L'ouverture atlantique : causes de la découverte du Nouveau Monde - PDF

Summary

Ce document examine l'impact de la découverte du "Nouveau Monde" sur le monde. Il aborde les motivations et les explorations de Christophe Colomb, ainsi que les conséquences économiques et culturelles de cette période historique. Les thèmes incluent la géographie, les explorations, et l'impact de la colonisation.

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L’ouverture atlantique : les conséquences de la découverte du « Nouveau Monde » Au milieu du XVème siècle, le monde connu par les Européens ne correspond pas à l’ensemble de la planète. Pour eux, seuls trois continents existent (l’Europe, l’Asie et l’Afrique), avec des zones d’ombre importantes....

L’ouverture atlantique : les conséquences de la découverte du « Nouveau Monde » Au milieu du XVème siècle, le monde connu par les Européens ne correspond pas à l’ensemble de la planète. Pour eux, seuls trois continents existent (l’Europe, l’Asie et l’Afrique), avec des zones d’ombre importantes. De plus, si l’espace autour du bassin méditerranéen est bien maîtrisé, certaines zones éloignées sont très mal connues ou quasi-inconnues, par exemple l’Afrique subsaharienne. Les connaissances géographiques sont donc encore limitées et n’ont pas beaucoup évolué de puis l’Antiquité. Les Européens ont peu de contacts avec les autres civilisations : ils se battent et commercent avec les Arabes et savent qu’existent, au-delà du monde musulman, des Indiens et des Chinois. I/La découverte de l'Amérique par Christophe Colomb et les Européens : A/ Pourquoi Colomb a "découvert" l'Amérique : les conditions propices aux explorations Parmi tous les explorateurs qui essayent de « contourner » l’Empire ottoman pour avoir accès aux épices indiennes, le plus célèbre est Christophe Colomb, né vers 1451 en Italie, à Gênes. Il représente bien les explorateurs de son temps. - D’abord, Colomb est profondément catholique = causes religieuses :  Il ne peut accepter de dépendre des Ottomans pour des produits indispensables en Occident.  Comme beaucoup d’Hommes de son époque, il connaît l’existence d’un mythe, celui du Royaume de Prêtre Jean, qui serait un royaume chrétien (imaginaire) au-delà du Monde musulman. Trouver ce royaume (en Ethiopie ou en Asie) permettrait donc de prendre les Musulmans, les « Infidèles » à revers et peut-être de les affaiblir ou de les détruire.  Les Européens veulent convertir les populations d’Afrique et d’Asie au christianisme (religion universelle). - Ensuite, Colomb est un lettré et un savant = raisons scientifiques. Il connaît de nombreux ouvrages :  Le récit des voyages de Marco Polo (XIIIe siècle), qui s’est rendu, par voie terrestre, jusqu’en Chine.  La Géographie de Ptolémée (IIème siècle après JC, traduite en italien en 1482), qui est convaincu que la Terre est ronde.  L’Imago Mundi du cardinal Pierre d’Ailly, qui calcule l’hypothétique distance entre les îles Canaries (au large du Maroc), Cathay (la Chine) et Cipango (le Japon). Cette estimation est cependant faussée par de nombreuses erreurs de calcul → la distance entre l’Europe et l’Asie est sous-estimée : Colomb n’imagine donc pas trouver un continent entier entre l’Espagne et les Indes. Pourtant, dès le IIIème siècle avant notre ère, le savant grec Eratosthène avait déjà calculé la circonférence de la terre : il était arrivé à 39.375 km alors qu'aujourd'hui on l'estime à 40.075 km ! Pourquoi donc n'est-on pas parti plus tôt pour l'Asie ? Parce que, comme on ne connaissait pas l'Amérique, on pensait que le temps de trajet serait beaucoup trop long pour les provisions que l'on pourrait prendre. Colomb s'est trompé dans ses calculs et c'est pour cela qu'il est parti puis qu’il n'a pas compris qu'il avait découvert un nouveau continent. → Les Européens veulent mieux connaître le monde et vérifier les hypothèses des savants (dimensions de la Terre, forme des continents). - Enfin, Colomb est un navigateur et un cosmographe : il base ses connaissances sur l’observation des côtes et des bateaux, il est capable de lire les cartes marines et possède d’importantes connaissances géographiques. Les progrès maritimes permettent à la fin du XVème siècle d’envisager de longs voyages et de dépasser le cabotage pratiqué depuis l’Antiquité :  La caravelle, inventée par les Portugais, est maniable et rapide = principal navire des découvertes.  Les portulans (cartes marines), indiquent le contour des côtes et la position des ports. Inventés par les Portugais au XIIIème siècle, ils sont élaborés ensuite dans toute l’Europe du Sud.  