Introduction à l'Éthologie - Comportement Animal - PDF
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Cégep de Saint-Hyacinthe
2025
Karine Ross
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Ce document présente une introduction à l'éthologie, l'étude du comportement animal. Il explore l'histoire de la domestication des chiens et des chats, et analyse le lien entre l'homme et l'animal, ainsi que le comportement des animaux domestiques dans notre quotidien. Il s'adresse à un public intéressé par les sciences animales.
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- Chapitre 1 - Introduction à l’éthologie Comportement animal 145-CAN-HY Hiver 2025 Techniques de santé animale Mis à jour par Karine Ross, janvier 2025 0 Un peu d’histoire… Dans l’histoire de l’humanité, seules deux ou trois espèces se sont vu autori...
- Chapitre 1 - Introduction à l’éthologie Comportement animal 145-CAN-HY Hiver 2025 Techniques de santé animale Mis à jour par Karine Ross, janvier 2025 0 Un peu d’histoire… Dans l’histoire de l’humanité, seules deux ou trois espèces se sont vu autoriser le libre accès à nos maisons. Les 2 principales : le chien et le chat. Il est vrai qu’une très grande diversité d’espèces d’animaux de compagnie a été introduite sous nos toits : poissons d’aquarium, oiseaux, tortues et reptiles, rongeurs (hamsters, gerbilles, etc.), lagomorphes (lapins), furets… Toutefois, les chiens, les chats, les perroquets et les lapins se sont vu accorder l’autorisation d’aller et de venir plus ou moins à leur gré, d’une pièce à l’autre dans nos maisons. Ils partagent ainsi davantage notre quotidien. Le chien est l’animal qui a établi avec l’humain le lien le plus étroit et solide au fil des ans. Nous avons, avec lui, une relation particulière, un contrat ancestral aux clauses spécifiques. Des recherches récentes fondées sur l‘analyse de l’ADN permettent de penser que ce contrat, passé entre l’humain et le chien, aurait approximativement cent mille ans, soit beaucoup plus tôt dans l’échelle temporelle qu’on ne le pensait autrefois (10 000 à 15 000 ans). Des spécialistes de l’évolution estiment même que la survie d’Homo sapiens sapiens s’expliquerait en partie par son association avec le chien, qui le transforma en chasseur beaucoup plus efficace que son cousin du Néandertal (Homo sapiens neandertalensis). Ce dernier n’a, en effet, jamais noué de rapport de confiance avec le chien et il a disparu de la surface de la planète. Des ossements d’hominidés et de canidés (Canis sp.) ont été retrouvés côte à côte en France dans la grotte de Lazaret (vieille de 150 000 ans), en Chine, dans le site du Zhoukoudian (vieux de 300 000 ans) et au Kent en Angleterre dans un site Squelette humain au côté d'un jeune canidé - Eïn Mallaha, 12000 av. J.-C. datant de 400 000 ans. Avant même d’élever des bovins, ovins, caprins ou porcs, l’humain a donc pris conscience des avantages qu’il pouvait retirer de l’exploitation du comportement de certains canidés. C’est ce processus artificiel contrôlé par l’humain que l’on a appelé « domestication ». Il est le résultat d’une interaction entre les influences du milieu imposées par nous et la souplesse (malléabilité) génétique des chiens. Au fil des siècles, la domestication a contribué à l’évolution des caractéristiques physiques et des traits caractériels des chiens et, en conséquence, de leur comportement. Le comportement des chiens domestiques tel que nous pouvons l’observer aujourd’hui est donc le résultat d’un long processus de sélection qui s’est opéré selon les conditions du milieu et les besoins de l’humain. 1 Est-ce l’humain qui a été à l’origine du rapprochement entre le loup et le chien ou est- ce la génétique des loups qui a amené ces derniers à développer des partenariats avec les humains et ainsi profiter de leur compagnie ? Est-ce un croisement de plusieurs espèces de canidés? Le chien et le loup ont des gènes semblables certes, mais l’évolution les a amenés à vivre dans des niches écologiques différentes. Joël Dehasse, éthologue européen, mentionne que le chien est un loup « autodomestiqué ». Au fur et à mesure de son évolution et de sa sédentarisation, l’humain a sélectionné et choisi certaines caractéristiques chez ses fidèles compagnons canins et c’est ainsi que plus de 400 races « modernes » de chiens domestiques (Canis familiaris) ont été développées par accouplement sélectif. (Voir les notes de cours Introduction aux races de Clientèles animales.) Le philosophe Aristote a été le premier à noter ses observations sur le comportement animal. Se sont succédé, Hippocrate, Descartes, Darwin, Canon et plusieurs autres. Il est fascinant de voir comment la pensée et les connaissances de l’humain ont évolué à propos de l’animal. On croyait jadis que les animaux ne ressentaient aucune douleur, on était loin d’avoir une association internationale prouvant le contraire, l’IVAPM (International Veterinary Academy of Pain Mangement), la fondation BEA (Fondation Bien-être animal) et bien d’autres ! Les chiens ont depuis toujours manifesté une très grande capacité d’adaptation aux exigences reliées au comportement des humains et aux profondes modifications que l’humain a fait subir à leur milieu naturel (écosystème). Les chiens ont presque tous rempli sans défaillir la part du marché que nous avons conclu avec eux. Malheureusement, les termes de cet accord n’ont pas toujours été respectés, surtout par nous, les humains. S’il avait été consigné par écrit, ce contrat stipulerait que : « Le chien accomplira pour nous certaines tâches, en échange de quoi, nous lui assurerons la nourriture, un gîte, des soins et de la compagnie. » 2 Les origines du chien Les origines probables de nos races actuelles sont les chiens de village indigènes qui au fil des générations se sont rapprochés des ressources alimentaires des humains. Ces chiens ont délaissé la chasse au profit d’une nourriture plus facile à trouver et constante : les dépotoirs alimentaires des humains. Ces chiens de village ne ressemblent à aucune race en particulier et à toutes les races en même temps. La sélection naturelle est responsable de 2 % des mutations et la sélection humaine du reste des changements génétiques et morphologiques présents chez nos races de chiens actuelles. La sélection naturelle a toujours eu pour but la survie des chiens, la survie étant primordiale pour tout être vivant. Au fil des générations, les chiens ont