Séance 6 : Extractivisme et Caoutchouc en Amazonie et au Congo PDF
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Université Paris-Dauphine
David van Reybrouck
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Summary
Cette séance aborde l'histoire de l'exploitation du caoutchouc en Afrique, notamment au Congo, durant la période coloniale. L'extrait met en évidence les conséquences dévastatrices de cette exploitation sur le plan humain et économique, en soulignant la brutalité et l'injustice de la politique mise en place. Un point d'attention particulier est mis sur le rôle du roi Léopold II.
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Séance 6 : Extractivisme et Caoutchouc en Amazonie et au Congo fin XIXe début XXe siècle : David van Reybrouck (2010) Congo, une Histoire. Dans le chapitre 2 Une immonde saloperie : le Congo sous Léopold II 1885-1908, lisez l'extrait encadré en rouge (par moi) à la page 52 et l...
Séance 6 : Extractivisme et Caoutchouc en Amazonie et au Congo fin XIXe début XXe siècle : David van Reybrouck (2010) Congo, une Histoire. Dans le chapitre 2 Une immonde saloperie : le Congo sous Léopold II 1885-1908, lisez l'extrait encadré en rouge (par moi) à la page 52 et le texte compris entre les pages 73 et 80. Les lignes rouges sur ces pages indiquent le début et la fin de l'extrait. 1er extrait : Dans ce début de chapitre, David van Reybrouck décrit comment, en 1885, le roi Léopold II devient souverain de l'État indépendant du Congo, qu’il possède en tant que propriété personnelle, à la différence des autres puissances coloniales européennes. Contrairement à ses homologues européens, Léopold n’a jamais visité ce territoire, exerçant son pouvoir à distance depuis la Belgique. Il y règne en monarque absolu, se distinguant ainsi de son rôle de roi constitutionnel aux pouvoirs limités en Belgique. Cette situation crée un régime très personnalisé, où le Congo est géré comme le domaine personnel de Léopold, lui donnant un pouvoir quasi féodal. 2ème extrait : Dans cet extrait, l'auteur décrit les conséquences dévastatrices de l'exploitation du caoutchouc au Congo, qui, au-delà de sa valeur économique, a engendré une série d'horreurs humaines et de violences systématiques. La découverte du caoutchouc gonflable par John Boyd Dunlop en 1888 marque un tournant dans l'économie congolaise, transformant la demande pour cette matière première en une opportunité pour Léopold II, alors roi des Belges. La production de caoutchouc, qui était de seulement 100 tonnes en 1891, connaît une explosion pour atteindre 6 000 tonnes en 1901, permettant à Léopold de redresser financièrement son État indépendant du Congo. Cependant, les bénéfices de cette exploitation ne profitent pas aux Congolais, mais servent plutôt à financer des projets d'embellissement en Belgique. L'exploitation du caoutchouc se fait de manière brutale et inhumaine, car elle repose sur une main-d'œuvre indigène soumise à des quotas exorbitants, imposés par les autorités coloniales. Le caoutchouc est récolté à partir d'arbres sauvages, ce qui nécessite un effort considérable de la part des Congolais, qui doivent entailler les lianes pour recueillir la sève. L'impôt est désormais perçu sous forme de caoutchouc, remplaçant les anciennes méthodes de taxation. Cette politique engendre une économie de la terreur, où la violence est omniprésente. Les soldats et les sentinelles, souvent peu disciplinés, exercent leur pouvoir avec brutalité, entraînant abus, tortures et meurtres. Des témoignages de Congolais mettent en lumière la cruauté des pratiques imposées par les agents de l'État et les sociétés concessionnaires. Les cas de violence physique, de mutilations et de violences sexuelles sont courants. Des histoires d'abus de pouvoir révèlent comment des fonctionnaires belges commettent des atrocités sans retenue, souvent pour des motifs futiles. Le témoignage de Disasi Makulo illustre cette réalité : il relate comment des surveillants du caoutchouc commettent des actes de pillage, de torture et de meurtre. Les répercussions de cette politique de collecte du caoutchouc sont catastrophiques pour les populations locales, avec des conséquences mortelles et une déshumanisation généralisée. L'extrait met également en lumière les tensions psychologiques auxquelles sont soumis les agents coloniaux eux-mêmes. Bien que beaucoup soient motivés par la quête de gloire et de fortune, ils se retrouvent souvent isolés et accablés par des conditions de vie difficiles, ce qui peut mener à des comportements violents et à des abus. Les témoignages de ceux qui ont servi au Congo révèlent un système qui, tout en feignant de contrôler la situation, est en réalité défaillant et dysfonctionnel. Les autorités coloniales, bien que conscientes des abus, choisissent de maintenir le statu quo, ignorant les horreurs inhérentes à leur politique économique. En résumé, l'extrait illustre comment l'exploitation économique du caoutchouc a provoqué des atrocités humaines au Congo, engendrant une violence institutionnalisée qui a marqué la colonisation belge. Les bénéfices de cette exploitation ont été concentrés en Belgique, tandis que les Congolais ont été soumis à une oppression systématique, caractérisée par la terreur, la violence et le pillage, révélant ainsi la face sombre de l'impérialisme. La seconde partie de l’extrait met en lumière les conséquences désastreuses de la politique d’exploitation du caoutchouc mise en œuvre par Léopold II au Congo. Cette période, qualifiée de "caoutchouc rouge", est marquée par une violence systématique et des souffrances massives infligées à la population locale. Bien que Léopold II ait fait appel à la Liverpool School of Tropical Medicine pour gérer l'épidémie de maladie du sommeil, il ne cherchait pas à assumer la responsabilité des atrocités. La réalité était que la politique d'exploitation avait entraîné un véritable génocide, bien que non intentionnel, qui a dévasté les régions les plus touchées, comme l'Équateur, le Bandundu et le Kasaï. Ces zones étaient particulièrement vulnérables, en raison de leur accessibilité par les grandes rivières, facilitant l'extraction du caoutchouc. Les témoignages recueillis, notamment celui d’un ancien Congolais, Nkasi, illustrent l’ampleur de la tragédie. La population a souffert non seulement de la maladie, mais aussi des violences associées à l'exploitation, comme l'exigeaient les autorités coloniales. Malgré le refus initial de croire aux horreurs rapportées par les missionnaires protestants, la situation a fini par attirer l'attention d'observateurs extérieurs. Edmund Morel, travaillant à Anvers, s'est rendu compte de la défaillance du commerce équitable, constatant que les navires revenaient chargés de caoutchouc mais partaient souvent vides, un signe de rapacité et d'exploitation. L’indignation a culminé avec le rapport de Roger Casement, qui, en tant que consul britannique, a apporté une crédibilité indéniable aux critiques contre Léopold II. Sa dénonciation a provoqué un tollé au sein de la Chambre des Communes et parmi des figures littéraires influentes comme Arthur Conan Doyle et Mark Twain. Face à la pression croissante, Léopold II a finalement été contraint d'accepter une enquête indépendante sur les abus en cours. Ce rapport, qui a révélé les atrocités du régime colonial, a décrit une réalité marquée par l'emprisonnement, les humiliations et le travail forcé, prouvant que l’État indépendant du Congo n’était pas véritablement un État colonial, mais une entreprise financière exploitant les ressources et les habitants. Les pressions internationales ont conduit à la décision que la Belgique prenne le contrôle du Congo, et en 1908, le Congo est devenu officiellement le "Congo belge". Malgré ce changement, les structures d'exploitation ont perduré, et les Congolais ont continué à souffrir sous un régime fondé sur le travail forcé et la servitude, tandis que des millions ont été perdus à cause de maladies et de la violence.