Fiche de Révision complète clinique PDF
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Université Lumière (Lyon II)
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This document is a comprehensive review sheet for clinical psychology, covering topics such as the dynamics of the psyche, symbolization, and the four dimensions of subjective history. It delves into the theories of major figures in the field of psychology and provides a detailed breakdown of key concepts and theories.
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**FICHE DE RÉVISION : INTRODUCTION À LA PSYCHOLOGIE CLINIQUE** **1. Dynamique de la psyché et symbolisation** - La psyché est **dynamique** et constamment en transformation. - **Symbolisation** : Processus de mise en signes, formes et sens de l'expérience subjective (vécue intérieurement,...
**FICHE DE RÉVISION : INTRODUCTION À LA PSYCHOLOGIE CLINIQUE** **1. Dynamique de la psyché et symbolisation** - La psyché est **dynamique** et constamment en transformation. - **Symbolisation** : Processus de mise en signes, formes et sens de l'expérience subjective (vécue intérieurement, liée à l'affect et aux sensations). - **Symbolisation primaire** : Transformation d'une trace d'expérience en **représentation de chose** (image mentale, sensorielle, acoustique). - **Symbolisation secondaire** : Transformation en **représentation de mots** (langage verbal). - Les deux formes de symbolisation sont interconnectées : - Représentation de choses : système inconscient (Freud). - Représentation de mots : système préconscient et conscient. - Le cabinet du psychologue est un **espace dédié à la symbolisation**, soutenant ce processus. **2. Les quatre temps de l'histoire subjective** La **temporalité subjective** diffère du temps objectif (ex. : expériences interminables ou rapides). Chaque période de la vie possède une temporalité singulière : **A. Le temps archaïque (0-18 mois / 2 ans)** - Période pré-langage : dépendance absolue du bébé à l'environnement. - Importance des **traces mnésiques** (souvenirs non codés par des mots). - Le travail de symbolisation du bébé est amorcé par les réactions de l'entourage (préoccupation maternelle primaire, Winnicott). - Fonctionnalités de l'environnement : **contenance**, **réflexion**, **transformation**. - Souffrance archaïque : Réactivation de traumatismes précoces dans des expériences actuelles. - **Clinique** : Le thérapeute repère les traces archaïques via le **contre-transfert** et des sensations générées par l'échange avec le patient. **B. Le temps infantile (18 mois - puberté)** - **Langage verbal** : Introduction de la symbolisation secondaire. - Importance du **jeu** pour la symbolisation primaire (investissement corporel et sensoriel). - **Conflit œdipien** (3-5 ans) : Intégration de la différence des sexes et des générations. - Développement du **surmoi post-œdipien** : Intégration des interdits parentaux et sociétaux. - **Sublimation** : Investissement dans des représentations et des apprentissages (plaisir de penser). **C. L'adolescence** - Accès à une **sexualité génitale**, entraînant une **révolution subjective** (remaniement identitaire). - Déflagration pulsionnelle : pulsions intenses et excès. - Réinterprétation d'événements passés à travers une nouvelle pulsionnalité. - Transformation radicale du rapport à soi, aux autres et au monde. - Stabilisation progressive menant à l'âge adulte. **D. Le temps de l'actuel** - **Actualisation des temporalités passées** : Éléments non intégrés du passé (traumatismes, expériences non symbolisées) influencent le présent. - **Compulsion de répétition** : Tentative de réintégration des traces mnésiques non symbolisées. - **Transfert** : Les expériences historiques se rejouent dans la relation thérapeutique. - **Après-coup** (Freud) : Le temps où une expérience se **pense** diffère du temps où elle se **vit**. - L'histoire subjective est en **construction continue** (Pierre Aulagnier : \"Se construire un passé\"). **3. Concepts clés** - **Régression** : Retour temporaire à des modalités infantiles pour intégrer ou traiter des expériences actuelles. - **Traumatisme** : Peut se manifester par excès (effraction) ou par défaut (absence de symbolisation). - **Environnement adéquat** : Condition nécessaire au développement psychique sain (Winnicott). **FICHE DE RÉVISION : LA PULSION ET SES SOURCES** **1. Définition et caractéristiques générales** - **La pulsion** : Force motrice de la vie psychique, mettant en mouvement le sens et l\'énergie psychique. - Trajectoire orientée par le **symbolique** : la pulsion brute doit se canaliser pour éviter d'exploser l'appareil psychique. - **Destin de la pulsion** : Transformation en objets psychiques, images mentales, représentations (dérivés de la pulsionnalité). - Une force vitale, souvent d'ordre **sexuel** (au sens large : lien, plaisir, érotisme infantile). **2. Statut métapsychologique** - Concept non observable mais théorisé. - Lié à la dynamique du **Ça** (réservoir de pulsions), régulé par le **Surmoi** et transformé par le **Moi** en représentations symboliques. **3. Les quatre points de vue de la pulsion** 1. **Topique** : Lieu où la pulsion s'inscrit (Ça, Moi, Surmoi). 2. **Dynamique** : Forces en lutte (tensions internes). 3. **Économique** : Quantité d'énergie pulsionnelle en jeu. 4. **Génétique** : Développement des pulsions au fil du temps. **4. Composantes de la pulsion** 1. **Poussée** : Force de mise en mouvement. 2. **Source** : Origine somatique (corps). 3. **But** : Satisfaction de la tension. 4. **Objet** : Ce par quoi la pulsion se satisfait. **5. Les théories freudiennes de la pulsion** 1. **Première théorie (1905)** : Opposition entre pulsions d'autoconservation (besoins) et pulsions sexuelles. - Exemple : Bébé qui tête -- combine besoin de nourriture (auto-conservation) et plaisir oral (sexuel). 2. **Deuxième théorie** : Opposition entre libido narcissique et libido d'objet. - **Libido narcissique** : Investissement de soi, auto-érotisme. - **Libido d'objet** : Investissement du monde extérieur, relations. 