augmenté leur apport alimentaire et leur sécurité. Cela a contribué à augmenter la productivité de leur reproduction et par le fait même la survie de l’espèce. Les chiens ont traversé des milliers d’années et ils sont toujours avec nous. Le chien a toujours établi une relation privilégiée avec l’être humain. Au fil des siècles, dans sa lutte pour sa subsistance, l’humain a utilisé le chien pour la garde de ses troupeaux, de sa propriété et de ses biens, pour se réchauffer, pour sa protection, pour l’assister à la chasse, éliminer les animaux nuisibles, tirer ses traîneaux, pour actionner des dispositifs mécaniques (« tournebroches », barattes, pompe à eau, machine à coudre) et comme combattant dans les innombrables guerres. L'humain s’est substitué à la nature pour diriger l'évolution d'une espèce. Peu à peu, l’humain a appris à sélectionner et à éduquer les chiens en fonction de tâches de plus en plus diversifiées et spécialisées telles que: - Flairer la drogue ou la nourriture dans les aéroports, - Guider les aveugles, - Agir comme zoothérapeute, - Secourir les victimes d’avalanches ou de noyades, - Disputer des courses, - Suivre la trace de personnes égarées ou de criminels évadés, - Concourir dans des expositions canines, - Jouer dans les films, - Voyager dans l’espace, - Localiser des truffes (champignons), - Ramasser des œufs d’oiseaux sans en briser la coquille, - Dépister certaines maladies (cancers, Covid-19, etc.), - Prévenir les épileptiques qu’une crise est imminente, - Prévenir les diabétiques de la chute ou d’une hausse de leur glycémie, - Chercher les moisissures dans les maisons, - Détecter les punaises de lit, - Être des compagnons fidèles et sans jugement. 3 Comme autre rôle, on ne peut que regretter que les chiens de combat soient, encore aujourd’hui, présents parmi nous. Ces duels entre animaux spécialement entraînés n’ont en aucun cas été complètement éliminés, même s’ils sont contraints à la clandestinité parce qu’interdits par la loi. Par ailleurs, la viande canine constitue un plat raffiné dans certains pays orientaux (surtout dans les campagnes). Cette pratique est cependant de moins en moins répandue et cela n’a jamais fait partie des principales fonctions de la gent canine. Elle semble avoir été surtout répandue en Chine, où le nom du « chien comestible » était le même que « manger » en argot : « Chow ». Enfin, dans beaucoup de religions, la doctrine tient le chien comme étant un être impur. Même de nos jours, dans certains groupes ethniques, les enfants apprennent encore, conformément aux anciennes traditions, à mépriser le chien. Le rôle d’animal de compagnie a considérablement changé dans notre société moderne québécoise, en grande partie, à cause du développement de l’humain urbain et à l’extension des grandes villes. Le chien est devenu un médiateur social, un animal psychanalysé, une menace, un animal objet. La sélection des races actuelles est plus esthétique que comportementale. Toutefois, le vent semble vouloir tourner pour les années à venir. Aux Pays-Bas, il est interdit de reproduire des chiens de race brachycéphale. Un pas en avant Est-ce que la mentalité québécoise a aussi évolué sur la place que l’animal a dans notre société et de ses droits? Pour vous et moi, amoureux des animaux, il va sans dire que l’on se préoccupe du bien-être des animaux et de leur environnement. Est-ce que la loi est aussi claire? Jusqu’en 2014, les animaux étaient toujours considérés comme des biens matériels (article de la loi québécoise P-42), et ce, malgré les organismes comme Anima Québec, MAPAQ, PIJAC, fondation BEA, etc. Enfin, après de multiples débats, la loi a modernisé le statut juridique de l’animal dans le Code civil et, en 2015, l’animal est officiellement reconnu par le Code civil comme « un être vivant doué de sensibilité ». Plusieurs s’entendent pour dire qu’il était plus que temps. Il est encore toutefois difficile d’imposer des amendes pour cruauté animale au criminel malgré toute l’importance que les animaux revêtent dans notre quotidien. Qui est fautif? Il est difficile d’être formel, les priorités de tous ne sont pas les mêmes, l’économie, la guerre, les droits de la personne, la protection des enfants ou des personnes démunies, etc. On avance à petits pas. Lentement, mais sûrement. Nous pouvons nous en rendre compte avec la tenue du colloque sur le bien-être animal à Ottawa en 2011, la nouvelle loi adoptée sur l’élevage en 2013 et la présence d’intervenants (vétérinaires, associations…) dans les médias pour sensibiliser le public. Il y a encore des lacunes, notamment pour les animaux d’élevage et les animaux exotiques. 4 Pour donner suite à une pétition d’Alexandra Yaksich, TSA, la réforme du Règlement sur le bien-être des animaux domestiques de compagnie et des équidés inclut l’abolition de chirurgies non thérapeutiques (caudectomie, dévocalisation, essorillement et onyxectomie). Ce nouveau règlement est entré en vigueur le 10 février 2024. Pour en savoir plus, vous pouvez le consulter ici : https://www.quebec.ca/nouvelles/actualites/details/reglement-animaux-compagnie-equides Voilà un grand pas dans la bonne direction. Il nous reste qu’à persévérer et travailler encore et encore… La science du comportement est une science imprécise. La psychologie, la génétique et l’éthologie L’étude du comportement peut se faire de différentes façons et à l’aide de différentes sciences. La psychologie par exemple va travailler le comportement avec des hypothèses, elle décortique chaque comportement avec les émotions, les perceptions, les actes moteurs. La génétique a aussi sa définition du comportement. Elle met en relation les gènes et leur expression comportementale. Dans la gestion des problèmes comportementaux, on est confronté à ce type de comportement génétique qu’on peut modifier qu’en partie. Toutefois, il sera possible de le rediriger avec de bonnes thérapies. L’éthologie et l’éthogramme L’éthologie (éthos : comportement et logie : étude de…), qui se définit comme l’étude des comportements, est une science qui a considérablement évolué au cours des années. Des philosophes et des chercheurs (Thondike, Pavlov, Skinner, Lorenz, Fisch, etc.) ont depuis plusieurs siècles réfléchi et tenté d’expliquer et de comprendre les comportements. Ils ont fondé des hypothèses où les instincts et les apprentissages ont tour à tour été étudiés afin de former une théorie sur les comportements. Il en ressort que les animaux, même au sein d’une même espèce, comme les humains d’ailleurs, n’apprennent pas tous de la même façon, ni à la même vitesse, ni avec la même facilité. Il est certain que les comportements visant la survie comme l’alimentation et la reproduction ont vite été appris puisque la survie des espèces en dépendait. L’éthologie a comme objectif d’observer, de décrire et de tenter de comprendre le comportement animal en relation avec son milieu extérieur (famille, ville, climat, commandes verbales ou gestuelles…), son milieu intérieur (hormones et génétique) et ses relations interanimales (Chien-chien, chien- humain, chien-autre animal). 