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Haute École de la Ville de Liège

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This document appears to be lecture notes on written language: communication aspects, early forms and development of writing systems.

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2023-2024 Langage écrit : outil de communication Langage écrit : le faux-jumeau du langage oral Langage écrit : la question de la consistance orthographique Langage écrit : l’approche des neurosciences cognitives Langage écrit : outil de communication Pendant les milliers d’années...

2023-2024 Langage écrit : outil de communication Langage écrit : le faux-jumeau du langage oral Langage écrit : la question de la consistance orthographique Langage écrit : l’approche des neurosciences cognitives Langage écrit : outil de communication Pendant les milliers d’années l’homme s’est contenté de communiquer par la parole. Pourquoi a-t-il inventé l’écriture? Langage écrit : outil de communication L’émergence du langage écrit dans les sociétés humaines Vers 3500 ans ACN : les tout premiers véritables systèmes d’écriture L’humanité entre dans l’Histoire ! Langage écrit : outil de communication L’émergence du langage écrit dans les sociétés humaines En Mésopotamie, 3000 ans avant les 1ers systèmes d’écriture : Les calculi et leur bulle enveloppe pour laisser une trace de comptabilité et sceller un contrat de vente Langage écrit : outil de communication L’émergence du langage écrit dans les sociétés humaines Dans un premier temps, l’écriture représente le sens. Ecriture Sémantique Phonologie Langage écrit : outil de communication L’émergence du langage écrit dans les sociétés humaines Les pictogrammes : pour représenter des objets concrets Ils sont alignés et calibrés Langage écrit : outil de communication L’émergence du langage écrit dans les sociétés humaines Les idéogrammes : pour représenter des concepts plus abstraits Souffle arbre bois Langage écrit : outil de communication L’émergence du langage écrit dans les sociétés humaines Au fil du temps, les pictogrammes puis les idéogrammes se simplifient et deviennent de moins en moins figuratifs. Langage écrit : outil de communication L’émergence du langage écrit dans les sociétés humaines Dans un deuxième temps, l’écriture représente les sons de la parole. Ecriture Phonologie Sémantique Langage écrit : outil de communication L’émergence du langage écrit dans les sociétés humaines Le premier alphabet est consonantique. Il a été mis au point par les phéniciens environ 1000 ans ACN. Langage écrit : outil de communication L’émergence du langage écrit dans les sociétés humaines On attribue à un idéogramme la valeur phonémique du phonème initial du mot qu’il représente. Langage écrit : outil de communication L’émergence du langage écrit dans les sociétés humaines Les symboles évoluent jusqu’à donner l’alphabet que nous connaissons Langage écrit : outil de communication L’émergence du langage écrit dans les sociétés humaines Tout en conservant leur système idéographique, certains systèmes d’écriture intègrent un système phonographique. Langage écrit : outil de communication L’émergence du langage écrit dans les sociétés humaines Ce sont les grecs qui introduisent les voyelles, améliorant le système d’écriture des phéniciens et créant ainsi le 1er alphabet complet (voyelles + consonnes) Langage écrit : outil de communication L’émergence du langage écrit dans les sociétés humaines Pictogrammes Alphabets Idéogrammes - 3300 : écriture - 1500 : apparition de - 800 : 1er alphabet cunéiforme inventée par les sumériens en l’écriture chinoise (consonnes + voyelles) des Mésopotamie grecs - 3200 : écriture - 1000 : 1er alphabet - 450 : l’écriture de hiéroglyphique des consonantique des gauche à droite se égyptiens phéniciens généralise en grec Langage écrit : outil de communication Les fonctions du langage écrit aujourd’hui Education Dans une société industrialisée, Communication mal maîtriser / ne pas maîtriser l’écrit Insertion sociale = Un handicap sur tous ces plans Insertion professionnelle Autonomie intellectuelle Divertissement Langage écrit : outil de communication Langage écrit : le faux-jumeau du langage oral Langage écrit : la question de la consistance orthographique Langage écrit : l’approche des neurosciences cognitives Langage écrit : le faux-jumeau du langage oral Est-ce si différent de parler et d’écrire ? Langage écrit : le faux-jumeau du langage oral Langage oral Langage écrit Objectifs Transmettre et recevoir de Transmettre et recevoir de l’information l’information Moyens Symboles écrits qui Parole représentent la parole Persistance Très faible Très longue Début d’acquisition Naissance 5 ans Langage écrit : le faux-jumeau du langage oral Langage oral Langage écrit Phonétique