L'École de Chicago (Tradition américaine) - CH. 3 - PDF
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UCLouvain Saint-Louis Bruxelles
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Ce document présente le chapitre 3 de l'école de Chicago, axé sur l'analyse de la ville comme laboratoire social. Il explore les aspects historiques liés à l'immigration et les concepts de l'État-nation dans le contexte citadin. Des notions comme la cohésion sociale et le métabolisme social sont abordées.
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CH. 3 — L’ÉCOLE DE CHICAGO (tradition américaine) 1. LE QUARTIER ET L’IMMIGRATION INTRODUCTION VIDÉO. On peut l’analyser sous la tradition durkheimienne, avec la force d’ajustement : on adapte les envies d’un enfant à ses capacités. — Ou sous la tradition wébérienne, l’enfant s’oriente seul par ra...
CH. 3 — L’ÉCOLE DE CHICAGO (tradition américaine) 1. LE QUARTIER ET L’IMMIGRATION INTRODUCTION VIDÉO. On peut l’analyser sous la tradition durkheimienne, avec la force d’ajustement : on adapte les envies d’un enfant à ses capacités. — Ou sous la tradition wébérienne, l’enfant s’oriente seul par rapport à ce qui fait sens pour lui. Dans un cas il faut déconstruire les représentations collectives, et dans un autre il faut inculquer des valeurs inconnues à l’enfant. 1970. On s’intéresse à l’Ecole de Chicago en Europe seulement à partir des années septante, car on commence à être touchés par la question de l’immigration. Historiquement. Depuis toujours, il y a eu des déplacements de population. On commence à parler de migration depuis la naissance de l’Etat-Nation (18e siècle en Europe). On reparle beaucoup d’immigration en 1940, et on aborde la question de l’immigration à partir des années 1970. L’Etat-Nation est un concept assez neuf, assez récent. — Pour Weber et Durkheim, leur point de vu de la société, c’est sur base de l’Etat-Nation : si tu fais parti des minorités, tu ne fais pas parti de la société (la société, c’est l’identité française / allemande) Pourquoi pas de problème de cohésion dans les empires (ex. juifs, musulmans, chrétiens cohabitaient dans l’empire ottoman) ? Parce que dans l’empire, il n’y a pas de logique “d’identité commune”. “Question de l’immigration”, c’est un euphémisme pour dire qu’on le voit comme un problème. Pourquoi les années 70 ? Ils étaient toujours là, mais maintenant qu’on a des crises et que les mines ferment, les chantiers se terminent, à quoi servent-ils encore ? ⇒ Politique sécuritaire (on n’accepte plus tout le monde) (?) On analyse cette question de cohésion du point de vu de l’intérieur en sociologie. A l’échelle minoritaire (quartiers, etc) en opposition à l’échelle majoritaire. 2. LA VILLE-LABORATOIRE Naissance de l’Ecole de Chicago, 1925. — Lors d’une conférence, ils présent un projet “The City” : la ville sera le laboratoire social des temps modernes (les sociologues doivent étudier la ville, et plus précisément une métropole, une grande ville ; pourquoi ? lieu où apparaissent les nouvelles tendances sociales ; comment ? en allant dans les rues, en questionnant, en observant [du terrain] ; à quelle fin ? pour donner des nouveaux repères à l’homme moderne) Observation participante. Je fais parti d’une communauté, et je vais l’étudier (ex : je suis italien, je vais étudier la communauté italienne) Observation non-participante. Je ne fais pas parti d’une communauté, et je vais l’étudier (ex : étudier les gangs) Analyse documentaire. Ils vont analyser la correspondance (ex : un immigré polonais, il vit de sa culture polonaise et de sa culture de quartier à Chicago) En quoi est-ce que Chicago peut être considéré comme un laboratoire social moderne ? « En survolant l’état du monde actuel, on constate que partout de vastes changements sont en cours. Les nouveaux contacts culturels ont sapé et détruit les anciennes cultures, non seulement en Europe mais aussi en Asie et en Afrique. En conséquence, les liens sociaux se sont relâchés et la société s’est réduite à n’être plus que des atomes individuels (1). Les énergies ainsi libérées ont produit une effervescence mondiale (2). Les individus émancipés des anciennes associations, rentrent volontiers dans de nouvelles associations (3). De cette confusion, des nouveaux mouvements politiques et religieux émergent. Ces mouvements représentent le tâtonnement des hommes à la recherche d’un nouvel ordre social. » (Robert Park & Ernest Burgess, 1921, Introduction to the Science of Sociology, Chicago, University of Chicago Press, p. 867, ma traduction) (1) La société naît au moment où naît l’individualisme. (2) Reconnaissance de la destruction [que le progrès de la civilisation se base sur la destruction de tout ce qui a précédé]. (3) Naissance de nouvelles associations [gangs, ghettos…], et la majorité ne voit pas ce qu’est la réalité de ces associations (minorités). C’est leur grande thèse. Un homme dans une ville ne vit pas pareil qu’un homme dans un village. Ils vont essayer de le prouver. « Si la ville est le monde que l’homme a créé, c’est aussi le monde dans lequel il est désormais condamné à vivre. Ainsi, indirectement et sans avoir clairement conscience de la nature de son oeuvre, en créant la ville, l’homme