Processus attentionnels PDF

L2 Orthophonie Psychologie cognitive et Neuropsychologie Processus attentionnels Alexandra Ernst Maître de conférences en neuropsychologie Laboratoire DysCo UFR de Psychologie – Université Paris 8 a...

L2 Orthophonie Psychologie cognitive et Neuropsychologie Processus attentionnels Alexandra Ernst Maître de conférences en neuropsychologie Laboratoire DysCo UFR de Psychologie – Université Paris 8 [email protected] Objectifs du cours ◼ Les arguments théoriques et expérimentaux ayant amené à définir l’attention comme une fonction composite ◼ Modèles cognitifs de l’attention et sous- composantes de l’attention ◼ Réseaux cérébraux impliqués dans l’attention ◼ Exemples de manifestations cliniques des troubles de l’attention 2 Une plainte fréquente des patients (van Zomeren & van den Burg, 1985) ◼ 57 patients, 2 ans après un TC grave ❑ Lenteur mentale: 33% ❑ Difficulté de concentration: 33% ❑ Fatigabilité: 30% ❑ Difficulté à faire 2 choses à la fois: 21% ◼ Corrélée significativement avec : ❑ la gravité du TC ❑ la réinsertion professionnelle Attention en interaction ◼ Avec toutes les fonctions cognitives ! ❑ Et surtout : ◼ Mémoire de travail ◼ Fonctions exécutives ◼ Processus émotionnels / motivationnels 1. Eléments de définition 5 Au sens courant ◼ Faire attention… ❑ « à ne pas chuter» → Alerte ❑ « à ne pas laisser de fautes » → Orientation de l’activité ❑ « en traversant la rue »→ Prévention Attention endogène vs. exogène Endogène  Volontaire Exogène  Automatique  Dans le dictionnaire … ◼ Capacité de concentrer volontairement son esprit sur un objet déterminé ❑ « Il est incapable de fixer son attention »  Une partie seulement des processus attentionnels Un peu d’Histoire ◼ Aristote ❑ en 370 avant JC, avait déjà une idée sur ce que pouvait être l’attention : un rétrécissement ◼ William James (1890) ❑ « L'attention est la prise de possession par l'esprit, sous une forme claire et vive, d'un objet ou d'une suite de pensées parmi plusieurs qui semblent possibles [...] Elle implique le retrait de certains objets afin de traiter plus efficacement les autres. » Définition générale ◼ L’attention est la capacité à sélectionner des stimuli, des réponses, des souvenirs et les pensées qui sont adaptés à la situation dans laquelle l’individu est engagé parmi d’autres qui ne le sont pas  Mais cela ne renvoie qu’à une partie des processus attentionnels https://www.youtube.com/watch?v=IGQmdoK_ZfY 11 ◼ Comment une information « privilégiée » franchit toutes les étapes de traitement, alors que d’autres informations présentes sont « perdues » ou n’atteignent pas ce traitement élaboré ? 12 2. Modèles cognitifs de l’attention 13 2.1. Les modèles structuraux 14 D’une conception unitaire vers un fractionnement ◼ Attention vue au départ comme un tout indifférencié, réalisant un ensemble d’opérations de type détection, sélection et filtrage ◼ Sélection de l’information « de bas niveau » : importance des attributs physiques des stimuli Modèle de Broadbent (1958) Filtre attentionnel  Modèle de Treisman (1960) L’information est : - filtrée - pas totalement supprimée - reste disponible mais moins facilement accessible  2.2. Vers une conception moins hiérarchique et plus fonctionnelle 18 Conceptions moins hiérarchiques ◼ Notion « d’effort cognitif » ◼ Posner & Boies (1971) : ◼ Déplacement de la focalisation de l’attention ◼ Zubin (1975) puis Van Zomeren & Brouwer (1987) ◼ L’évolution du concept d’attention sous-tend : ❑ Une attention concentrée, volontaire ❑ Et une attention plus « flottante », moins volontaire  PROCESSUS AUTOMATIQUES VERSUS CONTROLES Schneider et Shiffrin (1977) Automatiques Contrôlés Schneider & Chein, 2003  PROCESSUS AUTOMATIQUES VERSUS CONTROLES Schneider et Shiffrin (1977) PROCESSUS AUTOMATIQUE PROCESSUS CONTROLE Rapide Plus lent Ne consomme pas de ressources Consomme beaucoup de ressources attentionnelles attentionnelles Difficile à interrompre Facilement interrompus Fonctionne en parallèle Fonctionne en séquentiel Peut être exécuté Ne peut pas être exécuté simultanément simultanément avec une activité contrôlée avec une autre activité contrôlée  2.3.Les modèles modulaires (ou à composantes) 22 Modèle de Posner et Rafal (1987) ◼ L’attention sélective ❑ Choix sur l’information à traiter et sur le type de réponse ◼ À capacité limité ◼ Exemple du « cocktail party » ◼ La fonction d’alerte : Etat d’alerte globale ❑ Eveil tonique : Eveil de l’organisme ❑ Eveil phasique : augmentation subite de l’attention ◼ Attention soutenue ou Vigilance ❑ Dépend du contrôle volontaire ❑ Exemple de la surveillance de l’écran radar  Des processus attentionnels spécifiques Modèle de van Zomeren et Brouwer (1987) puis Van Zomeren (1994) ◼ Sélectivité ❑ Attention focalisée ❑ Attention divisée ◼ Intensité ❑ Alerte tonique et phasique ❑ Attention soutenue ou vigilance ◼ Système de supervision attentionnelle ❑ Cf le SAS du Modèle de Shallice, AC du Modèle de Baddeley Lien avec les