Graphémique Modes de transmission (signal acoustique continu) (organisé en mots, discontinu) Gestes articulatoires et Gestes graphiques Modes d’expression prosodiques Modes de perception Auditive Visuelle Ordre d’accès aux Orthographiques puis Phonologique puis phonologique sémantique représentations sémantique et syntaxique et syntaxiques Langage écrit : le faux-jumeau du langage oral Langage oral Langage écrit Pré-requis Système neurologique Système neurologique intègre intègre et maîtrise du langage oral Type Essentiellement implicite Essentiellement explicite (développement spontané (apprentissage et d’apprentissage par immersion) enseignement) Langage écrit : outil de communication Langage écrit : le faux-jumeau du langage oral Langage écrit : la question de la consistance orthographique Langage écrit : l’approche des neurosciences cognitives Langage écrit : la question de la consistance orthographique Constats : En français l’orthographe est très complexe. Son apprentissage est donc long et difficile. POURQUOI ? Langage écrit : la question de la consistance orthographique Le français écrit est complexe pour de multiples raisons : - Nombreux graphèmes à 2 et 3 lettres - Plusieurs graphèmes pour un seul phonème (langue opaque, peu transparente) - Graphies contextuelles - Inconsistances/irrégularités (lettres doubles, lettres muettes (orthographe lexicale et grammaticale) et mots irréguliers (dont la production ne peut être prédite par la correspondance entre phonologie et graphie) - Langue avec de nombreux homophones non-homographes - Nombreux accords irréguliers inaudibles Langage écrit : la question de la consistance orthographique En réalité, l’orthographe du français est particulièrement inconsistante lorsqu’il faut la produire (écrire) mais beaucoup moins lorsqu’il faut la reconnaître (lire) Exemple : On peut imaginer beaucoup de manières différentes d’écrire le mot « apprentissage » mais il n’y a qu’une seule façon de le lire. Langage écrit : la question de la consistance orthographique Pourquoi toutes ces difficultés existent elles en français et pas (ou beaucoup moins) dans d’autres langues comme l’italien, le néerlandais ou le russe ? Ces langues ont aussi une longue histoire ! Pourquoi sommes-nous attachés à cette orthographe si difficile ? Pourrions-nous enlever à la langue française toutes les irrégularités et la rendre totalement transparente ? Serait-ce souhaitable ? Que se passerait-il ? Langage écrit : la question de la consistance orthographique Pourquoi toutes ces difficultés existent elles en français ? Pour comprendre, un peu d’histoire : Au 16ème siècle, le français (langue du Roy) ne se parle que dans la région parisienne et le latin est la langue officielle et la langue des érudits. L’état cherche à consolider la nation et à réduire le pouvoir de l’Eglise. Il cherche donc à imposer le français dans la société civile en éliminant progressivement le latin et les patois régionaux. Langage écrit : la question de la consistance orthographique François 1er veut fixer l’orthographe en France pour asseoir son pouvoir et unifier le royaume : l’ordonnance de Villers-Cotterêts l’imprimerie nationale le dépôt légal le Collège Royal (devenu Collège de France) François 1er (1494-1547) Langage écrit : la question de la consistance orthographique En 1634, le cardinal de Richelieu crée l’académie française toute entière dédiée « A l’immortalité » de la langue française. Sa mission est de perfectionner et de normaliser la langue française. Elle est chargée de rédiger le dictionnaire de référence. Elle crée une « orthographe d’état » afin de centraliser le contrôle sur la langue écrite et d’annihiler les écritures très variées sur le Armand Jean du Plessis territoire. de Richelieu (1585-1642) Langage écrit : la question de la consistance orthographique Après la révolution, la volonté de faire disparaître les patois devient officielle à travers : « Le Rapport sur la nécessité et les moyens d'anéantir les patois et d'universaliser l'usage de la langue française », rédigé par Henri Grégoire et présenté à la Convention nationale le 4 juin 1794. Au 19ème siècle, l’école de la République (publique et laïque) a fait de l’orthographe strictement normalisée une de ses premières priorités. Langage écrit : la question de la consistance orthographique Toutes ces institutions ont figé l’orthographe, l’empêchant d’évoluer et de se transformer comme le fait naturellement la langue orale. Avec le temps, le décalage est de plus en plus grand. Les irrégularités sont de plus en plus nombreuses. Langage écrit : la question de la consistance orthographique Pourquoi sommes-nous attachés à cette orthographe si difficile ? Par tradition et par fierté d’avoir une langue complexe par son histoire. Parce qu’une fois qu’on a appris, nous n’avons plus (ou