Introduction aux médias d’information : Concepts clés PDF

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Ce document propose une introduction aux médias d’information. Il explore différentes définitions, les types de médias (chauds et froids), et les théories comme celle du village global de McLuhan. L'objectif est de fournir une compréhension de base des médias et de leur influence.

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INTRODUCTION AUX MÉDIAS D’INFOR- MATION : CHAPITRE 1 : INTRODUCTION AUX MÉDIAS : DÉFINITIONS ET CONCEPTS CLÉS. DÉFINITION DES MÉDIAS : Les médias sont des moyens de diffusion massive de l'information et de la culture. Ils englo- bent l'ensemble des techniques et des supports de diffusion massive de...

INTRODUCTION AUX MÉDIAS D’INFOR- MATION : CHAPITRE 1 : INTRODUCTION AUX MÉDIAS : DÉFINITIONS ET CONCEPTS CLÉS. DÉFINITION DES MÉDIAS : Les médias sont des moyens de diffusion massive de l'information et de la culture. Ils englo- bent l'ensemble des techniques et des supports de diffusion massive de l'information. Remarque : le terme mass-média, qui n’est plus trop utilisé aujourd’hui, induit le côté « diffusion massive de l’information ». Media vient du terme Medius qui signifie qui est au milieu. LES PRINCIPAUX SUPPORTS DE DIFFUSION OU DE TRANSMISSION DE L'INFORMATION SONT : - Les messages écrits (presse, édition, affichage publicitaire). - La radio. - La télévision. - La projection cinématographique (film, documentaire, publicité). - Internet. LE TERME MÉDIA RECOUVRE : - Des techniques (radio, télévision, …). - Des personnes morales publiques ou privées, associations ou sociétés (RTL, RTBF, …). - Des domaines d’activités : le journalisme, la publicité, … - Des formes d’expression : le spot télé, le reportage, le jeu, … - Un podcast. - Une clé USB. - Le DVD. VOICI QUELQUES DÉFINITIONS DES MÉDIAS PROPOSÉES PAR DES AUTEURS IN- FLUENTS DANS LE DOMAINE DES ÉTUDES MÉDIATIQUES : NUMÉRO 1 : FRANCIS BALLE Francis Balle, philosophe et spécialiste des médias, définit les médias comme des “procédés techniques de reproduction, de conservation et de diffusion d’informations et de savoirs”. Pour lui, les médias ne se réduisent pas simplement aux canaux de communication comme la 1 presse, la télévision ou la radio, mais englobent également tout moyen technique permet- tant de transmettre un message à un public plus ou moins large. Francis Balle distingue trois grandes familles de médias : les médias autonomes, les médias de diffusion, et les médias de communication. VOICI COMMENT LES DIFFÉRENCIER : - Les médias autonomes : C’est un média qui permet à l’utilisateur de choisir librement quand et comment il accède au contenu. C’est donc l’utilisateur qui l’achète, c’est lui qui choisit à quel moment il se le pro- cure. Un média autonome est un support physique, comme un livre ou un journal. - Les médias de diffusion : On a une source unique qui diffuse vers un très large public. Il n’y a pas d’interaction avec le public et cette notion d’interaction est hyper importante car c’est devenu un besoin du public et ce besoin a fait que les médias ont évolué car au- jourd’hui, on peut interagir avec à peu près n’importe quel média. Via les Réseaux Sociaux notamment. Par exemple : la télévision, la radio, le cinéma,... Remarque : à l’heure actuelle, une chaîne de télévision aujourd’hui ne va plus s’appeler comme telle, elle va se nommer média car une chaîne de télévision écrit des articles sur le Web, propose des documentaires photographiques, … tout le monde fait un peu de tout. Donc, aujourd’hui, un média qui était cantonné dans une discipline est en train de se diversi- fier pour rencontrer plus largement son public. - Les médias de communication : Ce sont des médias qui permettent une interaction dans les deux sens, une interaction bidi- rectionnelle entre l’émetteur et le récepteur. Exemple : Internet, le téléphone, Messenger, … NUMÉRO 2 : MARSHALL MCLUHAN, PHILOSOPHE CANADIEN (1911-1980) McLuhan, célèbre pour sa phrase "le médium est le message", considère que les médias ne sont pas seulement des outils pour diffuser du contenu, mais qu'ils influencent la société par leur forme même. Pour lui, chaque technologie de communication (presse, radio, télévision, internet) modifie la perception et la structure de la société en fonction de ses caractéris- tiques intrinsèques. 2 Les médias sont, selon McLuhan, des prolongements des sens humains qui modifient notre environnement. DÉBAT : Il y a des organes de contrôle qui sont mis en place en France et en Belgique pour essayer de juguler les choses comme TPMP. Les médias peuvent influencer notre opinion de manière extrêmement négative, comme TPMP, où on fait passer les choses comme étant normales. Jamais un Journaliste ne donne son avis, surtout en service public. Donner son avis, c’est ce qu’on appelle un « édito ». LES MÉDIAS CHAUDS : UNE IMMERSION SENSORIELLE INTENS E. Selon McLuhan, les médias chauds sont ceux qui engagent intensément un seul sens, four- nissant une grande quantité d'informations détaillées. Ils laissent peu de place à l'interpréta- tion ou à la participation active du récepteur. Ces médias "remplissent" les sens avec des données, créant une expérience immersive et absorbante. Par exemple, le cinéma, avec ses images en mouvement et son enveloppant, est considéré comme un média chaud. De même, la radio, qui sollicite uniquement l'ouïe mais de manière intense, entre dans cette catégorie. Les médias chauds tendent à encourager une réception plus passive de l'information, lais- sant moins d'espace à l'imagination du public. D’autres exemples de médias chauds selon la théorie de McLuhan : - La photographie : elle fournit une grande quantité de détails visuels en une seule image. - Les livres imprimés : ils offrent une grande quantité d'informations textuelles détail- lées. - Les conférences traditionnelles : elles présentent une grande quantité d'informations de manière unidirectionnelle. - La musique classique : elle offre une expérience auditive riche et détaillée. Ces médias chauds, comme expliqué dans le texte, tendent à encourager une réception plus passive de l'information et laissent moins de place à l'imagination ou à l'interprétation active du public. On pourrait dire qu’un média de diffusion est un média chaud. 3 LES MÉDIAS FROIDS : UNE INVITATION À LA PARTICIPATION ACTIVE. Contrairement aux médias chauds, McLuhan définit les médias froids comme ceux qui four- nissent moins d'informations détaillées et nécessitent une participation plus active du récep- teur pour compléter le message. Ces médias stimulent l'imagination et l'engagement de l'au- dience, laissant plus de place à l'interprétation individuelle. Par exemple, la bande dessinée, qui demande au lecteur de combler les espaces entre les cases, ou la télévision à basse définition, qui oblige le spectateur à "remplir" mentalement les détails manquants, sont considérées comme des médias froids. Autres exemples de médias froids selon la théorie de McLuhan : - Le téléphone : il nécessite une participation active de l'utilisateur pour compléter la conversation. - Les livres : ils demandent au lecteur d'imaginer les scènes et les personnages, stimu- lant ainsi son imagination. - La presse écrite. - Les séminaires ou conférences interactives : ils encouragent la participation et l'enga- gement du public. - Les jeux de société : ils requièrent une implication active des joueurs pour créer l'ex- périence de jeu. - L'art abstrait : il laisse beaucoup de place à l'interprétation personnelle du specta- teur. - Les réseaux sociaux : ils invitent les utilisateurs à interagir, commenter et créer du contenu. Ces médias froids, selon la théorie de McLuhan, encouragent une participation plus active et une interprétation plus personnelle de la part du récepteur, contrairement aux médias chauds qui fournissent une expérience plus immersive et détaillée. LE CONCEPT DE VILLAGE GLOBAL. McLuhan a introduit le concept de "village global" pour décrire comment les technologies de communication modernes, en particulier les médias électroniques, ont transformé le monde en une communauté interconnectée. Selon lui, ces technologies ont réduit les distances et les barrières géographiques, permettant une communication instantanée à l'échelle mon- diale. Cette idée suggère que les individus du monde entier sont désormais reliés par un réseau d'information qui leur permet de partager des expériences et des connaissances en temps 4 réel, comme s'ils vivaient dans un même village. McLuhan a anticipé l'émergence d'Internet et des réseaux sociaux, qui ont encore