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Sorbonne Université
H. Biu
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This document is a grammar guide about the parts of speech in French. It includes detailed explanations of nouns, determiners, adjectives, pronouns, prepositions, adverbs, conjunctions, and interjections. The document provides examples and exercises to help students understand and apply the concepts covered.
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Année universitaire 2024-2025 / Grammaire et histoire de la langue – Les parties du discours H. Biu (Sorbonne Université) LES PARTIES DU DISCOURS QUELQUES ÉLÉMENTS POUR RÉVISER Fiche n°1 – Les noms...
Année universitaire 2024-2025 / Grammaire et histoire de la langue – Les parties du discours H. Biu (Sorbonne Université) LES PARTIES DU DISCOURS QUELQUES ÉLÉMENTS POUR RÉVISER Fiche n°1 – Les noms p. 2 Fiche n°2 – Les déterminants p. 4 Fiche n°3 – Les adjectifs p. 6 Fiche n°4 – Les pronoms p. 9 Fiche n°5 – Les prépositions p. 10 Fiche n°6 – Les adverbes p. 12 Fiche n°7 – Les conjonctions p. 13 Fiche n°8 – Les interjections p. 14 Bibliographie p. 15 1 Année universitaire 2024-2025 / Grammaire et histoire de la langue – Les parties du discours H. Biu (Sorbonne Université) Fiche n°1 – LES NOMS Les noms ont pour particularité de référer directement aux objets du monde, ce qui n'est pas le cas de l'adjectif ou de l'adverbe : je peux dire « mon chat est sur le fauteuil », mais pas * « une frêle est sur le fauteuil » ou *« un ensuite est sur le fauteuil ». Certes, le nom et l'adjectif ont tous les deux une compréhension (ensemble des traits constitutifs de leur définition). Mais en discours, ils fonctionnent différemment : l'adjectif n'a pas d'extension. – extension : ensemble des référents que peut avoir un nom. Par exemple, pour chat, c'est l'ensemble de tous les êtres qui répondent à la définition du mot chat, laquelle est stable (je ne peux pas décider d'utiliser le mot chat pour désigner une cafetière.) – référent : c'est ce que désigne le nom dans une situation de discours. Par exemple : dans « Mon chat est déprimé », « le chat de mon voisin a une allergie alimentaire », ou « quand le chat n'est pas là, les souris dansent », ce n'est pas toujours le même chat qui est désigné ; dans les trois exemples, le mot chat a des référents différents. Le nombre de référents qu'a effectivement le nom dans une situation de discours donnée définit son extensité. Par exemple, dans « Ouin-Ouin, mon chat, est malade », l'extensité est de un. Si en revanche, je dis « la nuit, tous les chats sont gris », l'extensité est maximale. – On notera que le mot chat dans le dictionnaire a bien une compréhension, mais il n'a pas d'extension. Il renvoie seulement à un concept. Dans ce cas, on dit qu'il n'est pas actualisé. Pour qu'il le soit, il faut lui adjoindre un déterminant, car c'est ce dernier qui permet d'identifier le référent : je ne peux pas dire * « chat est malade », il faut que je précise « mon chat est malade », « le chat du voisin est malade », « le chat est malade », « ce chat est malade ». ♣ Noms communs / noms propres ⇒ Les noms communs doivent être pourvus d'un déterminant pour passer de la langue (du dictionnaire, donc) au discours. Si je dis * « chat est malade », on ne sait pas de quel chat je parle. Attention toutefois : – la présence d'un déterminant n'est pas systématique, loin s'en faut : il est absent en surface, mais restituable dans des tours où plusieurs mots sont coordonnés ou juxtaposées : « adieu veau, vache, cochon, couvée », « ayant mis ce jour-là, pour être plus agile, cotillon simple et souliers plats », ou dans les aphorismes (« pierre qui roule n'amasse pas mousse ») ; il n'est pas restituable dans les noms composés du type fleur de lys, fleur d'oranger, pois de senteur, choux-fleur, boîte de nuit ; il n'est pas restituable dans les locutions verbales