Financement des agents économiques PDF

Summary

Ce document explique comment les agents économiques (ménages, entreprises, État) se financent. Il détaille les concepts clés tels que le financement direct, indirect, et l'autofinancement, ainsi que les différentes sources de financement telles que les marchés financiers, les prêts bancaires, et le rôle du taux d'intérêt.

Full Transcript

Chapitre 2 : Comment les agents économiques se financent-ils ? Objectifs d’apprentissage : Comprendre que le financement consiste à couvrir des besoins de financement par des capacités de financement. Comprendre que le taux d’intérêt – à la fois la rémunération du prêteur et le coût du crédit p...

Chapitre 2 : Comment les agents économiques se financent-ils ? Objectifs d’apprentissage : Comprendre que le financement consiste à couvrir des besoins de financement par des capacités de financement. Comprendre que le taux d’intérêt – à la fois la rémunération du prêteur et le coût du crédit pour l’emprunteur – est le prix sur le marché des fonds prêtables. Savoir que le revenu disponible des ménages se répartit entre consommation et épargne et qu’ils peuvent dégager des besoins ou des capacités de financement. Savoir ce qu’est l’excédent brut d’exploitation et comprendre que les entreprises se financent par autofinancement et financement externe (emprunts bancaires et recours au marché financier, en particulier actions et obligations). Savoir que le solde budgétaire résulte de la différence entre les recettes (fiscales et non fiscales) et les dépenses de l’État ; comprendre que le déficit budgétaire est financé par l’emprunt et savoir qu’une politique de dépenses publiques peut avoir des effets contradictoires sur l’activité (relance de la demande / effet d’éviction). Introduction : Les agents économiques sont des personnes physiques ou morales qui participent à l’activité économique autrement dit ils ont une fonction économique : produire, consommer, épargner... On distingue : ‣ Les ménages : une ou plusieurs personnes qui occupent le même logement au titre de résidence principale ‣ Les entreprises : organisation dont le rôle est de produire des biens et services en vue de répondre à un besoin et réaliser du profit. ‣ L’Etat : ensemble des administrations publiques dont la fonction économique est de réaliser une production non-marchande1. ‣ La banque : société financière dont la principale fonction est de participer au financement de l’activité économique. ‣ Les associations : Institutions sans but lucratif au service des ménages (ISBLSM) qui ont pour fonction de produire des biens 2et services 3non-marchands. Le revenu des acteurs économiques et leur capacité à épargner vont impacter leur capacité à financer eux-mêmes leurs projets (investissements 4pour les entreprises, consommation pour les ménages, dépenses publiques pour l’Etat). On appelle financement l’opération qui consiste à mobiliser les sommes nécessaires à l'acquisition d'un actif réel ou financier. On distingue dès lors : § Les agents à besoin de financement : Situation d'un agent économique dont les dépenses d'investissement sont supérieures à son épargne5. § Les agents à capacité de financement : Situation d'un agent économique dont les dépenses d'investissement sont inférieures à son épargne6. 1 La production non-marchande est la production destinée à être échangée à un prix inférieur à 50% des coûts de production. 2 Bien: production matérielle. 3 Service : production immatérielle. 4 Investissement : dépense réaliser pour acquérir ou améliorer les facteurs de production. 5 Par exemple, un ménage qui souhaite acquérir une maison mias ne dispose que de 30 000 euros d’épargne. 6 Par exemple, un ménage qui souhaite acheter une voiture à 8 000 euros et qui dispose de 12 000 euros sur son livret d’épargne. 1 sur 13 Ainsi, les agents à capacité de financement peuvent financer sur leurs fonds propres leurs projets. On parle d’auto-financement. Les autres agents devront dès lors avoir recours à un financement externe. Les agents à besoin de financement vont avoir recours à un financement externe autrement dit, ils devront financer leur activité en faisant appel aux agents à capacité de financement. Deux possibilités s’offrent alors à eux : § Le financement direct : il s’agit d’un financement offert aux entreprises et à l’État qui s’effectue par le biais des marchés financiers7. Les entreprises et l’État émettent des actions8 et des obligations9 sur les marchés financiers qui seront achetés par les investisseurs. Cela leur permet de disposer rapidement d’une somme d’argent qui va leur permettre d’investir. § Le financement indirect ou intermédié : Il s’agit d’un financement par