Comprendre le langage : une introduction à la linguistique PDF

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Ce document est une introduction à la linguistique qui couvre des concepts clés comme la linguistique, le langage et la grammaire. Le document inclut les objectifs du cours et les sujets de discussion du chapitre. Il ne s'agit pas d'un devoir ou d'une épreuve.

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**Comprendre le langage : une introduction à la linguistique** [Objectifs du cours] - Comprendre comment fonctionne le langage (expliquer les règles qui permettent d'identifier des unités et de rendre compte de leurs combinaisons, à différents niveaux de l'organisation linguistique) -...

**Comprendre le langage : une introduction à la linguistique** [Objectifs du cours] - Comprendre comment fonctionne le langage (expliquer les règles qui permettent d'identifier des unités et de rendre compte de leurs combinaisons, à différents niveaux de l'organisation linguistique) - Utiliser un métalangage (un ensemble de notions) pour décrire ce fonctionnement - Expliquer les différences entre le langage humain et d'autres formes de communication, non linguistiques - Comprendre les principaux mécanismes de l'évolution du langage et de la différenciation des langues - Expliquer le fonctionnement du langage en usage Chapitre 1 : Une approche scientifique du langage Plan du cours 1. L'unité du langage, la diversité des langues 2. Sciences du langage, linguistique et grammaire 1. Le linguiste « des langues » et le linguiste « du langage » 2. Le linguiste et le grammairien **[Vendredi 04 octobre 2024 ]** 1. L'unité du langage, la diversité des langues Le langage : fonction d'expression de la pensée =\> faculté humaine mise en pratique grâce à des langues particulières et variées - Unité biologique et cognitive : substrat anatomique du langage (hémisphères cérébraux, SNC (système nerveux central) - Unité formelle et fonctionnelle : remplit les mêmes fonctions et établit selon les mêmes principes La langue : système vocal et éventuellement de signes graphiques. Il existe aussi des langues qui reposent sur des systèmes de gestes, de mimiques et de postures corporelles. Ces langues naturelles sont développées par les communautés humaines et acquises par leurs membres. - Parlée : signes vocaux (audio-oral) - Écrite : signes vocaux (scripto-visuel) - Signée : gestes, mimiques et postures corporelles (visuo-gestuel) 2. Sciences du langage, linguistique et grammaire La linguistique est une science qui étudie le langage, les langues envisagées comme système sous leurs aspects phonologiques, syntaxiques, lexicaux et sémantiques. 1. Le linguiste « des langues » et le linguiste « du langage » Le **linguiste des langues** étudie les difficultés linguistiques probables, le fonctionnement des langues. - Pourra étudier les difficultés de prononciation d'un hispanophone qui apprend à parler anglais - Analyser ce qui fait la spécificité de l'accent liégeois - Aider à décider quels nouveaux mots doivent entrer dans le dictionnaire VS Le **linguiste du langage** cherche à savoir s'il existe des universaux linguistiques, c'est-à-dire des invariants du langage humain, qui peuvent être psychologiques (le langage met en œuvre telle ou telle activité neurocérébrale), philosophiques (le langage repose sur une conceptualisation du monde environnant la pensée), de fonctionnement (le langage sert à faire ceci ou cela) ou de méthode (toute réalisation langagière -- une phrase, par exemple -- résulte de la mise en œuvre de telle ou telle opération sous-jacente. Les deux linguistiques sont reliés : l'étude du langage repose sur l'étude d'une ou plusieurs langues et l'étude des langues est reliée à la linguistique du langage Le linguiste ne décrit pas les langues mais la connaissance mentale que les sujets parlants ont des langues. La grammaire est un ensemble de règles dont la formulation est l'explication des connaissances des principes de fonctionnement de la langue. Une telle grammaire est souvent appelée une grammaire de la compétence des sujets parlants. 2. Le linguiste et le grammairien Pour construire cette grammaire - Grammaire de compétence : description des règles sous-jacentes - Jugements de grammaticalité (pour un locuteur ou un groupe de locuteurs) - Grammaire descriptive : description des normes, des conventions en usage et socialement acceptées - Jugements d'acceptabilité (dans une communauté et dans un contexte donné) (une prononciation ou une graphie, l'usage d'un mot ou d'une structure syntaxique) - Grammaire normative/prescriptive : définition d'un modèle à suivre, du « bon usage » - Jugements de valeur (normativité) (ces grammaires à visée prescriptive sont comme les dictionnaires, des outils de travail, des instruments de référence, proposant une certaine représentation des formes et des règles que le grammairien considère comme correcte) *Pourquoi nous sommes tentés de porter des jugements de valeur ?