figées type prendre peur, aller à pied, où si on le restitue, le sens s'en trouve modifié tourner casaque (= fuir)// il a tourné sa casaque (il a tourné son vêtement) ; de même, lorsque le nom est en fonction d'attribut ou en apposition : Cet homme était médecin (attribut), Cet homme, médecin depuis des années, s'est reconverti dans l'informatique (apposé). – d'autres parties du discours peuvent entrer dans la catégorie du nom commun. C'est particulièrement fréquent pour l'adjectif : « mon petit », « ma mignonne », « le grand, là-bas, m'a fait un signe ». On parle alors d'adjectif substantivé, puisqu'il fonctionne comme un nom (présence du déterminant, mêmes fonctions que le nom). Des participes présents et des infinitifs fonctionnent également comme nom, mais on a presque perdu de vue qu'à l'origine il ne s'agit pas de noms : le boire, le parler, le manger, le dîner, le savoir, le savoir-faire, le passant, le pendant, etc. Autant en espagnol, tout infinitif peut être substantivé, autant en français leur liste est limitée et close. Un adverbe peut 2 Année universitaire 2024-2025 / Grammaire et histoire de la langue – Les parties du discours H. Biu (Sorbonne Université) également devenir un nom dès lorsqu'il est précédé d'un déterminant : un ailleurs ; il y a toujours un avant et un après. ⇒ Les noms propres, eux, ont la faculté de désigner un référent unique. Ils se suffisent donc à eux-même, dans un contexte donné, pour identifier le référent. Ils sont identifiés par une majuscule et ne se mettent pas, en principe, au pluriel. Cela étant : – ils peuvent parfois avoir un article défini : c'est le cas par exemple pour les noms propres de pays, de régions ou de rivières (la Drôme, la Seine, le Chartrain), ou pour certains artistes (« La Callas »). Dans un usage régional, un prénom peut être précédé de l'article définie : « J'ai vu la Marie ce matin » ; – ils peuvent être précédé d'un déterminant parce qu'ils désignent leur porteur comme représentant d'une classe. Ils se rapprochent donc du nom commun mais sans perdre leur statut de nom propre : Un Potiron de Bois-Fleuri est venu me voir hier (l'un des membres de cette famille est venu me voir) ; une certaine Julie a laissé un message ; aujourd'hui, c'est la fête des Rémis.. De même, le déterminant peut indiquer que le porteur du nom propre est investi d'une valeur exemplaire : j'admire l'action d'un Jean Moulin ou d'un De Gaulle ; Stendhal, Balzac et autres Zola. – ils peuvent parfois passer dans la catégorie des noms communs lorsqu'ils sont sentis comme des types ; ils admettent alors l'article et pour certains, le pluriel : Harpagon, personnage dont le trait principal est d'être avare, est devenu un nom commun : un harpagon, des harpagons ; de même Tartuffe > un tartuffe pour désigner un hypocrite ; Don Juan, séducteur invétéré un rien libertin > un don juan ; un apollon ; un hercule, etc. ♣ Noms / locutions prépositionnelles qui comportent un nom À côté des prépositions simples, il existe des locutions prépositionnelles dont beaucoup incluent un nom : à cause de, en dépit de, en échange de, par rapport à, au lieu de, à côté de, à raison de, faute de, à l'occasion de, pour cause de, aux alentours de, à l'insu de, à l'aide de, à force de, etc. Ces locutions prépositionnelles sont issues d'un figement. Le nom qu'elles comportent n'est donc plus senti comme un nom. Test pour les reconnaître : elles ne supportent aucune modification, ni ajout de déterminant, ni ajout d'adjectif. Exemple : « l'aéroport est fermé pour cause de neige » / « il œuvre pour une grande et noble cause ». Dans le premier cas, il s'agit d'une locution prépositionnelle (* l'aéroport est fermé pour une cause grave de neige). Dans le second, cause garde son statut nominal. ♣ Les fonctions du nom Il peut assumer toutes les fonctions dans la phrase : – les fonctions primaires, donc toutes celles qui dépendant du verbe : sujet, attribut, et