Document 19 (3) - PDF - Rapport de stage sur les soins interculturels
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Document de stage d'une étudiante infirmière sur l'expérience d'interagir avec les membres d'une communauté nomade. Le document décrit les soins prodigués à un patient, et met l'accent sur les défis et les opportunités en matière de soins interculturels lors d'une intervention à domicile.
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Sommaire Introduction 1. Présentation de la situation de départ 2. Analyse de la situation 3. Questionnement 4. Cadre conceptuel 5. Hypothèse de recherche 6. Méthode et outil d’enquête Conclusion Bibliographie Annexes Abstract Introduction L’élaboration de ce travail...
Sommaire Introduction 1. Présentation de la situation de départ 2. Analyse de la situation 3. Questionnement 4. Cadre conceptuel 5. Hypothèse de recherche 6. Méthode et outil d’enquête Conclusion Bibliographie Annexes Abstract Introduction L’élaboration de ce travail de fin d’étude résulte d’une réflexion personnelle et professionnelle en lien avec les différentes unités d’enseignement suivantes ; la 5.6 « Analyse de la qualité et traitement des données scientifiques et professionnelles », la 3.4 « Initiation à la démarche de recherche », et la 6.2 « Anglais ». Cette réflexion découle d’une situation vécue lors d’un stage durant notre cursus de formation et englobe plusieurs composantes ; à savoir une analyse réflexive démontrant ma capacité à prendre du recul sur mes actions, mes réactions et ma posture lors des soins, ainsi qu’un travail d’initiation à la recherche. Armée de rigueur et de persévérance, mon cheminement professionnel actuel s’inscrit dans la continuité de ce qui m’a conduit à vouloir devenir infirmière et nourrit chaque jour ma motivation à valider mon diplôme d’Etat Infirmier. Mon projet professionnel vers la profession d’infirmière s’est donc construit au fils de mes expériences professionnelles. J'ai été confrontée à de nombreuses situations de soins durant mon cursus de formation, mais l’une d’entre-elles s’est révélée très enrichissante lors de mon stage de semestre 4, dans une structure de soins à domicile, plus précisément lors de soins dispensés auprès de M. M.…, patriarche de la communauté des gens du voyage. Tout d'abord, n'ayant jamais dispensé de soins à domicile à des membres de cette communauté, j'ai rencontré des difficultés résultant de ma méconnaissance de leur culture. Grâce à l’observation et aux différentes interactions, lors de nos interventions, j'ai appris certaines valeurs culturelles et codes propres à leur communauté, me permettant ainsi d'établir une relation de confiance auprès de M. M.… et son entourage. Cette situation m’a amenée à explorer la relation de soins interculturelle. J'ai décidé de consacrer mon travail de fin d'études sur le positionnement du soignant entre, d’une part, la réalisation des soins et d’autre part, l’impact de la culture du patient sur la relation soignant-soigné. Ce sujet me semble pertinent à traiter, puisque, exerçant à domicile ou au sein d’une structure institutionnelle, nous allons être amenés à établir des relations de soins interculturelles tout au long de notre parcours professionnel. Dans un premier temps, la description de la situation de départ va soulever des questions qui, dans un deuxième temps, feront l’objet d’une analyse pour y apporter des réponses. Cette analyse me permettra, dans un troisième temps, de formuler une question initiale de recherche et de dégager et développer ensuite les principaux concepts qui en découlent. Suite à cela, je présenterai mon travail de recherche. Un dernier temps sera consacré à un outil d’enquête pour confirmer ou infirmer mon hypothèse. Enfin une conclusion viendra terminer ce travail de recherche. 