Conduite du troupeau laitier - CM05 - PDF

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Bourgoin

D. Ledoux

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animal husbandry dairy farming cattle management

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This document is a course outline on dairy herd management, including the composition of the herd, calf management, the rearing of heifers, and the management of adult dairy cows. It primarily covers the breeding and care of dairy cattle.

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ER_Zoot_CM05_La conduite du troupeau laitier_Ledoux_SIF Lucas GRANDVAUX S5 ER Justin THOMAS 06/11/2024 Zoot La conduite du troupeau laitier Valentine GEORGEL CM 05 Clémence POPELIN D. Ledoux SIF I. Composition du troupeau et carrière d’une vache laitière................................................................................. 2 A. Composition du troupeau........................................................................................................................................... 2 B. Carrière d’une vache laitière....................................................................................................................................... 3 II. La conduite des veaux....................................................................................................................................... 4 A. Particularités du veau laitier....................................................................................................................................... 4 B. Gestion du transfert de l’immunité............................................................................................................................. 5 C. La croissance du veau jusqu’au sevrage...................................................................................................................... 8 D. Le logement (cf. Cours sur le logement des bovins laitiers)........................................................................................ 8 E. Les pathologies du veau (cf. TD et cours A4).............................................................................................................. 8 F. La conduite du troupeau de renouvellement............................................................................................................. 9 a) Auto-renouvellement.................................................................................................................................................. 9 b) Objectifs généraux.................................................................................................................................................... 10 III. La conduite du troupeau des vaches en production...............................................................................................11 A. Conduite de la reproduction............................................................................................................................... 11 B. Conduite sanitaire (cf. PathoBet en S7).............................................................................................................. 15 IV. La conduite des vaches taries................................................................................................................................17 Objectifs d’apprentissages - Connaître les définitions et les points de repères donnés dans le cours. - Être capable de retracer la carrière d’une vache laitière. - Connaître les particularités du veau laitier. - Connaître les étapes de la gestion du transfert de l’immunité. - Connaître les objectifs de croissance de la naissance à l’IA. - Pouvoir citer les grandes maladies du veau. - Connaître les objectifs généraux de la conduite des génisses et leurs implications. - Connaître les particularités de la mise à la reproduction des génisses. - Savoir définir « fécondité », « fertilité » et citer leurs indicateurs respectifs. - Connaître les stratégies de reproduction des vaches laitières au niveau troupeau et les objectifs. - Connaître les principes de l’abord des mammites et des boiteries. - Connaître les principes de tarissement d’une vache et les objectifs à atteindre. /!\ Ce cours a été réalisé rapidement par la prof, certaines parties qu’elle n’a pas jugé pertinente ne sont pas présentes dans ce CM. Pour les plus curieux vous pourrez les voir sur le poly des RHM ou encore sur les diapos de Mme Ledoux. Page 1 sur 18 ER_Zoot_CM05_La conduite du troupeau laitier_Ledoux_SIF Introduction et définitions Conduite des animaux : Action d’accompagner, de guider un animal selon des pratiques et des techniques. Technique : Ensemble ordonné d’opérations ayant une finalité de production (recette de cuisine). Pratique : Manière habituelle d’agir dans la mise en œuvre d’une opération technique. C’est la manière dont l’éleveur agit, il y a donc autant de pratiques que d’éleveurs (manière de faire la recette). Si on nous interroge sur les pratiques à mettre en œuvre pour limiter les risques, il faudra regarder les faisabilités à mettre en place celles-ci, notamment dans le cadre du suivi d’élevage. On pourra alors faire de la prévention pour améliorer la santé de l’élevage et dans le cas d’un audit ponctuel, réaliser des actions curatives. Sous-ensemble ou sous-unité de troupeau : groupe de même sexe ou de même âge. Unité de conduite : Ex : conduite du troupeau de production, conduite des veaux. Une observation par sous-unité permet d’être plus précis. Par exemple, si on voit qu’il y a des cellules dans le troupeau, cela ne va pas nous aider, alors que si on voit que ce sont seulement les multipares qui présentent des comptages cellulaires élevés, on peut plus facilement trouver la bonne pratique. I. Composition du troupeau et carrière d’une vache laitière A. Composition du troupeau Le troupeau est composé de plusieurs catégories de vaches, différenciées selon leur âge et leur lactation : Des vaches traites (≈ 650 kg) : on retrouve leur recensement et leurs résultats dans les documents de l’OCP (Organisme de Contrôle des Performances = Contrôle Laitier) ou dans ceux du robot. Elles se situent soit en bâtiment, soit en pâture, mais toujours à proximité de la machine à traire. Ce sont des vaches en production. On les divise en deux groupes : - Vaches primipares : La première lactation est en cours (rang de lactation = 1) - Vaches multipares : au-delà d’une lactation (rang de lactation > 1) Des vaches taries (650 kg) : elles ne sont plus traites. Elles sont répertoriées sur les documents de l’OCP. Les vaches taries sont souvent laissées en pâture loin du bâtiment et donc sans surveillance étroite. Or, 25 % des problématiques des VL (notamment troubles métaboliques) apparaissent autour du péri-partum. En période hivernale, elles se retrouvent dans les bâtiments. Elles sont soit : - Gestantes, en attente de vêlage (= période sèche), entre 2 lactations - Proches