Introduction à L'Economie - Cours Magistral PDF

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Ce document présente un cours magistral sur l'introduction à l'économie. Il aborde la définition de l'économie, son histoire, et des exemples, ainsi qu'une étude de cas sur le fonctionnement d'une entreprise.

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COURS MAGISTRAL – INTRODUCTION À L’ÉCONOMIE – THOMAS WERQUIN SARAH BREITENSTEIN * Plan du cours : 0. Introduction générale 1. L’histoire de la pensée économique 2. Les économistes libéraux 3. Les économistes néoclassiques * Indicatifs : Ouvr...

COURS MAGISTRAL – INTRODUCTION À L’ÉCONOMIE – THOMAS WERQUIN SARAH BREITENSTEIN * Plan du cours : 0. Introduction générale 1. L’histoire de la pensée économique 2. Les économistes libéraux 3. Les économistes néoclassiques * Indicatifs : Ouvrages Définitions Exemples 1 COURS MAGISTRAL – INTRODUCTION À L’ÉCONOMIE – THOMAS WERQUIN SARAH BREITENSTEIN PARTIE 0 : INTROUCTION GÉNÉRALE 0. LA DÉLICATE DÉFINITION DE L’ÉCONOMIE * Quelle est la définition de l’économie ? Le terme « économie » vient du grec ancien « oikonomia » qui signifie « administration du foyer ». En ajoutant politique cela devient économie politique. On passe de l’administration du foyer à l’administration de l’État. L’économie politique en tant que discipline est née au XVII° siècle avec Antoine de Montchrestien, économiste et philosophe (1575-1621) dans Traité d’économie politique. Définition selon Antoine de Montchrestien : « L’économie politique est la science de la production et de la distribution des richesses d’un pays ». Définition selon Adam Smith : « L’économie est la science des richesses ». En effet, chaque économiste à sa propre définition de l’économie. Cela reflète juste leur pensée et vision de l’économie et du monde. Économie : Activité humaine qui consiste à produire, à consommer, à échanger et à distribuer les richesses. L’économie et chacun de ses sujets (production, distribution…) peut être étudiée sous trois angles de vue différents : - La morale -> La production et distribution des richesses est-elle morale ? Mais, morale selon qui ? (Thomas Piketty). - L’efficacité -> La production et l’échange sont-ils efficaces ? (Adam Smith). - L’environnement -> Est-ce que la production se fait en respectant l’environnement ? (Les physiocrates). 1. DE QUOI PARLENT LES ÉCONOMISTES ? * Qui sont donc les économistes ? L’économiste est celui qui travaille sur des sujets économiques. L’amplitude est tellement large qu’il est difficile d’écarter certains individus. Économiste : Un économiste est celui dont les travaux ont un intérêt pour la discipline. Quels sont les deux critères principaux des économistes ? 2 COURS MAGISTRAL – INTRODUCTION À L’ÉCONOMIE – THOMAS WERQUIN SARAH BREITENSTEIN - Travail qui s’oriente sur des sujets économistes - Travaux qui ont un intérêt pour la discipline * Étude de cas 1 : Le fonctionnement d’une entreprise A) La création de l’entreprise Situation d’origine : 10 personnes créent une entreprise. Pour cela chacun apporte 50 000 € (investissement : 10x 50 000). Au total, le capital de l’entreprise est de 500 000 €. Les 10 associés possèdent donc 10% (sous forme d’action) de l’entreprise. Lancement de l‘entreprise le 1er janvier 2024. Achat du local Achat de la machine Versement à la banque Valeur totale de (matériel) (fonds de roulement) l’entreprise 200 000 € 100 000 € 200 000 € 500 000 € Chaque associé détient 2 droits : - Droit juridique (droit de vote) -> Siéger à l’assemblée générale de l’entreprise et prendre des décisions importantes (1 vote = 10% accordé à chacun des 10 associés, sur un total de 100%). C’est une entreprise qui est démocratique. - Dividende (recevoir une partie du bénéfice) -> Titre de propriété. En tant qu’actionnaire, il a le droit de recevoir une partie des bénéfices et à espoir de fructifier ses actions (amélioration de ses bénéfices dans le temps). L’assemblée générale choisit entre l’investissement ou la répétition des bénéfices aux dividendes. Si un associé vend sa part peu de temps après le lancement, il pourrait vendre sa part à 500 000 € sous réserve qu’il trouve un acheteur. BILAN COMPTABLE (actif + passif) -> photographie du patrimoine de l’entreprise à un moment donné : Actif Passif Ce que possède l’entreprise : D’où vient l’argent : - Local (200 000€) -Vient du capital (la valeur de 500 000 €) - Machine (immobilisation) (100 000€) - Trésorerie Ce bilan comptable est obligatoire. Regarder à la fois l’actif et le passif c’est faire attention aux dettes à rembourser (indiquées dans le passif). Il y a une dette s’il y a un emprunt à la banque B) Lancement de la production Il faut acheter la matière première pour produire les prototypes et ensuite embaucher un directeur général. Sa mission sera de produire de la manière la plus efficace et de bonne qualité un produit avec un meilleur prix possible pour faire un maximum de profit (prix de vente > coût de production). 3 COURS MAGISTRAL – INTRODUCTION À L’ÉCONOMIE – THOMAS WERQUIN SARAH BREITENSTEIN Le directeur général doit faire attention à la concurrence du marché (il travaille dans un cadre concurrentiel). Il doit donc vendre sa production au même prix ou moins cher que ses concurrents pour pouvoir faire du bénéfice. Il ne doit pas être en déficit pour éviter que l’entreprise fasse faillite. La production commence le 1er janvier 2024 et se termine le 31 décembre 2024. C) Le résultat À chaque fin d’année, on fait ce qu’on appelle un « compte de résultats » (calculer coût + recette sur l’année) : Produit Charge Chiffre d’affaires : 600 000€ Achats intermédiaires : 150 000€ Salaires : 150 000€ Impôts : 100 000€ Le coût correspond à l’achat de biens et services intermédiaires + salaires (employés/actionnaires) + impôts (État). Les recettes correspondent aux ventes sous forme de chiffres d’affaires : - Coût < Recettes = chiffre d’affaires positif - Coût > Recettes = déficit de l’entreprise qui peut faire faillite - Bénéfices = recettes – coût de production Bénéfice = 200 000 € qui vont à la banque donc la trésorerie a augmenté de 200 000€. D) Le bénéfice et son utilisation : Conséquences sur la valeur de l’entreprise Cas 1 : Investissement (acheter un autre local) pour agrandir l’entreprise dans l’optique de produire plus de bénéfices. La valeur immobilière correspond à deux locaux d’une valeur totale de 400 000€ (double la valeur immobilière). Avant investissement Après investissement Constante Machine : 100 000 € Machine : 100 000 € Banque : 200 000 € Banque : 200 000 € Variable Local : 200 000 € Local x2 : 400 000 € Il y a des conséquences sur la valeur de l’entreprise -> total de 700 000 € (en actif) + 400 000 € dû aux deux locaux. On peut donc investir pour se développer ou investir auprès d’un concurrent (acheter le concurrent). Le prix intègre aussi les bénéfices futurs, en prenant en compte que l’entreprise atteint tous les ans la même recette de 200 000 € de plus que sur l’année précédente. Cas 2 : Épargne « S » (surtout utile en temps de crise) 4 COURS MAGISTRAL – INTRODUCTION À L’ÉCONOMIE – THOMAS WERQUIN SARAH BREITENSTEIN Il y a des conséquences sur la valeur totale de l’entreprise -> 500 000 € et possibilité de bénéficier d’un taux en épargnant sur un livret. Cas 3 : Versement dividendes (aux 10 actionnaires) -> redistribution des salaires (sorte de prime). Valeur de l’entreprise : 500 000 € 20 000 € versé au salarié et à diviser par le nombre d’actionnaires Beaucoup d’entreprises vont préférer l’accroissement de leur dividende pour faire face à des crises. Le bénéfice a deux rôles : - Augmenter le capital des actionnaires par l’augmentation de la valeur de l’entreprise - Permet d’apporter une rémunération aux actionnaires * Les différents critères de vente de la part d’un des actionnaires : - La valeur de l’entreprise -> Un vendeur possède 10% de l’entreprise soit 70 000€ après investissement. Il faut voir la valeur demain (dans un futur propre), la valeur de l’entreprise pour savoir la rentabilité de l’entreprise. Il y a une approche où l’avenir est incertain. - Bénéfice et développement futur de l’entreprise -> Le capital va grossir ou non. Le bénéfice individuel correspond au salaire. - Prix de vente de l’action -> Le vendeur fait face à un groupe d’acheteurs et est donc soumis à une concurrence de la part des acheteurs, libre d’acheter n’importe quelle action. Ce qui va détournait l’acheteur potentiel dépend du taux de rentabilité de l’action mise en vente. Donc, l’entreprise doit se contenter de faire plus de profits que les autres et ainsi baisser le prix de l’action. Il s’agit de la loi de l’offre et de la demande pour faire face à la concurrence. - Situation des autres entreprises -> Il faut proposer un prix avec un dividende. Il y aura spéculation sur l’avenir pour ceux qui investissent dans l’action en question pour savoir combien elle va me rapporter. L’investissement est de 50 000€ et reçoit un dividende de 20 000 €. La rentabilité de mon placement est de 2/5 soit 40% (ce qui est énorme). Le rendement d’une action c’est son dividende mais il ne signifie pas grand-chose pour la valeur de l’entreprise. Quand on met notre argent quelque part, c’est ce que l’argent me rend, me redonne à moi-même. Le taux de rendement d’une action correspond au montant du dividende/cours de l’action ⇒ Achat 100€ (cours de l’action) et dividende d’un montant de 2€ donc taux de rendement de 2% (2/100). La rentabilité d’une action se calcule en ajoutant au dividende ce que vous avez touché de la plus-value ou de la moins-value faite entre le moment où on achète l’action et le moment de vente de cette action. Le taux de rentabilité correspond au rapport du montant et du coût de l’action d’origine 5 COURS MAGISTRAL – INTRODUCTION À L’ÉCONOMIE – THOMAS WERQUIN SARAH BREITENSTEIN ⇒ Achat 200€ et vente 300€. Il y a une plus-value de 100€. Si le dividende a un montant de 2€, le taux de rentabilité est de 100+2/200. Si le cours de la bourse varie, le taux de rentabilité sera impacté. On achète l’action de l’entreprise qui nous offre le meilleur rendement pour offrir des dividendes et faire confiance à des acheteurs. ⇒ Amazon investissait tout leur bénéfice donc était dans une approche de forte croissante de leur entreprise. Il y a des conséquences à cela : La mission de votre directeur général, c’est de faire le plus de bénéfice que les autres. S’il ne fait pas plus de bénéfice que les autres et qu’on veut vendre notre action, il n’y aura pas d’acheteurs. On devra baisser le prix d’une action, et si l’entreprise fait des pertes, personne ne voudra de cette action. Il risque de se faire virer et remplacer. D’autres conséquences peuvent être mises en place comme la délocalisation de la production. Les actionnaires ne seront pas en accord, c’est le directeur qui doit se conformer aux besoins de ses actionnaires. ⇒ Société générale : leur action a plongé de 10% de 2021 à 2022. ⇒ Système de retraite et de sécurité sociale créé pour soutenir les entreprises. Ici, on décrit un processus d’accumulation du capital, avec mon argent je peux racheter des machines. Le moteur du capitalisme est l’accumulation, réinsérer les bénéfices au sein de la société pour développer toujours plus les institutions publiques et les entreprises privées. Pour exister, le capitalisme a besoin d’un minimum de liberté (liberté d’entreprendre et de posséder des propriétés privées) mais n’a pas besoin au contraire d’un trop grand libéralisme (avantages qui mènent à un risque) ⇒ En France, il y a le capitalisme mais tout n’est pas libre pour autant (prix du livre). * Bilan : Le moteur du capitalisme, c’est le profit et l’investissement. Connaitre un certain nombre de sujets d’étude aide au niveau de la production, de la motivation de la production. C’est l’objectif du progrès technique. Le rôle du consommateur et du vendeur est de reprendre la configuration de la loi de l’offre et de la demande. 