Chapitre 1: Science et Médecine - Notes PDF
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Ce document est un chapitre d'un cours sur la science et la médecine, abordant des concepts clés de sociologie des sciences et de médecine expérimentale. Il explore notamment les apports historiques et les approches rationalistes et relativistes en matière de connaissance scientifique dans le domaine de la médecine.
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Chapitre 1 : Science et médecine Date de création @11 décembre 2024 10:30 Cours HSM Mettre au propre Introduction L’art de soigner existe depuis des millénaires on le sait car des historiens...
Chapitre 1 : Science et médecine Date de création @11 décembre 2024 10:30 Cours HSM Mettre au propre Introduction L’art de soigner existe depuis des millénaires on le sait car des historiens ont retrouvé des traces dans différentes civilisations. De même pour les sciences, en particulier les mathématiques. On a trouvé les premières traces d’algèbres en Mésopotamie. La question qui se pose est : quand et comment est née l’idée d’une médecine fondée sur la science ? Plus précisément quand est ce qu’il se sont regroupés. Pour soigner quelqu’un, il n'y avait pas forcément besoin de faire des études de sciences et inversement la science n’est pas faite dans le but de soigner. C’est au 19eme siècle que la médecine s’est rapprochée des sciences dans les sociétés industrielles. Elle a commencé à gagner en légitimité (cad sa réputation s’améliore). Pour dire que la médecine se rapproche de la science, on parle de biomédecine. Cela s’inscrit dans une tendance générale qui est la confiance croissante dans la science pour expliquer la nature/les événements qui se produisent autour de nous. Ce terme (explication de la nature avec la science) est utilisé par Norbert Elias en 1983. Il y a une évolution des connaissances, les gens se tournent moins vers les superstitions et cherchent plus des explications scientifiques. Exemple : quand y’a un tonnerre c’est zeus qui est en colère. Question qui vont être abordé dans le cours : Comment la médecine a affirmé sa scientificité ? Quels sont les outils que les historiens et les sociologues utilisent pour étudier les sciences et la médecine? Chapitre 1 : Science et médecine 1 PLAN 1. Quelques concepts de sociologie et d’histoires des sciences 2. La médecine expérimentale au XIXe siècle 3. Rationalisation de la médecine 1. Quelques concepts de sociologie et d’histoires des sciences Les historiens et les sociologues étudient les sciences avec une approche critique. Se sont eux mêmes des scientifiques qui étudient les sciences sociales. Ils critiquent de manière constructive le travail des scientifiques (médecin, chimiste…). Qu’est ce qu’une connaissance scientifique ? On va voir deux courants de pensées : Rationaliste : L’idée principale c’est que la connaissance scientifique est une connaissance vraie. La science essaye de prôner des savoirs vrais avec de la raison et de la logique. Ce sont des gens optimistes et pense que chacun peut avoir une attitude scientifique et distinguer le vrai du faux. Socrate fait venir un enfant esclave qui n’a pas d’éducation. Socrate exige que cet enfant parle grec. Il va tracer un carré dans le sable et il va demander à l'enfant de trouver un carré deux fois plus grand. Il ne sait pas trop. Socrate va l’aider et il va trouver la réponse. Platon et Socrate font partie du courant rationaliste. Chapitre 1 : Science et médecine 2 Pour eux, la science c’est un discours qui porte sur le générale, pas sur des cas particuliers, on cherche des lois/règles générales qui s’appliquent à beaucoup de phénomènes (ex théorème de pythagore ou 2+2=4). C’est un discours qu’il présente comme universellement vrai et autonome. Un grand nombre de personnes sont rationalistes. Notamment Popper qui a théorisé encore plus en disant que les scientifiques font des hypothèses, toutes une série de déductions, des expériences (ils confrontent leur hypothèse à des empiriques). Toutes les théories qui n’ont pas été réfutées sont vraies jusqu’à preuve du contraire. Relativiste : L’idée principale est qu’une connaissance est scientifique si l’ensemble des chercheurs considère qu’elle l’est (on se base sur un consensus). Une des personnes qui a développé ce courant la : Kuhn (physicien). Il dit que la science est une succession de paradigmes (représentation du monde). Pour lui à chaque période donnée, dans des milieux donnés il y a des ensembles de normes/règles sur ce qui est une connaissance scientifique et comment il faut faire le travail scientifique (quel type d’expérience est intéressante, quelle méthode utiliser). Ses règles sont produites par des communautés scientifiques. Et elles sont susceptibles