de la réforme, en attente d’être vendues comme vaches maigres ou en bonne forme après une phase d’engraissement Des génisses prévues pour le renouvellement : de 3 mois (90-100 kg) à la première mise à la reproduction (400 kg), entre 12 et 15 mois, (350 kg pour les Brunes et 450 kg pour les Prim). Leur recensement se retrouve dans l’inventaire de l’exploitation. On les retrouve en bâtiment ou en pâture selon leur âge. A partir de 8 semaines, les veaux et génisses sont obligatoirement élevés en groupe. C’est le 1er lot. Des génisses de renouvellement inséminées : de la première mise à la reproduction au 1er vêlage. Elles ont entre 15 et 24 mois et rejoindront le troupeau de vaches traites dès leur vêlage. Elles se situent en bâtiment (proche du vêlage et en période hivernale) ou en pâture. Elles sont présentes dans l’inventaire de l’exploitation C’est le 2ème lot. Page 2 sur 18 ER_Zoot_CM05_La conduite du troupeau laitier_Ledoux_SIF Des veaux femelles = velles : de 0 jour à 2-3 mois (date du sevrage) destinées à devenir des génisses de renouvellement, souvent élevées en nurserie. Un veau femelle n’est pas encore sevré et pèse à la naissance 35/40 kg (20-25 kg pour les Tarines et 40-45 kg pour les Prim) et 100 kg maximum à 3 mois. On retrouve leur nombre dans l’inventaire de l’exploitation (par l’établissement départemental d’élevage (EDE), répertoriant les naissances et morts). Il faut déclarer la naissance dans les 7 jours suivant la mise-bas. Des veaux mâles : De 0 à 8-15 jours, ils sont destinés, en élevage laitier, à la vente pour l’engraissement aux marchands de bestiaux. Ils entrent dans la filière veaux de boucherie à partir de 10 j (étudiés dans les cours d’élevage monogastrique en A4). Ils se situent dans l’inventaire et physiquement dans la nurserie. Rq : Certains laitiers gardent des veaux issus de croisement allaitant (Charolais, Limousin, etc…) pour produire du veau nourrit au lait (à ne pas confondre avec le veau sous la mère). Le nombre de veaux mâles diminue car les éleveurs ont accès aux paillettes sexées (3 fois plus cher !). Conclusion : L’élevage laitier est une filière femelle ! Il y a donc peu de mâles, sauf en paillettes ou en veaux de boucherie. B. Carrière d’une vache laitière Carrière d’une vache laitière : période depuis sa naissance jusqu’à sa réforme ou la mort de l’animal. Elle comprend les cycles de lactation. La vie d’une VL (explication de la frise) : Une génisse est inséminée aux alentours de ses 15 mois pour vêler entre 24 et 33 mois (à 2-3 ans). Elle est ensuite ré-inséminée au cours de sa lactation. À la suite d’un vêlage, à chaque début de lactation, il y a une période d’attente de 45 à 50 jours, correspondant au temps entre le vêlage et la première insémination artificielle (IA1) - qui n’est pas toujours fécondante (IAF). Cette période permet l’involution utérine au niveau macro/microscopique et la reprise de cyclicité. Attendre deux œstrus permet une meilleure retenue de l’ovocyte grâce à la progestérone (P4), et améliore la probabilité d’avoir une IAF. Entre chaque IAF, on attend 21 jours (= un cycle ovarien). Après plusieurs lactations, le bovin est réformé. Rappel : Le rang moyen de lactation en France est de 2,5, toutes races confondues. L’âge moyen d’une vache française est de 5 ans. Les plus grosses Holstein : 700 kg / Jersiaises 450-500 kg (poids mesurable avec un ruban thoracique). Rq : Connaître le poids du bovin permet d’être plus précis dans la prescription des médicaments, limitant notamment l’antibiorésistance. Page 3 sur 18 ER_Zoot_CM05_La conduite du troupeau laitier_Ledoux_SIF II. La conduite des veaux A. Particularités du veau laitier Les veaux mâles laitiers sont vendus dès 10 j, pour aller en atelier de veaux de boucherie pour ~50 à 150 € pour ~50 kg. Ces bas prix expliquent la faible importance des veaux mâles en filière laitière. In utero et à la naissance, le système immunitaire du veau est complet et immunocompétent (dès 200 jours de vie in utero), avec la production d’immunoglobulines. Mais le système immunitaire est très faiblement stimulé car l’environnement fœtal est stérile et il n’y a pas de transfert transplacentaire d’anticorps maternels (placentation épithéliochoriale). Il va être stimulé seulement en présence d’agents pathogènes ayant un tropisme utérin : la BVD, certains Herpesvirus, les Neospora, les Leptospira. Le fœtus synthétise alors des Ac grâce à son système immunitaire compétent, mais ces agents pathogènes engendrent souvent des avortements. Le fœtus est aussi dans un environnement comportant des molécules immunosuppressives. Ces molécules empêchent le rejet de ce « corps étranger » de la mère. Au moment du vêlage, une décharge importante du cortisol fœtal par l’action de l’axe hypothalamo-hypophysaire corticosurrénalien fœtal déclenche le pare. Le cortisol est immunosuppressif. Ainsi, le veau nait pratiquement agammaglobulinémique i.e. sans anticorps protecteurs (0,29 g/L d’Ig circulantes dans le sérum du veau vs. 20-25 g/L chez un adulte). Le veau a 100 fois moins d’Ig circulantes dans son sérum à sa naissance que dans celui de sa mère. « Placenta fœtal » : Photo d’une délivrance : placenta fœtal, expulsé par la vache dans les 12h suivant le vêlage. On voit les cotylédons fœtaux, qui s’engrènent dans les caroncules maternelles. « Placenta maternel » : Photo d’une pièce d’autopsie d’utérus maternel ouvert : on visualise les caroncules maternelles de grosse taille qui se sont développées durant la gestation (elles sont présentes même quand la vache n’est pas gestante, mais elles sont bien plus petites). Elles ont un aspect de boutons sur l’endomètre de l’utérus. Photo d’un cotylédon : La partie translucide correspond à la partie fœtale trophoblaste. A l’intérieur, c’est la partie caroncule maternelle. La partie rose appartient au foetus, et la partie saumon à la mère. On remarque qu’elles s’engrainent complètement l’une dans l’autre. Au moment de la délivrance, il y a une nécrose par infirmation et ces deux éléments se détachent. [Rappel Endo] : 6 couches séparent le sang maternel du sang fœtal chez la vache => pas de passage d’anticorps maternels. La première immunité protectrice correspond à l’immunité passive, apportée par les anticorps du colostrum. Le veau débute son immunité systémique propre à partir de 3 semaines. La bonne prise colostrale est une étape décisive pour le transfert de l’immunité passive, limitant les maladies néonatales du veau. C’est une priorité dans la conduite du veau laitier. Page 4 sur 18 ER_Zoot_CM05_La conduite du troupeau laitier_Ledoux_SIF La seconde particularité du veau laitier est la séparation précoce avec la mère en atelier lait : - Soit après la première buvée du colostrum (le veau tète sa mère, le transfert de l’immunité est donc en général alors effectué). - Soit dès la naissance : sans première buvée, le colostrum est distribué par l’éleveur. Cette deuxième méthode à l’avantage de contrôler la