6 COURS MAGISTRAL – INTRODUCTION À L’ÉCONOMIE – THOMAS WERQUIN SARAH BREITENSTEIN PARTIE 1 : L’HISTOIRE DE LA PENSÉE ÉCONOMIQUE 0. POURQUOI ENSEIGNER L’HISTOIRE DE LA PENSÉE ÉCONOMIQUE ? Homo economicus : Nouveau type d’individu agissant en toute rationalité en toute circonstance qui chercher à maximiser son profit ou son utilité. C’est un agent universel, pour qui cette recherche de profit de maximisation serait innée (on a tous le même intérêt qui est « de vouloir le plus par le moins »). Les cours d’économie n’étaient plus qu’une offre dogmatique. Les cours à l’université en sont venus à décrire l’individu comme un « economicus », un enseignant des théories libérales. La question de l’histoire de la pensée économique est liée à la nature de la science économique. Certains comme Hayek dans La route de la servitude pensent que l’économie est trop complexe pour y introduire les mathématiques. Si l’économie correspond à une science exacte, il faut le démontrer. Ainsi, l’histoire de la discipline n’est pas utile au-delà de la culture générale parce que lorsqu’il y a une découverte, le passé est considéré comme faux ou insuffisant puisqu’il a été dépassé. Si l’économie correspond à la philosophie, il n’y a pas d’expérimentation, pas de preuves. Il n’y a qu’une position de l’une contre l’autre qui contribuent au débat. Aucune ne peut apporter la preuve d’une supériorité de sa position par rapport à une autre position. Si l’économie est plus proche des sciences exactes, l’Histoire est inutile au-delà de la culture générale. Si l’économie est plus proche de la philosophie, l’Histoire est nécessaire. Ici, la vision proposée est celle que les sciences économiques reposent sur une succession d’écoles, d’auteurs qui ne peuvent pas être assimilés à une succession de découvertes scientifiques qui anéantiraient les autres. Il y a toujours des individus pour défendre une position mais personne pour apporter la preuve, la véracité de cette position par rapport à une autre. Max Weber (1864-1920) dans l'Éthique protestante et l'Esprit du capitalisme, décrit le commerçant (entrepreneur) qui a une affaire, de l’argent et qui va faire grossir son affaire en le réinvestissant. Il y a une accumulation du capital. Selon lui, l’individu n’agit pas comme ça parce qu’il veut avoir plus d’argent. Il fait du bénéfice et le réinvestit parce qu’il est très religieux et croit à la prédestination. En effet, ils pensent qu’à leur mort ils iront en Enfer ou au Paradis. Pour éviter cette source de stress, ils cherchent des signes dans lesquels on pourrait considérer que leur entreprise réussit. Ils veulent un signe divin. Pour Weber, le capitalisme n’est pas du tout instinctif. Il ne croit pas à la vision de « l’homo economicus ». Selon lui, l’éthique protestante a développé le capitalisme. En effet, chez les 7 COURS MAGISTRAL – INTRODUCTION À L’ÉCONOMIE – THOMAS WERQUIN SARAH BREITENSTEIN protestants, il y a un ascétisme religieux. On réinvestit au lieu de dépenser. L’origine de l’accumulation du capital se trouve dans la religion. Il faut élargir le champ des visions de l’origine de l’économie. 1. LES PREMIÈRES RÉFLEXIONS ÉCONOMIQUES En Europe, les premiers intellectuels qui se sont intéressés à l’économie (production, consommation, échanges) sont les grands philosophes de la Grèce Antique. La réflexion est dominée par quelques intellectuels et en particulier par l’apparition de l’économie marchande. À cette époque-là, il n’y a pas encore d’économistes. A) Les philosophes de l’Antiquité Autour du 7ème av J.C. il y a une modification de la structure économique et sociale en Grèce. Cela est caractérisé par le passage d’une économie naturelle à une économie marchande. Chez les Grecs, l’économie naturelle est caractérisée par la relation maître/esclave. La production est la répartition régie par les coutumes, les lois sacrées et la religion. Le système économique repose essentiellement sur l’appartenance des individus aux différentes classes sociales, chaque individu ayant des droits et des devoirs. Le statut est hérité de la naissance et les échanges ne sont pas ou très peu marchands. Maitre et esclave n’ont donc pas de relation directe. L’économie marchande se développe progressivement et les échanges reposent sur une transaction monétaire. Le producteur est un privé (produit des biens) et les vend à un consommateur qui les achète. Cela ne repose plus sur un échange basé sur le statut social car on ne nait pas producteur. C’est un échange réciproque. Cette modification en entraine beaucoup d’autres : - Contestation des équilibres sociaux - Taxe que les pouvoirs publics commencent à imposer - Liberté des échanges Les producteurs et les marchands commencent à revendiquer et discuter de l’aspect religieux. Les néo classiques sont les premiers à utiliser des mathématiques pour expliquer l’économie. La science économique qui va connaitre plusieurs rebondissements est donc dominée par l’esprit néoclassique à partir du XIX° siècle. À l’époque de Platon et d’Aristote, l’équilibre de la Cité et les lois sacrées sont compromis, bouleversés. Sur ce fond de crise se développe le débat politique et philosophique en économie. Faut-il freiner le passage vers l’économie marchande ou la valoriser ? Le débat s’intéresse peu à l’efficacité de ces échanges mais plutôt se demande si cette modification est conforme à la morale religieuse et philosophique. 8 COURS MAGISTRAL – INTRODUCTION À L’ÉCONOMIE – THOMAS WERQUIN SARAH BREITENSTEIN Selon Platon, la vie sociale sur Terre doit être organisée la plus juste (moralement parlant) qui soit pour assurer le salut des âmes (paix et vie après la mort) pour tous. Le travail des philosophes est de s’intéresser aux lois qui garantiraient le salut de l’âme de tous et ce, sous l’angle de la morale. Il propose d’établir une société idéale, caractérisée par le règne de la justice consistant à attribuer à chacun la fonction sociale qu’il mérite. Il propose donc d’effectuer cette attribution non pas en fonction de l’héritage, ni de la naissance, mais en fonction des qualités intrinsèques de chacun (intellectuelles, physiques). Il rejette l’économie marchande car elle est pour lui source d’injustices. Aristote lui s’intéresse beaucoup plus à l’efficacité de la production. Cette conception différente n’est non pas dans le salut de l’au-delà comme Platon, mais attachée au bonheur sur Terre. Il considère que l’économie marchande a le mérite d’être efficace pour satisfaire les besoins matériels sur Terre. Il reste cependant ouvert au développement de l’économie marchande sous réserve qu’elle ne débouche pas sur de trop fortes inégalités, injustices. L’économie marchande doit être contrôlée par un partage des richesses et des échanges justes. Aristote évoque également la question des monopoles. Il est contre les monopoles car ils risquent d’entrainer une hausse trop importante des prix. S’il y a un monopole, on est seul à offrir et vendre un bien. Il souhaite donc que l’échange soit juste entre tous. ⇒ Question de la rémunération de la vente de lait en France (entre producteurs de lait rémunération faible et entreprises intermédiaires qui posent leur prix). L’échange est ici injuste. Tous les débats contemporains se retrouvent à l’époque antique des philosophes grecs. ⇒ Le débat sur l’assurance chômage est-il porté sur l’efficacité ou la morale ? Les deux points de vue peuvent être entendus. Sous l’angle de la morale, c’est un acte de solidarité de la société d’aider collectivement une personne. Sous l’angle de l’efficacité, la personne au chômage consomme moins et ne peut pas rembourser ses emprunts alors le chômage entraine le chômage et ainsi de suite. Pour cela, on va verser une prestation à une personne qui perd son emploi. La réduction du pouvoir d’achat ne se répercute pas sur les autres corps de métiers. Les néoclassiques sont les premiers à utiliser des maths pour expliquer l’économie. La science économique qui va connaitre plusieurs rebondissements est donc dominée par l’esprit néoclassique à partir du XIX° siècle. B) Les théologiens du Moyen-Âge : Thomas d’Aquin Les théologiens vont étudier l’économie sous l’angle de la morale. Après le déclin de l’empire romain, il y a une période de trouble en Europe. Le pouvoir politique est atomisé et un régime domanial se met en place avec des seigneurs. Des nations se développent et un retour à l’économie naturelle est observé. 9 COURS MAGISTRAL – INTRODUCTION À L’ÉCONOMIE – THOMAS WERQUIN SARAH BREITENSTEIN À partir du XI° siècle, le commerce va reprendre notamment entre certaines villes. ⇒ Lille apparait en 1066 car elle est sur un point important où passe la Deûle, lieu de commerce. Il y a une économique marchande qui renait. L’Église considère qu’elle va devoir réactualiser sa doctrine et ce, avec Thomas D’Aquin. Théologien et religieux italien, Thomas d’Aquin (1225-1274) se voit confier par l’Église de se poser la question sur la moralité de cette économie. Est-ce que le développement du prêt bancaire à intérêt est-il juste selon l’Église ? À cette époque, l’Europe est aussi influencée par l’Orient, l’Islam et Averroès, philosophe ayant vécu à Cordoue. Thomas d’Aquin va développer une réflexion concernant : - Le juste prix -> Peuvent considérer que le prix demandé par l’artisan doit être juste et lui assurer une vie convenable c’est-à-dire pour lui permettre de couvrir le cout de production et d’assurer l’entretien de sa famille. On est loin de la maximisation du profit. - Le juste salaire -> Celui qui est considéré comme normal. Selon Smith, le salaire de subsistance est le salaire qui permet de ne pas mourir. Thomas D’Aquin va accepter les échanges marchands à condition qu’ils soient justes et conformes à la morale. Thomas D’Aquin est aussi connu pour avoir travaillé sur le prêt bancaire. À son époque se développe les prêts bancaires à intérêt (remboursement au bout d’un certain temps). Est-ce que faire payer un intérêt est moral ? Selon Thomas D’Aquin, en se basant sur la Bible, le prêt à intérêt n’est pas moral et que ce dernier est un péché. Il va pouvoir faire référence à certains passages de la Bible ⇒ Luc 6 :35, « Au contraire, aimez vos ennemis, faites du bien et prêtez sans rien espérer en retour ». Il va donc l’interdire mais l’accepter sous certaines conditions (préjudice ou retard). Il va indiquer que : « celui qui confie de l’argent à un marchand ou à un artisan et constitue en quelque sorte avec eux une société, ne leur cède pas la propriété de son argent qui demeure bien à lui, si bien qu’il participe à ses risques et périls, au commerce du marchand et au travail de l’artisan. Voilà pourquoi il sera en droit de réclamer, comme une chose lui appartenant, une part du bénéfice. » C) La naissance de l’économie politique L’Europe est ravagée par la peste en 1359. 