Communication Publique et Politique - Cours PDF
Document Details
Uploaded by Deleted User
Tags
Summary
Ce document présente les concepts de communication publique et politique, avec une focalisation sur la communication politique en France. Il explore les différentes institutions, de la Présidence de la République au Conseil d’État, et discute des approches théoriques de la communication politique. Des exemples de mises en scène ainsi que des liens vers des ressources en ligne sont inclus.
Full Transcript
Communication publique et politique cours en asynchrone évaluation : QCM le 2 décembre INTRODUCTION La communication publique et politique : deux concepts à distinguer : Communication politique : -une histoire de la rhétor...
Communication publique et politique cours en asynchrone évaluation : QCM le 2 décembre INTRODUCTION La communication publique et politique : deux concepts à distinguer : Communication politique : -une histoire de la rhétorique qui remonte à l’Antiquité - la question de la portée du discours politique - approches théoriques contrastées en SIC -différents espaces publics concernés -influences venues d’ailleurs et tendances soumises à la mode -rôle des médias Communication publique : - très grand nombre d’acteurs sur le terrain -questions des valeurs démocratiques et des liens établis avec la société -transformations (environnement, santé, éducation, justice…) -nombreuses sollicitations de la société et des médias -débouchés professionnels méconnus En L1 : concentration sur les fondamentaux de la communication politique. La communication politique : définition et contexte Définition : La politique ou le politique : -art de conduire les affaires de l’État (,science et pratique du gouvernement de l’État) -conduite effective des affaires publiques, menée suivant certains principes par les gouvernants d’un État -ensemble des personnes qui s’occupent de tout ce qui concerne les affaires d’un État La communication politique : - « L’espace où s’échangent les discours contradictoires des trois protagonistes qui ont la légitimité de s’exprimer publiquement sur la politique : les acteurs politiques, les journalistes et l’opinion publique, au travers notamment des sondages. » : La communication politique. Construction d’un modèle (ref à retenir) Où s’exerce la communication politique en France ? Contexte institutionnel : 1) Au plus haut niveau de l’État 1.1 : Le Président de la République exemples de mises en scène : - 12 avril 2018 : Interview en direct sur TF1 d’Emmanuel Macron depuis le village normand de Berd’huis - 15 janvier 2019 : Emmanuel Macron lance le « grand débat national » dans l’Eure - 31 décembre 2020 : Allocation de Macron qui revient sur l’épidémie de Covid et en quoi elle a changé nos vies, remercie les français, leur assure que tout est possible en 2021 1.2 : Le gouvernement : les ministres exemples de mise en scène : -16 décembre 2018 : Le premier ministre Edouard Philippe s’exprime sur le referendum dans Les Echos -28 août 2018 : démission de Nicolas Hulot, ministre de la transition écologique et solidaire sur France Inter 1.3 : Le Parlement : Assemblée Nationale : 577 députés élus au suffrage universel direct pour un mandat de 5 ans. http://videos.assemblee-nationale.fr/ (à consulter) 1.4 : Le Sénat : 348 sénateurs élus au suffrage universel indirect pour un mandat de 6 ans (renouvellement de la moitié des sénateurs tous les 3 ans) exemple de communication du président du Sénat qui a fait polémique : https://www.publicsenat.fr/article/parlementaire/affaire-benalla-apres-le-coup-de-fil-de-macron-a- larcher-les-senateu rs-fon exemple de médiatisation des activités du Sénat : audition d’Alexandre Benalla du 21 janvier 2019 A consulter : - http://videos.senat.fr/videos - https://www.publicsenat.fr - Voir un exemple de procédures de consultation en ligne : rubrique Territoires 1.5 : Le Conseil constitutionnel : Compétences juridique et consultative : 9 membres nommés pour 9ans. Exemple de communication du président du conseil : https://lemde.fr/2zuLf1e (texte fondateur de la Ve République : https://www.conseil-constitutionnel.fr/la-constitution 1.6 : Conseil d’État : - avis consultatif sur les projets de lois - plus haute juridiction administrative en France - juge les litiges entre particuliers et l’administration au sens large - exerce la fonction de conseiller du gouvernement (chargé de donner son avis sur la légalité et l’opportunité des projets de lois et certains décrets) - exerce la fonction de juge administratif suprême Dans l’exercice de ses deux fonctions (consultative et contentieuse), le conseiller d’État veille à préserver l’intérêt général et l’efficacité de l’action administrative. 1.7 : Cour des comptes Vérification des finances publiques. Repérer les thèmes traités : https://www.ccomptes.fr/fr 1.8 : Conseil économique, social et environnemental Rôle constitutif sur les principales activités économiques et sociales du pays. A consulter : https://www.lecese.fr/ 2) Au niveau territorial : 2.1 : Moins de 36000 communes en France : le Maire 2.2 : Les 101 départements : le préfet de département 2.3 : Les 13 régions : le préfet de région 2.4 : Les intercommunalités et les métropoles Crées pour : -contrer l’émiettement des politiques publiques locales -mutualiser des ressources et des compétences Les EPCI résultent d’une démarche volontaire des collectivités et sont en nombre réduit depuis le 1er janvier 2017 (loi NOTRe) 2.5 : Les eurorégions et les eurométropoles : -associations de régions ou villes frontalières qui se développent sur l’ensemble du territoire européen -se développent depuis les années 90 et prolifèrent depuis les années 2000 (il en existe plus de 150 dans l’UE) -traitent de thèmes et de problèmes communs aux citoyens de régions frontalières : environnement, santé, éducation… -concernent 50 % de la population qui réside dans l’UE -Leur communication, en plein essor, est en train de se structurer A RETENIR : Retenir : Les noms rôles et spécificités des institutions : 1) et 2) Consulter les sites et rubriques dont les liens sont présents et y relever des exemples de dispositifs de communication pour chaque niveau politique observé. COURS 1 : LA MÉDIATISATION DE LA VIE POLITIQUE Différentes conceptions existent dans la théorie de la communication politique : La conception instrumentale : le marketing Cayrol ROLAND / Riutord PHILIPPE concentre attention sur les outils de marketing politique ( tel, sondage, publicité( s’intéresse à l’habilité de gérer une image politique, souvent d’un individu politique ou du collectif (parti) La conception interactive : sans rapport de force COTTERET Jean marie / GINGRAS Anne marie pense que com politique circule sans entrave pas de rapport de force entre les protagonistes(cotteret) s’intéresse à la « gestion du privé fondé sur l’échange » (gingras) ignore rapports de force et imperfections des échanges La conception competitive : avec rapport de force - BLUMLER définit la com politique comme « compétition pour influencer et contrôler, grâce aux principaux médias, les perceptions publiques des évènements pol majeurs et des enjeux » lutte explicite pour le contrôle des représentations collectives+ à l’entrée spectaculaire des médias dans le processus politique accord rôle central au cognitif + symbolique dans le processus prendre en compte les conflits, les coopérations et l’intrusion des médias La conception délibérative : relation entre citoyens et décideurs (le défi du XXIe siècle) - COHEN joshua conception la plus proche des préoccupations des SIC s’intéresse ax relations etr décideurs et cit (défi du 21s) interroge sur modalité d’inclusion des citoyens améliorer les démocratie I-LES ORIGINES DE LA COMMUNICATION POLITIQUE 1. L’antiquité et l’art oratoire a) Pourquoi s’attarder sur le cadrage intellectuel grec et romain ? - origine de la démocratie délibérative (la communication et la politique sont indissociables. La démocratie est élargie aux citoyens (les condition de la démocratie viennent des discussion au sein d’un espace publique, la démocratie délibérative implique de réflechir aux modalités d’un échange égalitaire et contradictoire et aux raisons de l’action politique, citoyens partagent un engagement commun pour résoudre les problèmes, choix collectifs viennent d’un raisonnement public. Institution légitime si cadre favorable aux délibérations publiques libres) - intérêt porté à l’auditoire par les orateurs : se demandent comment obtenir l’adhésion des esprits qui ne sont pas toujours spécialistes b) L’antiquité grecque : la rhétorique Rhétorique : technique, art oratoire, technique du discours, ensemble des règles de procédés constitue l’art de bien parler, l’éloquence Objectif : persuasion à l’oral : - démonstration par la preuve - démonstration par l’expérience - se focalise sur l’argumentation (elle doit être construite) Application : - argumentation - moyen mnémotechnique, débit oral, acte oratoire - notion d’auditoire ( cherche à capter l’attention) Fondamentaux : - Aristote, Rhétorique (329, 323 av J-C) : technique du long discours adressé à un vaste auditoire (auditoire classé d’après l’âge et la fortune) : Pour lui, discuter avec certaines personnes peut nous faire perdre la qualité de notre argumentation - Platon, Dialogue de Platon : « la République » (315 av JC) : Dialectique : convaincre un auditeur au cours d’une discussion Maïeutique : art d’accoucher les esprits « la République » : Socrate, ses disciples et des philosophes mènent une réflexion : La méthode dialectique des questions réponses est la seule à pouvoir amener à une réflexion avec possibilité de présenter des objections et de réagir Pour argumenter devant un auditoire, on a donc besoin : - D’attention et de réactivité - Poser des questions, auditeur à l’impression d’adhérer à des thèses plus solides Discussion : interlocuteurs recherchent sans parti pris la meilleure solution à un problème Débat : convictions établis et opposés défendues par leurs partisans c) L’antiquité romaine : l’art de bien dire Antiquité romaine : orateur s’intéresse à l’art de bien dire et bien écrire Œuvre : Quintilien, institution oratoire (1er siècle ap JC) 1er prof de administration romaines créer école de rhétorique 5 composantes de la rhétorique : - Inventio (invention : trouver des argus et procédés pr convaincre) - Dispositio (disposition : exposer des arguments ordonnés et efficace - Elocutio (élocution : trouver des mots pr mettre en valeur les argu) - Actio (action=diction, geste) - Memoria(mémoire : procédé pour mémoriser le discours) Aujourd’hui, on retrouve des concepts qu’il avait défini comme : - La narration - L’énumération des circonstances : « qui, quoi, où, avec quels moyens, pourquoi, comment, quand » = découpage actuel de l’information par les agences de presse Conclusion sur la période de l’Antiquité : L’art oratoire est un mécanisme social qui permet l’entretien des discussions et des relations qui permettent de mettre en place les conditions préalables au contact des esprits. (exemple : 7 janvier 2020, gouvernement d’Edouard Philippe accepte la rencontre avec des syndicats en contestation sociale dans le but de faire reconnaître à l’opinion publique qu’un échange peut exister) C’est aussi la première forme de propagande dans la démocratie athénienne et dans la republique romaine : un conditionnement de l’auditoire avec différentes techniques qui rendent plus accessibles les arguments présentés. 