5 L’éthologie revêt 2 aspects : ✓ l'un basé sur la biologie et une méthodologie spécifique d'observation et d'étude des comportements, ✓ l'autre, pluridisciplinaire, qui intègre différents courants scientifiques comme la paléontologie, la zoologie, la génétique, la médecine, la neurobiologie, la psychiatrie, l'écologie, etc. L’éthogramme est un répertoire de tous les comportements normaux d’une espèce dans le temps. L’éthologie les utilise en vue d’établir des balises fiables et précises qui permettront aux intervenants de ce domaine de vérifier si un comportement est normal, inopportun, anormal ou pathologique. L’éthologie décrit les comportements communs des espèces, mais il ne s’attarde pas aux variations individuelles ou aux troubles comportementaux. Si l’on voulait être puriste, en ce qui concerne l’éthogramme canin, on devrait bâtir un éthogramme par race de chien. Ce travail est à ce jour inachevé.1 Cet annuaire des comportements d’une espèce s’appelle l’éthogramme. L'éthogramme devrait décrire les comportements de façon : ▪ qualitative (description de la séquence motrice), ▪ quantitative (fréquence et durée d'expression), ▪ contextuelle (dans quels contextes s'expriment les comportements) En plus de classer les comportements suivant leur héritabilité (génétique). L’étude des comportements est objective et subjective. C’est donc ce qui la rend très compliquée. Toutefois, elle est essentielle. C’est pourquoi les chercheurs tentent avec tous les outils scientifiques possibles de trouver les « pourquoi » et les « comment » des comportements observés. Dans plusieurs ouvrages d’éthologie, le pourquoi, le comment et les mécanismes des comportements sont aussi appelés causalités (immédiate ou ultime). Les années 2000 sont des années très prolifiques dans l’établissement et la compréhension des éthogrammes de plusieurs espèces animales dont, en particulier, le loup, le chien, le chat et les chevaux. On travaille très fort aussi actuellement à produire celui d’oiseaux, notamment les perroquets. Pour le chien, l’éthologie est passée du chien meute au chien commensal2. L’éthologie évolue au fil des nouvelles connaissances. 1 Dehasse, Joël. 2019. Tout sur la psychologie du chien. Paris : Odile Jacob. 2 Commensalisme : Association d'organismes d'espèces différentes, profitable pour l'un d'eux et sans danger pour l'autre (différent du parasitisme et de la symbiose). 6 Des associations étudiantes, des études vétérinaires postdoctorales et des associations internationales ont comme buts, l’analyse et la compréhension des comportements. L’objectif étant d’éviter, de prévenir ou de traiter des dysfonctions qui prennent souvent leur origine de l’incompréhension ou de la mauvaise interprétation des comportements par l’humain. Les émissions sur le comportement canin affluent, on a qu’à penser à César, Refuge animal, Animo, On s’aime en chien, Les super-héros des animaux, etc. On ne peut s’improviser comportementaliste. Il faut de solides bases et de l’expérience. Vous apprendrez avec ce cours à devenir plus critique face à ces émissions. Sont-elles adéquates, adaptées à notre réalité et aux méthodes actuelles ? Les comportements, la séquence comportementale et les actes moteurs Tous les comportements chez un animal visent à atteindre un équilibre physique, émotif, psychologique et physiologique qu’on appelle homéostasie comportementale. Les différents comportements d’un éthogramme peuvent être classés par leur description (classification alphabétique) ou leur fonction apparente (classification par contexte) 7 Le contenu d’un éthogramme pour le chien et le chat, qui seront les espèces visées dans ce cours, devrait contenir ces 8 différents types de comportements : Comportement alimentaire : manger, boire, horaire de repas, mastication…______________________ Comportement d’élimination : marquage territorial, aires d’élimination, techniques…______________ Comportements de confort : ____________________________________________________________ ____________________________________________________________________________________ Comportement du mouvement et locomotion : abri, déplacements, explorations, postures…_________ Comportement du repos et sommeil : ____________________________________________________ ____________________________________________________________________________________ Comportements sociaux : communication en groupe, cohésion, comportements agonistiques…_______ Comportement de reproduction : accouplement, mise bas, soins aux petits…_____________________ Comportement de prédation : __________________________________________________________ ____________________________________________________________________________________ L’éthologie regroupe beaucoup de sciences comme cela a été mentionné précédemment. Chaque science interprète le comportement à sa façon. Donc, chaque science a sa propre définition de ce qu’est un comportement. Définitions du comportement : Un comportement est une réponse séquentielle observable de l’animal à des stimuli (événements de son environnement externe ou interne) selon sa définition éthologique. Il se définit plus scientifiquement comme étant le déterminant des composantes génétiques, de l’environnement et des expériences acquises d’un animal dans le temps et en un lieu donné. Il permet la survie (alimentation, reproduction et sécurité) de l’animal en plus de l’aider à maintenir son homéostasie comportementale. En général, tous les membres d’une espèce partagent un ensemble de comportements spécifiques. Toutefois, tous comportements pris un à un possèdent des spécifications particulières en relation avec les contextes où le comportement s’amorce. 