d’être abandonnées, on appelle cela une révolution scientifique. Exemple : modèle géocentrique de Ptolémée. Dans l’antiquité, on disait que la terre était au centre et que les astres tournaient autour. A la Renaissance, on a une révolution scientifique. D’après les observations de Copernic, la terre n’est pas du tout au centre mais c’est le soleil. Bruno Latour (philosophe, sociologue) approfondit les idées de Kuhn. Il dit que si une théorie scientifique s’impose par rapport à une autre, c'est qu’elle reçoit un appui extérieur qui ne vient pas du monde scientifique. Pour lui, il faut étudier les échecs (voir quels sont les scientifiques qui ne parviennent pas à imposer leurs idées). Pour les relativistes, tout discours est situé cad il est marqué par un certain lieu, un certain milieu social etc… Les caractéristiques de celui qui parle vont forcément influencer ce qu’il dit. C’est donc un discours subjectif. Les relativistes radicaux (les plus extrêmes) vont jusqu’à discréditer les discours scientifiques en disant que les sources scientifiques sont complètement subjectifs et n'ont donc aucune valeur. Est qu’on peut être complètement relativistes ? Chapitre 1 : Science et médecine 3 Il y a un gros problème avec cette position car les radicaux considèrent que tous les discours se valent (leur pdv vaut autant que les scientifiques) on aboutit donc à une impasse intellectuelle parce que si tous les discours se valent alors leur discours aussi n’est pas vrai. Les historiens et les sociologues des sciences sont un peu partagés entre ces 2 positions. Ils ont une position intermédiaire. 2. La médecine expérimentale au XIXe siècle 2.1 Travaux historien de la médecine au 19e siècle Au 19e siècle, apparaît la médecine expérimentale, elle se distingue de la médecine clinique (on est au chevet du malade) qui était pratiquée jusque là. Elle se distingue aussi de la médecine de santé publique. Claude Bernard développe l’expérimentation sur des animaux (vivisection= animaux vivants) dans SON laboratoire. Selon lui, il fallait en finir avec la façon dont on apprenait la médecine jusqu'à la cad l’expérimentation/dissection sur des cadavres humains. Il va avoir un successeur : Louis Pasteur. 2.2 Triomphe de l’expérimentation Louis Pasteur (scientifique, chimiste) poursuit les travaux de Bernard sur grande échelle. Il s'intéresse à différentes applications pratiques de la chimie. Il a beaucoup travaillé sur la fermentation, les vaccins et la santé tout cela sans être médecin. Il travaillait dans un laboratoire et comme il est chimiste, il avait une maîtrise des techniques de laboratoire. Il va découvrir plusieurs vaccins dans son laboratoire en transposant des problèmes sociaux. Chapitre 1 : Science et médecine 4 Il va trancher une grande controverse scientifique : la controverse de la génération spontanée. 2.3 Controverse de la génération spontanée C’est une théorie qui existait depuis l'antiquité grec. Cette théorie soutient que la vie peut naître de matière inanimée/morte. Exemple : sur un arbre mort, il y a de la mousse, de la moisissure. Certains comme Pasteur pensaient que cette théorie était fausse. Le professeur et médecin Pouchet était persuadé que c’était vrai. Cette controverse n’était pas limitée au milieu scientifique elle a avait une dimension religieuse, on en parlait dans les journaux… L’église catholique ainsi que Napoléon III était contre, pour eux c’est Dieu qui insuffle la vie. Dans ce contexte, l'académie des sciences a décidé de s’emparer du problème et d’offrir un prix à celui qui arrivait à prouver que la théorie était vraie. Pasteur et Pouchet se lancent. Expérience : Ils vont prendre des ballons en col de signe. Un récipient en verre ou on met de l’eau avec des plantes. On fait bouillir le tout pour que tout soit mort à l'intérieur. Et on attend de voir ce qui se passe. Le récipient est fait de sorte que la poussière ne rentre pas. Résultat : Dans les bocaux de Pouchet on voit réapparaître des plantes. Et pour Pasteur, il transporte ses bocaux partout et il ne se passe rien à l’intérieur (montagne pour avoir l’air plus pure). Ils vont tous les deux envoyer leur résultat à l’académie qui doit trancher. Ils finissent par donner le prix à Pasteur. Les historiens des sciences qui étudient cet épisode vont dire qu’on voit bien l’importance des causes sociales. Les deux expériences fonctionnaient mais un avait plus de relations et était « plus célèbre » que l’autres. Une réexamination des expériences a été faite et on s’est rendu compte que pour pousser, les plantes utilisées étaient résistantes à l'ébullition. 