2. La presse et l’opinion publique a) Brève histoire de la naissance de la presse aux 17e et 18e siècles Repères clés : 1631 : la gazette (organe officieux du pouvoir) lancé par un médecin 17e : encadré par le pouvoir royal (développement autour des titres de la cour) 18e : le journal de paris (1777), essor des lumières (essor par le premier quotidien d’info) 1789 : libre communication des pensées et des opinions, liberté d’opinion (DDHC, révolution) 1789-1792 : presse libre, diffusion importante (160 000 exemplaires tous journaux confondus en 1791 1793 : contrôle par le gouvernement (régime de la terreur) b) Focus sur la période-charnière du 18e : le concept débattu « d’opinion publique » au 18e : gouvernement et presse vont de paire : discussion autour de la localisation du terme « opinion publique » Angleterre, 1730 - « public opinion » pour les anglophiles = liberté de la presse (circulation et diffusion de papiers publics) + débats parlementaires, recherche de bien être, innovation dans l’espace public (ex : amélioration des trottoirs) - « public opinion » pour anglophobes= reflet d’instabilité du pays France, 1750 Attribution à Rousseau (dit que opinion devrait être remplacée par les préjugés) , ses conceptions : - Garde fou au despotisme - Fonction de surveillance et de contrôle quand le roi est mort ou anéanti - Suspecte - Manipulable avec trompeurs et trompés 1776 : D’Holbach dans : la morale universelle ou les devoirs de l’homme fondés sur la nature - Encourage le gouvernement à développer esprit public ( cette nécessité politique va être partagé dans de nombreux traités jusqu’au 19e) 1798 : première définition de l’opinion publique dans le dictionnaire de l’académie : - « esprit public » : opinion que se forme dans une nation sur les objets qui intéressent sa gloire et sa prospérité (sens restreint, lien à la nation) - « opinion publique » : ce que le publique pense sur quelque-chose = connotation positive : disposition commune qui privilégie l’intérêt de tous aux intérêts particuliers Problème : France : opinion publique perçue comme polémique car : - Assimilée aux préjugés - Problème conceptuel et terminologique : tout le monde lit « public » comme ce qui qualifie un lieu, chemin, homme ou femme mais pas une opinion) - Expression de contestation : contestation de l’absolutisme, expression source de polémiques - Faiblesse des canaux institutionnels qui permet à l’opinion de s’exprimer Groupes porteurs de l’opinion publique : - H de lettres : salons, réunions, cafés - Milieux parlementaires : (notable, tribunal, public dispersé) remontrances du parlement adressé au roi Opinion publique est un tribunal impersonnel et anonyme, question de savoir d’où vient sa légitimité L’opinion publique est perçue comme la cause majeure des grands bouleversements historiques elle est loin d’une conception de la presse libre Avant, des orateurs s’adressaient à un problème rassemblé. Maintenant, les hommes de lettres et parlementaires s’adressent à un problème dispersé. Opinion publique est un enjeu de bataille entre la presse du régime politique et la presse d’opinion. Coté pouvoir : - Conscience des enjeux et danger de la presse Ex : la gazette (périodique crée en 1631) rôle : informer les lecteurs des nouvelles de l’étranger, de la France et de la cour en réalité fait de le politique intérieure. Opinion du journal change en fonction des régimes. Coté presse : Opinion : - Parait de manière irrégulière (18e s) - Polémique : associe discours politique et littéraire - Pour la bourgeoisie Objectifs : - Rendre publics les faits et opinion - Contribue à la diffusion de connaissance - Les lumières méprisent la presse d’op ms diffusent les connaissances de la première encyclopédie française Plusieurs formes de presse : - Les périodiques - Presse d’auteurs - Marivaux souvent censuré - « les bibliothèques savantes » publié par les protestants - Les gazettes : info de l’Europe à peu près libre, contrairement à la france 2 difficultés pour la presse : - Relier lieux formels et informels des discussions - Existence d’un publique de discussion rationnelles et critiques Veille de la révolution : pose des questions relatives à la démocratie et s’oppose : - Conférer le droit de vote aux citoyens - Créer un contexte politique permettant aux citoyens d’exprimer leur jugement politiques de manière éclairée au moment du vote Enjeu d’instauration du débat dans la presse d’opinion : - Informer avec le vote - Reconnaître capacité à choisir entre diverses opinions - Rendre publics faits et opinions c) XIXe siècel : presse commerciale de masse et « âge d’or » de la presse Diversification de la presse : - Support public - Outil de propagande - Lieu de production culturelle - Point de ralliement ou de clivage Presse d’information : Presse spécialisée (19e s) en même temps que la professionnalisation de la presse Objectif : différencier les faits et les opinions, restaurer et commenter l’actualité Ex : Emile de Girardin qui lance La Presse (1836) principe du quotidien bon marché : - Diminue le montant de l’abonnement - Compense cette perte par la pub - Ouvre son journal au roman feuilleton pour élargir et fidéliser le public Naissance du nouveau journalisme (1890-1910) fondé sur : - Rapidité du travail - Enquête : démarche quasi scientifique - Terrain préférence première Deux figures de journalistes émergent : - Petit reporter, grand reporter (partir loin) Objectif : viser un public de masse (différent de la presse d’opinion qui visait des militants ou partisans) 1830 : USA apparition de cette presse à grand tirage : (Ex : New york Sun avc le slogan : Shines for all = ambition de s’adresser à tout le monde = promouvait un regard commun possible malgré les différentes classes ) =rupture avec presse d’opinion. Public représenté comme un seul corps. Début du « pouvoir médiatique » : - Crée des conditions d’existence au débat pub - Rôle de « chien de garde » veille sur les intérêt du peuple - « contre pouvoir » limite les dérives du pouvoir - Organe d’investigation pour déterrer les scandales - Chef d’orchestre du tribunal de l’opinion publique « âge d’or de la presse » grâce au progrès technique : au 19e : presse devient un média de masse car : - Développement de l’imprimerie - Amélioration des voies de communication et de transport - Développement du service postal, arrivée du télégraphe Loi du 29 juillet 1881 sur liberté de la presse : - Votée sous la 3ème république - Dit que « tout journal ou écrit périodique peut être publié sans autorisation au préalable et sans dépôt de cautionnement » - Réduction des charges financières - Apparition de nouvelles publications - Mais encore des délits de presse sanctionnés par la loi (offense au président, injure diffamation…) d) Du milieu du XIXès aux année 1950 : la période pré moderne 20ème siècle : propagande politique (Bernays : père de la porpagande moderne) 1ère guerre mondiale, propagande moderne, presse corrompue `par le monde politique et économique : - Censure politique = relater les infos du gouvernement - Gouvernement fournit les informations indispensables, interdit la présence d’agent sur le front - Info biaisée : journaux surestiment la supériorité militaire, excès d’optimisme - Soldats du front définissent cette propagande médiatique comme du bourrage de crâne - Les grands quotidiens ( le petit parisien par ex) dépassent le million d’exemplaire Edward Bernays: https://www.francetvinfo.fr/monde/usa/video-qui-est-le-pere-de-la-propagande- moderne-edward-bernays_2843839.html Caractéristiques externes de la propagande : - S’adresse à l’individu et à la masse - Utilise tous les médias - S’appuie sur un système idéologique fort - Adhésion à des dogmes, à des doctrines - Provoque l’action, imposée de l’extérieur Caractéristiques internes de la propagande : - Connaître le terrain psychologique (opinion, sentiments, pensées) et les courants fondamentaux (valeurs croyances) - Entretient un rapport direct avec l’actualité 5 règles de la propagande : - Simplification(slogans) - Grossissement (élimination d’info, retenir info qui confortent le discours propagandiste) - Orchestration répétition des idées - Transfusion (jamais heurter les convictions existantes) - Contagion (créer l’illusion d’unanimité) Objectif principal : maintien de la legitimité d’un pouvoir en place La propagande n’est pas toujours gage de longévité : - Mur de berlin : 1989 - Serbie - Caecescu 1989 Le canard enchaîné, 1915 : - Indignation contre la propagande dans la presse - Remonte le moral des Français - Journal satirique indépendant, autonome, contre la censure et la propagande Pour éviter les remontrances des censeurs, les créateurs se présentent comme un journal humoristique dont la particularité es d’annoncer des nouvelles fausses « Canard » : désigne (en argot) une nouvelle parfois vraie, parfois fausse et souvent exagéré « enchaîné » fait référence à la censure Seconde guerre Mondiale : Presse globalement dans la collaboration : - Peu décide de saborder - Le figaro arrête de paraître - Des journaux clandestins émergent (combat, le franc tireur) - 1944 : presque totalité des journaux d’avant guerre seront interdits = fin de la guerre, presse nouvelle Fin de la guerre, volonté d’assainir la profession : le journaliste ne peut plus être ancien résistant ou collaborateur Ordonnance du 26 août 1944 : instaure une éthique du journalisme qui repose sur 3 principes : - La transparence - Le pluralisme : limiter les formes de concentration économique, impossible d’avoir plus d’un quotidien - Indépendance : directeur d’un quotidien de + de 10 000 exemplaires ne peut exercer une fonction indus et commerciale qui fournirait l’essentiel de ses revenus e) 1960 -1980 période moderne – médias audiovisuels de masse Marketing politique omniprésent et omnipotent aux USA Caractéristiques du développement du marketing politique propre aux USA : - Le système des primaires (formes d’élections) = consommation de communication politique de janvier à fin juin avant la campagne présidentielle (nécessite de se démarquer sur le contenu pour être candidat du parti) - « communication démocratique » : obligation de pratiquer un minimum de communication politique pour exercer n’importe quelle fonction - Antériorité de la médiatisation de masse et d’internet = 1952 : environ 50% des foyers ont une télé : liberté de ton + marketing politique se développent parallèlement au spot publicitaire. - 1990 développement internet + 2000 augmentation des réseaux sociaux Élection à retenir : 1952 : EISENHOWER(republicain) et STEVENSON (démocrate) = commencement du marketing politique : - Budget dégagés par les partis pour la communication politique - Émissions, s’adressent aux citoyens et débattent - Spot publicitaire à la télé - Enquête d’opinion pour savoir les sujets pour les spots - Marketing courrier - Pas de lecture de discours - Aspect physique rajeuni - Réduction des formats d’émission 1956 : les deux triomphes des spots publicitaires 1960 Kennedy, Nixon = naissance du débat télévisé = date de naissance de la communication politique moderne : - S’entourent de professionnels - Media training - Spot qui concerne des minorités ethniques (Kennedy) - Kennedy premier à faire des sondages privés pour orienter sa campagne - Entrée en matière avec une citation de Lincoln : montre qu’il est cultivé (différent de Nixon : mal rasé, mauvais état, traite des sujets ou il est peu à l’aise etc) Suite de l’influence : 1964 ( lyndon B.johnson (democrate) – barry goldwater) - Conférence de presse face aux cit - Spot publicitaire : Daisy spot ( petite fille compte jusqu’à 10 puis explosion : volonté de