que les corps intermédiaires entravaient les libertés individuelles. Cette loi entraîne aussi la suppression dans le milieu du travail, de toutes les formes de syndicats, compagnonnages, associations... Puis la Loi Waldeck-Rousseau (1884) légalise les syndicats et ne nombreuses autres lois vont venir légaliser ces groupements : -​ Loi sur les mutuelles 1898 -​ Loi sur associations 1901 -​ Loi sir les coopératives 1947 I) La manufacture éclatée Mendels définit la protoindustrialisation à travers les 3 caractéristiques suivantes : -​ Vente du produit fabriqué se fait hors de sa région de production et parfois sur des marchés étrangers -​ Imbrication entre artisanat rural et urbain et parfois la manufacture est concentrée sous la direction du marchand-fabricant ou précapitaliste. -​ Développement rural d’une agriculture commercialisée A) Le fonctionnement de la manufacture éclatée Un marchand-fabricant (entrepreneur urbain, précapitaliste) apporte des matières premières (textile ou métallurgique) à un ouvrier paysan rural qui travaille en famille à domicile, puis revient chercher le produit fabriqué pour le vendre hors de sa région. -​ En utilisant au mieux les temps morts de la vie agricole -​ Mobilisation de toute la famille (ainés) -​ Augmentation de la durée et du volume du travail dans la cellule de production -​ Minimisation des troubles sociaux liées aux manufactures concentrées. Cette protoindustrialisation aurait assuré à moindre coût la transition vers une industrie moderne. Exemple : des Frères Delarue (1694, Rouen) Ils cherchent des ouvriers pour filer leur coton. Pourquoi la campagne ? En ville, main d’œuvre ouvrière est plus chère en raison de la présence de corporations (monopole accordé par l’état à une activité à un petit groupe d’individus). Toute personne voulant exercer le métier doit faire partie de la corporation. Des métiers jurés sont organisés par communauté et ont un pouvoir disciplinaire sur leurs membres alors que d’autres métiers sont réglés par l’administration royale. Conséquence : la main d’œuvre est chère et peu nombreuse en ville ce qui entraîne l’idée de recourir à une main d’œuvre extérieure aux corporations car celle-ci bénéficie d’un pouvoir moindre pour négocier et les négociants se trouvent en position de force pour imposer un prix favorable 3 B) L’organisation du travail 1) les avantages du marchand-fabricant Le capital fixe appartient à l’ouvrier paysan et pas au marchand qui possède le capital circulant. Ce dernier en tire alors tous les avantages : -​ Il n’a pas à entretenir les artisans quand il n’y a pas de demande. -​ Il n’a pas à payer pour atelier/outillage nécessaire à la production -​ Ses dépenses sont limitées ce qui permet l’accumulation de capital et développement de l’esprit mercantile (gain d’argent unilatéral) Ceci lui permettra ensuite d’investir dans la mécanisation ou la construction de manufacture. Remarque : Le pouvoir du négociant tient en fait, de sa capacité à acheter de la matière première, chose que l’ouvrier ne peut pas faire 2) Distinction entre ouvriers internes et externes Ouvrier interne : les premiers ouvriers qui travaillent sur le lieu de production et n’ont aucune autre activité. Ouvrier externe : qualifie les paysans qui complètent leurs revenus par un travail saisonnier Notons que le travail de l’ouvrier paysan est très libre dans le sens où il peut demander les quantités de matières premières nécessaire, les délais convenus et il peut s’organiser comme il l’entend. L’ouvrier bénéficie d’un revenu issu d’un tarif de prestation mais son revenu n’est pas régulier et pas élevé ce qui peut lui poser difficulté sachant qu’il doit financer son outillage. Il n’y a ne contrat, ni salariat, ni relation d’autorité. Il y a un rapport de force comparable à celui entre clients et fournisseurs. L’ouvrier-paysan ne peut pas être assimilé à un artisan car il n’a qu’un acheteur et n’est pas autorisé à vendre son produit fini sur un autre marché. Il n’a pas le statut de commerçant (ce que possède l’artisan) Mais ouvriers acceptent tout de même ce travail car revenu de la terre sont insuffisants. C) Les espaces Les lieux de production sont multiples entre la campagne et les villes, ceci entraîne d’ailleurs un recul du taux d’urbanisation tel que : -​ Flandre textile : de 40/45% au 17ème à 20/30% au 18ème -​ Au 18ème : autre domaine comme la sidérurgie (Wonoroff), coutellerie (Thiers Puy de Dôme), marchand de toile (cholet, sedan, reims) Point commun : ancrage international du commerce de ces productions. On dépasse le marché local pour vendre sur le marché national Il y a donc un développement du cabotage et des grands ports de commerce (Marseille, Bordeaux, Nantes…). 4 D) Les temps Le temps de travail est orienté à la tâche. L’ouvrier travaille chez lui donc son temps de référence est sa journée de travail. Ceci entraîne le fait qu’il n’a pas la distinction entre son temps de travail et temps de vie pour lui. Il existe aussi une différence entre les temps de travail l’été et l’hiver qui dépendent des des moissons et des temps morts. Attention !! : La manufacture éclatée ne disparaît pas subitement avec la Révolution Française. Conclusion : Protoindustrie (définition) : organisation préindustrielle du travail par laquelle un marchand-fabricant donneur d’ordre fait travailler une main d’œuvre rurale (paysan ouvrier) L’objectif est de vendre le produit fabriqué hors de sa région de production, dans une complexe imbrication entre l’artisanat rural et l’artisanat urbain, sous la direction du marchand-fabricant (qui endosse tous les rôles à lui seul) en symbiose avec le développement rural d’une agriculture commercialisée. Les limites sont le fait que le contrôle de la main d’œuvre et la demande sans cesse croissante conduisent la concentration de la main d’œuvre. II) La manufacture concentrée A la fin du 17ème siècle, on observe un rassemblement d’ouvrier sur un même lieu pour produire le même type d’ouvrage. A) Définition et structures de la manufacture concentrée Il s’agit d’une entreprise privilégiée, suscitée par initiative royale (titre honorifique). Elle n’est donc pas soumise aux règlements corporatifs et présente des avantages fiscaux. En d’autres termes : -​ Pas de technique plus élaborée que l’artisanat. -​ Concentration en un même établissement des travailleurs qui travaillent à la main. -​ Les moyens de production sont, cette fois, détenus par le capitaliste. Les manufactures royales sont le symbole de l’implication de Colbert, grand intendant de Louis XVI, qui a développé une logique du renforcement du rôle de l’Etat dans l’activité de production, traduit par le soutien à l’activité par des commandes directes, des droits de prêts, de privilèges. La manufacture concentrée prend essor dans les arsenaux. Arsenaux : programme naval français dont l’objectif est de construire des vaisseaux d’armement français. On retrouve 7 Arsenaux d’Etat : Dunkerque, Brest, Le Havre, Rochefort, Marseille, Toulon. Ce sont des espaces très surveillés, hiérarchisés, avec une main d’œuvre importante, avec des corps de métiers différents. Ils imposent une certaine organisation des transports pour acheminer les matières premières, on assiste à l’apparition d’un système de personnel de direction (intendant, contrôleur). 5 Les manufactures royales vont être orientées dans les productions de luxe, dans le textile ou dans les arts de la table. Certaines appartiennent au roi (les Gobelins) ou profitent d’avantages royaux (commandes royales, possibilité d’exemption de taxes) mais sont dirigées par des industriels. Un système de surveillance réalisé par les intendants et par les inspecteurs de manufactures (corps de métier créé) est présent. Exemple : la manufacture royale de la glace des miroirs (1665). Elle emploie 1500 ouvriers au début du 19ème Jean Baptiste Colbert, ministre des finances de Louis XIV donne à la France une autosuffisance arts et manufactures. Il sert la gloire du roi et renforce l’économie du pays (théorie mercantiliste). Colbert porte un intérêt pour les verres et miroirs, cette industrie était monopolisée par la République de Venise mais exporte verre de Venise dans toute l’Europe. Octobre 1665 : colbert établie etp d’état de la manufacture royale des glaces de miroirs => bénéficiaire et directeurs = nicolas du Noyer. Elle produit des miroirs de la galerie des glaces de versailles sous louis 14 (1678-1684) => 1500 ouvriers au début 18ème, perd ses privilèges à la R° => se transforme en compagnie saint gobain On observe une grande déforestation aussi à cette époque en raison d’une importante fabrication de bateaux, accélérée par les grandes découvertes. Ceci a entraîné de grande transformation des paysages. B) Espace-temps Cela pose la question des rapports patronats-ouvriers. Il y a des espaces et temps dédiés au travail, qui s’opposent avec les espaces et temps dédiés au domaine de l’intime et du familial. Il y a une vraie logique d’investissement dans la vie privée de l’ouvrier, il faut pouvoir attirer et conserver la main d’œuvre en quantité suffisante. Il est difficile d’attirer à la manufacture concentrée des ouvriers en nombre suffisant. C’est pourquoi des politiques de patronage, puis de paternalisme se développent (« investissement dans la vie privée de l’ouvrier », Noiriel, 1988). Un nouvel « espace-temps » reconfiguré du fait de la difficulté d’attirer et conserver la main d’œuvre. Il se situe entre patronage et paternalisme. 