distribution, on est sûr qu’il a été donné et bu. Cependant la majorité des bovins vêlent en soirée ou tôt dans la matinée, moment où l’éleveur n’est pas présent. Cette technique de séparation précoce permet d’empêcher les risques pathogéniques, d’empêcher un attachement de la vache pour son veau et de préserver la qualité du lait. Mais cette conduite est remise en question. Remarque : Des études menées par l’INRAE s’intéressent à l’impact de la vie non séparée du veau et de sa mère sur la capacité de production de lait, sur le BEA du veau et de la vache et sur la croissance et la santé du veau. Pour minimiser le stress de séparation : séparer le plus tôt possible, ou après 3 mois. La quantité de lait et la qualité sont toujours impactées négativement, quel que soit le moment de la tétée (avant ou après la traite), mais pourraient être compensées par la croissance des veaux. B. Gestion du transfert de l’immunité (à bien connaître !) Si le transfert est mal effectué, cela peut engendrer des maladies graves chez le veau. C’est donc une priorité dans la conduite du veau laitier. 1. Les caractéristiques du colostrum Le colostrum est un liquide épais, jaune, plus riche en matière sèche que le lait. Par rapport au lait, le colostrum contient : 2 fois plus de MG 5 fois plus de MP 10 fois plus de vitamine A Au moins 50 g d’Ac/L (des IgG à 89 %, dont 85 % d’IgG1), alors qu’il n’y a que des traces dans le lait. Le colostrum permet ainsi un apport d’énergie, de protéines, de vitamines A (protecteur des épithéliums) et d’anticorps donc d’éléments nutritifs essentiels. Cependant, la teneur en IgG colostrales diminue très rapidement : en 12h, il va perdre la moitié des IgG. Après 24h de vie, on observe la fermeture totale de la barrière intestinale chez le veau. La perméabilité des cellules épithéliales de l’intestin grêle aux Ac diminue : à sa naissance, le veau absorbe 100 % des Ac mais plus que 50 % au bout de 12h de vie. Certains Ac ne passent plus la barrière intestinale mais ils peuvent protéger la muqueuse intestinale. L’action du colostrum au-delà de 24h sur les diarrhées néonatales reste donc efficace. 2. Le Transfert de l’Immunité Passive (TIP) Le bon transfert de l’immunité passive est assuré si : ➔ Avant 7-8 jours de vie, dans le sérum du veau, on a un taux supérieur à 10 à 15 g d’IgG /L. L’optimum se situe à 25 g/L. ➔ Le veau a une ingestion précoce de 150 à 200 g d’Ig au minimum. L’optimum se situe autour de 300 g d’Ig. Si un bon TIP n’a pas eu lieu, le risque de morbidité et de mortalité chez le veau augmente fortement. Page 5 sur 18 ER_Zoot_CM05_La conduite du troupeau laitier_Ledoux_SIF La mesure des IgG dans le sérum du veau n’est pas facile à réaliser, mais il existe une corrélation entre les protéines totales et la quantité d’IgG. 3. Evaluation du TIP (transfert d’immunité passive) L’évaluation du TIP permet d’identifier des facteurs de risques, notamment en cas de maladies néo-natales récurrentes (gastro-entérites néonatales, problèmes respiratoires). Cette évaluation est non systématique et se fait en 3 étapes. En revanche, l’éleveur contrôle systématiquement la qualité de son colostrum (cf. après). Étape 1 : Évaluer le niveau d’immunité des veaux (entre 6h et 7j post-vêlage) On fait donc le diagnostic au niveau du groupe pour conclure sur le niveau d’immunité des veaux du troupeau. Une corrélation forte (r2 = 0,8) existe entre la quantité sérique de protéines totales et la concentration dans le sérum en IgG. Ainsi, il est facile d’évaluer l’immunité chez les veaux d’élevage (Mesurer les protéines totales ne coûte pas cher à l’éleveur et peut se faire au chevet de l’animal, contrairement aux dosages des IgG qui se fait en laboratoire grâce à une électrophorèse des protéines pour les dissocier) : ➔ Si la concentration en protéines totales sériques est supérieure à 55-60 g/L alors la concentration en IgG totale est supérieure à 10-15 g/L : l’immunisation est convenable. (Objectif : 80 % des veaux minimum). On réalise la mesure dans le sang via d’un réfractomètre de Brix (50-80 €) ou manuel (servant aussi pour évaluer la qualité du colostrum) à la ferme ou au cabinet : 1. Prise de sang sur tube sec sur plusieurs veaux entre 0 (6h après la prise colostrale) et 7 jours 2. Centrifugation 3. Mesure des protéines totales sur le sérum avec un réfractomètre (analyse = 0 €) Évaluation de la qualité du TIP pour différentes méthodes de dosage des Ig sériques (thèse véto Lyon 2019) Tableau : lien entre le nombre d’animaux et leur quantité d’Ig sérique et son équivalence en degrés Brix pour connaître la quantité de protéines sériques totales (PST). Ex : Il est souhaitable d’avoir plus de 40 % des veaux à un niveau excellent, soit au-delà de 62 g/L de protéines totales. La conclusion est plus précise sur des élevages ou les vêlages sont regroupés et nombreux. Rq : A chaque naissance, dans le suivi de troupeau, on effectue ou on forme l’éleveur à la prise de sang pour contrôler ce TIP. ❖ Si l’étape 1 est non satisfaisante (si l'immunité des veaux (80 %) < au taux recommandé) : Problème de qualité du colostrum des mères : Objectif = colostrum > 50 g/L IgG Problèmes des pratiques de l’éleveur : règle des 5 Q (cf. étape 3) Problème individuel lié au veau Problème dû à l’environnement (ex : climat) Page 6 sur 18 ER_Zoot_CM05_La conduite du troupeau laitier_Ledoux_SIF Étape 2 : Identification du facteur explicatif du déficit en TIP ❖ Qualité du colostrum des mères  Objectif : Concentration du colostrum en protéines totales (≈ IgG) supérieure à 50 g/L. Pour estimer la qualité du colostrum, on dispose de plusieurs outils : Un pèse-colostrum (le plus utilisé en élevage) : tube disposant de 3 niveaux (vert, jaune, rouge) et contenant un flotteur qui mesure la densité du colostrum lorsqu’il y est plongé. Ce test est très qualitatif : il est lié à la densité du colostrum et pas vraiment à la concentration en IgG. Lorsqu’on est dans le vert, le colostrum est de bonne qualité (> 50 g/L). Mais attention, ce test peut être influencé par l’ambiance extérieure : Idéalement, il faut le réaliser à 20°C (rarement le cas). Ce test à tendance à surestimer la qualité du colostrum. Il faut demander que tous les colostrums soient dans le vert avant la distribution. C’est un outil pratique mais peu fiable. Un réfractomètre degré Brix ou manuel (à visée optique) : il sert à mesurer la densité du colostrum. Le colostrum doit atteindre une valeur de 22 % degré Brix = 50 g/L (utilisé en élevage et en clinique vétérinaire). Cet outil est plus robuste et plus précis qu’un pèse colostrum et son utilisation est optimale pour l’obtention des résultats en élevage. Des analyses de laboratoire : analyses de référence pour évaluer directement la quantité d’Ig dans le colostrum (sans passer par une équivalence en protéines totales), qui a un coût et qui présente un délai d’attente pour le résultat. On réalise une électrophorèse des protéines, ELISA, IDR (ImmunoDiffusion Radiale).  