recours au prêt bancaire10. La banque sert d'intermédiaire entre les agents à capacité de financement et les agents à besoin de financement. Le besoin de financement des acteurs de l’économie implique donc le recours aux agents à capacité de financement. Or, ceux-ci acceptent de mettre à disposition leur épargne en vue de financer l’économie mais seulement dans la mesure où ils sont “rémunérés” pour cela. Cette rémunération correspondant à la mise à disposition de fonds permettant de financer l’activité économique est appelée “taux d'intérêt”. Ils correspondent donc, pour les emprunteurs au coût du financement externe. Le taux d’intérêt correspond : § Pour le prêteur à la rémunération liée à la mise à disposition de fonds. Il s’agit donc d’un revenu du capital. Il correspond à un pourcentage de la somme prêtée. En général, les banques proposent des taux d’intérêt plus haut lorsque les actifs sont immobilisés plus longtemps et inversement. En effet, les intérêts du livret A sont en général les moins élevés dans la mesure où il est simple et rapide de mobiliser les fonds pour un achat. En revanche, les produits tels que les assurances vie ou les PEL (plan d’épargne logement) sont plus rémunérés car les fonds sont moins mobiles : ils peuvent être bloqués pendant une certaine durée, impliquent la rupture du contrat pour mobiliser les fonds. On parle de “risque de liquidité11” : pendant la durée de son épargne, le prêteur renonce à la liquidité de son épargne autrement dit sa capacité à la mobiliser rapidement pour répondre à ses propres besoins, sans coût. C’est donc le taux d’intérêt qui incite à prendre ce risque. § Pour l’emprunteur, il s’agit d’une part du coût de l’emprunt. Il est proportionnel à la somme empruntée. Cependant, le coût de l’emprunt comprend d’autres coûts fixes tels que les frais de dossiers et variables tels que les assurances de l’emprunt. En général, par l’intermédiaire des banques, le taux d’intérêt dépend du risque pris : de la durée du prêt, de la nature du prêt (en général les taux appliqués à un prêt consommation sont plus élevés que les taux des prêts immobiliers). On parle alors de “risque du crédit”. Il s’agit du risque de non-remboursement d’un emprunt bancaire à l’échéance12. Ce sont les banques qui assurent ce risque du crédit et non les épargnants. Ainsi, l’emprunteur rembourse le principal, qui correspond à la somme empruntée et verse des intérêts. On peut calculer cela de la manière suivante : Principal x (1 + r)T où T représente le nombre d’année. Ainsi, le besoin de financement implique le recours à un marché, correspondant au lieu de rencontre entre une offre et une demande de capitaux : le marché des fonds prêtables13. 7 Marché financier : lieu de rencontre réel ou fictif entre une offre et une demande de produits financiers. 8 Action : part d’une entreprise détenue par un investisseur, appelé actionnaire. 9 Obligation : titre de créance autrement dit, dette recouvrable à échéance. 10 Prêt : contrat par lequel un créancier prête de l’argent à un débiteur moyennant remboursement assortis d’intérêts. 11 La liquidité correspond à la capacité à mobiliser rapidement les fonds. 12 Un ménage trop endetté peut ne pas être en capacité de rembourses ses crédits par exemple. 13 Le marché des fonds prêtables est une représentation simplifiée de la réalité (modèle) permettant de comprendre comment varie les taux d’intérêts. 2 sur 13 Le marché des fonds prêtables fonctionne comme le marché des biens et services. Lorsque la demande augmente (déplacement de la courbe vers la droite), il y a plus d’agents économiques qui acceptent d’emprunter à un niveau d’intérêt donné alors qu’il y a autant d’agents qui acceptent de prêter : cela entraîne une hausse des taux d’intérêt et des prêts. Nous pouvons donc nous demander de quelle manière les agents économiques peuvent se financer. Pour quelle raison peuvent-ils être conduits à recourir à un financement externe et quelles pourraient être les conséquences. 3 sur 13 I/ Comment les agents privés se financent-ils ? A/ Le financement des ménages 1. Le budget des ménages et l’arbitrage consommation/épargne. Le budget des ménages est déterminé par leur niveau de revenus. Le revenu primaire des ménages est le revenu que les ménages perçoivent avant la redistribution. On distingue trois formes de revenus primaires : Les revenus du travail : il s’agit de la rémunération perçue en contrepartie d’une activité professionnelle salariée. On peut prendre l’exemple du salaire des professeurs ou du salaire d’un employé de caisse. Les revenus du capital/patrimoine : il s’agit des revenus perçus en raison de placements financiers ou de la propriété (intérêts d’un livret