10 COURS MAGISTRAL – INTRODUCTION À L’ÉCONOMIE – THOMAS WERQUIN SARAH BREITENSTEIN Après l’épidémie, l’Europe connait donc une nouvelle dynamique : - Le développement massif du commerce notamment entre les villes (flamandes, italiennes, bourgogne) et les campagnes -> Un peu plus tard cela se produira entre l’Europe et l’Amérique qui va fournir à l’Europe des quantités d’or astronomiques, des produits pour l’agriculture, des épices. Des marchands très riches vont apparaitre. - Le progrès technique dans le domaine agricole -> C’est la suppression de la jachère. Du personnel va être libéré et va fournir une nouvelle main d’œuvre pour les usines en ville et pour la manufacture. - La renaissance caractérisée par la technique -> On considère que l’univers est soumis à des lois et pas seulement à des divinités. Les individus vont considérer que des lois techniques et physiques gouvernent le monde (avec le géocentrisme, le Soleil tourne autour de la Terre). On va donc se dire que l’économie est aussi régie par des lois - L’apparition ou la réapparition d’États centralisateurs (États ou cités-États) qui ont besoin d’argent pour asseoir leur autorité face à la noblesse (François Ier, Louis XIV°). À cette époque et provoqué par cela, il y a une rupture dans la manière d’appréhender la relation entre le souverain et son peuple. Des intellectuels de l’époque constatent et observent que le pouvoir royal ou seigneurial qui tire sa richesse de l’exploitation des paysans ou des artisans au maximum des possibilités sans se soucier des conséquences sur les productions à venir, tend à appauvrir le peuple provoquant donc son propre appauvrissement. Cela signifie que le souverain qui va dépouiller ses paysans s’appauvrit également. Face à cette logique de l’appauvrissement du peuple, les intellectuels vont réagir non pas du point de vue de la morale mais du point de vue de l’efficacité économique. Il y a un tournant et le pouvoir va prendre conscience que sa puissance va de pair avec ses sujets et que la pauvreté nuit aux finances publiques. Pour augmenter ses moyens, le prince ne va plus piller ses sujets mais va tenter de les enrichir. C’est à ce moment que va naitre l’économie politique. Antoine de Montchrestien, dans son livre Traité d’économie politique, est le premier à utiliser ce terme d’économie politique. D) Les mercantilistes Le mercantilisme se situe du XV° au XVIII°. C’est un ensemble d’idées économiques européennes. Ce nom plutôt péjoratif (ceux qui ne pensent qu’à l’argent) a été donné par ses adversaires comme Adam Smith qui est adepte au libre-échange alors que les mercantilistes sont fortement en faveur de l’intervention de l’État. Ceux qualifiés de mercantilistes ne se reconnaissant pas forcément adhérents à un groupe homogène. Or, ils ont en commun d’être au service de la politique. À partir du XVI°, ils vont exercer une influence considérable sur la conduite des politiques économique menées par les gouvernements. Ils abordent donc les questions sous deux angles principaux : - L’enrichissement des marchands 11 COURS MAGISTRAL – INTRODUCTION À L’ÉCONOMIE – THOMAS WERQUIN SARAH BREITENSTEIN - La puissance de l’État Le mercantilisme est au service de la puissance de l’État, de la puissance publique par rapport auquel la richesse est une puissance majeure. Le prince est celui qui favorise l’enrichissement de son peuple. La philosophie du mercantilisme est un instrument de la grandeur politique et militaire. Il est impossible de faire la guerre sans hommes, sans matériels. Il est impossible d’entretenir les soldats sans soldes et salaires. Il est impossible de payer ces salaires sans impôts. Il n’y a pas d’impôts sans commerces. On pourrait dire à notre époque : pas de sécurité sociale sans salaire minimum. La doctrine des mercantilistes est donc actuelle aujourd’hui encore. Quelles sont les recettes des mercantilistes ? Le point de départ se situe dans l’idée selon laquelle le souverain a besoin d’or ou d’argent, de métaux précieux pour exercer son pouvoir. Or, le mercantilisme se situe en plein cœur des découvertes des mines d’or d’Amérique. L’enjeu principal des mercantilistes est donc de trouver le moyen de capter cet or. Pour rapatrier cet or, le moyen proposé est une intervention de l’État. On va distinguer deux groupes de pays : - Espagnols et portugais -> Il suffit d’exploiter les mines d’or ou de piller des ressources déjà retirées des mines et de rapatrier cet or en Europe. L’objectif est d’entraver la sortie du territoire de cet or. Pour les Espagnols, l’or qui arrive en grande quantité va provoquer une augmentation du niveau de vie à condition que la production suive et une augmentation de la circulation de la monnaie. Cela entraine une inflation (augmentation des prix). Cela a un effet pervers et n’engendre pas un enrichissement durable. - France et Angleterre -> Pour ces pays, l’or n’est pas aussi simple à obtenir que pour l’Espagne. Il faut trouver des solutions pour le faire rentrer. La plus efficace se passe par le développement des manufactures et de la production de biens qui seront vendus à l’étranger. L’objectif est d’accroitre la production locale, qu’elle soit exportée et vendue à l’étranger en échange d’or. Il y a un enrichissement des artisans, marchands, que l’État et le roi vont taxer à leur tour. Il y a à la fois un objectif de conquête mais aussi de protectionnisme venant de l’État. Cela va se traduire par des politiques interventionnistes pour protéger des industries récentes (politiques économiques d’actualité), par la création de manufactures nationales de grande qualité. Ce qui change, c’est qu’à cette époque et à partir du mercantilisme, celui qui est mis en avant n’est plus la noblesse ou le curé mais le marchand et l’entrepreneur. C’est l’entrepreneur qui occupe une place centrale dans la société. À l’époque de Louis XIV, c’est Colbert qui s’occupe des politiques économiques pour l’État. En France, Colbert va être critiqué en développant ces manufactures car il délaisse l’agriculture et ce, notamment par les physiocrates. À cette époque, certes on construit Versailles et il y a de belles manufactures mais il y a une immense pauvreté qui va conduire à 12 COURS MAGISTRAL – INTRODUCTION À L’ÉCONOMIE – THOMAS WERQUIN SARAH BREITENSTEIN la Révolution. La vision de Colbert est celle de la guerre économique. On n’envoie pas des soldats pour récupérer l’or mais on crée des manufactures pour produire l’or. Aujourd’hui, nous sommes encore dans une politique proche de celle des mercantilistes. ⇒ Politique actuelle menée par la géopolitique et non pas par l’efficacité économique (production de microprocesseurs achetés à Taïwan et pas produits en France). Première partie : angle libéral on va considérer qu’il est plus efficace pour le consommateur français d’acheter des microprocesseurs en Chine car ils les font mieux et moins cher. C’est la maxime de tout bon père de famille (Smith). En deuxième partie, les mercantilistes disent qu’il faut faire rentrer de l’argent en le produisant en France car nous allons nous appauvrir à cause de la guerre économique. Ce sont les conséquences de l’industrialisation en France et notamment en Angleterre. ⇒ En Angleterre, il y a le développement des manufactures lainières. Ce développement va avoir des conséquences. Thomas More (1478-1535) critique le mouvement des enclosures. Il se lamente que les terres autrefois utilisées pour nourrir les habitants soient réorientées au profit des industries. Il fait une critique du point de vue de la morale. E) Point sur la fiscalité L’objectif des mercantilistes est de développer des manufactures pour pouvoir ensuite les taxer. Lorsque l’on parle de fiscalité il est nécessaire de distinguer auprès de l’État les dépenses et les recettes. Concernant la France, il y a un double système de fiscalité : - Budget de l’État -> Il y a des dépenses (éducation, défense nationale, justice). Pour payer cela il y a des recettes (impôt sur le bénéfice, TVA, impôt sur le revenu). - Sécurité sociale -> Il y a des dépenses (assurance chômage, assurance maladie). Pour payer cela il y a des recettes (taxes salariales, cotisations sociales patronales). Aux États-Unis, l’économiste Arthur Laffer (1940-) s’est intéressé au taux d’imposition optimal (optimisation des recettes fiscales de l’État) en créant la courbe de Laffer. Dans son graphique, en abscisse, il y a le taux d’impôt sur le revenu. En ordonnée, il y a le montant des recettes fiscales. Il vise donc à étudier le taux qui maximise les recettes fiscales en dollars. Il constate que plus le taux augmente, plus les recettes de l’État augmentent. Mais il se produit un mouvement de stagnation parce que le taux d’imposition commence à être considéré comme trop élevé (100%) par les individus qui arrêtent de travailler. Ainsi, la courbe redescend et les taux d’imposition baisse « Trop d’impôt tue l’impôt » Il a donc un discours libéral, c’est-à-dire qu’il demande à l’État de ne pas trop taxer et donc de ne pas intervenir sinon cela va inciter les individus à arrêter de travailler. 