1. Présentation de la situation de départ En tant qu’étudiante infirmière en deuxième année, j’effectue mon stage du semestre 4, centré sur la typologie des soins individuels dispensés dans les lieux de vie. Cette structure de soins à domicile répond aux demandes de soins infirmiers et d'accompagnement de maintien à domicile. La situation d'appel se déroule le troisième jour de mon stage, plus précisément durant la tournée de l’après-midi. Conformément à mon emploi du temps, je travaille de 6 h 30 à 12 h et de 15 h à 20 h avec Anthony, infirmier responsable de mon encadrement. Après avoir pris connaissance du contenu de la tournée de l'après-midi et consulté le cahier de transmission, nous prenons le véhicule de service pour nous rendre chez les patients répartis sur notre tournée pour y effectuer les différents soins planifiés. Dans le cadre de notre tournée, nous nous rendons au domicile de M. M…, 67 ans, qui est pris en charge depuis quelques semaines par le service de soins à domicile en raison d’une tétraplégie induite par une récurrence d'accidents vasculaires ischémiques. Durant le trajet, Anthony m'informe que nous allons intervenir auprès du patriarche de la communauté des gens du voyage, au sein de leur camp. Marié, père de neuf enfants et petits-enfants qui vivent à ses côtés. Anthony insiste sur le fait que son entourage et sa communauté ont adapté son habitat pour répondre aux besoins du patriarche, liés à son handicap, à l'exception de l'installation d'eau courante qui n'est pas possible à cause de la configuration des lieux. À ce moment-là, je reste attentive à ses mots. Le mot "patriarche" évoque pour moi, l'image d'une personne d’un certain âge, occupant une place importante au sein de la communauté et imposant le respect. Anthony me fait part des différents soins que nous allons lui apporter, tels que la toilette intime, la gestion de son incontinence, la mise en place de sa nutrition entérale, ainsi que l’administration de ses traitements via sa sonde de gastrostomie. Il me fournit un dernier élément important à sa prise en charge, à savoir qu’il est aphasique, séquelle de son dernier accident vasculaire ischémique, mais qu’il comprend les instructions simples et brèves. Vers 17 heures, après avoir emprunté la rocade, nous quittons la route afin d’emprunter un petit chemin caillouteux et accidenté, longeant la voie de chemin de fer, et menant à un ensemble de terrains où de multiples caravanes sont stationnées de part et d’autre. En avançant sur cette voie, je ressens une forme d’appréhension qui correspond en réalité à la peur de l'inconnu lié à une situation que je ne connais pas, même si au fond de moi, lorsque nous approchons de la dernière parcelle, celle où réside M. M., je suis, à ce moment-là, poussé par de la curiosité, qui se traduit par cette envie d’apprendre au travers d’une expérience inégalée et de découvrir une culture inconnue. Jusqu'à présent, ayant effectué uniquement des stages dans des établissements institutionnels, cela pourrait me conduire à une réflexion différente dans l’exécution des soins en tenant compte du contexte et des ressources. Avant d'arriver sur place, je n'ai aucun préjugé fondé sur des stéréotypes négatifs, mais uniquement la perception de leur difficulté d'accès aux soins après avoir emprunter cette voie. À notre arrivée, un groupe de personnes est rassemblé au niveau d'une caravane située à proximité du portail, donnant ainsi l'impression que notre venue est attendue. Nous sortons de la voiture et faisons face à une dizaine d'hommes de corpulence imposante. Tandis que les femmes se trouvent quant à elles en retrait à côté du barbecue où cuit la nourriture. N’ayant jamais été confrontée à cela, cette situation m'impressionne fortement et me pousse en réaction à décliner ma fonction auprès d’eux. Après m'être présentée, en retour, je reçois de nombreuses questions de la part du groupe telles que : « La gadji, où est la Corinne ? », ou encore « Tu vas y faire quoi au daron ? ». En effet, ne comprenant pas leur langage culturel, la communication en est affectée, et le rythme rapide des questions ne me laisse pas le temps, ni de comprendre, ni de répondre à leurs interrogations. Devant cela, Anthony intervient en prenant le relais de mes paroles, tel un médiateur auprès d'eux. Il s'adresse à un homme d’une quarantaine d’années présent au sein du groupe en lui expliquant que je vais l'assister durant mon stage pour effectuer les soins de M. M.. Je reste attentive à la situation et je comprends effectivement que cet homme parle et agit dans