s’est recréé lui-même. C’est en ce sens et à cet égard que l’on peut considérer la ville comme un laboratoire social. [...] Le problème social est fondamentalement un problème urbain: il s’agit de parvenir, dans la liberté propre à la ville, à un ordre social et un contrôle social équivalents à ce qui s’est développé naturellement dans la famille, le clan, la tribu. [...] [L]es possibilités de la vie humaine se sont élargies avec la naissance de communautés urbaines. Avec la liberté nouvelle et l’élargissement de la division du travail introduits par le nouvel ordre social, la ville est devenue le centre et le foyer de changements sociaux dont l’extension et la complexité croissantes aboutissent aujourd’hui à faire de toute métropole urbaine le centre local d’une économie mondiale [...] Le paysan qui vient à la ville pour travailler et vivre est, à coup sûr, émancipé du contrôle de la coutume ancestrale, mais en même temps il n’est plus soutenu par la sagesse collective de la communauté paysanne: il est son propre maître - le cas du paysan est typique. Tout le monde est plus ou moins devenu son propre maître en ville. Il en résulte que l’homme, transplanté en ville, est devenu pour lui-même et pour la société, un problème dont la nature et l’ampleur sont sans précédent. […] La science de la nature est née dans un effort de l’homme pour parvenir au contrôle de l’univers physique. La science sociale cherche aujourd’hui, par les mêmes méthode d’observation et de recherche désintéressés, à procurer à l’homme le contrôle sur soimême » (Robert Park (1929) « La ville comme laboratoire social » pp. 163-165). Exemple. Les chemins de fer vont (indirectement) permettre la contrebande. Les autoroutes vont permettre (indirectement) la contrebande. Qu’en tire-t-on. L’homme connecté au gratte-ciel, au téléphone, à la voiture et au train n’est pas le même que l’homme connecté au cheval, au facteur et à la paroisse du village. ou encore: Les conditions de vie matérielles et les prothèses physiques c’est-à-dire le territoire jouent un rôle primordial dans le devenir de l’individu et de la communauté. (”Dis-moi quel est ton territoire et je dirais qui tu es”) Conditions matérielles. Les conditions de notre environnement (le niveau de confort. — ex. la salubrité, la verdure…) Prothèses physiques. Tout outil qui augmente nos capacités d’agir (ex. un micro est une prothèse, un ordinateur, une voiture.. — extensions de mon corps qui vont m’aider) L’idée de nouvelle nature humaine (psychologie métropolitaine). L’intensité et le nombre de stimuli en ville sont différents de ceux qu’on reçoit dans la campagne. Et l’individu en ville doit s’adapter pour “survivre” à ce niveau d’intensité. Comment? En devenant plus blasé, plus indifférent (ex. on ne va pas s’arrêter à chaque sans-abri qu’on croise en rue). Le côté positif ? On est plus capable d’affronter des situations complexes. Le quartier est composé de (1) les stimuli, (2) les conditions de vie matérielles, et (3) les prothèses physiques. Et en tant que tel, il influence la nature de l’individu. (3) LE MÉTABOLISME SOCIAL Une fois qu’on a compris la « vue d’ensemble » de l’organisation de la ville (côté droit), on analyse ce qui constitue toutes ces zones, c’est ce qu’ils appellent le « métabolisme social » (côté gauche) Exemple. Quartier des Roomers, qui donne naissance à un mouvement féministe. On ne comprendra pas ce mouvement féministe si on ne comprend pas le lien entre ces femmes et le quartier d’où elles viennent. Relations entre quartiers (distance sociale). L’interaction entre communauté (distance, proximité) est décisive et non l’inculcation ou préformatage par le milieu… — Par ex. plus il y a d’antisémitisme, plus il y aura de revendications identitaires dans un ghetto juif. Donc → Le quartier (aire morale, selon leurs mots) est composé de (1) les stimuli, (2) les conditions de vie matérielles, (3) les prothèses physiques, (4) des distances sociales. Et en tant que tel, il influence la nature de l’individu, sa trajectoire, son devenir. Attention, une aire morale peut être liée (1) à l’immigration [quartiers juifs, chinois, italiens..], (2) à une pratique [activités illégales de petit banditisme] ou (3) à une profession [des prostituées, activités illégales de grand banditisme] L’appartenance à une aire morale sera décisive pour un individu. Il·elle sera marqué·e et orienté·e par les proximités et les distances avec d’autres communautés et par extension, avec d’autres aires morales. La société est définie comme l’ensemble des interactions entre aires morales. Comment est-ce que tout ça tient, si on a des conflits partout ? Grâce à la cécité sociale. Le fait qu’on ne voit que certaines communautés, celles qui appartiennent à notre monde. (Expérience du gorille qui passe, on nous demande de compter le nombre d’interactions avec les balles…) “Il s’agit de poser un fait fondamental du métabolisme social: les perspectives et les visions du monde ce juxtaposent sans jamais correspondre ni se recouvrir complètement.” Le rôle du sociologue. C’est celui qui nous fait comprendre une autre communauté de l’intérieur. C’est un **passeur des mondes**. Il nous enlève cette cécité, il nous fait comprendre l’autre.