La Délinquance Juvénile - Cours 6 PDF
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Ce document présente un cours sur la délinquance juvénile, abordant des théories de l'apprentissage et des études longitudinales. Il examine les facteurs de risque et les techniques de neutralisation. Il est utile de comprendre les modèles théoriques appliqués à ce domaine.
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# Cours 6 Criminologie : La délinquance juvénile ## 30.10.24 ### 1. Introduction - Les jeunes commettent proportionnellement plus de délits que les autres groupes d'âge. - La délinquance pendant la jeunesse peut être le début d'une criminalité plus grave à l'âge adulte. ### 2. Partie 1: Théories...
# Cours 6 Criminologie : La délinquance juvénile ## 30.10.24 ### 1. Introduction - Les jeunes commettent proportionnellement plus de délits que les autres groupes d'âge. - La délinquance pendant la jeunesse peut être le début d'une criminalité plus grave à l'âge adulte. ### 2. Partie 1: Théories de l'apprentissage : la délinquance est-elle un phénomène appris ? - **Edwin Sutherland (1947)** a mis en évidence des principes clés. Selon lui, le comportement criminel s'apprend. - Il y a une composante biologique. - Cette théorie est très déterministe. - Le problème est : qu'est-ce que le comportement criminel veut dire ? - L'apprentissage se fait par communication avec d'autres personnes. - L'apprentissage se fait surtout dans des groupes proches (famille, amis). - Il y a une influence des interactions sociales. - Il y a une transmission des techniques et des attitudes criminelles (manière de criminaliser). #### 2.1 Modèle de Sutherland | Appartenance à un groupe de délinquants | Apprentissage d'attitudes et de techniques criminelles | Comportement délinquant | |---|---|---| #### 2.2 Modèle alternatif | Commission de délits | Préférence pour des amis délinquants | Appartenance à un groupe de délinquants | |---|---|---| #### 2.3 Les limites (critiques) de la théorie de Sutherland - Caractère déterministe. - Ordre causal. - Ne précise pas exactement comment se fait l'apprentissage. - Néglige l'influence de l'environnement plus large. - Donne l'impression que la délinquance est inévitable dans certains contextes. ### 3. L'approche comportementaliste (behavioriste) - Les comportementalistes se sont d'abord intéressés à la façon dont les animaux apprennent. - Ils ont développé deux concepts importants : #### 3.1 - **Le conditionnement classique (Ivan Pavlov):** On associe une réaction naturelle à un nouveau stimulus→Exemple: le chien de Pavlov qui salive en entendant une cloche parce qu'il l'associe à la nourriture. - **Le conditionnement opérant (Burrhus Skinner):** Si un comportement est récompensé, on aura tendance à le répéter. Si un comportement est puni, on aura tendance à l'éviter. Exemple : un chien qui reçoit une friandise après avoir obéi apprendra plus facilement à obéir. #### Limites/critiques de l'approche comportementaliste - Se focalise uniquement sur des comportements observables. - Ne peut pas expliquer des comportements complexes. - Ne tient pas compte de la capacité de réflexion des humains (elle est plus adaptée aux animaux). - Les humains peuvent apprendre sans expérimenter directement. ### 4. L'approche cognitive: une vision plus moderne - **Albert Bandura (dans les années 1960)** a développé une théorie plus adaptée aux humains. - Ses points clés sont : - On peut apprendre simplement en observant les autres. - Ex poupée bobo on montre qqn taper, jeter la poupée à des enfant puis après ils font la même chose. - Pas besoin de faire soi-même l'action. - Pas besoin d'être récompensé ou puni→Exemple : des enfants qui reproduisent un comportement violent vu à la télévision. - **L'importance des processus mentaux** - Les gens réfléchissent à ce qu'ils voient. - Ils peuvent anticiper les conséquences. - Ils développent des valeurs et des attitudes. - **Le développement de l'autocontrôle** - Les gens apprennent à se contrôler eux-mêmes. - Ils développent leurs propres récompenses et punitions internes→Exemple : la satisfaction d'avoir bien agi ou la culpabilité. - Comment je me sens dans tel situation➔système de valeur. #### 4.1 Avantages de l'approche cognitive - Cette approche explique relativement bien l'influence possible des médias (apprentissage vicariant)→possibilité de faire des mesures. - Comment on apprend des règles morales (importance des modèles positifs) ? - Le rôle de l'environnement social élargi. - Pourquoi certaines personnes résistent mieux aux