montrer qu’il veut faire vivre tous les enfants ) jugé non fair play par le camp adverse car jugé « trop » – (goldwater paru comme celui qui avait tjs le doigts au dessus du bouton rouge, perd les éléctions) Elections importantes : - 1964 : johnson – goldwater - 1968 : nixon-humphrey (Pas de débat décisif, invention du gros plan, shows sur le modèle de la variété ) - 1972 : nixon – mc govern (Alliance du texte et de l’image : dénonciation des pouvoirs du marché ) - 1976 : carter – ford (Retour débat décisif + aboutissement de la com pol télévisé) - 1980 : Carter- Reaga = premier système-expert informatisé ( Plateforme réservé aux caméras des chaines de télé : ne jamais filmer de sièges vides,bronzage quasi permanant de Reagan , premier système expert informatisés (appels tel quotidien dst s les etats sur pls centaines de pers) : segmentation de la pop, analyse des réponses, avis des conseillers, nb restreint d’axe ds les discours avc une direction limpide ) Résumé des tendances de la communication politique en Amérique depuis 1980 : - Accroissement des dépenses de campagnes (suffit d’être riche car pas de limitation de financement des campagnes par les entreprises = problème éthique) - Simplification des thèmes de campagnes (proposition unique de vente + gagmen) - Primauté de la télé (succès des débats décisif, talks shows, clips etc) - Agressivité des campagnes (1988 : Bush accuse DUKAKIS d’avoir libéré des prisonniers récidivistes sur parole or c’était faux) - Intégration des nouveaux médias (internet, 80% des cit connectés aux USA, augmentation des blogs, réseaux soc + moyens de collecter de l’argent) - Importance de la personnalisation et du storytelling (mise en évidence des épouses des candidats, jeu sur l’affect, récit de la trajectoire personnelle avec le racisme d’obama) - Retour sur le terrain et militance accrue (obama) (développement de la proximité avec les militants, développement de technologies modernes : marketing direct) f) 1960 -1980 France 5 particularités de la vie politique en France : - Aura du général de Gaulle - Clivage gauche-droite - Publicité ne s’occupe pas de la politique - Force sociales aspirent à une transformation de la société - Influence de notables locaux 1965 : élection charnière : point tournant du positionnement des candidats face à la presse : 1- Entretien de général de Gaulle avec journaliste Michel Droit 2- Entretien François Mitterrand avec la journaliste Benoite Groult (lui qui demande à être interviewé) Cette élection conditionne le paysage politique pour les 25 années à venir, on a la première utilisation des sondages et l’obtention immédiate de crédibilité des sondages 1981 : nouveauté : Mittérand – Giscard - Cherche à se marquer - Affiches agitent la campagne : poste contre l’autre campagne (Mitterand : résultat du publicitaire jacques séguéla qui provient d’une étude approfondie des enquêtes d’opinion) Compréhension que c’est la fin de l’ère 68ard et que la France est en route vers le « cocooning » des années 1980 g) L’année 1990 : période post-moderne Modalités de campagne américaines qui perdurent aujourd’hui : - Proposition de vente unique (« travailler plus pour gagner plus » de Sarkozy) - Focalisation sur les débats décisifs - Apparition des primaires - Personnalisation des campagnes Candidats sont désormais en campagne permanente : - Apparition sur la télévision locale - Mobilisation d’ internet - Commandes de sondages et d’études Loi du 15 janvier 1990 : prend en compte les problèmes aigus de scandales de financement des campagnes politiques = modification des possibilités de communication offertes aux candidats : - Formes de communication interdites : limiter les scandales de financement - Interdiction d’achat d’espace AV sur radios et télévision privées - Interdiction d’achat publicitaire et de marketing direct pendant le mois qui précède l’élection h) Fin du 20è siècle : TIC et nouveaux médias - Américanisation de la communication politique moderne - 3 facteurs influencent le développement de ces méthodes : - Développement médias de masse - Réglementation de la communication politique (variable selon les pays) - Importation des pratiques américaines plus ou moins rapidement ` - Débat décisif télévisuel : point minimal commun entre les candidats La relation élus-citoyen, journaliste-responsables politiques s’en trouve modifiée. Situation actuelle : - Journaux et agences de presse sont les premiers producteurs d’information politique - Télévision est le premier diffuseur de ces informations D’autre part : - Presse traditionnelle = difficultés économiques, fragilisation - Médias dominants ne sont pas respectueux de l’idéal démocratique - Les nouveaux médias prolifèrent i) Au 21è siècle : la politique-spectacle - Vie privée - Evenement sportif - Affaires … Effet : défiance des citoyens, objectif de divertissement, tentatives de reconquêtes... II- LA NOTION D’ESPACE PUBLIQUE (une lecture obligatoire dans cette partie : La polis et la famille, H. Arendt) 1. La notion de « public » 3 significations depuis le moyen-âge jusqu’aux Lumières : - Res publica : ce qui appartient à tous - Représentation : ce qui se donne à voir en public - Politique : ce qui relève de la sphère institutionnelle, du domaine public et du droit public 2. « Opinion publique » et « espace public » Ce sont deux notions liées : l’existence de l’opinion publique dépend de la vigueur de l’espace public (=expression métaphorique pour désigner les lieux de débat), qui est au cœur du fonctionnement de la démocratie. 3. Les théoriciens de l’espace public a) Qu’est ce que les Lumières ? , E. Kant 1784 Concept d’Öffentlichkeit (= « public », « opinion publique ») : (Ce concept délimite le public qui joue un rôle dans l’espace publique (le monde universitaire) qu’il définit comme une instance de jugement des décisions de l’État grâce au recours à un discours de Raison sans parti pris. Il tient le peuple à l’écart pour éviter la politisation des réflexions et la révolution. Il considère que l’éducation et le progrès constituent des conditions d’installation d’une opinion publique de plus en plus représentative. Il considère que les autorités n’ont pas à empêcher la liberté d’expression du peuple me^me si elles la retardent parfois en raison des circonstances.) - Discours de raison - Libre circulation des idées et des opinions - Condition nécessaire pour que le citoyen exerce un jugement autonome b) Condition de l’homme moderne, H. Arendt 1958 (Elle étudie les relations entre domaines privé et public (ce qui permet aux gens de vivre en commun), elle considère le lieu de la citoyenneté comme le lieu d’actions partagées et concertées des citoyens pour établir un « sens commun ». Elle critique la société de masse, qui détruit les domaines public et privé) - L’espace public implique une chaîne complexe d’acteurs et d’organisations publiques et privées qui prennent place tour à tour dans la constitution de la visibilité. - Elle parle d’« espace potentiel d’apparence » car l’espace public est constamment travaillé et jamais abouti. Extrait d’ouvrage sur e-campus : Le polis et la famille : https://e-campus.u-bordeaux- montaigne.fr/pluginfile.php/1749/mod_resource/content/5/ARENDT.pdf La philosophie grecque (Aristote, « les Anciens ») : Distinction très claire entre domaine privé (famille) et domaine publique (polis) : Domaine prégnant : privé, familial Domaine d’expression : public, politique Domaine de la contrainte Domaine de la liberté et d’activités nobles Domaine de l’autorité et de l’inégalité Lieu d’échange et d’égalité Liberté uniquement du chef de famille Citoyens uniquement soumis aux lois (femmes et esclaves exclus du domaine politique) Le moyen-âge : Distinction moins forte entre domaines privé et public : quasi-absence du domaine public Domaine privé : monde laïc Domaine religieux : monde clérical Laïcs contraints par le système de la féodalité Splendeur du sacré Croissance du domaine familial (les relations Attitude chrétienne à l’égard de la politique (les humaines sont construites sur le modèle des Hommes ont des intérets en commun et ne rapports familiaux) peuvent conserver leur lierté et s’occuper d’eux mêmes que si l’un d’entre eux veille à l’intérêt commun) Activités humaines incluses dans le domaine privé La période moderne : l’avènement du social : Effacement de la frontière entre public et privé Les peuples deviennes des collectivités politiques qui s’organisent en Etats-nations Premier théoricien : Rousseau et sa révolte contre la société ; le nivellement social et le conformisme. c) Théorie de l’agir communicationnel, J. Habermas 1962 Sa première définition de l’espace publique : - « sphère publique bourgeoise » : composée à la fois de bourgeois-propriétaires et d’hommes-citoyens : c’est le lieu où apparaît l’espace public. - échange d’idées ou de jugements s’opèrent dans l’espace public (espace où des personnes privées font usage public de leur raison et instaurent une véritable communication - égalité a priori des individus dans cet espace homogène (seule la cohérence des arguments distingue les individus) - initiation du citoyen à la citoyenneté L’espace public est donc un espace où l’argumentation prime sur la persuasion ou la séduction, lieu de construction du consensus. Sa seconde définition : Ici, il opère une critique du déclin de l’espace public et insiste sur le rôle de la presse et des médias : le public ne serait plus apte à former ses propres jugements, soumis à la propagande et à la publicité. L’espace public est donc un espace médiatisé par la presse, menacé et qui peine à remplir une fonction critique par le débat. Les théories d’Habermas font cependant l’objet de critiques en raison de leur vision idéalisée des Lumières et de l’oubli des expériences historiques de délibération partout en Europe. III- LES ENJEUX ET LES CRITIQUES DE LA MÉDIATISATION POLITIQUE 1. La prégnance des médias dans la communication politique Définition de « média » : Tout moyen de communication, naturel ou technique, qui autorise la transmission d’un message (La communication politique, Gerstlé 2016) Pour désigner cette prégnance médiatique, les sociologues parlent de « révolution des médias », « révolution de l’information », « société de communication », « société digitale »… 2. Les enjeux politiques de la révolution médiatique - partager la connaissance, car elle est une ressource de pouvoir - limiter le risque de standardisation et d’uniformisation de l’information - disséminer l’information, car elle influence les mécanismes de décision 3. Le processus de médiatisation de la vie politique Tendances contemporaines : transparence, instantanéité, redondance, dramatisation et spectacularisation de la communication politique. 