renforcé cette interconnexion globale. Le concept de village global souligne également les implications culturelles et sociales de cette interconnexion, comme l'homogénéisation culturelle, la diffusion rapide des idées et des tendances, et la nécessité d'une conscience globale face aux défis mondiaux. Avec les Réseaux Sociaux, on est plus que jamais tous connectés les uns par rapport aux autres. Donc, la théorie est encore plus pertinente aujourd’hui. Documentation. Voici des exemples supplémentaires de médias chauds et froids, y compris des exemples plus actuels, pour illustrer la façon dont cette distinction de McLuhan peut s'appliquer au- jourd'hui. LES MÉDIAS CHAUDS. Les médias chauds fournissent des informations denses, avec une haute résolution ou un haut niveau de détail, nécessitant peu d'effort de la part de l’audience pour comprendre le message. - Radio FM : même aujourd'hui, la radio continue d’être un média chaud en offrant un flux de contenu clairement structuré, que ce soit pour la musique ou l’information, sans nécessiter d'interprétation visuelle. - Cinéma et séries de streaming en haute définition : sur des plateformes comme Netflix ou Disney+, le contenu visuel et sonore est de haute qualité et présente des récits détaillés, limitant le besoin d’imagination du spectateur. - Podcasts narratifs bien produits : les podcasts où l'histoire est bien racontée avec une production sonore de haute qualité et un scénario structuré sont aussi des médias chauds, car ils fournissent une expérience immersive qui guide l’audience. - Jeux vidéo avec graphismes réalistes : des jeux comme "The Last of Us Part II" ou "Red Dead Redemption 2" offrent des graphismes et des scénarios détaillés, ce qui réduit le besoin d’imaginer des éléments de l’histoire. LES MEDIAS FROIDS. Les médias froids demandent davantage d'implication et d’interprétation, car ils présentent des informations moins denses ou demandent au public de combler des lacunes. - Télévision en direct sur les réseaux sociaux : les lives sur Instagram, TikTok ou Twitch, qui peuvent être moins scriptés, dépendent en grande partie de l’interaction avec les spectateurs, lesquels participent en commentant et posant des questions. 5 - Groupes de discussion en ligne (comme les forums Reddit) : les utilisateurs interprè- tent et ajoutent leurs propres points de vue, idées, et commentaires, ce qui nécessite un effort d'interaction et de contextualisation. - Réseaux sociaux comme Twitter ou X : les messages sont souvent limités en carac- tères et en contexte, ce qui demande aux utilisateurs de lire entre les lignes et d’in- terpréter en fonction de leurs propres perspectives. - Jeux vidéo de type sandbox (comme "Minecraft" ou "Roblox") : ces jeux fournissent des environnements ouverts où les joueurs construisent leur propre expérience et interprètent le monde du jeu à leur manière. SYNTHÈSE : En général, les médias chauds modernes offrent des expériences immersives et finement produites qui minimisent la participation active, tandis que les médias froids modernes en- couragent l’interaction, l’interprétation personnelle et la création de contenu. Ces exemples montrent que la distinction de McLuhan reste pertinente pour comprendre la fa- çon dont les gens interagissent avec les médias actuels. La télévision est considérée comme un média froid pour plusieurs raisons, notamment son niveau de définition et le type d’interaction qu’elle favorise chez l’audience : 1) Définition moins nette (surtout à l'époque de McLuhan) : bien que la télévision mo- derne ait une haute résolution, McLuhan a analysé la télévision dans un contexte où elle avait une résolution plus faible et une qualité d’image modeste, obligeant le pu- blic à faire un effort d'interprétation. 2) Participation de l'audience : la télévision demande une forme de participation men- tale. Les contenus télévisés, souvent sous forme de feuilletons, de talk-shows ou d’actualités, ne racontent pas tout dans les moindres détails. Le public doit interpré- ter les expressions, les sous-entendus et les nuances culturelles. 3) Fragmentation des contenus : le format de la télévision, avec des interruptions fré- quentes pour la publicité et des changements rapides de programme ou de sujet, empêche souvent une immersion complète, obligeant les téléspectateurs à reconsti- tuer mentalement un message cohérent à partir de fragments. 4) Dépendance au contexte social et culturel : la télévision véhicule des messages qui s’appuient souvent sur des références culturelles, des événements d'actualité, ou des éléments de langage partagés. Les téléspectateurs doivent interpréter en fonction de leur propre expérience, leur compréhension du contexte, ou encore de leurs croyances. 6 En somme, la télévision est un média froid car elle ne donne pas tout le contexte ni tous les détails de manière explicite. Elle requiert ainsi que les téléspectateurs soient des participants actifs pour interpréter et compléter le message. La radio est classée comme un média chaud parce qu’elle présente des différences subtiles mais significatives par rapport à la télévision en termes de niveau de détails et de manière de transmettre l’information, même si les deux sont des médias de diffusion. Voici pourquoi McLuhan considère la radio comme un média chaud : 1) Un flux d'information continu et dense : la radio fournit généralement un flux de con- tenu dense (musique, nouvelles, interviews) sans l'interruption visuelle et publicitaire constante de la télévision. Les programmes radio sont souvent concentrés sur une seule voix ou une seule source d’information, ce qui rend le message plus direct et moins ambigu. 2) Clarté du message auditif : dans la radio, l’attention se concentre uniquement sur l’audio, sans besoin de traitement visuel. Les auditeurs peuvent écouter des informa- tions ou de la musique sans effort de déchiffrage. Le son est souvent de haute qualité et ne nécessite pas d’interprétation visuelle, rendant le message plus explicite et compréhensible. 3) Impact émotionnel et immersif : McLuhan observe que la radio a un impact intense et immersif. Elle transmet souvent de la musique et des voix qui touchent directe- ment les émotions des auditeurs, créant une expérience plus immédiate et complète. 4) Moins de contexte nécessaire : la radio présente des messages relativement simples, sans requérir que l'auditeur interprète des gestes ou des éléments visuels. L’informa- tion est directe, et la portée du message est souvent claire. Par exemple, les bulletins d’information radiophoniques sont condensés, et les animateurs fournissent un con- texte. Ainsi, la radio est considérée comme un média chaud car elle transmet des messages directs et immersifs, en continu et sans distraction visuelle. Tandis que la télévision, en tant que mé- dia froid, sollicite davantage l'interprétation, notamment en raison de sa composante vi- suelle, qui demande un traitement plus complexe. NUMÉRO 3 : QUELQUES PISTES DE RÉFLEXION SUR L’ÉVOLUTION DES MÉDIAS Jean-Marie Charon Jean-Marie Charon, sociologue français des médias, définit les médias comme des organisa- tions qui assurent la collecte, le traitement, et la diffusion de l'information dans une pers- 7 pective de production et de consommation de masse. Il met l'accent sur la dimension indus- trielle des médias et leur dépendance aux modèles économiques et aux innovations techno- logiques. Il amène cette notion d’économie des médias. On voit comment des gens différents, d’époques différentes ont amené des éclairages par- ticuliers sur leur définition des médias. Vidéo YouTube : Lien : https://www.youtube.com/watch?v=x7xdPi1h-i0 Commentaire : Il dit que la presse est en profonde mutation. Mais il dit, aujourd’hui voilà comment on con- somme de l’information : « où je veux, quand je veux » (fait référence à la définition de mé- dias autonomes). En quoi cette manière de consommer a impacté les médias aujourd’hui ? Le fait de consommer sur notre téléphone, c’est nous qui choisissons à quel moment on con- somme l’information. C’est où je veux, quand je veux mais ce que je veux. On va chercher des informations sur des moteurs de recherche, par exemple, sur les fils des médias tradi- tionnels (exemple : Facebook), on va sur ChatGPT, TikTok, … Ces moteurs de recherches sont-ils fiables ? Eux oui, mais les réponses qu’il nous donne ne le sont pas forcément car ils ne sont pas forcément neutres, on ne sait pas qui il y a derrière et les informations ne sont parfois pas toutes regroupées et erronées  ce sont les Fake News. Donc, aujourd’hui, les gens et les jeunes de surcroit, on