1) Patronage On peut parler de patronage, car on donne des avantages aux ouvriers qui restent autonomes. Le patronage apparait au début et au milieu du XIXème siècle, on est dans le prolongement des formes traditionnelles de bienfaisance, on va fournir certains avantages aux ouvriers (caisses de secours, logement, lopin de terre...). Le but est de constituer des ouvriers permanents et autonomes. 2) Paternalisme Mais on peut aussi parler de paternalisme, qui se développe à la fin du XIXème siècle, car il y a une volonté de « contrôle total » de la vie ouvrière, sur plusieurs générations (logement, consommation, éducation, protection sociale, loisir…). Le but est d’attirer l’ouvrier et de l’inciter à rester, ainsi que sa descendance. Cela est très « coûteux » mais efficace. Ainsi se créent des cités ouvrières (Cité de la Villedieu (1865) ouverte en 1888 à l’initiative de la famille Schneider pour les anciens salariés). 6 3) Réorganisation des rapports entre patrons et ouvriers L’organisation des rapports entre patrons et ouvriers : -​ Non-régulés par l’Etat -​ Plus de corporations -​ Existence d’un livre ou cahiers ouvrier (le livret ouvrier – 1803 à 1890) : il faut porter les certificats délivrés par les maîtres successifs. Cela règle la possibilité de circuler sur le territoire : entrées et sorties lors du « tour de France » et visa par les autorités locales (maire ou commissaire de police). Il est conservé par le patron jusqu’en 1854. -​ Règlement intérieur rédigé par le manufacturier Conclusion : Les techniques et la productivité sont les mêmes que celles des ateliers : -​ Il s’agit de travail manuel, la qualification s’apprend dans la durée. Alors, il faut tout de même payer encore trop chèrement, pour le capitaliste, cette main d’œuvre rare. -​ Ce travail s’assimile donc au travail artisanal, la productivité reste trop faible pour développer une production de masse. -​ Cette main d’œuvre est indisciplinée, irrégulière et gréviste, rendant plus aléatoire cette forme organisationnelle. Souvent la main d’œuvre est une main d’œuvre forcée (exemple les Poor Laws). Alors une nouvelle structure apparaît : le système usinier. III) Usine L’usine est l’organisation typique de la Révolution industrielle, c’est l’ancêtre d’aujourd’hui la grande entreprise. Les 3 problématiques nouvelles qui se posent sont donc : -​ Question technique : prisme de la productivité -​ Question juridique : création des ST par actions -​ Question humaine : gestion de la main d’œuvre A) Structure On observe dans l’usine une augmentation considérable du nombre d’ouvriers qui travaillent dans un même, c’est un changement drastique d’échelle. Cela entraine des réflexions sur l’organisation de la main d’œuvre et le système hiérarchique. Il y a alors de nouvelles fonctions qui se dessinent constituant l’encadrement intermédiaire : contremaîtres, ingénieurs, employés de bureau. B) Organisation 1) Le règne du contremaitre C’est la personne qui dirige le travail, il alloue les ouvriers à certains postes et décide de l’intensité de leur travail. Il travaille donc sur la gestion de la main d’œuvre en temps réel en amont du travail au regard de la conception, fabrication, répartition MP ; et en aval au regard du contrôle des flux. 2) L’ingénieur Il fait le lien entre le dirigeant et le contremaitre, il organise le lien entre la théorie et le savoir-faire et donne ensuite des indications au contremaitre qui les applique ensuite. 7 3) Le recrutement Cela invite les usines à devoir aller recruter un peu partout en France. Il s’agir d’attirer suffisamment d’ouvriers. Une vraie politique de recrutement se met en place : les dirigeants sont recrutés uniquement à Polytechnique, une limite d’âge est fixée à 35 ans pour les salariés et un système de recommandation est mis en place (recrutement des enfants des agents). La hiérarchie se traduit par le système de rémunération. On a une classification des fonctions, où apparaissent les notions de classe et d’échelon, qui entraine l’émergence de la notion de carrière. Il y a une transformation des pratiques d’organisation dans le modèle de l’usine : invention de la notion de carrière, paternalisme. C) Espace-temps L’usine entraîne aussi une organisation plus définie des ouvriers. L’espace de travail est le moyen de soumettre l’ouvrier au pouvoir patronal. L’espace est clôturé, l’espace intérieur de l’usine est séparé au maximum de l’extérieur (grilles, portiers). Chacun est affecté à un lieu précis. On extrait l’ouvrier de la vie courante (ex : interdiction de chanter). Les règlements d’atelier illustrent une volonté d’organisation du travail. Le temps de travail est donc régi par le règlement, ainsi que les sanctions liées au non-respect de ces horaires. Le temps de travail est mesuré par les horloges et permet de gérer la productivité. Le temps de travail est utilisé comme outil de « disciplinarisation » de l’ouvrier. Résistance à l’organisation : -​ chant du travail -​ les luddites : destruction des machines -​ grèves et syndicalisme : pouvoir assez important -​ révoltes et barricades -​ organisations alternatives ouvrières : ouvriers produisent eux-mêmes les choses dont ils ont besoin en autogestion (Économie sociale). Phalanstère, Familistère de Guise -> organisation utopique. Partie II : La construction du modèle contemporain au 20ème I) organiser le travail A) la connaissance du terrain 1) Le taylorisme : fin du XIXème Taylor est un ingénieur et développe l’Organisation scientifique du travail. Contexte : fin du 19ème, crise économique et sociale, peur de la foule, généralisation des grèves, exode rural massif, revendication sociale plus grande... -​ Taylor fait une double promesse : augmenter la productivité par la rationalisation du travail et amener une « réconciliation sociale » par la prospérité. Les fondements de l’OST sont les suivant : -​ Possible d’assurer prospérité maximale pour employeur & employé -​ Travailleurs = paresseux, donc motivés par gain monétaire 8 -​ Meilleure méthode : étude scientifique du temps et des mouvements, sélection scientifique des travailleurs en fonction de la tâche à accomplir « one best way « -​ L’OST s’applique à tout type de tâches et augmente la rémunération formation professionnelle des employés + conduit à une + grande productivité pour les entreprises. L’OST est reçu de différentes façons par la population : -​ Par les syndicats : pour eux elle induirait une déqualification des ouvriers, une répétitivité des tâches et une surveillance permanente. -​ Par le patronat : pour eux ce serait une rupture de l’équilibre paternaliste, et elle provoquerait un clivage entre un patronat conservateur et un autre plus américanophile (mettre en place un fonctionnement tayloriste est long et cher, pour une petite entreprise, il faut 2 à 3 ans pour mettre en place un système tayloriste complet) En France, l y a des voyages et des tentatives de réplication du modèle américain (ex : Louis Renault), certains entrepreneurs s’intéressent à l’OST et n’hésitent pas à faire des voyages pour appliquer ces principes à leurs usines. On a une diffusion du taylorisme après la première guerre mondiale (Michelin, 1927, « Comment nous avons taylorisé notre atelier de mécanique d’entretien »). 2) Le fordisme Prolongement du taylorisme, et profond développement du travail à la chaîne et l’ouvrier fabrique la voiture qu’il pourra ensuite acheter. Même promesse sur les salaires motivées par les ventes, organisation du travail à la chaîne et du montage continu. Ceci suppose la maitrise de l’interchangeabilité, hyperspécialisation des ouvriers et des machines, armée d’ingénieurs, de chronométreurs, surveillants, contrôleurs. Les principes fondamentaux sont la progression systématiquement planifiée du produit dans l’atelier, livraison des moyens de travail à l’ouvrier, analyse et décomposition de chaque opération. Le cercle vertueux : gains de productivité retirés des méthodes de production et de la standardisation du produit sont répercutés sur les prix permettant l’extension du marché et de nouvelles économies d’échelle. 