13 COURS MAGISTRAL – INTRODUCTION À L’ÉCONOMIE – THOMAS WERQUIN SARAH BREITENSTEIN Quelles sont les deux manières de lire la courbe de Laffer : - J’observe, je comprends - Je cherche des arguments pour que l’État intervienne moins F) Bilan Le mercantilisme est une doctrine qui affirme que les Hommes dans une société ont un intérêt commun indépendamment de leur soumission au roi ou à Dieu. Ils sont les sujets solidaires d’un État qui ne s’oppose pas au roi mais qui englobe la personne du roi. Il y a une globalité. En l’occurrence, les sujets du roi et le roi trouvent leur unité dans la vie économique alors que d’un point de vue économique et moral, il y a plutôt subordination. Quelle est la critique de Marx à l’encontre des mercantilistes ? Selon Marx, avec le mercantilisme, la vie politique disparait au service du circuit de l’argent et du capital. Il ajoute que les institutions (État, éducation…) sont entièrement mobilisées par la bourgeoisie pour faire de l’argent. Il va considérer que l’économie politique (mercantilistes et intellectuels) est fautive car elle remplace la vie politique par la seule économie. Ce n’est plus seulement dans les monastères ou les paroisses que les hommes accomplissent leur vocation mais plutôt dans le travail, dans l’entreprise et dans l’entreprenariat. La réalité d’aujourd’hui, c’est que notre société est orientée vers la machine économique et dans la recherche du profit. Nous avons donc ces multiples ruptures entre cette époque qui s’intéressait à la morale, vers une autre époque où l’économie ne trouve son origine que dans l’efficacité et la recherche de profit pour l’État. G) Les réflexions concernant l’organisation et la naissance de l’État Alors que des individus se posent la question de l’enrichissement, sur la même période du 16e et 17e, des philosophes essayent de comprendre comment des individus libres et indépendants dans l’État de nature peuvent en venir à former une société soumise à des lois. Ces philosophes ne sont pas des historiens, ils ne décrivent pas un processus historique. Quand ils parlent d’état de nature (Hobbes), cet état de nature n’a sans doute jamais existé. Ces philosophes vont poser la question du contrat social (Rousseau) qui permet de définir les conditions justes et légitimes de l’organisation de la société. Ces philosophes s’inscrivent dans le contractualisme. Ce contractualisme se veut critique contre toutes les formes de pouvoir établies hors du cadre d’un contrat social. Donc, il se veut critique du pouvoir du droit divin. Le seul pouvoir légitime est celui issu du contrat social. L’une des questions qui se pose dans le contractualisme c’est pourquoi les hommes acceptent-ils de sacrifier une partie de leurs libertés naturelles au profit d’un état. En l’occurrence, ce qui nous intéresse est l’impact de la philosophie sur l’économie * Hobbes (1588-1679) : Philosophe anglais, il écrit le Léviathan publié en 1651 et dans lequel il expose sa conception de l’État. Le Léviathan est un monstre dans la Bible, symbole de la puissance et qui engendre 14 COURS MAGISTRAL – INTRODUCTION À L’ÉCONOMIE – THOMAS WERQUIN SARAH BREITENSTEIN de la peur. Il désigne le caractère que Hobbes attribue à l’État (inspirer de la peur et de la puissance). À la base de sa réflexion, « l’homme est un loup pour l’homme » c’est-à-dire qu’à l’état de nature (avant la naissance ou en absence d’état), les hommes sont perpétuellement en guerre et règne la violence. Hobbes explique que dans ces conditions, il ne peut pas y avoir d’agriculture (champ détruit), d’industries. Or, il affirme que l’homme est profondément désireux de paix. C’est sa situation dans la nature qui empêche cela de se réaliser. Pourquoi l’homme ne peut-il pas s’isoler pour satisfaire son désir de paix ? Hobbes voit deux raisons : - La rareté -> L’individu a des besoins et désirs multiples (manger, se vêtir). Cette rareté oblige les individus à se mettre en contact et échanger entre eux. Ceux qui vivent seuls ne peuvent pas satisfaire leurs besoins. - Leur sentiment de dignité et d’honneur -> Ce sentiment exige que chacun soit perpétuellement reconnu et honoré par l’autre. Si je vis seul, les autres ne me reconnaissent pas et les individus souffrent de l’isolement. Pour ces deux raisons, les individus sont voués dans l’état de nature ni s’entendre dans la paix, ni se passer des autres. Donc, les individus vont comprendre que la solution se trouve dans le fait que chacun consente à se dessaisir d’une partie de ses droits au profit d’une autorité. Le prix de l’état est le prix du renoncement de chacun à une partie de ses besoins. Cela permet à chacun de pouvoir vivre en paix, comme peut l’assurer l’état. En conséquence, il faut des lois sur toutes les questions notamment d’économie. Ces lois doivent retirer à tous l’incertitude concernant l’avenir. Elles doivent permettre de sécuriser l’individu qui va produire, échanger…Hobbes souligne que ces lois doivent être obligatoires et que ceux qui ne les respectent pas vont subir des sanctions. En conclusion, Hobbes s’inscrit dans une logique essentiellement sécuritaire. Le rôle premier de l’état est d’assurer la sécurité des individus en intervenant. Il faut assurer les contrats… * Locke (1632-1704) : Il présente sa théorie dans un ouvrage intitulé le Second traité du gouvernement civil en 1686. Sa vision est différente. Selon lui, l’état de nature est caractérisé par les droits naturels que sont la liberté individuelle et la propriété privée. Chacun souhaite préserver ces libertés. Contrairement à Hobbes qui voyait dans l’état de nature un état de guerre et de violence, Locke voit l’état de nature comme une étape heureuse et prospère. Néanmoins, il indique que les individus vont vouloir sortir de cet état de nature pour deux raisons : - Avec le développement de la monnaie qui permet d’accumuler les richesses -> Cette accumulation entraine des inégalités ce qui entraine à son tour des conflits. - L’absence de juge qui permet à chacun d’interpréter les lois et les traditions comme il l’entend ce qui entraine des conflits. 15 COURS MAGISTRAL – INTRODUCTION À L’ÉCONOMIE – THOMAS WERQUIN SARAH BREITENSTEIN Ici, le contrat social intervient pour empêcher le conflit et avant tout pour préserver des droits : la propriété et la liberté des individus. Pour Locke, le rôle premier de l’état est de garantir la liberté et la propriété des individus. Il est surtout le précurseur du libéralisme et est en lien avec les idées d’Adam Smith. Ce dernier est un des héritiers de Locke et se situe dans le prolongement de ses idées. * Rousseau (1712-1778) : « L’homme nait libre et partout il est dans les fers ». Rousseau affirme cela dans le Contrat Social. L’homme est dans les fers car il a perdu sa souveraineté. Le contrat social chez rousseau a pour but de rendre le peuple souverain. Pour avancer dans ses propositions, il va parler de la volonté générale. Pour lui, la volonté générale c’est ce qui est avantageux pour la totalité des individus. Ainsi, face à une loi, l’individu ne doit pas se demander si elle est dans son intérêt personnel ou dans l’intérêt du groupe auquel il appartient, ni même dans celle de sa classe sociale, mais si c’est dans l’intérêt de la totalité du groupe, toute classe sociale défendue. Ainsi, pour lui, face à l’intérêt particulier (intérêt du groupe d’individus), il défend l’intérêt de tous. Cette question de la volonté générale est liée à celles d’égalité et de justice entre les individus. Quelles conséquences en matière économique ? Dans son ouvrage Discours sur l’économie politique, publié en 1755, Rousseau va critiquer les mercantilistes mais aussi les libéraux. Il les critique pour le primat, l’importance qu’ils accordent à l’appas du gain qui fait qu’ils se détournent ainsi des préoccupations essentielles de la politique à savoir l’égalité, la liberté et la justice. Pour lui, l’État légitime repose nécessairement sur la vertu. Cette volonté des mercantilistes de développer les manufactures et l’industrie du luxe qui permet la richesse de l’état et donc du souverain corrompt les mœurs et répond à l’intérêt uniquement de quelques individus que sont les souverains. Le développement des manufactures ne répond pas à l’intérêt de tous. Rousseau explique que les anciens parlaient de mœurs et de vertus alors que les contemporains ne parlent que de commerce et d’argent. Reprenant les idées de Thomas More, Rousseau établit une critique proche. Le luxe fait vivre beaucoup de personnes mais en fait périr davantage à la campagne. On pourrait dire que Rousseau est contre les institutions qui ne défendent seulement l’intérêt de quelques individus. Il ne va pas être en accord avec les politiques économiques qui ne défendent que quelques intérêts. On pourrait aussi dire qu’il est opposé aux idées de Hobbes car l’importance c’est que le peuple reste souverain et donc décisionnaire. 16 COURS MAGISTRAL – INTRODUCTION À L’ÉCONOMIE – THOMAS WERQUIN SARAH BREITENSTEIN * Nietzsche (1844-1900) : Quel regard devons-nous porter et comment juger les milliardaires actuels (Elon Musk/Jeff Bezos/Bernard Arnault) ? Est-il le symbole des inégalités dans le monde ? Est-il le symbole de l’injustice ? (Rousseau) Ou bien devons-nous le regarder avec admiration ? Nietzsche est proche de notre culture occidentale, et de la manière d’apprécier les individus extrêmement riches. Comme Rousseau, il va s’intéresser à la morale. Or, contrairement à lui qui voit dans la morale une manière de faire progresser la société, Nietzsche y voit la faiblesse des sociétés et même la maladie de notre civilisation. Ce qui l’intéresse est de savoir d’où vient et pourquoi a-t-on une morale qui nous dit d’être juste ? Pour Nietzsche, la morale que nous connaissons est issue d’Aristote, de la pensée chrétienne, toutes issues entre le dualisme entre la vie sur terre et dans le haut-delà. Cela rejoint Weber avec l’idée de l’enrichissement des protestants et la naissance du capitalisme. En effet, ces derniers ont peur et veulent aller au paradis. Ils vont donc essayer de trouver des signes positifs. Pour Nietzsche, toute cette morale n’a qu’un caractère divin et a été inventée par les faibles pour vaincre les forts. La morale dit par exemple que le fort n’a pas le droit d’utiliser sa force contre le faible. Elle dit aussi qu’il n’est pas bon de se comporter de manière égoïste. Il faut donc partager et chercher l’égalité. Il va donc appeler la morale, la morale de l’esclave, du faible, du ressentiment. Cette morale va à l’encontre de la volonté de puissance. La volonté de puissance est caractérisée par la volonté de se développer. Elle n’a rien à voir, chez Nietzsche, avec la volonté de domination. Pour lui, la morale qui est la nôtre chez les Occidentaux va à l’encontre de la volonté de puissance. Si nous voyons donc Jeff Bezos s’enrichir, nous devons donc appréhender cet enrichissement avec un émerveillement. La morale avec laquelle nous pourrions regarder ces milliardaires, sous l’angle de la morale comme le ferait Rousseau, Nietzsche va dire que cet individu a tout simplement réussi dans sa volonté de puissance. C’est la nature de l’Homme de se développer et de gagner en puissance. D’un point de vue économique, pour Rousseau, celui qui accumule les richesses est jugé au nom de la concentration et de l’inégalité. Pour Nietzsche, il est jugé sur le critère de la réussite, de la puissance et sous réserve que cette puissance ne soit pas acquise en détruisant et écrasant les autres. 17 COURS MAGISTRAL – INTRODUCTION À L’ÉCONOMIE – THOMAS WERQUIN SARAH BREITENSTEIN PARTIE 2 : LES ÉCONOMISTES LIBÉRAUX 1. LA CRISE DES SUBPRIMES, UNE FAILLITE FINANCIÈRE ET MORALE A) Comment se passe le financement de l’économie ? Le financement de l’économie : - Investissement des entreprises - Consommation des ménages Les fonds proviennent des banques commerciales. D’où viennent les fonds ? - Épargne des ménages - Banques centrales Les fonds proviennent aussi de la Banque Centrale (BCE). Elles ont prêté de l’argent qu’elles ont elle-même emprunter. La Banque centrale va plus ou moins faciliter ces prêts. Elles vont le prêter à un certain taux d’intérêt appelé le taux directeur. La BCE propose des taux faibles pour que les banques prêtent plus facilement de l’argent afin de relancer la consommation : - Financement des ménages - Marchés financiers Taux d’intérêt : C’est le prix qu’il faut payer pour emprunter de l’argent Taux directeur : C’est le taux d’intérêt fixé par une banque centrale pour les prêts qu’elle accorde aux banques commerciales qui en ont besoin Les banques vont donc se financer sur les marchés financiers en émettant des obligations. Obligations : Titres utilisés par les entreprises ou les États pour emprunter de l’argent sur les marchés financiers Les obligations d’état sont appelées les bons du trésor. Or, à partir du monde où il y a un prêt, il y a toujours un risque qui est de ne pouvoir le rembourser au bout d’un certain temps. Plus le risque est élevé, plus le taux d’intérêt sera élevé. Les riches ont donc des taux d’intérêt très élevés. En revanche, si on est pauvre, on va payer plus cher puisqu’on a plus de risque de finir au chômage et donc de ne pas pouvoir rembourser. En conséquence, on va devenir défaillant, tout comme la banque. 