* - Confusion entre ce qui est acceptable et ce qui est « correct » Ex : ce n'est pas parce que quelqu'un parle avec un accent que ce n'est pas bien - Invocation de faits comme autant de critères d'évaluation alors que les faits n'ont jamais de force normative intrinsèque Ex : ce n'est pas parce que peu de personne accorde le participe passé à l'oral que c'est un argument pour changer les règles. Ce n'est pas parce que c'est nouveau que c'est mal. - « profits symboliques » (avantage) pour celles et ceux qui font « autorité » sur les questions linguistiques. / ! à ne pas confondre les jugements de valeur et les jugements de faits / ! à fonder les éventuels jugements de valeur sur des jugements de fait bien étayés Une image contenant texte, capture d'écran, costume, homme Description générée automatiquement Ex : jugement de grammaticalité 9^e^ ligne : jugement descriptif ![Une image contenant texte, costume, capture d'écran, homme Description générée automatiquement](media/image2.png) Les puristes : jugement de valeur Les usages : jugement de grammaticalité Une image contenant texte, capture d'écran, Police, conception Description générée automatiquement L'académie française ne pose que des jugements prescriptifs : elle utilise 'on dit', 'on ne dit pas'. Ce n'est pas jugement d'acceptabilité (ce n'est pas une observation que quelqu'un fait et qu'on corrige) On fait passer ici une prescription pour une description mais il n'en n'est rien. En tant que scientifique on peut observer qu'une forme est - Grammaticale : si ça suit la logique de la langue, si une phrase correspond aux règles. - Relativement acceptable dans la société : +/- si la majorité des gens le disent - Jugée comme (in)correcte (acceptable) par certaines autorités ou institution de référence : un énoncé grammatical pour nous ne l'est pas pour tout le monde ; c'est acceptable si c'est conforme aux normes qui définissent ce qui est légitime. Chapitre 2 -- Différentes formes du langage Plan du cours 1. Mise en situation : la danse des abeilles 2. Langues naturelles et autres systèmes de communication : linguistique et sémiologique 1. Types de signes : indice, icone, symbole et signe linguistique 3. La langue comme système de signes 2. Matière et objet de la linguistique 1. Parole et langue 2. Linguistique synchronique et diachronique 3. La notion de système : unités et relations 3. Le signe : arbitraire ; valeur et signification 4. Rapports syntagmatiques et paradigmatiques 4. Le structuralisme 4. Les propriétés universelles du langage humain 5. En conclusion Objectifs du chapitre - Notions théoriques sur les systèmes de communication en général, et le langage humain en particulier - Être capable de savoir si la communication des abeilles partage des caractéristiques du langage humain et le cas échant, lesquelles et si les abeilles ont un langage au sens « linguistique » du terme. 1. Mise en situation : la danse des abeilles L'abeille fait une 'danse' (ce sont des circuits) pour indiquer aux autres abeilles où se trouve exactement de la nourriture. Le nombre moyen de circuits par 15 secondes est inversement proportionnel à la distance de la source de nourriture. Ce n'est pas un langage car il n'y a pas de double articulation, les signes ne sont pas arbitraires car il y a une volonté d'imitation, il n'y a pas de capacité de déplacement (dans le temps) et il n'y a pas de fonction de productivité (pas une infinité de signes). 2. Langues naturelles et autres systèmes de communication : linguistique et sémiologie Sémiologie : étude des signes au sens large, c'est-à-dire des unités qu'on utilise pour représenter des choses. Ces unités servant à représenter sont langagières. Signes : unité utilisée pour représenter quelque chose 1. Types de signes : indice, icone, symbole et signe linguistique Les signes ont en commun - Leur fonction de représentation - Une face d'expression (le signifiant -\> forme sonore, écrite ou visuelle) et une face de contenu (le signifié -\> l'idée évoquée, le concept, la représentation mentale) Il n'y a pas de communication sans signes mais il peut y avoir des signes sans