La boussole permet de se repérer par rapport au Nord.  L’astrolabe mesure la latitude (distance par rapport à l’équateur). - En réalité, même si cela n’apparaît pas clairement avec Christophe Colomb, les motivations sont d’abord d’ordre économique. Les prix des produits importés d’Asie sont élevés en raison du grand nombre d’intermédiaires (marchands malais, indiens, arabes, turcs, et finalement italiens, vénitiens surtout) qui veulent chacun à leur tour empocher une marge confortable. Les Espagnols et les Portugais, avec le soutien de leurs rois, veulent alors trouver de nouvelles voies d’accès à ces marchés. Ils espèrent aussi trouver de l’or en Afrique et en Asie, au moment où les mines européennes arrivent à épuisement. Deux possibilités s'ouvrent à eux : soit contourner l'Afrique par le sud, soit essayer de trouver une route directe vers l'Asie. B/ les découvertes de Colomb : nouveaux territoires, nouveaux peuples - C’est à partir des côtes espagnoles que Christophe Colomb lance ses voyages d’exploration : les Rois Catholiques d’Espagne (Ferdinand d’Aragon et Isabelle de Castille) acceptent en effet de lui confier la tâche de trouver une nouvelle route vers les Indes en 1492. Ils viennent de prendre le Royaume de Grenade, ce qui met un terme définitif à la Reconquista de la péninsule espagnole, qui était en partie aux mains des Musulmans depuis le VIIIe siècle : pour eux, trouver une nouvelle route vers l’Asie permettrait de diffuser la foi catholique. - Colomb atteint de « nouvelles terres », les Bahamas, le 12 octobre 1492. Avec quatre voyages entre cette date et 1504, il découvre de nombreuses îles et atteint même les côtes du continent américain proprement dit en 1498, même s’il reste persuadé d’avoir atteint l’Asie. Ces découvertes sont très vite diffusées en Europe grâce à l’imprimerie (1ère mention de l’Amérique dès 1507). - De nouveaux peuples : les terres découvertes ne sont pas vierges et ce sont aussi de « nouveaux hommes » que Colomb rencontre, qu’il nomme, logiquement, « Indiens ». Ces peuples ont un niveau technologique inférieur à celui des Européens, notamment en termes d’armement (ils ne connaissent pas le fer). De plus, leur civilisation est très différente de celle des Européens : Colomb, lorsqu’il rencontre les Tainos, croit qu’ils sont totalement pacifiques, alors qu’en fait, il s’agit de guerriers comme le montre leurs peintures rituelles. Certains, comme les Caraïbes qui peuplent Cuba, sont même anthropophages. - Colomb définit deux axes : L’évangélisation des peuples qui ne connaissent pas Dieu donc il faut détruire ceux qui pratiquent des rituels impies. L’exploitation des terres : système de l’encomienda (ex : sur l’île d’Hispaniola = Haïti/Saint-Domingue) = travail forcé des populations locales en « échange » de l’évangélisation (qui sauve leurs âmes donc Paradis). - La question de « l’Autre ». A-t-on le droit de réduire en esclavage ces populations sous prétexte qu’elles ne croient pas en Dieu ? Cette question se cristallise en 1550 lors de la controverse de Valladolid, où s’opposent Bartolomé de Las Casas qui croit en l’humanité des Indiens et Luis Sepulveda qui veut prouver qu’ils n’ont pas d’âme (en réalité, il défend les intérêts des colons). La controverse de Valladolid - Travail des élèves sur mini-livret (argumentaire en deux colonnes) Le pape tranche en faveur de l’humanité des Indiens mais, comme cela soulève un problème de main d’œuvre pour l’encomienda, il propose de déporter des esclaves africains pour les remplacer : c’est la validation de la traite négrière (débutée dès 1513) et le signal de son accélération ! II/ Une civilisation amérindienne face à la conquête hispanique : le cas de l’Empire aztèque A/ Tenochtitlán, la capitale d'une puissante civilisation : - Parmi tous les peuples rencontrés par les Européens au XVI ème siècle, certains possèdent une véritable puissance politique : c’est le cas des Aztèques, qui, à l’issue d’une forte expansion au siècle précédent, dominent vers 1519 toute la Méso-Amérique (Mexique actuel) et sont à la tête d’un empire regroupant 25 millions d’habitants. A sa tête, un empereur au pouvoir absolu domine une noblesse regroupant chefs militaires et clergé, tandis qu’à la base les paysans doivent payer l’impôt et faire leur service militaire. - La capitale Tenochtitlán, située dans la vallée de Mexico et forte de 200.000 habitants, est le centre et le symbole de la puissance politique de l’Empire aztèque (ou Mexica). La cité, construite au XIVème siècle, est une véritable prouesse technique car elle est située à plus de 2000m d’altitude et construite sur le lac Texcoco, reliée à la terre ferme par trois grandes chaussées, entourée de canaux et de digues. Tout indique une civilisation avancée. Elle est construite selon le plan de l’ordre cosmique aztèque, qu’elle représente sur terre : en périphérie sont rejetées les habitations les plus pauvres, puis, au fur et à mesure que l’on s’approche du centre, les bâtiments sont de meilleure qualité, voire construits très richement. Cela montre que plus on s’éloigne du centre de l’Empire aztèque (la capitale), plus on est considéré comme « barbare » : ainsi, dans la langue des Aztèques, le nahuatl, les peuples proches d’eux (d’origine nahua comme eux) sont mieux considérés que ceux qui ne parlent pas leur langue, nommés « ceux qui bredouillent ». - Cette puissance se manifeste aussi au niveau économique : si certains bâtiments sont particulièrement somptueux, c’est grâce aux richesses des Aztèques. En effet, dans tous les territoires soumis, un tribut doit être versé qui est régulièrement apporté dans la capitale. L’or, l’argent, les plumes, le jade sont considérés comme les biens les plus précieux des Aztèques, qui sont capables de créer de véritables objets d’art. - Les connaissances techniques sont en retard par rapport à celles de l’Europe. Au contraire, les connaissances scientifiques (astronomie et arithmétique) sont plus développées. - La religion aztèque est polythéiste mais le panthéon est basé sur une figure majeure = le dieu soleil. Les divinités sont honorées par la construction de pyramides. Les dieux sont considérés comme mortels : afin d’éviter la fin des Temps, les Aztèques doivent donc les abreuver de sang humain pour qu’ils se régénèrent. Conséquence : des sacrifices fréquents (tous les 20 jours) se déroulent, principalement dans le Grand Temple de Tenochtitlán. Ils sont massifs (plusieurs dizaines de milliers de victimes pour l’inauguration du Grand Temple en 1486), très codifiés et se terminent par des repas privés anthropophages. Les victimes sont prises, lors de guerres de conquête, chez les peuples vaincus, comme prélude à leur incorporation dans l’Empire. Les chefs des peuples vaincus étaient invités aux « festivités » pour les impressionner. Ces sacrifices sont donc un outil de domination politique des peuples conquis, pour éviter toute révolte. B/ La prise de Tenochtitlán et la colonisation espagnole : 1 - Une conquête rapide - C’est donc un puissant Empire que le conquistador Hernán Cortès découvre en 1519 (nom donné aux conquérants espagnols de l’Amérique centrale et de l’Amérique du Sud, et qui succèdent aux explorateurs). - Cortès détruit l’empire aztèque en 2 ans seulement avec moins de 500 hommes (surtout des jeunes, marins et artisans pour la plupart), 16 chevaux, 10 canons, 13 arquebuses et 32 arbalètes. Par exemple : lorsque la troupe de Cortés arrive à Tlaxcala, elle compte environ 400 soldats espagnols et doit livrer bataille contre... cent fois plus d’Indiens ! En 1521, Tenochtitlán est pratiquement rasée. - Comment expliquer la facilité et la rapidité de la conquête ? o La supériorité technique : les Indiens ont des armes en pierre, les Espagnols des canons et des armes à feu. o Cortès, habile manipulateur, obtient le soutien de peuples indiens hostiles aux Aztèques (notamment les habitants de Tlaxcala ainsi que les Totonaques). o Les Aztèques ne tuaient pas leurs adversaires durant le combat, préférant les garder vivants pour pouvoir ensuite les sacrifier aux dieux, et ils furent horrifiés et démoralisés par la violence sauvage des Espagnols qui ne faisaient pas de quartier. o Ils sont impressionnés par ces hommes blancs, barbus et cuirassés ainsi que par des animaux inconnus jusqu’alors (les chevaux mais aussi les chiens). o De plus, les Aztèques étaient très superstitieux. Une comète, des navires inconnus aperçus au large du Yucatán, des présages et une prédiction parlant du retour de Quetzalcoatl, le dieu blanc : tout annonçait la fin du cycle du « Cinquième Soleil ». La fin du monde est proche. Hernan Cortès arriva donc au bon moment. Il comprit rapidement l'avantage qu'il pouvait tirer de cette situation exceptionnelle : pour un temps, il se fit passer pour Quetzalcoatl. Arrivé à Tenochtitlán, il fut reçu avec tous les honneurs dus à un Dieu... Belle histoire... Les Indiens sont donc persuadés que les Espagnols sont les envoyés des dieux. 