Introduction à la Philosophie Morale (MP) - PDF

Summary

Ce document présente une introduction à la notion de liberté et à l'application de différentes philosophies morales. Il explore les diverses dimensions de la liberté, y compris les aspects négatifs et positifs. La liberté est abordée dans le contexte d'une réflexion sur la composition des différents aspects de la liberté. L'auteur discute également des figures de la liberté et conclut sur le rôle de l'expérience, du conflit.

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INTRODUCTION 1. Hypothèse générale S1 La liberté ? La liberté est une énigme, la liberté n’est pas faite d’une seule étoffe elle est traversée par différentes dimensions et il va falloir composer ces chemins, des dimensions qui sont en conflit qui s’opposent l’une...

INTRODUCTION 1. Hypothèse générale S1 La liberté ? La liberté est une énigme, la liberté n’est pas faite d’une seule étoffe elle est traversée par différentes dimensions et il va falloir composer ces chemins, des dimensions qui sont en conflit qui s’opposent l’une à l’autre s’il y a une liberté dans nos vie c’est un chemin La liberté n’est pas faite d’une seule étoffe. Elle est constituée de dimensions qui sont d’une façon ou d’une autre opposées, qui sont en conflit, dont l’unité ne va pas naturellement de soi et ne cesse ainsi d’être mise en jeu. Elle n’est possible qu’en s’inventant elle-même, qu’en inventant une façon possible d’articuler ses différents aspects Chaque morale est une façon de composer les différentes dimensions de la liberté, de les articuler. Il va s’agir dans ce cours d’aller à la rencontre d’une série de grandes philosophies morales en nous efforçant de comprendre comment en chacune de celles-ci une même liberté tente de s’assumer, c’est-à-dire invente une façon de tenir ensemble ses différentes dimensions. Au commencement, il y a donc un conflit interne à la liberté elle-même. S’il y a du sens à dire que le vivant humain est libre, ce n’est que dans la mesure où celui-ci ne sait donc pas ce qu’être libre veut dire. Il n’y a de liberté possible que radicalement finie et qu’en incessante invention de soi. 2. Les figures de la liberté (première caractérisation) 2.1. La liberté négative La liberté comme le pouvoir du non La liberté négative, comme indépendance, pouvoir de se soustraire, d’échapper aux contraintes, aux déterminismes, comme pouvoir de ne pas réagir aussitôt, mécaniquement, à ce qui l’affecte. Pas de liberté sans une indétermination profonde de ce qui est susceptible d’être fait. Mais qu’est ce serait une vie qui consisterait en non non non : o être libre c’est pas seulement se soustraire c’est pouvoir faire, pouvoir te déterminer, à force de dire non tu n’étais plus loin… 2.2. La liberté positive La liberté comme le pouvoir du oui La liberté positive, comme pouvoir de se déterminer à faire ceci ou cela, à se projeter vers telle ou telle fin. Libre, certes, mais pour quoi faire ? Pas de liberté sans pouvoir de se déterminer à faire, sans pouvoir de se représenter un objectif et l’atteindre. 4| 2.3. La liberté comme pouvoir de se laisser affecter. Être libre, c’est tout autant pouvoir se laisser mettre radicalement en question par ce qui arrive, se laisser mettre en crise, consentir à ne pas pouvoir réagir aussitôt, etc, la capacité d’être bouleversé par toi que je rencontre par cette foi qui surgit en moi, remis en question par ce qui nous arrive collectivement. o Le pouvoir de faire advenir du nouveau est indissociable du pouvoir de se laisser affecter en profondeur par ce qui arrive, à endurer une certaine impuissance, une certaine incapacité à répondre. 