8 Ainsi, les caractéristiques d’un comportement sont : - en lien avec un stimulus, - en constante évolution, - transitoire, - peut être répété ou non, - dynamique, - autosatisfaisant (permettant l'atteinte de l’équilibre), - peut être modifié, - permet la survie. On pourrait aussi ajouter une autre définition qui couvre un aspect différent du comportement, mais tout aussi essentiel à sa compréhension. Voici sa définition de façon physiologique : « … une série de modifications électriques et chimiques qui se produisent au sein d’un organisme en engendrant une activité motrice hormonale ou psychologique. »3 Le déclencheur (« on ») d’un comportement est en général l’apparition et l’effet d’une hormone ou d’un neurotransmetteur. C’est ce qui crée le comportement. L’arrêt d’un comportement (« off ») est l’arrêt de l’effet de l’hormone ou du neurotransmetteur. Classification des 3 types de comportements : Comportement normal : Comportement présent dans l’éthogramme. L’animal s’ajuste à son environnement en vue de maintenir son homéostasie. Animal _________________________________ Environnement __________________________ Comportement anormal (pathologique) : Comportement inexistant dans l’éthogramme. L’animal est incapable de garder son équilibre comportemental. Animal _________________________________ Environnement __________________________ Comportement inadapté (inopportun) : Comportement normal, présent dans l’éthogramme, mais qui dérange les humains. Animal _________________________________ Environnement __________________________ 3 Cloutier, Danielle. 2008. Comportement du chien et du chat. Montréal : Centre collégial de développement de matériel didactique (CCDMD) 9 Pour l’analyse d’un comportement, on doit savoir ce qui l’a déclenché (stimulus ou déclencheur), ce qui se passe après (conséquence), ce qui l’entoure (contextes physiques et sociaux) tout en tenant compte des émotions de l’animal et du propriétaire. Ce n’est donc pas toujours facile. Technique d’analyse comportementale ABC L’une des techniques d’analyse comportementale schématisée est la technique ABC. C'est cette dernière qui sera explorée dans ce cours. A B C Antécédent/Contexte Behavior/Comportement Conséquence/Réponse C’est la description du comportement. Ce sont les signes Il faut trouver le ou les Il faut trouver ce qu’entraîne le physiques, la réactivité, ainsi que déclencheurs. comportement pour l’animal. les actes moteurs (voir ci-bas) du comportement. Qu’est-ce qui provoque Qu’est-ce que l’animal en retire? Le Comment l’animal agit-il? le comportement? comportement est-il appelé à se Décrivez la séquence Dans quel répéter en fréquence et en durée? comportementale et son langage environnement se Quelle est la conséquence réelle (ou corporel. produit-il? les répercussions) pour l’animal? Séquence comportementale et actes moteurs Il n’est pas simple d’en arriver à une étude et une explication plus précise du comportement. Pour réussir, il faut le diviser en petites parties identifiables, comme les éléments de structure d’une phrase ou les ingrédients d’une recette parfaite. On appelle ces différentes parties des actes moteurs. Tous les actes moteurs additionnés dans un ordre cohérent formeront une séquence comportementale unique ou un patron moteur. Un patron moteur peut exister sans apprentissages, il a une base génétique. Il est encore très difficile de savoir quel gène amène quel comportement, mais on peut sélectionner génétiquement sur la présence ou l'absence d’un patron moteur et sur son intensité. Prenons en exemple les chiens d’arrêt de type pointer et les chiens de type terrier chez qui l’on exploite leur patron moteur de prédation qui s’exprime différemment. Les actes moteurs forment une suite où un acte moteur enclenche l’apparition de l’autre et ainsi de suite. À chaque étape, une régulation peut survenir et changer le cours des événements. Chaque acte moteur pris un à un peut mener à plusieurs séquences comportementales différentes. Une séquence comportementale est une succession en chaîne spécifique, mais quelquefois compliquée, de ces actes moteurs pour atteindre un but X. 10 Simplement dit, un comportement a un début, une action et une fin. Dans le cadre de ce cours, nous utiliserons les termes plus précis que voici : Acte moteur appétitif ou phase appétitive (motivation ou début) : Vient d’un stimulus interne ou externe et de la motivation de l’animal.____________________________________________________ Acte moteur de consommation ou phase consommatoire (action) : _____________________________ ____________________________________________________________________________________ Acte moteur de satisfaction ou phase de satisfaction (satiété) : Diminution de l’activité déclenchée dans la phase consommatoire.___________________________________________________________ Acte moteur d’arrêt ou phase d’arrêt : ____________________________________________________ ____________________________________________________________________________________ Voici un exemple pour illustrer le tout: Maestro le chat est déshydraté, ses récepteurs de la soif engendrent le stimulus qui amène le comportement de prise d’eau de la part du Maestro. → phase appétitive Maestro miaule inlassablement* près de l’évier pour demander à boire. L’humain actionne le robinet et le chat boit avidement. → phase consommatoire Maestro diminue sa consommation → phase de satisfaction Le chat arrête de boire → phase d’arrêt *Cet acte moteur peut aussi être présent dans une séquence comportementale où Maestro demande à manger ou simplement de l’attention. La compréhension de ces actes moteurs et de la technique d’analyse ABC est primordiale en thérapie comportementale, car elles permettent d’agir au bon endroit. En général, c’est dans la phase appétitive de la séquence qu’il faut agir afin d'arrêter une séquence inadéquate, de la corriger ou même de la diriger dans une autre voie plus adaptée. Cela dit, il est impossible de trouver une fonction à chaque comportement. Pour tout intervenant en comportement, il est souvent difficile de ne se fier qu’à l'anamnèse du propriétaire lors d’une consultation puisque les informations transmises par ce dernier sont souvent incomplètes, erronées ou trop teintées d’anthropomorphisme. Par conséquent, l’outil le plus utile aux intervenants en comportement est la vidéo en caméra cachée. Il n’y a rien de mieux qu’un bon « reality show »! Une caméra cachée sans l’intervention directe du propriétaire évite que l’animal soit incommodé parce qu’il voit son maître le filmer. Il pourrait alors modifier ses actes moteurs originaux, donc l’outil de diagnostic à ce moment devient inutilisable. 