Leviers d’action pour obtenir un colostrum de bonne qualité : Gestion de l’alimentation des vaches taries, surtout en 2ème partie du tarissement (3 dernières semaines) car c’est à ce moment-là que les troubles métaboliques sont les plus présents chez les VL (25 % des maladies du péripartum). Prévention des maladies du péripartum. Augmentation de la concentration des IgG grâce à la vaccination des mères. Si cette qualité est atteinte mais que les veaux sont tout de même mal immunisés, il faut questionner l’éleveur sur ses pratiques. ❖ Enquêter sur les pratiques de l’éleveur (à bien connaître) Pour assurer un bon transfert de l’immunité aux veaux, l’éleveur doit respecter la règle des 5 Q : Quality : Donner du colostrum de bonne qualité => 50 g/L de protéines totales ; sain. Avec bonne qualité sanitaire (Quite Clean < 100 000 cfu./mL, les germes). Le lait d’animal malade et celui contenant trop de germes n’est pas à donner aux veaux. Il est d’ailleurs conseillé à l’éleveur de posséder une banque de colostrum congelé si ses vaches sont en mammite au moment du vêlage. Quantity and Quantify : Donner en bonne quantité. Le volume dépend de la qualité du colostrum et du poids du veau (donner 10-12 % du poids vif du veau). Quickly : Précocement = < 12h dont 2L < 6h (idéalement 2h post-partum, ou vérifier qu’il a bu 2L dans les 6h). Si le veau est en bonne santé, il tétera sa mère sans accompagnement de l’éleveur au vêlage. Mais s’il est faible et que la vache vêle dans la nuit ou sur une période où l’éleveur n’est pas présent, il sera impossible de donner le colostrum dans les 2h. Il faudra alors être vigilant aux conseils donnés en termes de faisabilité !  Rq : Pour vérifier que le veau a tété : on pose nos mains de part et d’autre de ses flancs, et on les rapproche pour appuyer sur sa caillette et faire une succussion trans-abdominale. Si on a une résistance avec un bruit liquidien, c’est que la caillette est pleine. L’inconvénient est que l’on ne connaît pas la quantité bue. Page 7 sur 18 ER_Zoot_CM05_La conduite du troupeau laitier_Ledoux_SIF Lors de l’enquête, il faut poser les bonnes questions à l’éleveur : Moment de la séparation : avant ou après la prise du colostrum (facile à quantifier dans le cas où elle a lieu avant car c’est l’éleveur qui lui apporte la quantité bue, sinon il vérifie avec la succussion). Moment de collecte du colostrum et distribution (au-delà de 12h ? ex : si le colostrum est trait, et que la vache vêle après cette traite du soir à 18h, elle est traite le lendemain à 6h et on a déjà perdu 12h, donc une bonne quantité d’IgG). Quantité de colostrum prélevée et distribuée Qualité du colostrum Type de colostrum : a priori celui de la mère, mais il peut arriver qu’il y ait un problème au vêlage, que la vache n’ait pas la capacité de le délivrer ou bien qu’il s’agisse d’une génisse qui ne produit pas assez de lait. Il peut donner un colostrum congelé qui était de bonne qualité pour favoriser le TIP. On peut aussi donner du colostrum de remplacement (lyophilisé en poudre avec une [IgG] fixée) fabriqué par un industriel, yaourtisé (= fermenté) ou frais (issu d’une autre vache qui a aussi vêlé) dans lequel les IG sont intactes et fonctionnelles. Conditions de conservation et décongélation du colostrum en cas de déficit en colostrum d’une vache qui a vêlé.  Il faut privilégier le colostrum provenant de vaches issues du troupeau pour profiter des anticorps produits contre les maladies les plus présentes dans l’élevage car les IgG apportés par les colostrums de remplacement industriels ne couvrent pas les agents pathogènes rencontrés dans l’élevage.  La décongélation se fait au bain marie et la distribution à 38°C, car si la température dépasse 40°C lors de la décongélation, il y a destruction des anticorps.  On ne décongèle jamais au micro-onde (destruction des anticorps). L’éleveur connaît ses veaux, il faut également l’observer car il ne voit pas forcément ses problèmes pratiques. C. La croissance du veau jusqu’au sevrage Tout une partie n’a pas été vue en CM, jugée non importante (cf. RHM)  L’objectif zootechnique (= théorique) de croissance d’un veau est un GMQ de 900 g/j jusqu’à 6 mois. Le sevrage = arrêt total progressif de l'alimentation lactée pour l'alimentation solide, entre 8 et 12 semaines et est très important à surveiller parce que c'est une période stressante qui peut être à l'origine de diarrhées et de BPIE (BronchoPneumonie Infectieuse Enzootique). A 3 mois, les veaux femelles deviennent génisses. Le sevrage dépend du poids du veau. Pour que la proportion du rumen soit suffisante pour assurer l’objectif du GMQ, le veau doit peser : Au moins 90 kg pour un sevrage précoce à 8-9 semaines Environ 100 kg pour un sevrage tardif à 12 semaines. En pratique, la transition se réalise en diminuant la quantité de lait sur 2 semaines (passage de 2 à 1 repas) et en augmentant l’apport de concentrés, pour atteindre 2 kg par jour. /!\ Durant la période de sevrage, il est important de ne rien faire d’autre que le sevrage ! Ce n’est pas le moment de l’ébourgeonnage (éviter toutes formes de stress !). Pour info : Lorsqu’on parle de sevrage en filière allaitante cela correspond au sevrage de la mère, à leur séparation et non pas à l’arrêt de l’alimentation lactée. Le broutard de 9-10 mois tête alors très peu. D. Le logement (cf. Cours sur le logement des bovins laitiers) E. Les pathologies du veau (cf. TD et cours A4) Les maladies dominantes du veau sont multifactorielles et influencées par la conduite d’élevage : Omphalite (appelée maladie du "gros nombrils" en élevage) : inflammation/abcès du nombril = "cordons". La masse peut être extra-abdominale et due à plusieurs types d’omphalites : omphalo-phlébite (infection de la veine ombilicale), omphalo-ouraquite (inf. de l’ancienne vessie) ou omphalite artérite (inf. des aa. suivant le cordon ombilicale). Page 8 sur 18 ER_Zoot_CM05_La conduite du troupeau laitier_Ledoux_SIF Gastro-entérites néonatales : infectieuses (E. coli, rotavirus, coronavirus…), parasitaires (strongles, giardia, coccidies) ou alimentaires (les plus nombreuses, qualité, quantité du lait) causant des diarrhées. BPIE = Broncho-Pneumonie Infectieuse Enzootique, troubles respiratoires. On prévient les risques via un bon soin du cordon (désinfection à l’iode dilué à 10 % jusqu’à assèchement), une maîtrise du TIP et une bonne hygiène du box de vêlage et du bâtiment (nurserie) en général. Rq : Dans un bilan sanitaire d’élevage, un taux de diarrhées supérieur à 15 % est un facteur d’alerte. F. La conduite du troupeau de renouvellement L'élevage des génisses correspond à l'auto-renouvellement. L'ensemble des génisses de renouvellement forme le pré-troupeau, subdivision du troupeau total que l'on retrouve dans 95 % des élevages français. Il constitue l’avenir du troupeau. Les génisses sont très importantes dans un élevage car elles coûtent environ 1500 €/an, alors qu’elles vont être rentables