3) Le toyotisme Émergence dans les années 70 du « lean management » : technique japonaise dans les usines Toyota, qui est un modèle de gestion avec les ressources à disposition, amélioration des performances avec l’élimination du gaspillage. ​ Fondement du toyotisme Un apport salarial : système de salaire original, salaire à l’ancienneté, emploi à vie, flexibilité. La soumission complète du processus productif à la logique de concurrence transnationale : kanban (= fiche où on limite la production d’un poste en amont pour répondre aux besoins exacts du poste aval) sous-traitants, mode de régulation). ​ Mise en contexte Début des années 70 : les crises économiques occidentales révèlent la vitalité de l’économie japonaise et attire attention sur efficacité de son système production. 9 L’ingénieur Taiichi Ohno prône une « révolution mentale », part de l’observation du terrain, idée d’une chaine flexible : ne produit que ce que le client achète, politique du 0 stock, élimination des coûts superflus... B) La personne de l’organisateur 1) L’OAT (organisation Administrative du travail) L’entreprise est un corps social ce qui doit entraîner une nouvelle conception de l’administration de l’entreprise. Le français Henri Fayol théorise du rôle du dirigeant qui doit désormais prévoir, organiser, commander, coordonner et contrôler. Selon Fayol, le chef est l’élément clé d’une bonne gestion, il est le responsable du succès de l’entreprise, en cas d’échec il doit démissionner. 2) La DPO (Direction Par Objectifs) La direction par objectif (DPO) peut être vue comme une mise en œuvre des approches de l’école des relations humaines. On assiste à la mise en place d’objectifs négociés entre la direction et ses cadres à une échéance donnée. Cela laisse une marge de manœuvre importante au cadre pour déterminer les moyens nécessaires à l’atteinte de ses objectifs. On se focalise sur le résultat et non plus sur les moyens. On fait le pari de l’autonomie. Peter Drucker (1954) : mise en œuvre des approches de l’école des relations humaines. II) Structurer l’entreprise A) La structuration de la grande entreprise La génèse de la fonction comptable à la fin du XIXe est assez large. Les comptables font de la comptabilité mais aussi de la finance, de la gestion des ressources humaines. Le rôle du conseil d’administration est alors très intrusif : s’il y a un problème il refait lui-même tous les calculs. Autres fonctions : Déclin du rôle du CA : on ne se charge plus seulement de produire mais aussi de vendre Personnel (ressources humaines) avec lois sociales Fonction financière (DAF) Fonction marketing Déclin après 1973 B) De nouveaux acteurs La fonction commerciale va prendre de plus en plus de place, elle donne naissance à la fonction marketing. On a donc de la création d’emplois dans le marketing. On a besoin de personnes capables de contrôler des équipes, des enseignements (IAE, IUT, Ecoles de commerce) sont créés. Toute une filière universitaire se développe pour enseigner l’encadrement d’entreprises. 10 III) L’espace-temps de l’entreprise Au départ les bureaux étaient installés dans des hôtels particuliers (XVIIIème-XIXème). Ensuite ont eu lieu des pratiques de décloisonnement avec une émergence du fonctionnalisme (utile vs beau). Les premières créations de bureaux à finalité de bureaux, hors du centre-ville, ont lieu durant l’entre-deux guerres en France et à la fin du XIXème siècle aux EU. A) Les bureaux ouverts Conception d’espace de travail décloisonné spécifiquement pour le bureau (Entre-deux-guerres), créés sur le modèle de l’usine : -​ Mesure du temps (apparition des pointeuses qui succèdent aux huissiers et pointeurs) -​ Chronométrage des tâches -​ Règlements intérieurs (déjà existants) -​ Logique de surveillance prédominante. Il existe alors trois façons de surveiller : disposer les employés à côté les uns des autres, utiliser la présence d’un surveillant, installer des vitres dans le couloir. B) Les bureaux paysagers On connaît la création d’un nouveau type de bureaux : les bureaux paysagers (Frères Schnelle, Allemagne 1959) qui facilitent non la surveillance mais la coordination grâce à cette structure décloisonnée, l’intention est différente. Cette pratique s’impose aux USA (1960) puis en France (1970-1980). La logique est celle de la coopération : -​ Coordonner les flux -​ Favoriser l’appropriation du lieu de travail -​ Incompatible avec les surfaces limitées -​ Diffusion majoritaire (encadrement) C) Vers de nouveaux espaces de bureaux ? Quatre tendances : Bureaux de groupes (1970, Allemagne) : les petits groupes (5-8 personnes) permettent la convivialité et limitent les nuisances (sonores j’imagine) Bureaux semi-cloisonnés (1990) Télétravail (1990) : travail depuis le domicile, ce qui diminue les coûts des transports) Desk-sharing (2000) : beaucoup d’auditeurs en déplacement ? tu as raison Laurence tu écrits parfois très mal, le matin le premier arrivé choisit sa place. 11 Chapitre n°2 : Vendre Partie I : Émergence de nouveaux dispositifs de vente et de promotion au XIXème siècle Vente : échange d’une marchandise contre une somme d’argent, dont le montant est convenu entre l’acheteur et le vendeur. Problématique : Le XIXème siècle redistribue-t-il les conditions de l’échange commercial afin de faire évoluer les pratiques de vente des marchands et des détaillants ? Peut-on y voir la naissance de techniques commerciales assimilables à ce que l’on appelle de nos jours le marketing ? I.- Les conditions d’émergence d’un marché de plus forte consommation A.- Un marché de plus forte consommation On va assister à une extension du marché (accroissement démographique, exode rural et développement urbain, consolidation d’une classe bourgeoise désireuse de distinction). On passe de marchés locaux individualisés à un marché national qui permet d’écouler de plus grandes quantités. Il y a un accroissement de la classe bourgeoise qui souhaite posséder des produits que ne possèdent pas le commun, l’industrie de luxe va émerger (verres Baccarat). On a une tendance à consommer des produits non agricoles qui augmente, il y a donc de nouveaux produits. La classe bourgeoise souhaite se distinguer, on voit notamment importance des produits de luxe et de demi-luxe, pour lesquels il existe en France un marché intérieur relativement important. Les modèles de consommation des classes moyennes se diffusent ensuite auprès des classes ouvrières. -​ La propension à consommer des produits non agricoles augmente significativement entre 1887 et 1913. Les revenus sont en hausse, on a une augmentation du pouvoir d’achat. Le marché se développe. On a une révolution de la production, qui augmente de 2% par an. B.- Le développement des infrastructures On a besoin de faire circuler plus de produits autour du territoire. Il y a donc un développement de nouvelles infrastructures de transport principalement qui se met en place (chemins de fer). A l’échelle du commerce de gros, plusieurs éléments d’infrastructure jouent un rôle déterminant : les canaux (plan Becquey de 1822) et les chemins vicinaux (loi de 1836, Thiers-Monthalivet). La France investit dans la constitution d’un réseau de transports moderne. C’est la « révolution ferroviaire » qui joue un rôle déterminant. Passage de 400km de réseau ferroviaire en 1840 à 23600km en 1880. Exemple : développement du tramway, des bus, et apparition du métro en 1912. 12 En plus de cela, le coût de transport de la tonne au km diminue fortement, le temps de transport diminue aussi, les échanges s’accélèrent en France et à l’étranger. Il y a une extension de la zone d’approvisionnement et de chalandise des grandes villes (en particulier Paris). Cela transforme les conditions de marché, on peut maintenant vendre des produits périssables car on peut les transporter plus rapidement. Les nouveaux moyens de communication ont des effets déterminants : -​ Unification d’un marché jusqu’alors confiné au cadre régional, il s’étend à un cadre national et international. -​ Renforcement du rôle de Paris, au centre du réseau ferroviaire, dans le commerce de gros + importation des produits coloniaux. -​ Favorise le développement de grands magasins et des magasins à succursales multiples (les gens ont un plus grand pouvoir d’achat, de nouveaux produits, de nouveaux moyens de transport pour les acheminer) II.