11 La génétique et les comportements Dans le cadre de vos cours de deuxième session, vous allez entreprendre l’étude de la génétique animale. Cette science est fort pertinente pour expliquer et comprendre comment nos chiens et chats domestiques sont passés de l’ordre commun des miacidés, il y a 40 millions d’années à l’espèce actuelle que nous connaissons dans nos maisons de nos jours. Bien sûr, Darwin et ses théories ont fait évoluer cette science. Il en est conclu que par des mutations naturelles et des niches environnementales différentes, les animaux se sont graduellement rapprochés des humains et de leurs ressources. Ces derniers ont, par esthétisme ou pour améliorer le travail des animaux, sélectionné des qualités physiques et comportementales qui ont favorisé la domestication et la popularité de nos amis à quatre pattes. Le génotype (G) est donc héréditaire. Il est déterminé au moment de la fécondation. Toutefois, son expression (P pour phénotype) est liée à la somme du génotype (G) additionné des influences de l’environnement (E). P=G+E La génétique est donc responsable d’une partie de l’analyse des comportements en répondant à certaines questions afin d’expliquer le « comment ». Quelle est l’origine du début du comportement ? Comment se fait le contrôle et l’exécution du dit comportement? Comment s’effectue le comportement proprement dit ? Quels sont les déclencheurs du comportement, sont-ils internes ou externes ? L’autre série de questions viendra du « pourquoi ». Pourquoi ce comportement est-il important ? Pourquoi le comportement a-t-il évolué vers ce que l’on connait aujourd’hui ? _____ % des comportements viennent de la génétique et _____ % sont issus de l’environnement. Ainsi beaucoup de comportements sont déterminés par des groupes de gènes (polygènes) et soumis à des variations par l’environnement au sens large, c'est-à-dire l’alimentation, l’exercice, l’entraînement, etc. Les comportements vieux comme le monde comme la posture de soumission (maintenant appelée position basse), les vocalisations et le langage corporel ont évolué au cours des siècles certes, mais doivent être convenablement décodés et bien interprétés pour bien comprendre nos animaux domestiques. 12 La responsabilité des éleveurs Voici comment un éleveur peut améliorer une race déterminée : ✓ Ne jamais reproduire des animaux ayant des problèmes connus de comportement, ✓ Établir des cartes génétiques et leur suivi sur plus d’une génération d’animaux, ✓ Informer les acheteurs potentiels de l’importance de la reproduction contrôlée ✓ Éduquer l’adoptant. L’éleveur doit se souvenir que la sélection génétique de certaines couleurs ou caractéristiques physiques peut affecter le comportement et les apprentissages. Ainsi, dès la naissance, l’animal a déjà des comportements. Ceux-ci sont empreints fortement de l'hérédité et on les appelle des comportements instinctifs (ou innés). Est-ce que le chien apprend à téter? Non, pourtant dès qu’il est libéré de ses enveloppes fœtales, il se dirige immanquablement vers une mamelle. Ces comportements se reproduisent de génération en génération. Ils ne sont pas pour autant immuables, mais sont les mêmes pour une espèce donnée, dans un temps donné. Les comportements instinctifs ne sont pas appris. Ils ne se modifient pas lors de la reproduction de l’espèce et ils sont souvent présents avant d’avoir l’expression de leur utilité. Par la suite, la plupart des comportements relèvent de l’acquis (maintenant appelé : apprentissage). Ces derniers sont donc le résultat d'apprentissages et d‘expériences. Les animaux apprennent qu’un comportement est déclenché par quelque chose qu’il amène invariablement une conséquence. Selon cette conséquence, l'animal réitérera ou non ce même comportement. N.B. Les termes acquis et innés font de moins en moins partie du vocabulaire éthologique actuel puisqu’ils sont désormais considérés comme désuets. Cependant, dans vos lectures ou sur Internet, vous les rencontrerez probablement ses termes. Vous pourrez donc faire le parallèle avec leur nouvelle appellation. La courbe de Gauss Une mise au point est indispensable sur les caractéristiques physiques et comportementales d’une race. Ce n’est pas parce que l’on dit que les Border collies sont d’excellents chiens de troupeaux que tous le sont. Toutes les caractéristiques physiques ou comportementales sont soumises à une courbe de Gauss. Si je vous dis que les Golden retrievers sont des chiens sociaux, cela ne veut pas dire que tous les individus de cette race sans exception seront des chiens sociaux. Chaque chien ou caractéristique varie autour d’une moyenne Variation d'une caractéristique biologique pour une race standard. C’est ce qui permet la sélection et ce qui % population explique la variabilité des individus. Chaque individu a une caractéristique de la race à un degré différent. Intensité 13 Le système nerveux et endocrinien Poursuivons sur une autre notion tout aussi essentielle aux éthologistes, c'est-à-dire la connaissance et la compréhension du système nerveux, du système endocrinien et du système immunitaire. Les 2 premiers jouent un rôle primordial dans tous les comportements. Le système nerveux assure l’activité musculaire et la coordination des hormones de notre système endocrinien. Il contrôle le fonctionnement des organes internes de façon volontaire ou non et assure des réactions adéquates aux changements de notre environnement. Il est le centre de contrôle complexe des comportements. Il agit à courte distance et très rapidement avec les neurotransmetteurs. Imaginez un chien à qui l’on écrase la queue. Son système nerveux, par le biais de sa composante périphérique, envoie un message au chien : « douleur ». En réponse, le chien va mordre ou le cerveau va dire à ses muscles : « Tasse-toi de là! ». Le système nerveux se divise en 2 composantes, le système nerveux central (moelle épinière et encéphale) et le système périphérique (nerfs). Les fonctions du système nerveux central sont soit sensorielles (sens) ou motrices (mouvement). Après avoir analysé et traité l’information qu’il reçoit, il fait parvenir une réponse au système nerveux périphérique. Les fonctions du système nerveux périphérique sont soit somatiques ou autonomes (sympathique et