seulement 3 ans après. a) Auto-renouvellement Ce mode de fonctionnement présente des avantages primordiaux : Il permet la mise en place d’un schéma de progression génétique mené par l'éleveur avec des objectifs qui lui sont propres. Il réduit l'arrivée d'animaux venant de l'extérieur ce qui limite grandement l'introduction de potentiels agents pathogènes auxquels le troupeau n'a jamais été exposé et contre lesquels il ne possède pas d'immunité. On définit le taux de renouvellement (TR) : ➔ Si l'effectif du troupeau est stable, le TR est assimilable au taux de réforme et au pourcentage de primipares. On introduit autant de génisse que les vaches sont réformées. Ex : pour un troupeau composé de 60 vaches présentes dont 15 primipares, TR = 25 %. La plupart des élevages français ont un faible taux de renouvellement, de l’ordre de 15 - 20 % (on considère qu'il est élevé lorsqu'il atteint 25-40 %). Un faible taux de renouvellement induit : Une progression génétique assez lente. Un coût d'élevage moindre puisqu’il y a moins de génisses en proportion. Moins on intègre de génisses dans l’élevages moins on sort de vaches, et plus le coût de la période génisse est limité par rapport au temps long de sa période vache. Un rang moyen de lactation plus élevé puisque les vaches restent plus longtemps dans le troupeau. Plus le taux est faible, plus la longévité est importante. Un tri des vaches à réformer moins sévère et inversement pour ce qui est des génisses à conserver. Page 9 sur 18 ER_Zoot_CM05_La conduite du troupeau laitier_Ledoux_SIF b) Objectifs généraux Les objectifs de la conduite des génisses sont : Maîtriser l'âge au vêlage afin de maîtriser le temps d’élevage des génisses (coûteux). Assurer la longévité des génisses dans le troupeau laitier. On veut qu’elles restent le plus longtemps possible dans le troupeau pour que la période improductible du temps génisse qui coûte mais qui ne rapporte rien soit la plus faible possible. On veut des génisses robustes et résilientes. Assurer les lactations à venir. On veut des génisses productives. Tout cela permet d’assurer l’avenir du troupeau. La maîtrise d’une croissance optimisée est la clé de la réussite de ces objectifs. En effet, une bonne croissance est en lien avec le déclenchement de la puberté, la capacité de fertilité des génisses (fabrication d’ovocytes fécondables), un développement corporel optimal qui va jouer sur les capacités de la génisse à vêler facilement, ingérer correctement et avoir un développement mammaire qui permettra de bonnes lactations. On devra pour cela avoir une bonne maîtrise de la conduite alimentaire et de la gestion sanitaire. Importance d’une croissance optimisée sur la vie de la vache laitière Les courbes de croissances sont différentes selon si l'éleveur a pour objectif d'avoir des vaches qui vêlent précocement (Holstein) ou tardivement (Abondances). Les objectifs et points de repère de croissance sont : - A 6 mois, une génisse doit peser environ 200 kg (GMQ = 900 g/j les 6 premiers mois) - Le GMQ doit être entre 600 g/j (pour un vêlage tardif à 36 mois (à 3 ans)) et 800 g/j (pour un vêlage précoce à 24 mois) passé 6 mois. mois Objectifs de croissance en fonction de la stratégie de vêlage Page 10 sur 18 ER_Zoot_CM05_La conduite du troupeau laitier_Ledoux_SIF Rq : Si le GMQ est trop faible, les défauts de croissance ne pourront pas être rattrapés par la suite. Pour info : sur VAT sont disponibles des documents pour avoir plus de détails sur les poids attendus des génisses en fonction de la race (Prim, Montbéliarde, Normande) et de l’âge. Ce poids est relié à la corpulence (tour de poitrine) et converti grâce au ruban barométrique. Les 3 critères pour la mise à la reproduction des génisses sont : Puberté (= fonctionnement du cycle oestrien) plus la vache est typée laitière, plus la puberté sera précoce. Atteinte autour de 40 à 45 % du poids adulte soit entre 9 et 10 mois chez les Prim’Holstein. Atteinte autour de 50 % du poids adulte soit entre 13 et 16 mois chez les Montbéliardes. Rq : Tous les retards de puberté rencontrés ont pour causes des problèmes alimentaires. Mise à la reproduction : les génisses doivent être environ entre 60 % et 2/3 du poids adulte (≈ 420/450 kg) au moment de la mise à la reproduction, ce qui correspond à une première IA à 14-16 mois pour un vêlage à 24-26 mois ou IA1 à 22-26 mois pour un vêlage à 32-36 mois. L'appareil génital doit être intègre et compter au moins deux cycles ovariens (chaleurs), vérifiable grâce à une fouille (+/- échographie), le contrôle ayant lieu le plus souvent à 15 mois. La réussite de l’IA augmente si les 2 cycles oestriens se sont déroulés avant l’IA (l’utérus a été baigné 2 fois par de la progestérone). Aujourd’hui, le vétérinaire intervient très peu dans le pré-troupeau pour des raisons économiques. Néanmoins, si la profession met en place des suivis de pré-troupeau, le vétérinaire pourrait, à l’avenir, détecter des anomalies chez les génisses, avant qu’elles ne deviennent des vaches. III. La conduite du troupeau des vaches en production A. Conduite de la reproduction La finalité de la reproduction des vaches en production consiste : Pour les génisses, à débuter un cycle de production. Pour les vaches, à assurer leurs lactations successives et à produire des veaux pour le renouvellement et la vente vers les ateliers d’engraissement. Fertilité : Aptitude d'une femelle à être fécondée au moment de la mise à la repro (tardive ou précoce). Elle correspond à la production d'ovocytes fécondables et à l’aptitude du tractus génital à accueillir des spermatozoïdes et le conceptus dans l’utérus. La temporalité reliée à la performance de fertilité correspond à l’intervalle entre la première insémination et le moment où la vache réussit à être gestante soit l’intervalle IA1-IAF. Rq : Si IA1 différente de IAF, il peut y avoir des défauts de performance de fertilité dans l’élevage, qui peut être dû à un problème de recyclicité femelle (non fécondable) ou un problème d’un mauvais environnement du conceptus (métrite, inflammation). Fécondité : Aptitude d'une femelle à mener une gestation à terme et à produire un veau dans les délais requis (1 veau par an). Elle dépend de : La fertilité Du délai d’attente volontaire (ou subi) de l’éleveur (entre le vêlage et la première IA) De la puberté et la reprise de cyclicité post-partum De l’expression et la détection des chaleurs /!\ La fertilité est englobée dans la fécondité ! Des problèmes de fécondité peuvent donc être expliqués par des problèmes de fertilité, ou d’autres problèmes comme une attente trop longue avant l'IA1 (mauvaise observation, pathologies de la reproduction, etc). La temporalité de la fécondité correspond à l’intervalle vêlage-vêlage composé de trois intervalles : vêlage-IA1, IA1-IAF, IAF-vêlage. Elle fluctue en fonction de leur durée tout en sachant qu’on ne peut pas agir sur le temps de gestation (IAF-vêlage). Page 11 sur 18 ER_Zoot_CM05_La conduite du troupeau laitier_Ledoux_SIF Entre le vêlage n et n+1 on a trois étapes majeures pour la bonne conduite de la reproduction : 1. Attente avant retour à la reproduction, pour assurer l'involution utérine et le retour de la cyclicité, sachant que la réussite à l'IA augmente avec l'imprégnation oestrogénique. 