3. **Troisième théorie** : Opposition entre pulsions de vie et pulsions de mort. - **Pulsions de vie (liaison)** : Sexualité, autoconservation, narcissisme vital. - **Pulsions de mort (déliaison)** : Extinction, auto-dépréciation, tendance à la destruction. - Mélange et régulation entre vie et mort. **6. Exemples et dépassements théoriques** - **Sucer son pouce** : Exemple d'articulation entre narcissisme et relation objectale. - Le pouce remplace la relation au sein (introjection du plaisir partagé avec la mère). - Associe plaisir physique et psychique, amour et nourriture. **7. Pulsion : entre psychique et somatique** - Concept à la frontière entre **corps biologique** et **esprit**. - Travail psychique nécessaire pour canaliser la pulsion. - La pulsion a trois dimensions : 1. **Narcissique** (centrée sur soi). 2. **Objectale** (orientée vers le monde). 3. **Intersubjective** (relation à l'autre). **CM 3 : La pulsion et ses dimensions intersubjectives et affectives** **1. La pulsion et l'intersubjectivité** - **Définition de la pulsion :** Énergie psychique reliant le sujet et l'objet, dans une interaction entre le **dedans** (sujet) et le **dehors** (objet). - **Intersubjectivité :** Rencontre entre deux subjectivités. L'objet est investi comme un **autre sujet** porteur d'intentions et de désirs propres. - **Fonction messagère de la pulsion :** - La pulsion transmet des **messages inconscients** à l'objet. - Exemple : Un bébé qui pleure envoie un appel adressé à l'objet (parent). - **Orientation vers le désir :** - Plaisir = objectif central de la pulsion. - La pulsion est **chercheuse d'objet**, nécessaire pour satisfaire le désir. - L'objet révèle et canalise la pulsion, stimulant ainsi le développement de la pensée et de la symbolisation. **2. La pulsion et le psychisme** - **Lien corps-psychisme :** - La pulsion est une **exigence de travail psychique**, représentant les **excitation internes** du corps. - Elle existe dans le psychisme via des **représentants psychiques** (affects, représentations). - Le sujet ne travaille que sur des représentations issues des pulsions. **3. Les degrés d'organisation de la pulsion : les affects** - **Affect :** Mode de représentation psychique de la pulsion. - **Éléments des affects (du plus corporel au plus psychique) :** - **Excitation :** Aspect brut et corporel, cherchant une décharge immédiate. - **Sensation :** Dimension sensorielle, moins diffuse, ne nécessitant pas toujours une décharge. - **Émotion :** Qualitative, exprimant des états tels que joie, tristesse. Doit être **gérable par le sujet**. - **Sentiment :** Plus continu, inscrit dans la durée (amour, bonheur). Relatif à l'identité et à des processus élaborés. - **Humeur :** Méta-affect traversant le psychisme (triste, joyeux, maussade). Les autres affects s'inscrivent dans cette tonalité. **4. Formes d'expression de l'affect** 1. **Affects signaux :** - Rôle : Signaler un danger ou un événement inconscient important. - Ex : Angoisse signal (prévenir le Moi du danger). - Fonction : Favoriser la défense et l'organisation psychique (ex. autonomie de l'adolescent). 2. **Affects passionnels :** - Émotions intenses, débordantes, non régulées (ex. crises d'angoisse). - Provoquent une **surcharge psychique**, difficile à contrôler. **5. Pulsion, désir et subjectivité** - **Différence pulsion/désir :** - **Pulsion :** Force brute, souvent étrangère à soi, issue du **Ça**. Peut être envahissante, opposée à la subjectivité. - **Désir :** Intégration subjective de la pulsion, orientée vers un but ou une situation (souvent inconscient). - **Le désir inconscient :** - Peut déterminer des actions, sans conscience claire (ex. lapsus). - Interfère avec la logique consciente via la **fantasmatique agissante**. - Le désir donne une forme et un objet précis à la pulsion. **Résumé clé :** - La pulsion traverse une double dynamique : corporelle et psychique, entre excitation et symbolisation. - Le rôle de l'environnement est essentiel pour aider à canaliser la pulsion et développer l'autonomie psychique. - Le passage de la pulsion au désir marque l'intégration de forces inconscientes dans la subjectivité. **Les principes organisateurs de la vie psychique** **1. Les deux principes fondamentaux** **Principe de plaisir/déplaisir :** - **Fonctionnement :** - Tendance à rechercher le plaisir et éviter le déplaisir. - Dialectique entre les deux : le plaisir est limité par les contraintes de la réalité. - **Types de plaisir :** - **Plaisir-décharge :** Satisfaction immédiate (modèle masculin). - **Satisfaction relationnelle :** Plaisir dans le lien à l'autre. - **Adaptation :** Nécessité de se conformer aux exigences de la réalité pour accéder au plaisir. **Principe de réalité :** - **Compromis :** Prendre en compte les contraintes de la réalité tout en visant le plaisir différé. - **Différer le plaisir :** - Exemple : L'enfant apprend à patienter en imaginant des scénarios produisant du plaisir. - Cette capacité est essentielle au développement psychique. - **Lien au plaisir :** Toujours orienté vers le plaisir, mais avec une temporalité ajustée. **2. Les autres principes freudiens** **Principe de constance :** - Maintenir un **niveau constant** d'excitation (ni trop élevé, ni trop bas). **Principe de Nirvana :** - Rechercher un état de **plaisir pur**, sans tension (équilibre parfait). - Parfois différer le plaisir pour le rendre plus intense (**masochisme primaire**). - **Jouissance :** Lacan décrit une recherche consciente ou inconsciente de répression du plaisir pour en intensifier la satisfaction (ex. activités sexuelles, scarification). **Principe de liaison :** - Imaginer et se représenter l'objet du désir pour procurer du plaisir. **3. Les grandes logiques de la pulsion** **Logique archaïque :** - Caractérise les premières étapes de la vie psychique (narcissisme primaire). - Recherche immédiate du plaisir sans différenciation (ex. sein maternel). **Logique infantile :** - Apparition des **limites** : - Compréhension du « non » et du **décalage du plaisir**. - Intégration des différences (sexe, génération). - **Modèle du choix :** Agir au bon moment, de la bonne manière, avec la bonne personne. **4. Les exceptions au principe de plaisir** **Compulsion de répétition :** - Répétition d'expériences, même douloureuses ou déplaisantes. - Objectif : **Intégration psychique** des expériences traumatiques non assimilées. - L'échec d'intégration entraîne des répétitions pathologiques (traumatismes, souffrance). **5. Les quatre composants de la pulsion** 1. **Source :** - Zone corporelle (souvent érogène) à l'origine de la pulsion. - Exemples : zones orales, anales, génitales. - Fixations possibles : - Oralité → troubles alimentaires, addictions. - Analité → avarice, méticulosité. 