parasympathique). Système nerveux Système nerveux Système nerveux central périphérique Voie motrice Autonome Somatique Voie sensorielle sympathique Le SNC est constitué de : parasympathique - Moelle épinière - Encéphale (Tronc cérébral, cervelet et hémisphères cérébraux) 14 Le système endocrinien, pour sa part, agit à plus long terme ce qui rend quelquefois l’étude de cause à effet plus difficile, voire quelquefois impossible. Il sécrète des hormones, qui font office de messages, qui sont sous le contrôle du système nerveux, encore une fois, et qui influencent les comportements. Vous n’avez qu’à penser au fameux SPM (syndrome prémenstruel) chez les femmes! Schéma : Système endocrinien simplifié des mammifères Comportement Résumé des différences et similitudes du système nerveux et endocrinien (Fortement inspiré du tableau p.146 du livre Le comportement du chien et du chat de Danielle Cloutier, édition 2008) Points divergents Similitudes La noradrénaline et l’adrénaline sont Les influx nerveux sont distribués à des cellules spécifiques. Les efficaces dans les 2 systèmes. Elles peuvent hormones du système endocrinien peuvent atteindre jouer le rôle d’hormones ou beaucoup plus de cellules cibles sur différents organes. neurotransmetteurs. Les synapses du système nerveux font voyager les informations Les neurotransmetteurs et les hormones très rapidement et ont une conséquence de courte durée. Les sont « stockés » en réserve pour une hormones peuvent agir sur de longues périodes et peuvent utilisation toujours possible. avoir des effets sentis sur un long terme. Les signaux nerveux une fois enclenchés amènent un Les 2 systèmes utilisent des substances comportement (tout ou rien) d’une intensité non variable. Les chimiques pour véhiculer leur message. hormones agissent en finesse à des quantités variables en SN : neurotransmetteurs amenant des effets variables. SE : hormones L’animal a un certain contrôle des effets du système nerveux, mais les hormones pour la plupart ne sont pas sécrétées volontairement. 15 Facile l’étude du comportement, me direz-vous? Non, mais combien captivante! Selon le dernier sondage mené au Québec, la province compte maintenant plus de trois millions de chats et de chiens et ces animaux domestiques sont présents dans la moitié des ménages. Parmi ceux-ci, beaucoup développeront des problèmes de comportement. Malheureusement, plusieurs seront euthanasiés. Dans les prochains chapitres, nous tenterons de décortiquer certains comportements et moyens de communication du chien et du chat toujours dans le but de pouvoir mieux agir envers eux, mais surtout de pouvoir comprendre pourquoi ils agissent, de telle ou telle façon, dans certains cas. Les techniciennes et techniciens en santé animale sont la première ligne entre l’adoptant, son animal et le vétérinaire. Ils devront répondre à de nombreuses questions fondamentales sur l'éducation canine et féline. Dans une journée typique en milieu clinique, le TSA entendra certainement les questions : « Pourquoi mon chat fait-il cela? », « Pourquoi mon chien n’arrête-t-il pas de faire ceci? », etc. Vous serez, par vos interventions, les personnes responsables et privilégiées qui feront la différence pour plusieurs animaux qui sont incompris par leur entourage. Ne sous-estimez pas votre rôle. Il est essentiel. Il peut faire la différence entre une cohabitation harmonieuse basée sur la compréhension et une relation conflictuelle vouée à l’échec se soldant fréquemment par l’euthanasie ou l’abandon de l’animal. Vous avez le pouvoir de sauver des vies! Vétérinaire/ vétérinaire Intervenant en comportementaliste comportement TSA Adoptant Dans le cadre des apprentissages de ce cours et les bases données en éthologie, conditionnement, psychologie et sens de l’observation, nous voulons vous donner les outils de départ pour analyser les comportements des animaux domestiques. On ne peut pas toujours déterminer la cause exacte d’un comportement. Cependant, avec ce qui l’entoure, les propriétaires, l'environnement, l’analyse des phases, les déclencheurs et les conséquences, on vise à vous outiller pour mieux aider les propriétaires à résoudre des comportements inadaptés et encore mieux à prévenir des comportements non souhaitables. La connaissance des comportements des chiens et des chats vous évitera des morsures et des désagréments lors de vos interventions. Il va de soi que, plus vous êtes en contact avec des animaux (refuge, animalerie, travail ATE, etc.), plus vous allez développer votre œil et vos réflexes afin de bien servir votre profession. Vous serez alors les ambassadeurs pour promouvoir la santé physique, émotive, psychologique et comportementale des animaux. Nous comptons sur vous! 16 Annexe 1 Pour en finir une fois pour toutes avec le loup! Par Jean Lessard, éducateur canin Depuis quelque temps, plusieurs auteurs, chercheurs et scientifiques remettent en question des notions que l’on tient pour acquises depuis nombre d’années concernant les similitudes comportementales entre les loups et les chiens. De ce côté de l’Amérique, le biologiste Raymond Coppinger, avec son livre Dogs4, est certainement celui qui a le plus contribué à ce vent de changement de nos perceptions. Les aspects les plus controversés des anciennes théories sont relatifs à l’établissement de la hiérarchie, aux rôles de dominant et de soumis, bref à un supposé héritage génétique de nos chiens domestiques, relié à leur organisation sociale et aux interactions entre congénères. Selon Coppinger, qui a étudié les chiens de par le monde pendant plus de trente ans, une meilleure compréhension de l’évolution dont ce canidé a été l’objet, éclairant les mécanismes biologiques qui ont permis des changements de caractères si surprenants, était nécessaire afin de redéfinir la relation que nous avons aujourd’hui avec nos chiens. « Le rôle du loup Alpha en entraînement des chiens a été fréquemment décrit dans toute la littérature, mais nous doutons qu’il ait été réellement utile dans l’entraînement sérieux des chiens de travail, par exemple. Toutes les nouvelles techniques, telles que l’entraînement au Clicker, ne sont aucunement basées sur la dominance. Nous avons observé des entraîneurs de haut niveau, tels que Terry Ryan et Ken McCort, et jamais nous n’avons vu un seul indice de dominance de leur part. Les professionnels qui tentent de modifier les comportements agressifs d’un chien n’essaient pas de le