3 risques majeurs pour la politique : - les politiques de court terme (l’information circule vite et est éphémère) - l’impératif de visibilité à tout prix (très forte pression exercée par la médiatisation : impératif d’être visible pour être financé qui pose la question de la relation entre médias et financement de la politique en période électorale, dépend de l’intensité des efforts des candidats politiques et de la couverture de sa campagne par les médias. Cas de la France : interdiction de la publicité électorale depuis 1988 (+ réglementation des rapports entre politique et argent) ; 1989 : Conseil supérieur de l’audiovisuel chargé de veiller à l’expression pluraliste des courants de pensée et d’opinion.) - le flou décisionnel (le fait d’être guidé par l’impératif de visibilité rend les décisions empiriques et floues) Conditions de recrutement des personnels politiques (Aux USA : forte présence des médias locaux qui entraîne la possibilité de faire émerger des inconnus dans le circuit politique (ex : Obama). En France : concentration sur les grands médias nationaux qui jouent un rôle de filtre informationnel alors qu’ils n’ont pas la légitimité de le faire) Quelques tendances de la médiatisation politique à outrance : - la presse convertit les problèmes collectifs en affrontements personnalisés - les médias accordent une valeur d’information aux faits spectaculaires ( c’est de l’infospectacle ou infotainment) - les médias privilégient les informations atrophiées (les informations sont juxtaposées sans signification) - les médias insistent sur la capacité du système politique à permettre le retour à l’ordre social (ils participent à la légitimation de la structure du pouvoir en place) - les médias proposent des contenus culturels de divertissement qui véhiculent de manière plus ou moins implicite des contenus politiques : ils influencent notre perception du politiques - les médias transmettent des valeurs, des symboles, des modèles de comportement, des schémas de perception au moyen de caricatures, dessins de presse, émissions satyriques… Or, pour que la démocratie soit possible, les médias doivent : - surveiller l’environnement politiques - contribuer à l’élaboration de l’agenda politique en proposant des sujets d’intérêt général - constituer une plateforme pour la communication politique - permettre le dialogue entre les différents acteurs - permettre la mise en jeu de la responsabilité politique - permettre aux citoyens de participer à la vie politiques - résister aux forces qui cherchent à les subvertir - respecter le publicité La représentation du pouvoir des médias par les Hommes politiques : - ils comptent sur cette réalité, à laquelle ils doivent s’adapter,pour être élus (il faut être vu) - ils s’entourent de professionnels (pub, marketing, relations publiques) souvent vedettisés Conséquences : - L’espace public est transformé - La concurrence entre politiques et journalistes s’accroît - Le malaise médiatique devient palpable 4. Les approches critiques des régimes politico-médiatiques a) La critique grâce au concept de « médiacratie » La médiacratie, François-Henri de Virieu (1992) - Acteurs politiques de plus en plus vedettisés - Médiateurs politiques de plus en plus professionnalisés (publicitaires, conseillers…) - Citoyens de plus en plus méfiants b) La critique grâce au concept de « médiamalaise » Mass Media Effects, Mobilization or Media Malaise, Kenneth Newton (1999) Médiamalaise : terme largement utilisé pour englober les pathologies de la démocratie supposées être engendrées par les médias modernes : apathie politique, aliénation, défiance, cynisme, confusion et même peur. Ainsi, la politique se trouve discalifiée par le médiamalaise. Il aboutit à une dangereause dépolitisation : passivité et apathie politique devant les décisions politiques. Le médiamalaise se traduit par : - un rejet massif des organisations politiques - une confiance limitée envers la politiques - des privatisations massives - des modes de consommation isolés. Statistiques de confiance en Europe : - on constate des variations nationales - perception opposées de la télévision entre la France et l’Allemagne - confiance quasi nulle dans les partis politiques en France et en Italie - presse écrite : discrédit des tabloïds britanniques Le médiamalaise aboutit à des changements profonds dans les relations entre hommes politiques et journalistes : - disparition de la déférence des journalistes - fortes contraintes commerciales -préférence pour les contenus négatifs - contraintes d’interdépendance Et surtout : contribution des hommes politiques eux-mêmes à l’aliénation politique des citoyens. c) La critique grâce au concept de « médiarchie » Médiarchie, Yves Citton (2017) Médiarchie : structure complexe d’expériences et de jeux de pouvoir qui conduisent à l’effacement des peuples, au profit des publics, comme sources du pouvoir Extrait d’ouvrage sur e-Campus : https://e-campus.u-bordeaux-montaigne.fr/pluginfile.php/1750/mod_resource/content/5/ CITTON_mediarchie-p175-190.pdf L’auteur critique le rôle des médias dans notre démocratie : il faut comprendre leur rôle dans nos régimes politiques. Il s’intéresse aux publics pour comprendre comment ils sont structurés par des appareils de communication. Pour lui, le « peuple » est devenu « public » et la « démocratie » est devenue « médiarchie » : il s’agit d’un nouveau régime politique. Il fait le constat de l’illusion démocratique de nos régimes politico-médiatiques. Thèmes abordés : - le détournement de notre attention au profit de l’émotion (le « surinvestissement émotionnel » dans les médias) - l’oligarchie médiatique (contrer les logiques commerciales et publicitaires de masse nécessiterait des actes politiques forts et la mise en place de dispositifs médiatiques alternatifs) - l’imaginaire médiatique et la peur des médias (expériences qui consistent à détourner la médiarchie) - les surprises médiatiques de la médiarchie - les résistances locales, l’art-activisme. Cependant, il ne formule pas de condamnation au fatalisme ni à l’inaction, au contraire, il fait des propositions. d) D’autres approches critiques de la médiatisation politique formulent les points positifs suivants : - le coût d’acquisition de l’information a diminué - la capacité du public à traiter l’information a augmenté - la parole politique n’est plus uniquement réservée aux élites - l’éducation s’est généralisée et la compétence civique s’accroît quasi-mécaniquement - la capacité critique des citoyens s’améliore - des canaux alternatifs de l’information existent - au fond, une information complète n’est pas requise pour se comporter en bon citoyen (Popkin (1991), Lupia (1998)) D’autres théories critiques (Ingelhart, Norris) s’intéressent à la « mobilisation cognitive » et au « cercle vertueux » : selon elles, la démocratisation s’intensifie : pour ces approches, on évolue d’une société dirigée par les élites vers une société dirigée de plus en plus par les citoyens. Mobilisation cognitive : Développement des compétences requises pour manier les abstractions politiques et par là coordonner des activités distinctes dans l’espace et dans le temps. (Ingelhart) Cercle vertueux : L’utilisation de tous les médias réduit l’écart entre les attentes démocratiques et les performances perçues et donc réduit le déficit démocratique. (Norris) : Le public, même s’il porte une faible attention à la politique, filtre avant de faire son choix. Cependant, on peut être en désaccord sur la possibilité de voir se résorber le fossé entre ceux qui savent et participent et les autres car plus il y a de choix médiatiques, plus la séparation augmente entre ceux qui ne sont pas intéressés par la politique et ceux qui le sont. COURS 2 : LA RATIONALISATION DE LA COMMUNICATION POLITIQUE I- LA PROPAGANDE POLITIQUE : Mise à l’épreuve des démocraties Rappels Première forme de propagande politique : Antiquité Outil de propagande : presse de masse au 19e siècle Entrée dans le siècle de la propagande politique : 20e siècle Père de la propagande américaine : Edward Bernays Critique de la propagande commerciale : Habermas 1. Les fondateurs de la propagande Première guerre mondiale : - 1917-1919 : Commission Creel (USA) : surnom de la Commision d’information politique créée par le Président Wilson le 2 avril 1917 - Objectif : faire basculer l’opinion publique américaine en faveur du soutien à l’effort de guerre - Composition : journalistes intellectuels et publicistes (rôle de leaders d’opinion) - Comprend : une section intérieure et une section étrangère dans plusieurs dizaines de pays - Mobilise tous les moyens : radio, photo, cinéma… (particulièrement le cinéma pour la Commission Creed avec Four Minute Men : volontaires mandatés par le président des USA, Wilson, pour prononcer un discours de 4 minutes sur des sujets traités par le CPI (effort de guerre américain ;: ex avant l’haure de marketing viral) Nouvelles techniques utilisées par la Commission Creed : - distribution en porte à porte de discours annotés - envoi de périodiques aux enseignants - harangues dans les lieux publics et religieux Fin de la Première guerre mondiale : - Expertise en ingénérie sociale d’Edward Bernays : Edward Bernays : neveu de Freud, Autrichien exilé aux USA 1919 : dissolution de la Commission Creed, certains membres mettent ler nouvelle expertise au service de clients. Bernays en fait partie. - père fondateur de la propagande - père fondateur des relations publiques - contribue au développement de la capacité d’influence des entreprises sur les conduites des individus 1923 : Crystallizing Public Opinion : son ouvrage définit le métier de conseiller en relations publiques (il créé un lien symbolique entre son client et les masses en relayant ou créant de toutes pièces des messages adaptés à la psycho collective) Pour lui, masse incapable de juger les affaires publiques et les individus sont inaptes à exercer le rôle de citoyendans une démocratie, le public est un obstacle. 1928 : Propaganda : ouvrage où il prone l’emploi de la propagande en démocratie (considère que la majorité doit manipuler la minorité, la propagande est l’organe exécutifdu gouvernement invisible, elle doit forger l’assentiment des masses, le politique s’en sert pour modeler la volonté du peuple) Cet ouvrage consacre la collusion de propagande et publicité, il industrialise la manipulation de l’opinion publique à des fins éco et politiques, son épouse lui suggère de remplacer le terme de propagande par relations publiques. « Les torches de la liberté » : il est connu pour avoir brisé le tabou autour de la cigarette chez les femmes, l’a convertie en symbole de liberté : en réalité, il voulait encourager la consommation de cigarette car ce commerce ne décollait pas : le ressort psychologique de l’émancipation devient un levier de l’industrie publicitaire. ‘créé des effets de mode, fait appel au conformisme, adopte une tonalité simpliste sans état d’âme) - Le sens de la formule de Walter Lippman : Walter Lippman : journaliste et polémiste qui entretient des liens intellectuels avec Bernays. Il a un sens de la formule très développé : il est à l’origine de l’expression « guerre froide ». 1922 : Public Opinionouvrage où il invente les 2 concepts centraux sur lesquels repose la propagande (stéréotype et fabrique du consentement) Stéréotype : nous donnent une image ordonnée et confortable du monde, Lippman affirme que notre accès à l’information est entravé par : l’information disponible, la censure, le peu de temps disponible pour suivre une information. Fabrique du consentement : méfiance envers les foules et la tyrannie de la majorité : il faut encourager la « fabrque du consentement » pour que la majorité adhère aux décisions d’une minorité. 1925 : Le public fantôme : le public règne en théorie mais ne gouverne pas dans les faits (les individus peuvent être très compétents dans leur domaine mais doivent s’en remettre à d’autres plus compétents pour la plupart des affaires public donc le public n’est qu’un fantôme qui ne se manifeste qu’à de rares occasions. Lippman partage la vision de Bernays avec une propagande qui vise à encourager l’adhésion de l’opinion pulique à la politique menée par une oligarchie seule légitime à gouverner (c’est leur conception de la démocratie) - La propagande assimilée à une science par Harold Lasswell H. Lasswell : premier universitaire américain à se spécialiser dans l’étude de la propagande. Il pose les fondements d’une théorie qui analyse les comportements des individus, pour y parvenir, il a recours à la science et à la quantification. 