2. IA successives jusqu’à réussite (l’insémination fécondante IAF) 3. Préparation physique et nutritionnelle au vêlage n+1 lors du tarissement. Chronologie des évènements de reproduction d’une vache (sous-entend qu’elle a déjà vêlée). La mesure des performances de reproduction dépend de la fécondité et de la fertilité. Elles s’évaluent via plusieurs indicateurs présents dans le bilan de reproduction et évaluent la bonne conduite de l’éleveur.  L’évaluation des performances de fertilité : Le taux de non-retour en chaleur à 24, 60, 90 jours = TNR (≈ taux de réussite) : nombre de femelles non revenues en chaleur après l’IA1 / nombre de femelles mises à la reproduction. Le cycle ovarien de la vache est en moyenne de 21 jours, compris dans l’intervalle [18 ; 25 jours]. Par ailleurs, l’organogenèse est finie à 42 jours : entre 24 et 60 jours, on a le plus d’échec de fécondation par mortalité embryonnaire ou fœtale. Après 90 jours, le risque de mortalité fœtale est minime. On regarde donc le taux de non-retour en chaleur à 24 j, à 60 j et à 90 j ! Le document de bilan de reproduction ou de fécondité est délivré par le centre d’insémination et est construit à partir des dates d’inséminations faites par l’inséminateur. Lorsqu’il est rappelé pour une deuxième insémination sur la même vache, cela signifie qu’elle a présenté un retour en chaleur. Le taux de réussite en IA1 (TRIA1) = nombre de femelles gestantes à l’IA1 / nombre de femelles mises à la reproduction. Ce paramètre n’est pas toujours présent dans le bilan de reproduction car il implique que l’inséminateur fasse une échographie de contrôle du tractus génital (entre 28 et 32 j) pour confirmer ou non la gestation, ou qu’un dosage des protéines associées à la gestation soit réalisé. Le pourcentage de vaches prenant à 3 IA et plus : ce critère est très impactant pour la rentabilité de l’éleveur, car il rallonge d’autant plus l’IVV. Ce sont des vaches en échecs successifs (repeat breading) qui font s’écrouler les performances de fertilité de l’élevage car elle augmente l’intervalle IA1-IAF. Elles ont aussi un impact sur la fécondité (moins d’un veau par an). Le coefficient d'utilisation des paillettes = nombre d’IA nécessaire pour obtenir une gestation = nombre total d’IA / nombre de femelles mises à la reproduction. S’il est proche de 1, cela signifie que l’IA1 est quasiment systématiquement l’IAF. Si on se rapproche de 2, c’est qu’il a fallu au moins 2 IA, donc 2 paillettes par vache pour être fécondée. Le taux de gestation = nombre de vêlages sur la campagne de reproduction / nombre de femelles mises à la reproduction. Page 12 sur 18 ER_Zoot_CM05_La conduite du troupeau laitier_Ledoux_SIF L’évaluation des performances de fécondité dépend surtout de la fertilité. L’intervalle vêlage – IA1 = IVIA1 : délai d’attente volontaire de l’éleveur (involution utérine + reprise de la cyclicité) et détection des chaleurs. L’intervalle vêlage-insémination fécondante (IVIAf) = cet indicateur est précoce (pas besoin d’attendre que la vache vêle) pour l’évaluation de la fécondité et dépend de la fertilité. C’est l’intervalle vêlage-IA + l’intervalle IA-IAF, c’est-à-dire le délai d’attente pour la mise à la reproduction + les performances de fertilité des bovins. L’intervalle vêlage-vêlage (IVV) = cet indicateur est tardif pour l’évaluation de la fécondité (mais c’est souvent le premier qu’on analyse) et dépend de la fertilité. Il a une forte signification pour la rentabilité de l’éleveur. Rappel IVV = vêlage-IA1 + IA-IAF + IAF-vêlage (la gestation, sur laquelle on ne peut agir) L’âge au 1er vêlage = il traduit les performances de fécondité des génisses. Il est dépendant de sa puberté et de sa capacité à présenter deux chaleurs pour être inséminé sur sa 3ème. Rappel : Critères = paramètres qu’on donne ≠ Indicateurs = paramètres donnés avec leur seuil pour savoir si ce que l’on observe est plutôt bon ou mauvais. Les points de repères en pratique : o Pour la fertilité : Le taux de réussite en IA1 (toutes races confondues) est meilleur chez les génisses (60 % / Montbéliardes = 62 % / Prim Holstein = 47 %) que chez les vaches laitières (50 % / MTB = 58 %/ PH = 47 %). Les génisses n’ont pas de problème de déficit énergétique de début de lactation car elles n’en produisent pas encore et sont donc plus fertiles. Elles ont un TRIA1 meilleur de 10 points par rapport aux vaches en lactation. o Pour la fécondité : ▪ L'IVV moyen ~ 418 jours (PH = 423 j / MTB = 406 j), supérieur à la théorie de 1 veau par an. ▪ L’âge au 1er vêlage est de 31 mois (PH = 30 mois / MTB = 34 mois). ▪ Rq : Les résultats de performance de fertilité et de fécondité des vaches inséminées par un inséminateur par race, par région et par année des centres d’insémination français s o n t sur l’observatoire en ligne : Reproscope publié par l’IDELE. Cela nous servira de référence pour évaluer l’élevage qu’on aura en suivi. Indicateurs et objectifs de performances de reproduction pour un troupeau de vaches laitières /!\ Ce tableau n’est pas à apprendre mais à moduler en fonction du troupeau évalué et des objectifs de l’éleveur dans sa conduite de troupeau. Page 13 sur 18 ER_Zoot_CM05_La conduite du troupeau laitier_Ledoux_SIF Effet de la maîtrise de la reproduction sur le % de jours improductifs A partir de maintenant il s’agit du poly RHM. En effet, Mme Ledoux n’a pas eu le temps de finir ce cours, donc la suite ne sera pas au programme des partiels ! Attention : toutefois, certaines informations suivantes seront données en TD et donc à apprendre ! Stratégies de reproduction : Vêlages groupés Vêlages répartis homogènes Objectifs ▪ → Optimiser la production laitière, le pic de → Favoriser une saison de production laitière (lait d’été mieux payé qu’au printemps) pour produire sur une période lactation, le potentiel génétique d’intérêt (ex : valoriser l’herbe) → Obtenir des revenus homogènes sur ▪ → Favoriser un atelier saisonnier (maraîchage, apiculture) L’année et souvent moins produire pendant cette période (ex : polyculture et production de cerises = tous les vêlage auront lieu après la période de cueillette des cerises) Méthode → Période de mise à la reproduction fixée (les vaches → Mise à la reproduction tardive, pas de doivent être fécondables au moment voulu et ne pas présenter période de reproduction fixe trop de pb de fertilité, de reproduction ou de déficit = insémination au moment le + fertile énergétique de début de lactation) → Accepter un taux de réforme pour infécondité élevé (12%) (au lieu de les réformer pour des pb sanitaires ou d’âge) Conditions → Troupeau de vaches moyennes productrices et → Troupeau de vaches hautes productrices performances de reproduction non dégradées = pas de avec performances de reproduction non déficit énergétique trop important optimales en début de lactation = fort déficit → Le vêlage groupé est un choix de conduite de l’éleveur énergétique → Les contraintes sont moindres, peu importe la durée de l’IVV ou les performances de fécondité (pas trop dégradées quand même) Page 14 sur 18 ER_Zoot_CM05_La conduite du troupeau laitier_Ledoux_SIF B. Conduite sanitaire (cf PathoBet en S7) Il y a 3 maladies principales typiques d’élevage : les troubles métaboliques traités en alimentation d’ER, les mammites et les boiteries. 