dominer afin qu’il se soumette. Nous savons bien que ce serait un désastre! Imaginez que vous essayez de dominer un loup… C’est le meilleur moyen de vous faire tuer!5 » Coppinger ajoute que nous sommes souvent dans l’erreur lorsque nous pensons ainsi, simplement parce que le chien descendrait du loup. Le concept de dominance, chez cette espèce, ne vise qu’à exclure le subordonné de certaines activités comme la reproduction. Le loup Alpha n’a aucunement l’intention d’enseigner quoi que ce soit au soumis. Il ne cherche pas non plus la bagarre; il s’affaire surtout à éviter l’agressivité. Dans cet esprit, on comprend bien qu’il est absolument inutile, voire néfaste, de vouloir enseigner en terrorisant… L’éthologiste français Michel Chanton6, qui est déjà venu prononcer des conférences au Québec lors des Chienposiums7 2003 et 2004, offrait une formation à une quinzaine d’intervenants du milieu canin8. Plus qu'une réflexion sur ce qu'est devenu le chien domestique, c'est-à-dire un chien « familier », avec tout ce que cela veut dire de remises en question des concepts de hiérarchie, de dominance et de soumission, de territoire et de définition des instincts, etc., Michel Chanton propose un nouveau modèle de soumission, de territoire et de définition des instincts, etc., Michel Chanton propose un nouveau modèle appuyé par une multitude de références (dont Coppinger fait partie) et ses propres recherches. En rejetant ces perceptions considérées comme aujourd'hui dépassées, il se positionne en tête de peloton de ce virage du côté des francophones d'Europe. Il « applique » aussi ces nouvelles façons de voir le chien dans le quotidien en expliquant leurs conséquences sur les 4 DOGS: A Startling New Understanding of Canine Origin, Behavior, and Evolution, Scribner, New York, 2001. 5 Tiré d’un entretien avec son éditeur. 6 Michel Chanton est éthologiste détenant un diplôme d’études doctorales, Paris VI. Spécialisé dans l'étude des interactions Humain/Chien, il est membre de la Société française d'étude du comportement animal et président de la fédération internationale des comportementalistes. 7 Le Chienposium™ est un symposium annuel sur l’obéissance et le comportement canin se déroulant à Montréal. 8 La formation était organisée par l’AIICA (Alliance internationale des intervenants en comportement canin). 17 comportements dits « de garde », reliés à une soi-disant territorialité, les comportements d'alimentation (donc de prédation), ceux de veille, de sommeil, etc. L’éthologiste nous rappelle que le chien familier est un animal admis affectueusement dans la famille humaine, néanmoins captif, et qu’il répond aux besoins d'affectivité des humains, comme on le lui demande… D'où beaucoup de confusion possible. On positionne le chien comme un remplaçant. Nous lui demandons de combler un vide. Tour à tour, il est enfant, conjoint, ami, confident. Mais nous continuons de penser que nous devons nous placer en situation d’autorité pour le faire obéir! « Dans cette relation, certaines motivations de l’Homme ne sont pas toujours conscientes », précise Chanton. « Nous croyons établir ainsi une organisation hiérarchique à notre avantage, alors que la soumission par peur à notre autorité dans une situation donnée n’implique aucunement l’instauration d’une hiérarchie. La peur amenant la soumission n’est qu’une émotion brève visant l’adaptation. C’est la principale cause d’interprétation erronée d’un comportement de soumission chez le chien familier : le chien produisant une réponse adaptée, de soumission ou de fuite, face à un être humain menaçant ou violent, ne reconnaît pas nécessairement celui-ci comme Alpha. D’ailleurs, le chien familier ne retrouve rien dans une famille d’humains qui ressemble à l’organisation d’une bande de loups avec un seul individu Alpha. Nous savons bien qu’il est impossible qu’un chien nous prenne pour un chien, ne serait-ce que sur le plan olfactif. » À l’instar de nombreux autres éthologistes, Michel Chanton reconnaît évidemment l’existence de la hiérarchie entre chiens libres, autonomes. Un concept qui ne s’applique, cependant, que dans le domaine des interactions intraspécifiques, c'est-à-dire uniquement entre eux. Il demande comment le chien familier pourrait retrouver cette structure au sein de la famille humaine où l’animal est captif et n’a aucun contrôle ni pouvoir sur les ressources. Par exemple, le territoire, au sens éthologique, est constitué par une portion d’un biotope sur lequel un individu ou un groupe peut se nourrir, s’abriter et être suffisamment en sécurité pour se reproduire. Or, le chien familier dispose d’un espace (et non d’un territoire), concédé par l’humain, qui peut fluctuer, dans ses dimensions comme dans sa localisation, selon la volonté de l’humain. Le chien n’y cherche pas sa nourriture, on la lui fournit (l’instinct de prédation est d’ailleurs très souvent dénaturé); ses activités exploratoires sont inhibées par l’humain (qui n’aime pas que le chien sente l’urine ou les excréments d’autres chiens ni qu'il flaire, de façon insistante, un être humain) et il ne peut pas non plus se reproduire. Même son rythme de repos sera calqué sur celui de son « maître ». Nous devons ajouter à cela les situations de contentions imposées par n’importe quel membre de la famille humaine et toutes les interactions où chaque individu d’un groupe humain/chien est unique et réagit à sa façon, avec ses propres tactiques, formant ses propres relations aux autres. Considérant les composantes de l’éthogramme canin, associé à ses structures sociales, sur quels arguments pourrait-on appuyer la théorie de l’identification d’une structure hiérarchique canine dans un groupe humain? « Nous oublions trop souvent la situation de captif du chien familier où rien ne représente les conditions de survie qui sont celles d’un territoire », insiste-t-il. Et il est évident que cela dérange ceux qui se valorisent d’avoir le dessus sur un chien en l’écrasant de leur autorité brutale ou menaçante. À la lumière de ces remises en question plus qu’intéressantes, il est clair que nous devons sérieusement revoir notre façon d’aborder notre relation avec notre… « meilleur ami »! Les éducateurs canins ne peuvent que s’en réjouir, tout autant que les propriétaires de chien qui cherchent toujours plus avidement des endroits où l’on traitera leur animal avec respect et une reconnaissance beaucoup plus à propos que ce qu’offrent les cours prônant encore les anciennes méthodes d’obéissance. 