- Les dispositifs de vente Comment est-ce qu’on fait pour vendre et attirer des clients ? Transformation petit à petit vers une approche marketing de la vente en recherchant les besoins de la clientèle. A.- Évolution et variété des dispositifs de vente Il existe plusieurs modes de vente, outils de commerce avant le XIXème siècle : -​ Les corporations/artisanat (avant 1791) : surveillance de la production et de la concurrence, organisation de la vente -​ Les artisans boutiquiers -​ Les marchés locaux (dont les halles ouvertes et les carreaux) Exemple : Halles de châtelet : à l’origine 10 pavillons, marché de gros (Rungis de l’époque) -​ Les marchands ambulants (colporteurs) -​ Les foires (à plus grande échelle) Au XIXème siècle, d’autres types de commerce se développent : -​ Les boutiques -​ Les grands magasins (Galeries Lafayette, BHV…) -​ La vente par correspondance B.- La boutique, écrin de la découverte des produits La boutique offre au XIXème siècle l’écrin le plus efficace de la découverte des produits. On y vend à de la clientèle aisée des produits plutôt chers, mais qui véhiculent une image, d’un lieu où on se sent bien. L’image est particulièrement importante, la devanture est plus visible, la boutique d’angle constitue un emplacement particulièrement prisé. L’acte d’acheter doit être un acte de plaisir. La vitrine doit donner envie au client de venir voir, de rentrer et regarder. Dans une boutique, les prix ne sont pas affichés et sont négociables. Le rôle du vendeur est central, il va conseiller le client, l’inciter à acheter. 13 La vitrine est le premier moyen d’exposer sa marchandise aux yeux du passant, elle remplace peu à peu au XIXème siècle les étalages. Aux assemblages de panneaux vitrés encadrés de boiseries des années 1830 succèdent dès lors dans les dernières années du XIXème siècle des devantures presque entièrement vitrées. Destinée à mettre en valeur les nombreux produits d’un assortiment particulièrement riche, la vitrine, dans sa profusion ordonnée, a pour fonction première d’arrêter le regard des passants. Ainsi, toujours pour donner envie au client d’acheter, on a un développement de la mise en rayon et de l’empaquetage. Certains artistes vont contribuer à l’élaboration de contenants exceptionnels (ex : René Lalique pour concevoir les flacons du parfum Pâquerettes (Roger & Gallet)). En 1893, le parfumeur Alexandre Bourjois dépose un brevet d’invention pour « Un genre de boîte présentant en éventail les flacons et autres objets ». C.- Les grands magasins Il existe une grande différence entre les grands magasins et les boutiques. Dans un grand magasin, achat en très grande quantité des produits, et je fais mon profit en faisant une petite marge unitaire mais en vendant beaucoup. On joue sur la quantité et pas sur la marge unitaire pour faire du bénéfice. Les magasins sont mis en scène pour donner envie au client d’acheter. Les prix sont fixes, affichés et attractifs (le client sait qu’il paiera moins cher dans le grand magasin que dans la boutique). Au contraire, dans une boutique, on vend en petite quantité mais en faisant une grande marge unitaire. Il existe différents types de grands magasins : les passages, les bazars… Passages : galeries recouvertes d’une verrière traversant les espaces bâtis des immeubles et reliant plusieurs rues. Paris en compte 150 dans les années 1850. Bazar : regroupement de nombreuses boutiques ; fait son apparition à Paris au début du XIXème siècle. La capitale en compte alors une quinzaine, dont le plus grand, le Bazar Bonne Nouvelle (1836-1850). Enseignes et dates clés pour les grands magasins : -​ Le Bon Marché, Aristide Boucicaut en 1852 -​ Au Printemps, 1865 -​ La Samaritaine, 1870 -​ Les Galeries Lafayette, 1893 L’entrée dans les grands magasins est libre et sans obligation d’achat, alors que dans une boutique, quand on rentre on est presque obligé d’acheter quelque chose. Les grands magasins sont conçus comme des lieux de détente pour que le client se sente bien (expérience agréable, ascenseurs, bibliothèque, salons de thé, cadeaux pour les enfants…). Dans la boutique, le rôle du vendeur est central alors que dans le grand magasin le vendeur est plus effacé (relation plus impersonnelle), il conseille le client s’il le lui demande, mais sinon le client est autonome. On commercialise des produits en nom propre, c’est-à-dire qu’on vend des produits d’autres marques. On peut échanger ce que l’on a acheté (Satisfait ou remboursé). 14 On fait des animations lors de ventes saisonnières pour divertir les clients ainsi que des soldes (« mois blanc » au Bon Marché). Le bon Marché est un espace de sociabilisassions des femmes, début du shopping (Au bonheur des dames, Zola, 1883). Les grands magasins ne recouvrent que 17% de l’espace commercial de Paris, fréquentés que par une certaine classe sociale. D.- La vente par correspondance Des catalogues sont édités par les grands magasins, qui vendent directement en magasin mais aussi par correspondance (Le Bon Marché, 1865). Il existe aussi des magasins qui vendent exclusivement par correspondance : La Manufacture Française d’Armes et de Cycles de Saint-Etienne (1889), La Redoute (1922), Les Trois Suisses (1932). En envoyant des catalogues, on peut accéder à des clients qui ont des besoins mais qui ne disposent pas des magasins à proximité (zones rurales). Avec l’évolution des moyens de transport, on peut livrer dans les zones rurales. La première grande enseigne de dématérialisation de la vente est l’enseigne de La Manufacture d’Armes et de Cycles de Saint-Étienne, ancêtre de La Redoute et Les 3 Suisse. E.- Une nouvelle organisation de distribution : le succursalisme Dans les grands magasins on vise surtout une clientèle féminine (vêtements, parfums…). Félix Potin va ouvrir une enseigne d’alimentation qui va se dupliquer à travers le territoire. Il ouvre sa première boutique en 1844 et fonde le succès de son entreprise sur des pratiques commerciales : affichage de prix fixes et principe de la vente à marge réduite au profit de plus grands volumes (« bon poids, bon prix »). Il fonde sur ce principe le premier magasin d’épicerie de grande superficie sur deux niveaux en 1860, puis il ouvre une autre boutique en 1864. Un service de livraison, adapté des grands magasins, est proposé à partir de 1870. A sa mort, en 1871, sa veuve puis ses fils et gendres poursuivent son œuvre et essaiment à travers tout le territoire français : 70 succursales en 1923 et 1200 en 1956. III.- La promotion des produits Une fois qu’on a pensé la façon dont le client va venir dans le lieu de vente, on va penser la façon de promouvoir les produits. A.- Les dispositifs existants et émergeants Les dispositifs les plus anciens sont le cri et l’art de parler (le boniment). Mais de nouveaux dispositifs se développent :la mise en valeur du produit (vitrines des boutiques, aménagement des grands magasins, emballages séduisants…), les prospectus et catalogues, l’affichage public, l’annonce de presse, les expositions universelles (où on montre au public les nouveaux produits). B.- Les prospectus et catalogues Les prospectus sont utilisés par des boutiques de luxe, de façon temporaire pour mettre en avant un produit à un prix très bas pour une durée limitée. On fait une promotion sur un produit, le prix est mis en avant. 15 Les grands magasins utilisent des catalogues pour montrer tous les produits qu’ils vendent de manière exhaustive. Ils vont utiliser l’image de personnes connues pour parler des bienfaits des produits, pour attirer les clients. On utilise aussi le rôle de représentation de la boutique et du client pour attirer les gens (deux femmes heureuses, une rue animée…). C.- Affichage public L’affichage public est strictement réglementé sous l’ancien régime (lieutenant général de police de Paris) et les techniques limitées (même si on a de la couleur depuis le XVIIIème). Jusqu’au milieu du XIXème, les textes, les librairies et les salles de spectacle sont utilisés pour faire de la publicité. A partir du XIXème siècle, on autorise l’affichage public. On commence à utiliser le procédé lithographique (1836). On a un développement progressif d’affiches pour des produits, la loi de 1871 ouvre et réglemente l’affichage, des espaces réservés et éclairés pour l’affichage se développent. De nouveaux espaces de publicité s’ouvrent : métropolitain, voitures de livraison, « homme-sandwich », etc. D.