communication. Un signe sert à représenter quelque chose qu'il n'est pas. Ils ont une face d'expression (le signifiant) et une face de contenu (le signifié) [Ex] : Deux -- 2 -- II Signifié identique mais signifiant différent Les signes diffèrent par - La nature matérielle du signifiant (sons, gestes, mimiques, lettres graphiques, odeur, dessins, etc) - La nature conceptuelle du signifié (idée, objet concret, sentiment, action, etc) - Le type de relation qui unit le signifiant au signifié Types de signes - **Indice** : le signifiant présente une relation physique avec le signifié, lien physique entre le signifiant et le signifié [Ex] : fumée, traces de pas, girouette, fièvre symptôme d'une maladie - **Icône** : le signifiant entretient avec le signifié une relation de ressemblance, une relation figurative [Ex] : plan d'une ville, maquette d'un avion, une onomatopée qui imite le cri d'un animal - [Propriété commune ]: la relation entre le signifiant et le signifié est intrinsèquement motivée entre la face signifiante et la face signifiée \>\< relation arbitraire (relation établie par pure convention) - [Différence ]: nature de la relation, de la motivation Autour de nous, il y a des icônes et des indices mais surtout des indices - **Symbole** : le signifiant entretient une relation mentale, conventionnelle avec le signifié [Ex] : le noir représente le deuil La balance représente la notion de justice **[Vendredi 11 octobre 2024]** - **Signe linguistique** : relation purement conventionnelle entre le signifiant et le signifié [Ex] : les mots de la langue (parlée, signée...) Exception : les onomatopées qui fonctionnent comme des icônes L'icône et l'indice sont des signaux universels tandis que les signes et les symboles sont culturels. Le symbole et le signe linguistique ont un truc en commun : arbitraire mais une différence : décomposabilité ou indécomposabilité [(In)décomposabilité ] - Un signe est décomposable si son signifiant est analysable en parties qui fonctionnent elles-mêmes comme des signes et si son signifié repose sur la combinaison des signifiés de ces différentes parties. - Un objet (un stimulus perceptif) ne devient un signe que dans un contexte donné - L'usage d'un « objet » dans un contexte donné a. Donne le statut de « signe » à l'objet b. En fait un signe de telle ou telle catégorie c. Permet de lui donner un sens 3. La langue comme système de signes Ferdinand de Saussure est considéré comme le fondateur de la linguistique en tant que science, discipline moderne. Il a défini et délimité l'objet de la linguistique en le restreignant à l'étude de la langue comme un système de signes, c'est-à-dire comme un code. Les signes linguistiques sont des unités abstraites qui servent à catégoriser le réel et qui sont organisées dans un système. Ferdinand de Saussure propose de considérer la langue comme une structure, un système d'unités abstraites. - Ce n'est pas l'existence d'un objet qui impose et définit l'existence d'un mot - Les mots ne sont pas des noms ou des étiquettes associées à chaque objet du réel - Les signes linguistiques disponibles nous imposent une manière de catégoriser, découper le réel (et non l'inverse) 2. Matière et objet de la linguistique 1. Parole et langue - La langue - Système ordonné d'unités abstraites (signes) dont chacune est délimitée négativement ou différentiellement par l'ensemble des rapports qu'elle entretient avec les autres éléments - Réalité psychique - Sociale, homogène, stable - Parole - Réalité physique, matérielle - Individuelle, singulière, hétérogène, momentanée - Les éléments du système sont organisés selon deux types de relations/rapports 2. Linguistique synchronique et diachronique - L'approche diachronique (à travers le temps) = qui étudie la parole et ses mécanismes d'évolution pour comprendre le changement de la langue - L'approche synchronique = qui correspond à un état virtuel de langue stable 3. La notion de système : unités et relations 3. Le signe : arbitraire ; valeur et signification - Que le signifiant et le signifié entretiennent une relation purement arbitraire - Délimiter les signes de plein de manières - Que la forme et le sens soient variables et puissent évoluer en fonction des usages 4. Rapports syntagmatiques et paradigmatiques - Combinaison de deux ou plusieurs unités linguistiques, succession dans la chaine parlée - *In praesentia* car les unités qui se combinent sont en présence simultanément les unes des autres - [Ex] : suite de mots après avoir choisi un pronom - Choix à opérer entre des unités disponibles