2. **Poussée :** - Force de la pulsion (quantitative et énergétique). - Adolescence : augmentation de l'intensité pulsionnelle. 3. **Objet :** - Moyen externe permettant la satisfaction pulsionnelle (ex. sein, biberon, objet culturel). - L'objet est contingent mais essentiel pour atteindre le but. 4. **But :** - Satisfaction, décharge ou accomplissement de la pulsion. - Peut être direct ou indirect (sublimation). **6. Sublimation et impact environnemental** - **Sublimation :** - Détournement de la pulsion vers des objectifs non sexuels (ex. créativité, pensée). - Jamais de décharge pure : la pulsion est toujours liée à un échange avec l'autre. - **Importance de l'environnement :** - Réception positive de la pulsion = reconnaissance et affirmation de soi. - Réception fragile ou inadéquate → culpabilité, impact sur l'affirmation de soi. **Résumé des concepts clés** - Les principes de **plaisir/déplaisir** et de **réalité** gouvernent l'appareil psychique. - La pulsion est une dynamique reliant le corps et le psychisme, organisée autour de **sources**, **poussées**, **objets** et **buts**. - La capacité à différer et sublimer les pulsions est essentielle au développement. - Les traumatismes non intégrés se manifestent par la **compulsion de répétition**. **La question du plaisir** **1. Plaisir et pulsion** - La pulsion est une **dynamique chercheuse d'objet** visant la satisfaction. - Le plaisir est un élément central de la pulsion et peut se décliner en plusieurs types. **2. Les trois types de plaisir** **a) Plaisir d'autoconservation** - Lié aux **besoins fondamentaux** (faim, soif, etc.). - Impliqué dans la relation au nourrissage durant l'enfance. - Correspond à un **abaissement de tension**. **b) Plaisir étayé sur l'objet et les expériences corporelles** - Décrit par Freud en 1905 dans la théorie des **pulsions sexuelles** : - Par exemple, l'allaitement combine un plaisir d'autoconservation (nourriture) et un **plaisir sexuel infantile**(stimulation de la zone érogène buccale). **c) Plaisir lié au lien à l'autre** - L'objet du plaisir est un **autre sujet** (relation intersubjective). - Fondement anthropologique : - Dialogue **mimo-gesto-postural** (échanges de mimiques, gestes, postures) qui produit une **communication primitive**. - Le partage de plaisir dans ces interactions est crucial. - **Rôle du parent comme miroir (concept de Winnicott, 1971) :** - Le parent reflète les émotions et actions du bébé, aidant ce dernier à se construire et à **s'éprouver soi-même**. - Fonction réflexive : l'enfant intériorise ce miroir, ce qui soutient son développement subjectif. - Exemple : Théâtralisation des messages par le parent (langage des affects) → permet au bébé de différencier son action de celle des autres. **3. Signifiant énigmatique et théorie de la séduction généralisée (Laplanche)** - Les messages adressés au bébé par le parent sont teintés par le **psychisme adulte** (sexualité, inconscient). - Ces messages provoquent une **énigme** pour le bébé : - Échappent à sa compréhension directe. - Génèrent une **source d'excitation** et donc de pulsion. - La pulsion naît **au carrefour du corps et du social**, selon Laplanche. **Les fonctions de la pulsion** **1. La décharge** - **But immédiat** de la pulsion : supprimer la tension pulsionnelle. - Cependant, la décharge ne produit pas de transformation psychique. **2. La liaison** - Fonction de transformation : - Lie les composants pulsionnels sous forme d'**affects organisés** (ex. tristesse, colère). - Participe à l'**intériorisation de l'expérience** et à la construction de la subjectivité. **3. La valeur messagère** - La pulsion exprime un élan vital dirigé vers un objet ou l'autre. - Exemple : - Le bébé, à travers son corps et ses gestes, adresse un message implicite (ex. une marque d'amour). - Interprété par le parent dans une logique d'**intersubjectivité** (partage affectif). **Résumé des concepts clés** - Le plaisir se décline en **autoconservation**, **expériences corporelles** et **relation à l'autre**. - La relation parent-enfant (fonction miroir) est essentielle au développement psychique et subjectif. - La pulsion remplit trois fonctions majeures : **décharge**, **liaison**, et **valeur messagère**, soutenant l'intersubjectivité. **Chapitre 3 : Les facteurs d'évolution de la subjectivité** **1. Modèle d'épigenèse interactionnelle** - **Interaction gènes/environnement** : - Rien ne peut se développer sans base génétique. - Les gènes nécessitent un environnement facilitateur pour s'exprimer. - Exemple : les jumeaux monozygotes partagent un même génome mais développent des différences en raison de leur environnement (relation unique, proto-langage, etc.). - **Plasticité cérébrale** : - Le cerveau s'adapte continuellement, influencé par la sous/sur-stimulation. - Cerveau = organe **social** : le développement individuel est influencé par le groupe, la société, et la culture. **2. Neurodéveloppement et troubles du développement (TND)** - **Neurodéveloppement** : Construction du système nerveux (embryogenèse, ontogénèse). - **Troubles neurodéveloppementaux (TND)** : - Exemple : TDAH, TSA. - Dysfonctionnements neurobiologiques mais influencés par l'environnement. - **Interaction facteurs génétiques/environnementaux :** - Ex. Schizophrénie : 12 % de prédisposition génétique, mais seulement 1 % de cas avérés (impact environnemental significatif). **3. Préconceptions et