veut consommer où on veut, quand on veut mais ce qu’on veut, qu’est-ce que ça veut dire ? Lorsqu’on allume la télévision et qu’on regarde le JT, on voit des informations qui ont été choisies par la rédaction, par le journaliste, la chaîne, c’est eux qui ont dit « voilà ce qu’on vous montre aujourd’hui ». Et parfois ça commence par de l’international et ça finit par du local mais ça peut être l’inverse aussi (exemple : TF1, le journal de 13h). Il a dit « aujourd’hui, tout le monde est producteur de contenu ». De plus en plus, des pro- ducteurs de contenu non-journalistes commencent à fournir des contenus de qualité mais qui ne sont pas contrôlées par des instances supérieures. Ce qui va les différencier des jour- nalistes c’est la carte de presse. Cependant, tous ces producteurs de contenu qui ne sont pas journalistes, qui donnent des informations pas toujours regroupées avec parfois des avis personnels, sont parfois perti- nents mais qu’est-ce qu’ils n’ont pas au-dessus d’eux qui leur permet d’être peut-être libres et plus objectifs que pourrait être une journaliste ? Ils n’ont pas des patrons qui leur disent « nous on maitrise tout, tu dis ça et ça ». Ils ne font pas partie de groupes de presse qui 8 pourraient leur imposer des manières de dire les choses donc c’est à double tranchant. Ils n’ont pas de pression financière. Il a parlé de la gratuité. Aujourd’hui, on ne paye pas pour accéder aux informations mais tout travail mérite salaire. On est tellement habitué à consommer l’information de manière gra- tuite car elle arrive à nous, que le modèle économique de la presse a changé. Si elle est gra- tuite, on engage moins de journalistes car on ne sait pas les payer, si on engage moins de journalistes, il y a moins de journalisme de qualité, moins d’investigation, moins de gens qui vont chercher des dossiers intéressants ; soulever des lièvres. Tout cela veut dire que le pou- voir, l’Etat, peut faire tout et n’importe quoi. C’est pour cette raison que des médias indé- pendants ont vu le jour, des médias payants comme « Médor ». Il parle des infomédiaires qui sont des intermédiaires entre les producteurs de contenu et les consommateurs sur le Web ; moteurs de recherche, nouveaux médias, … Quel est le problème avec les infomédiaires ? Maintenant, lorsqu’on a besoin d’une information, on va directement sur Google ou sur les Réseaux, on n’attend pas forcément le journal parlé. Donc, cela veut dire qu’à partir du mo- ment où on fait ça, on va chercher des informations gratuites, on ne paye pas et ça a un im- pact considérable sur l’économie des médias. Cela rejoint l’explication ci-dessus. Donc, il y a de moins en moins de journalistes vérifiés car il y a une fragmentation de l’au- dience donc les annonceurs vont proposer leurs publicités sur les Réseaux Sociaux ou ailleurs et beaucoup moins dans les médias traditionnels donc il y a aussi une perte des revenus donc moins de journalistes et donc moins d’informations vérifiées. Évolution des habitudes de consommation et une concurrence accrue ; de plus en plus de producteurs de contenu c’est de plus en plus de concurrence pour les médias traditionnels. Comment les médias traditionnels vont faire en sorte de résister face à cette multiplicité de producteurs de contenu ? Ils vont adopter des nouveaux formats et diversifier leurs informations. Ils vont se mettre sur Instagram, créer des pages Facebook, faire des Podcasts, …  diversification des plate- formes. Ils doivent prouver que le journalisme est un format de qualité : venez chez nous car chez nous vous avez une information de qualité. Donc, les médias traditionnels vont davantage proposer des formats d’investigation, se spécialiser dans certains domaines pour ne pas être généraliste comme tout le monde. Et donc on voit l’émergence de nouveaux médias dont le seul but est d’investiguer et propo- ser des contenus de qualité. Ils fonctionnent sous forme d’abonnement ou de coopérateur, on paye un abonnement et on est sûr d’avoir des informations privées et vérifiées. 9 En conclusion : diversification des plateformes, adoption de nouveaux formats, des modèles économiques qui changent avec moins de publicités mais plus de contribu- tion de la part de celui qui prend un abonnement et la mise en avant d’un journa- lisme de qualité. Aujourd’hui on décide ce que l’on consomme. On cherche uniquement ce qui nous intéresse et les médias doivent composer avec ça. Quel est le danger ? Je suis coupée du Monde. Quel est le danger quand un seul homme maitrise, comme Bolloré, à ce point les médias ? Il fait ce qu’il veut, manipule et contrôle. On verra que très vite, lorsque les médias se sont développés, des gens se sont rendus compte que c’est intéressant. Car si on contrôle, on contrôle la tête des gens. Documentation. Qu'est-ce que les infomédiaires ? Ce terme, fusion des mots "information" et "intermédiaires", désigne les acteurs qui se posi- tionnent entre les producteurs de contenu et les consommateurs d'information dans l'éco- système numérique. Les infomédiaires jouent un rôle crucial dans la collecte, l'agrégation, la filtration et la distribution de l'information à l'ère du digital. Ils peuvent prendre diverses formes, telles que les moteurs de recherche, les agrégateurs de nouvelles, les plateformes de réseaux sociaux, ou encore les applications d'actualités personnalisées. Leur émergence a considérablement modifié la façon dont l'information circule et est consommée, soulevant des questions importantes sur leur influence sur l'accès à l'information, la visibilité des con- tenus, et les modèles économiques des médias traditionnels. En quoi les nouvelles technologies bouleversent l'écosystème économique des médias tradi- tionnels ? L'avènement du numérique a profondément transformé le paysage médiatique, remettant en question les modèles économiques établis des médias traditionnels. Cette révolution technologique a engendré de multiples défis et opportunités : - Fragmentation de l'audience : la multiplication des plateformes et des contenus a dis- persé l'attention du public, réduisant les revenus publicitaires des médias tradition- nels. - Concurrence accrue : l'émergence de nouveaux acteurs numériques (réseaux sociaux, agrégateurs de contenus) a intensifié la compétition pour les parts de marché et les revenus publicitaires. - Évolution des habitudes de consommation : le passage à une consommation d'infor- mation en ligne, souvent gratuite, a impacté les ventes et abonnements des médias imprimés. 10 - Nécessité d'adaptation : les médias traditionnels doivent investir dans de nouvelles compétences et technologies pour rester pertinents dans l'ère numérique. Ces changements obligent les médias traditionnels à repenser leurs stratégies de monétisa- tion, d'engagement du public et de production de contenu pour assurer leur pérennité dans un environnement médiatique en constante évolution. Et justement, quelles sont ces stratégies d'adaptation des médias traditionnels face à l'ère numérique ? Les médias traditionnels ont dû développer plusieurs approches pour rester compétitifs et pertinents dans le paysage médiatique actuel. Parmi ces stratégies, on peut citer : - La diversification des plateformes : création de versions numériques de leurs conte- nus, développement d'applications mobiles et présence sur les réseaux sociaux. - L'adoption de nouveaux formats : production de podcasts, vidéos courtes, et conte- nus interactifs pour s'adapter aux préférences de consommation actuelles. - La personnalisation du contenu : utilisation de l'intelligence artificielle et des données utilisateurs pour offrir des expériences de lecture sur mesure. - Le développement de modèles économiques hybrides : combinaison de revenus pu- blicitaires, d'abonnements numériques et de contenus premiums payants. - L'accent sur le journalisme de qualité : mise en avant de l'expertise et de l'analyse ap- profondie pour se démarquer du flux constant d'informations en ligne. Quel est l'impact de la baisse des rentrées publicitaires sur le journalisme et la qualité de l'information ? La diminution des revenus publicitaires a considérablement affecté l'industrie des médias, entraînant des conséquences significatives sur la pratique du journalisme et la qualité de l'information diffusée. Cette situation a engendré plusieurs effets notables : - Réduction des effectifs dans les salles de rédaction, limitant la capacité à couvrir en profondeur certains sujets. - Pression accrue pour produire du contenu rapidement et à moindre coût, parfois au détriment de la qualité et de la vérification des faits. - Augmentation du contenu sponsorisé et du native advertising, brouillant parfois la frontière entre information et publicité. - Concentration sur les sujets "accrocheurs" pour attirer les clics, au détriment de su- jets importants mais moins populaires. Ces changements soulèvent des questions cruciales sur l'avenir du journalisme de qualité et son rôle dans une société démocratique. Et face à ce constat, que faire pour garder une presse de qualité ? 