A, loyers perçus par un propriétaire…) Les revenus mixtes : il s’agit des revenus des travailleurs indépendants. On les qualifie de mixtes car ils rémunèrent à la fois l’activité professionnelle qui ici n’est pas salariée et les investissements réalisés en termes de locaux et matériel qui sont nécessaires à l’activité professionnelle14. Les revenus primaires font cependant l’objet d’une redistribution. On appelle redistribution la modification de la répartition initiale des revenus. Cette opération est organisée par l’administration publique. La redistribution s’opère en : Retranchant les prélèvements obligatoires : il s’agit des sommes perçues par l’administration fiscale telles que les impôts15 et les cotisations sociales16. Ajoutant les revenus de transferts : revenus versés par l’Etat en raison de la situation économique des individus. Ainsi, on obtient par cette opération de redistribution le revenu disponible. Il s’agit du revenu dont disposent les ménages pour consommer17 et épargner18. On distingue trois motifs d’épargne : L’épargne de précaution : il s’agit de conserver une part de son revenu disponible afin de faire face à un éventuel risque futur. On parle d’un “comportement de bon père de famille” autrement dit une attitude prévoyante face aux risques19. L’épargne de spéculation : il s’agit de conserver une part de son revenu et le placer afin de percevoir des revenus du capital, sous forme d’intérêt20. 14 On peut prendre l’exemple des revenus d’un artisan qui travaille à son compte ou d’un infirmier libéral. 15 Prélèvement monétaire obligatoire effectué par l'État ou les collectivités territoriales. 16 Prélèvement monétaire obligatoire sur les revenus du travail effectué par une administration de sécurité sociale. 17 La consommation est la destruction par l’usage d’un bien ou d’un service en vue de répondre à un besoin. 18 L’épargne est la part du revenu qui n’est pas destinée à la consommation. 19 Par exemple, je place mon épargne dans une retraite complémentaire pour compenser la perte future de revenus. 20 Par exemple, j’achète des actions pour recevoir des dividendes ou réaliser une plus-value en revendant l’action plus tard. 4 sur 13 L’épargne en vue d’un achat futur : il s’agit de conserver une part du revenu disponible afin de réaliser un achat d’un montant important, sans avoir recours à un financement externe21. L’arbitrage consommation/épargne22 dépend de plusieurs éléments : à La part du revenu qui est dédiée à la consommation ou à l’épargne est déterminée par les propensions à consommer et propension à épargner. On les mesure de la manière suivante : § Propension à consommer : consommation / revenu § Propension à épargner : épargne / revenu. La propension est comprise entre 0 et 1, sachant qu’une propension à consommer de 1 signifie que la totalité du revenu est destinée à la consommation. Par ailleurs, pour obtenir la propension à épargner on peut calculer : 1 - propension à consommer, et inversement. La propension à consommer et épargner des ménages dépend des taux d’intérêts23 mais aussi du niveau d’inflation24. - Au regard de la loi d’Engel, ce sont les ménages les plus modestes qui ont la propension à consommer la plus importante. Cela ne signifie pas qu’ils consomment davantage mais que la part de leur revenu dédiée à la consommation sera plus importante. Il y a presque 1 ménage sur 5 qui ne parvient pas à épargner autrement dit, les 20% des ménages les moins riches ont une propension à consommer de 125. - Par ailleurs, au regard des cycles de vie de Modigliani (1954)26, les individus adaptent leurs comportements d’épargne pour maintenir un certain niveau de consommation tout au long de leur vie : o Durant leur jeunesse, ils ont une épargne négative : leurs revenus ne suffisent pas toujours à financer toutes leurs dépenses et donc ils s’endettent27. o Lors de leur vie active, leurs revenus s’élèvent et ils ont une épargne positive : les individus peuvent se constituer un patrimoine. o A la retraite : les revenus diminuent en raison de la fin de la vie active ainsi, pour maintenir le niveau de consommation, les individus puisent dans leur épargne. 21 Par exemple, un ménage met de l’argent de côté tous les mois pour financer un voyage. 22 Le fait de choisir de consommer ou épargner avec son revenu autrement dit, le choix opéré par les ménages. 23 Plus les taux sont bas et moins les ménages sont incités à épargner, ils se tournent davantage vers la consommation. 24 L’inflation est la hausse généralisée des prix, quand il y a beaucoup d’inflation, le poids de la consommation dans le budget des ménages augmente. 