tous les compléments du verbe (COD, COI, CO second, C circonstanciel, C d'agent, C essentiel « locatif ») ; – les fonctions secondaires, c'est à dire toutes celles qui dépendent d'un autre mot que le verbe : complément du nom, complément du pronom, etc. 3 Année universitaire 2024-2025 / Grammaire et histoire de la langue – Les parties du discours H. Biu (Sorbonne Université) Fiche n°2 – LES DÉTERMINANTS Les déterminants participent à l'actualisation du nom : ils permettent son passage de la langue au discours et contribuent à en identifier le référent. Associés au nom, ils constituent un groupe nominal de base. ♣ On distingue deux grandes classes : – les déterminants définis : article défini (le, la, les), déterminants démonstratifs (ce, cet, cette, ces), déterminants possessifs (mon, ton, son, ma, ta, sa, notre, votre, nos, vos, leur, leurs), groupes déterminants définis (le même, ce même, l'autre, cet autre, son autre, ces quelques, tout le, tout ce, tout mon...) – les déterminants indéfinis : article indéfini (un, une, des), article partitif (du, de la, de l'), déterminants indéfinis (certain(e)(s), tout, toute, chaque, quelque(s), plusieurs, aucun, nul, la plupart de, beaucoup de, peu de, n'importe quel, etc.), déterminants numéraux (un, deux, trois, cent), déterminants négatifs (pas un, aucun, nul), déterminants interrogatifs, exclamatifs et relatifs (quel, lequel) ♣ Quelques risques de confusion : ⇒ entre déterminants et pronoms (voir la fiche dédiée aux PRONOMS) : aucun homme n'est venu (dét.) / D'aucuns ne partagent pas cet avis (pr.) ; tout conseil est le bienvenu (dét.) / tout est fichu (pr.) ; votre panier est lourd (dét.) / je porte le vôtre (pr.), etc. ⇒ entre l'article défini contracté du et l'article partitif du : l'article défini contracté du est le résultat de l'enclise entre la préposition de et l'article défini le ; l'article partitif du est utilisé devant le singulier des noms de masse (du plâtre, du vin, du bois) et les noms qui renvoient à une abstraction non comptable (du courage, du dépit). Pour éviter la confusion, il suffit de partir de la construction du verbe : → si le verbe est un transitif direct (c'est à dire qu'il appelle un COD = complément d'objet direct = complément construit sans préposition), alors la forme du est un partitif ; par ailleurs, le nom qui suivra cet article sera toujours un nom de masse ou un nom renvoyant à une abstraction non comptable → si au contraire, le verbe est un transitif indirect (= sa construction appelle une préposition), alors la forme du correspond à un article défini contracté (= de+le) ; par ailleurs, le nom actualisé par cet article ne sera pas un nom de masse ou un nom renvoyant à une abstraction non comptable. → Exemple : il mange du riz / il parle du riz qu'il a dans l'assiette. Dans le premier cas (il mange du riz), je relève que manger peut certes être intransitif (je mange), mais que lorsqu'il est transitif (= il admet un complément), le complément qui le suit est 4 Année universitaire 2024-2025 / Grammaire et histoire de la langue – Les parties du discours H. Biu (Sorbonne Université) construit directement, cad sans préposition, parce qu'on mange qqch. Dans ce cas, il faut donc analyser du comme un partitif. Dans le second cas (il parle du riz), au contraire, le verbe parler admet un complément dont la construction requiert une préposition (on parle de qqch, on parle à qqn ), donc dans « il parle du riz », du est un article défini contracté (= résultat de l'enclise entre la préposition de et l'article défini le). Vous pouvez aussi recourir au test du démonstratif. Remplacez du par le déterminant démonstratif ce, il fera apparaître la préposition si elle existe. Dans le premier exemple, il mange ce riz, pas de préposition → partitif ; dans le second il parle de ce riz , il y a préposition → article défini contracté. ⇒ même remarque pour de la (préposition de + article