presque plus) de difficulté à l’utiliser. Beaucoup arguent que simplifier l’orthographe revient à faire du nivellement par le bas : « Si nous avons été capables de l’apprendre, les plus jeunes le peuvent aussi ! » Soucis de maintenir une trace de l’histoire de la langue (étymologie). L’Académie Française a toujours présenté le français écrit comme un « patrimoine national ». S’y attaquer c’est un peu comme saborder l’Histoire de France ou détruire sa culture. Langage écrit : la question de la consistance orthographique Dans les langues transparentes comme l’italien, il n’y a presqu’aucune irrégularité Les enfants apprennent en quelques mois. Les petits italiens ont des scores en lecture en avancent de plusieurs années par rapport aux enfants francophones. Pendant les heures consacrées par les francophones à la dictée et à la lecture, les italiens apprennent quantité d’autres choses. La dyslexie est beaucoup plus rare que chez les francophones. Avoir une langue transparente présente beaucoup d’avantages Langage écrit : la question de la consistance orthographique Pourrions-nous enlever à la langue française toutes les irrégularités et la rendre totalement transparente ? Serait-ce souhaitable ? Que se passerait il ? ❖ Un phonème = une lettre ? → Il faudrait inventer de nouvelles lettres MAIS Un phonème = un seul graphème (une ou plusieurs lettres) faciliterait déjà beaucoup les choses. Les doubles consonnes sont-elles absolument nécessaires ? Faut-il autant de graphies différentes pour le phonème /è/ ou /k/ pour ne citer que ceux-là ? Langage écrit : la question de la consistance orthographique Pourrions-nous enlever à la langue française toutes les irrégularités et la rendre totalement transparente ? Serait-ce souhaitable ? Que se passerait-il ? ❖ Ecrire phonétiquement, le plus fidèlement possible l’expression orale ? → Nécessite d’accepter qu’un même mot change d’orthographe selon le contexte - 1 « nâne », 10 « zâne » et 100 « tâne » → Certaines graphies sont utiles à la cohérence du mot. - Le mot « petit » avec un T muet est fondé parce que sinon, le féminin « petite » n’a pas de sens. → Certains mots irréguliers à l’écrit portent la trace de la racine orale. - « Femme » avec un E parce qu’il est lié à la racine de « femelle » et de « féminin ». Langage écrit : la question de la consistance orthographique Pourrions-nous enlever à la langue française toutes les irrégularités et la rendre totalement transparente ? Serait-ce souhaitable ? Que se passerait-il ? ❖ Ecrire phonétiquement, le plus fidèlement possible l’expression orale ? → Les orthographes différentes permettent de lever les ambiguïtés sémantiques entre mots homophones (très fréquents en français). - /sã/ a plusieurs sens, l’orthographe les distingue : cent, sans, sang → Le français est une langue qui conserve culturellement une place importante à l’étymologie. Dans quelle mesure sommes-nous prêts à y renoncer ? Langage écrit : la question de la consistance orthographique Pourrions-nous enlever à la langue française toutes les irrégularités et la rendre totalement transparente ? Serait-ce souhaitable ? Que se passerait-il ? L’écrit dans une langue alphabétique doit tenir compte des caractéristiques sonores mais également permettre de conserver une cohérence du sens des mots et une stabilité de la forme orthographique d’un énoncé à l’autre. Il faut donc faire un compromis et la bonne solution ne peut être simple. Langage écrit : outil de communication Langage écrit : le faux-jumeau du langage oral Langage écrit : la question de la consistance orthographique Langage écrit : l’approche des neurosciences cognitives Langage écrit : l’approche des neurosciences cognitives Neurosciences cognitives ??? Langage écrit : l’approche des neurosciences cognitives le cerveau siège de la pensée ! Relations esprit-cerveau = Relations cognition-cerveau Le cerveau est l’organe de la pensée ! C’est évident pour nous mais ça n’a pas toujours été aussi clair… Langage écrit : l’approche des neurosciences cognitives Les humains savent depuis longtemps que le cerveau est un organe vital. On a retrouvé des traces de trépanation sur des crânes préhistoriques anciens de 10 000 ans ! Langage écrit : l’approche des neurosciences cognitives Dès l’antiquité différentes conceptions sur l’origine de l’activité mentale s’affrontent et font l’objet de controverses Pourtant, dès l’antiquité, d’autres comme Hippocrate (460-377 ACN) ou Platon (428-348 Aristote (384-322 ACN) ACN) affirmaient que le siège c’est le cerveau défendait l’idée que c’est le qui est le siège de la pensée cœur qui est l’organe de l’activité mentale (pensée, sensations, émotions). Bien qu’erronée, cette conception a perduré longtemps après lui et a laissé des expressions du type « apprendre par cœur » Langage écrit : l’approche des neurosciences