18 COURS MAGISTRAL – INTRODUCTION À L’ÉCONOMIE – THOMAS WERQUIN SARAH BREITENSTEIN Les états sont notés par des agences privées sur leur niveau de risque c’est-à-dire leur capacité ou non à rembourser un emprunt. Le risque est évalué. B) L’histoire des années 2000 La Banque Centrale américaine ouvre les crédits. Elle va mettre de l’argent sur la table à disposition des banques pour financer l’économie des ménages et ce, à des taux faibles. Elles vont pouvoir utiliser cet argent en le prêtant. * Caractéristiques économiques des années 2000 : - Crédit Facilité -> Il offre des taux d’intérêt faibles. - Marché immobilier -> Il est en pleine expansion, les prix augmentent fortement. Les banques vont démarcher les ménages peut solvables pour leur proposer des prêts immobiliers à taux élevé. Ils ne pourront pour la plupart rembourser ce prêt. Le prêt immobilier va aussi être assurer sur la maison c’est-à-dire que la banque, si le ménage est défaillant, va pouvoir saisir la maison. Mise en situation : il y a un avant et un après 2008. Avant 2008, il y a un prêt qui est accordé à un ménage pour 100 000 dollars à un taux élevé. Pendant un an ou deux ans, le ménage commence à rembourser beaucoup d’intérêts. C’est très lucratif pour la banque. Or, le ménage devient défaillant. La banque se retrouve au tribunal et attaque son client pour non-remboursement. Ce tribunal va donc ordonner la saisie de la maison qui va être revendue. Le marché est à la hausse. La banque récupère ses 100 000 euros mais aussi des frais de dossier… Après 2008, les prix de l’immobilier vont commencer à baisser pendant que le chômage augmente aux États-Unis. De plus en plus de maisons sont mises en vente et les acheteurs se font plus rares. Sur le marché immobilier, il y a beaucoup de vendeurs et peu d’acheteurs. Or, les maisons mises en vente à 100 000 euros ne sont vendues qu’à 10 ou 15 000 euros. La banque elle, se finance par les dépôts des ménages et l’argent de la banque centrale qu’elle doit ensuite rembourser. Les banques ne vont pas pouvoir rembourser l’argent emprunté. C’est la panique au niveau du système bancaire. Combien de banques sont concernées par ce risque de défaillance ? En somme, au début on a un calcul économique basé sur l’espérance qu’un client fera défaut. On constate que dans une certaine condition, si le marché immobilier est à la hausse, tout le monde va pouvoir gagner de l’argent. Or, il y a une catastrophe financière si les prix de l’immobilier s’effondrent. C) Phénomène de la titrisation Une banque est propriétaire d’un immeuble qui génère des revenus locatifs. Ce qu’elle aimerait c’est se dessaisir de ce bien immobilier. Pour cela, elle va créer une société dont elle est propriétaire et qui va acheter ce bien un peu plus cher que son prix car elle va récupérer les revenus locatifs. Cette société va émettre des obligations sur les marchés financiers pour se financer. 19 COURS MAGISTRAL – INTRODUCTION À L’ÉCONOMIE – THOMAS WERQUIN SARAH BREITENSTEIN À la fin, on a un investisseur qui achète une obligation émise par cette société, contre une certaine rémunération (taux d’intérêt). La société transmet donc l’argent à la banque qui va acheter puis transmettre le bien à cette société. C’est une sorte de titrisation. Exemple avec les subprimes : Lorsqu’une banque accorde un prêt, pour l’emprunteur cela s’appelle une dette, et pour la banque cela s’appelle une créance. Ici, la créance est un contrat dans lequel il est stipulé un montant à rembourser (capital) et un taux d’intérêt. Avec un ménage, il est marqué dans le contrat que le ménage doit rembourser à la banque 1 000 euros chaque mois pendant cinq ans. C’est la banque qui doit recevoir les remboursements. Or, les banques américaines ont la possibilité depuis les années 70 de céder ces créances à des sociétés qu’elles vont créer spécialement. C’est l’émergence des SPC (Special Compose Company). Ces SPC vont se financer en émettant des obligations (à très bon taux) auprès d’investisseurs qui peuvent être d’autres banques. Les banques vont donc transmettre des dollars et la créance aux SPC. 2. LES ÉCONOMISTES LIBÉRAUX Les thèses des mercantilistes très interventionnistes vont être critiquées par Locke. À partir du 18e va apparaitre une nouvelle vision selon laquelle l’économie est régie par des lois naturelles qui ne doivent pas être perturbées par des interventions de l’État. Ceux qualifiés ici comme étant libéraux sont aussi considérés comme les premiers économistes. Nous passons d’individus convaincus que c’est l’État qui doit agir à d’autres qui considèrent que ce sont les lois naturelles qui doivent agir. Ils affirment qu’elles permettent à l’économie d’agir au mieux et ce, sans intervention de l’État (enrichissement des nations). A) Les physiocrates C’est un courant de pensée du 18ème siècle. Il reprend les crises alimentaires récurrentes en Europe du 18ème causées par une production agricole trop faible qui engendre une famine et des prix élevés. * On en distingue trois causes principales : - Les conditions météorologiques et naturelles (Petit Âge Glaciaire). - Les paysans stockent la nourriture ce qui crée une hausse artificielle des prix. - Une interdiction de faire circuler le blé entre les provinces. La rareté du blé cause des révoltes dans les villes ce qui pousse à une mise en place de la police du grain qui va dans les campagnes qui s’octroient le blé des stocks afin de punir les paysans en achetant ces stocks à faible prix. Face à cette politique, des intellectuels observent ce processus pour faire évoluer le système (les économistes considèrent cela comme science normative). Les intellectuels vont faire le constat que les privas n’incitent pas les paysans à produire et que c’est précisément la police du grain qui est censée apporter une solution. C’est cela qui cause la faiblesse de la production et de la bourse, engendrant une sous-production. 20 COURS MAGISTRAL – INTRODUCTION À L’ÉCONOMIE – THOMAS WERQUIN SARAH BREITENSTEIN ⇒ Dans les années 1930 en Ukraine, la Grande Famine pousse Staline et sa police à prendre les stocks et à envoyer ceux qui sont stockés dans des goulags. François Quesnay (1694-1774) est un économiste français et fondateur de la première école des physiocrates. Pour lui, il faut laisser le marché fonctionner de lui-même, c’est-à-dire que si les prix augmentent parce que la production est trop faible, il faut laisser le prix à un niveau élevé car cela encouragera les producteurs à produire davantage. Cela contribue alors à nouveau à faire baisser les prix et à favoriser le bien-être de la population. Pour les physiocrates, la classe d’artisans est une classe stérile car ils considéraient que la richesse vient uniquement de la terre (« don gratuit de la nature »), tout le reste est artificiel. Étude de cas : Le marché du logement à Lille intra-muros Lorsqu’il y a une offre trop faible qui s’accompagne de prix élevés, la solution de blocage des loyers pour des raisons sociales, morales et d’activités, est proposée. Si ce blocage des loyers est effectif, ceux qui produisent des logements vont être découragés et ne vont donc pas investir dans la terre. Ils risquent d’aller sur d’autres territoires et renforcer la crise car il y aura encore moins de logement et une hausse des prix. Face à l’inflation dans certaines villes, les libéraux ont adopté une baisse des prix du logement. Ils reprennent donc le principe des physiocrates : si les prix augmentent, plus de personnes produiront des logements et cela régulera la loi de l’offre et de la demande. Les physiocrates sont intervenus en réaction aux mercantilistes qui prônent la non-intervention de l’État (du moins dans le domaine agricole). François Quesnay est à l’origine du tableau économique « le zig zag » qui pour la première fois fait apparaitre les différentes classes : - La classe productive (agriculteurs) - La classe stérile (artisans) - Les propriétaires (nobles, seigneurs) Il montre une relation entre ces agents. La classe productive produit des biens qui vont être vendus à la classe stérile qui les transforme, et qui vont donner une rente aux propriétaires qui dépensent une partie de cet argent à la classe stérile. L’argent circule donc. Quesnay est le premier à formaliser l’économie de manière relativement abstraite (sans données statistiques précises). Les physionomistes formalisent donc un circuit économique. Par conséquent, cette relation entre agents physiocrates donne toute l’attention sur les producteurs car ils sont au début du circuit économique (accélérateur de Keynes). Pour les physiocrates, l’ordre économique est un ordre providentiel et naturel établi par Dieu. L’État ne doit donc pas intervenir (contrairement à la pensée de Hobbes). 21 COURS MAGISTRAL – INTRODUCTION À L’ÉCONOMIE – THOMAS WERQUIN SARAH BREITENSTEIN Questionnement : Si on cherche à bloquer les loyers ou le prix du blé, qu’en devient-il de la morale ? - On ne veut pas un loyer trop élevé car les étudiants sont pauvres. - On se concentre sur la production au dépend de certaines personnes. B) Adam Smith * Les économistes classiques sont distingués en deux groupes : - Les libéraux (Smith, Ricardo, Say, Malthus…) - Les réformistes, socialistes (Marx) Adam Smith (1723-1790), considéré comme le père de la science économique, appartient aux économistes classiques libéraux. Il s’oppose aux mercantilistes et est donc favorable à la non-intervention de l’État. Il est le symbole du libéralisme économique et essaye de comprendre le fonctionnement de l’économie en trouvant des lois naturelles qui régissent l’économie. Il écrit son plus célèbre ouvrage en 1776 Les Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations. Dans cet ouvrage, Smith aborde une nouvelle conception de la richesse, une richesse de la nation. Richesse de la nation : Constituée de toutes les choses nécessaires et commodes à la vie, et qui comprend aussi les biens manufacturés et ceux qui fournissent du service. Adam Smith est persuadé que malgré la dureté de l’économie et de l’industrie manufacturée, il considère que le libéralisme est globalement bénéfique pour tous du fait de son efficacité. Le libéralisme de Smith est fondé sur la métaphore de la Main Invisible selon laquelle les individus qui sont motivés ou qui agissent exclusivement par leurs intérêts personnels se comportent sur un marché concurrentiel dans un sens conforme à l’intérêt général. Ainsi, le marché, à partir des égoïsmes individuels, parvient à l’harmonie collective. ⇒ Il explique alors que si on va chez le boucher, ce n’est pas de sa bienveillance que l’on attend notre diner. On attend de notre boucher qu’il prête soin à son intérêt à lui qui est de nous garder comme client. Il va donc proposer la meilleure qualité au meilleur prix. Ainsi, en tant que consommateur, on cherche aussi notre intérêt individuel et égoïste donc nous irons au boucher qui vend les meilleurs produits au meilleur prix. Donc, un mauvais boucher fera faillite (la main invisible entraine une sélection naturelle des producteurs). * Smith distingue aussi le prix naturel et le prix de marché : - Le prix naturel est relativement théorique et permet de rémunérer correctement les personnes qui sont impliquées dans la production (travailleurs, entrepreneurs, agriculteurs…). Pour Smith, le travailleur est rémunéré par le salaire de subsistance (salaire qui permet le renouvellement de la force de travail). 