18 Annexe 2 Le chien et le loup, frère ou non? Liste des quelques différences anatomiques, physiologiques et comportementales entre le loup et le chien Chien Loup Canis familiaris Canis lupus Animal social Animal de meute, entre 2 et 20 individus N’est pas obligatoirement carnivore, Carnivore alimentation omnivore Hiérarchie de meute →Maintenant, démenti A besoin de règles stables ouvertement = famille avec ses règles de vie S’approche aisément des humains Ne s’approche pas des humains (domesticable) Répond peu aux méthodes de Entretien des liens de coopération conditionnement Répond très bien aux méthodes d’éducation Libre en conditionnement classique et opérant Recherche sa nourriture A un territoire imposé Hurle Se fait offrir sa nourriture Maturité sexuelle à 22 mois, 1 chaleur/an et Aboie une seule femelle dans la meute s’accouple Maturité sexuelle à 6 mois en moyenne Couleurs de robes similaires, peu de (varie selon les races) et 2 chaleurs/an et variations toute femelle peut être accouplée Ne doit jamais être regardé dans les yeux = Couleurs de robes (pelage) variables confrontation Animal néoténique* Comportement différent selon de stade de Pédomorphie** vie : jeune, ado, adulte et vieux Période de socialisation d’environ 3 mois Période de socialisation de 19 jours Ne chasse pas en groupe Apprend et développe ses comportements de prédation pour la chasse en groupe Chiots élevés par la chienne Louveteaux élevés par le groupe *Néoténie : Persistance chez l'adulte de caractères juvéniles permet d'expliquer certains comportements. **Pédomorphie : Fait de conserver des caractéristiques physiologiques juvéniles chez les adultes d'une espèce. 19 Annexe 3 Deux gènes expliqueraient la domestication des chiens ARCHIVES AP Des variations de deux gènes expliqueraient la grande sociabilité des chiens et leur domestication, davantage que la socialisation acquise au contact des humains, selon des chercheurs américains. Publié le 19 juillet 2017 à 19h49 AGENCE FRANCE-PRESSE Ce groupe de scientifiques des universités de Princeton et de l'État de l'Oregon se sont concentrés sur l'étude de 29 gènes dans une région d'un chromosome connue pour jouer un rôle dans la sociabilité canine. Leurs travaux sont publiés mercredi dans la revue américaine Science Advances. La suppression de deux de ces gènes dans cette même région de l'ADN chez les humains est responsable apparemment du syndrome de Williams-Beuren, une maladie génétique rare caractérisée notamment par des comportements hyper-sociaux et aussi d'autres problèmes de santé. Chez les chiens, des variations de ces mêmes gènes (GTF2I et GTF2IRD1) paraissent être à l'origine de leur hyper-sociabilité, un facteur clé de leur domestication qui les distinguent des loups dont ils descendent. «Ces résultats pourraient fournir une explication pour les différents comportements observés entre les loups et les chiens qui facilitent chez ces derniers la co-existence avec les humains», avance Bridgett Vonholdt, une biologiste de l'Université de Princeton, une des co-auteures. Chiens et loups Pour cette recherche, ces chercheurs ont combiné des études génétiques et de comportements de seize chiens et de huit loups gris apprivoisés en captivité. Les scientifiques ont analysé l'ADN et les comportements de ces animaux ainsi que différentes données provenant d'études effectuées sur une variété de races canines. Les auteurs ont évalué les comportements des chiens et des loups en les soumettant à différents exercices pour tester leur degré de sociabilité ainsi que leurs capacités à ouvrir des boites pour accéder à des friandises, seuls ou en présence d'un humain qu'ils n'avaient jamais vu avant. Fait intéressant, les chiens ont fait preuve d'une attention accrue à des stimulations sociales et manifesté de l'intérêt pour les humains étrangers, passant une plus grande partie du temps pendant les tests à regarder la personne quand elle était présente comparativement aux loups qui l'ignoraient. Ces travaux marquent une première avancée dans ce champ de recherche génétique difficile consistant à trouver l'origine de comportements complexes, juge Bridgett vonHoldt. Pour le biologiste Adam Boyko de la faculté vétérinaire de l'Université Cornell, un expert de la génétique canine, cette recherche est «vraiment intéressante et importante». Domestiqués il y a 20 ou 40 000 ans «Cela pourrait être l'une des premières études à avoir pour la première fois identifié des variations génétiques spécifiques qui ont été importantes pour transformer des loups en chiens», estime ce scientifique qui n'a pas participé à la recherche. Mais a-t-il estimé, l'étude a porté sur un petit nombre d'animaux, il faudrait donc faire des recherches sur un groupe plus grand et plus divers de chiens pour confirmer ces résultats. Selon une recherche publiée mardi dans la revue britannique Nature Communications, tous les chiens descendraient d'une même population de loups domestiqués il y a 20 000 à 40 000 ans. 20 Guide d’étude Afin de faire une révision de ce chapitre, répondez aux questions ci-dessous : 1. Qu’est-ce que l’éthologie et quel est son but? 2. Qu’est-ce qu’un éthogramme et que contient-il? 3. Nommez les 8 comportements qui composent l’éthogramme du chien. 4. Qu’est-ce que l’homéostasie comportementale? 5. Quelles sont les différentes définitions d’un comportement? 6. Quelle est la différence entre un comportement normal, inopportun ou anormal? 7. Comment expliqueriez-vous la technique d’analyse ABC? 8. Que sont les actes moteurs et à quoi servent-ils? 9. Qu’est-ce qu’une séquence comportementale (ou patron moteur)? 10. Quels sont les 4 différents types d’actes moteurs qui composent un comportement? 11. Quelle est la relation entre le phénotype, le génotype et l’environnement? 12. Qu’est-ce que la courbe de Gauss explique par rapport aux caractéristiques raciales canines? 13. Est-ce que la génétique à elle seule explique les comportements d’un animal? Expliquez. 14. Qu’est-ce que les systèmes nerveux et endocrinien ont à voir avec les comportements? 15. En résumé, quelles sont les grandes différences entre le système nerveux et le système endocrinien? 16. Nommez 2 grandes raisons (ou utilités) pour les TSA de connaitre le comportement des animaux. Aucun solutionnaire ne sera fourni. Vous êtes invités à partager entre vous afin de trouver et valider les réponses. 21