cognitives Dès l’antiquité différentes conceptions sur l’origine de l’activité mentale s’affrontent et font l’objet de controverses Vers 300 ACN, Hérophile propose une première théorie localisationniste et situe les fonctions supérieures attribuées au cerveau dans les ventricules. Jusqu’à la fin du Moyen-Age, on attribuera les 1619 : Robert Fludd (mystique fonctions des sens, de la raison et de la mémoire alchimiste) publia ce dessin dans lequel les cellules cérébrales sont respectivement aux trois cavités ventriculaires. ébauchées et dans la première, 1501 : Johannes Versor l'oeil de l'imagination, sensé illustre 3 cellules, les 2 représenter ce que les yeux premières étant transmettent. C'est "l'oeil de subdivisées en deux. l'esprit" "Sensus communis" et "phantasia dans la 1. "Imaginativa et Estimativa" dans la 2. "Memorativa" dans la 3. 1490 : Léonard de Vinci. Langage écrit : l’approche des neurosciences cognitives Dès l’antiquité différentes conceptions sur l’origine de l’activité mentale s’affrontent et font l’objet de controverses Il faut attendre la renaissance pour que des anatomises comme André Vésale (1514-1564) et plus tard Thomas Willis (1621-1675) remettent en cause la théorie ventriculaire à la lumière de travaux de dissection et d’expérimentation neurophysiologique Langage écrit : l’approche des neurosciences cognitives Au 18 et 19ème siècle… Les descriptions neuroanatomiques ont beaucoup progressé. En parallèle, une approche expérimentale se développe fondée sur l’observation des lésions du cerveau et de ses dysfonctionnements. « Je me renseigne sur le tempérament, les inclinations, la vivacité, le talent […] certaines maladies, de ceux que je vois mourir; […] je tiens un registre fidèle de toutes les informations que j’obtiens. Quand le malade meurt, j’en fait l’autopsie et j’examine avec curiosité le cerveau. » Vincenze Malacarne (1744-1816) La voie est ouverte vers la neuro-anatomie clinique, future « neuropsychologie »! Langage écrit : l’approche des neurosciences cognitives Début du 19ème siècle : Franz Joseph Gall et la phrénologie Médecin autrichien, neuro-anatomiste brillant, F.J. Gall s’intéresse aux circonvolutions de la surface du cerveau. Il est le 1er à se demander si elles ne sont pas impliquées dans des fonctions diverses. Il développe la phrénologie, théorie localisationniste qui décrit le cerveau comme un organe modulaire, selon laquelle les facultés mentales sont liées à des régions cérébrales spécifiques. F.J. Gall (1758-1828) Son ambition d’établir des liens entre anatomie et fonction cérébrale fait de lui un précurseur de ce qu’on appellera à la fin du 20ème siècle les neurosciences cognitives. Langage écrit : l’approche des neurosciences cognitives Début du 19ème siècle : Franz Joseph Gall et la phrénologie A partir de nombreuses mesures et observations de crânes, il conclut que certaines régions du cerveau sont fonctionnellement distinctes et…qu’on peut les détecter à la forme du crâne. Son hypothèse est que les individus chez qui une fonction est particulièrement développée ont une « bosse » à la surface du crâne en regard de la zone cérébrale responsable de cette fonction. Langage écrit : l’approche des neurosciences cognitives Début du 19ème siècle : Franz Joseph Gall et la phrénologie Selon Gall, on peut déceler dans la forme du crâne d’un individu (en fonction des parties saillantes ou rentrantes) les tendances de son esprit. Il met au point une carte phrénologique reprenant (initialement) les localisations de 27 fonctions dont la mémoire, le sens des mots, la conscience, l’autorité, l’orgueil, le patriotisme, l’amour parental, le talent poétique ou encore la dévotion et la fidélité… Langage écrit : l’approche des neurosciences cognitives Deuxième moitié du 19ème siècle : la neurologie clinique Les théories de F.J. Gall sont rapidement abandonnées mais sa conception d’un cerveau modulaire et son approche localisationniste perdurent à travers les travaux des pionniers de ce qui deviendra la neuropsychologie. M. Fardeau, 2017 Paul Broca Carl Wernicke Joseph-Jules et Augusta Déjerine (1824-1880) (1848-1905) (1849-1917 et 1859-1927) Langage écrit : l’approche des neurosciences cognitives Deuxième moitié du 19ème siècle : la neurologie clinique 1861, Paul Broca fournit la première preuve scientifique de la localisation d’une A travers une approche anatomo-clinique, P. Broca a décrit fonction mental. les capacités et les déficits de « Tan » tant qu’il était en vie. Après son décès il pratique une autopsie et identifie une lésion dans la 3ème circonvolution du lobe frontal gauche. Il en déduit que cette zone est fortement impliquée dans la production de la parole. Cerveau de M. Leborgne, surnommé L’aphasie « Tan » parce que c'était la seule de Broca syllabe qu'il parvenait à prononcer, et qu'il