potentialités du bébé (Bion)** - Le bébé naît avec des **préconceptions** ou virtualités : - Par exemple, la préconception de l'autre (capacité innée d'interagir). - Ces virtualités s'actualisent (ou non) selon l'environnement. **4. Importance des relations précoces : Rôle de l'investissement parental** - **René Arpad Spitz** : Étude des relations mère-enfant. - Séparation prolongée (syndrome de l'hospitalisme) : - Phase 1 : Pleurs et recherche de contact. - Phase 2 : Blocage du développement physique et mental. - Phase 3 : Retrait affectif → dépression anaclitique. - Si séparation prolongée avant 6 mois → risque de marasme irréversible (mort possible). - **Périodes critiques** : - Développement du langage : si non acquis à 7/8 ans, quasiment irréversible. - Attachement : récupérable avant 4/5 mois, plus difficile après. **5. Attentes parentales et impact sur l'enfant** - **Idéalisation du bébé** : - Les parents projettent sur l'enfant leurs propres blessures narcissiques ou rêves non réalisés. - Risques : - **Sous-investissement** : Manque de rencontre avec l'enfant. - **Surinvestissement** : Impossibilité de voir l'enfant tel qu'il est. - **Dépression post-partum** : - Survient lors de la transition entre l'enfant \"idéal\" et l'enfant réel. - Peut être accentuée par une naissance prématurée. - Symptômes : modification de l'humeur, caractéristiques dépressives, risque de trouble psychotique post-partum. **6. Concepts-clés pour un développement harmonieux** **a) Le trouvé-créé (Winnicott)** - Illusion de la satisfaction : - Le bébé croit qu'il a créé ce qu'il trouve (ex. le sein maternel). - Cela génère une **illusion d'omnipotence** (phase narcissique primaire). - Importance d'un environnement suffisamment **prévisible** : - Permet de construire un narcissisme primaire sain (première ébauche de l'identité). **b) Préoccupation maternelle primaire (Winnicott)** - **État d'hypersensibilité parentale** en fin de grossesse et début de vie de l'enfant. - Permet au parent (souvent la mère) de répondre aux besoins du bébé avec une grande attention. - Cette préoccupation doit être partagée par l'entourage pour éviter une surcharge. **c) Accordage affectif (Stern)** - **Réflexivité intersubjective** : - Croisement de miroirs entre parent et bébé. - La mère réfléchit le bébé, et le bébé réfléchit la mère. - Importance d'un écart suffisant pour permettre une transformation psychique. **Résumé des enjeux** 1. **Interaction génétique/environnementale** : Développement basé sur une épigénèse interactionnelle. 2. **Relations précoces et parentalité** : Rôle fondamental de l'investissement émotionnel dans les premières années de vie. 3. **Régulation entre omnipotence et prévisibilité** : L'environnement doit soutenir l'illusion d'omnipotence tout en permettant une différenciation progressive. 4. **Plasticité et culture** : Le cerveau est social et s'adapte aux stimulations et normes culturelles. **CHAPITRE 4 : NARCISSISME PRIMAIRE, DÉFINITION ET ÉVOLUTION** Le narcissisme primaire est un concept central en psychanalyse, élaboré par Freud et enrichi par des perspectives contemporaines. Ce concept explore les premières étapes de différenciation et de relation du bébé avec son environnement, essentielles pour le développement psychique. **1. Processus d'attachement et de différenciation** - Dès la naissance, le bébé cherche à se relier à l'autre et à son environnement, d\'abord par des liens biologiques (in utero). - Le regard joue un rôle clé dans les premiers attachements. Ces interactions soutiennent la différenciation subjective : se lier à l'objet (autre) pour ensuite se séparer. - La différenciation subjective permet au bébé de reconnaître différentes formes d'altérité (différences entre soi et l'autre, entre les sexes, les générations, etc.). **2. Les niveaux d'altérité** Trois niveaux d'altérité soutiennent la construction psychique : 1. **Altérité virtuelle** : Dès la naissance, un \"autre virtuel\" est investi grâce à un programme biologique, facilitant l'émergence de la différence. 2. **Altérité imaginaire** : Fondée sur le lien intersubjectif initial (illusion du \"trouvé-créé\"), où l'autre est perçu comme une extension de soi. 3. **Altérité symbolique** : L'autre est reconnu comme distinct, ce qui suppose une capacité à intégrer l'absence et la différence. **3. Narcissisme et investissement de l'objet** - Freud distingue deux types de libido : narcissique (orientée vers soi) et objectale (orientée vers l'autre). Ces investissements fonctionnent comme un système de vases communicants. - Le narcissisme primaire se manifeste par un emprunt à l'autre pour construire son identité, avant de lui \"rendre\" ce qu'il a pris. **4. Narcissisme primaire : autarcie ou lien ?** - Freud décrit initialement le bébé comme autarcique (fermé sur lui-même). Cette vision a été critiquée, les observations cliniques montrant que le bébé est en relation dès la naissance. - L'idée d'un narcissisme primaire totalement indifférencié est remise en question : des germes de différenciation existeraient dès le départ. **5. Refoulement et illusions narcissiques** - Le développement du Moi implique un refoulement des contributions de l'autre à la subjectivité. Cette dynamique engendre des illusions narcissiques primaires, donnant au sujet l'illusion qu'il s'est \"fait tout seul\". - Ces illusions (positives ou négatives) influencent le développement identitaire. Par exemple, l'absence ou le désintérêt parental peut créer un sentiment de culpabilité primaire, comme dans le \"complexe de la mère morte\". **6. Modèles de l'intersubjectivité** Trois modèles éclairent l'émergence de l'intersubjectivité : - **Modèle secondaire** : L'intersubjectivité apparaît après une période d'indifférenciation. - **Modèle primaire** : Dès la naissance, une représentation primitive de l'autre existe (notion d'\"accordage\", Stern). - **Modèle intermédiaire** : Bernard Golse propose une acquisition progressive où des moments fugaces d'intersubjectivité primaire ponctuent le développement (par ex. : lors de la tétée). Le narcissisme primaire a ses