tentations ? ### 5. Techniques de neutralisation (Sykes & Matza, 1957) - Pour comprendre pourquoi des personnes «normales» commettent parfois des délits, Sykes et Matza ont identifié des «techniques de neutralisation». - Ce sont des façons de penser qui permettent de justifier des actes délinquants : - "La victime l'a bien cherché", - "Ce n'est pas si grave", - "Tout le monde le fait", - "Les autres sont pires que moi" - Ces justifications peuvent : - Venir avant le délit pour le permettre, - venir après pour réduire la culpabilité ou créer un cercle vicieux qui facilite d'autres délits. - Cela montre que la délinquance n'est pas qu'une question de mauvais apprentissage, mais aussi de façons de penser qui permettent de contourner les règles morales qu'on a apprises. - On a besoin de justifier tout ce que nous faisons. ### 6. Partie 2: Etudes longitudinales→Comment la délinquance évolue-t-elle au fil du temps?" - Pour comprendre cela, nous utilisons deux types d'études : - **Les études longitudinales:** On suit les mêmes personnes pendant plusieurs années. On collecte régulièrement des informations sur leur vie. - **Avantage:** on voit vraiment comment les choses évoluent. - **Inconvénient :** c'est long et coûteux - **Les études transversales:** On interroge différentes personnes à un moment donné. On leur pose des questions sur leur passé. La plus part des recherches sont transversales. - **Avantage:** c'est plus rapide et moins cher (+ comparaisons internationales + possibilité d'avoir échantillons de grande taille) - **Inconvénient:** les souvenirs peuvent être imprécis • Complémentarité des deux approches. #### 6.1 L'étude de Cambridge - Etude longitudinale célèbre, commencée en 1961 (Donald West) et sous la responsabilité de David Farrington dès 1982. - **Qui a été étudié ?** - 411 garçons d'un quartier de Londres. - Tous avaient environ 8-9 ans au début. - La plupart venaient de familles ouvrières. - **Comment ont-ils été suivis ?** - Interviews régulières avec les garçons. - Entretiens avec leurs parents. - Informations des professeurs. - Données de la police. Suivis jusqu'à l'âge adulte. - **Qu'a-t-on découvert ?** - 1. Sur le nombre de délits : 6% des garçons ont commis 50% des délits. - Le pic de délinquance était vers 16-17 ans. La plupart arrêtent après l'adolescence. - **Facteurs de risque:** - Comportement agressif précoce. - Problèmes familiaux. - Difficultés à l'école. - Parents ayant des condamnations - **Carrières criminelles:** - Les délinquants précoces les plus longues (souvent avant 12 ans) ont souvent les carrières. - Les problèmes tendent à s'accumuler (alcool, travail, relations). - En revanche, ceux qui commencent tard arrêtent généralement plus vite. #### 6.2 L'étude de Pittsburgh(centré sur facteur de risques) - Commencée en 1987, cette étude a apporté des améliorations : - Trois groupes d'âge différents (7, 10 et 13 ans). - Environ 500 garçons dans chaque groupe. - Plus de détails sur les aspects psychologiques. - Meilleure représentation ethnique. - Confirmé beaucoup de résultats de Cambridge, mais a aussi montré l'importance de : - L'impulsivité(liée à la violence), - l'hyperactivité, - la surveillance parentale - l'influence du quartier. - **ATTENTION** il est important de faire la distinction entre prévalence et incidence. #### 6.3 Apports des études longitudinales - **Points forts:** - Identification des facteurs prédictifs. - Compréhension des trajectoires. - Distinction entre délinquance transitoire/persistante. - Base pour programmes de prévention. - **Points faibles:** - Coûts élevés. - Perte de sujets au fil du temps. - Difficultés protection des données. - Contexte historique spécifique. - Échantillons souvent homogènes. - Criminologie du parcours de vie (lifecourse criminology) #### 6.4 L'apprentissage de la non-violence : Richard Tremblay - L'approche de Tremblay (2000, 2008) cherche à expliquer la violence pas l'ensemble de la délinquance/déviance. - La violence s'opérationnalise à travers des agressions. - C'est un processus d'individualisation à l'état individuel. - **Agression physique:** ce sont des gestes utilisés pour agir sur quelqu'un, ou le faire agir contre sa volonté, en employant la force physique. - **Agression verbale:** utilisation de paroles hostiles visant à insulter, menacer, mettre en colère ou intimider quelqu'un, souvent accompagnée de gestes menaçants et fréquemment suivie d'une agression physique. - **Agression indirecte:** forme d'agression plus évoluée, qui consiste à chercher à causer du tort à quelqu'un soit en