- Annonce de presse Comment passe-t-on progressivement de l’annonce de presse à la publicité ? La première forme de publicité en 1633 (petite annonce) coïncide avec la naissance de la presse en 1631. Les thèmes dominant les annonces sont l’immobilier, les ventes d’objets d’occasion et le placement des domestiques ainsi que les produits hors corporation, dont les charlatans. La révolution de 1789 annonce la libéralisation de la presse. La presse se développe de façon significative à partir des années 1825-35. Le prix de port augmente, ainsi que la taille des journaux. On a déjà une « presse féminine » (mode). Après 1789 on va avoir trois types d’annonce : -​ L’annonce uniforme : toute simple, qui ne présente aucun jeu de typographie -​ L’annonce affiche : qui utilise plusieurs jeux de typographies -​ Le « Fait-Paris » : qui correspond à une forme d’actu-publicité, c’est-à-dire une annonce sur le mode de l’information voire de la confidence, souvent destinée aux femmes C’est à la première moitié du XIXème que se développe vraiment la publicité. Sous le second empire, c’est l’âge d’or de la publicité. La publicité occupe près d’un tiers des journaux, 80% sont des annonces et affiches. La plus grande partie de la publicité est faite par les grands magasins, et on a aussi de la publicité médicale et pharmaceutique, dont des charlatans, ce qui donne une mauvaise réputation à la publicité. Puis on assiste à la libéralisation de l’annonce de presse, le nombre de titres augmente sensiblement, le ciblage est plus fin et le revenu publicitaire des journaux diminue. E.- Les expositions universelles On a un public sous-informé. Les expositions universelles sont des lieux de promotion de produits de l’industrie à échelle inédite. C’est l’occasion de présenter des productions exceptionnelles. C’est le lieu de construction d’une identité collective des professions. 16 Partie II : Émergence du marketing moderne au XXème siècle I.- L’émergence d’une société de consommation A.- Le renouveau démographique La croissance démographique stagne jusqu’en 1945. On a une nouvelle croissance après 1945 et notamment après 1981. Après la 2ème GM, il y a le babyboom et un rallongement de l’espérance de vie avec le progrès de la médecine, il y a également une explosion de la population urbaine. La mobilité géographique sur le territoire augmente. Le niveau de vie progresse de générations en générations jusqu’aux générations des années 1950-1960. L’immigration augmente aussi. Il y a un éclatement de la famille traditionnelle : l’union est libre, il est possible d’avoir des enfants hors mariage, la contraception est légalisée en 1967 et l’avortement en 1975, et le pacs est instauré en 1999. B.- Une société de consommation et de loisirs Durant l’entre-deux-guerres, il y a peu de changements dans les structures de consommation, les grands magasins (Uniprix, Monoprix, Prisunic) sont très populaires. Les vêtements se simplifient (jeans) et les coûts diminuent. Le confort des habitations augmente, de plus en plus de gens ont de l’eau courante, des WC intérieurs, un chauffage central et un bain ou une douche. Les personnes possédant des équipements de loisirs (télévision, véhicule) ou du quotidien (congélateur, réfrigérateur) augmentent considérablement. Il y a une hausse des salaires et une baisse des coûts de production, le pouvoir d’achat augmente : pour s’acheter une bicyclette en 1895 il faut 800h de travail, il n’en faut plus que 37h en 1974. II.- Un marketing « moderne » avant les 30 Glorieuses On a une consommation « cloisonnée », une organisation sociale dualiste : socialement (bourgeoisie) et géographiquement (villes). Il y a des entreprises au marché cloisonné par l’évolution des techniques commerciales : renouvellement des formations, invention de la mode (pour renouveler la demande, on a une consommation symbolique, on n’achète pas parce qu’on a besoin mais parce qu’on veut être à la mode), purification de la publicité. A.- Une consommation cloisonnée 1) Socialement La consommation bourgeoise s’oppose à la consommation ouvrière. Pour les bourgeois, les modes de consommation sont ostentatoires. Leur mode de vie est confortable, ils ont des maisons aménagées et des domestiques. Leurs maisons ont souvent « pignon sur rue » (hôtels particuliers). Il y a une compétition sociale pour être le plus distingué possible, le but est de se distinguer des autres. Dans l’entre-deux-guerres, on a des évolutions dans la consommation de la bourgeoisie, on a des consommations de loisirs (vacances, 17 restaurants, hôtels de luxe, trains de luxe…) et de nombreux bourgeois commencent à vivre en appartement. Chez les ouvriers, le mode de vie est précaire (paiement à la semaine). Pour eux, l’essentiel des dépenses sont pour le logement et l’alimentaire, ainsi que l’éducation de leurs enfants (ils vont dépenser pour l’avenir, investir dans l’éducation et la progression sociale). Ils ont rarement une consommation de luxe. 2) Géographiquement On a une couverture « locale » des PME, 18 % des entreprises de moins de 100 salariés couvrent l’ensemble du territoire (années 1920-30). La consommation est limitée au cœur des villes. 3) Idéologiquement On va avoir des logiques d’économies : limitation des dépenses de communication des entreprises et coûts importants pour transformer les systèmes de commercialisation. Mais un mouvement de rationalisation est en marche, on a l’idée de lutte contre le gaspillage y compris dans le « travail ménager ». Les ingénieurs sont réticents (de moins en moins) à la rationalisation des activités commerciales. B.- Le renouvellement des techniques commerciales La fonction commerciale se transforme, on passe de l’atteinte des objectifs de vente (vendre) à la connaissance des besoins (marketing). Le client est roi. On ne doit pas placer au centre la production mais la vente et la satisfaction du client. Dans une logique marketing, on doit avoir les informations du client pour produire ce qu’il veut et non pas ce que l’ingénieur veut. On se demande vraiment quels sont les besoins du client avant de produire. Pour le prix également, on conçoit un produit qui ne va pas dépasser un certain seuil, auquel le client est prêt à payer. La mode se développe aussi. La maison Poiret (couturier, styliste visionnaire, excentricité) invente ce concept. On impose la mode comme une norme sociale de distinction. La maison Chanel a réussi à avoir du succès dans le monde de la parfumerie grâce à son nom. Tout le monde connaissait la maison Chanel pour ses vêtements, ils ont réussi à trouver des clients pour leur parfum (Chanel n°5) grâce à leur nom. II.- Une rationalisation et transformation du commerce De nouveaux magasins se créent pendant l’Entre-deux-guerres : Monoprix (Lafayette), Prisunic (Printemps). Mais la cible est différente, elle s’adresse à une clientèle populaire (implantation dans les quartiers populaires) mais c’est un succès pour tous. L’offre est limitée à quelques produits, les prix sont uniques. En 1935, il y a 160 magasins dont 30 à Paris. Les enseignes à prix uniques ont un très fort taux de rotation (9 fois supérieur au petit commerce). On fait du profit en vendant avec une petite marge mais en grandes quantités. Les grands magasins ont réagi à l’ouverture de ces enseignes à prix uniques : à court terme des publicités et tracts, puis un repositionnement sur le haut de gamme et un renforcement des services clients. 18 Des coopératives ouvrières apparaissent à cette époque. Des détaillants se regroupent dans des sociétés à succursales multiples (implantation en province) : Goulet-Turpin, Cora, Casino. On invente les ventes à prime (carte de fidélité). Il y a des prix différents dans les magasins selon les emplacements (dans les quartiers plus riches, les prix sont plus chers). III.- La publicité, arme de séduction massive A.- Développement des politiques de marque On assiste à un développement des politiques de marques. Mettre un nom sur un produit, même si on ne l’a pas fabriqué, lui donne de la valeur. La marque est un moyen pour le consommateur d’identifier le produit. Il y a une perte de pouvoir du vendeur : il perd sa fonction de conseil et perd son pouvoir sur les politiques de mage car celui-ci sait ce qu’il veut. C’est donc la marque, le producteur, qui a le pouvoir. La marque c’est être capable d’avoir un lien direct entre le producteur et le consommateur, il y a donc le développement d’un lien entre producteur et client final. B.