limites, car il est impossible de vivre dans un monde où tout est disponible en permanence. Ce stade ne permet pas de se différencier ni de se libérer de la dépendance accrue à l'environnement. Rapidement, le parent ne peut plus répondre à tous les besoins constants du bébé, ce qui met à l'épreuve le sentiment de soi de l'enfant. Cette épreuve entraîne des affects tels que la rage, la peur ou la frustration, qui génèrent des tensions et un sentiment de manque. Le bébé doit alors mobiliser ses propres ressources pour différer ses satisfactions. Cette mise à l'épreuve est accompagnée d'une désadaptation progressive de l'environnement maternant, marquant le déclin de l'environnement primaire. Le bébé prend conscience qu'il dépend de l'autre pour répondre à ses besoins, ce qui constitue une blessure narcissique fondamentale. **L'importance de la réponse de l'objet** Dans ce processus, la capacité de la mère à survivre aux pleurs, à la rage et aux crises de l'enfant est essentielle. Sa capacité de résilience permet au bébé de commencer à la percevoir comme un objet externe, distinct de lui-même. Si la mère survit aux expressions agressives du bébé, celui-ci peut l'aimer, amorçant ainsi un retournement de la haine en amour pour l'objet. C'est à travers cette dynamique que s'effectue le passage du narcissisme primaire au narcissisme secondaire. Cette transformation subjective marque le moment où l'enfant cesse de se percevoir comme le centre du monde et commence à se reconnaître comme un individu parmi d'autres. Il accepte ainsi une forme de dépendance à l'objet, désormais teintée d'amour pour celui-ci. **Les soins maternels selon Winnicott : « holding », « handling » et « object presenting »** Winnicott identifie trois aspects essentiels des soins maternels permettant à l'enfant d'évoluer vers le narcissisme secondaire : 1. **Le holding (portage)** :\ Le holding renvoie à la manière dont l'enfant est porté physiquement et psychiquement par son environnement. Ce portage transmet des messages implicites : si un bébé est porté maladroitement, il pourra se sentir négligé ou mal perçu. En revanche, un portage ajusté et affectueux donne au bébé un sentiment de sécurité et d'appartenance. Ce soin est à l'origine de la capacité de l'enfant à se porter lui-même et à se prendre en charge par la suite. 2. **Le handling (manipulation)** :\ Le handling correspond à la manière dont les parents prennent soin du bébé à travers des gestes quotidiens (soins corporels, change, etc.). Ces interactions transmettent des messages au sujet de la manière dont le corps de l'enfant est perçu. Par exemple, les moments de soins peuvent devenir des espaces privilégiés de rencontre entre le parent et l'enfant, où des jeux affectifs renforcent le lien (e.g., le jeu de la « petite bête qui monte »). Ces expériences aident le bébé à intégrer ses sensations corporelles et à construire une image corporelle harmonieuse. 3. **L'object presenting (présentation de l'objet)** :\ Ce concept désigne la manière dont la mère introduit progressivement le bébé à son environnement. Cela inclut des objets concrets (jouets) ou humains (autres personnes). La mère agit comme un filtre protecteur, permettant à l'enfant de découvrir le monde à son propre rythme, de façon adaptée. Cette régulation des excitations extérieures est essentielle pour que le bébé puisse appréhender le monde en toute sécurité. **La capacité à être seul** Grâce à ces soins maternels ajustés, l'enfant développe la capacité à être seul. Winnicott souligne que cette aptitude s'acquiert en présence de l'autre : par exemple, un bébé peut jouer seul dans une pièce tout en sachant qu'un parent est à proximité. Cette autonomie relative repose sur une mère suffisamment « bonne » : attentive et préoccupée par les besoins de son enfant, mais sans être trop parfaite. En effet, une mère excessivement parfaite pourrait empêcher l'enfant d'élaborer son propre travail psychique, en lui offrant tout sans qu'il ait à le chercher ou à le désirer. Ainsi, ces trois dimensions des soins maternels -- holding, handling et object presenting -- permettent au bébé de naviguer harmonieusement dans les différentes phases de son développement et de passer progressivement du narcissisme primaire au narcissisme secondaire. **1. Introduction à la symbolisation** - **La symbolisation** est présente dès la prime enfance. Au départ, elle était associée à la capacité d'utiliser le langage verbal (symbolisation secondaire), mais elle a été redéfinie pour inclure des formes primitives. - La symbolisation est cruciale pour la compréhension des processus psychiques et cliniques, en particulier dans la psychanalyse. **2. Symbolisation primaire vs secondaire** - **Symbolisation primaire** : Formes primitives de la symbolisation, présentes dans la première enfance et souvent non verbales. Elle se base sur les perceptions corporelles et les affects bruts. - **Symbolisation secondaire** : Reliée au langage et à la capacité de mettre en sens verbalement les expériences vécues. Elle émerge avec l'acquisition du langage. - La symbolisation primaire et secondaire existent en parallèle et sont complémentaires. **3. Les fonctions de la symbolisation** - **Réunir, séparer, différencier** : La symbolisation permet de connecter et de différencier des éléments internes et externes, comme les pulsions, les perceptions et les affects. - **Séparation vs différenciation** : La différenciation est essentielle pour que la séparation ne soit pas vécue comme une rupture, en particulier dans le développement de l\'enfant. - **Création de sens** : La symbolisation donne du sens aux expériences subjectives, permettant ainsi une abstraction et une représentation de ces expériences. **4. Le processus symbolique** - **Symboliser** : Transformer les expériences brutes (affects, sensations) en objets mentaux représentés et différenciés. - **Mémoire et représentation** : Le passage de traces mnésiques ou perceptives à des traces symboliques (par exemple, d'une sensation à une image, ou d'une représentation à un mot). **5. La symbolisation et