l’intérêt du groupe. À l’issue de cet échange, les hommes s’écartent du passage sans se disperser, de façon à seulement nous laisser passer puis nous conduisent vers un bungalow entouré de caravanes, où réside M. M. En effet, en raison des séquelles liées à sa pathologie, celui-ci a dû abandonner sa vie en caravane. En progressant vers celui-ci, je reste vigilante en raison notamment de la présence de chiens qui induisaient, chez moi, une certaine crainte. A notre arrivée dans le bungalow, les petits enfants de M. M., rentrant de l’école sont présents, ils se retirent naturellement dans une pièce adjacente. Je découvre face à moi, un homme de petite taille, au visage marqué par une hyperpigmentation, assis dans son fauteuil médical. Son épouse se rend à ses côtés et lui chuchote des paroles à l’oreille, sans que nous puissions en distinguer le contenu. Il se tient droit, la tête haute, son regard dirigé vers nous est expressif et empreint de signification. J’en conclue qu’elle m’a présenté à lui en lui indiquant le motif de ma venue. Bien que son visage soit fermé, l’expression de celui-ci ainsi que sa posture me renvoient à quelqu’un ayant un trait de caractère autoritaire imposant le respect et la droiture. Son épouse se retire pour s’occuper de ses petits-enfants. Impressionnée par la scène et tout ce qui vient de se passer, je réalise que la pathologie de M. M. a eu pour effet de modifier sa dynamique familiale mais que celui- ci a tout de même préservé son statut de patriarche. Je m’approche timidement de M. M. afin de me présenter et de décliner ma fonction. Pour ce faire, je décide de me mettre à sa hauteur pour ne pas déstabiliser la relation de communication précédemment initiée. Pendant ce temps, Anthony prépare le matériel nécessaire aux soins. Après cet échange réciproque et son assentiment, nous utilisons le lève-malade pour le transférer dans son lit. Anthony lui prodigue alors les différents soins. Pendant ce temps, je me tiens en position d’observatrice à coté de M. M., ce qui me permet de maintenir la communication avec lui tout en observant le déroulement des soins. Lors de cette première rencontre, l’observation de son langage corporel tel que l’expression faciale et sa posture, me permettent de prendre conscience que plusieurs visites seront nécessaires avant qu’il n’accepte de recevoir des soins de ma part. Je comprends qu’il n’est pas essentiel de hâter la relation soignant-soigné, mais de la tisser avec patience et respect. Il va donc m’être nécessaire d’intégrer sa culture aux soins et d’adapter mon attitude pour favoriser la relation. Les jours suivants, je prends le temps de m’entretenir avec l’entourage de M. M., les conduisant à moins de méfiance, même si le rituel imposé par le groupe reste identique en ce qui concerne leur positionnement en amont du passage menant au bungalow. En observant le rôle et la place de chacun au sein de la communauté, je peux affirmer que le référent du premier jour est le fils ainé du patient. Les soins sont toujours réalisés par l’infirmier, et durant ceux-ci, je communique avec M. M. en utilisant des phrases simples et courtes. Au fur et à mesure des échanges, une réciprocité s’établit entre nous deux, il utilise la communication non verbale pour me répondre. De cette réciprocité naît également une relation avec l’ensemble du groupe, peut être induite par une absence de préjugés dès le départ et l’envie de découvrir leur culture grâce à une approche respectueuse et une ouverture d’esprit, si bien que, « la gadji » des premiers jours devient alors « Céline ». Trois semaines plus tard, j’observe que M. M. détourne souvent le regard lors de soins d’hygiène effectués par l’infirmière, ce que j’interprète comme de la pudeur induite par ma présence. Après notre passage, je rapporte mon observation par transmission orale auprès d’Anthony et pour donner suite à cela, nous convenons ensemble de proposer à M. M. que j’effectue les soins locaux de sa gastrostomie. Le lendemain, ayant accepté le soin d’un hochement de tête, je maintiens le contact visuel et verbal avec lui pendant le soin, ce qui permet, d’une part, le bon déroulement du soin et d’autre part de maintenir la relation de confiance nécessaire à la prise en soins. En fonction de son assentiment journalier, les jours suivants, j’effectue le même soin, remarquant, par observation de son comportement et de son influence culturelle, qu’il n’acceptera pas plus. Le soin ne se limitant pas à un geste technique, j’ai tout de même pu réussir à établir une relation de confiance auprès de M. M., son entourage et les membres de sa communauté. 