25 Par exemple, un ménage qui dispose d’un revenu disponible de 1 000 euros et dépense 800 euros consacre 80% de son revenu à l’épargne (propension à consommer de 0.8) tandis qu’un ménage qui dispose de 1 600 euros et dépense 800 consacre seulement 50% de son revenu (et donc a une propension à consommer de 0.5). 26 Franco Modigliani, né le 18 juin 1918 à Rome et mort le 25 septembre 2003 à Cambridge, était un économiste italo-américain. Il a reçu en 1985 le prix dit Nobel d'économie pour "ses analyses pionnières de l'épargne et des marchés financiers 27 Ils vont par exemple contracter un prêt étudiant pour financer leurs études. 5 sur 13 2/ Le financement des ménages Le ménage a deux sources de financement possibles : - L’auto-financement : les ménages peuvent épargner pour consommer ou investir dans un bien immobilier. Pour ce faire il a plusieurs possibilités : - Placer son épargne dans des produits bancaires rémunérés : les ménages peuvent ouvrir des livrets, assurances-vie, plan d’épargne logement et autres produits bancaires pour épargner. Cela constitue à la fois une épargne de spéculation car ils perçoivent chaque année des revenus liés à la possession de ces livrets : les intérêts, et une épargne en vue d’une consommation future. Plus ces produits impliquent de renoncer à la liquidité et plus ils sont rémunérés. Ils constituent des placements surs. - Investir sur les marchés financiers : les ménages peuvent acheter des actions ou obligations sur les marchés financiers. Les actions constituent un placement risqué car la valeur de l’action fluctue sur les marchés financiers et dépend de l’offre et de la demande. Ainsi, les ménages peuvent gagner beaucoup ou perdre beaucoup. Ils perçoivent chaque année des dividendes (part du profit destinée aux actionnaires) mais peuvent également percevoir une plus-value autrement dit revendre le produit plus cher qu’ils l’ont acheté. Les obligations elles sont des titres de créance, les ménages ont donc renoncé à leur liquidité pendant un temps déterminé et recevront en contrepartie des intérêts. - Le financement externe sous forme de recours à l’emprunt bancaire : les ménages peuvent recourir à l’emprunt bancaire. Ils réalisent une demande de crédit pour une somme donnée qu’ils devront rembourser chaque mois pendant la durée du prêt. Le financement par le prêt bancaire comporte des coûts pour les ménages : ils versent des frais de dossier, doivent payer des assurances et ajouter les taux d’intérêt. Le taux d’intérêt dépend de la durée du prêt mais aussi du risque de représente le crédit. Attention, pour se rendre compte de la valeur réelle d’un taux d’intérêt, il convient de distinguer taux d’intérêt nominal et taux d’intérêt réel : Le taux d’intérêt nominal ne tient pas compte de l’inflation28 autrement dit, de la variation des prix. Il est indiqué sur l’offre de crédit. Le taux d’intérêt réel est le taux d’intérêt auquel on retire le poids d’inflation. Ainsi, si l’inflation est importante, le coût du crédit est moindre pour les ménages (voir TD). Le recours au crédit n’est pas illimité : en France, on ne laisse pas les ménages s’endetter au-delà de 33% de leur revenus. Cela permet de garantir le remboursement et éviter que les ménages soient surendettés et ne parviennent pas à rembourser leurs crédits. Par ailleurs, les banques vérifient un certain nombre d’éléments avant d’octroyer crédit : état de santé, niveau de revenu, état de l’endettement, stabilité de l’emploi…29 28 Hausse généralisée du niveau des prix. 29 Pour aller plus loin ou vous entraîner à lire des données, cliquez sur ce lien 6 sur 13 B/ Le financement des entreprises ? 1. Le résultat de l’entreprise, indicateur de santé financière La valeur ajoutée peut être définie comme la richesse créée par une organisation productive. On mesure la valeur ajoutée de la manière suivante : VA = CA30 - CI31 La valeur ajoutée permet donc de mesurer l’EBE (excédent brut d’exploitation). Il s’agit du profit réalisé par les apporteurs de capitaux. On mesure l’EBE de la manière suivante : EBE = VA - salaires - impôts sur la production + subventions à la production32 L’EBE va donc être partagé entre différents acteurs : Les actionnaires qui vont percevoir les dividendes : Revenu variable perçu par le détenteur d'une action. Les banques sous la forme de remboursement des emprunts assorti du versement des intérêts L’entreprise qui perçoit les sommes restantes qui constituent son bénéfice. Le bénéfice de l’entreprise peut être utilisé de deux manières : Être mis en réserve en vue d’un investissement futur ou pour faire face à d’éventuelles difficultés financières. Être réinvesti dans l’entreprise sous forme d’achat de matériel ou de dépenses d’amélioration ou encore de R&D. Ainsi, les entreprises peuvent s’auto-financer par le biais du bénéfice ou avoir recours à un investissement externe (banques ou actionnaires pour les sociétés anonymes). 