défini féminin la) et de la (partitif féminin) : je voudrais de la confiture / il parle de la confiture : les mêmes tests fonctionnent. Dans le premier cas, j'ai un partitif (on veut qqch, je voudrais cette confiture) ; dans le second, j'ai un article défini la derrière la préposition requise par la construction du verbe) ⇒ entre l'article défini contracté des (< de + les) et l'article indéfini pluriel des. Pour lever l'ambiguïté, passez au singulier. Exemples : c'est la fête des mères : je peux dire « c'est la fête de la mère / de ma mère » > le singulier fait réapparaître la préposition et l'article défini, donc des = de + les = article défini contracté ; des mères de famille ont manifesté : je passe au singulier, d'où « une mère de famille a manifesté » ; quand je passe au singulier, je constate qu'il n'y a pas de préposition > c'est donc un article indéfini. 5 Année universitaire 2024-2025 / Grammaire et histoire de la langue – Les parties du discours H. Biu (Sorbonne Université) Fiche n°3 – LES ADJECTIFS L'adjectif dépend d'un autre terme de la phrase, généralement un nom ou un pronom, avec lequel il s'accorde en genre et en nombre, ce qui est d'ailleurs le signe de son manque d'autonomie par rapport à ce support. Il est le noyau du groupe adjectival : il est susceptible d'être complété par différents types de modificateurs (adverbe, groupe prépositionnel, proposition subordonnée). ♣ Adjectifs qualificatifs /Adjectifs relationnels ⇒ L'adjectif qualificatif indique une caractérisation au mot auquel il se rapporte (forme, dimension, couleur, propriété, etc.). Sa fonction dépend de la manière dont il est mis en relation avec son support : – par l'intermédiaire d'un verbe attributif, il est attribut du sujet ou de l'objet. Sa suppression n'est pas possible, sauf à changer radicalement le sens de l'énoncé : il est beau / il est rentré ivre (attribut du sujet) ; j'ai les cheveux longs / je le trouve beau / il m'a rendu le livre tout abîmé (attribut de l'objet). Rappel : un adjectif ne peut jamais être COD ! – relié directement au support, mais d'expression facultative, il est épithète liée : j'ai lu un livre ennuyeux ; – lorsqu'il se rapporte à un groupe nominal dont il est séparé par une virgule ou par l'intonation, là encore son expression est facultative et il est épithète détachée : son fils, malade depuis deux jours, ne fait que dormir. L'adjectif qualificatif peut varier en degrés : intensité (à peine, un peu, très, assez, bien, fort, trop) ou comparaison (aussi, plus, moins ; le plus, le moins) ⇒ L'adjectif relationnel indique une relation, non une propriété. Il est toujours postposé à son support, n'admet pas la variation en degrés, ne s'emploie en principe que comme épithète liée et ne peut être coordonné à un adjectif qualificatif. On peut en général rétablir le nom dont ils dérivent. Exemple : la voiture présidentielle. Tous les énoncés suivants sont incorrects : – * la présidentielle voiture (antéposition de l'adjectif impossible) – * la voiture très présidentielle (variation en degré impossible) – * la voiture est présidentielle (fonction attribut impossible) – * la voiture présidentielle et noire (coordination avec un adj. qualificatif impossible) Certains adjectifs relationnels peuvent toutefois être employés, de façon métaphorique, comme des adjectifs qualificatifs : 6 Année universitaire 2024-2025 / Grammaire et histoire de la langue – Les parties du discours H. Biu (Sorbonne Université) Exemples : – le cursus scolaire (adj. relationnel), mais une écriture très scolaire (adj. qualificatif) ; – le domaine royal (adj. relationnel), mais un repas vraiment royal (adj. qualificatif) – la viande bovine (adj. relationnel), mais je lui trouve un regard très bovin (adj. qualificatif) ♣ Savoir distinguer les adjectifs des participes Aux adjectifs héréditaires de forme simple (aigre, doux, ivre) ou composée (aigre-doux, ivre- mort) s'ajoutent