- Structuration de la profession Octave-Jacques Guérin invente le terme « publicitaire » plutôt que publiciste. On distingue deux vagues dans la structuration de la profession. La première vague est l’innovation (1900-1910). Le métier d’agent de publicité apparait, ainsi que les revues comme La Publicité (1903-1939), La Publicité Moderne (1905-1909) et Atlas (1908-1926). La deuxième vague est la diffusion d’activités de conseil (1910-1930). On a de nouvelles idées : plan de campagne (continuité dans le temps), chaine (prise en compte de tous les acteurs intervenants). On refuse le « cas américain » avec une volonté de s’adapter au « cas français ». Il existe trois grandes agences : HAVAS, Publicis et DAM ainsi que des cours dans les écoles (HEC, ESSEC, Ecole technique de la publicité). Elles permettent la diffusion d’un savoir constitué et se constituant, basé sur les sciences humaines naissantes (psychologie, sociologie, etc.). Il y a plus de revues ainsi que des ouvrages « de référence » (La Réclame, la Publicité de Roger Mauduit). Trois thèmes centraux y sont développés : l’attention, la mémoire et la suggestion. L’essor de la presse accompagne l’essor de la publicité, notamment à destination des femmes : Marie-Claire (1937), Match, développement de nouveaux médias, radio (intéressant pour les marques locales), cinéma. Socialement l’accueil de la publicité est bien meilleur, mais on a toujours des critiques des intellectuels (aliénation), des enseignants (contre l’enfant prescripteur) et des journalistes (indépendance). 19 III.- Marketing scientifique et consommation de masse : l’explosion du marketing ? Les évolutions se poursuivent. Même si les innovations coutent cher, 6 à 7 ans après une innovation, les plus défavorisés y auront accès. Tout le monde pourra y avoir accès, ce qui change c’est la vitesse à laquelle ils y auront accès. On introduit des méthodes scientifiques (sondages, études de marché). On assiste à l’avènement de la distribution moderne : innovations majeures et grandes surfaces. A.- Introduction des méthodes scientifiques Il existe de nombreux instituts de sondages, dont l’IFOP (dès avant 1939), et ensuite de multiples nouveaux entrant après 1945. Les sondages sont d’abord utilisés dans la politique avant les sondages sur le marché. Les entreprises vont utiliser des sondages commerciaux pour voir si les clients sont intéressés ou pas par le produit. Ensuite, on fait des études de marché avant le lancement d’un nouveau produit. B.- L’avènement de la distribution moderne On va créer des grandes enseignes, on va s’inspirer des principes du libre-service américain (missions de productivité dans les années 1950). Il y a quatre innovations majeures : -​ Le libre-service (apparu en 1948, en 1959= 1663 magasins) : le client se sert lui-même. -​ Le discount (Edouard Leclercq en 1949 avec un local de 16 m² ou il vendait que des biscuits) : pas de rayon, pas de comptoir, juste des comptoirs empilés ; achat en très grande quantité pour réduire le prix. -​ Le supermarché : magasin d’alimentation supérieur à 400m² en libre-service ou tous les produits peuvent être acheté -​ L’hypermarché (Marcel Fournier et Jacques Deforrey créent carrefour en 1960, 2500 m²). On propose des magasins hors des villes, équipé de parkings gratuits, le consommateur vient avec sa propre voiture sur place pour faire des courses. On est toujours dans une logique de libre-service sur du discount, on va vendre moins cher dans une très grande surface. III.- La société des loisirs et l’explosion du marketing On assiste à une réduction du temps de travail en faveur des loisirs. Avant, les vacances étaient réservées à ceux qui pouvaient se permettre de payer des vacances et de prendre des congés. Mais le pouvoir d’achat des gens augmente. On a du loisirs, tourisme, sports de masse. De nouveaux foyers de consommation se créent : Logis de France, Club Méditerranée, Gites de France, VVF. Puis on a un retournement, une montée de la personnalisation. Il y a un rejet de la masse (commun impersonnel), on ne veut pas montrer qu’on est allés en vacances au même endroit que tout le monde. Il y a aussi une importante croissance de l’emballage et du développement durable. Il y a aussi d’autres bouleversements : -​ Mondialisation des marques 20 -​ NTIC : e-commerce, livraison à domicile, drive-in… Le marketing basé sur des quantités d’information colossales sur les clients 21 Chapitre n°3 : Produire Partie I : Produire au XIXème siècle – Les nouveaux enjeux Introduction A partir du milieu du XVIIIème siècle, la révolution industrielle transforme les économies. On passe de la proto-industrie à la grande industrie, il y a une industrialisation massive. L’innovation du XVIIIème c’est que les marchands vont chercher des paysans pour produire un bien en leur fournissant la matière première. La France du XVIIIème est productrice de textiles (cotonnades, soie, toiles, laines). Ces productions croissent sous l’Ancien Régime et vont encore se développer après la révolution. A la ville comme à la campagne, l’unité de production est de taille réduite, c’est un complément de revenu pour les paysans, de l’artisanat pour les urbains. I.- Enjeux techniques et économiques A.- Enjeux économiques Le textile va, dès la fin du XVIIIème siècle et pendant une grosse moitié du XIXème, assurer le développement économique, devient un secteur porteur de la Révolution Industrielle. La production textile présente plusieurs avantages. Tout d’abord, le travail est très flexible, on embauche en fonction des commandes. Les gens ne peuvent plus travailler à domicile, car il y a de nouvelles machines, plus efficaces mais plus grandes. Ils vont donc travailler dans une usine. Les travailleurs sont dispersés, ce qui est peu favorable aux revendications collectives. Cette façon de produire nécessite un faible investissement en capital. Enfin, c’est un complément de revenu pour les paysans, qui participent aussi à la croissance. Mais c’est un système très inégalitaire, et les ouvriers dépendant totalement du commanditaire. De plus, on ne peut pas contrôler la qualité de la production. B.- Processus de production de l’industrie textile Le processus de production dans l’industrie textile se déroule en trois étapes : -​ La préparation de la matière, qui s’opère par lavage, cardage (démêlage) et teinture. -​ Le filage, qui consiste à former les fils par étendage et torsion. Les outils traditionnels ont été le fuseau puis le rouet. C’est une tâche essentiellement féminine. -​ Le tissage, qui a pour but de former la trame en croisant les fils à l’aide d’une navette (John Kay en 1733). On obtient ainsi la toile. C’est une tâche traditionnellement masculine. Reportage sur une usine textile en Angleterre : révèle l’importance du travail de l’enfant très jeunes dans les usines, surtout grâce à leur taille qui leur permettait de faire des tâches sur les adultes ne pouvaient pas faire. Aujourd’hui, ceci essaie d’être fortement respecté et contrôlé dans les productions des firmes. Le travail de l’enfant a aussi été fortement limité par l’introduction de l’école obligatoire. 22 C.- Les enjeux économiques et techniques La fin de l'ancien régime (fin XVIIIème) en France rime avec la peur de la concurrence britannique. C’est le textile qui dès la fin du XVIIIème jusqu’à la moitié du XIXème va assurer à la France un développement économique. Dans le textile français, il y a 4 grandes familles (cotonnades, soies, toiles, laines). Sur cette période, plusieurs formes d’organisation se chevauchent : manufacture éclatée, concentrée, usine. On garde la manufacture éclatée alors que l’usine existe car cela évite le regroupement des travailleurs et permet un maintien de l’ordre. Un plus faible capital est nécessaire avec la manufacture éclatée car le lieu de travail est la maison celui qui produit. Le savoir-faire du textile se transmet de mère en fille donc cela procure un avantage concurrentiel sur les usines britanniques. Exemple de la dentelle du Puy : Pour résoudre le problème de main d’œuvre, on a des intermédiaires dentelières (leveuses) qui connaissent les marchands et agissent comme des courtiers. Elles prélèvent une somme car il n’y a pas de connexion entre commerçant et ouvrier. Elles font aussi du contrôle de qualité. Le produit récompensé dans une exposition du début du XXème, ce qui garantit le succès des leveuses. D.