2. Le financement des entreprises L’activité des entreprises ne peut se passer de financement. Par exemple, une entreprise doit souvent disposer de ressources financières avant même de commencer sa production de biens. Elle doit en effet investir dans le capital fixe de l’entreprise (usine, magasin, machines, etc.) et effectuer les premiers achats de consommations intermédiaires (le capital circulant) alors qu’elle ne dégage encore aucun bénéfice. Pour mesurer le niveau d’investissement qu’une entreprise réalise on peut utiliser un indicateur : le taux d’investissement. Il mesure la part de l’investissement d’une entreprise par rapport à la richesse qu’elle a créée (sa valeur ajoutée) Taux d’investissement = FBCF / VA 30 CA (chiffre d’affaire), correspond au montant total des ventes. 31 CI (consommations intermédiaires) : correspondent aux ressources détruites ou transformées au cours du processus productif. 32 Les subventions sont des sommes versées par l’Etat (ou l’Union européenne) à des entreprises sans contrepartie pour soutenir certaines productions (garantir la rémunération des producteurs essentiels, soutenir un marché en développement...) 7 sur 13 Que ce soit au début de la production ou pendant la production, les entreprises ont besoins de financement pour investir. Pour se financer, les entreprises ont deux solutions : le financement interne et le financement externe à L’autofinancement (ou financement interne) : Il s’agit de la situation dans laquelle un agent économique finance son activité économique avec ses fonds propres. Il ne faut pas confondre l’autofinancement et la capacité d’autofinancement. Cette dernière désigne les ressources brutes restant à l'unité statistique (en- treprise ou unité légale) à l'issue de l'exercice. Elle peut choisir soit de les distribuer, soit de les réserver au financement de ses investissements. Les déterminants de l’autofinancement (autrement dit, comment une entreprise peut-elle auto-financer son activité) : La capacité d’autofinancement : le taux d’autofinancement est conditionné par le taux d’épargne qui dépend directement du taux de marge. La volonté de garder le contrôle de l’entreprise sans être soumis aux volontés les actionnaires : cela peut conduire les entreprises à repousser les investissements jusqu’au moment où elles auront la capacité de les financer elles-mêmes. Le calcul du ratio entre le taux d’intérêt de placement et le taux d’intérêt d’emprunt. En effet si le premier est supérieur au second, alors il sera plus intéressant de placer son épargne et d’emprun- ter pour financer sa production car les intérêts perçus seront supérieurs aux intérêts versés. Le niveau d’inflation : si le taux d’inflation est supérieur au taux d’intérêt nominal alors il est préfé- rable d’investir immédiatement et non d’épargner et inversement. Les avantages et inconvénients de l’autofinancement des entreprises : Avantages Inconvénients Indépendance financière En cas d’insuffisance des fonds, il faut dif- Contrôle total des prises de décision férer ou renoncer à l’investissement. Faible risque financier : stabilité finan- L’engagement financier peut être impor- cière importante liée à peu ou pas d’en- tant. dettement. Il est plus difficile de constituer une tréso- rerie. à Le financement externe : il s’agit de la situation dans laquelle un agent économique ne dispose pas des ressources nécessaires pour financer son activité et donc à recours à un agent à capacité de financement pour financer la totalité ou une partie des investissements qu’elle souhaite réaliser. Elles peuvent le faire de deux manières : soit en ayant recours au marché financier (financement externe direct) soit en passant par un intermédiaire (financement externe indirect). a. Le financement externe direct Le financement externe direct consiste pour l’entreprise en besoin de financement à trouver des financements directement auprès d’agents en capacité de financement. Ces agents se rencontrent sur le directement sur le marché financier autrement dit, sans avoir besoin de passer par un intermédiaire. Le marché financier peut être défini comme le lieu de rencontre, réel ou virtuel entre une offre et une demande de titres financiers. 