répétait. Langage écrit : l’approche des neurosciences cognitives Deuxième moitié du 19ème siècle : la neurologie clinique 1861, Paul Broca fournit la première preuve scientifique de la localisation d’une Par la suite, Broca rassemble des cerveaux de fonction mentale. patients qui, de leur vivant, présentaient des troubles (surtout langagiers). Il constate ainsi qu’une lésion de la 3ème circonvolution frontale droite ne produit pas de déficit langagier. Il conclut que le langage dépend avant tout de l’hémisphère gauche. Par extension, il pose l’hypothèse que les deux hémisphères cérébraux ne sont pas responsables des mêmes fonctions. Langage écrit : l’approche des neurosciences cognitives Deuxième moitié du 19ème siècle : la neurologie clinique En 1874, Carl Wernicke complète les travaux de Paul Broca en décrivant un patient avec une atteinte sélective de la L’étude post-mortem du cerveau de ce compréhension du langage oral comme écrit. patient permit à C. Wernicke de situer la lésion qui avait causé le déficit sélectif de compréhension du langage L’aphasie de dans le gyrus temporal postérieur Wernicke supérieur gauche – Aujourd’hui appelé « Aire de Wernicke ». Plus tard, il postule à partir de ses observations cliniques qu’il existe une connexion directe entre les 2 aires du langage déjà connues et donc potentiellement un 3ème type d’aphasie qu’il nomme aphasie de conduction. Langage écrit : l’approche des neurosciences cognitives Deuxième moitié du 19ème siècle : la neurologie clinique Carl Wernicke avait postulé qu’une lésion de la substance blanche qui relie les deux aires identifiées comme responsable de la compréhension et de la production du langage provoquerait un déficit spécifique en répétition orale. En 1885, Ludwig Lichtheim (physicien allemand) décrit un patient avec ce profil : tout à fait capable de comprendre et de parler mais incapable de répéter → 1ère description d’un syndrome de « déconnexion », appelée aphasie de conduction. Ludwig Faisceau Lichtheim arqué (1845-1928) Langage écrit : l’approche des neurosciences cognitives Deuxième moitié du 19ème siècle : la neurologie clinique En 1891 et 1892, publie, Joseph Jules Déjerine publie les premières descriptions Alexie-agraphie de Déjerine cliniques approfondies d’altérations En 1891, Déjerine décrit le cas d’un sélectives du langage écrit. patient ayant perdu toute capacité de compréhension et d’expression écrite suite à une lésion cérébrale de petite taille dans la région pariéto-occipitale (gyrus angulaire) de l’hémisphère cérébral gauche. 1er modèle anatomo-fonctionnel de la lecture : cette petite zone cérébrale équidistante des aires du langage et des aires visuelles contiendrait la « mémoire optique des lettres » (cité par Habib, 2010, p. 29) Langage écrit : l’approche des neurosciences cognitives Deuxième moitié du 19ème siècle : la neurologie clinique En 1891 et 1892, publie, Joseph Jules Déjerine publie les premières descriptions cliniques approfondies d’altérations sélectives du langage écrit. En 1892, il fait une remarquable description d’un patient qui suite à un AVC présentait un déficit sélectif pour la lecture. L’histoire de Monsieur C. : description d’un trouble acquis de la lecture par J. J. Déjerine (Dehaene, 2007, pp.87-90) Langage écrit : l’approche des neurosciences cognitives Deuxième moitié du 19ème siècle : la neurologie clinique En 1891 et 1892, publie, Joseph Jules Déjerine publie les premières descriptions cliniques approfondies d’altérations sélectives du langage écrit. En résumé, Monsieur C. : - était incapable de lire la moindre lettre et a fortiori le moindre mot. - avait une parfaite acuité visuelle - restait tout à fait capable de reconnaître les objets, les personnes, l’environnement - restait tout à fait capable d’écrire (sans toutefois être en mesure de se relire). - était également capable de reconnaitre des mots épelés oralement ou de les épeler lui- même. - avait conservé intactes ses capacités d’expression orale et ses facultés de raisonnement. - présentait une perte de l’hémichamp visuel droit (hémianopsie droite) Langage écrit : l’approche des neurosciences cognitives Deuxième moitié du 19ème siècle : la neurologie clinique En 1891 et 1892, publie, Joseph Jules Déjerine publie les premières descriptions cliniques approfondies d’altérations sélectives du langage écrit. Déjerine fait le raisonnement suivant : Le patient est toujours capable d’écrire → le centre des images des lettres (gyrus angulaire) est préservé. Si le patient ne peut pas lire, c’est parce que les informations visuelles ne parviennent plus jusqu’au gyrus angulaire chargé de les reconnaître. Il postule que le déficit provient du fait que le gyrus angulaire est privé des afférences en provenance du cortex visuel Langage écrit : l’approche des neurosciences cognitives