2. Analyse de la situation Durant mon cursus de formation, j'ai effectué différents stages qui m'ont confrontée à de multiples situations de soins, tant techniques que relationnelles en structures institutionnelles, contrairement à cette dernière qui s'est déroulée dans un contexte de soins infirmiers à domicile, plus précisément au sein d’un camp des gens du voyage. Il me parait donc important de définir le sens du terme « soins infirmiers » dans le contexte de ma situation. Selon le conseil international des infirmiers, il se définit de la façon suivante : « les soins infirmiers englobent les soins autonomes et collaboratifs prodigués aux individus de tous âges, aux familles, aux groupes et aux communautés, malade ou en bonne santé, indépendamment du contexte. » (C.I.I, 2002). La définition ci-dessus reflète exactement les soins infirmiers dans le cadre de ma situation, puisqu’elle confère la notion de communauté. Cette situation a mis en exergue des éléments indissociables que je vais analyser ci-dessous, grâce à la démarche dite « réflexive », qui consiste à s’interroger sur sa pratique, sa posture ainsi que les outils mis en place en réponse à une situation tout en prenant le recul nécessaire. Tout d’abord, Pourquoi Anthony m'a-t-il fait part de la situation de soins pendant le trajet ? Est-ce pour identifier ma réaction face à l’annonce de prodiguer des soins dans un camps de gens du voyage ? Qu’est-ce que la société nous laisse entendre par rapport aux gens du voyage ? Quelle est leur identité culturelle ? J'ai conscience que l'annonce du lieu « camp des gens du voyage » peut générer chez chacun d'entre nous, une émotion de peur avec pour qualificatif crainte, inquiétude ou encore panique. Le terme « gens du voyage » dans notre société actuelle a pour représentation, une population qui habite en marge de la société et ayant un mode de vie circulant. En tant que soignant, est-il légitime de ressentir de la peur ? Avant d'être des soignants, nous sommes des êtres humains avec nos propres réactions face à un élément déclencheur. L'émotion temporaire de peur permet avant tout de réagir face à un danger. Anthony a-t-il essayé de ressentir cette peur par une quelconque manifestation physique de ma part ? Pourquoi me fournit-il autant d'informations ? Lorsqu'il me fournit tous les éléments pertinents, notamment le contexte, le statut du patient et les différents soins, je comprends donc qu'il s'agit d'une situation de soins complexe, car le lieu est dépourvu d'eau potable et que la maladie les ayant précarisées. Le soin va devoir être réfléchi car, étant donné son état de santé, les soins peuvent être onéreux pour eux. Quelle image me renvoi ce chemin que nous traversons en voiture ? Le lieu renvoi a un environnement isolé et caché de notre société, induisant des conditions de vie dégradée. Comment cela peut-il influencé son état de santé ? Je suis consciente en accédant sur le chemin que cette précarisation par vulnérabilité sociale est un déterminant négatif à ce que M. M. soit pris en charge par une équipe de soins pluridisciplinaire. A notre arrivée, Pourquoi cette dizaine d'hommes de corpulence imposante sont-ils présents au niveau du portail ? Pourquoi les femmes restent quant à elles en retrait ? Est-ce un code culturel régissant le vivre ensemble au sein de leur communauté ? Pour ma part, je n’aurai jamais imaginé que j’allais devoir faire face à une situation qui allait autant me déstabiliser, en raison de mon appréhension face au groupe majoritairement masculin en première ligne, majoré par l’ignorance de leur culture et la méconnaissance de leurs codes culturels. Pourquoi la relation de communication avec le groupe présent au portail est-elle altérée ? Concernant l’entourage de M. M. et