11 Voici quelques exemples concrets de ce nouveau journalisme qui cherche à maintenir la qua- lité tout en s'adaptant aux défis actuels : - Le journalisme de données : des médias comme Le Monde ou The New York Times utilisent la visualisation de données pour rendre des sujets complexes plus acces- sibles et engageants. - Le journalisme collaboratif : le Consortium International des Journalistes d'Investiga- tion (ICIJ) a mené des enquêtes transfrontalières comme les Panama Papers, impli- quant des centaines de journalistes dans le monde. - Le journalisme explicatif : des sites comme [Vox.com] (http://Vox.com) se spéciali- sent dans l'explication approfondie de sujets d'actualité complexes. - Le journalisme participatif : des plateformes comme Hearken permettent aux lec- teurs de suggérer et de voter pour des sujets à couvrir. - Le journalisme de solutions : des médias comme The Guardian ou Solutions Journa- lism Network se concentrent sur la couverture de solutions innovantes aux pro- blèmes sociaux. - Le journalisme immersif : The New York Times et d'autres utilisent la réalité virtuelle pour créer des expériences immersives autour de reportages. Ces approches innovantes visent à maintenir un journalisme de qualité tout en s'adaptant aux nouvelles technologies et aux changements dans les habitudes de consommation de l'information. Et l'exemple de Mediapart en France ou de Médor en Belgique ? Ces deux médias illustrent parfaitement les nouvelles approches du journalisme à l'ère nu- mérique : Mediapart, fondé en 2008 en France, est un journal d'information numérique indépendant. Il se distingue par : - Son modèle économique basé uniquement sur les abonnements, sans publicité. - Son journalisme d'investigation qui a révélé plusieurs scandales politico-financiers. - Sa plateforme participative "Le Club" où les abonnés peuvent publier des articles. Médor, lancé en 2015 en Belgique, est un magazine trimestriel d'enquêtes et de récits. Ses particularités sont : - Son financement participatif initial et son modèle coopératif. - Son approche du "slow journalism", privilégiant des enquêtes approfondies. - Sa version numérique interactive complémentant l'édition papier. Ces deux médias démontrent qu'il est possible de maintenir un journalisme de qualité tout en innovant dans les modèles économiques et les formats de diffusion à l'ère numérique. 12 Peux-tu détailler les deux modèles économiques de ces deux médias ? Mediapart et Médor ont développé des approches innovantes pour financer leur journa- lisme de qualité : MEDIAPART : - Modèle par abonnement : pas de publicité, les revenus proviennent uniquement des abonnements des lecteurs. - Indépendance éditoriale : cette approche permet une liberté totale vis-à-vis des an- nonceurs et des pressions extérieures. - Offre freemium : certains articles sont gratuits pour attirer de nouveaux lecteurs, mais l'accès complet nécessite un abonnement. - Participation des abonnés : la plateforme "Le Club" encourage l'engagement et la fi- délisation des lecteurs. MÉDOR : - Modèle coopératif : les lecteurs peuvent devenir coopérateurs et participer aux déci- sions éditoriales. - Financement participatif : le lancement a été financé par une campagne de crow- dfunding. - Abonnements et ventes au numéro : combinaison de revenus réguliers (abonne- ments) et ponctuels (ventes individuelles). - Édition hybride : version papier premium et contenu numérique interactif pour diver- sifier les sources de revenus. Ces modèles économiques innovants visent à garantir l'indépendance journalistique tout en assurant la viabilité financière dans l'ère numérique. Pierre Bourdieu Pierre Bourdieu (1930-2002) était un sociologue, anthropologue et philosophe français de renommée mondiale. Il est considéré comme l'un des intellectuels les plus influents du XXe siècle, notamment pour ses travaux sur la reproduction sociale, les champs sociaux et le con- cept de capital culturel. Bourdieu a apporté des contributions majeures à l'étude des médias, en analysant leur rôle dans la reproduction des inégalités sociales et la formation de l'opi- nion publique. Vidéo YouTube : Lien : https://www.youtube.com/watch?v=Frkn1nTpcSI&t=2s Commentaire : On peut dire qu’il a « fait école ». 13 Pourquoi s’intéresse-t-il à la télévision ? Car les médias c’est ce qu’il y a entre nous et les choses, entre nous et le monde social. La télévision fait un travail de médiation entre nous et le réel donc ce n’est pas anodin, c’est un objet important. Est-ce que la télévision a toujours cette place centrale dans le monde social ? Elle a beaucoup changé depuis les années 90 mais on la regarde toujours. Le monde d’Inter- net et de la TV communiquent énormément. Par exemple : sur Twitter on regarde des ex- traits de la TV, sur Twitch on diffuse des réacts donc ils se montrent en train de regarder la TV. On arrête à 15 minutes et 30 secondes sur la vidéo. La télévision abrutit car il y a une pression de l’audimat. L’audimat veut du sensationnalisme. Donc, la télévision va privilégier des contenus qui attirent de plus en plus des spectateurs. Ce ne sont pas forcément des contenus de qualité. Exemple : Hanouna ; quand j’invite telle per- sonne, ça fait un audimat. Ce que Bourdieu a prédit : la télévision permet une information de masse mais malheureuse- ment la pression de l’audimat fait qu’on recherche du sensationnalisme donc on va créer des émissions qui répondent à ce besoin. Des images fortes, des phrases chocs, des gens qui sont problématiques qu’on invite sur le plateau et véhiculent des idées nauséabondes. Aujourd’hui, on se réveille avec un Président des Etats-Unis qui est une ordure, un mec de télé-réalité qui est un gars qui dit que les femmes doivent rester à la cuisine, les étrangers doivent rester dehors, … Les journalistes adorent donner la parole à Trump car soit on regarde pour se moquer de lui soit on regarde car on l’adore et c’est un personnage qui est tellement grossier que c’est trop bien de le regarder ; on regarde une émission de divertissement quand Trump passe à la télévision. En France, Zemmour arrive à faire de la propagande raciste et ce n’est pas le seul. En Belgique, les médias traditionnels, en Wallonie, ont décidé de ne pas donner la parole à l’extrême droite. Ils sortent de ce jeu-là, de l’audimat, même si ça joue un peu mais ils ten- tent d’amener des contenus différents et surtout ils ne donnent pas la parole à des gens qui n’ont rien à dire ou pire qui véhiculent des idées néfastes. Pourquoi en Flandre, l’extrême droite prend de la place ? Car le cordon sanitaire n’existe pas donc les médias flamands invitent en plateau des per- sonnes de l’extrême droite. 14 Bourdieu dit que forcément, ces gens-là qui sont des grandes figures on les invite car ça fait de l’audimat. Médiation avec le public, essayer de faire comprendre les choses, impliquer le public, … le service public fait ça et c’est le rôle de la télévision. On fait des débats pour parler d’une représentativité des gens mais on ne va jamais au fond des choses parce qu’il faut aller vite et les journalistes participent à ça. Avec 6 personnes au- tour d’une table, 26 minutes d’émission est trop court. C’est difficile de renverser l’ordre établit, d’aller poser des questions qui vont peut-être donner la vérité sur les choses et sur- tout ce n’est pas vendeur. On veut entendre des choses qui vont vite, des messages courts et des choses faciles à comprendre. Les intellectuels sur le plateau ne sont pas fortement ap- préciés ou alors ceux qu’on invite doivent répondre à la demande de la télévision donc faire des phrases courtes, chocs. C’est ce qu’il appelle des bavards de plateau ; les fast thinkers. Documentation. Dans cet ouvrage, Bourdieu analyse comment la télévision peut orienter l'opinion publique et manipuler la réalité en raison de son pouvoir de diffusion de masse. Il s'inquiète de la ma- nière dont les contraintes commerciales et les pressions de l’audimat influencent les choix éditoriaux, réduisant la diversité et la qualité de l'information. Il décrit également comment la télévision peut imposer une "censure invisible", en exerçant un contrôle subtil sur les dis- cours et en déformant la vérité pour plaire à un public large. Pierre Bourdieu est très critique envers la télévision, qu'il considère comme un média ayant des effets négatifs sur la société et sur la production intellectuelle. Dans "Sur la télévision", il explique que la télévision, bien qu’elle semble démocratiser l’accès à l’information, a en réa- lité plusieurs effets pervers. Voici les principaux points de critique de Bourdieu envers la télévision : 1) Pression de l'audimat (= qui nous regarde) et recherche du sensationnalisme : selon Bourdieu, la télévision est avant tout motivée par les exigences de l'audimat, ce qui l'incite à privilégier des contenus qui attirent le plus de spectateurs, souvent aux dé- pens de la qualité et de la rigueur. Cela pousse les journalistes à favoriser le sensa- tionnel, le superficiel et les images fortes, plutôt que des analyses approfondies et nuancées. Exemple : TPMP. 2) Simplification de l'information : pour capter un large public, la télévision simplifie les sujets et les débats, réduisant des questions complexes en messages courts et faciles à comprendre. Cette simplification aboutit à une déformation de la réalité, car elle exclut les aspects nuancés et parfois difficiles à comprendre, mais essentiels à une véritable compréhension. 