2.4. La liberté comme pouvoir de se donner des règles Une quatrième dimension de la liberté est celle de son pouvoir de se donner à elle-même des principes et des règles d’action o des principes et règles auxquels elle se soumet donc d’elle-même. Je me suis donné une façon d’être des principes, la liberté qui dans l’intention de ton existence moi ce qui importe c’est ça, la justice primera toujours, l’amitié tiendra toujours…la liberté comme pouvoir de s’orienter 3. La structure du cours 3.1. Corps et liberté : Merleau-Ponty, Sartre 3.2. Devoir et liberté : Kant 3.3. Reconnaissance et liberté : Fichte, Hegel, Honneth, Mead, Kohlberg, Habermas, Rorty, Ricoeur 3.4. Singularité et liberté : Kierkegaard, Schopenhauer, Nietzsche, Foucault, Deleuze, Levinas, Derrida 5| CHAPITRE I. CORPS ET LIBERTE 1. 1. La chair comme union incompossibles Il va partir de la peinture de Paul Cézanne mais aussi de la musique et prend l’expérience artistique pour interroger l’énigme de la liberté. o Pour lui, on se laisse enseigner dans l’œuvre musicale Mais c’est quoi une œuvre d’art ? 1.1.1. Le corps comme un champ de tensions Il y a toujours encore des valeurs, irréductiblement plurielles, qu’il s’agit de composer : ambiguïté de l’action et exigence de penser ensemble le conflit des valeurs et leur coexistence. Les valeurs comme champ de tension. L’œuvre d’art et l’épreuve d’une unité qui n’annule pas un désaccord constitutif, mais au contraire le maintien et le laisse devenir productif : que se passe-t-il entre la main droite et la main gauche de Glenn Gould jouant les variations Goldberg, ou improvisant sur un standard de Jazz ? L’œuvre nait quand tout à coup la mélodie droite est la seule qu’on entend : o j’entends tout à parti d’elle. Je suis emportée par la main droite et tout à coup la main gauche s’empare de moi et là je vous entendre à partir d’elle, c’est elle l’essentiel o et voici que j’entre en crise je ne sais plus comment faire avec ces mélodies qui toutes en même temps s’emparent de moi comme étant l’essentiel et à un moment donnée je trouve une attitude qui va me permettre d’accueillir le conflit comme si je pouvais être présent à la main droite et gauche Le morceau renait c’est un morceau qui surgit en toi comme une énigme, ça veut dire que dans ta vie il y’ a cette dimension-là o tu es fait de tant de dimension et ce qui fais ta vie à toi est que chacune de ses dimensions est importante Tu es toi lorsque tu laisses les différentes dimensions de ton existence qui font que ton existence est incompossible car elles prétendent chacune comme les autre comme essentiels mais tu as besoin de toutes ces dimensions D’un point de vue objectif, on peut en effet se dire qu’il faut bien choisir : soit écouter pleinement la mélodie de la main droite, soit écouter pleinement la mélodie de la main gauche, soit atténuer la prétention des deux, faire ce que l’on pourrait appeler un compromis. Nous dirons que nous sommes alors dans une logique du ou…ou…. MAIS Lorsqu’on se situe au niveau de la vie esthétique, la logique sensible qui est à l’œuvre est bien plutôt une logique du et…et…. o Il s’agit de faire tenir ensemble des dimensions qui, pourtant, de prime abord, semblent vouloir prendre toute la place, être la seule véritable dimension. 6| Supposons que je suis administrateur de l’orchestre de Belgique et je dis qu’on joue la symphonie n°5 je retire les flutes et les trompettes mais si tu n’as pas la flute tout devient plat et on a besoin aussi d’elle Cela suppose un corps capable d’endurer une crise, c’est-à-dire qui laisse les différentes dimension de son corps à rentrer en conflit Le corps qui accueille en lui une crise, est une chair c-à-d un corps vivant qui accueille des conflits : o Merleau-Ponty appelle « chair » ce qui ainsi à la fois s’oppose et coexiste. La chair est l’union des incompossibles. Le corps humain est ce pouvoir de tenir ensemble ce qui, d’un point de vue seulement objectif, n’est pas possible en même temps 1. Merleau – Ponty 1.2. Vers une éthique de la perception 1.2.1. Le sens comme style Distinction entre percevoir et voir Percevoir : identifier, as-tu déjà aperçu une montagne ? C’est ceci et c’est pas cela Mais as-tu déjà vu une montagne ? La voir au sens le plus fort du terme, l’as-tu déjà accueilli dans son énigme dans le conflit qui l’habite ? Cézanne veut que sur la toile surgisse cette