dans « la langue » - In absentia - En morphologie, un paradigme correspond à une classe de morphèmes qui peuvent occuper la même position dans la composition d'un mot ([ex] : le préfixe *dé(s)* : défaire, déshydrater, etc) - En syntaxe, un paradigme correspond à une catégorie syntaxique ([ex] : les éléments *le, un, ce* peuvent commuter parce qu'ils relèvent de la même catégorie syntaxique) - ![](media/image4.png)En sémantique, un paradigme correspond à un groupe de mots qui partagent un élément de sens commun ([ex] : des synonymes comme *enseignement, apprentissage, éducation*) - Peut-on définir le signifiant de « table » ? - Peut-on définir le signifié de « table » ? - Variation et changement linguistique : tout est possible - Rapport entre langage et pensée - Les formes linguistiques disponibles structurent le rapport au réel - Mais... pas d'homogénéité au sens des personnes parlant une même langue - On peut trouver des formes équivalentes entre les langues - Les désaccords sur le sens (ou la forme des mots) sont irréconciliables 4. Le structuralisme - Les comportements humains sont régis par des structures abstraites qui sont partagées et qui suivent des principes universels - Objectif de la linguistique : étudier l'organisation interne, la structure, du code linguistique, comme système de signes symboliques - Linguistiques synchroniques VS diachronique - Synchronique = qui correspond à un état virtuel de langue stable (différent de contemporain) - Diachronique = qui étudie la parole et ses mécanismes d'évolution pour comprendre le changement de la langue. 4. Les propriétés universelles du langage humain 5. Modalité - La modalité fait référence au canal perceptif par lequel est transmis un langage - Modalité audio-orale (langue parlée), scriptovisuelle (langue écrite), gestuovisuelle (langue des signes) - La modalité impose des contraintes sur la manière dont on peut combiner les signes 6. Les dimensions non verbale et paraverbale et la communication verbale Verbal Paraverbal Non verbal ----------------------------------- --------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Signes linguistiques N/A Éléments qui s'interprètent de manière iconique ou indicielle (par ex. gestes qui imitent ce dont on parle, émotion transmise par la voix ou par l'utilisation de majuscules, smiley, etc) Communication orale, de vive voix Paramètres de la voix qui accompagnent la succession de signes dans la chaine parlée (intonation, rythme, rires, silences, etc) Paramètres corporels et gestuels qui accompagnent la communication orale (la posture corporelle, les gestes, la direction du regard, etc) - Des signes linguistiques ([ex] : les mots, l'intonation), mais aussi des symboles (ex : hochement de tête, pouce levé, « = » ou «  »), des indices ([ex] : rougir, baisser le regard, la calligraphie) ou des icônes ([ex] : imitation, illustrations) 7. Arbitraire du signe 8. La double articulation du langage - Première articulation : en unités minimales de signification -\> morphèmes - Seconde articulation : en unités minimales distinctives -\> phonèmes - Les unités linguistiques sont discrètes, la parole est continue - La double articulation signée -\> paramètres pour former un signe - La forme des mains - La localisation - Le mouvement - L'orientation - L'articulation non-manuelle 9. Déplacement (non-dépendance contextuelle) - La danse des abeilles : l'abeille ne peut représenter que le lieu d'où elle provient et elle le fait en orientant sa danse selon la localisation de sa ruche par rapport à la source de nourriture. **[Vendredi 18 octobre 2024]** 10. Productivité 5. Conclusion *Quelles différences entre le langage verbal et le « langage » des abeilles ?* - Le langage des abeilles diffère du langage humain : - Les signes sont iconiques (elles 'communiquent' par imitation) et motivés - Ces signes ne sont pas analysables en unités abstraites et discrètes d'un système - Ils ne sont pas doublement articulés - Ils ne sont pas combinables selon une syntagmatique (syntaxe) propre aux règles du système - Leur signification est indissociable de contextes particuliers - Ils sont en nombre limité Double articulation = capacité à décomposer les grandes unités en petites unités de sens et décomposer ces petites unités de sens en unités de non-sens Chapitre 3 : De la faculté de langage à la diversité des langues Plan du cours 1. Introduction 2. Aux origines du langage 3. Entre unité et diversité : de la variation au changement linguistique 1. Aux origines de la langue 2. Normes et usages 3. Langues, dialectes et variétés 4. Compter et classer les langues 1. Introduction Ce chapitre va aborder les questions suivantes : - Comment a émergé cette faculté de langage qui distingue l'humain des autres espèces animales ? Que nous apprend-elle sur les spécificités de notre espèce ? - Comment expliquer l'apparition, à partir de cette compétence linguistique universelle, de l'énorme diversité des langues du monde ? - Comment peut-on classer les langues en catégories pertinentes, au-delà de la singularité de chaque idiome ? 