1. Les mammites Les mammites peuvent être cliniques ou subcliniques, la méthode de diagnostic sera donc complètement différente selon le cas : Une mammite clinique (noté dans le registre sanitaire) se manifeste au travers de signes apparents généraux tels qu’une hyperthermie et de l’abattement voire un décubitus ; et locaux comme une induration de la mamelle, celle-ci devenant également rouge (œdématié) et chaude et produisant un lait à l’aspect modifié (plus translucide, avec des grumeaux). L’atteinte générale ou locale dépend de l’agent pathogène en cause. Rq : Il est courant de ne voir l’infection que sur un quartier. Lors d’une mammite subclinique (pas noté dans le registre sanitaire mais elle sera soignée au moment du tarissement) en revanche, il n’y a pas de signe apparent donc il faut faire des examens complémentaires pour la diagnostiquer, notamment le comptage cellulaire somatique du lait (augmentation des cellules inflammatoires et épithéliales dûe à l’inflammation). La mammite subclinique ne dégrade pas le lait. On distingue également les mammite aiguë et mammite chronique en lien avec la temporalité. Cette distinction se base sur le comptage cellulaire somatique individuel pour évaluer le temps que la vache reste au-dessus du seuil d’infection (aiguë si elle dure 1 à 2 mois consécutifs au-dessus d’un certain seuil, chronique si elle dure plus de 3 mois). On peut aussi mesurer la quantité de cellules somatiques dans le lait de tank. Mammite aigue: –Primipares : CCI > 150 000 cell/mLpdt 1 à 2 mois consécutifs –Multipares : CCI > 250 000 cell/mLpdt 1 à 2 mois consécutifs. Mammite chronique: –Primipares : CCI > 150 000 cell/mLpdt ≥ 3 mois consécutifs –Multipares : CCI > 250 000 cell/mLpdt ≥ 3 mois consécutifs. Ces mammites sont à l’origine de pertes économiques avec une grosse perte quantitative et qualitative de production laitière car il y a perte du lait issu de vaches atteintes dont la production n’est pas livrable (augmentation du CCS). Les traitements antibiotiques sont pour la plupart coûteux (environ 70€/vache/lactation et environ 600€ pour réduire les mammites), occasionnant donc une sur-perte économique. De plus un traitement induit un temps d’attente augmentant d’autant plus la perte. D’après une étude, l’éleveurs perd 224 euros pour un cas de mammite clinique. Dès qu’il y a inflammation de la mamelle (autour de 100 000 à 150 000 cellules en fonction du type de vache) il y a déjà une perte de lait (dysfonction des glandes mammaires). Les documents d'élevage permettent d’extraire plusieurs critères de suspicion de mammites : CCS moyen du tank (doc de laiterie, c’est un critère au niveau du troupeau dont le lait est livré) → suspicion de mammites sub-cliniques dans le troupeau. CCS moyen du troupeau (doc OCP donc c’est un critère au niveau du lait produit) → suspicion d’infection intra-mammaire. CCS individuels (doc OCP, c’est un critère au niveau individuel des vaches traites) → infection avérée. Nombre de traitements mis en place (registre ou bilan sanitaire d’élevage) → mammites cliniques. Indicateurs d’infection intra-mammaire (seuil reliés aux modalités de paiement du lait : bonus/malus). On considère que le troupeau est atteint (seuil d’infection troupeau) lorsque : Le CCS moyen Troupeau est > 200 à 250 000 cellules/mL Page 15 sur 18 ER_Zoot_CM05_La conduite du troupeau laitier_Ledoux_SIF Ou quand plus de 15% des vaches ont un CCSI > 300 000 cellules/mL On considère qu’une vache est infectée (seuil d’infection individuel) quand : Son CCSI > 150 000 cellules/mL chez une primipare Son CCSI > 200 000 cellules/mL chez une multipare Seuil économique :si CCS > 250 000 cellules/mL dans le tank alors il y aura pénalité sur le paiement du lait. Pour prévenir les infections intra-mammaire, il faut agir sur les facteurs de risque sur deux niveaux : ➔ Prévenir des nouvelles infections (une vache se contamine sans transmission inter congénère) : Problèmes d'hygiène du bâtiment ou lors de la traite. La conduite post traite est aussi très importante car elle est liée au fait que si on laisse un bovin après la traite, il va pouvoir se coucher dans un environnement forcement non stérile, on augmente le risque de contamination ascendante par l’environnement (la litière) car le sphincter (barrière mécanique limitant la transmission ascendante des pathogène du sol vers la mamelle) n’est pas encore complètement refermé (30 minutes). Problème de confort. Si les logettes sont inconfortables, les vaches se couchent dans les aires d'exercice, qui sont beaucoup moins propres. Problème d'ambiance du bâtiment : plus l’humidité est importante et plus on a de prolifération bactérienne, moins il y a de ventilation et moins on élimine les agents pathogènes. Matériel de traite non-adapté et fonctionnel Rq : on retrouve les coliformes (E.coli) dans l’environnement et les Staph sur les mains de l’éleveurs (traite) ➔ Prévenir les contaminations entre vaches (on ajoute aux précédents les mauvaise conduites sanitaires) Comment se passe le traitement des mammites : l’éleveur est-il capable d’identifier les mammites ? Les traites-t-il ? Lesquels sont-ils ? Quelle est leur réussite ? - En lactation - Hors lactation : avant tarissement, 6 semaines de tarissement, contrôle après tarissement Avoir une bonne hygiène de pré-traite : Quel est l’ordre de traite des vaches ? Les vaches identifiées en mammites sont-elles traite à la fin ou au cours de la traite ? Les griffes sont-elles nettoyées entre les vaches ou après la traite ? Les trayons sont-ils nettoyés avant la traite ? … Généralement aucun éleveur ne prévoie des griffes spécifiques pour les vaches à mammites. 