présence de la montagne, dans la toile la montagne surgit. Mais c’est quoi une montagne pour que tu puisses la voir ? - C’est ce qui s’élève - Ce qui s’étire - Mais c’est aussi ce qui pèse descend dans le sol Tout à coup Cézanne prends ces 3 dimensions Pas une montagne quelconque mais la Sainte Victoire car dans la façon dont elle surgit, à partir de ses discordances, comme un champ, comme une forme si l’on veut mais alors en incessante formation et reformation de soi. Il n’y a pas d’exemplaire d’humain, chacun de nous inventons l’humain La montagne du point de vue de l’alpiniste et du point de vue du peintre, la montagne en tant que ceci et en tant que cela. La montagne se donne absolument comme à peindre et absolument comme à escalader. Le sens de ce qui apparaît provient tout à la fois du sujet à qui cela apparaît et de ce qui, sur fond de l’inépuisabilité du monde, apparaît. Penser l’apparaître entre le sujet et l’objet : corrélation. Il en va de même pour toute situation. 7| C’est ainsi que cette situation que j’identifie comme injuste peut tout à coup m’apparaître pleinement comme la situation injuste qu’elle est. Tout se passe alors comme les différentes dimensions de cette situation, tout à la fois, rentraient en opposition et s’unifiaient. La situation injuste est alors pleinement vue comme injuste, vue dans son injustice. 1.2.2. Voir quelque chose comme quelque chose On pourrait ainsi dire que le vivant doué de liberté est celui qui fait l’épreuve de sa capacité à percevoir toujours autrement ce qui lui apparaît. Ce pouvoir est d’autant plus fort qu’il se laisser affecter par les conflits internes à ce qui lui apparaît au lieu de chercher à les occulter. Cézanne perçoit la montagne Sainte-Victoire comme ce qui est à peindre. o Il la perçoit en tant qu’à peindre. Cela suppose que cette même montagne puisse se donner d’une autre façon encore. Le statut de cet « en tant que » est une des plus profondes affaires de la phénoménologie, c’est-à-dire de cette discipline qui cherche à décrire les structures fondamentales de l’expérience en tant qu’elle se vit. Cézanne perçoit Sainte-Victoire comme ce qui, pour lui, est à peindre. Supposons qu’un alpiniste s’arrête à côté de Cézanne. Voici donc une même montagne qui se trouve bien là, dans le monde, à quelques kilomètres d’eux, mais qu’ils reçoivent en même temps de façons différentes. o Cette Sainte-Victoire se donne en même temps comme identique à chacun d’eux et en même temps comme fondamentalement différente. Pour Cézanne, la montagne se donne comme une invitation à la peindre, et pour l’alpiniste comme une invitation à l’escalader. Sainte-Victoire se donne absolument en chacun de ses aspects. o Elle n’est pas un peu à peindre et un peu à escalader. o On ne peut pas non plus dire qu’il y a une même perception de montagne et que celle- ci est ensuite interprétée différemment par le peintre et par l’alpiniste. o Il n’y a pas une montagne et puis tel ou tel sens qu’on projette sur elle 1.3. Un perspectivisme radical Pas de sens sans conflit entre des dimensions incompossibles. Il ne s’agit pas d’être un peu ceci et un peu cela, mais de se mettre absolument en jeu en tant que ceci et en tant que cela. Une vie est d’autant plus libre que ses différentes dimensions tout à la fois s’incompossibilisent et s’unifient, partagent la texture affective d’un chair. Logique du ou…ou, logique du et…et. Pour Merleau - Ponty je ne peux ouvrir du possible élargir mon existence que si j’apprends à voir avant de juger, avant d’agir aussitôt…apprends à voir ! Je suis dans cette perception bloquée il n y’ a pas d’autre issus que la violence si tu ne vois pas. Il faut que j’apprenne à voir, par une série de dimensions 8| Radical o chaque pdv est l’absolu et donc si maintenant on disait qu’on devait décrire ce cours à travers tous les métiers rendant possible ce cours, il y une inopposabilité des perspectives C’est précisément parce que cette montagne peut se donner pleinement comme la montagne qu’elle est à cet