2. Aux origines du langage *Quelles sont les conditions qui ont rendu possible l'émergence du langage humain en tant que système de communication particulier ?* - Les mammifères (et d'autres animaux) sont capables d'apprendre à traiter certains signes comme des indices grâce à leur expérience. - Ils sont aussi capables de traiter de nouveaux signes comme renvoyant à des signes déjà rencontrés par ressemblance (iconicité) - Il semble que seuls les humains sont capables d'attribuer un sens à un signe de manière purement conventionnelle. - Le langage humain correspond à une convention arbitraire sans rapport avec la réalité matérielle, qui permet d'attribuer des significations à des réalités qui ne signifient rien en tant que telles - Cela suppose de pouvoir - Penser ce qui n'est pas encore, d'envisager des potentialités, des virtualités (penser des choses qui ne sont pas là, qui ne correspondent pas à des perceptions immédiates), de créer des formes, des objets, de projeter du sens (abstraction, apprentissage) - S'accorder avec d'autres sur le sens qui est attribué (coopération, empathie) - Ces capacités ne sont pas absentes chez les autres espèces animales, mais elles atteignent chez l'espèce humaine un niveau de développement inédit et sans commune mesure avec celui observé ailleurs - Des conditions physiologiques (configuration des organes articulatoires, cerveau suffisamment volumineux) - Néoténie -\> conserver des traits de jeunesse même à l'âge adulte et donc avoir un développement relativement lent (nous êtres humains, naissons trop tôt et non finis) - Les humains peuvent et doivent développer une grande capacité d'apprentissage (plasticité cérébrale) et créer des relations avec les autres individus dont ils dépendent (capacité imitative et relationnelle) - Ces caractéristiques vont être renforcées de génération en génération par sélection naturelle (ce sont toujours les plus empathiques qui survivent) - Pas avant l'apparition de l'*homo erectus* (-1 million d'années) - Avec l'apparition des différents descendants de l'*homo erectus* (*homo neanderthalis*, *homo sapiens*, -250 000 ans) - Avant les traces les plus manifestes d'usage du symbolique (art pariétal, -30 000 ans) - Apparition du langage probablement en deux étapes - Système rudimentaire, avec des mots juxtaposés sans ordre, ni marques formelles. 3. Entre unité et diversité 1. Aux origines de la langue *Pourquoi une telle diversité de langues ?* - Polygenèse (plusieurs peuples ont développé une langue) *VS* monogenèse - Les langues évoluent de manière constante ; plus précisément, les locuteurs font constamment évoluer les systèmes de conventions sociales qu'on appelle des langues. C'est un abus de langage de dire que les langues évoluent, car une langue est un système de convention. *Pourquoi les langues sont-elles en constante évolution ?* - Pour répondre à des besoins nouveaux, comme nommer de nouvelles réalités - Car les locuteurs introduisent constamment de la variation dans leurs pratiques linguistiques et que certaines variantes particulières et nouvelles finissent par s'implanter dans les usages communs - Une variante linguistique correspond à une forme qui est en concurrence avec une autre pour remplir une fonction identique **[Vendredi 25 octobre 2024 ]** *Pourquoi introduire constamment de nouvelles variantes ?* - Tout locuteur qui utilise une langue est soumis à une double contrainte, un double enjeu - Produire du sens de manière efficace (**enjeu fonctionnel/communicationnel**) - Agir de manière conforme aux normes et valeurs sociales de son groupe de référence (**enjeu de légitimité sociale**) - Toute nouveauté dans l'usage peut mettre à mal ces deux dimensions (tout changement a un coût) - Opposition constante entre une tendance conservatrice/conformisme (liée à des **forces centripètes**) et une tendance innovatrice (liée à des **forces centrifuges**) (ce qui nous pousse à nous écarter de cet usage commun et à nous conformer aux règles communes)). - Toute innovation est partielle et suppose