des adjectifs obtenus par conversion, c'est à dire que des éléments appartenant à d'autres classes grammaticales sont devenus des adjectifs. C'est notamment le cas des adjectifs verbaux (ce sont des formes de participes présents qui ont acquis un statut d'adjectif qualificatif, variables en genre et en nombre : rayonnante, amusante, brillante, coupant, tranchant) et des participes passés (éculé, usé, vieilli, passé). Leur statut d'adjectif est confirmé par leur possibilité de varier en degré. Reste qu'il est parfois difficile de savoir si on a affaire à un participe passé entrant dans la formation d'un temps composé ou à un participe passé adjectivé, à un participe présent ou à un adjectif verbal. ⇒ Le participe présent devenu adjectif verbal se repère au fait qu'il s'accorde en genre et en nombre avec le nom , qu'il admet la variation en degrés (plus, moins) et qu'il ne peut pas régir de complément de type verbal (complément d'objet). Il n'exprime donc plus une action, mais un état : – un homme aimant : je peux dire très aimant, plus aimant ; je peux remplacer aimant par un autre adjectif (il était amoureux) – aimant son confort, il s'est acheté un hamac : si j'essaie de passer au féminin, cela ne fonctionne pas (*aimante son confort) ; variation en degré impossible (*très aimant son confort, * plus aimant son confort) ; enfin son confort est un COD, donc aimant est un participe présent, non un adjectif (un adjectif ne peut pas avoir de COD) ⇒ De même, le participe passé employé comme adjectif en a toutes les caractéristiques (accord en genre et en nombre, fonctions, variation en degrés, impossibilité de commander un complément de type verbal) : – elle avait teint ses cheveux : ses cheveux est COD de teint, qui est donc un participe- passé entrant dans le formation du plus que parfait. – elle avait les cheveux teints : on note l'accord en genre et en nombre de teints avec cheveux ; teints est séparé de avait ; enfin, si je tente de supprimer teints, j'aboutis à un énoncé bizarre (*elle avait les cheveux). Ici, teints est donc un adjectif en fonction d'attribut du COD. – ses cheveux, qu'elle avait teints, avaient viré au rouge : là, on peut hésiter entre l'adjectif attribut de l'objet et le participe passé entrant dans la formation du plus que parfait accordé avec le COD placé avant l'auxiliaire avoir. 7 Année universitaire 2024-2025 / Grammaire et histoire de la langue – Les parties du discours H. Biu (Sorbonne Université) ♣ Syntaxe de l'adjectif D'un point de vue syntaxique, l'adjectif est lié à son support selon trois modalités définissant trois fonctions possibles : – épithète liée, il constitue une expansion du nom auquel il est adjoint, directement ou non ; le beau manteau ; – apposé, il constitue une prédication seconde par rapport à un support nominal généralement juxtaposé à l'intérieur d'une même phrase, dont l'adjectif est détaché, entretenant avec lui un rapport plus ou moins lâche ; typographiquement, le détachement est marqué par une virgule ; fatigué, il rentra chez lui ; – attribut du sujet ou de l'objet : dans ce cas, l'adjectif est mis en relation avec son support par le biais d'un verbe attributif. Sa suppression n'est pas possible, sauf à changer radicalement le sens de l'énoncé, car l'adjectif est alors un élément essentiel du groupe verbal ; le manteau est beau (attr. du sujet) // je le trouve beau (attr. du COD) ♣ Autres remarques → Un adjectif substantivé (reconnaissable à la présence d'un déterminant) n'est plus un adjectif : il fonctionne comme un nom : les grands, poussez-vous. → Les adjectifs de couleur s'accordent avec le nom sauf : – s'ils sont composés : brun-clair, vert foncé, jaune pâle, blanc et or – s'ils sont issus de noms de choses utilisés pour désigner une couleur : orange, cerise, framboise, marron, taupe. Cinq exceptions toutefois : rose, écarlate, mauve, pourpre, fauve s'accordent 8 Année universitaire 2024-2025 / Grammaire et histoire de la langue – Les parties du discours H. Biu (Sorbonne Université) Fiche n°4 – LES PRONOMS ♣ L'étymologie du mot (pro-nom « mis à la place d'un nom ») est trompeuse, car en réalité, les pronoms ne sont pas nécessairement mis à la place d'un nom : outre qu'ils sont rarement l'équivalent d'un nom isolé – ils sont plutôt l'équivalent du groupe nominal (j'ai perdu les clés de la maison / je les ai perdues) du groupe prépositionnel (j'ai parlé à mon voisin / Je lui ai parlé), voire d'une proposition entière ( ils l'ont critiquée, je le sais ; il est parti, j'en suis mortifiée) – nombre d'entre eux ne remplacent rien stricto sensu : par exemple, dans je mange, le pronom je désigne son référent en vertu de son sens propre. ♣ Il existe 7 catégories de pronoms : – pronoms personnels : sujets (je, tu, il, elle, nous, vous, ils, elles) et régimes (me, m', moi, te, t', toi, elle, lui, etc.). Parmi les pronoms sujets, on distingue les nominaux (je, tu, nous, vous) dont le référent se déduit de la situation d'énonciation, et les représentants (il, elle, ils, elles) qui sont des représentants. Parmi les régimes, il y a des formes conjointes (liées au verbe) et des formes disjointes (autonomes : derrière préposition il parle de moi ; sujet coordonné Philippe et moi sommes allés au cinéma ; ou en position détachée moi, je déteste le cheese-cake) ; – pronoms possessifs : le mien, le tien, le sien, le nôtre, le vôtre, le leur, etc. → ce livre, c'est le mien ; – pronoms démonstratif : celui, celle, ceux , ceci, cela, ce, etc. → Celle-là, je ne l'aime pas / c'est celle de Jean ; – pronoms interrogatifs : qui, que, quoi, lequel, laquelle, auquel, duquel , qui est-ce qui, qui est-ce que , à/de quoi est-ce que etc. → Qui vient ?; – pronoms relatifs : qui, que, quoi ; dont, où (qu'on appelle pronoms relatifs d'origine adverbiale) ; lequel, laquelle, et leurs composés → l'événement dont je parle, le chat qui dort, la chose à laquelle j'ai pensé ; – pronoms indéfinis : l'un, chacun(e), tout, tous, tel, personne, rien, nul, aucun, quelqu'un, quelque chose, quelques uns, certains, plusieurs, la plupart, beaucoup, quiconque, n'importe qui, et c. → Tous sont venus / chacun peut participer / personne ne s'est présenté / quelqu'un toque à la porte / tel est pris qui croyait prendre ; – pronoms numéraux : deux, trois, etc. → Cinq de mes amis sont venus ; – ajoutons les pronoms adverbiaux ou adverbes pronominaux en et y → J'en veux / J'y vais. 9 Année universitaire 2024-2025 / Grammaire et histoire de la langue – Les parties du discours H. Biu (Sorbonne Université) ♣ Risques pour vous : ⇒ confondre ces pronoms avec les déterminants correspondants (cf fiche n°2) : tout s'effondre (pr.) / tout le bâtiment s'effondre (dét.) ⇒ confondre en particulier le pronom relatif que avec le pur outil conjonctif que : → rappelez-vous que le pronom relatif représente généralement un antécédent (nom ou pronom le plus souvent) et il a la particularité d'exercer une fonction dans la proposition qu'il introduit. Si on le supprime, la subordonnée est incomplète. Grâce à ce pronom relatif, la subordonnée qui a un antécédent est l'équivalent en discours d'un adjectif ; → le pur outil conjonctif, lui, n'a pas d'antécédent, il n'a aucune fonction dans la subordonnée qu'il introduit, il peut souvent se gloser par « le fait que » et même si on le supprime, la subordonnée est complète ; celle-ci est l'équivalent d'un nom et ne peut être supprimée sans changer substantiellement le sens de la phrase. Enfin, on peut toujours la pronominaliser par le si elle est COD du verbe principal ou par en/y si elle est COI. Exemples : 1/ j'aime le livre que tu m'as offert. Le verbe offrir appelle un COD. Tu m'as offert quoi ? Le livre. Que est un pronom relatif, puisqu'il représente le livre. En lieu et place de la relative, je pourrais avoir un adjectif : j'aime le livre offert / donné. Si je supprime le que, la subordonnée est incomplète puisqu'il manque le COD (*tu m'as offert) 2 / Je me réjouis que tu viennes. Je peux gloser par « je me réjouis du fait que tu viennes », je peux remplacer la subordonnée par un nom : je me réjouis de ta venue ou par un pronom Je m'en réjouis. J'ai beau chercher, je ne peux pas donner à que une fonction dans la subordonnée. Par ailleurs, il ne représente rien. C'est donc un pur outil conjonctif. 