alpiniste qu’elle peut se donner tout aussi pleinement comme la montagne qu’elle est à ce peintre. Chacun détient en ce sens le secret de la montagne, en détient la clé. Chacun a raison de vivre son rapport à la montagne comme une voie royale pour éprouver ce que c’est qu’une montagne, pour éprouver ce que c’est 1.4. L’inchoativité du corps et la possibilité du sens Quel corps faut-il ? Doit-on imaginer que je suis « Terminator », un robot ? il n’y aurait pas de présence vu qu’il y aurait pas crise, et donc aucun conflit entre les dimension pas celui d’un robot prêt à l’emploi Nous humains nous naissons fondamentalement comme un animal prématuré quand nous naissons nous ne sommes pas prêt à l’emploi Le vivant humain comme animal prématuré : o comme ce vivant dont certains pouvoirs caractéristiques et les usages de ces pouvoirs ne sont pas aussitôt établis o Nous pouvons vivre dans tant de climats nous sommes des animaux voyageurs pour le meilleur et pour le pire. o Nous sommes capables de nous investir dans tant de chemins qui ne sont pas fixées o l’impuissance motrice du nourrisson et le pouvoir de s’aventurer dans les territoires difficiles, le pouvoir d’errer, le pouvoir de s’établir, le pouvoir de marcher sur la lune, et le pouvoir de danser le Sacre du printemps de Stravinsky ! La liberté du corps est indissociable que ce qui du corps est vulnérable inachevé plastique Un corps impuissant d’emblée exposé aux autres. o La question n’est pas tant de savoir comment s’ouvrir aux autres que de savoir comment gagner une relative autonomie, indissociable de ce lien charnel avec les autres. Ce qu’il y a d’abord à voir c’est l’autre ? Est-ce que nous nous voyons les uns les autres ? Voir l’autre c’est l’accueillir dans son énigme mais il y aussi des regard qui t’enferment o Pas d’ouverture au monde sans un corps qui résiste pour une part, mais pour cette part absolument, à cette ouverture. o Il y a un rapport essentiel entre cette impuissance du corps, initiale et sans cesse remise en jeu, et la liberté : anthropologie privative. 9| 1.5. L’ambiguïté de l’action Dire que la subjectivité est toujours déjà incarnée, c’est dire qu’il n’est pas possible de concevoir ce que pourrait être une subjectivité sans corps. Chez Merleau-Ponty, il y a un rapport essentiel entre l’être toujours déjà incarné de la subjectivité et l’impossibilité dans laquelle celle-ci se trouve de maîtriser le sens de ce qu’elle fait. Le corps n’est pas seulement ce qu’une subjectivité doit subir. Le corps est l’incessant lieu de naissance de la subjectivité Impossibilité pour une action donnée de n’être porteuse que d’un seul sens, que d’un seul enjeu. Il s’en passe des choses dans ces gestes de Pierre pelant une pomme de terre ! o D’un point de vue objectif, il tient dans la main une pomme de terre et est en train de la peler. o Qu’est-ce donc que Pierre est en train de faire ? Il est en train de peler une pomme de terre, pourrait-on répondre. o Mais on pourrait tout autant changer de niveau de description et dire qu’il est en train de préparer le repas pour la famille. On pourrait encore modifier le niveau de description et dire qu’il manifeste son désir de participer désormais à la préparation quotidienne des repas. o Durant le déroulement de l’action, de mêmes comportements peuvent ainsi se trouver participer davantage à telle action plutôt qu’à telle autre. o Un même geste participe toujours à la réalisation de plusieurs actions. o Son sens est toujours encore en devenir, ne peut jamais être absolument fixé. Chez Merleau-Ponty, comme on l’a vu, ce qui fait la singularité des gestes que Pierre est en train de réaliser, c’est précisément la tension dont ils sont porteurs, ce que Merleau-Ponty décrit encore comme leur ambiguïté, c’est-à-dire leur impossibilité à n’avoir qu’une seule signification. Le sens profond de ce que Pierre fait advient dans la tension même entre les différentes significations de ses gestes. Nous dirons que son action est polymorphique, est travaillée par