15 3) Censure invisible : Bourdieu dénonce une "censure invisible" qui opère au sein de la télévision. Les journalistes et les producteurs, soumis à des pressions internes (cen- sure économique, besoins d'audience) et externes (influence politique et commer- ciale), ne peuvent pas diffuser toutes les informations. Cette censure est "invisible" parce qu'elle n'est pas imposée explicitement, mais exercée par les contraintes du système. On ne va pas parler de ça parce que ce n’est pas vendeur, parce que cela peut cho- quer le public et les investisseurs, les financiers. On ne veut pas choquer les gens au- dessus. On n’ose pas tout dire donc c’est difficile de trouver aujourd’hui des émis- sions où les journalistes critiquent le système. D’où l’importance de consommer notre information à des endroits où les journalistes sont et resteront le 4 ème pouvoir ; pouvoir soulever des lièvres donc mettre au jour des affaires, aller gratter, aller voir si les choses se font correctement ou non. Donc, une presse indépendante et de qualité c’est aussi un garde-fou contre des dictatures, contre des pensées uniques. 4) Effet de conformisme et pensée unique : la télévision impose une certaine vision du monde et de la société, car elle diffuse des représentations et des valeurs qui finis- sent par devenir "la norme". Cela conduit à un phénomène de conformisme où le pluralisme des idées se réduit, et où l’opinion publique est influencée dans une direc- tion unique. 5) Influence sur les intellectuels : Bourdieu critique également le rôle de la télévision dans le monde intellectuel. Il estime que les intellectuels qui passent à la télévision adaptent leur discours pour le rendre accessible et séduisant pour un public large, ce qui entraîne une perte de profondeur et une banalisation des idées. En somme, Bourdieu voit la télévision comme un média qui favorise la distraction, le sensa- tionnalisme et la simplification, ce qui limite la capacité des citoyens à comprendre les réali- tés sociales complexes et nuit à l’autonomie de la pensée critique. Oui, Pierre Bourdieu parle largement du champ du journalisme et analyse comment il fonc- tionne, notamment dans "Sur la télévision" et "Les Règles de l’art". Pour lui, le journalisme est un "champ" au même titre que l'art, la science ou la politique, c’est-à-dire un espace so- cial autonome où les acteurs se battent pour des ressources spécifiques, ici l’attention du public, la crédibilité, et la reconnaissance professionnelle. Il étudie comment les logiques du champ journalistique influencent le contenu des informations et la manière dont elles sont diffusées. Voici les éléments clés de la vision de Bourdieu sur le champ du journalisme : 1) Pression de l'audimat et logique commerciale : Bourdieu critique l'impact des impéra- tifs économiques et de l'audimat sur le champ journalistique. Dans la course à l’au- dience, les médias privilégient souvent des sujets sensationnels et des traitements 16 simplifiés, au détriment de la rigueur et de la profondeur. Cela crée une dépendance vis-à-vis des goûts supposés du public, réduisant la diversité des sujets et des points de vue. 2) Concurrence interne et uniformisation des contenus : Bourdieu souligne que les jour- nalistes sont en concurrence les uns avec les autres pour capter l’attention du public. Cette concurrence crée une pression de conformité, car les journalistes sont poussés à adopter les mêmes angles ou sujets pour ne pas prendre de risque ou déplaire. Ce phénomène est amplifié par la rapidité du cycle de l’information, qui favorise la re- production d’informations similaires, créant un effet de "pensée unique". 3) Lutte pour l’autonomie et dépendance aux sources externes : Dans le champ journa- listique, l'autonomie est limitée par les contraintes imposées par des acteurs ex- ternes, comme les annonceurs, les pouvoirs politiques, et même les sources d'infor- mation (officielles ou expertes). Parfois, les journalistes dépendent des mêmes sources pour leurs informations, ce qui peut entraîner une dépendance qui nuit à l'indépendance et à la diversité des perspectives. 4) Influence des autres champs sociaux (politique, économique) : Le champ journalis- tique est fortement influencé par les logiques et les contraintes des autres champs sociaux, notamment les champs politique et économique. Par exemple, les journa- listes peuvent être influencés par des intérêts commerciaux (pression des annon- ceurs) ou politiques (ligne éditoriale) qui orientent leur choix de couverture. 5) Impact sur la construction de la réalité sociale : selon Bourdieu, le champ du journa- lisme contribue à construire la "réalité" sociale, car il décide ce qui est ou n’est pas d’intérêt public. En fonction de la couverture médiatique, certains sujets deviennent importants, tandis que d'autres sont ignorés. Cela influence la perception du public et peut renforcer des représentations particulières, parfois stéréotypées, de la so- ciété et de ses problèmes. 6) Standardisation des formes et des discours : Bourdieu observe que les exigences du champ journalistique mènent souvent à une standardisation des formes de discours. Les journalistes adoptent des formats et des langages uniformes qui se prêtent à des traitements rapides et accrocheurs, souvent aux dépens de la nuance et de l'analyse. Cela tend à orienter le discours public vers des formats plus simplifiés et émotion- nels, et peut affaiblir la capacité du public à comprendre les enjeux complexes. En conclusion, pour Bourdieu, le champ du journalisme est un espace de lutte et de concur- rence où les impératifs économiques, politiques et les dynamiques internes influencent for- tement le contenu des informations. Ces logiques tendent à nuire à l’indépendance et à la 17 qualité de l’information, et donc à la capacité de la société à comprendre et débattre des en- jeux sociaux et politiques de manière informée. Les médias, selon Pierre Bourdieu et d'autres sociologues, jouent un rôle important dans la reproduction de l'ordre social, c’est-à-dire qu’ils contribuent à maintenir et perpétuer les structures de pouvoir et les inégalités existantes. Cela se produit principalement à travers la diffusion de normes, de valeurs et de représentations qui légitiment et renforcent la position des groupes dominants tout en limitant les possibilités de mobilité sociale pour les autres. Voici les principaux mécanismes par lesquels les médias contribuent à la reproduction de l'ordre social : 1) Diffusion des valeurs et normes dominantes : les médias diffusent souvent des repré- sentations culturelles, des valeurs et des normes qui reflètent celles des classes so- ciales dominantes. En montrant certains styles de vie, opinions et comportements comme "normaux" ou "désirables", les médias renforcent les valeurs de ces groupes et légitiment leur position sociale. Cela incite les individus de classes inférieures à adopter ces valeurs ou à intérioriser leur propre position sociale comme étant "natu- relle". 2) Invisibilisation ou stéréotypisation des classes populaires : les médias tendent sou- vent à ignorer ou à représenter de manière stéréotypée les classes populaires. Cela peut se traduire par des représentations qui manquent de diversité ou qui accen- tuent certains traits (par exemple, l’idée que les classes populaires sont moins édu- quées ou moins compétentes). Ce phénomène limite la reconnaissance des réalités et des aspirations des classes populaires, contribuant ainsi à maintenir leur position subordonnée. 