8 sur 13 La bourse des valeurs, appelée communément « la bourse », désigne un marché organisé où s’échangent des valeurs mobilière (actions et obligations) et se compose de deux compartiments : Le marché primaire concerne seulement les émissions de nouveaux titres de valeurs mobilières (actions et d’obligations). Ce marché assure la rencontre entre les demandeurs de fonds qui émettent alors des valeurs mobilière (actons et obligations) et les épargnants qui souhaitent placer leur épargne et qui achètent alors de nouvelles actions et obligations. Une entreprise qui veut se développer peut décider de lever des fonds sur le marché financier de cette façon. Le marché secondaire désigne le marché de la revente, où s’échangent des valeurs mobilières déjà émises (une sorte de marché d’occasion des valeurs mobilières) un certain prix (le cours de l’action et ou de l’obligaton) qui est déterminé par la confrontation entre l’offre et la demande de ce titre : lorsque la demande d’un titre augmente, son cours augmente et lorsque les détenteurs d’actions veulent massivement les revendre (comme ce fut le cas au début de la crise des subprimes), les prix baissent car l’offre augmente mais la demande reste identique voir diminue elle aussi. Distinction action/obligation : Action Obligation Définitions Part d’une entreprise (il s’agit donc d’un titre Titres de créance (dette) utilisés par les de propriété). entreprises ou les États pour emprunter de l’argent sur les marchés financiers. Que confère Le détenteur d’une action devient donc ac- L’obligataire détient une créance qui sera l’achat de ce tionnaire de l’entreprise. Il détient des parts du remboursée à échéance assortie de ses in- titre ? capital, ce qui lui confère des droits : térêts. - Siéger au CA (Conseil d’Administratin) En attendant le remboursement de son - Il doit être informé périodiquement de l’acti- prêt, le souscripteur est rémunéré par le vité et les résultats de l’entreprise versement régulier d’intérêts, déterminés - Il reçoit une fraction du profit de lors de l’émission – on l’appelle le « coupon l’entreprise (les dividendes). Si l’actionnaire » -, et au terme prévu, l’émetteur vous rem- possède 10% des actions de l’entreprises (10% bourse le montant emprunté. des parts), il reçoit 10% des dividendes accor- dés aux actionnaires. Prise de risque L’action est un placement risqué car la rému- C’est un placement relativement sûr car le nération, la valeur de l’action dépend de la remboursement du capital de départ est santé financière de l’entreprise, de la conjonc- garanti à l’échéance prévue quel que soit ture économiques et des décisions qui sont le niveau des bénéfices de l’entreprise prises. émettrice. Les choix des épargnants se fond en fonctions de différents critères : Le risque plus ou moins grand de perte du capital La rentabilité du titre On appelle spéculation l’activité qui consiste à anticiper une hausse ou une baisse du cours d’un titre pour le revendre plus tard avec une plus-value : l’objectif d’un investisseur est d’acheter lorsque les cours sont bas et de revendre lorsqu’ils sont plus élevés pour réaliser une plus-value. 9 sur 13 b. Le financement externe indirect Pour les petites entreprises qui ne peuvent pas se financer sur le marché financier, le recours au crédit est la principale source de financement. Cet emprunt a un coût qui dépend du taux d’intérêt, dont le taux dépend du montant emprunté, de la durée du crédit et du risque estimé de non remboursement (insolvabilité) mais aussi des taux directeurs (cf. chapitre 3). Le taux d’intérêt permet donc de déterminer le coût de l’emprunt pour l’emprunteur et la rémunération du prêteur. L’entreprise a besoin de crédits à court terme pour financer son activité. En effet, il y a en permanence un décalage entre les rentrées et les sorties d’argent qui doit être comblé par des crédits à court terme. Par exemple, les supermarchés ont un délai de trois mois pour payer leurs fournisseurs. Or, ces fournisseurs, eux, ont dû financer leur production et payer leurs salaires et leurs propres fournisseurs par exemple. Ce décalage entraîne souvent des besoins de trésorerie que les entreprises comblent par le recours au crédit bancaire. L’entreprise a également recours au crédit à plus long terme pour financer ses investissements, racheter des concurrents, développer son activité etc (cf. chapitre 1). Les conditions d’accès au crédit bancaire sont différentes selon la taille des entreprises. Cela se traduit par des difficultés d’accès plus grandes pour les TPE et dans une certaine mesure pour les PME et par des différences de coût (taux d’intérêts). Même si son importance relative dans le financement de l’économie a reculé par rapport aux financements réalisés via les marchés financiers, le crédit reste l’un des mécanismes fondamentaux de la vie économique et de la croissance, notamment pour les plus petites entreprises. II/ Comment L’Etat se finance-t-il ? A/ Le budget de l’Etat 1. Le solde public et la dette publique Comme nous l’avons vu