22 COURS MAGISTRAL – INTRODUCTION À L’ÉCONOMIE – THOMAS WERQUIN SARAH BREITENSTEIN - Le prix de marché est observé sur le marché et gravite autour du prix naturel notamment avec la Main Invisible. Si le prix du marché est inférieur au prix naturel, les prix seront trop bas et l’offre deviendra supérieure à la demande des consommateurs. Cela ne permet pas de financer le capitaliste (entrepreneur) donc ce dernier se tourne vers une autre production. Ainsi, l’offre va baisser et donc le prix du marché augmente pour se rapprocher du prix naturel. Si le prix du marché est supérieur au prix naturel, il y aura plus de demandes que d’offres ce qui entrainera un surprofit pour le capitaliste. Si l’offre est trop faible, les consommateurs seront insatisfaits ce qui entrainera une crise et donc un surprofit qui attirera d’autres producteurs qui y voit le profit. En conséquence, leur arrivée entraine la hausse de la production, la baisse des prix, et la satisfaction d’avoir davantage de consommation. L’intérêt individuel et égoïste contribue au bienfait pour tous. L’État ne doit alors surtout pas agir sur l’évolution des prix et sur le marché car la Main Invisible ne fonctionne que si les prix sont flexibles. Contrairement au mercantilisme qui considérait que l’État devait orienter les capitaux dans tel ou tel secteur d’activité, pour Smith, les individus qui possèdent l’argent sont les plus à même de savoir comment cet argent doit être dépensé parce que grâce à l’information donnée par le prix, chaque entrepreneur sait où il doit mettre l’argent dans son intérêt personnel (ce qui répondra à l’intérêt général). Si l’État décide de l’allocation des capitaux, le prix du marché pourrait rester supérieur au prix naturel créant donc une insatisfaction des consommateurs. Selon Smith, la division du travail (DDT) est à la base de la richesse des nations, notamment dans les factures d’épingles. Si un ouvrier travaillait tout sel il pourrait à peine en produire une par jour. Le travail est donc divisé en 18 tâches pour 18 personnes. Cela permet d’accroitre très rapidement la productivité du travail (la productivité de l’ouvrier correspond à la quantité produite par une unité de production en un temps donné). En une journée, grâce à la DDT, la production passe à plus de 1000 épingles par jour (taylorisme et fordisme). * Il explique la productivité par trois facteurs : - Accroissement de l’habileté des ouvriers - Épargne de temps (pas besoin de changer de tâches, d’outils) donc plus grande production - Réflexion à l’origine de la DDT aboutit à l’invention de machines de nouveaux procédés de production, de nouvelles techniques qui vont être inventées soit par le capitalisme soit par l’ouvrier lui-même Cela entraine une augmentation du profit capté par le propriétaire. Avec Marx et le salariat, il y a une aliénation de l’ouvrier qui est dépossédé de sa force de travail et de son profit capté par le capitaliste et non pas par le travailleur. La loi des avantages absolus dans son livre considère que « la maxime de tout chef de famille prudent est de ne jamais essayer de faire chez soi la chose qui lui coûtera moins cher à acheter qu’à faire ». Smith dit que si les entreprises françaises payent moins cher pour acheter des microprocesseurs peu chers et efficaces, ils n’ont pas intérêt à acheter ceux 23 COURS MAGISTRAL – INTRODUCTION À L’ÉCONOMIE – THOMAS WERQUIN SARAH BREITENSTEIN français qui sont plus chers et pas forcément plus performants. Il y a gain à l’échange. Il propose donc qu’une spécialisation se fasse à l’échelle des nations, et que chacune de ces nations se spécialisent dans un système de production où elle possède un avantage absolu sur les autres. Dans cette théorie réside un problème pour les pays qui n’ont pas d’avantages absolus (si un pays est bon dans toutes les tâches). Cette théorie est complétée par David Ricardo avec sa théorie des avantages comparatifs. Chaque pays va se spécialiser dans la production pour laquelle il est le plus productif par rapport aux autres productions sur son sol tandis que pour Smith, cette spécialisation doit se faire en compétition avec les autres pays. Démonstration de la spécialisation selon Ricardo : Portugal Angleterre Vin 80 120 Draps 90 100 Selon la théorie des avantages absolus de Smith, c’est le Portugal qui doit produire plus de vin et de draps. Mais, l’échange ne serait pas possible. Selon la théorie des avantages comparatifs de Ricardo, les Anglais sont plus compétitifs dans la production de draps alors que les Portugais sont plus compétitifs dans la production de vin. Donc, chacun produit des biens pour lesquels il est le plus compétitif et chaque pays y trouve son avantage. Selon Smith, le rôle de l’État dans la production doit être minimal car c’est le marché qui est le meilleur régulateur de l’activité économique. La question essentielle pour Smith est celle de la coordination entre des individus agissant chacun pour leur intérêt particulier. Pour Hobbes, cette coordination à l’État de Nature était un échec, donc l’échange ne pouvait intervenir qu’après le Contrat Social (naissance de l’État de Droit). Pour Smith, dans la continuité de Locke, c’est grâce au marché et à la Main Invisible que la coordination de ces facteurs est possible. Le Contrat Social sera pour protéger la propriété privée et faciliter la Main Invisible. Malthus lutte contre la trop forte natalité. C’est le malthusianisme. Selon lui, le moteur du capitalisme c’est le profit. Ricardo et Malthus craignent que la trop forte hausse de la population engendre des besoins en produits agricoles de plus en plus importants en termes de matières agricoles. Or, ces rendements agricoles sont de plus en plus faibles et engendrent une hausse du prix du blé. Il est alors nécessaire d’augmenter le salaire des ouvriers pour qu’ils puissent acheter à manger, ce qui est possible par la réduction des profits du capitaliste. Cela aboutit à l’état stationnaire (Ricardo) qui est une vision pessimiste. La solution de Malthus est donc de ne pas aider les pauvres. Adam Smith a quant à lui une vision positive de l’économie. Ricardo considère que la forte croissance démographique arrive à un état stationnaire (de manière structurelle) 24 COURS MAGISTRAL – INTRODUCTION À L’ÉCONOMIE – THOMAS WERQUIN SARAH BREITENSTEIN 25 COURS MAGISTRAL – INTRODUCTION À L’ÉCONOMIE – THOMAS WERQUIN SARAH BREITENSTEIN PARTIE 3 : LES NÉOCLASSIQUES 1. LA RÉVOLUTION NÉO-CLASSIQUE A) Le contexte Les économistes néo-classiques apparaissent dans la seconde moitié du 19ème siècle alors que l’Europe est en pleine révolution industrielle, accompagnée d’une immense pauvreté. Robert Owen a le sentiment que l’Angleterre n’a jamais été aussi riche et les travailleurs aussi pauvres. Cela est décrit par les écrivains naturalistes et réalistes (Zola, Hugo, Dickens…). À cette époque apparait une lutte entre les socialistes et les libéraux qui cherchent à apporter leur solution pour lutter contre la pauvreté et les crises. On passe d’une société solidaire à une société libérale. Dans ce contexte, les néo-classiques vont se dégager du soucis politique et vont laisser de côté cette sympathie des classiques pour les questions sociales. À partir de 1870, il y a une modification fondamentale de la manière d’envisager la science économique, d’étudier les réalités économiques et d’élaborer des théories. Les années 1870-1900 vont constituer la base de la discipline. * Les économistes sont des universalistes : - Léon Walras (1834-1910) -> École de Lausanne - Stanley Jevons (1835-1882) - Alfred Marshall (1842-1924) -> École anglaise - Carl Menger (1840-1921) -> École autrichienne - Hayek (1899-1992) -> École autrichienne mais aussi de Lausanne et anglaise (pour les mathématiques) Ils ont un point commun, ils sont tous contre l’intervention de l’État dans l’économie. Néanmoins, ils se distinguent par de nombreux éléments comme l’utilisation de l’outil mathématique dans l’économie B) Les fondements de l’approche néo-classique Théorie néo-classique : Théorie de l’action humaine dont le moteur est la recherche de l’intérêt individuel La science économique a pour mission d’expliquer comment s’exerce dans la société cette disposition mentale universelle selon laquelle tout Homme en relation avec un objet cherche un avantage maximum avec un coût minimum (le plus par le moins). Il y a une loi universelle et naturelle donc une intervention de l’État menant à des perturbations. 26 COURS MAGISTRAL – INTRODUCTION À L’ÉCONOMIE – THOMAS WERQUIN SARAH BREITENSTEIN Dans la théorie néo-classique, il faut distinguer d’une part ce qui doit être un équilibre théorique en concurrence pure et parfaite, et d’autre part ce qui doit être une science économique, une science normative élaborée dans un cadre théorique et abstrait qui n’existe pas. L’écart entre le réel et l’idéal doit être réduit en modifiant le réel pour s’approcher de la théorie. Le marché est autorégulateur. Toute intervention d’État va venir contrarier l’autorégulation du marché qui n’a pas besoin des humains. Les économistes néo-classiques sont des scientifiques qui travaillent comme on travaillerait en laboratoire. Autrement dit, ils travaillent « toute chose égale par ailleurs » (construire un modèle en faisant abstraction de monde tel qu’il est aujourd’hui). Pour les adeptes de cette théorie néoclassique, celle-ci est la seule à avoir un statut scientifique. Nous pouvons considérer que d’une certaine manière, c’est une science exacte car en laboratoire sous certaines hypothèses, on peut connaitre un équilibre sur un marché. D’une autre manière, elle n’est absolument pas exacte car la science économique néoclassique est incapable de décrire et prédire l’économie et son évolution. On ne peut pas comparer la science économique et la science physique. La microéconomie est au cœur de l’école néoclassique. Microéconomie : Elle étudie les comportements des agents individuels exempt de toute caractéristique sociale et rationnelle. L’agent individuel est étudié comme un être abstrait sans passion, sans lieu de vie social ou humain, parfaitement anonyme, et qui fonctionne comme une machine de plaisir. En enlevant à l’agent économique (consommateur, producteur…) sa subjectivité d’homme passionné, on peut étudier son comportement comme on prête d’une mécanique. Individu rationnel : L’individu qui ne va pas se précipiter pour acheter quelque chose dont il n’a pas besoin, avec l’argent qu’il n’a pas, et qui sait que les autres sont aussi rationnels C) Le consommateur Dans son quotidien, le consommateur cherche à maximiser son utilité et sa satisfaction dans la limite de son budget (la contrainte budgétaire en microéconomie). Contrainte budgétaire : Capacité à acheter, issue du salaire Le consommateur demande des biens et des services mais il offre son travail, sa force de travail. L’entreprise va demander cette force de travail pour produire. 