10 Année universitaire 2024-2025 / Grammaire et histoire de la langue – Les parties du discours H. Biu (Sorbonne Université) Fiche n°5 – LES PRÉPOSITIONS La préposition relie des termes qui n'ont pas la même fonction, dont l'un est placé dans la dépendance de l'autre. Tout groupe de mots introduit par une préposition constitue un groupe prépositionnel. ♣ Cette classe est hétérogène, puisque certaines : – sont héritées du latin : à, de, par, pour, sans, sur, sous, vers, outre, en – sont issues d'adverbes : devant, derrière, avant, après, depuis – sont issues de participes passés : excepté, hormis, passé – sont issues de participes présents : touchant, suivant , durant, pendant, moyennant, étant donné, nonobstant – sont issues d'adjectifs : sauf, plein – se sont constituées autour d'un nom. Ce sont des locutions prépositionnelles : en raison de, à cause de, à côté de, au fond de, etc. Le nom qu'elles comportent a perdu son statut nominal et ne peut pas s'analyser en dehors de la locution (pour davantage de détails, voir fiche n°1). ♣ Contrairement à l'adverbe : – elle n'a pas de fonction, mais les éléments qu'elle relie en ont une : dans j'ai perdu les clés de la maison, le groupe prépositionnel de la maison est le C du Nom clés, qui est lui- même COD ; – elle ne peut être supprimée : * j'ai perdu les clés la maison ; – elle ne peut être employée seule, puisqu'elle elle introduit toujours un groupe prépositionnel ♣ Contrairement à la conjonction de coordination : – elle ne relie pas des mots de même nature et de même fonction ; – elle ne peut pas être supprimée ; 11 Année universitaire 2024-2025 / Grammaire et histoire de la langue – Les parties du discours H. Biu (Sorbonne Université) Fiche n°6 – LES ADVERBES L'adverbe est un mot invariable qui modifie le sens du verbe (elle parle fort), de l'adjectif (il est si /tellement beau) ou d'un autre adverbe (elle parle très fort). Certains adverbes servent à interroger ou à exclamer. C'est alors l'ensemble de la phrase qui s'en trouve modifié : Comment vas-tu ? Comme elle est belle ! En fonction de leur sens, les adverbes peuvent indiquer : le lieu (ici, là, dedans, là-dedans, dessus, dessous, dehors, là-haut, là bas, en bas, à côté, etc.), le temps (jadis, avant, auparavant, aujourd'hui, maintenant, demain, hier, aussitôt, toujours, jamais, etc), la manière (bien, mal, mieux, + adverbes en -ment : durement, fortement, rapidement), la quantité ou l'intensité (assez, trop, très, beaucoup, moins, plus, si) l'affirmation (oui, certainement, évidemment, bien sûr), le doute (peut-être, probablement, sans doute), la négation (non ; ne employé seul ou suivi des auxiliaires de négation pas, plus, jamais, rien, point, goutte) Pour simplifier, disons que les adverbes de lieu, de temps et de manière occupent la fonction de complément circonstanciel. Attention ! Certains adjectifs peuvent être employés comme adverbe : elle chante juste, elle chante faux, il le porte beau, etc. 12 Année universitaire 2024-2025 / Grammaire et histoire de la langue – Les parties du discours H. Biu (Sorbonne Université) Fiche n°7 – LES CONJONCTIONS On distingue les conjonctions de coordination et les conjonctions de subordination ♣ Les conjonctions de coordination La ritournelle mais ou est donc or ni car a ses vertus, mais elle est piégée à cause du ou. Le sens de cette série de conjonctions mises bout à bout laisse penser que ou s'écrit avec un accent grave. Ce n'est pas le cas. Les conjonctions de