3) Renforcement du capital culturel et symbolique des élites : les médias valorisent sou- vent les productions culturelles, les pratiques, et les idées des classes dominantes, ce qui renforce leur "capital culturel". Par exemple, certains types de culture, comme la littérature, l’art classique ou la haute cuisine, sont valorisés dans les médias, tandis que d’autres pratiques culturelles sont marginalisées. Cette hiérarchisation des goûts et des pratiques culturelles renforce le prestige des élites et consolide leur position sociale. 4) Contrôle de l'information et influence sur l'opinion publique : les médias, en choisis- sant quels sujets traiter et comment les aborder, influencent l’opinion publique et les préoccupations sociales. En mettant en avant certains thèmes et en en ignorant d’autres, ils orientent les débats publics de façon à privilégier les intérêts des classes dominantes. Par exemple, des problèmes structurels comme les inégalités écono- miques peuvent être moins souvent abordés ou dilués par rapport à des problèmes 18 de surface, limitant la prise de conscience des causes profondes des inégalités. 5) Influence des impératifs économiques : dans un contexte où les médias sont souvent contrôlés par des entreprises privées, les choix éditoriaux peuvent être influencés par des impératifs économiques. Cela peut limiter les critiques envers le système écono- mique ou les grandes entreprises, réduisant la visibilité de certains enjeux sociaux comme les injustices sociales ou les conditions de travail, et perpétuant ainsi les structures de pouvoir. 6) Effet de légitimation : enfin, les médias ont un rôle de légitimation, car ils "normali- sent" les hiérarchies sociales. Par exemple, en mettant en avant certaines professions ou certains parcours de réussite comme des "modèles", ils encouragent l’idée que les inégalités sont justifiées par le mérite personnel. Cela peut renforcer l’idée que les individus sont responsables de leur propre succès ou échec, occultant les méca- nismes structurels qui perpétuent les inégalités. En somme, les médias contribuent à la reproduction de l'ordre social en diffusant des valeurs et des représentations qui légitiment les hiérarchies existantes, en valorisant les goûts et les pratiques des classes dominantes, et en influençant l’opinion publique de manière à mainte- nir les structures de pouvoir. Ils jouent un rôle essentiel dans la perpétuation des inégalités et des systèmes de domination en créant un environnement culturel et symbolique qui re- flète les intérêts des groupes dominants. Oui, plusieurs courants médiatiques et mouvements sociaux émergent pour contester cette reproduction de l'ordre social et offrent des perspectives alternatives. Ces courants cher- chent à diversifier les voix, à rendre visibles des réalités ignorées ou stigmatisées, et à redéfi- nir les normes et valeurs partagées. Voici quelques-uns des courants et tendances qui contri- buent à changer la donne dans le paysage médiatique : 1) Les médias indépendants et alternatifs : de plus en plus de médias indépendants émergent en ligne, se positionnant en opposition aux grands groupes médiatiques dominants. Ces médias, souvent financés par des abonnements ou des dons, se con- centrent sur des sujets sous-représentés dans les médias traditionnels, comme les questions environnementales, les inégalités sociales, ou les droits des minorités. En réduisant leur dépendance à la publicité, ils bénéficient d'une plus grande liberté édi- toriale et s’attaquent à des sujets que les médias traditionnels traitent peu ou pas du tout. 2) Le journalisme d'investigation et d’impact : le journalisme d'investigation connaît un regain d'intérêt, avec des initiatives comme ProPublica, The Intercept ou, en France, Mediapart. Ces médias et organisations se consacrent à la recherche de vérité et à la dénonciation de la corruption, des abus de pouvoir, et des injustices, souvent avec un 19 fort impact politique et social. Ils visent à responsabiliser les élites et à révéler les mécanismes de domination, ce qui contribue à une plus grande transparence et à une meilleure information du public. 3) Les réseaux sociaux et le journalisme participatif : les réseaux sociaux offrent une pla- teforme où chacun peut s'exprimer et partager des informations, des vidéos, ou des analyses sans passer par le filtre des médias traditionnels. Des mouvements comme #MeToo, Black Lives Matter, ou Fridays for Future se sont largement appuyés sur les réseaux sociaux pour mobiliser le public et sensibiliser aux injustices. Ces plateformes permettent aussi le journalisme participatif, où les citoyens eux-mêmes diffusent des témoignages ou des informations en temps réel. 4) Le "fact-checking" et la lutte contre la désinformation : avec la montée des fake news, de nombreux sites et initiatives se consacrent au fact-checking pour rétablir la vérité et fournir au public une information vérifiée. Des plateformes comme Snopes, [FactCheck.org] (http://factcheck.org/), et Le Monde en France, qui ont des rubriques dédiées à la vérification des faits, contribuent à la crédibilité de l’information et per- mettent au public de discerner les sources fiables des sources douteuses. 5) Le contenu diversifié et engagé sur les plateformes de streaming : des plateformes comme Netflix, Amazon Prime, et d'autres services de streaming diversifient l'offre de contenus, donnant voix à des perspectives nouvelles ou sous-représentées dans les médias traditionnels. On y trouve des documentaires engagés sur des questions de justice sociale, des séries qui mettent en scène des minorités ou qui abordent des problématiques sociétales, permettant ainsi de toucher un public large et de sensibi- liser à des réalités peu couvertes par les grands médias. 6) Le journalisme de solutions : un autre courant émergeant est celui du journalisme de solutions, qui se concentre non seulement sur la critique des problèmes sociaux, mais aussi sur la présentation de solutions concrètes et de projets innovants. Cela crée une dynamique plus positive et responsabilisante en montrant que des alternatives existent et en donnant la parole aux acteurs du changement. 7) Les podcasts et YouTubeurs spécialisés : de nombreux créateurs de podcasts et de chaînes YouTube abordent des sujets variés, de la politique aux sciences, avec un souci de vulgarisation et d’analyse plus poussée. Ces créateurs, comme Hugo Dé- crypte en France ou The Young Turks aux États-Unis, attirent des millions de jeunes en abordant des thèmes d'actualité de manière accessible et critique, souvent sans le filtre des médias traditionnels. En résumé, ces courants contribuent à une plus grande diversité de l'information et à un contrepoids face aux logiques de reproduction de l'ordre social. Ils ne sont pas toujours à 20 l'abri de biais ou de contraintes (économiques, idéologiques), mais ils offrent une pluralité de voix et de perspectives qui enrichissent le débat public et défient les structures de pou- voir en place. TYPES DE MÉDIAS : Dans le paysage médiatique moderne, une multitude de plateformes et de canaux offrent une variété de contenus et d’informations. Comprendre les différents types de médias et leurs rôles dans la société est essentiel pour naviguer dans cette abondance d’informations et comprendre comment ils influencent notre perception du monde qui nous entoure. MÉDIAS TRADITIONNELS Les médias traditionnels se réfèrent aux formes de communication et de diffusion d’informa- tions qui ont été établies avant l’ère numérique. Ils englobent des médias tels que la presse écrite, la diffusion audiovisuelle et les supports imprimés. Ces médias ont longtemps été les principaux moyens de communication utilisés par la société pour obtenir des informations, se divertir et former leur opinion. Les médias traditionnels se distinguent par leur caractère unidirectionnel, leur diffusion limitée et leur coût élevé de production. Ils ont joué un rôle essentiel dans la diffusion d’informations, la formation de l’opinion publique et la construc- tion de l’identité culturelle. Bien que les médias traditionnels aient été historiquement caractérisés par leur nature uni- directionnelle, il est important de noter que cette caractéristique a évolué avec le temps, en particulier à l'ère numérique. Aujourd'hui, on ne peut plus considérer les médias tradition- nels comme étant purement unidirectionnels pour plusieurs raisons : 1) Intégration numérique : de nombreux médias traditionnels ont adopté des plate- formes en ligne qui permettent une interaction avec leur audience. Par exemple, les journaux ont des sites web où les lecteurs peuvent commenter les articles. 