- Les innovations techniques dans la sidérurgie Invention : invente quelque chose qui n’existe pas encore. Innovation : mettre sur le marché l’invention. Les innovations se font majoritairement en Grande Bretagne dans le secteur du textile. Énergie et développement de l’industrialisation sont étroitement liés, les innovations permettent plus d’énergie donc plus d’industrialisation. Durant le premier âge, on commence à chauffer du bois et du minerai, mais en petites quantités (armes, outils). Puis à la Renaissance apparaissent les hauts fourneaux, la cadence est augmentée. La fonte (fer + carbone) apparait, ainsi que de nouveaux produits (boulets de canon, marmite, tuyaux). John Kay (XVIIIème) invente une machine permettant de filer automatiquement. Il veut protéger son invention, il dépose donc un brevet et demande une taxe annuelle au tisserand intéressé par la machine. La vraie grande invention à ce moment est le coke qui permet d’arrêter les exploitations forestières. Ainsi, on va développer l’exploitation du charbon de terre et distiller de la houille pour faire du coke. Le coke est un dérivé du charbon, par Abraham Darby (1735, UK). Il remplace le charbon de bois et augmente les capacités. On extrait de la houille en amont, et on a de nouveaux débouchés en aval (ferroviaire, maritime, construction). Les procédés sont industrialisés, du martelage au laminage (fabrication de tôles et de barres). 23 Il y a des inventions continues, comme celle de James Watt (1780), la machine à vapeur, et d’Henry Bessemer (1831, UK), le four. La fonte est un acier que l’on purifie qui contribue à l’essor de l’industrialisation française (ex : la Tour Eiffel). Les femmes inventrices : -​ Le corset -​ Machine de production -​ Biberon -​ Imprimerie -​ Scie circulaire -​ Le sac en papier -​ Premier algorithme ancêtre du programme informatique II.- L’industrialisation française A.- Quels chiffres ? Révolution ou transition ? Développement de l’énergie pour favoriser la production : -​ Houille : 941 000 tonnes (1816) 18 805 000 tonnes (1880) -​ Vapeur : 15 000 chevaux-vapeur (1833) 305 000 (1869) Exemples type : coton et sidérurgie B.- Exemple : les périodes dans l’industrialisation du coton Trois périodes (Chassagne, 1991) : -​ Les indiennes (1760-1785) : Divers modèles coexistent (manufacture dispersée à concentrer). La grande manufacture et son organisation particulière du travail apparaissent (hiérarchie, discipline). Les entrepreneurs sont jeunes. -​ Les mécaniques (1785-1815) : On a une concentration du filage. On intègre des innovations anglaises ainsi que des investissements plus conséquents dans les machines à moteur hydraulique. Les entrepreneurs sont plus âgés. -​ Les usines (1815-1840) : On a une mécanisation générale de toutes les phases de production. On passe de l’hydraulique à la vapeur. Les entrepreneurs sont du type héritiers ou de dynasties patronales. C.- L’industrialisation de la sidérurgie La sidérurgie connait des évolutions très importantes au XVIIIème siècle, qui continuent jusqu’au XIXème. Il y a de forts besoins en métaux (chemins de fer, machines diverses, armement, construction…), donc la production doit être en rapport, et seule la production industrielle permet cela. On a trois leviers de développement à partir de la seconde moitié du XIXème : 24 -​ 1855 : mise en place d’une grande quantité d’acier. -​ 1864 : procédé des vieux métaux pour obtenir de l’acier. -​ 1877 : une extension du type de minerai brut utilisable. Thomas et Gilchrist (1877, UK) et leur transformation du minerai phosphoreux ouvrent la voie à l’exploitation de nouveaux gisements de fer type « minette » lorraine. En termes d’organisation, on passe du regroupement des petits fourneaux aux grandes usines (qui se développent à partir de 1830). III.- Capitalisme industriel : nouveaux rapports de production A.- Conditions de travail de l’ouvrier On a une transformation de la relation salariale : celui qui travaillait chez lui devient un salarié, on n’a plus un contrat marchand mais un contrat de travail. On a un exode rural, les paysans vont travailler à l’usine et ils vont avoir un salaire fixe. L’espace-temps est encadré de manière plus stricte au travers du règlement intérieur et du livret ouvrier. On a une forme de domination du patron sur le salarié (confiscation du livret ouvrier et prêt patronal). Les journées de travail sont très longues (12 à 16h par jour), et on fait également travailler les enfants. Le rapport Villermé (1840) va constater que les enfants travaillent dans de mauvaises conditions. Les enfants, de 6 à 8 ans, mal nourris, sont debout de 16 à 18h par jour, dont au moins 13 dans une pièce fermée, sans changer de position. Les lois sont peu efficaces, et ce sont les lois sur l’instruction obligatoire qui auront le plus d’effets sur l’interdiction du travail des enfants. A partir de 1841, le travail est interdit pour les enfants de moins de 8 ans. Mais c’est vraiment avec l’école obligatoire de Jules Ferry que l’enfant va commencer à aller à l’école. B.- Organisation progressive du prolétariat Les décrets d’Allarde de 1791 imposent le principe de la liberté du travail et abolissent les corporations. Ils interdissent aussi les regroupements et pas extension les grèves et les syndicats. A l’époque, il n’est pas possible de se grouper (loi le Chapelier, 1791). Fin XVIIIème, début XIXème les ouvriers vont se regrouper avec le luddisme, c’est-à-dire le fait de casser son outil de travail ou par le fait de quitter les patrons malgré le livret ouvrier. On comprend vite que l’on n’a pas d’intérêt à casser son outil de production, mais qu’on a plutôt intérêt à se regrouper. Des formes de groupements qui s’apparentent à des sociétés vont se créer pour aboutir à des syndicats. On assiste ensuite à une organisation progressive dans les années 1840-1850 : -​ Mutuelles : aide en cas de maladie, accident ou naissance contre cotisation (sorte d’assurance). Ce sont souvent des anciens salariés qui créent les mutuelles sous un régime de coopérative. 25 -​ Coopératives : c’est une économie dite sociale, on a une voix par homme, une liberté d’adhésion, une répartition des bénéfices entre sociétaires (il y a plus de 800 000 sociétaires en 1914). Ce n’est pas le rapport qui détermine la voix mais le fait qu’on participe à la coopérative. Émergence d’un « capitalisme social » : -​ La théorie du socialisme utopique de Charles Fourier -​ L’expérience du familistère de Guise de Jean-Baptiste André Godin (jusqu’en 1968) -​ Les formes de catholicisme social -​ Le « paternalisme » C.- Des rapports sociaux conflictuels et le développement des syndicats En France, la répression ouvrière est corrélée à l’Histoire du pays : -​ A ses débuts, au XIXème, la répression revêt son visage le plus dur -​ 1830-1848 : monarchie de Juillet -​ 1831 et 1834 : grève des Canuts (première vague de violentes répressions) -​ 1848 : 22 au 25 février, seconde révolution française de 1848 / 22 au 26 juin, journées de Juin (deuxième vague de violentes répressions) -​ 1871 : 18 mars au 28 mai, La Commune de Paris (troisième vague de violentes répressions) En 1864, la création des syndicats est autorisée, la grève aussi. Les grèves sont de plus en plus fréquentes et longues et concernent tous les secteurs (vignerons, BTP, postiers…). Elles sont souvent réprimées par les pouvoirs publics. On assiste à de multiples révoltes comme la révolte des Canuts (Lyon). Il y a diverses modalités de résistance : arrêt de travail, bris de machines, violences de rue et émeutes… Les syndicalismes : -​ En 1864, première libération du droit à se syndiquer -​ Loi Waldeck-Rousseau autorisant la création des syndicats en 1884 -​ Prolifération des syndicats -​ CGT fondée en 1895 révolutionnaire -​ Syndicalisme chrétien (syndicalisme des employés de commerce et de l’industrie dans la suite de Rerum Novarum) -​ Syndicalisme jaune après la grève de 1899-1900 chez Schneider -​ Syndicalisme anarchique D.- Une législation toujours favorable aux employeurs En 1791 : -​ Les décrets d’Allarde posent le principe de la liberté de travail selon lequel « chaque homme est libre de travailler là où il le désire, et chaque employeur est libre d’embaucher qui lui plait grâce à la conclusion d’un contrat dont le contenu est librement déterminé par les intéressés ». Ils suppriment les corporations et instaurant la liberté d’entreprendre. 