répandant des rumeurs à son sujet, soit en essayant de l'humilier ou de le rabaisser ou encore en l'excluant du groupe. - Entre autres: Enquête longitudinale canadienne sur les enfants et les jeunes (ELNEJ/NLSCY): Echantillon de 16'038 enfants suivis de 4 à 11 ans. - **ATTENTION** il ne faut pas sous-estimé l'agressivité indirect. - Dans le tableau 1 on observe que l'agressivité physique chez les garçon et les filles diminue avec le temps et est plus grandes chez les garçon. L'agressivité indirect est plus grande chez les filles que chez les garçons. Il est possible que le processus de socialisation passe par l'apprentissage du recours à l'agressivité indirecte plutôt qu'à l'agressivité physique. - Lorsqu'un jeune est agressif il faut tout de suite réagir. C'est de l'hypocrisie de voir l'évolution et de ne rien faire en attendant qu'il soit condamnable. ### 7. Partie 3: Facteurs de risque et de protection #### 7.1 Le rôle de la famille - La situation varie selon les pays. - Aux États-Unis la famille monoparentale est un facteur de risque important car souvent liée à la pauvreté. - En Europe l'effet est moins marqué car il y a plus d'aides sociales. - Ce qui compte vraiment est la qualité des relations familiales, la supervision des parents et l'attention portée à l'enfant. - Dynamique familiale est importante. - Lors de famille monoparental prise de responsabilité des enfants eux même. #### 7.2 L'école et la délinquance - L'échec scolaire a des effets différents selon les pays. - Pays anglo-saxons impact fort car peu d'alternative. - En Europe continentale impact moindre grâce aux apprentissages et formations professionnelles. - Les problèmes de discipline sont plus importants que les notes. - Une école désorganisée peut favoriser la délinquance. - La discipline et les notes sont étroitement lié. #### 7.3 Les amis (pairs) délinquants et les gangs - L'appartenance à un gang peut multiplier par dix le risque de délinquance. - Les raisons sont la pression du groupe, l'apprentissage de techniques criminelles et le sentiment d'impunité en groupe. #### 7.4 Le style de vie - Les activités non structurées ("traîner dehors") augmentent les risques. - Hier: Trainer dehors. - Aujourd'hui: Monde virtuel (internet, réseaux sociaux), moins étudié. Le sport a des effets variables soit positifs quand bien encadré par des adultes soit négatifs quand certains sports de combat peuvent augmenter l'agressivité. La consommation d'alcool et de drogues augmente les risques #### 7.5 Les caractéristiques personnelles - L'impulsivité, le manque d'autocontrôle, la recherche de sensations fortes, une tendance aux accidents et la constitution physique (pour la violence)→petit, maigre ou grand baraqué. ### 8. Facteurs de protection - Éléments identifiés, relations familiales stables, réussite scolaire, activités structurées, soutien social et autocontrôle élevé. ### 9. Programmes de prévention #### 9.1 Programmes familiaux - Le soutien aux familles. - Visites à domicile des jeunes mères commencent pendant la grossesse et continuent les premières années. - Il existe des formation parentale. - Importance du suivi à long terme. - Le résultats obtenus est qu'il y a moins d'abus et un meilleur développement des enfants. #### 9.2 Les programmes préscolaires - Exemple: le Perry Preschool Program. - Aide aux enfants défavorisés. - Résultats jusqu'à l'âge adulte→ Moins de délinquance, meilleure réussite professionnelle. #### 9.3 Les interventions à l'école - Programme anti-harcèlement (bullying) d'Olweus : Règles claires contre la violence. Formation des enseignants. Surveillance des récréations. - Réduction de 50% du harcèlement ### 10. Qu'est-ce qui rend ces programmes efficaces ? - Intervention précoce, approche multiple (famille + école + enfant), durée suffisante, personnel bien formé et adaptation au contexte local. - Il ne suffit pas que d'un cours. ### 11. Conclusion - La délinquance juvénile n'est pas une fatalité. - Les recherches montrent que : on peut identifier les facteurs de risque tôt. - Plusieurs types d'intervention sont efficaces. - Plus on intervient tôt, meilleurs sont les résultats. - Il faut adapter les interventions au contexte local. - La prévention coûte moins cher que les conséquences de la délinquance, tant pour la société que pour les individus eux-mêmes. - Il est indispensable de conduire des évaluations rigoureuses. ### 12. Pour aller plus loin : Questions clés - Impact des nouvelles technologies. - Rôle des réseaux sociaux. - Évolution des facteurs de risque. - Adaptation des interventions