2. Les boiteries Boiterie : Démarche anormale qui résulte d’une blessure ou d’une maladie ou d’un inconfort d’un ou plusieurs pied(s) et/ou membre(s). Elles sont de trois types : infectieuse (ex : dermatite digitée), non infectieuse (ex : fourbure) ou mixte (ex : panaris ou fourchet). Ceci sera détaillé en pathobet dans les cours sur le pied. Tout d’abord, il faut savoir qu’un troupeau laitier sans boiteries n’existe pas (même si les vaches ne sont pas haute productrice comme en région AOP) mais que cela reste tout de même individu-dépendant (une vache peut ne jamais avoir de boiterie de sa vie) ! Les boiteries représentent la 3ème maladie des vaches laitières (après les mammites et les troubles de reproduction/ les troubles métaboliques). Elles ont une fréquence de 30 % et ont de graves conséquences économiques, de l'ordre de 265€ par vache quand on cumule les pertes de production et le coût des traitements. Une étude récente (Robcis et al. 2023) a montré qu’un cas de boiterie (tout type confondus) coûtait environ 310 €/an et environ 390 €/an pour un cas de dermatite digitée (Mortellaro due à des Tréponèmes omniprésents). Page 16 sur 18 ER_Zoot_CM05_La conduite du troupeau laitier_Ledoux_SIF Indicateurs de boiteries Seul le registre sanitaire répertorie les boiteries car elles sont cliniques, repérables. On va rechercher les prévalences, (la fréquence effective de vaches boiteuses) ou bien l’incidence (les nouveaux cas de vaches boiteuse) dans l’élevage. On utilise pour cela des grilles de notation en locomotion et en statique pour évaluer le degré de boiterie et estimer l'origine (infectieuse ou non). Les boiteries sont bien identifiées par le pareur, qui décrit et observe toutes les lésions. Les lésions sont étiologiques du type de boiterie qui nous permets ensuite d’identifier et d’associer ces dernières au facteur de risque correspondant (infection ou non voire mixte) afin de pouvoir correctement prévenir ces boiteries. L'habitat (hygiène et confort), l'alimentation (les acidoses engendrent des boiteries : fourbures) et la conduite sanitaire (parages prophylactiques, diagnostic et mise en place des traitements) sont les facteurs de risque sur lesquels il faut jouer pour prévenir l'apparition de boiteries. Rq : Le registre sanitaire est le seul document qui n'a pas un protocole de rédaction standardisé, sa fiabilité n'est donc pas optimale. Si on peut lire « boiterie », on est sûr qu'elle a eu lieu, mais si l’éleveur a oublié d’en renseigner, on ne pourra pas le savoir ou le vérifier. Pour info : Le site boiterie.fr réalisé par l’école de Nantes permet de distinguer les différentes boiteries. Les différents types de boiteries et leurs facteurs de risque IV. La conduite des vaches taries La conduite des vaches taries passe principalement par l'alimentation !!! Début du tarissement Conduite zootechnique : on arrête brutalement de traire la vache lorsque la vache fait moins de 12 kg de lait/jour (mais elle n’arrête pas brutalement de faire du lait), on n’attend pas que la glande mammaire s’arrête seule de produire (les cellules galactophores vont entrer en apoptose). On l’isole du troupeau mais surtout on l’éloigne de la machine à traire et des vaches traites pour qu'elle ne soit pas tentée d'aller se faire traire et pour minimiser les stimulations auditives qui favorisent l’éjection du lait. Conduite alimentaire : Cf cours alimentation Conduite sanitaire : Le tarissement étant la période critique pour la préparation de la lactation suivante, il faut minimiser le risque de mammite pendant l'involution mammaire. Pour apporter une sécurité importante, on peut mettre des bouchons dans le canal des trayons (Orbeseal®, Mammiseal®, ….) qui obstruent le passage à n’importe quel agent pathogène et augmente la barrière physique qui limite leur migration dans la mamelle qui vient d’être tarie. Attention, avant de mettre en place ce dispositif, il faut Page 17 sur 18 ER_Zoot_CM05_La conduite du troupeau laitier_Ledoux_SIF s'assurer que la mamelle soit saine sinon on s’expose à une infection très néfaste pour la lactation à venir !!!!! Aussi, il est important de gérer les vaches à mammites subcliniques par une identification du/des germe(s) en causes plus la réalisation d’un antibiogramme mais aussi de gérer les traitements hors lactation et disposer de seringue d’antibiotique intra mammaire. /!\ Toutes les vaches taries ne reçoivent pas d’intra mammaire à base d’antibiotique : celles qui ne présente pas de comptage cellulaire problématique, cela n’a aucun intérêt. L’antibiotique est là pour guérir et non prévenir l’infection. Ceci correspond au tarissement individualisé, sélectif en lien avec les examens complémentaires réalisé sur la vache. Cela nous permet de gagner sur l’antibiorésistance, sur les conseils et sur la fidélisation du client. Rq : Pour les vaches qui ont des comptages cellulaires élevés, c’est le moment de guérir et assainir la mamelle en injectant des antibiotiques intra-mammaire mais aussi en utilisant les bouchons. Pendant le tarissement (minimum 6 semaines) La conduite alimentaire étant primordiale pendant le tarissement, on fait des lots de début (moins regardant) et de fin de tarissement (soit de préparation au vêlage (3 semaines avant)) pour correspondre au mieux aux besoins des vaches et assurer la transition alimentaire avec une alimentation équilibrée. Il doit durer au minimum 6 semaines pour que la mamelle se régénère et puisse produire le colostrum 3 semaines avant le vêlage. Au niveau de la mamelle, le temps sans activité laitière ou colostrale est très court. Il est important qu’elles aient un logement spécifique ou une pâture pour être séparées des vaches de reproduction sinon elles gardent le réflexe d’éjection du lait. La préparation au vêlage L’objectif est d’éviter/limiter les troubles métaboliques péri partum (surtout subcliniques, notamment l’hypocalcémie, la cétose subclinique relative à un excès de production laitière avec un état d’engraissement excessif relié à une stéatose (dysfonction du foie à cause du trop-plein de lipides)) en étant attentif à l’alimentation et favoriser un bon démarrage en lactation pour que le veau naisse dans les meilleures conditions possibles et pour éviter que la vache ne développe une maladie métabolique en début de lactation. Pour voir si l’alimentation en lien avec le tarissement est bien gérée, on utilise des indicateurs, il faut que : La NEC soit stable au tarissement (elle ne doit pas s’engraisser !!!) entre 3,25 et 3,75 La capacité d'ingestion soit maximisée avec un remplissage du rumen (RR) ayant une note au moins supérieure ou égal à 4 (de 1 à 5). Les vaches en production on une note de 3. Rq : La note de RR s’obtient en observant la vache debout, en ayant comme point de repère le creux du flanc du côté gauche de l’animal. Ce creux du flanc va faire apparaître sur la vache un triangle plus ou moins prononcé. L’amplitude du triangle va déterminer la note de rumen. Une grille de notation a été réalisée de 1 à 5. Tout ça, c’est de la gestion alimentaire !! (cf cours alimentation) Conclusion Ce cours est à mettre en relation avec les enseignements de reproduction, d’alimentation et de PathoBet que l’on va avoir dans les années à venir. Il permet d’acquérir des connaissances pratiques sur les veaux, les génisses, les vaches laitières et les vaches taries. Ces connaissances nous permettront d’identifier les facteurs de risque et d’agir ensuite pour prévenir les anomalies détectées en élevage (maladies, performances zootechnique dégradées). Page 18 sur 18

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