2 - La Nouvelle-Espagne, joyau de l’empire colonial espagnol - La Nouvelle-Espagne est le joyau de la monarchie espagnole dans les Indes occidentales et couvre un vaste espace qui va de l’isthme de Panama jusqu’à la Californie. En 1535, ce territoire est confié à un vice-roi nommé par Charles Quint et divisé en audiencias sur lesquelles s’exerce le pouvoir des tribunaux royaux. - Mexico, la capitale, est construite sur les ruines de Tenochtitlan, détruite puis reconstruite en 4 ans ! Les lacs sont drainés, les lagunes comblées, les canaux asséchés, des ponts construits… Seul demeure au milieu de ce chantier permanent le Templo Mayor qui finira par s’enfoncer dans le sol (redécouvert en 1978 par un descendant de Cuauhtémoc !). La Plaza Mayor, qui occupe le centre du plan, est le principal marché d’approvisionnement de la ville et est entourée des bâtiments symbolisant le pouvoir colonial : palais du vice- roi et cathédrale édifiée à partir de 1571 sur l’emplacement de l’ancien Grand Temple (elle reste aujourd’hui encore le plus grand édifice religieux des Amériques). Changement dans la continuité : les 4 divisions préhispaniques deviennent 4 barrios (quartiers). - La Nouvelle-Espagne est d’une très grande richesse. Elle se manifeste surtout dans les paysages urbains avec la construction de magnifiques églises aux façades baroques (style churrigueresque) et repose sur deux fondements :  Le territoire regorge de mines argentifères, situées au nord du Mexique ( ex : Zacatecas ; San Luis Potosi )  Sa position géographique favorise l’explosion de l’activité marchande - La Nouvelle-Espagne se situe au carrefour de multiples routes commerciales :  À l’échelle régionale, Mexico est également un carrefour où se croisent les routes commerciales terrestres. L’axe nord-sud est composé d’un ensemble de routes où les marchandises circulent à dos de mulet : produits frais provenant de la vallée de Mexico (fruits, légumes, poissons mais aussi pulque = jus d’agave) ; extrait des mines septentrionales, l’argent arrive dans la ville de Mexico avant d’être réexporté vers l’Espagne. L’axe est-ouest apparaît comme un véritable pont continental qui permet aux marchandises asiatiques non seulement d’alimenter les foires régionales (ex : Puebla, Jalapa…) mais également les marchés européens.  À l’échelle mondiale, ce vice-royaume est le point de jonction entre les flux commerciaux en provenance d’Europe et ceux en provenance d’Asie. À partir des Philippines et de la Chine, des produits de luxe (tissus, porcelaine, épices, laque…) sont acheminés à travers le Pacifique jusqu’à Acapulco puis, par un véritable pont terrestre via Mexico, jusqu’au port de Veracruz, à la fois porte d’entrée des produits européens (vins et liqueurs espagnols, armes…) et point de départ des galions chargés d’argent jusqu’à Cadix et Séville, via La Havane, où les lingots sont enregistrés et estampillés. C/ Les populations indiennes souffrent beaucoup de la conquête : - La création des republicas de Indios qui conjuguent institutions espagnoles et héritages amérindiens, le développement des nouvelles villes hispaniques, le redécoupage des espaces ethniques, les politiques de « congrégations » et de « réductions » entrainent des transferts de populations (déportations) arrachées à leurs pueblos et à leurs terroirs d’où des résistances. - Les Indiens doivent à la Couronne espagnole un tribut en argent et en maïs. De plus, comme dans les Caraïbes, les Indiens sont soumis à des formes d’esclavage : L’encomienda = travail forcé dans les mines et les grandes plantations Le repartimiento = répartition par rotation des travailleurs sur les principaux chantiers de Mexico et dans les demeures des ecclésiastiques et des représentants de la Couronne Les obrajes = ateliers fermés fabriquant des tissus, des chapeaux ou boulangeries sont de véritables prisons d’où souvent ils ne sortent plus - Ils subissent de mauvais traitements et, en outre, ils sont frappés par des épidémies de variole, grippe et rougeole (maladies venues d’Europe et introduites involontairement) = « choc microbien ». La natalité chute. La population indienne est décimée (elle passe de 25 millions à 1 million entre 1520 et 1605 !) et remplacée par des esclaves noirs achetés en Afrique (système de la traite atlantique, qu’on appelle commerce triangulaire). - Les Indiens sont convertis de force au christianisme, leurs temples sont détruits, leurs prêtres sont remplacés par des moines. Une littérature chrétienne en langue locale se développe, imprimée sur place (ex : des