1927 : Propaganda technique in the World War : Lasswell y développe le modèle de l’aiguille hypodermique : les médias injectent idées et attitudes au corps social. Dans les années qui suivent, Lasswell préconise un contrôle gouvernemental des techniques de communication afin de convaincre les masses de ce qui est bien pour eux. 1934 : dans son article « Propagande » publié dans l’Encyclopédie des sciences sociales : les hommes ne sont pas les meilleurs juges de leurs propres intérêts, les meilleurs juges sont les élites (grace à des techniques de contrôle) : c’est une exigence, à ses yeux, la propagande doit servir des intérêts des élites. 1940 : participe aux recherches de la fondation Rockfeller pour déterminer les moyens de mener une guerre psychologique 1948 : développe le principal modèle de la communication de masse (encore utilisé ajd : qui dit quoi à qui par quel moyen et avec quel effet) Il a légitimé la propagande à des fins de persuasion non plus seulement de l’ennemi des USA mais aussi de la population américaine. A acquis la légitimité en enseignant à Yale et président Association américaine de Science politique. Sous son influence, la propagande devient un idéal tehnocratique : basée sur le modèle entrepreneurial, dépolitisée, rationnelle. 2. L’analyse critique du phénomène de la propagande Jacques Ellul, Propagandes, 1962 - soucis d’efficacité et volonté d’action des propagandistes - difficulté à déterminer ce qui est propagande et ce qu’est la propagande - extrême incertitude de la définition de la propagande Plusieurs définitions de la propagande selon lui : - définitions simplistes (« tout effort pour changer les opinions et les attitudes », Ogle) : ne permet pas de comprendre ce qui est spécifique à la propagande. - définitions psychologiques développées entre 1920-1933 : manipulation consciente de syboles psychologiques ayant des objectifs dont l’auditeur est inconscient : porte donc largement sur des qst politiques économiques et sociales. l’Institute for Propaganda analysis ont retenu une definition inspirée de Lasswell : la propagande : - est un processus réfléchi - concerne individu isolé et la masse - doit pousser à l’acte - résulte d’une programmation - a une dimension manipulatoire ( definition : « expression d’opinion ou acte effectué délibérement par des individus ou des groupes en vue d’influencer l’opinion ou l’action des autres individus ou groupes, avec référence à des fin prédeterminées et au moyen de manipulations psychologiques ») Def de Lerner : défaut d’être uniquement psychologique à cause de l’insistance sur les symboles Ellul s’intéresse à la propagande telle qu’elle existe ou a existé, sous diverses formes (action psychologique, guerre psychologique, réeducation et lavage de cerveau, relations humaines avec le public). Sa démarche est importante car il ne part pas d’une définition théorique toute faite, s’intéresse à la propagande dans les faits partout où elle est appliquée et où elle est dominée par le soucis d’efficacité, ne s’attarde pas sur des sujets très employés ailleurs) Il analyse le mécanisme pour provoquer une prise de conscience sur la propagande. Selon lui, la propagande chercher à s’insérer dans la science mais n’est pas une science. - elle possède les caractéristiques d’une science moderne car s’appuie sur des méthodes scientifiques (mobilise les sciences comme psycho, tend à constituer un ensemble de règles, s’appuie sur le calcul, développe un esprit d’expérimentation et de réflexion) La propagande n’est pas une action livrée à elle même mais un objet de réflexion pour les propagandistes. Caractéristiques externes de la propagande politique : 1- S’adresse à la fois à l’individu et à la masse : l’individu est pris dans ce qu’il a de commun avec les autres 2- La propagande doit être totale, utiliser tous les moyens médiatiques possibles : elle exclut la contradiction et la discussion 3- Elle est continue et durable : se déroule sur du long terme et doit être continue pour que l’individu n’aie plus de point de référence à l’extérieur 4- Elle est organisée et administrée : elle ne peut être menée qu’a l’intérieur d’un groupe et particulièrement d’une nation. Elle est toujours séparée du propagandé : il entend une parole spontanée alors qu’elle est très préparée. 5- Elle vise à faire agir selon sa norme : « l’orthopraxie » : phénomène bien plus puissant que l’opinion publique car le propagandiste sait à quel point les opinions sont mouvantes. L’action résultant de la propagande est irréversible : - les partis communistes et hilériens comptent sur cette compromission de ceux qui agissaient en leur faveur (se couper de ses proches pour adhérer à un nouveau milieu, impossible de quitter ce milieu après y être entré, l’individu est alors totalement maîtrisé par la propagande) Pour le propagandiste : - pensée et actions sont distinctes : l’action prévaut - moral et comportement sont distincts : le comportement prévaut - conviction et action sont distincts : on peut agir sans convictions Tout cela permet de faire converger la propagande vers des actions-réflexes. Jacques ELLUL : Propagandes (lecture obligatoire) - Caractéristiques internes de la propagande politique : - le terrain psychologique - les courants fondamentaux - le rapport avec l’actualité - le cas des indécis - le rapport à la vérité Ellul distingue plusieurs types de propagandes : - propagande politique (relève de la stratégie) et propagande publicitaire (relève de la tactique) - propagande d’agitation (s’appuie sur des sentiments simples : appel à la liberté, promesse du pain, se fonde sur l’inculture, recherche l’exaltion, obtient de résultats rapides et excessifs) et propagande d’intégration (s’appuie sur le confort et l’efficacité : veut conformer et uniformiser la société, propagande permanente, agit lentement) - propagande verticale (menée par un leader) et horizontale (plus récente, besoin d’un animateur) - propagande rationnelle (menée à base de faits et notions économiques) et irrationnelle (s’appuie sur une passion, un myhte, une vision de l’avenir) Conditions d’existence de la propagande : Conditions sociologiques Condition n°1 : existence d’une société individualiste et d’une société de masse : Une élite gouvernante forme des groupes structurés (partis, syndicats, famille, église) : l’individu est à la fois soumis et protégé par le groupe Mais cette société reste une société de masse : les masses ont rendu la propagande possible car il y a un rapport entre masse et opinion publique Ne pas confondre : théorie individualiste au 19e : valeur éminente selon laquelle l’individu devient maître de sa vie (déterminé par des stimuli collectifs) et individualisme pratique au 20e : individu déterminé par son milieu social. Selon Ellul l’erreur a été de croire qu’on libérait l’individu en le libérant de ces milieux alors qu’on ne le rendait que plus disponible à l’influence de la propagande. Condition n°2 : configuration particulière des Mass Media rend possible l’organisation technique de l’influence. - forte concentration - réduction des moyens - trusts médiatiques aux mains de quelques propriétaires Condition n°3 : réception de la propagande Le propagandé doit être « complice » (équipé et réceptif) : il doit être attiré par les médias, ainsi il y a passage d’une opinion vague et diffuse à une expression rigoureuse et active (transformation d’un sentiment en motif d’action). Propagande est moyen de changer les opinions, les renforcer et les transformer. Conditions objectives : - propagandiste a un niveau de vie moyen (les classes trop riches sont trop éloignées du peuple pour le comprendre et l’influencer) - propagandiste a une culture moyenne (il doit savoir lire et « quoi » lire, intellectuels parfois très réceptifs à la propagande) - propagandiste est informé (essentiel : la propagande ne signifie rien s’il n’y a pas de travail d’information préalable, mieux il est fait plus la propagande est efficace) - propagandiste sensible à l’idéologie (idéologie : toute organisation d’idées reçues pas les individus ou peuples, idées valorisées et qui se rapportent à l’actualité : porte sur de la croyance, pas besoin de démonstration) Comment la propagande obtient-elle de tels résultats ? Importances des conditions sociologiques et objectives d’existence de la propagande mais c’est la subpropagande qui doit être continue. Sub-propagande : Elle n’a pas un objectif précis au pdv idéologique (pas une opinion, doctrine ou idée), procède par manipulations psychologiques, modifications caractérielles et création de sentiment ou de stéréotypes. Elle a pour but de mobiliser les individus (les rendre mobiles, mobilisables) pour les lancer dans l’action au moment venu. La sub-propagande emprunte deux voies : - réflexe conditionné : créer des réflexes conditionnés par un « dressage » (mots, symoles, personnes, faits qui provoquent des réactions) : il faut de l’entraînement sur longue durée pour y arriver. - mythe : créer une vision d’objectifs souhaitables (sans caractère matériel), idéal ancré dans l’imaginaire collectif et pousse l’homme à l’action (mythe de la race, du prolétariat, de la société communiste, de la productivité...) Seulement quand réflexes conditionnés créés dans l’homme et qu’il vit dans un mythe collectif qu’il devient mobilisable (on peut cumuler les deux méthodes mais une propagande a en général ses préférences) Conclusion sur Ellul : La propagande : - consiste à faire adopter des opinions et conduites determinées - est indissociable de l’exercice du pouvoir - est indissociable de la communication - est en général multiforme 3. Analyse de la propagande contemporaine Lecture obligatoire : Propagande. La manipulation de masse dans le monde contemporain, « Chapitre 7 : La gouvernance des conduites », D.Colon D53 Définitions : Société disciplinaire : Michel Foucault : intervention de l’État dans le contrôle des conduites, rectification des conduites considérées comme fautives. société de contrôle : Gilles Deleuze : forme de société qui apparaît suites aux grandes mutations des techniques et technologies du pouvoir. Sécuritarisme : Gilles Deleuze priorité donnée à la sécurité matérielle des individus au prix de certaines de leurs libertés individuelles (se traduit pas essor des dispositifs de surveillance pour détecter le plus tôt possible les comportements suspects) (Orwell, Huxley : surveillance totalitaire des conduites privées) gouvernementalité : gouvernance par les nombres : marketing social : nudge : gouvernementalité numérique : biocontrôle : Colon s’appuie sur Ellul pour insister sur quelques idées reçues : a) La propagande serrait le fait des régimes autoritaires Elle est en réalité indissociable de la naissance de la démocratie (ex : Antiquité). Aujourd’hui,une forme de propagande est très utilisée pour influencer les rapports du grand public avec une entreprise, une idée ou un groupe (lobbying) b) La propagande aurait pour but de modifier les opinions du public ciblé Non, le plus souvent elle consiste à conforter, renforcer et instrumentaliser une opinion ou des préjugés préexistants, elle a souvent pour but de déourner l’attention en jouant sur l’émotion pour affaiblir le jugement c) La propagande se ferait à coup de mensonges et désinformation Non, la propagande s’appuie sur des faits avérés mais elle ment