Données d'enquête et biais : étude approfondie

Enquête informative : recueil ou production de données ?

• Les données d'enquête ne sont pas simplement "recueillies" ; elles sont "produites" dans l'interaction entre l'enquêteur et le sujet. La réponse est construite en situation.

• L'interprétation des données requiert une analyse du comportement langagier, considérant le contexte de l'enquête et la manière dont les questions sont formulées.

• Il est impossible de rapporter directement les données brutes à l'objet psychologique visé (ex: le chômage) sans tenir compte du contexte d'énonciation. La sincérité des réponses n'est pas garantie.

• La réponse verbale est d'abord un acte de langage situationnel, et non une expression directe d'une attitude préexistante.

Influence des échelles de réponse et biais dans les enquêtes

• L'expérience de Schwartz (1985) sur la consommation télévisuelle illustre l'impact des échelles de réponse sur les résultats. Deux groupes ont reçu la même question, mais avec des échelles différentes (groupe 1 : moins d'une demi-heure à plus de 2h30 ; groupe 2 : 2h30 à 4h30).

• Les résultats montrent une différence significative entre les deux groupes (16,2% vs 37,5% regardant plus de 2h30 de télévision), attribuable à la manipulation des échelles de réponse.

• La question posée et les échelles proposées influencent la réponse, les sujets tentant de se conformer à la norme implicite suggérée. Ceci conduit à un biais, une erreur systématique par rapport à la réalité.

• Les échelles de réponse offrent des points de repère, et les sujets peuvent ajuster leur réponse en fonction de la distribution des valeurs proposées, utilisant la moyenne perçue comme guide.

• La recherche d'un "profit identitaire" (apparaître sous un jour favorable) influence les réponses.

Différences de perspectives : sociologues vs psychologues

• Les sociologues, souvent concentrés sur les pratiques sociales, accordent moins d'attention aux biais linguistiques et communicationnels inhérents aux enquêtes.

• Les psychologues, au contraire, sont plus sensibles à ces biais, conscients que le langage véhicule implicitement des normes et des attentes qui influencent les réponses.

• Pour les psychologues sociaux, il n'y a pas de biais "objectif", la formulation de la question et le vocabulaire utilisé influe sur l'interprétation de la question par le répondant.

Enquêtes informatives : données et interprétation

• Les données d'enquête ne sont pas simplement recueillies ; elles sont produites dans l'interaction entre l'enquêteur et le sujet. L'interprétation doit tenir compte du contexte linguistique et situationnel.

• La réponse verbale n'est pas une mesure directe de l'objet psychologique étudié (ex: chômage). Il faut considérer le langage utilisé comme construit dans la situation d'enquête, et non préexistant.

• L'interprétation littérale des réponses est dangereuse car la sincérité des sujets n'est pas garantie, même en cas de bonne volonté. Les données brutes ne reflètent pas directement l'objet psychologique.

• Les enquêtes sociologiques sont plus simples quand elles portent sur des pratiques facilement quantifiables. Des questions complexes nécessitant un calcul (ex: consommation de pain) posent plus de défis.

• Les questions avec des enjeux normatifs (ex: habitudes alimentaires) intéressent les psychologues sociaux. Les réponses peuvent être influencées par des normes sociales plutôt que par la réalité subjective.

Biais dans les enquêtes : l'expérience de Schwartz (1985)

• L'étude de Schwartz (1985) sur la consommation télévisuelle illustre l'impact des échelles de réponse sur les résultats.

• Deux groupes ont reçu la même question ("combien de temps passez-vous devant la télévision ?"), mais avec des échelles de réponses différentes (groupe 1: moins de 30min à plus de 2h30 ; groupe 2 : 2h30 à 4h30).

• Les résultats montrent une différence significative entre les deux groupes (16,2% vs 37,5% regardant plus de 2h30 de télévision), attribuable à la manipulation de l'échelle de réponse.

• L'échelle proposée influence la réponse. Les sujets utilisent les échelles comme repères, se basant sur des moyennes perçues et cherchant à se conformer à une norme sociale positive.

• L'expérience souligne que les réponses sont construites en fonction du contexte de l'enquête et de l'échelle de réponse proposée.

Biais et perspectives disciplinaires

• Les sociologues, moins sensibles aux aspects linguistiques et communicationnels, peuvent négliger les biais liés au langage dans l'interprétation des données.

• Les psychologues sociaux reconnaissent l’impact du langage et des implicites dans la construction des réponses, considérant les biais comme inhérents à la situation d'enquête. La formulation même de la question influence la réponse.

• Les répondants cherchent à projeter une image positive d'eux-mêmes, influençant ainsi leurs réponses.

Cette enquête informative explore la distinction entre la collecte et la production de données d'enquête, ainsi que l'influence des échelles de réponse sur les résultats. L'interaction entre l'enquêteur et le sujet est cruciale pour comprendre comment les réponses sont construites. Découvrez comment le contexte influence la sincérité et l'interprétation des données.