2) Réseaux sociaux : la plupart des médias traditionnels sont présents sur les réseaux sociaux, ce qui leur permet d'interagir directement avec leur public et de recevoir des retours immédiats. 3) Participation du public : beaucoup d'émissions de radio et de télévision intègrent maintenant des segments interactifs où les auditeurs ou téléspectateurs peuvent participer en direct via des appels téléphoniques, des messages texte ou des médias sociaux. 21 4) Contenus générés par les utilisateurs : certains médias traditionnels intègrent des contenus créés par leur audience, comme des témoignages ou des photos d'événe- ments. Cependant, il est vrai que comparés aux médias numériques, les médias traditionnels con- servent encore un certain degré de contrôle éditorial et une structure plus hiérarchique dans la production et la diffusion de l'information. Mais la ligne entre médias traditionnels et nu- mériques devient de plus en plus floue, avec une tendance croissante vers l'interactivité et l'engagement de l'audience. LES TYPES DE MÉDIAS TRADITIONNELS : Les médias traditionnels se déclinent en plusieurs catégories distinctes. Voici les principaux types de médias traditionnels : LA PRESSE ÉCRITE : 1) Journaux : les journaux sont des publications quotidiennes ou hebdomadaires qui fournissent des informations sur l’actualité nationale et internationale, les événe- ments locaux, les sports, la politique, l’économie, etc. Ils sont imprimés sur du papier et distribués dans les kiosques ou par abonnement. 2) Magazines : les magazines sont des publications périodiques qui traitent de sujets va- riés tels que la mode, la santé, la cuisine, les voyages, la technologie, etc. Ils sont sou- vent publiés mensuellement ou bimestriellement et contiennent des articles appro- fondis, des interviews et des illustrations. 3) Revues spécialisées : les revues spécialisées sont des publications axées sur des do- maines spécifiques tels que la science, l’art, la musique, le sport, la politique, etc. Elles fournissent des informations approfondies et des analyses détaillées sur des su- jets particuliers et sont destinées à un public spécialisé. LA DIFFUSION AUDIOVISUELLE : 1) Télévision : la télévision est un média qui permet la diffusion d’images et de sons. Elle propose une variété de programmes tels que des émissions de divertissement, des séries, des films, des actualités, des documentaires, etc. Les téléspectateurs peuvent accéder à ces programmes en réglant leur téléviseur sur différentes chaînes de diffu- sion. 2) Radio : la radio est un média qui transmet des programmes audio, tels que des émis- sions de musique, des débats, des interviews, des bulletins d’informations, etc. Les auditeurs peuvent écouter la radio en accordant leur poste à des fréquences spéci- fiques où les stations de radio émettent leurs signaux. LES MÉDIAS IMPRIMÉS : 22 1) Affiches : les affiches sont des supports visuels imprimés utilisés pour transmettre des messages publicitaires, politiques ou promotionnels. Elles sont généralement pla- cées sur des murs, des panneaux d’affichage ou d’autres endroits visibles pour attirer l’attention du public. 2) Flyers : les flyers sont de petits documents imprimés contenant des informations suc- cinctes sur un événement, une entreprise ou une promotion. Ils sont souvent distri- bués dans la rue, dans les boîtes aux lettres ou lors d’événements pour susciter l’inté- rêt du public. 3) Brochures : les brochures sont des documents imprimés qui fournissent des informa- tions détaillées sur une entreprise, une organisation, un produit ou un service. Elles sont conçues de manière attrayante avec des images, des textes informatifs et des mises en page soignées pour informer et convaincre les lecteurs. Caractéristiques des médias traditionnels : Les médias traditionnels fonctionnent selon un modèle de communication unidirectionnel, où l’information est diffusée des producteurs de contenu (journalistes, rédacteurs, produc- teurs) vers les consommateurs (lecteurs, auditeurs, téléspectateurs). Il y a une séparation claire entre les émetteurs et les récepteurs de l’information, avec peu d’interaction ou de possibilité de rétroaction directe. Les médias traditionnels ont une portée limitée en termes de diffusion géographique et de public cible. Par exemple, un journal imprimé ne peut être distribué que dans une région spécifique, tandis qu’une station de radio ou de télévision peut être captée seulement dans une certaine zone géographique. Cela restreint l’accès à l’information aux personnes qui sont physiquement proches du support de diffusion. La production des médias traditionnels implique souvent des coûts élevés. Par exemple, l’impression de journaux et de magazines nécessite des équipements spécifiques, du papier, de l’encre et des frais de distribution. De même, la production de contenus audiovisuels de- mande des ressources telles que des caméras, des studios, des équipes de tournage, des équipements d’édition, etc. Ces coûts peuvent limiter la capacité des individus ou des petites organisations à accéder aux médias traditionnels. Les médias traditionnels sont souvent soumis à un contrôle éditorial strict. Les rédacteurs en chef, les directeurs de publication et les responsables des stations de diffusion ont le pou- voir de décider quels contenus seront publiés ou diffusés. Ils peuvent exercer une influence sur la sélection, la présentation et la manipulation de l’information, ce qui peut affecter la diversité des points de vue et la neutralité de la couverture médiatique. RÔLE DES MÉDIAS TRADITIONNELS : - Diffusion d’informations. 23 - Influence sur l’opinion publique. - Formation de l’identité culturelle. - Divertissement et éducation. Vidéo : Lien : https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/la-fabrique-mediatique/youtube- medias-traditionnels-du-mepris-a-la-collaboration-4917019 MÉDIAS NUMÉRIQUES : LA RÉVOLUTION DE L’INFORMATION À L’ÈRE DU DIGITAL : L'avènement des médias numériques a transformé radicalement le paysage médiatique, inaugurant une nouvelle ère où l'information devient interactive, instantanée et omnipré- sente. Cette révolution digitale a non seulement modifié la manière dont nous consommons l'information, mais a également redéfini les frontières entre producteurs et consommateurs de contenu, créant un écosystème médiatique plus dynamique et participatif que jamais. - Sites Web d’Actualités. - Réseaux Sociaux. - Blogs et Vlogs. CHAPITRE 2 : HISTOIRE ET ÉVOLUTION DES MÉDIAS. LES DÉBUTS DE LA COMMUNICATION. À partir de quand est-ce qu’on peut parler de communication ? Depuis toujours. L’homme a toujours cherché des moyens de communiquer et a toujours évolué dans sa communication. 24 Quelles sont les formes de communication ? Les premiers "médias" étaient des formes rudimentaires de communication, telles que les peintures rupestres. Par exemple, les peintures de la grotte de Lascaux en France, datant d'environ 17 000 ans, étaient des moyens pour les sociétés préhistoriques de raconter des histoires, transmettre des connaissances de chasse, ou encore des rituels. 