sur l’interprétation de ces faits. d) La propagande serait un mal en soit Réponse non évidente car il existe différents types de propagandes - propagande noire : secrète, dissimulée (ex : nazis) - propagande blanche : assumée, officielle et révélée (ex : ministère de la propagande) - propagande grise : dominatrice aujourd’hui à l’ère du numérique (rajoutée par Colon) e) La propagande toucherait en priorité les individus les moins instruits Non : plus l’individu est instruit et accède à une multitude d’informations, plus il ressent le besoin de cadre explicatif et simple (ce que la propagande apporte) f) La propagande serait d’abord et avant tout politique Non : la propagande est aussi sociologique Exemples - le mythe de l’émancipation de la femme dès 1928 - le mythe de l’American way of life (1937) : fait référence à l’éthique nationale américaine et s’appuie sur des prncipes élaborés dans la décla d’indépedance (vie, liberté, bonheur) - le mythe de la consommation de masse aux USA : la période des trente glorieuses (1946-1975) qui s’étend à une grande partie du monde dont la France (1956) - le mythe italien de la dolce vita : aboutit même à une forte dépolitisation Conclusion du I. Manière dont la propagande contribue à rationaliser la communication politique : - s’appuie sur des volontaires - considère qu’une élite peut manipuler la majorité - s’appuie sur des stéréotypes et le consentement - se présente comme une science et se développement Pensée de Jacques Ellul pour comprendre le processus Lecture de Colon : nécessité d’être attentifs aux formes contemporaines de la propagande. II- LE MARKETING POLITIQUE : dérives de la marchandisation 1. A partir des années 1930 : transition vers le marketing politique 1932 : New Politics, Roosevelt (campagne sur le New Deal), USA : trnsition vers le marketing politique. - Bernays : les stratégies politiques doivent s’inspirer des méthodes des grandes entreprises (mener des études de marché, en déduire des propositions) : il encourage les candidats politiques à ne pas se limiter à la presse et aux meetings mais aussi à organiser des concours, des expositions et divers événements pour promouvoir leurs idées. - Roosevelt : organise opération de relations publiques : envoie 63 millions de lettres personnalisées aux électeurs, crée une organisation de volontaires décorés d’un aigle bleu (date de 1933, concerne campagne NRA (National Recovery Administration : redressement industriel)), mobilise artistes écrivains et intellectuels. Cette opération est intitulée New Politics : - def : le développement technologique de la manipulation politique repose sur un effort de rationalisation et d’organisation des campagnes politiques selon les techniques d’organisation et de marketing en usage dans le commerce et l’industrie - la NP met ces techniques au service de la fabrique du consentement - à l’origine d’un nouveau métier : « conseiller en campagne politique » qui sera incarné en France par la naissance de l’agence Publicis (années 1950) Les USA = laboratoire de fabrique de l’opinion et du marketing politique Marketing politique= application de techniques de marketing à la politique, caractérisé par : société segmentée (en fonction de traits socio-démo, cultu, pol…) et des stratégies d’influence des comportements des citoyens. Principaux procédés du marketing : vendre le produit et changer le produit pour l’adapter à la cible Marketing politique repose sur : la sociologie électorale (connaissance de la population), les sondages d’intention (intentions de vote), les entretiens individuels ou de groupes (positionnement). 2. Méthode quantitative dominante : les sondages - 1935 : premiers sondages aux USA (initiative d’Elmo Roper et George Gallup) : L’American Institute of Public Opinion : mesurer les pratiques de lecture de la presse, institut de sondage créé, accord signé avec journaux américains. Il marque le succès des premiers sondages qui présentent l’avantage de permettre à ceux qui ne votent pas de quand même donner leur avis. - 1947 : première formation universitaire consacrée aux sondages (essor des sondages pendant guerre froide car ne peuvent pas être menés dans les pays soviétiques (un seul parti) : présentés comme l’apanage des « démocraties libérales », ils deviennet symbole de la différence entre Est et Ouest. - 1948 : première erreur de sondage : élections de Truman : coups d’arrêt au développement des techniques (les sondages créent un nouvel espace social dominé par ensemble d’agents spécialisés qui donnent de l’existence à une opinion publique qu’ils ont fabriquée eux-mêmes). - Depuis années 1980 (France) : les sondages d’opinions sont devenus des outils marketing qui permettent de suivre les dispositions de l’électorat à court terme. Ils permettent de connaître des tendances et fluctuations immédiates et donc de procéder à des ajustements lors des campagnes. Encadrement des sondages en France : - Loi du 19 juillet 1977 : limite les effets underdog (les électeurs indécis décident au dernier moment de voter pour un candidat en difficulté) et bandwagon (les électeurs indécis votent pour le candidat en tête) : mesure de moralisation et d’accompagnement des conditions de publication des sondages + interdiction de publier des sondages une semaines avant les échéances. Pose 3 problèmes : résultats de sondages anciens (= faussés, on ne s’attend pas à ce qui va se passer), sondages privés toujours commandés par hommes politiques, libre accès à la presse étrangère (en ligne) : permet de lire des résultats sur la France publiés hors-France - création de la Commission des sondages (1977) : respect des règles, garanties de fiabilité technique + transparence, pouvoir d’investigation et de rectification. Assouplissement de l’encadrement des sondages en France : Loi du 19 février 2002 : réduit l’interdiction de publication à la veille et au jour des tours de scrutin, précise les modalités d’intervention de la Commission des sondages en période élctorale. Critiques scientifiques des sodages : - Domenach, La propagande politique, 1950 : dénonce l’effet manipulatoire des sondages (les partis et gouvernements en abusent pour créer sentiment d’unanimité, de prépondérance) - Bourdieu, L’opinion publique n’existe pas, 1973 : remet en cause les postulats sur lesquels reposent les sondages : la production d’une opinion est à la portée de tous, on suppose que toutes les opinions se valent, il y a un accord sur les questions qui méritent d’être posées (critiques sur : légitimité, méthodologie, défaillances techniques) + Blondiaux, Grunberg et al., Hubé et Rivière, Garrigou et Brousse Problèmes majeurs posés par les sondages : - Absence de fiabilité structurelle, absence de fiabilté conjoncturelle, coûts, effets indirects (les sondages sont une technique non-scientifique mais qui se donne des allures scientifiques, les sondages sontsouvent une technique dépassée par la conjoncture politique ou sociale. Evolution des pratiques de sondages : Access Panels : Internet est désormais mobilisé pour réaliser des sondages sur des échantillons nationaux (pratique généralisée en France depuis 2013) 3. Autres méthodes contemporaines de marketing politique - Focus groups : recruter des groupes de personnes volontaires (entre 6 et 12), discussion ouvert face à animateur qui observe, interagit pour canaliser les échanges, interprète les réponses et les comportements (ils sont réunis à échéances particulières pour pouvoir suivre une campagne politique). Méthode très utilisée en marketing politique : permet approche qui donne résultats approfondis sur les motivations de l’opinion publique, complète les enquêtes d’opinion en donnant des indices relatifs aux raisons des comportements électoraux. - Medias-copies (Dial-testing) : mesure en temps réel des réactions spontanées d’adhésion des téléspectateurs au cours d’une émission télévisée (évaluation immédiate du ressenti, mesure en direct de l’intensité des réactions). Limites : caractère immédiat du jugement, réactions qui vont alimenter le débat ne sont pas prises en compte. - Spin Doctors : chargés d’élaborer l’image de l’acteur politique (peuvent être : consultants politiques, experts en médias et relations publiques, professionnels de la politique). On les trouve dans les administrations américaines depuis Nixon, sous les gouvernements britanniques conservateurs depuis Thatcher jusqu’aux gouvernements travaillistes de Blair. Encore peu développé en France. Techniques classiques : annonces aux médias, réactions aux déclarations, publiciser des messages Techniques moins classiques : présenter les lignes de force aux médias, faire diversion par rapport à des sujets gênants pour le candidat, utiliser des informations qui peuvent perturber l’adversaire, anticiper l’information pour désamorcer son effet, envoyer sonde dans les médias, xploiter une histoire, noyer le poisson (dissimuler une information dans un flot d’autres informations), rappeler les bonnes nouvelles, regrouper des journalistes complaisants 4. Les tendances actuelles du marketing politique - Utiliser le neuromarketing et le marketing prédictif (big data) : neuro : marketing politique qui s’inspire des avancées scientifiques des neurosciences (depuis 200, essor depuis 2004) big data : maîtrise des gros volumes de données. - Mobiliser des techniques de manipulation : techniques de manipulations des consommateurs (postulat sur lequel elles reposent : il est possible de prédire le comportement d’une personne en fonction de son comportement antérieur). 2 caractéristiques majeures du comportement humain : - l’effet de gel : tendance des individus à se comporter comme les décisions qu’ils ont déjà prises et ne pas revenir dessus. - l’escalade d’engagement : on a trop de mal à revenir sur une décision, on persévère vlontiers dans l’erreur par amour-propre. « Théorie de l ‘engagement » : un individu éprouvant un sentiment de libreté quant à ses choix sera d’autant plus enclin à persévérer dans ses décisions. 5. Critique du marketing politique Les critiques scientifiques du marketing politique portent globalement sur : - la surévaluation dont il fait l’objet (notamment dans les médias) - les risques de manipulation de l’opinion qu’il induit - les coûts très élevés qui l’accompagnent III- LE LEITMOTIV DE L’EFFICACITÉ : réduction du champ politique Pourquoi parler de rationalisation au moyen de l’efficacité ? L’efficacité est un leitmotiv dans la communication politique (il faut gagner des voix) qui se traduit par des tendances constantes : - une diffusion massive et répétitive des argumentaires - des formats argumentatifs très courts - un contenu politique très réduit et simplifié - un attrait recherché et renforcé par la forme (visuelle, audiovisuelle…) En se focalisant sur un objet d’efficacité, c’est l’influence et la persuasion qui sont recherchés. 1. Les médias, à la recherche de l’efficacité, adaptent les messages Leur influence peut s’exercer directement ou indirectement. Pour être efficace, il faut promouvoir des personnages politiques (les médias ajoutent des informations), il faut persuader et influencer le lectorat (modifier le contenu de ses croyances) : le postulat des médias est ici que l’individu s’engage dans le traitement de l’information politique. Celui qui cherche à persuader doit émettre des messages différents en fonction du degré estimé de motivation de la cible. Pour des individus faiblement motivés par une campagne, la réception du message politique se base su des raccourcis et des simplifications. Le message privilégie dons des symboles, des signes physiques et la proximité sociale. Pour des individus fortement motivés par une campagne, la réception du message politique se base sur une évaluation du bilan du candidat, une explication des enjeux, une analyse des problèmes centraux soulevés par la campagne. Le message privilégie donc : le contenu, l’explicitation et la vision à long terme. 