27 COURS MAGISTRAL – INTRODUCTION À L’ÉCONOMIE – THOMAS WERQUIN SARAH BREITENSTEIN La question de la contrainte budgétaire a été étudiée par certains économistes : - Milton Friedman (1912-2006) - Franco Bogliani Les économistes néoclassiques sont aussi appelés les marginalistes. Concernant le consommateur, ils vont s’intéresser à l’utilité marginale de la consommation. Utilité marginale de la consommation : Utilité que va nous offrir la consommation d’une unité supplémentaire Concernant la consommation, ils vont mettre en avant le principe de la décroissance de l’utilité marginale. Elle est basée sur le fait que plus on mange, moins on a faim. Chez les néoclassiques, on va représenter gratuitement le comportement des consommateurs. En l’occurrence, comment se comporte le consommateur sur le marché. Ce dernier va réagir à l’augmentation ou à la baisse des prix. P Q Thorstein Veblen (1857-1929), qui n’est pas un néoclassique mais un institutionnel, va montrer qu’il existe certaines consommations qui ne répondent pas à la rationalité décrite par les néoclassiques. Dans son ouvrage Théorie de la classe de loisir (1899), évoque la consommation ostentatoire c’est-à-dire celle orientée vers le luxe. Selon lui, il peut se produire que l’augmentation du prix d’un bien engendre chez certains une augmentation de la consommation. L’élasticité prix de la demande : lorsque le prix varie, avec quelles force les quantités varient-elles ? Si le prix baisse, les quantités demandées vont augmenter et inversement, mais à quelle vitesse cette demande va-t-elle évoluer ? C’est l’élasticité prix de la demande qui va mesurer la force avec laquelle la demande va réagir à une évolution des prix. Elle est égale à la variation des quantités sur la variation des prix (Var Q/Var P) Ainsi, si nous avons une variation des prix qui est de 10% et que la variation des quantités demandées est de -20%, cela veut dire que l’on a une élasticité qui est égale à -2 (-20%/10%). La demande et la variation des quantités demandées réagissent très fortement à la variation des prix. * Deux cas de figure sont présentés : 28 COURS MAGISTRAL – INTRODUCTION À L’ÉCONOMIE – THOMAS WERQUIN SARAH BREITENSTEIN P P1 Q Q1 Q2 P P1 P2 Q1 Q2 Q L’effet Giffen représente ce second cas. Nous sommes face à des biens de première nécessité, obligatoires. Quelque soit le niveau des prix, les quantités demandées seront les mêmes. La demande est preneuse des prix. D) L’entrepreneur L’entrepreneur est comme le consommateur, supposé rationnel. Il va chercher à maximiser son profit. Son objectif n’est pas de faire beaucoup (notion qui n’existe pas) de profit mais d’en faire le plus possible, sous contrainte du coût de production. Profit : Chiffre d’affaires de l’entreprise moins les charges. Cette hypothèse de maximisation du profit peut être largement balayé, notamment par Weber et Schumpeter. Ce dernier s’intéresse à l’innovation. Pour lui, l’entrepreneur n’est pas simpliste mais est un aventurier complexe qui prend des risques. Il y a une volonté de puissance 29 COURS MAGISTRAL – INTRODUCTION À L’ÉCONOMIE – THOMAS WERQUIN SARAH BREITENSTEIN L’entrepreneur va produire jusqu’à ce que le coût marginal soit inférieur ou égal au prix du marché. * Après avoir représenté la demande, nous allons représenter l’offre : Dans l’économie, il y a un certain nombre de producteurs qui vont offrir le bien qu’ils vont produire. Ils ont des coûts de production différents (machines plus efficaces, plus de salariés…) ce qui fait que si à un moment donné le prix est fixé à 0,5 centimes, sur le marché du pain, il y a sans doute aucun autre boulanger qui va l’offrir car le prix est trop bas. En tant que producteur rationnel ils ne vont pas le vendre à ce prix-là, contrairement à d’autres entreprises (Lidl…) qui ont des coûts de production plus faible. Si le prix augmente à 1 euro, plus de boulangers pourront vendre le pain à ce prix-là. Nous allons avoir une courbe qui va être croissante, c’est-à-dire que l’augmentation des prix entraine une augmentation des quantités vendues, toute chose égale par ailleurs. P P Q S’il y a un choc extérieur au marché (hausse du prix des matières premières), cela signifie que pour chaque niveau de prix, les quantités offertes vont baisser, ce qui fait que la courbe se déplace vers la gauche. Si le prix du blé augmente alors pour chaque niveau de prix sur le marché de la baguette, les quantités offertes vont baisser, parce que le coût de production ayant augmenté, à ce prix donné sur le marché de la baguette, certains producteurs vont se retirer du marché, car le prix de vente est inférieur au coût de production. E) L’équilibre sur le marché Marché : C’est le dispositif qui réunit et rend compatibles toutes les décisions des agents individuels C’est sur le marché que l’ensemble des décisions individuelles sont prises en compte. Les choix des individus, leurs actions, vont s’ajouter jusqu’à ce que les décisions des individus offreurs et demandeurs soient compatibles. 30 COURS MAGISTRAL – INTRODUCTION À L’ÉCONOMIE – THOMAS WERQUIN SARAH BREITENSTEIN Au début, il y a une multiplicité de plans qui sont à priori incompatibles, à la fin il y a un accord général qui assure la satisfaction de chacun. S’il n’y a pas d’égalité entre l’offre et la demande à un moment donné, les individus vont réviser leur plan, ils vont modifier leur choix. Le bon fonctionnement du marché tient à certaines conditions mais quoi qu’il en soit pour les néoclassiques, la loi fondamentale est la loi de l’offre et de la demande. La concurrence pure et parfaite constitue l’hypothèse de base de la théorie néoclassique. C’est dans ce cadre que le marché peut fonctionner. * Il y a cinq conditions, cinq hypothèses pour que ce marché pur et parfait fonctionne de manière efficace : - L’atomicité du marché -> Sur le marché, il y a beaucoup d’offreurs et beaucoup de demandeurs. Cela ne signifie qu’aucun n’a la capacité d’influencer à lui seul les quantités et surtout les prix. Chacun des acteurs sur le marché sont « price taker » (preneurs de prix, tel qu’il est fixé par le marché). Ce critère va contre les monopoles. Les entreprises recherchent à conforter leur position sur le marché, à réduire l’atomicité du marché (le nombre d’entreprises), afin de réduire la concurrence. Pour cela, elles vont acheter des concurrents et acquérir un pouvoir de marché pour influencer les prix ⇒ Cela n’est pas représentatif aujourd’hui car il y a un manque de concurrence lié aux monopoles et duopoles sur le marché (Orange). - L’homogénéité du produit -> L’ensemble des produits proposés est homogène. Cela est cependant théorique - La transparence de l’information -> Chacun est informé correctement concernant le produit qu’il achète. Cela est cependant théorique - La mobilité des facteurs de production ( les travailleurs comme les machines peuvent se déplacer et se porter d'un secteur d'activité à un autre ) - La libre entrée sur le marché -> Tout acteur économique doit avoir la possibilité d’entrer sur le marché ou de s’y retirer pour acheter ou vendre Les imperfections du marché ne sont pas à comprendre comme l’imperfection de la société mais elles représentent le manque de réalisme des néoclassiques. Arthur Pigou (1877-1959) va développer le concept d’économie externe. Externalité : On parle d’externalité lorsque les actions d’un agent à des répercutions sur le bien-être d’un autre agent sans que ces répercussions mènent à une compensation monétaire. Il y a externalité positive si un agent A, améliore la situation de l’agent B sans recevoir de rémunération. ⇒ J’ouvre un musée privé (attire des touristes). Si le restaurant d’à côté accueille ces touristes, il y a une externalité positive. 31 COURS MAGISTRAL – INTRODUCTION À L’ÉCONOMIE – THOMAS WERQUIN SARAH BREITENSTEIN Pigou va proposer une taxe Pigou. L’État va mettre en place une taxe qui peut permettre d’investir dans des musées qui vont générer des externalités positives ou bien de taxer ceux qui vont générer des externalités négatives. ⇒ Concernant la pollution engendrée par un industriel, on peut le taxer. Dans le cas d’externalité positive, l’État pourrait dire qu’il va taxer le restaurant car il profite d’activités qui sont extérieures à lui. F) Le cas particulier du marché du travail Dans la théorie néoclassique, c‘est le marché du travail qui est le plus important car c’est lui qui va déterminer le niveau de production. Chez les premiers néoclassiques, il y a en tête la loi de Jean-Baptiste Say (la loi des débouchés). Les classiques considéraient qu’il n’y avait pas crise à court terme car tout était consommé. Les néoclassiques ont encore en tête ce qui signifie que pour eux, le marché le plus important est celui du travail. Loi des débouchés : Loi selon laquelle il ne peut avoir de surproduction Ce marché fonctionne comme tous les autres marchés (confrontation entre offre du travailleur et demande de l’entreprise pour du travail). Elle aboutit à un équilibre qui correspond à un prix d’équilibre donc le salaire, et à des quantités d’équilibre d’emploi et de travail. Une fois que cet équilibre est atteint, selon les plans de chaque individu, les entreprises ont un calcul de production (ne pas embaucher à partir d’un certain salaire), et inversement pour les offreurs de travail. * Représentation graphique de ce marché du travail : P O Offre des travailleurs D Demande des entreprises Q Pour les entreprises, si le salaire est très élevé, les quantités demandées seront faibles. À l’inverse, si le salaire baisse, les quantités de travail vont augmenter. ( En fonction du niveau de salaire ). La force de travail est un coût de production, et plus ce coût de production augmente moins les entreprises vont embaucher. 