1. Rationalisation de la médecine au XXe siècle Bio médecine : médecine qui se rapproche de la biologie (étude du vivant) 3.1 Essor des essais cliniques Chapitre 1 : Science et médecine 5 Au USA, au XXe siècle, on a de plus en plus de méfiance envers les nouveaux médicaments qui apparaissent sur le marché et qui ont plein d'effets négatifs voire dangereux sur les patients (effets secondaires…) mais aussi envers les médecins libéraux. Il était dit qu’il y avait de plus en plus de charlatan qui faisait les médicaments ce qui était mauvais pour l’image du médicament mais aussi pour la médecine. Dans les années 1950, des médecins réformateurs tentent de redorer l’image de la médecine et redonner confiance donc ils vont dire avant qu’un médicament soit mis sur le marché il faut absolument qu’ils soient évalués scientifiquement. Les entreprises pharmaceutiques le veulent aussi car elles souffrent d’un discrédit. 3.2 ECR : essai clinique randomisé Ce qui est mis en place c’est : les ECR en double aveugle Un essai clinique randomisé : Dans un hôpital, on met en place un protocole de recherche sur un médicament avec l’industriel qui fournit le médicament. On va sélectionner des malades qui ont la meme maladies et qui sont au même stade de la maladie Tirage au sort : une partie des patients auront le nouveau médicament et les autres auront un placébo mais ils ne savent pas dans quel groupe ils sont les patients et les soignants sont “aveugles” car ils ne savent pas lequel des patients ont un placébo ou le nouveau médicament. On fait ça dans plusieurs hôpitaux c’est multicentrique. Donc ses essais cliniques sont très objectifs parce que quand c’est en double aveugle patient/médecin on écarte toutes subjectivités. On écarte cette subjectivité car dans certains cas le malade guérit parce qu’il est persuadé que c’est grâce aux médicaments. Pour voir si il est guéri, on va faire des examens. Des analyses statistiques vont permettre de comparer les deux groupes. Ils vont ensuite décider s'ils publient le résultat pour mettre le médicament en disponibilité. Cette manière connaît un succès mondial et elle est la meilleure pour faire des preuves scientifiques. Chapitre 1 : Science et médecine 6 Limites de l’ECR : Les ECR ont été critiqué par certaines associations de malades du SIDA ont demandé que les essais de médicaments contre des placébos soient arrêtés car des patients atteints du SIDA sont morts. Ils ont aussi défendu le droit du patient à être mieux informé et à quitter l’essai Les critères de morbidité et de mortalité ne sont plus les seuls à être pris en compte, il ya aussi la qualité de vie De plus, Les ECR sont considérés comme des outils marketing pour l’industrie pharmaceutique Des médecins chercheurs se sont retrouvé en conflit d'intérêt La course à la publication incitait à la fraude L'apparition des ECR a conduit à évincer les médecines alternatives car elles sont difficilement évaluables par les essais cliniques (déremboursement de l’homéopathie) Scientisme : conviction que la science expérimentale est la seule source fiable de savoir sur le monde 3.3 Médecine fondée sur des preuves Dans les années 1990 aux USA, il y a l’apparition de l’ Evidence-based médecine (EBM) qui a pour but de rapprocher les pratiques cliniques des données scientifiques. Elle a renforcé l’importance des ECR, leur donnant ainsi une valeur juridique. Plusieurs associations de médecins et des agences sanitaires en tirent des recommandations de bonne pratique. 3.4 Exploiter des données de santé massive (big data) L’exploitation des données de santé massives est une idée qui se développe car les essais cliniques sont coûteux à réaliser. Donc on cherche à utiliser les données de santé déjà disponibles. Dans les années 90, les hôpitaux ont informatisé les dossiers des malades ce qui génèrent une quantité de données énorme grâce au travail invisible des soignants, des techniciens et des directeurs informatiques. Chapitre 1 : Science et médecine 7 Initialement, ces données ont été créées pour faciliter la coordination des soins à l'hôpital ( les médecins peuvent savoir ce qui a été fait pendant la nuit …). Depuis les années 90, le ministère de la santé a rendu ce système obligatoire (Programme Médicalisé des Systèmes d’Information). A partir de 2004, les données servaient aussi à calculer le budget. Toutefois, cette utilisation est controversée, il peut y avoir des problèmes pour la protection des données Pour conclure, l’histoire et la sociologie des sciences soulignent le caractère incertain des sciences, à la différence de l’approche rationaliste. Ils insistent sur les facteurs sociaux externes à la science dans l’élaboration des connaissances. Ils reconnaissent que la science est un élément important de la constitution du savoir médical. Au XIXe siècle, la médecine continue de se rapprocher des sciences avec les essais cliniques et l’EBM. Chapitre 1 : Science et médecine 8