Deuxième moitié du 19ème siècle : la neurologie clinique En 1891 et 1892, publie, Joseph Jules Déjerine publie les premières descriptions cliniques approfondies d’altérations sélectives du langage écrit. Sur la base de ce raisonnement, Déjerine conclut que le patient voit toujours les lettres comme il voit n’importe quel objet mais qu’il est incapable de les reconnaitre. Il est incapable de lire Au terme de son enquête psychologique et anatomique, il qualifie le trouble acquis de Monsieur C. de « Cécité verbale pure ». Ultérieurement, ce déficit sera également nommé Alexie sans agraphie ou Alexie pure. Langage écrit : l’approche des neurosciences cognitives Deuxième moitié du 19ème siècle : la neurologie clinique En 1891 et 1892, publie, Joseph Jules Déjerine publie les premières descriptions cliniques approfondies d’altérations L’étude post-mortem du cerveau de ce sélectives du langage écrit. patient permit de révéler des lésions dans le lobe occipital de l’hémisphère gauche et (Dehaene, 2007, p.93) dans le splenium du corps calleux. Pour Déjerine, c’est en particulier la lésion d’une petite zone de substance blanche proche du ventricule latéral qui est à l’origine de la déconnection entre le cortex visuel gauche et (1) le gyrus angulaire gauche et (2) le cortex visuel droit. Langage écrit : l’approche des neurosciences cognitives Deuxième moitié du 19ème siècle : la neurologie clinique En 1891 et 1892, publie, Joseph Jules Déjerine publie les premières descriptions cliniques approfondies d’altérations sélectives du langage écrit. (Dehaene, 2007, p.97) A la fin du 19ème siècle, les données rassemblées par les pionniers de la neurologie clinique mènent à une conception anatomo-fonctionnelle de la lecture à voix haute relativement élaborée. Langage écrit : l’approche des neurosciences cognitives Deuxième moitié du 19ème siècle : la neurologie clinique En 1891 et 1892, publie, Joseph Jules On sait aujourd’hui que l’architecture Déjerine publie les premières descriptions générale des réseaux cérébraux impliqués cliniques approfondies d’altérations dans la lecture est bien plus distribuée et sélectives du langage écrit. interactive que ne le pensait Déjerine. Les études en imagerie modernes ont permis de (Dehaene, 2007, p.97) décrire de manière plus précise l’aire corticale responsable de la reconnaissance des mots. Elle se trouve dans la région temporo-occipitale ventrale gauche (aire de la forme visuelle des mots) et non dans le gyrus angulaire gauche comme Déjerine le pensait. Langage écrit : l’approche des neurosciences cognitives La cartographie cytoarchitectonique du cortex humain de Korbinian Brodmann (1909) L’apogée du localisationnisme Dans le cortex humain, on retrouve 6 types de couches cellulaires organisées de manière variable selon les régions. Les limites entre les régions cérébrales qui Korbinian se distinguent par l’organisation de ces 6 Brodmann (1868-1918) couches permettent à K. Brodmann de spécifier 52 aires qui se distinguent anatomiquement et fonctionnellement. Langage écrit : l’approche des neurosciences cognitives L’exploration des relations cognition-cerveau du 19ème au 21ème siècle Neurologie clinique (Neuropsychologie) Psychologie cognitive Neuropsychologie cognitive Neurosciences cognitives Ces approches se distinguent 1) par leur ancienneté historique 2) par les problématiques qu’elles visent 3) par leurs méthodes d’investigation et d’analyse 4) par les populations qu’elles étudient Langage écrit : l’approche des neurosciences cognitives L’exploration des relations cognition-cerveau du 19ème au 21ème siècle Neurologie clinique (Neuropsychologie) ✓ Historiquement la plus ancienne approche scientifique des fonctions mentales. ✓ Elle se développe dans le 2ème moitié du 19ème siècle (par des médecins: Broca, Wernicke, Déjerine…). ✓ Elle se base sur l’étude des patients cérébrolésés pour tenter de localiser les zones cérébrales en charge des différentes fonctions mentales →Théories localisationnistes. Langage écrit : l’approche des neurosciences cognitives L’exploration des relations cognition-cerveau du 19ème au 21ème siècle Psychologie cognitive ✓ Elle se développe à partir des années 1950. Le 11/09/1956 un symposium d’envergure au MIT est souvent considéré comme l’évènement fondateur de la psychologie cognitive. (Matlin, 2001) ✓ Elle est issue, d’une part, d’une certaine déception des théories behavioristes en vogues depuis les années ‘20 et, d’autre part, l’émergence de l’approche du traitement de l’information par l’informatique et les sciences de la communication. Langage écrit : l’approche des neurosciences cognitives L’exploration des relations cognition-cerveau du 19ème au 21ème siècle Psychologie cognitive L’approche du traitement de l’information est fondée sur deux postulats essentiels qui guident d’approche cognitiviste : 1) L’hypothèse computationnelle : on peut appréhender un processus mental en le comparant aux activités de calcul d’un ordinateur, en l’envisageant comme une machine qui traite de l’information. 