coordination relient deux éléments de même nature et de même fonction. ♣ Les conjonctions de subordination et locutions conjonctives Les éléments qu'elles relient ne sont pas sur le même plan logique, l'un est dans la dépendance de l'autre. Par définition, une subordonnée est nécessairement régie par une principale avec laquelle elle entretient un rapport asymétrique. Le manque d'autonomie de la subordonnée se traduit par le fait qu'elle ne peut être employée seule et qu'elle subit des contraintes (temporelles, modales notamment). On parle de locution conjonctive lorsque plusieurs termes constituent l'outil subordonnant : avant que, après que, depuis que, parce que, etc. Si les deux termes sont séparés, on parle de système corrélatif, par exemple il est si gentil que tout le monde l'apprécie La liste est longue. Il faut connaître les plus courantes : quand, lorsque, avant que, pendant que, depuis que, après que (subordonnées temporelles) parce que, puisque, comme, étant donné que, vu que, attendu que, du fait que, du moment que , d'autant plus que (causales) afin que, de sorte que, pour que, de manière que, de peur que (finales) si, au cas où (conditionnelles) bien que, encore que (concessives)+ qui que, quel que, où que (concessives d'origine relative) comme, plutôt que, au lieu que, selon que, à mesure que, au fur et à mesure que, comme si, + systèmes corrélatifs aussi …que, plus...que, moins... que, plus/moins … que si (comparatives et hypothético-comparatives) si bien que, tant et si bien que, de telle sorte que, en sorte que, au point que, si.... que, tant … que, (consécutives) 13 Année universitaire 2024-2025 / Grammaire et histoire de la langue – Les parties du discours H. Biu (Sorbonne Université) Fiche n°8 – LES INTERJECTIONS Ces mots invariables manifestent l'affectivité et sont souvent liées aux phrases exclamatives. Ce sont aussi bien des onomatopées que des unités lexicales issues de diverses classes grammaticales : – cris et bruits : psst, aïe, hep, hein, eh, oh, bah, bof, ha, chut, fi, + tous les cris d'animaux ou divers bruits qu'on rend de façon codifiée (boum, glou glou, flop, splash) – des noms seuls : Dommage ! Attention ! Bonté divine ! Ciel ! Juste ciel ! Gare à ! Bon Dieu ! Morbleu ! Parbleu ! Pardi ! Diantre ! Sapristi ! Nom d'un petit bonhomme ! – des adjectifs : Chic, Bon, Mince – des adverbes ou des locutions adverbiales : Alors ! Bien ! Tant pis ! Comment donc ! – des verbes à l'impératif : allons, allons donc , dites, tiens, voyons – des phrases figées : sauve qui peut ! Vogue la galère ! 14 Année universitaire 2024-2025 / Grammaire et histoire de la langue – Les parties du discours H. Biu (Sorbonne Université) BIBLIOGRAPHIE La petite synthèse qui précède n'est qu'un aide-mémoire non exhaustif et très simplifié. Il existe de nombreux manuels de cours et d'exercices de grammaire adaptés aux exigences de l'enseignement supérieur. Je m'en tiens à une mini-liste. Parcourez du reste les rayonnages de la bibliothèque de Malesherbes. Delphine DENIS et Anne SANCIER-CHATEAU, Grammaire du Français, Paris, 1997 (Le Livre de poche) – Grammaire qui prend la forme d'un dictionnaire, claire et complète. Parfaite pour le premier cycle. Florence MERCIER-LECA, 30 questions de grammaire française. Exercices et corrigés, Paris, 2005, Armand Colin (Cursus) – Explications limpides (astuces pour ne pas confondre telle ou telle partie du discours ou tel et tel morphème). Organisé sous formes de questions (8 sur le nom et le groupe nominal, 8 sur le verbe et le groupe verbal, 2 sur la méthode d'analyse logique, 7 sur les subordonnées, 5 sur l'énonciation). Ouvrage précieux. Anne-Marie GARAGNON, Frédéric CALAS, La phrase complexe. De l'analyse logique à l'analyse structurale, Paris, 2002, Hachette Supérieur (Ancrages) – Idéal pour revoir vos connaissances sur les subordonnées [ mais vous n'en avez pas besoin au S1]. Clair et complet à la fois. 15