le rapport au monde** - **Interaction interne et externe** : La symbolisation nous permet de situer nos expériences dans le monde interne et externe, en reliant l\'expérience relationnelle (avec les autres) et réflexive (avec soi-même). - **Le rôle de l\'environnement** : La symbolisation primaire, par exemple, est soutenue par l\'environnement, en particulier par l'interaction avec les figures parentales et les objets. **6. Troubles de la symbolisation** - **Troubles dans la symbolisation primaire** : Souvent rencontrés chez les sujets non névrotiques, ce sont des difficultés à transformer les expériences en symboles. Cela peut conduire à des symptômes psychopathologiques (somatisation, passage à l'acte). - **Compulsion de répétition** : Processus où le passé non intégré resurgit dans le présent, perturbant la capacité à symboliser de manière cohérente. - **Troubles dans la symbolisation secondaire** : Liés aux difficultés de mettre en mots les expériences, ce qui se manifeste souvent dans les troubles névrotiques. **7. Symbolisation et passage à l'acte** - **Les passages à l'acte** (comportements impulsifs, somatisation) peuvent être vus comme des tentatives de symbolisation primaire, visant à donner forme à ce qui est impossible à penser. - **Symbolisation corporelle** : Le corps devient un vecteur de symbolisation, notamment dans les troubles psychosomatiques, où des symptômes physiques (ex : crises d'asthme, infections) véhiculent un message intérieur non verbalisé. **8. Le rôle du thérapeute** - Le thérapeute joue un rôle clé dans l'accompagnement du travail de symbolisation. Il aide le patient à \"prémâcher\" ses expériences, à les intégrer et à les transformer en symboles accessibles à la réflexion et à la parole. - Le **transfert** permet au patient de revisiter des éléments non intégrés du passé, en les réactualisant dans la relation thérapeutique. **9. Conclusion** - La symbolisation est un processus essentiel pour intégrer les expériences et les rendre accessibles à la pensée. Elle se manifeste sous différentes formes (primaire, secondaire, corporelle) et traverse différentes étapes du développement psychique. - Dans le cadre clinique, la symbolisation est une clé pour comprendre et traiter les souffrances psychiques, particulièrement lorsque des difficultés dans la transformation symbolique sont présentes. **Fiche de révision : CHAPITRE 6 - PERSPECTIVES PSYCHOSOMATIQUES** **Introduction à la psychosomatique :**\ La psychosomatique s'intéresse à l'interaction entre le psychisme et le soma (corps). Elle explore les effets réciproques du psychique sur le somatique et vice versa, en considérant que ces deux aspects sont indissociables dans l'expérience humaine. **1. Corps psychique et types de somatisation** - **Freud et la pulsion :**\ Freud a complexifié la notion de corps à travers les névroses hystériques. Il introduit la pulsion comme un concept limite, faisant le lien entre le psychique et le somatique. Le psychisme s'appuie sur le corps, et le corps est investi par la pulsionnalité, dès la naissance. - **Corps somatique vs corps psychique :** - Le **corps somatique** est biologique, physique, observable objectivement. - Le **corps psychique** (ou érotique) est vécu de manière subjective. Il est investi par le sujet, souvent en relation avec ses affects et pulsions. Par exemple, l'hypnose peut permettre de détourner l'attention de la douleur corporelle, montrant l'impact du psychisme sur la perception du corps. - **Somatisation :**\ La somatisation désigne le processus par lequel un conflit psychique affecte le corps. Elle peut être fonctionnelle et transitoire (sans atteinte biologique), ou plus grave, avec des impacts biologiques réels, comme dans certains cancers où le psychisme peut jouer un rôle. **2. Fonctions de la somatisation** - **La somatisation comme solution psychique :** - La somatisation peut être perçue comme une **solution somatique** pour gérer un trauma. Le corps devient un allié du psychisme pour \"circonscrire\" une souffrance psychique, comme dans les névroses de guerre où une blessure corporelle localisée permet de ralentir la diffusion du traumatisme psychique. - **Conversion hystérique :** - La **conversion** est une forme de somatisation où un conflit psychique non résolu se traduit par des symptômes corporels, comme la paralysie, les maux de tête ou la cécité transitoire. Il n\'y a pas de cause biologique évidente à ces symptômes. C'est une tentative de traduction psychique du conflit sans solution. - **Exemples de somatisation :** - Parfois, des adolescents se blessent eux-mêmes (coupures) pour soulager une souffrance psychique, transformant une douleur psychique diffuse en douleur somatique, plus supportable et plus visible. - **Symbolisation primaire :** - Les symptômes psychosomatiques peuvent aussi être considérés comme des formes de **symbolisation primaire**, c'est-à-dire des tentatives brutes de transformer une expérience traumatique en la \"transposant\" sur le corps. **3. L'évolution du champ psychosomatique** - Le **psychosoma** (McDougall) englobe toute la diversité des manifestations somatiques liées à la vie psychique. Cela inclut des symptômes physiques évidents, des formes plus complexes comme les conversions hystériques, et même des symptômes psychiques mentalisés. - **Relation avec le corps :** - Les états psychiques (émotions, affects, etc.) sont étroitement liés à l\'expérience corporelle. Ce que nous vivons intérieurement se reflète dans notre corps, et la souffrance physique peut être une manière pour le sujet de traiter une douleur psychique. **4. Le rôle de l'environnement et des soins dans la somatisation** - **Impact de l'environnement sur la somatisation :** - Le corps est souvent influencé par l\'environnement et les interactions avec les autres. Par exemple, le soutien émotionnel peut permettre au corps de \"se réorganiser\" psychiquement. Le corps n\'est pas juste une entité biologique mais une extension de l\'expérience psychique, façonnée par le vécu. - **Prudence dans l\'interprétation des maladies graves :** - Dans