2) L’ hypothèse modulaire : un processus mental peut être interprété comme la progression d’informations à l’intérieur d’un système sous forme d’étapes, depuis les stimuli jusqu’à la réponse. Langage écrit : l’approche des neurosciences cognitives L’exploration des relations cognition-cerveau du 19ème au 21ème siècle Psychologie cognitive La cognition = la capacité d’acquérir, de stocker, de transformer l’information et d’utiliser des connaissances. Les sciences cognitives sont des sciences de la cognition : « il s’agit d’étudier les capacités et processus mentaux … qui, au moyen d’un traitement … de l’information, engendrent, transmettent, modifient, utilisent, conservent ou consistent en de la connaissance : sensori-motricité, perception, mémoire, compréhension et production langagière (et plus largement symbolique), représentation des connaissances, ou encore raisonnement. » (Steiner, 2005, p.14) Langage écrit : l’approche des neurosciences cognitives L’exploration des relations cognition-cerveau du 19ème au 21ème siècle Psychologie cognitive La pensée « consiste en un maniement de représentations internes du monde extérieur » (Hunt, 1989, cité par Matlin, 2001, p. 29) L’esprit humain est considéré comme un système de traitement de l’information et le cerveau humain comme un organe dont la fonction principale est de traiter de l’information. Nous faisons plus que de percevoir de l’information et y répondre par simple apprentissage associatif, nous traitons l’information. L’approche cognitive ne s’intéresse plus aux liens entre fonction et cerveau mais uniquement à l’exploration détaillée des fonctions. Langage écrit : l’approche des neurosciences cognitives L’exploration des relations cognition-cerveau du 19ème au 21ème siècle Psychologie cognitive Objectifs de la démarche cognitive : Identifier les différents modules de traitement. Déterminer leur fonctionnement interne. Déterminer la nature des représentations (informations) qu’ils manipulent. Comprendre les relations entre les modules de traitement. Parvenir à organiser les différents modules en une architecture cognitive cohérente que l’on appelle modèles cognitifs. Langage écrit : l’approche des neurosciences cognitives L’exploration des relations cognition-cerveau du 19ème au 21ème siècle Psychologie cognitive Elle utilise des méthodes expérimentales: Comparaison de groupes de participants sains Comparaison des performances dans différentes conditions (analyse des caractéristiques des erreurs et des temps de réaction) Langage écrit : l’approche des neurosciences cognitives L’exploration des relations cognition-cerveau du 19ème au 21ème siècle Psychologie cognitive Exemples d’expériences en psychologie cognitive Le développement de la théorie de l’esprit 1.1.3. La psychologie cognitive : démarche, postulats et apports Langage écrit : l’approche des neurosciences cognitives L’exploration des relations cognition-cerveau du 19ème au 21ème siècle Psychologie cognitive Exemples d’expériences en psychologie cognitive L’expérience de Asch : Le conformisme 1.1.3. La psychologie cognitive : démarche, postulats et apports Langage écrit : l’approche des neurosciences cognitives L’exploration des relations cognition-cerveau du 19ème au 21ème siècle Psychologie cognitive L’approche cognitive « classique » postule que les processus de traitement de l’information apparaissent dans un ordre sériel strict Un composant effectue le traitement qui lui incombe puis transmet le produit de ce traitement au module de traitement suivant. INPUT TRAITEMENT OUPUT Langage écrit : l’approche des neurosciences cognitives L’exploration des relations cognition-cerveau du 19ème au 21ème siècle Psychologie cognitive Modèle cognitif du traitement numérique de Modèle cognitif du traitement lexical McCloskey, Caramazza & Balisi (1985) de Hillis & Caramazza (1991) Langage écrit : l’approche des neurosciences cognitives L’exploration des relations cognition-cerveau du 19ème au 21ème siècle Psychologie cognitive L’approche cognitive récente est revenue sur ce postulat d’un traitement sériel strict. On admet aujourd’hui que les traitements peuvent se faire en interaction et/ou en parallèle. TRAITEMENT TRAITEMENT TRAITEMENT TRAITEMENT Langage écrit : l’approche des neurosciences cognitives L’exploration des relations cognition-cerveau du 19ème au 21ème siècle Psychologie cognitive Exemples de modèles cognitifs parallèle/interactif Modèle cognitif interactif de la lecture à deux Modèle cognitif du triple code, Dehaene (1992) voies en cascade (DRC), Colthaert et al. (2001) Langage écrit : l’approche des neurosciences