auparavant33, l’État réalise une production non-marchande. Par exemple, il prend en charge la production de biens collectifs que ne peuvent assumer les entreprises privées en raison notamment des coûts d’exploitation trop élevés. On peut prendre l’exemple du financement des fonctions régaliennes de l’État telles que la justice ou la défense nationale. Par ailleurs, pour favoriser l’égalité dans notre société française, l’État garantit un accès gratuit à l’éducation par le financement de l’Éducation Nationale et aux soins par le financement des hôpitaux publics. On appelle dépenses publiques l’ensemble des dépenses réalisées par les administrations publiques. Ainsi, l’État, les collectivités territoriales (région, département, communes) et la sécurité sociale dégagent des besoins de financement importants. L’État a donc comme n’importe quel agent économique des dépenses à effectuer et des recettes qui lui permettent de financer tout ou partie ces dépenses. Les recettes de l’État proviennent en majorité des prélèvements obligatoires : 33 Programme de seconde ”Comment crée-t-on des richesses et comment les mesure-t-on ?” 10 sur 13 o Les taxes qui sont des sommes prélevées en proportion de telle ou telle consommation telles que la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) versée lorsque l’on consomme, la taxe intérieure sur les produits pétroliers (TIPP), la taxe carbone, la taxe foncière qui est une taxe sur la propriété ou la taxe d’habitation qui correspond à l’occupation d’un logement … o Les impôts qui sont prélevés sur les ménages (impôt sur le revenu, impôt sur la fortune…) ou les entreprises (impôts sur la production, sur le bénéfice) o Les recettes non-fiscales : entreprises publiques, domaines de l’Etat...34 La différence entre les recettes et les dépenses de l’État est appelée solde public. Le solde public est le résultat de l’exercice budgétaire de l’État au cours d’une année. Si les recettes de l’État sont supérieures aux dépenses publiques alors de solde public est excédentaire, l’État est capable d’auto-financement. En revanche, si les dépenses publiques sont supérieures aux recettes alors le solde public est déficitaire, l’État devient un agent à besoin de financement. On parle alors de déficit public. Il devient dès lors agent à besoin de financement. 2. Le financement de l’Etat L’État, s’il se trouve en situation de déficit, va devoir trouver une source de financement externe. Pour cela, il va pouvoir émettre des obligations sur le marché financier. Les obligations sont des titres de créances qui sont émis sur les marchés financiers. Ils vont donc être achetés par des investisseurs privés qui vont permettre le financement de l’activité de l’État, moyennant le versement d’un intérêt. Il est considéré comme un placement moins risqués que les actions dans la mesure où la valeur de l’obligation ne varie pas selon l’offre et la demande. Il s’agit d’une reconnaissance de dette ferme qui sera remboursée le plus souvent à son échéance, accompagnée de ses intérêts. Ainsi, l’accumulation des déficits publics et de leurs financements constituent ce que l’on appelle la dette publique35. La dette publique correspond au financement des déficits accumulés. Il s’agit donc d’un stock en opposition au déficit qui est le résultat d’un exercice comptable et qui donc est un flux36. Lorsqu’on parle du poids de la dette publique, on évoque le pourcentage du PIB que représente la dette publique37. Une dette publique trop importante pose problème pour plusieurs raisons : L’effet boule de neige de la dette : le financement de la dette publique entraîne une hausse des dépenses publiques à chaque exercice (chaque année). Or, comme les dépenses publiques augmentent, le déficit public se creuse (si il n’y a pas de hausse des prélèvements obligatoires) ce qui vient à nouveau alourdir la dette publique. On observe d’ailleurs que la dette publique française n’a cessé d’augmenter entre 1982 et 2018 : elle était environ de 400 milliards d’euros en 1982 et de 2000 milliards en 2018, autrement dit elle a été multipliée par 4 en 36 ans38. 34 95% des recettes de l’État sont donc des recettes fiscales. Les autres recettes de l’État, non-fiscales, proviennent des amendes, sanctions, etc. mais aussi des revenus de la propriété de l’État (domaines, actions,...). 35 La dette publique correspond à la dette de l’Etat, des collectivités territoriales et des organismes de sécurité sociale. Si on ne considére que l’Etat central, on parle de dette de l’Etat. 36 Le flux correspond à un mouvement d’argent tandis que le stock est une somme accumulée. 37 Pour comprendre la dette publique : cliquez ici 38 DME : un Etat peut-il faire faillite ? 