les membres composants le camp, leur méfiance, certainement liée aux diverses discriminations exercées envers eux, les ont poussés à utiliser un rapport de force par le questionnement en réponse à ma présentation, même si j’avais pris soin d’utiliser la relation dite « de civilité », qui répond à un code social permettant d’établir un climat de confiance. Pourquoi utilisent-ils le rapport de force ? Cette démonstration est en quelque sorte une dynamique de pouvoir exercée à notre égard dans le but d’une part de dominer la situation et d’imposer notre respect face à un groupe soudé, et d’autre part, la protection du patriarche auprès avoir, au préalable, clarifié le but de notre venue en raison de la méfiance induite par le changement de soignant. Pourquoi Anthony intervient-il auprès d’eux ? Comment peut-on qualifier leur relation ? Lorsque Anthony prend le relais de mes mots, en s’adressant au référent du groupe, la communication se limite à deux individus, dont la relation de confiance est déjà établie, puisque celui-ci intervient régulièrement depuis le début de la prise en charge de M. M. Cette proximité lui permet de valider le but de ma présence en tant que tuteur de stage, facilitant ainsi mon intégration auprès du groupe et à l’interlocuteur du groupe de fixer les règles édictées par la communauté au sein du camp et destinées à assurer la sécurité du patriarche. En arrivant dans le bungalow, Pourquoi son épouse adopte-t-elle ce comportement ? Est-ce induit par leur culture ? Quel est son rôle ? Que lui dit-elle ? Est-ce que cela a simplifié mon intégration ? Lorsqu'elle s'adresse à son époux, je sens qu'elle endosse un rôle de porte- parole en lui rapportant ce qui s'est passé en amont de notre rencontre face au groupe. Lorsque nous étions au niveau du portail, j’avais le sentiment que le rôle de chacun et chacune au sein de la communauté était bien défini. Que me renvoi la communication verbale de M. M. lors de notre première rencontre ? Comment perçoivent-ils, l’intrusion des soignants dans leur camp ? Comment M. M. perçoit-il la médicalisation de son lieu de vie ? Les soins à domicile représentent un moment important pour le patient et son entourage, puisque lorsque nous entrons dans leur logement, par conséquent nous rentrons dans leur intimité. Cependant, dans le cas de M. M., nous rentrons dans l’intimité du groupe, car le camp est l’habitat de la communauté. Du fait de sa pathologie les visites quotidiennes à son domicile sont indispensables, le soignant s’approprie alors de son espace de vie dit « sphère privé ». Il est donc nécessaire de faire preuve de respect de son espace privé qui est son reflet identitaire. Comment est- il possible de qualifier la relation de soins auprès de M. M. ? Je me rends compte de la particularité de prendre en soin M. M., s’est prendre en soin le patient en intégrant l’ensemble de la communauté, je pourrais parler d’une « Co -relation ». En effet, selon les valeurs de la communauté des gens du voyage, il existe d’une part un réflexe communautaire et d’autre part une notion de famille au sens large. Concernant le réflexe communautaire, M. M. possède sa propre identité dite « identité civile », néanmoins leurs codes et leur mode de vie impliquent que la personne en tant qu’individu n’est pas dissociable du groupe composant la communauté. Quelle est leur dimension sociale du groupe familiale ? Quel effet ce facteur peut avoir sur la prise en soin ? La notion de famille, quant à elle représente bien plus que la famille unie par le lien génétique dit « lien du sang ». Il est donc important de préciser que le groupe composant la communauté est donc « la famille au sens large ». Je pense que leur groupe familial peut être un facteur protecteur par transmission intergénérationnelle et qu’en tant que soignant, il est donc nécessaire de tenir compte de cette donnée par respect de sa culture dans la prise en soins de M. M.. Comment la relation soignant- soigné s’est-elle construite auprès de M. M. ? Tout d’abord, la réciprocité de nos échanges a permis de construire progressivement la relation avec M. M et sa communauté tout en veillant à respecter et préserver leurs valeurs