différentes figures, différentes directions de sens, qu’il s’agit de faire tenir ensemble, dans et par leurs oppositions mêmes. Il nous faut ainsi percevoir comment, dans la façon dont les mains de Pierre se rapportent à la pomme de terre, plusieurs actions sont en même temps en train de se réaliser. Souffrir d’une situation effondrée dans un seul sens possible, souffrir d’une situation pulvérisée par un excès de directions de sens : trop d’unité, trop de multiplicité. L’unité véritable est toujours encore en différenciation de soi. La multiplicité véritable est toujours encore en unification de soi : rythme ! Le corps accueille ce débat Le geste et sa latence irréductible. Nul ne sait ce que peut une main! Il n’y a chez Merleau-Ponty d’action que toujours déjà travaillée par une pluralité de sens. Toute mise à mal de ce que l’on pourrait décrire comme la liberté originaire de l’agir merleau-pontien doit être comprise comme une mise à mal de ce jeu interne au sens, comme une mise à mal de cet incessant mouvement par lequel des directions de sens ne cessent, en s’opposant, de s’unifier. 10 | o Il n’y a d’action singulière qu’advenant à soi dans cet incessant conflit entre elle- même et elle-même, entre ses différents niveaux de sens, et cela toujours encore en situation 1.6. Qui agit ? Pas de soi, pas de vie radicalement singulière, sans pouvoir d’investir, dans une même situation, différents niveaux identitaires. Nécessité d’un dépassement de l’opposition entre la singularité radicale de chaque vie et les rôles que celle-ci est susceptible de prendre en charge : le soi est la tension même entre ses différentes dimensions. Il nous faut en effet comprendre que l’on peut tout autant être singulièrement engagé dans la mobilisation d’une identité sociale que dans la mobilisation d’une identité personnelle. Ainsi, que ce médecin tienne telle position en tant que médecin ne le fait pas disparaître pour autant comme l’individu radicalement singulier qu’il est. Certes, ce médecin va-t-il peut-être chercher à se cacher derrière son rôle, subir la pression de ses supérieurs, de son entourage social. o Mais on peut tout autant chercher à se camoufler derrière des traits identitaires personnels. o D’une façon ou d’une autre, qu’il mobilise davantage telle ou telle identité sociale, ou tel de ses traits personnels, l’individu est celui qui mobilise, plus ou moins activement ou passivement, ces différentes identités, s’y associe, s’y met en jeu, y est associé, y est mis en jeu. Richard Sennett dénonce admirablement dans Les tyrannies de l’intimité (1979) – en pensant que la rencontre avec l’autre est d’autant plus singulière qu’elle est dépouillée des rôles sociaux, qui seraient en ce sens autant de masques dissimulant la vie singulière des uns et des autres. Mais si le rôle peut servir de masque – au sens négatif du terme –, il faut noter qu’on peut tout aussi bien se camoufler en parlant sans pudeur de son intimité. Nous voilà à nouveau en présence d’un couple d’opposés qui structure un grand nombre de pratiques et de débats contemporains. La chair merleau-pontienne et le dépassement de la « tyrannie de l’intimité » (Sennett) : prima de la révélation intime de soi, le rapport interpersonnel devrai passer par le rapport inter biographique, la rencontre ne passe pas par la relation biographique. Le corps lorsqu’il s’accueille dans cette tension il est chair Dans la perspective de Merleau-Ponty telle que je propose de la reprendre ici, il faut bien plutôt dire que l’action réalisée par l’individu est d’autant plus rayonnante d’une vie singulière qu’elle se déploie simultanément selon différents niveaux de sens Liberté et cohésion mouvante des différents niveaux de sens d’une situation donnée. Le soi est condition d’une telle cohésion mouvante et advient à lui-même en celle-ci : corps, chair, identités. La liberté se comprends d’abord comme un pouvoir d’entrer en crime encrée par des dimensions en conflit 11 |

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