le cas de maladies graves, il est essentiel d'être prudent avant d'associer directement la souffrance psychique à une cause somatique, car certains événements biologiques peuvent aussi être le résultat d\'un vécu psychique. **Résumé :**\ La psychosomatique étudie la manière dont les expériences psychiques influencent le corps et inversement. La somatisation est un processus complexe où le corps devient le reflet de conflits psychiques non résolus, parfois sous forme de symptômes physiques. La somatisation peut jouer un rôle de \"solution\" ou de \"compensation\" pour traiter une souffrance psychique, mais elle peut aussi être brutale et nécessiter une prise en charge thérapeutique attentive. **1. Historique et étymologie de la notion de traumatisme** Le terme \"traumatisme\" vient du grec **traumatismos** (acte de blesser) et **trauma** (blessure). Historiquement, les humains ont toujours affronté des événements traumatiques, mais la terminologie se développe au 19e siècle. Charcot parle de dissociation de la conscience en réponse au traumatisme, et Hermann (1889) est le premier à introduire le terme \"névrose traumatique\". Au 20e siècle, la notion prend de l\'ampleur et se structure davantage. En psychiatrie, le traumatisme psychique est vu comme l\'impact psychologique d'un événement extérieur. Pedelinni le définit comme un \"choc psychologique causé par un agent extérieur\". L\'approche psychopathologique reprend ces idées, en mettant l\'accent sur les symptômes du traumatisme. **2. La place pour la psychologie clinique et la psychopathologie** **La psychanalyse et le traumatisme** Freud rencontre le traumatisme dans ses travaux sur les hystéries. Au départ, il considère que des événements traumatiques de nature sexuelle dans l\'enfance (séduction infantile) seraient à l\'origine des troubles hystériques. Cependant, après réévaluation, il abandonne cette idée, suggérant que le traumatisme pourrait résulter d\'un choc **fantasmagorique** plutôt que réel. Ce changement de perspective ouvre une nouvelle voie : **le traumatisme n\'est pas nécessairement lié à un événement réel, mais aussi à un choc fantasmatique**. **L\'après-coup selon Freud** L\'après-coup est un concept où des événements passés prennent un nouveau sens grâce à des expériences ultérieures. Un exemple clinique : une patiente nommée **Emma**, dont un incident survenu après la puberté (moqueries en épicerie) réactive un traumatisme infantile (attouchement non perçu à l\'époque comme sexuel). L\'expérience de la puberté permet à Emma de donner un sens à cet événement passé. **La compulsion de répétition** Freud définit la **compulsion de répétition** comme un mécanisme où l'individu, incapable de symboliser un traumatisme, le répète inconsciemment pour tenter de le comprendre. Cela est particulièrement visible dans les rêves traumatiques des vétérans de guerre, mais le concept a été enrichi par **Ferenczi** et d\'autres psychanalystes. **3. Les théories de Ferenczi et Winnicott** **Le traumatisme selon Ferenczi** Ferenczi parle du traumatisme comme un **choc violent et inattendu**, entraînant une dévastation du sentiment de soi, souvent accompagné de **sidération traumatique**. Cela peut provoquer des mécanismes de survie, comme l\'auto-clivage ou la fragmentation du Moi. Les traumatismes en creux, opposés à ceux du débordement d\'excitation (selon Freud), surviennent lorsqu\'il y a un **manque**, un vide dans les soins ou les réponses de l\'environnement. **Le traumatisme selon Winnicott** Winnicott introduit la notion de **traumatisme du non-advenu**, ou ce qui aurait pu se produire mais ne s\'est pas produit. Cela concerne des carences affectives précoces ou des manques dans la réponse de l\'environnement aux besoins du bébé. Ce manque peut avoir des effets traumatiques durables, entraînant une **répétition dans le vide**, un phénomène difficile à saisir, où le sujet semble être coincé dans des expériences non intégrées. **4. Mécanismes psychiques et destins du traumatisme** **L'après-coup et ses mécanismes** L\'après-coup est vu comme un mécanisme à deux temps, **consubstantiel au traumatisme**, qui peut potentiellement conduire à une **élaboration** du traumatisme, bien que cela ne soit pas automatique. En réponse au traumatisme, le Moi peut se cliver pour se protéger du dénouement du sujet, un processus appelé **clivage du Moi**. **Le traumatisme et la mémoire** Le traumatisme peut conduire à une **amnésie traumatique**, où certaines expériences sont coupées du Moi et du temps, ce qui empêche leur intégration et leur mémoire. Il peut aussi produire du **silence**, en raison de l'angoisse trop grande de désintégration du Moi, surtout dans les cas de **traumatisme primaire**, comme les blessures narcissiques. **Conduites à risques et pulsions de mort** Lorsque le traumatisme touche les blessures narcissiques, la **compulsion de répétition** peut se traduire par des **conduites à risques**, parfois proches de la **pulsion de mort**, où le sujet répète des expériences traumatiques sans tenter de symboliser ces événements. **Conclusion** Le traumatisme est une notion complexe, en constante évolution dans la théorie psychanalytique et en psychologie clinique. Il peut être lié non seulement à des événements réels, mais aussi à des fantasmes et des **manques** affectifs. La compréhension du traumatisme repose sur l'analyse des mécanismes psychiques, de l'après-coup et des répétitions inconscientes qui en résultent. Ce résumé fournit une vue d\'ensemble des différents concepts psychanalytiques autour du traumatisme, en intégrant les contributions clés de Freud, Ferenczi, Winnicott, et des mécanismes psychiques observés dans les pathologies liées au traumatisme. **Fiche Synthétique : Les Addictions** - **Définition** : Comportements répétitifs (consommation de substances ou pratiques excessives) entraînant perte de contrôle, troubles émotionnels, médicaux et sociaux. - **Origine** : Le terme *addiction* vient du latin *addictus*, lié à la dépendance, initialement utilisé pour désigner les personnes asservies à un