fonctions exécutives ◼ Flexibilité mentale ❑ Shifting / Attention sélective de haut niveau ◼ Inhibition ❑ Attention sélective 3. Soubassements neuroanatomiques 26  Les modèles en réseaux de neurones Mesulam, 1999 ◼ Modèle postulé à partir de l’observation de lésions chez l’humain et chez l’animal ◼ Traitement parallèle et distribué ◼ Cortex pariétal: construction d’une représentation interne de l’espace ◼ Cortex frontal : aspects exploratoires et moteurs ◼ Cortex cingulaire: aspects motivationnels ◼ Structures réticulées : éveil et vigilance ◼ Systèmes attentionnels annexes Issu de Lechevalier, Eustache et Viader (2008)  Réseau confirmé par l’imagerie fonctionnelle Gitelman DR et al., Ann Neurol 1996;39:174-9; Gitelman DR et al., Brain 1999;122:1093-1106  Les modèles en réseaux de neurones Posner & Petersen, 1990 Système superviseur Alerte et Attention soutenue Siérof et Piquard,2004 Raz et al., 2004 2.4. En clinique NP 31  Que nous disent ces modèles en neuropsychologie ? ◼ Atteinte de chacune de ces composantes ou régions cérébrales va engendrer des troubles neuropsychologiques différents ◼ Modèles cognitifs et fonctionnels = cadre théorique pour le développement et l’utilisation d’outils d’évaluation, ainsi que pour guider l’examen neuropsychologique 2.4.1 Evaluation de l’attention ◼ Sélectivité ❑ Attention focale/sélective ❑ Attention divisée ◼ Intensité ❑ Alerte tonique et phasique ❑ Vigilance  Conception de la batterie TAP (Tests d’évaluation de l’attention) → En référence au modèle de van Zomeren et Brouwer (1987) puis Van Zomeren (1994) ◼ Batterie informatisée, standardisée ◼ Permettant d’évaluer les différents processus attentionnels ◼ Sélectivité ❑ Attention focale/sélective ❑ Attention divisée ❑ Flexibilité ◼ Intensité ❑ Alerte tonique et phasique ❑ Vigilance  Conception de la batterie TAP Go-no-go (attention focale) https://www.psytest.net/index.php?page=TAP-2-2&hl=fr_FR  Conception de la batterie TAP Attention divisée https://www.psytest.net/index.php?page=TAP-2-2&hl=fr_FR  Conception de la batterie TAP Alerte tonique et phasique https://www.psytest.net/index.php?page=TAP-2-2&hl=fr_FR  Conception de la batterie TAP Vigilance https://www.psytest.net/index.php?page=TAP-2-2&hl=fr_FR 2.4.2 Illustrations cliniques Des troubles fréquents, dans de nombreuses pathologies… ◼ Traumatisme crânien ◼ Accident vasculaire cérébral ◼ Maladie d’Alzheimer ◼ Démence fronto-temporale ◼ Sclérose en plaques ◼ Dépression ◼ Schizophrénie ◼ TDAH ◼ …  L’héminégligence spatiale unilatérale ◼ Difficultés à détecter, identifier, se diriger vers ou avoir une représentation mentale de l’hémi-espace controlatéral ◼ Peut concerner différents modalités sensorielles ◼ Prédominance lésions corticales postérieures droites ◼ Souvent transitoire, mais chronique dans de rares cas ◼ Peut être accompagnée d’une anosognosie L’héminégligence spatiale unilatérale  L’héminégligence spatiale unilatérale ◼ Variabilité dans les manifestations cliniques → plusieurs hypothèses explicatives ◼ Trouble de l’attention sélective ◼ Biais d’orientation de l’attention : en faveur du côté non négligé et en défaveur du côté négligé ◼ Déficit du déplacement du focus attentionnel : une fois attention engagée du côté non négligé, difficultés de désengagement et de réorientation de l’attention vers le côté négligé.  Le trouble de l’attention et de l’hyperactivité ◼ 3 dimensions cliniques : Inattention Ex : se laisse distraire par des stimuli externes (se retourne, regarde partout) Impulsivité Ex : patiente difficilement dans une file d'attente. Hyperactivité Ex : ne tient pas en place, pas concentré sur une tâche, tâche pas terminée avant d’en faire une autre. 45  Le trouble de l’attention et de l’hyperactivité ◼ 3 dimensions cliniques : Inattention Ex : se laisse distraire par des ◼ Sur le plan cognitif : stimuli externes (se retourne, regarde partout) Attention sélective Impulsivité Attention Attention Ex : patiente difficilement dans soutenue TDAH divisée une file d'attente. Hyperactivité Mémoire / Fonctions Ex : ne tient pas en place, pas exécutives concentré sur une tâche, tâche pas terminée avant d’en faire une autre. 46  Le trouble de l’attention et de l’hyperactivité https://www.youtube.com/watch?v=us4I6RNxRQQ&t=241s 47  Le trouble de l’attention et de l’hyperactivité https://youtu.be/cJB78FvjcPc 48 ◼ Quelques lectures conseillées pour aller plus loin : ❑ Lemaire, & Didierjean (2018) : « Introduction à la psychologie cognitive », édition De Boeck – Chapitre 2 ❑ Seron & Van der Linden (2014): « Traité de neuropsychologie clinique de l'adulte », édition De Boeck Solal – Chapitres 9 et 27 ❑ Lechevallier, Eustache, & Viader (2008) : « Traité de neuropsychologie clinique », édition De Boeck – Chapitre 18 ❑ Maquestiaux (2017) : « Psychologie de l’attention ». », édition De Boeck ❑ Sacks (1986). « L’homme qui prenait sa femme pour un chapeau ». Chapitre 8 ❑ Ramachandran (2000). « Le fantôme intérieur ». Chapitre 6 49