2. Les techniques médiatiques pour atteindre l’efficacité a) Technique de l’amorçage Porte sur la mobilisation des informations en mémoire : il s’agit de rendre visible un thème déjà présent dans les mémoires. Exemple de séquence d’amorçage (présidentielle de 2002 : Chirac/Le Pen) : Gouvernants = Affrontements récurrents des forces politiques sur le thème de l’insécurité Visibilité dans les médias = Evénements délictueux soulignés dans la presse Saillance d’un enjeu = création d’un climat d’opinion où la sécurité devient dominante Attention publique = Sélection du thème par les candidats comme thème prioritaire dans l’agenda électoral Mise en acceptabilité publique du problème = Les candidats débattent sur prises de position et propositions plus ou moins originales sur ce thème Préférence collective = exprimée par le vote b) Technique du cadrage Porte sur le changement d’importance accordée à la croyance : on interprète d’une certaine manière les éléments de la réalité qu’on veut mettre en évidence. Exemple dans l’enquête expérimentale Tversky et Kaneman (1979) : scénario : prise de décision en cas d’épidémie collective. Résultats : si choix présenté en terme de gains : les gens préfèrent éviter le risque, si choix en terme de pertes : les gens préfèrent prendre le risque. c) Technique de la mise en agenda Porte sur la pression exercée sur les citoyens par le tri sélectif opéré par les médias sur l’information : elle dit aux gens à quoi il faut s’intéresser. Exemple : séquence de contrôle d’opinion : Elections américaines de 1960 : Kennedy met l’accent sur la protection sociale (stratégie de priming) : effet produit : création d’une image personnelle de proximité et de souci d’autrui. Synthèse : Amorçage Amorce de jugement en imposant de manière insistante certaines considérations comme critères de jugement Cadrage Privilège accordé à certaines interprétations et imputation de responsabilités à tel ou tel acteur Agenda Focalisation de l’attention sur un objet d’information Réception de ces techniques médiatiques au sein du public : - public rarement homogène - approche relativiste des publics (énumération de différents types de publics et prise en compte de la variété des postures de réception). Il ne faut pas réduire l’analyse des effets de la communication politique aux sondages. Les médias peuvent aussi influencer et persuader en réduisant la durée des émissions politiques. 3. La publicité politique à la recherche de l’efficacité Leitmotiv pas seulement présent dans les pratiques d’information médiatique mais aussi mobilisé par la publicité politique (def : une communication contrôlée par un acteur politique individuel ou collectif et caractérisé par une diffusion payante).Peut être utilisée par les Etats et les organisations politiques en période électorale ou non. Spots publicitaires politiques : augmentation de la propagande électorale. Exemple classique : spots télévisés réalisés aux frais des partis politiques. Elle cherche à créer une amélioration de l’image du candidat et un impact émotionnel chez les spectateurs. (utilisation massive aux USA et RU, moins en France ais toujours présente) Avantages : brieveté (attention pas relâchée, ciblage facilité, possibilité de tester la popularité) Risques : publicité mensongère (syndrome Otiinger), impossible d’aborder la complexité, renforce opinion préalables mais ne créé pas l’opinion. Dérive du spot : publicité négative (spot visant à critiquer ou discréditer son adversaire). Présence physique du candidat sur le terrain : marquage du caractère. La publicité politique relève aussi de la communication verbale et non-verbale. La présence physique de l’homme politique sur le terrain a des impacts forts et difficiles à maîtriser : apparence physique, voix, discours, gestuelle… Il est cependant difficile d’influer sur la communication non-verbale : une bonne partie de celle ci reste inconsciente, subjective et interprétation varie beaucoup, tempéraments politiques souvent forts et parfois impulsifs. Affiches politiques : (effets quasi nuls) Vecteur classique de la communication politique Critiques : pas de complexité, pas d’explication, peut accroire la notoriété sans convaincre (ce média arrive en dernière position pour la prise de décision en France) Encadrement (France) : de la publicité politique : Loi du 15 janvier 1990 : plafonne les dépenses de campagnes limite le recours aux formes plus coûteuses de pub interdite au cours de la précampagne dans presse écrite ou communication audiovisuelle interdite pendant les 6 mois qui précédents les élections générales sur toute ressource publique des dépenses de campagnes : Loi du 11 mars 1988, du 19 janvier et 8 février 1995 : dispositions restrictives ou prohibitives soucis du législateur de moralisation des activités politiques publicité possible en dehors des conjonctures électorales recettes autorisées pour le financement des campagnes dons, apport personnel, remboursement public. CONCLUSION GENERALE Le processus de rationalisation de la communication politique s’opère : - par la propagande - par le marketing - par la recherche constante d’efficacité dans les médias et la publicité politique La communication politique s’en trouve transformée : - division du travail avec l’arrivée des communicants - sophistication des stratégies et des outils mobilisés - marchandisation des services apportés aux politiques - accroissement des coûts et problèmes de financements - multiplication des affaires à caractère politico-financier - encadrement juridique de plus en plus serré COURS 3 : L’ETHOS DISCURSIF DE L’HOMME POLITIQUE I- LE DISCOURS POLITIQUE - Deux composantes de l’activité humaine : - le débat d’idées (espace public) - l’action politique (espace politique) - Enjeu du discours politique : conquête et reconnaissance de légitimité de l’homme politique - Analyse du discours politique : On cherche à comprendre ce qui peut / ne peut pas et doit / ne doit pas être dit : à un moment donnée et dans un espace donné. - Objectifs de l’analyse du discours : - caractériser les discours (la régularité des procédés) - identifier l’ethos discursif (le caractère du locuteur « Les énoncés qui nomment, décrivent, expliquent ou prêtent la parole... » M. Foucault Extrait d’ouvrage (à lire sur e-campus) : « § 72 : Le discours comme acte de l’orateur », Traité de l’argumentation, C. Perelman et L. OLBRECHTSTYTECA Toute argumentation, écrite ou orale, se développe en fonction d’un auditoire (cf. Antiquité). Le Traité s’intéresse aux moyens discursifs permettant d’obtenir l’adhésion de cet auditoire. L’extrait insiste sur l’importance du contexte de la prise de parole et sur les effets produits sur l’auditoire par l’orateur selon qu’il prend plus ou moins bien en considération les contraintes liées à ce contexte. - Condition de l’analyse du discours : « La politique est un espace d’action qui dépend des espaces de discussion et de persuasion qui, pour être viables, doivent être déterminés en domaines, car toute société a besoin de reconnaître et classer les échanges qu’elle réalise. » Charaudeau (extrait à lire sur e-campus) - Domaines où s’effectuent les échanges politiques : - juridique : pour réguler les conflits sociaux (ex : débats sur nouvelles lois, intervention du politique dans les affaires où des élus sont impliqués, débat lors de la création du Conseil supérieur de la magistrature...) - économique : pour réguler les activités marchandes (ex : dépendances, pression sur le politique, débats avec les syndicats...) - médiatique : pour réguler la circulation de l’information (ex : analyse les dépendances du journalisme, analyse les débats politiques qui sont relayés dans la presse, analyse la distance nécessaire pour le journalisme...) - politique : pour réguler l’activité de gouvernance (ex : positionnement des partis politiques, des institutions, des instances nationales, pression régionale...) Espace public non homogène : interactions plus ou moins possibles/faciles, porosité entre les types de discours. - Espaces de discussion : Le discours politique produit des formes de gouvernement en philosophie politique. Quelques exemples : Souveraineté monarchique (Louis XVI), Proclamation de la République par décret en 1792, Socialisme libertaire non étatique (anarchie), Socialisme d’État (communisme ou social-démocratie, démocratie parlementaire, démocratie libérale). - Recourir à l’analyse du discours plutôt qu’au marketing : Marketing politique (discrédit scientifique) Analyse du discours politique (études approfondes des procédés discursifs et des effets qu’ils produisent) - absence de fiabilité des sondages - traitement quantitatifs et qualitatifs des textes - conception simpliste de la règle des 4C - examen minutieux du contexte - segmentation de clientèles : inadapté pour - mise en évidence des idéologies parler des/aux citoyens - recherche de l’nterdiscours = traces de discours antérieurs présentes dans les discours contemeporains. Recourir à l’analyse du discours suppose une forte prise en compte de l’Histoire : comment reconstruire des évenements du passé, en expliquer les causes et en analyser les conséquences ? Méthodes bien éprouvées en Histoire « Nouvelle histoire » : histoire interprétative - étude des archives - mentalités - corrélation des faits - comportements - analyse de contenus thématiques - représentations des peuples selon les époques L’analyse du discours est indissociable de l’Histoire car elle accorde une grande importance au contexte. L’analyse du discours mobilise donc, lorsqu’il s’agit de décrire le contexte d’un discours, des méthodes déjà éprouvées dans la discipline de l’Histoire, que ces méthodes soienttraditionnelles (étude des archives) ou interprétatives (étude des mentalités). Exemples de situations discursives analysables : 1er exemple (détaillé) : analyse de textes fondateurs d’une pensée politique : les écrits de D. de Rougemont pour comprendre le discours politique de la régionalisation qui se développe aujourd’hui dans toute l’Europe. Objectif : comprendre les principes qui servent de référence à la construction d’opinions et de positionnement politiques. Les discours de D. de Rougemont permettent par exemple de comprendre le surgissement de la configuration transfrontalière aujourd’hui en Europe, incarnée par les Eurorégions : structure territoriale qui prolifère depuis le milieu des années 2000 dotées de statut juridiques depuis 2006. Cela fait émerger une nouvelle communication politique (sites web institutionnels eurorégions, sites web d’acteurs économiques transfrontaliers, sites web de médias transfrontaliers, sites web institutionnels instances européennes, sites web institutionnels d’universités implantées en Eurorégions…). Application d’un traitement quantitatif au discours : par exemple, on peut procéder à une détection automatique des noms propres dans les discours des Eurorégions : mobilisent très peu les noms de pays (effacement de la référence nationale) au profit d’autres références (régionales ou européennes). Ainsi l’analyse quantitative du discours (léxicotomie ou textométrie) nous permet de mettre en évidence : - un usage concurrentiel des noms propres : Eurrégions / Etat, région, ville - un effacement remarqauble du nom propre Europe, un effacement partiel des noms propres d’Etats- des dénominations variables des Eurorégions (sous la forme de sigles juridiques, de noms complets d’eurorégions, mnémotechniques…) Cela ouvre des pistes pour e traitement qualificatif du discours (dans cet exemple, nous voyons que les Eurorégions acquirenet un pouvoir de représentation et deviennent une nouvelle référence géographique). Eurorégions= noms de lieux, lieux de mémoires, lieux idéaux (selon les sites web institutionnels) Pouvoir de représentation : devenir une référence institutionnelle (extraits de sites web eurorégionaux) : « une eurorégion est une structure administrative de coopération tranfrontalière », « il apparaît qu’une eurorégion sous sa forme institutionnelle, est mieux à même de jouer un rôle actif dans la mise en œuvre des actions de l’UE que les communautés de travail plus étendues » Nouvelle revendication identitaire : trouver sa place dans l’UE (revendiquer sa place en temps qu’eurorégion sur la scène européenne et internationale). 