26 -​ Les lois Le Chapelier : interdiction des coalitions et des corporations, et par extension des grèves et des syndicats. La loi favorise toujours l’employeur, toute revendication est écrasée par l’armée. En 1803 : -​ Loi sur la réglementation du travail dans les manufactures et les ateliers -​ Création du livret ouvrier, sorte de passeport sans lequel l’ouvrier ne peut être ni quitter son emploi, ni être employé, permettant à la police et aux employeurs de connaitre la situation exacte de chaque ouvrier. L’ouvrier ne peut pas quitter son emploi sans son livret, il doit donc demander son livret à son employeur pour quitter l’entreprise. Cela peut aboutir à du chantage des patrons sur les ouvriers. Tout ouvrier voyageant sans son livret est réputé vagabond et condamné comme tel. Le livret ouvrier est un véritable moyen de soumission, car lors d’un litige, l’employeur est cru sur parole, tandis que le salarié doit donner des preuves écrites de sa bonne foi. En 1804 : -​ Article 1781 du Code civil : en cas de litige sur le salaire, la parole du maitre l’emporte sur celle de l’ouvrier devant les tribunaux (aboli en 1866). Classe ouvrière : force politique Le saint Simonisme : défend une croyance du progrès, la société industrielle permet une abondance de richesse. E.- Des solutions : les cités utopiques ? On a un idéal communautaire qui serait de rassembler tous les salariés (exemple : familistère de Guise qui a été très critiquée dans le roman Travail de Zola). D’autres projets communautaires ont vu le jour au XXème siècle (idéal communautaire porté par Adriano Olivetti au XXème à Ivrée près de Turin). Tomas Batà a le projet d’une cité industrielle fonctionnaliste à Zlin en Moravie (Bataville en Moselle). L’intérêt pour les entreprises est que dans les lieux d’usine, le loyer est très faible, les chefs d’entreprise préfèrent payer ce loyer pour avoir tous leurs salariés sur le lieu de travail. Exemple : le familistère de Guise (construit en 1859) Godin, disciple de Charles Fourier théorise sur les solutions sociales (contrepied des cités industrielles de Mulhouse à l’honneur pendant l’exposition universelle de 1867). Le but est de remettre en avant la dimension collective et non l’individualisme. Tout tourne autour du travail, on a un culte du travail comme quasi-religion. C’est un vecteur d’émancipation des hommes, qui leur permet de se libérer de toute dépendance vis-à-vis du patronat. IV.- Une « pensée » de la production A.- La division du travail – définition La division du travail est la répartition du travail entre des individus ou des groupes spécialisés dans des activités complémentaires. 27 C’est, dans l’entreprise, la décomposition de la production en de nombreuses opérations ou tâches élémentaires, limitées et complémentaires. Chaque tâche peut alors être effectuée par un seul travailleur. Les enjeux de la division sont une recherche de croissance grâce à une hausse de production. Les formes de la division du travail selon Séris (1994) : -​ Séparation des tâches = je fais une chose pendant que tu fais autre chose -​ Spécialisation du travail = pérennisation de la séparation des tâches, celui qui sait mieux faire quelque chose le fait -​ Parcellisation du travail = décomposition du processus par la hiérarchie, identification de toutes les opérations du processus pour savoir qui est plus à même de faire chaque opération La division du travail est-elle propre au capitalisme ? -​ OUI car elle est une stratégie permanente d’organisation du processus capitaliste de production, du fait de ses avantages en termes : de maximisation du profit, de maximisation de la gestion interne en minimisant les coûts de production et les coûts de transaction. Ainsi, le mode de production capitaliste utilise, pour promouvoir son objectif principal (le profit), une division du travail développée. -​ NON car la division du travail émerge naturellement et de manière spontanée chez l’homme. B.- Le machinisme Une pensée de la machine se développe très précocement avec La Mettrie, médecin à la pensée matérialiste dans la lignée de Descartes, qui écrit, entre autres ouvrages, L’homme machine en 1747. En même temps, Courcelle-Seneuil met l’accent sur l'évaluation des nouveaux investissements. Dans ce cas, quatre questions se posent : Quel capital ? Quels débouchés (chiffrés) ? Quel prix de revient ? Quel chiffre d'affaires d'équilibre ? La machine devient le centre de la production, alors qu’avant, l’homme était le centre de la production. C.- L’interchangeabilité des pièces Eli Withney (UK) a inventé ce modèle, qui s’est développé en France et aux USA avec Thomas Jefferson. C’est le fait qu’on a une machine et qu’on limite le nombre de pièce à des pièces fixes prédéfinies. Si une pièce est défectueuse ou qu’on la perd, on n’a pas besoin de la refaire, on peut juste piocher dans les pièces que l’on a. On a donc intérêt à penser la production par rapport au nombre de pièces, on a des pièces standard. Ce n’est pas qu’une question de technique, elle implique un grand changement dans les modes de production, « le but recherché par l’interchangeabilité est l’amélioration des outils, des machines, des instruments de mesure et, aussi, de l’organisation du travail. La division du travail est ainsi étroitement associée à ce mouvement » (Peaucelle, 2005). 28 Ces questions vont aussi être abordées par Jean-Baptiste Say sous l’angle de la standardisation. Il y consacre un chapitre de son cours d’économie politique, paru en 1828, sous le terme d’étalonnage. PARTIE II : PRODUIRE AU XXÈME SIECLE I.- L’électricité et l’automobile : deux secteurs structurants (1880 – 1940) A.- Électricité et aluminium L’électricité est le moteur de la seconde industrialisation. On va passer de la curiosité scientifique à une utilisation généralisée (question de l’éclairage). Avec la première guerre mondiale on a une seconde vague d’électrisation. L’industrie de l’aluminium se développe avec l’électricité et le secteur électrique devient un de ses principaux clients. B.- L’automobile : pilier de la seconde révolution industrielle L’automobile a une place particulière aux croisements de problématiques techniques, économiques et sociales. Mais l’univers de l’automobile s’élargit encore si on l’intègre au développement d’un mode de vie et à une culture originale. Au tout départ, c’est une simple innovation parmi d’autres, c’est un objet de luxe à destination d’une minorité. Les choses progressant, de plus en plus de voitures vont se développer. Après 1945, le secteur automobile devient rapidement concurrentiel (CEE et accords du GATT), la 2CV et la 4L sont créées. Elles vont contribuer à largement développer l’industrie de l’automobile. Ainsi, les supermarchés s’implantent à la périphérie des villes, car les gens peuvent y accéder en voiture, alors qu’avant les supermarchés se trouvaient en centre-ville. Dans les années 1960, on a une production de masse selon le modèle fordien. A partir de 1974, on a un changement de modèle. C.- L’informatique et le jeu vidéo : le renouveau Le développement productif de la seconde moitié du XXème siècle est fortement structuré par l’informatique. Au départ, ce n’est pas destiné au grand public. Des domaines connexes participent au renouveau du développement productif en France : le minitel et le jeu vidéo. Avec le minitel, on a l’embryon de l’informatique. Avec l’apparition des jeux vidéo se crée Ubisoft (UBI = union des bretons indépendants et soft = software). Aujourd’hui, Ubisoft est le 3ème mondial pour les jeux vidéo. Exemple d’Ubisoft Ubisoft est créé en 1986 en Bretagne. Ils ont un partenariat avec Amstrad, Atari, Commodore (Amiga) et Elite, Electronic Arts, Sierra On-Line, LucasfilmGames, Novalogic. Un studio de développement ouvre à Montreuil en 1992, ainsi que des filiales de distribution en Allemagne, UK et USA dans les années 1990. En 2010 Ubisoft devient le 3ème éditeur mondial (hors Asie). 29 II.- Une pensée de la gestion de la production Dans la gestion de la production, on peut voir l’importance du taylorisme et du fordisme. Le premier préalable est l’interchangeabilité des pièces (construction mécanique, manufacture des armes et des cycles de Saint-Etienne). Quelques autres préalables sont par exemple la séparation entre fabrication et contrôle ou l’organisation de la production et des stocks. Arrivée du taylorisme en France : -​ Rôle d’Henry Le Chatelier (correspondant officiel de Taylor) -​ Intérêt de grandes entreprises : Renault, mais aussi Michelin dès 1910 (comité Michelin dès 1921 et revue Prospérité qui mesure la productivité en 1928) Au début du XXème, on veut produire les quantités les plus grandes aux prix les plus faibles, pour produire en masse. A la fin du XXème, on produit à la demande du consommateur, mais les prix vont augmenter. La production s’adapte à la demande du consommateur. On remarque que la répétition de certaines opérations permet de mieux exécuter la tâche. Le juste à temps (1980) est une invention japonaise, la pièce doit arriver à temps pour économiser les coûts de stockage. Le fournisseur doit en permanence pouvoir donner les pièce

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