en même temps la conservation de ce qui existe - Pour qu'une innovation se justifie, il faut que ses bénéfices soient supérieurs à ses coûts - Diminuer les coûts de traitement (ex : exception du verbe être) /production pour une efficacité communicationnelle identique. - Améliorer l'efficacité communicationnelle pour un coût de traitement/production limité - Diverger, innover, parce qu'on a l'autorité/le pouvoir symbolique pour le faire (et pour confirmer ainsi cette autorité) - Se conformer à un usage minoritaire mais prestigieux pour tenter d'acquérir du pouvoir symbolique 1. Introduction d'une variante 2. Adoption par un groupe restreint et « prestigieux » (qui a beaucoup de valeur aux yeux de la société) ([ex] : Damso qui est quelqu'un d'admiré par beaucoup de personnes) 3. Diffusion progressive dans la communauté (évolution de la signification sociale + phénomènes d'hypercorrection (certains groupes dans ce processus vont en faire trop ([ex] : ils vont dire *wesh* tout le temps sans contexte))). 4. Extension du changement (diffusion dans le système linguistique et approfondissement du mécanisme) 5. Normalisation du changement (ou déclin progressif de la variante) - Le changement n'est pas pleinement accompli si cette dernière étape est atteinte, si la nouvelle variante perd son caractère marqué - Le nouvelle variante : 2. Normes et usages - Plusieurs usages plus ou moins légitimes selon les contextes - Pas d'accord complet sur la norme au sein d'une société - Parallèlement des processus de divergence peuvent apparaitre : innovations er désaccords/distinctions variation - En général, le partage de **normes subjectives** (acceptabilité) permet de limiter la différence entre les normes objectives (grammaticalité) [Ex] : la norme de référence peut proscrire une prononciation particulière du mot *essuie* plutôt la prononciation standard ; mais les locuteurs peuvent privilégier la première prononciation et la juger légitime et acceptable, notamment parce qu'elle est plus courante dans leur environnement, même s'ils savent qu'elle pas celle retenue par la norme de référence) - D'autant plus lorsque l'existence d'une **norme de référence** favorise la convergence des normes subjectives - Les langues correspondent à des conventions sociales **spontanées, implicites, hétérogènes et variables** - Dans les langues à tradition écrite, apparition d'une **norme de référence** : une des normes en concurrence est prise comme référence, comme modèle standard servant à définir LA langue - Le processus de standardisation connait quatre étapes - Sélection - Codification (description) - Élaboration - Diffusion Le processus de sélection : ce qui fait qu'on va choisir ce modèle-là plutôt qu'un autre résulte du pouvoir politique - La sélection de la variété qui va servir de référence, de modèle dans un groupe (une société) dépend de logiques de pouvoir et de la capacité à conférer une valeur sociale à certains usages plutôt qu'à d'autres. - L'autorité de la norme est liée à un processus social et non à ses caractéristiques objectives (respect des « racines de la langues », de la logique etc) 3. Langues, dialectes et variétés La variation et le changement peuvent donner lieu à des variétés ou langues distinctes si des processus de ségrégation/séparation au sein de la communauté apparaissent (mouvements de la population, différences internes de statut très marquées, frontières politiques, etc) Une fois séparés, autonomisés, les groupes vont faire évoluer leurs langues différemment -\> dialectisation Pour savoir si les usages de deux locuteurs correspondent à une seule et même langue, on peut utiliser plusieurs critères : - Le jugement subjectif des locuteurs : considèrent-ils qu'ils parlent la même langue ? - L'intercompréhension mutuelle : peuvent-ils communiquer efficacement ? - La distance linguistique, mesurée par la dialectométrie (méthode d'analyse quantitative de données géolinguistiques) : les deux usages font partie de la même langue s'ils présentent un nombre important de traits communs - Idiolectes : les grammaires varient d'un individu à l'autre, il y a autant de variétés que de locuteurs - Isoglosses : il n'y a jamais de frontière nette, discrète, entre les idiolectes - Continuum linguistique : aucun critère ne permet de définir une frontière objective entre les langues car la réponse n'est jamais binaire - Idiomes : 3. Compter et classer les langues *Combien de langues parle-t-on en Belgique ? En France ?* ![](media/image13.png)

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