manuels de confession en nahuatl) tandis que des reliques de saints sont amenées de Rome à Mexico en 1578 = translation. La foi catholique se diffuse alors rapidement mais l’héritage aztèque demeure partiellement. Ainsi, les représentations du Christ dans le Mexique du XVIe siècle sont « sanglantes » : son sang est représenté comme sur les scènes de sacrifices mexica. La civilisation aztèque disparait, le Mexique cesse d’être indien pour devenir latin : religion dominante = catholicisme ; langue dominante = Espagnol ; population métissée = blancs, noirs, indiens. Conclusion : Au XVIIème siècle, des crises internes, liées à des disettes et des épidémies, déboucheront sur de graves émeutes qui lézarderont l’ordre colonial global et l’empire espagnol finira par s’écrouler en 1821 avec l’indépendance du Mexique. La domination ibérique aura donc duré trois siècles. III/ L’Europe transformée : A/ Sur le plan économique = la naissance du capitalisme et d’une « économie monde » : - De nouveaux circuits économiques se mettent en place. Le commerce transatlantique devient intense (x8 de 1510 à 1550, x3 de 1550 à 1610). Conséquence : les ports atlantiques (Lisbonne, Séville) ainsi qu’Anvers se développent alors que les ports méditerranéens (Venise, Gènes) déclinent. La monarchie espagnole est donc le berceau de la 1ère économie-monde car tous les continents sont concernés (ex : quand les Espagnols rentrent en contact avec la Chine, à la fin du XVI ème siècle, ils apportent avec eux l’or des Amériques - qui leur permet de payer les épices et soies chinoises -, mais aussi des plantes amérindiennes, comme la pomme de terre ou le maïs, qui se diffusent dans l’Empire du Milieu). - L’afflux massif d’or et d’argent entraîne l’enrichissement de l’Europe et surtout des hommes d’affaires. Anvers est la principale régulatrice de ce commerce qui assure la prépondérance de dynasties marchandes, notamment les Fugger (à la tête d’une véritable multinationale). Un processus d’accumulation de capitaux s’amorce alors qui va permettre à l’Europe de poser les bases d’une économie moderne. B/ Sur le plan politique = la résurgence de « l’empire universel » : - Cette brusque dilatation du monde connu et exploité fait renaître la notion d’empire universel. Avec Charles Quint, en effet, le souverain aux dix-sept couronnes, régnant à la fois sur l’Espagne, les Pays-Bas, l’Autriche, les royaumes de Naples et de Sicile, et l’Amérique espagnole, l’empire reprend soudain de son ancienne vigueur conquérante. Il préside « l’empire où le soleil ne se couche jamais ». - Lorsque Philippe II, qui lui succède, prend possession, en 1580, du Portugal et de son empire, la couronne espagnole (on parle alors de « monarchie catholique » jusqu’en 1640) règne sur des territoires plus vastes que ceux de toutes les monarchies universelles de l’Antiquité réunies. Philippe II mérite bien le titre de « senorio universal del mondo » que lui attribuent ses courtisans et le XVIème siècle est qualifié en Espagne de Siglo de oro. C/ Sur le plan culturel = un bouleversement des représentations mentales : - La Terre est ronde et le monde est bien plus vaste que ce que l’on pensait. Sa représentation traditionnelle, avec trois continents (Europe, Afrique, Asie), s'avère complètement fausse et l’on parlera désormais des « quatre parties du monde » (avec l’Amérique en plus). Les Européens doivent adopter une échelle planétaire et le terme Mundo surgit alors partout. - De plus, il faut intégrer de nouveaux peuples dans les représentations qu'on se fait. Par exemple, on considérait jusqu'alors que tous les peuples de la terre descendaient de Noé, par ses différents fils et descendants. On avait donc établi des listes complexes pour expliquer leur origine, mais il faut y faire une place pour toutes les nouvelles peuplades. - De nouvelles œuvres d’art, reflets de cultures et de sensibilités différentes, parviennent en Europe. A Florence, les Médicis collectionnent les objets mexicains : codex peints et manuscrits, mosaïques de turquoise, mitres en plumes multicolores, pièces de jade… - De nouvelles plantes sont introduites (pommes de terre, maïs, tomate, haricot, piments, tabac, cacao…) et se diffusent à partir de la péninsule ibérique dans tout le continent. La pharmacopée européenne s’enrichit avec l’arrivée des « drogues » exotiques (ex : la « racine de Michoacan » ou « rhubarbe des Indes » est adoptée en Espagne puis dans le monde entier pour ses effets salutaires).

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