2e exemple (non détaillé) : les actes de communication politique (meetings, débats, slogans…) Concerne plus directement les acteurs qui jouent sur la scène politique : quelles images de ces acteurs ? Quelles stratégies de persuasion?quels effets des discours ? Exemple : analyse des « petites phrases » en politique : comprendre comment elles modifient le discours politique et comment elles marquent les esprits. 3e exemple (non détaillé) : l’analyse du discours politique dans la presse (discours médiatique porté sur la politique). Les propos de personnalités politiques relayés dans la presse ou le traitement d’une problématique politique dans la presse (ex : le discours de presse, les commentaires des lecteurs…). Distinction : Discours à propos du politique : commentaires, conversations privées = enquêtes de terrain Journalisme politique : commente l’actualité politique II- LES CONDITIONS D’EXISTENCE DU DISCOURS POLITIQUE Concepts clés du « contrat de communication politique » : le dispositif et la légitimité Le concept de dispositif : modèle interprétatif : C’est l’ensemble de moyens organisés conformément à un plan qui comporte : - organisation conceptuelle : en fonction des places occupées par les partenaires de l’échange - organisation matérielle : en fonction des situations de communication (TV, radio, pub…) Ce dispositif est composé de plusieurs « instances » : catégories abstraites qui permettent de décrire et d’analyser le dispositif sans se limiter à une personne (ex : Macron)ni à une situatio de communication (ex : tract politique) : c’est un modèle interprétatif Instance politique : Premier lieu de fabrication du discours politique : la gouvernance : pouvoir de décision et d’action et pouvoir de manipulation (exemples de discours politiques : pour proposer des programmes, justifier des décisions, critiquer les idées adverses, appeler au consensus social) Le discours politique est produit à plusieurs niveaux de la gouvernance : - niveau supranational : - institutions européennes - organismes internationaux - au niveau national : - chef d’État, de gouvernement, ministre, député - partis politiques - dans différentes instances qui dépendent du pouvoir politique : - instances juridiques, financières, scientifiques et techniques - organismes internationaux - ONG Diverses situations amènent à la production de différents genres discursifs du discours politique (ex : débats publics, déclarations publiques, prises de décision, campagnes électorales…) Divers publics sont visés par les discours politiques de la gouvernance : - citoyens (promesse électorale) - militant (public déjà conquis) - tous (par le relais dans la presse) Instance citoyenne Deuxième lieu de fabrication du discours politique : l’opinion (lieu d’idélaisation du bien-être commun). Exemples de discours citoyens : - revendications (réclamer un dû) - contestations (remettre en cause une décision) - interpellation (exiger des explications) - sanction (élire ou réélire un candidat) Citoyenneté : se définit par l’appartenance symbolique des individus à une même communauté nationale dans laquelle ils se reconnaissent parce qu’elle est le garant de leur volonté d’être et de vivre ensemble, et dans laquelle ils exercent leur part de souveraineté en élisant leurs représentants. Citoyen au sens large = notion appartenant à un régime démocratique Le discours politique est produit dans des organisations citoyennes qui peuvent être plus ou moins institutionnelles : syndicats , corporations, coordinations, groupes ethniques Et dans diverses situations : dans la rue (manifestations), dans les médias (déclarations), en ligne (blogs, réseaux sociaux) L’instance citoyenne est fragmentée : en diverses communautés, par diverses perceptions On distingue deux sous-ensembles dans l’instance citoyenne : - société civile (peu structurée) : moyen de maintenir un lien communautaire en l’absence de structure étatique, lieu de pure opinion (corporations, associations). - société citoyenne (construction structurée) : rassemble des individus qui ont conscience d’avoir un rôle à jouer dans l’organisation politique de la vie sociale (vote, discussion, influence, contre- pouvoir…), se construit au nom de projet de société, au nom de « vivre ensemble » (partis, syndicats, militants) Instance médiatique Troisième lieu de fabrication du discours politique : la presse : visée d’information (quête de crédibilité) et visée de captation (quête d’audience). Exemples de discours médiatiques : grands médias d’info, médias spécialisés, presse alternative… Le dispositif du contrat de communication politique est en quelque sorte une machine à fabriquer : - du discours de légitimation (instance politique) - du discours de protestation (instance citoyenne) - du discours de dénonciation (instance médiatique) Il fournit un modèle interprétatif à l’analyse du discours. Le concept de légitimité : l’objet de la quête du discours La légitimité ne concerne pas que le domaine politique, elle désigne « l’état ou la qantité de ce qui est fondé à agir comme il agit », elle renvoie à un mécanisme de reconnaissance (au nom d’une valeur reconnue par tour) : elle donne le droit d’exercer un certain pouvoir avec la sanction ou la gratification qui l’accompagne. Distinction : ne pas confondre - Légitimité : un droit acquis, une attribution issue d’un statut (charge institutionnelle), d’un savoir (connaissance) ou d’un s’avoir-faire (expertise) : ne place personne en situation de soumission - Autorité : un processus de soumission de l’autre, place le sujet dans une position qui lui permet d’obtenir des autres un comportement (faire faire) ou des conceptions (faire penser, faire dire) Il arrive cependant que l’autorité se superpose à la légitimité. Trois types d’imaginaires sociaux se trouvent à l’origine de la légitimité politique : - légitimité par filiation : héritage d’un titre, d’un pouvoir, d’une classe... - légitimité par formation : institution de prestige, niveaux de diplômes, postes à responsabilités... - légitimité par mandatement : légitimité populaire transformée en légitimité représentative (souveraineté provisoire) Dans tous les cas, la légitimité est le résultat d ‘un regard social qui reflète des valeurs. Les formes de légitimité varient en fonction des interactions dans lesquelles les acteurs sont engagés : - candidature : légitimité à être candidat et électeur - gouvernance : légitimité à décider et édicter des lois - territoire : légitimité à exercer un pouvoir local, national, supranational - représentative : légitimité à représenter un groupe et ses idées III- LES IMAGES DES ACTEURS POLITIQUES L’image de soi : une préoccupation dès l’Antiquité Aristote et image des orateurs. L’image de soi : l’ethos singulier - images symboliques fortes liées à une temporalité brève et qui s’attache surtout aux évènements : caractère forgé à l’occasion de grands évènements : la guerre (ex : De Gaulle) - images liées à une temporalité longue qui s’attache surtout aux personnes : segmentarisation de caractère au fil des évènements dans un contexte donné (ex : V. Giscard d’Estaing : image extrème sérieux et élitisme combattue par ses tenues, la publication de vacances, de réunions de famille…) - images fonctionnant comme des supports d’identification, via des valeurs communes : « l’ethos comme miroir citoyen ». - images contradictoires et fragiles (ex : Macron) L’ethos est une image fluctuante tournée vers le public. L’image d’un groupe : l’ethos collectif - images pas totalement volontaires pouvant engendrer des stéréotypes (Français chauvins, Allemands austères, Italiens frivoles…) Fonctionne sur des généralisation et des a-priori. Don l’ethos peut concerner des individus ou des groupes : dans ce cas, on a affaire à un jugement qu’un groupe porte sur un autre quant à son identité. Les individus appartenant à un groups partagent des caractères similaires ce qui donne l’impression extérieure que ce groupe représente une entité homogène. Différents types d’ethos créés en discours - Les ethos de crédibilité renvoient au sérieux, à la vertu, à la compétence. - Les ethos d’identification renvoient à la puissance, au caractère, à l’intelligence, à l’humanité, au « chef », à la solidarité Extrait d’ouvrage à lire (e-campus) : P. Charaudeau : Partie III, Chapitre I : L’ethos, une stratégie du discours politique, Le discours politique. Les masques du pouvoir L’auteur discute la construction du charisme d’un homme politique et les procédés langagiers pour construire ce charisme. Cet ouvrage est un classique de l’analyse du discours politique. IV- EXEMPLES CÉLÈBRES Procédés expressifs : Ethos lepéniste : parler fort, véhémence, corpulence, gestuelle ample, fortes qualités oratoires = Ethos de leader, puissant Ethos de François Mitterand : parler tranquille, intelligence, refléxion, articulation, soigné, simplicité apparemment naturelle, contrôle des pulsions = Ethos de souverain Ethos de Georges Marchais : parler local, authenticité, proximité, révélation du terroir ou de classe sociale, faibles qualités oratoires = Ethos de défenseur de la souveraineté nationale (risque : ne pas être pris au sérieux) Procédés énonciatifs Procédé d’énonciation « élocutive » : permet à celui qui parle de se mettre lui même en scène : usage du je ou du nous, implication, engagement, verbes de conviction, verbes de devoir, verbes d’action = Ethos de solidarité, de combattant, de chef. Procédé d’énonciation « allocutive » : permet à celui qui parle d’impliquer son locuteur dans son acte de langage : usage du vous, adresses au public-citoyen, interpellations de l’adversaire à caractère dévalorisant, modalité de sollicitation = Ethos de chef souverain, de guide Procédé d’énonciation « délocutive » : permet à celui qui parle de présenter ce qui est dit comme si personne n’était impliqué : tournures impersonnelles infinitives ou nominatives, modalités de l’évidence, slogans, petites phrases, mots d’ordre = Ethos combatif CONCLUSION Ethos : - construction du caractère et du charisme politique - peut entraîner la « dérive » du discours politique - mais que serait un « discours pur » ? il n’existe pas de référence La vrae question n’est donc pas de savoir si le discours politique est pur et détaché de tout ethos. La question de comprendre le jeu de domination entre : - ethos : construction de caractère - pathos : traces d’affect, dramatisation, spectacularisation - logos : arguments du discours