cognitives L’exploration des relations cognition-cerveau du 19ème au 21ème siècle Psychologie cognitive Au sein de l’approche cognitive, émerge un nouveau courant émerge au milieu des années ‘80 : l’approche du Traitement Parallèle Réparti (TPR). Elle nait avec la publication d’un ouvrage intitulé Parallel Distributed Processing (PDP) par James McClelland et David Rumelhart en 1986. L’approche TPR = PDP = approche connexionniste Langage écrit : l’approche des neurosciences cognitives L’exploration des relations cognition-cerveau du 19ème au 21ème siècle Psychologie cognitive L’approche TPR est fondée sur l’idée que les processus cognitifs peuvent être appréhendés en termes de réseaux qui relient entre elles des unités de neurones artificiels. Elle est l’héritière des connaissances moderne de la structure cérébrale (organisation neurale) et du développement de l’intelligence artificielle. Langage écrit : l’approche des neurosciences cognitives L’exploration des relations cognition-cerveau du 19ème au 21ème siècle Psychologie cognitive Modèle cognitif connexionniste de reconnaissance des mots, McClelland & Rhumelhaert (1981) Langage écrit : l’approche des neurosciences cognitives L’exploration des relations cognition-cerveau du 19ème au 21ème siècle Psychologie cognitive Issu de Cardon, Cointet & Mazière (2018) Langage écrit : l’approche des neurosciences cognitives L’exploration des relations cognition-cerveau du 19ème au 21ème siècle Neuropsychologie cognitive ✓ Dans le courant des années ‘70, l’approche cognitive est intégrée à la démarche neuropsychologique. ✓ Les modèles de traitement de l’information ont été utilisés comme cadre théorique pour expliquer les troubles des patients cérébrolésés et ainsi identifier le ou les modules de traitement qui sont altérés. ✓ Ces données ont également permis de valider un certain nombre de modèles cognitifs. Langage écrit : l’approche des neurosciences cognitives L’exploration des relations cognition-cerveau du 19ème au 21ème siècle Neuropsychologie cognitive ✓ Postulat de base : Le fonctionnement d’un patient cérébrolésé résulte du fonctionnement cognitif normal amputé d’un ou plusieurs de ses composants. En analysant les troubles que présentent différents patients, on a pu formuler de nouvelles hypothèses sur le fonctionnement cognitif normal. Langage écrit : l’approche des neurosciences cognitives L’exploration des relations cognition-cerveau du 19ème au 21ème siècle Neurosciences cognitives ✓ Elles marquent le retour à la démarche anatomo-fonctionnelle à partir du début des années ‘80. ✓ Elles cherchent à déterminer en quoi la structure et le fonctionnement cérébral peuvent expliquer le fonctionnement cognitif en utilisant les techniques d’imagerie cérébrale avec des participants sains ou des patients cérébro-lésés. ✓ Elles ont pu émerger (1) parce que des technologies d’imagerie cérébrales sont disponibles (2) parce que les théories cognitives fournissent des modèles explicatifs sur lesquels s’appuyer. Les réseaux cérébraux Les neurones peuvent être considérés comme des unités biologiques de traitement de l’information. Biologie Les vastes réseaux de connections distribués qu’ils établissent entre eux forment des circuits complexes. De ces réseaux de neurones émergent une variété de fonctions cognitives élémentaires (motricité, perception, émotions) mais aussi élaborées Cognition (mémoire, langage, planification, attention, conscience…). Ces facultés cognitives donnent elles-mêmes la possibilité à l’être humain de produire un large ensemble de comportements non seulement élémentaires (attraper un ballon, percevoir de la lumière, avoir peur) mais aussi élaborés Comportements (se souvenir, comparer, raisonner, communiquer, prendre une décision, gérer les relations sociales, avoir conscience de penser…). Langage écrit : l’approche des neurosciences cognitives L’exploration des relations cognition-cerveau du 19ème au 21ème siècle Les réseaux cérébraux Le cortex est organisé en une série de régions (aires) bien définies Chacune de ces régions contient des circuits neuraux qui traitent des d’informations spécifiques. Aire motrice Aire auditive primaire primaire Ces circuits sont interconnectés pour former des réseaux cérébraux plus larges qui, ensemble, font émerger les fonctions cognitives. Langage écrit : l’approche des neurosciences cognitives L’exploration des relations cognition-cerveau du 19ème au 21ème siècle Neuropsychologie cognitive Psychologie cognitive Les neurosciences cognitives, Neuro- un champ multidisciplinaire Intelligence psychologie artificielle cognitive Neurosciences Aujourd’hui, étudier et cognitives comprendre les processus cognitifs à l’œuvre dans le langage écrit passe par cette approche. Imagerie Neurologie médicale

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