culturelles. Dans ma situation plusieurs éléments m’ont permis d’en déduire que plusieurs visites allaient être nécessaires avant que je ne puisse dispenser des soins à M. M.. Tout d’abord, lors de notre première rencontre le comportement du groupe et de son épouse ont mis en évidence un frein à la communication et la nécessité de dissiper la méfiance permettant d’établir une relation soignant-soigné de confiance réciproque, essentielle à la prise en soins de M. M.. L’observation durant les visites m’a fait prendre conscience que les soins ne consistent pas seulement à pallier les conséquences de sa pathologie, mais bien plus, puisqu’ils impliquent d’interagir avec son groupe d’appartenance, preuve de respect de leur identité et de leurs valeurs culturelles. Grâce à la mise en place d’une approche respectueuse, en adoptant une distance appropriée dite « juste distance », par la reconnaissance de sa différence culturelle par la compréhension des codes et la volonté de découvrir et d’apprendre sur sa culture ainsi qu’une écoute active me permettant de rester attentive à ses besoins, j’ai réussi à établir une relation de confiance avec M. M., son entourage et les autres personnes présentes sur le camp. Nantis de tous ces éléments, il a donc été essentiel, lors de nos interventions, que je prenne en considération la présence des membres de la communauté qui composent le camp afin de créer une « Co -relation », indispensable à la prise en soins de M. M. Et ceci, en instaurant une communication simple et respectueuse, ainsi qu’une ouverture d’esprit permettant de dissiper leur méfiance, ce qui a permis de créer une « Co -relation » interculturelle basée sur la confiance réciproque. Que me renvoi la communication non verbale de M. M. ? Qu’est ce qui fait que je ne me suis pas autorisée à lui faire sa toilette intime ? Avais-je peur du refus ? Comment percevons- nous la notion d’intimité ? Il peut être utile de rappeler qu’en absence d’un infirmier masculin, le rasage est effectué par son épouse et les soins d’hygiène corporelle par son fils ainé. En tant que soignant, il est important d’être attentif à ce que nous renvoi le patient par son regard ou sa posture. Même si celui-ci ne peut pas verbaliser les choses, son corps exprime alors son accord ou son opposition aux soins. Ayant constatée, qu’avant chacun de nos départs, son épouse prenait soin, par questionnement auprès d’Anthony, de connaître le prénom du soignant intervenant d’un jour à l’autre. Leur permettant ainsi de prendre le relais concernant les soins d’hygiène de M. M. La notion d’intimité est propre à chacun d’entre nous. Selon notre culture ou notre éducation, la pudeur ne s’exprimera pas de la même façon. Dans ma situation, il est important, comme dans tout contexte de soin, de respecter la dignité et l’intimité de la personne en tenant compte de sa communication non verbale, en effet grâce à une présence masculine, il a été possible de passer le relai pour réaliser sa toilette intime permettant ainsi de respecter ses valeurs culturelles. Certes, je n’ai pas fait valider son refus en lui proposant le soin mais je ne voulais pas induire de la gêne par le questionnement. N’ayant pas assez de connaissance sur leur culture concernant la prise en soin cela m’a mise en difficulté. Comment l’identité culturelle de M. M. a-t-elle influencé notre relation soignante soigné ? Ayant conservé son statut de patriarche au sein de sa communauté, il a donc été indispensable d’intégrer son identité culturelle. Son statut hiérarchique a eu un impact significatif sur la manière d’interagir et de communiquer dans notre relation de soins qui s’est construit progressivement. Le fait de hocher la tête pour acquiescer au consentement de soin de sa gastrostomie est un élément important, c’est le reflet de la confiance que me porte M. M.. Il a donc été très important de maintenir une communication par le regard et la parole durant le soin. L’acceptation répétée du même soin est un indicateur d’une acceptation durable, qu’il est nécessaire de préserver par la juste distance et une approche respectueuse. 3. Questionnement 4.Cadre conceptuel 5.Hypothèse de recherche 6.Méthode et outil d’enquête