11 sur 13 Le pacte de stabilité et de croissance : les pays membres de l’Union européenne se sont engagés en 1997 à travers le pacte de stabilité et de croissance à maintenir une dette publique inférieure à 60% du PIB et un déficit inférieur à 3 % sous peine de sanction39. La notation par les agences de notation : Les agences de notation ont pour objectif d’attribuer aux entreprises et institutions une note qui correspond à leur solvabilité, autrement dit leur capacité à rembourser leurs dettes. Une entité parfaitement solvable se voir donc attribuer le triple A, qui garantit aux créanciers la capacité de remboursement. Cela permet de trouver donc plus facilement des investisseurs qui acceptent de financer l’activité de l’agent. Un État qui aurait perdu son triple A aurait plus de difficultés à trouver un agent à capacité de financement qui accepte d’acheter des obligations40. B/ Les politiques budgétaires. L’État peut utiliser son budget pour intervenir dans l’économie. On appelle politiques budgétaires les politiques économiques qui passent par la modification du budget de l'État pour atteindre ses objectifs. On peut jouer sur les recettes du budget et/ou sur les dépenses budgétaires41. 1. La politique budgétaire de relance Les politiques de relance budgétaire42 ont pour objectif de relancer l’activité économique. Pour ce faire, l’Etat peut : o Diminuer les prélèvements obligatoires : cela va augmenter le revenu des ménages et des entreprises ce qui leur permettra de consommer et investir davantage. Il y aura donc une hausse de la demande globale43 donc de la production et donc de relancer l’activité économique. o Augmenter les dépenses publiques : l’Etat augmente ses dépenses ce qui se traduit par une hausse de la demande pour les entreprises et donc une hausse de la production, ainsi cela relance l’activité économique. Ainsi, les politiques de relance ont pour vocation de relancer l’activité économique en revanche, elles se traduisent par une augmentation de la dette publique. Il faut également apporter une limite à cette conception. La hausse des dépenses publiques peut être analysée par les particuliers comme une hausse future des prélèvements obligatoires. Dans ce cas, ils anticipent cette hausse probable en épargnant davantage. Ainsi, la hausse des dépenses publiques se traduit par une hausse de l’épargne et non de la consommation : la production stagne et donc on n’assiste pas à une relance de la croissance économique. On appelle cela l’effet d’éviction. De même, la hausse de la dette de l’État fait augmenter les taux d’intérêt ce qui freine la consommation et l'investissement. On parle d’effet d’éviction indirect. 39 Pour en savoir plus, cliquez ici 40 Pour en savoir plus, cliquez ici. 41 DME : Austérité ou relance, comment choisir ? 42 On parle aussi de politique expansionniste. 43 Somme des demandes dans une économie. 12 sur 13 Enfin, si les ménages consomment et investissent à l’étranger, les effets de la relance profiteront aux économies étrangères et non à la nôtre. On peut prendre pour exemple les politiques de relance sous F. Mitterrand dans les années 1980. 2. La politique de rigueur budgétaire Les politiques de rigueur ont pour objectif de diminuer la dette publique. Pour ce faire, l’État peut : o Augmenter les prélèvements obligatoires autrement dit les recettes fiscales. o Diminuer les dépenses publiques. Ainsi, les politiques de rigueur ont pour objectif principal de réduire la dette publique, cependant, cela se traduit par un ralentissement de la croissance car la demande globale diminue. C’est un sujet particulièrement d’actualité à la nomination du nouveau gouvernement mais aussi Or, la rigueur budgétaire n’est pas la seule option permettant de réduire la dette publique. En effet, le choix dépend du multiplicateur keynésien44. Si celui-ci est supérieur à 1 cela signifie que les individus vont réinvestir une grande partie l’argent perçu en raison de la hausse des dépenses publiques (revenus de transfert pour les ménages, recette liée aux dépenses publiques pour les entreprises). Ainsi, par l’effet du multiplicateur, un euro injecté dans l’économie va se démultiplier (les entreprises vont les investir ce qui se traduit par une hausse des recettes pour une autre entreprise qui va les réinvestir …). Ainsi, la hausse des dépenses publiques, donc une politique de relance, peut se traduire par une hausse des investissements privés qui va se traduire par une hausse du PIB (produit intérieur brut, richesses créées sur un territoire au cours d’une année). Ainsi, les revenus de l’État augmentent plus vite que la dette publique. 44 Pour en savoir plus, cliquez ici. 13 sur 13

Use Quizgecko on...
Browser
Browser