32 COURS MAGISTRAL – INTRODUCTION À L’ÉCONOMIE – THOMAS WERQUIN SARAH BREITENSTEIN Ici, les néoclassiques vont s’opposer à toute intervention de l’État sur le marché du travail. ⇒ Il y a un salaire élevé qui incite les travailleurs mais décourage les entreprises à embaucher. Étant donné qu’il y a trop de personnes qui veulent travailler, les néoclassiques considèrent que s’il n’y a pas d’accord (équilibre), le marché n’est pas régulé donc il ne faut pas intervenir. On peut penser que du côté des salariés, certains pourraient travailler pour moins cher, d’autres vont se retirer du marché du travail. Le salaire va donc commencer à baisser jusqu’à ce qu’il y ait équilibre, tout comme les quantités offertes. Pour un salaire plus faible, on constate qu’il y a un peu plus d’entreprises qui vont embaucher car désormais leur calcul économique aboutit à une production rentable. Petit à petit, cela va aboutir à un équilibre sur le marché. Ici, c’est la flexibilité du salaire qui permet d’obtenir cet équilibre. S’il y a du chômage, ( ce chômage est volontaire selon les néoclassiques ), c’est la faute de l’intervention de l’État car il rigidifie le marché du travail. En cas de chômage, il ne faut pas intervenir et auto régulation du marché du travail. Dans le cas d'un SMIC ( salaire minimum supérieur au prix d'équilibre ), on observe que les quantités offertes par les travailleurs sont supérieures aux quantités demandées par les entreprises et donc il est impossible pour le marché de s'auto réguler. Pour les néoclassiques le responsable du chômage c'est l'État ( intervention de l'État=> SMIC ). La plupart des libéraux vont être contre les syndicats qui vont constituer selon eux un monopole et qui vont empêcher l’atomicité et la régulation du marché. Marx va rétorquer que face à l’immense pauvreté, il va être en faveur des syndicats pour défendre les droits des travailleurs, mais aussi car les chefs d’entreprise se connaissent, se fréquentent et se mettent d’accord donc peuvent constituer un syndicat des chefs d’entreprises, perturbant aussi le marché. G) En concurrence pure et parfaite : impossibilité de la persistance de profit dans un secteur d’activité Pourquoi ? Si nous sommes en concurrence pure et parfaite : Les profits élevés dans un secteur d’activité (hypothèses de maximisation des produits…). Cela va attirer une nouvelle offre, de nouvelles entreprises. Il va y avoir une augmentation de l’offre et de la production, qui va entrainer une baisse des prix, qui va entrainer la baisse des profits. 🡺 Cas d’Orange, Bouygues et SFR qui font des bénéfices dans les années 2000 car ils s’entendent pour ne pas faire baisser les prix (manque de concurrence). Ils font pression contre l’État. Or, un nouvel acteur arrive (Free) avec l’autorisation de l’État. Il va diviser les prix en deux. 2. L’HÉTÉRODOXIE : LA CRITIQUE DE L’APPROCHE NÉOCLASSIQUE A) Introduction 33 COURS MAGISTRAL – INTRODUCTION À L’ÉCONOMIE – THOMAS WERQUIN SARAH BREITENSTEIN Lorsque l’on parle des néoclassiques, on parle aussi de l’orthodoxie néoclassique. Leur doctrine est la seule à être rigoureuse. Ils considèrent que ce sont les seuls à traiter l’économie de manière scientifique. Face à ces orthodoxes, il y a les hétérodoxes. Les hétérodoxes sont un groupe très hétérogène. Ils s’opposent à l’idée selon laquelle l’économie serait un domaine qu’on peut étudier, abstraction faite d’une part de l’histoire, des relations sociales, du droit et des institutions. Ils s’opposent donc à l’idée selon laquelle l’économie serait un système où les agents, et les relations entre les agents, seraient à l’abris du temps qui passe et des hasards de l’Histoire, et seraient à l’abris des variétés d’institutions que l’on retrouve de manière très différente dans toutes les sociétés. Ce que les hétérodoxes reprochent aux orthodoxes c’est d’avoir imaginé la vie économique en dehors de l’Histoire et de l’avoir conçue comme un système mécanique. Ils remettent en cause deux fondements de l’École néoclassique : - Les hypothèses de comportement des agents -> Ils disent que non, en tout lieu et en tout temps, l’individu ne connaît pas cette disposition soi-disant universelle de vouloir le plus par le moins (Weber, Marx, Veblen) - Le bon fonctionnement du marché Parmi ces hétérodoxes, il est habituel de distinguer l’École historique et les institutionnalistes. Mais il y a ensuite un troisième individu qui est Keynes et qui a sa propre école. Keynes (1883-1946) est très proche du pouvoir Anglais avec un doctorat en Mathématiques. ( New Deal, sa présence pendant la signature du traité de Versailles au lendemain de la guerre => question des réparations allemandes mais Keynes est contre parce que les réparations allemandes vont fortement handicaper l'économie allemande et va engendrer les guerres de demain ). Son idée principale est qu' en cas de crise, le marché ne peut pas à lui seul résoudre la crise et les déséquilibres. Il va dire que s’il y a chômage, même si le marché est flexible (même si les salaires peuvent baisser), ce n’est pas pour autant que les entreprises vont embaucher. Il a orienté les politiques publiques sur la voie de l'intervention de l'État dans le domaine économique jusqu'à aujourd'hui de manière inégale. [ France pays très interventionnistes ). Hayek dans La route de la servitude, va considérer que le fascisme en Allemagne a été provoqué par l’intervention de l’État qui s'adresse à la société est obligé de niés les particularités de tous =>> début de la servitude. À contrario, Polanyi va dire que c’est le développement du libéralisme au 19ème siècle en Angleterre qui déstructure la société, qui va perdre ses repères et que c’est cette perte qui va engendrer le fascisme. La naissance est à rechercher dans la dislocation du marché au 19 ème siècle. L'économie va dicter sa loi et se désencastrer de la société. * Le point de vue de Keynes sur la crise de 1929 : La crise de 1929 est caractérisée par un chômage de masse. Selon les néoclassiques, s’il y a chômage, il faut laisser le marché du travail s’autoréguler via la baisse du salaire qui entraînerait une baisse des quantités de travail offertes et une augmentation de quantité 34 COURS MAGISTRAL – INTRODUCTION À L’ÉCONOMIE – THOMAS WERQUIN SARAH BREITENSTEIN offertes. Keynes va critiquer la position des libéraux puisqu’elle est incapable de résoudre la crise. Il critique les néoclassiques et les appels même les classiques ( car ils ne croient pas dans la possibilité de crises de surproduction ). Il croit en la loi de Says. Selon lui, si les entreprises n’embauchent pas, c’est parce que la demande (consommation et investissement) est trop faible. Ainsi, même si les salaires étaient nuls, les entreprises n'embauchent pas. Pour lui, c’est le pessimisme des entreprises qui provoque le chômage. Il évoque la demande effective (la demande anticipée). Les entreprises vont engager leur production et investir dans de la production supplémentaire si elles anticipent que cette production sera écoulée, que cette offre trouvera une demande. Alors que les libéraux considèrent qu’en cas de chômage il faut baisser les salaires, Keynes au contraire va considérer qu’il ne faut surtout pas le baisser car cela entraînerait à nouveau une baisse de la consommation et renforcerait la crise. S'il y a chômage ce n'est pas parce que le salaire est trop élevé, c'est parce qu'il n'y a pas assez demande et d'offre de service, parce que les entreprises sont pessimiste concernant le niveau avenir de la demande des consommateurs, donc elles n'embauchent pas parce qu'elle ne veulent pas produire des biens qu'elles ne vendront pas. Même si le salaire était égale à 0, les entreprises n'embauchent pas, le marché du travail est tellement flexible qu'il ne changerait pas le taux de chômage. C'est donc une crise de la demande aujourd'hui mais aussi une affaire d'anticipation et d'incertitude. Pour Keynes, baisser le salaire est inefficace et contre productif. Quelles sont les solutions de Keynes ? Contre le modèle de marché autorégulateur, Keynes va affirmer la nécessité d'une politique économique très interventionniste. Il va proposer que l’État intervienne dans l’économie pour soutenir la demande avec la consommation et l’investissement : * La politique budgétaire : - La redistribution des salaires -> Ici, il s’agit de taxer les plus riches pour donner des prestations aux plus pauvres. Si on fait ça, ce n’est pas pour être solidaire mais parce que l’on sait que cet argent sera bien dépensé. - L’augmentation des dépenses de l’État financées par l’impôt et l’emprunt -> Il y un objectif d’augmenter la consommation des ménages via des prestations sociales et lancer des travaux d’investissement (New Deal) avec une annonce qui met en confiance les entreprises qui vont alors investir. - La baisse des impôts sur le revenu-> Elle permet aux individus de consommer plus. Cela est financé par l’emprunt ( Le ruissellement ). Politique de redistribution : - Prendre de l'argent au riche pour tout simplement les redistribuer aux pauvres * Il y a également la politique monétaire qui vise dans une période de crise et de consommation faible à faciliter le crédit et les conditions d’accès au crédit. - Accès au crédit de consommation -> Les consommateurs peuvent emprunter plus facilement pour acheter, tout comme les entreprises avec un taux d’intérêt plus faible. Plus le taux d’intérêt est faible, plus les ménages seront incités à emprunter. Par ailleurs, si le taux d’intérêt est faible, l’accès au crédit est facilité mais en plus les 35 COURS MAGISTRAL – INTRODUCTION À L’ÉCONOMIE – THOMAS WERQUIN SARAH BREITENSTEIN épargnants verront la rémunération de leur épargne faible donc seront plus incités à dépenser cette épargne. Faciliter les conditions d'emprunt et le crédit en faisant baisser le taux d'intérêt et en donnant de la liquidité aux banques en achetant aux banques les Bon du trésor => un emprunt/une dette de l'État/Entreprise. * Les fondements théoriques de cette politique de la relance de la demande : - Le marché ne fonctionne pas, le marché du travail ne s’autorégule pas - La propension marginale à consommer -> Keynes explique cette propension par le fait que la consommation est caractérisée par une loi simple. Lorsque le revenu augmente, la consommation augmente également mais dans une moindre mesure. Cela signifie que si le revenu augmente de 1000 € par mois, le supplément de consommation va être compris entre 0 et 1000. S’il est de 0, la propension marginale à consommer est égale à 0%, s’il est de 1000 la propension est de 100%. Plus on est riche, plus la propension marginale à consommer et faible, plus on est pauvre plus elle est élevée. Cette propension marginale à consommer explique sa politique de redistribution, ce qui explique qu’il n’y a aucune loi dedans. - L’effet multiplicateur de la dépense selon lequel une dépense d’investissement entraîne d’autres dépenses par vagues -> La réalisation d’un investissement d’1 million d’euros dans l’économie par exemple va entraîner un accroissement de richesses ou de consommations supérieur à 1 million d’euros. Il comprend des embauches de personnel qui va lui-même consommer. Ces entreprises vont embaucher et faire des commandes vers d’autres entreprises. En bref, l’argent circule. Néanmoins, ce coefficient multiplicateur s’il est de 2, lors de l’investissement de 1 million d’euros, l’accroissement de richesses sera de 2 millions d’euros. Ce coefficient multiplicateur dépend de l’endroit où on se trouve, du tissu économique capable de répondre à la demande. ⇒ Le Louvre à Lens -> 150 millions d’euros d’inve

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