créancier. - **Statistiques** : - 8% de la population adulte a un risque chronique d\'addiction à l\'alcool. - 25% au tabac. - 7% des adolescents présentent un risque de dépendance au cannabis. - **DSM 5** : Définit l\'addiction par des critères comme le besoin irrépressible de consommer, la perte de contrôle et des impacts sociaux. Un diagnostic nécessite au moins 2 critères sur 12. - **Modèle Psychodynamique** : - L'addiction est une réponse à une souffrance psychique, agissant comme une décharge somatique de tensions émotionnelles. - Selon Joyce McDougall, l\'addiction est une solution somatopsychique pour gérer des conflits inconscients. - **Addictions à l\'adolescence** : - Plus vulnérables à cause de conflits internes non résolus. - L'addiction peut pallier l\'incapacité à élaborer psychiquement des conflits intrapsychiques. - **L\'objet addiction** : - Considéré comme un substitut d'objet transitionnel qui empêche la symbolisation et la gestion des affects internes. - **Pharmakon** : Terme grec signifiant à la fois remède et poison, illustrant le caractère ambivalent des substances addictives. - **Rythmicité et cyclisme** : Les addictions sont souvent cycliques, en lien avec des rythmes corporels qui influencent la relation entre le corps et l\'esprit. - **Anorexie mentale** : Parfois vue comme une forme d'addiction, représentant un rapport avec un non-objet et une difficulté à traiter des expériences corporelles et émotionnelles. **L\'Agir Violent à l\'Adolescence** - **Définition de l'adolescence** : La puberté induit des transformations liées à la sexualité et la psychosexualité. Selon Freud, la sexualité infantile évolue avec la puberté vers une sexualité génitale adulte. Ce passage crée des changements fondamentaux dans l'économie pulsionnelle et le principe de plaisir/déplaisir. Ces changements peuvent être traumatiques et déstabiliser l'organisation psychique de l'adolescent. - **Problématiques psychiques de l'adolescence** : - **Narcissisme** : Le sentiment de subjectivité et de continuité de l\'existence est perturbé. La puberté, dysharmonique et imprévisible, génère une forme de passivité, parfois exprimée par des actes violents. - **Violence et agressivité** : La violence est une forme de destructivité primaire liée à des angoisses trop fortes. Elle se distingue de l'agressivité, qui est plus structurante et défensive. La violence se manifeste à travers des actes expulsifs, répétitifs, ou comme expression d'une souffrance psychique. - **Agir violent** : L'agir chez l'adolescent est une forme de communication des conflits internes, souvent exprimée par des actes impulsifs. Ces actes peuvent être des symptômes, des manifestations de conflits inconscients que l'adolescent ne peut symboliser ou représenter. - **L'agir comme symptôme** : Le passage à l'acte est parfois un moyen de symboliser un conflit que l'adolescent ne peut traiter autrement. Cela peut être vu comme un acte de \"rupture\" qui traduit des messages inconscients liés à la souffrance psychique. - **Prise de risque et violence** : L'adolescent prend des risques pour tester ses limites corporelles et psychiques. Ces risques vont de comportements extrêmes à des actes plus déviants. Les conduites ordaliques, par exemple, sont liées à une confrontation à la mort, la séparation et la perte de repères. - **Particularités de la violence chez l'adolescent** : - La violence s'exprime aussi par des conduites de mise en danger (traumatophilie, fantasmes d'immortalité). Ces actes peuvent être perçus comme des tentatives de réaffirmer son existence face à une réalité traumatique. - Les pulsions de vie et de mort s'entrelacent, et la violence devient un moyen d'accéder à un mode de subjectivation ou de destructivité. - **Le travail institutionnel avec les adolescents violents** : L'institution joue un rôle clé dans l'accueil des adolescents violents, en réactualisant leurs insécurités internes. Le clinicien doit adopter une fonction de médiation entre l'adolescent et son environnement, en restant neutre mais bienveillant. L'enjeu est de comprendre les actes violents comme des tentatives de communication et d'élargir l'espace psychique de l'adolescent. Il est essentiel de ne pas réduire l'adolescent à son acte violent, mais de reconnaître d'autres aspects de son développement. - **La violence institutionnelle** : Les institutions accueillant des adolescents violents sont souvent confrontées à des mouvements de violence internes. Le personnel doit apprendre à gérer cette violence en adoptant des pratiques relationnelles adaptées, évitant la violence réciproque. Le travail de lien et de reconnaissance des souffrances narcissiques est crucial. +-----------------------------------------------------------------------+ | **L\'Agir Violent à l\'Adolescence - Fiche Très Synthétique** | | | | - **Adolescence et transformations psychiques** : La puberté | | perturbe la psychosexualité et génère des changements dans | | l'économie pulsionnelle, provoquant parfois un traumatisme | | psychique (traumatisme pubertaire). | | | | - **Problématiques narcissiques** : L'adolescence brouille la | | subjectivité et les repères. Cela peut conduire à une violence, | | exprimée par des actes impulsifs pour compenser cette | | déstabilisation. | | | | - **Violence vs Agressivité** : L'agressivité est structurante, | | tandis que la violence est destructrice, souvent liée à des | | angoisses intenses. Elle peut être expulsive, répétitive, ou un | | symptôme d\'un conflit non symbolisé. | | | | - **Prise de risque** : Les adolescents testent leurs limites | | corporelles et psychiques à travers des actes risqués, souvent | | liés à la confrontation avec la mort et la séparation. | | | | - **Violence institutionnelle** : Dans les institutions, le travail | | du clinicien est de comprendre et médiatiser les actes violents, | | tout en prenant en compte les fragilités narcissiques des | | adolescents. L'institution doit offrir un cadre sécurisant pour | | éviter les violences réciproques. | +-----------------------------------------------------------------------+