25 Un autre exemple fascinant est celui des tambours parlants utilisés par certaines tribus afri- caines il y a des milliers d'années. Ces instruments, grâce à des séquences rythmiques spéci- fiques, permettaient d'envoyer des messages sur de longues distances. C'était une sorte de "télégraphe" primitif qui pourrait être comparé aux premiers systèmes de communication à longue distance. Prenons aussi comme autre exemple, les signaux de fumée utilisés par les Amérindiens. Ces signaux, souvent représentés de manière caricaturale dans la culture populaire, étaient en réalité un moyen sophistiqué de communication. Chaque tribu avait ses propres codes, et il fallait une grande habileté pour envoyer des messages clairs et précis. Avec l'invention de l'écriture, la communication a pris une nouvelle dimension. Les tablettes d'argile de la Mésopotamie ancienne, vieilles de 5000 ans, constituent l'une des premières formes d'écriture. Ces tablettes étaient utilisées pour enregistrer des transactions commer- ciales, des lois, et des histoires. Ces exemples illustrent comment, bien avant l'ère numérique, les humains ont toujours cherché des moyens créatifs et efficaces de communiquer et de laisser une trace, posant ainsi les fondations des médias modernes. L’INVENTION DE L’ÉCRITURE. L'écriture est née il y a environ 5000 ans, marquant la transition de la préhistoire à l'histoire. Son développement a été progressif et s'est produit indépendamment dans plusieurs ré- gions du monde : L'invention de l'écriture a été motivée par des besoins pratiques tels que la comptabilité, l'administration et le commerce. Elle a permis de stocker et de transmettre des informations de manière plus durable et précise que la tradition orale, marquant ainsi une étape cruciale dans le développement des civilisations. L'histoire du papier est intimement liée à celle de l'écriture, les deux évoluant de concert pour répondre aux besoins croissants de communication et de conservation de l'informa- tion. Voici quelques points clés de cette relation : 26 27 Le papyrus a fourni un support d’écriture durable, facile à manipuler et à transmettre. Cela a permis de transmettre des informations. L’être humain s’est posé la question : comment transmettre des choses et conserver des écrits ? C’est comme cela que sont arrivés les supports comme le parchemin et le papyrus. L’évolution de l’écriture, de la lecture et des connaissances sont intimement liées aux inno- vations technologiques. LA PREMIÈRE INNOVATION : C’est donc le papier que l’on faisait à partir du papyrus. Cependant, on se rendait compte que le papyrus devenait une denrée rare, qui devenait chère et donc on a essayé de travail- ler le papier autrement. La fabrication de papier à partir de fibres végétales a permis de créer des matières plus résis- tances, plus légères et plus abordables. En conclusion : chaque besoin de l’être humain a donné lieu à une évolution technologique. On cherche à combler ce besoin. L’écriture, au Moyen-Age, était détenue par les moines. C’était essentiellement une compé- tence du clergé. On appelait cela les « moines-copistes ». 28 Qu’est-ce que ça a comme répercutions ? Ce sont ceux qui maitrisent l’écriture qui vont consigner des choses qui sont leurs pensées à eux. Et le clergé écrivait des manuscrits. C’était le clergé qui était gardien des connaissances et surtout leurs connaissances. Tout tournait autour de l’écriture biblique, … La majorité de la population était soumise au servage des souverains ; à la culture de la terre et n’avaient pas accès à la culture, à la connaissance. Cette société médiévale va tout doucement se transformer à partir du 12ème siècle, on voit émerger une toute nouvelle catégorie : LA BOURGEOISIE. Qui font partie de la bourgeoisie ? Les artisans, les commerçants et quelques érudits. 29 Cette nouvelle classe va faire en sorte que le commerce s’accentue, qu’on ait de plus en plus le besoin de l’écriture et ils veulent accéder à cette connaissance. L’alphabétisation com- mence aussi à faire un peu de chemin. Donc, cette nouvelle classe va jouer un rôle important dans les villes. Qui dit développement des villes, dit développement du commerce, dit développement de nouveaux besoins en écriture mais aussi la possibilité d’échanges entre les villes. Entre le 12 et le 13ème siècle, c’est aussi le moment où on voit arriver les premières universi- tés. L’université de Louvain est créée en 1425. La création de ces universités est importante car cela dit beaucoup de l’époque. Qui dit université dit ? Apprentissage, l’avènement du libre-arbitre, de l’humanisme, on va tout doucement com- mencer à réfléchir, à former des gens et des jeunes à cela. Il y a de plus en plus l’accès au sa- voir, des livres et des bouquins qui ne viendraient plus uniquement du clergé mais d’autres choses. LA NAISSANCE DE L’IMPRIMERIE ET DE LA PRESSE ÉCRITE. C’est dans ce contexte de nouvelles pensées, le commerce émergent, … qu’arrive l’imprime- rie. L'imprimerie a révolutionné la diffusion des connaissances en Europe, rendant les livres plus accessibles et moins coûteux. Elle a favorisé la démocratisation du savoir, stimulé la pensée critique et accéléré le progrès intellectuel. La standardisation des textes a amélioré la préci- sion de l'information. Cette invention a également posé les bases du développement futur des journaux et magazines. 30 31 L’ESSOR DES CENTRES D’AFFAIRES : Les commerçants, les artisans veulent faire plus d’affaires donc ils ont besoin de nouvelles manières de consigner leurs clients, leurs produits, leurs transactions, … et ce capitalisme naissant va donner un besoin criant d’avoir la possibilité d’imprimer des choses et de les consigner dans des livres, … Tout cela participe très fort à l’essor de l’imprimerie. 32 GUTENBERG, C’EST LA CONJONCTION DE 3 INNOVATIONS : 1) Les caractères mobiles. 2) La presse inspirée du pressage du vin. 3) Une encre grasse et spécifique pour l’impression. Ce sont ces 3 innovations qui font que l’on retient la presse de Gutenberg comme étant une invention majeure. La Bible est la plus grande œuvre de Gutenberg. On est dans une société profondément en- crée dans la religion et c’est normal que ce soit probablement la Bible qui soit le premier livre édité. Il y avait une vraie demande du clergé mais pas seulement. Remarque : il a inventé une presse mais ce n’étaient pas encore les rotatives, on est sur quelque chose qui reste relativement artisanal et qui ne va nous permettre de diffuser des livres auprès du plus grand nombre et partout. On est encore sur quelque chose qui est très intime. À l’époque, il y a peu de gens qui savent lire, peu de gens ont accès au savoir mais il y a une classe émergente ; la bourgeoisie mais on n’est pas encore sur quelque chose qui est acces- sible au grand public. Cela reste de l’ordre du luxe et de l’élite. 33 Par exemple : la Bible, c’est une douzaine de pressiers qui ont travaillé sur 4 presses durant trois ans pour fournir 180 exemplaires. Donc, nous ne sommes pas encore sur de la produc- tion de masse. C’est néanmoins 4 fois plus rapide que lorsque c’étaient des moines-copistes qui faisaient le boulot. L’imprimerie n’a pas rencontré un super succès les 15 premières années car il y a toute une catégorie de personnes qui estimait que si on multipliait les exemplaires d’un livre ou autre, qu’on allait en perdre en qualité et surtout il y avait une frange de la population, la frange la plus élevée, qui estimait qu’il était dangereux de mettre la culture à disposition du plus grand nombre. Donc, beaucoup de méfiance. Ils préféraient que certaines élites gardent le savoir. Très vite, on s’est rendu compte à quel point la distribution de l’écriture, des livres pouvait être dangereuse pour l’ordre établit. À partir du moment où on donne le savoir à tout le monde, on ne maitrise plus les gens. À ce moment-là, on a les gens qui savent et les gens qui travaillent pour les gens qui savent. À l’issu de tout cela, Gutenberg doit quitter le couloir dans lequel il vit et les compagnons de Gutenberg, sont également obligés de quitter le territoire et ils se dispersent un peu partout en Europe. Avec cette dispersion, se disperse aussi un savoir. 34 Le fait que ses compagnons se dispersent en Europe va marquer un réel tournant au niveau de l’imprimerie car les artisans formés par Gutenberg vont recréer des imprimeries et des presses un peu partout en Europe. C’est comme cela qu’en quelques décennies, on retrouve des presses à imprimer un peu partout ; 250 villes européennes. C’est un peu comme une petit Révolution car cela veut dire que toute l’Europe commence à se doter d’un outil puis- sant qui permet de produire des livres, des écrits. L’imprimerie va également favoriser l’alphabétisation. L’imprimerie a eu un certain impact sur la lecture. Avant, c’étaient les moines qui dispo- saient d’un livre et qui lisaient à voix haute pour une assemblée. Le développement du livre a permis de développer la lecture silencieuse et la lecture person- nelle. On pouvait se procurer un livre et plus forcément écouter les moines. Attention que lire n’est toujours pas accessible au plus grand nombre, c’est toujours à un prix très élevé. Qui dit plus de lecteurs, dit plus de réflexion personnelle et qui dit plus de réflexion person- nelle dit que ça commence à inquiéter. Au 15ème siècle, la publication de livres religieux représentait ¾ de la production et ¼ de textes plus humanistes qui ne sont pas religieux. Au 16ème siècle, on passe à des ouvrages religieux qui se réduisent fortement avec une multi- plication d’éditions savantes et de textes humanistes, antiques. Qu’est-ce qu’il se passe ? Contrôle de l’imprimerie. 35 Le clergé se dit qu’il y a pas mal de bouquins qui naissent et ne sont pas des livres religieux mais humanistes, on n’arrive plus vraiment à contrôler ce qu’il se dit ou ce qui est remis en question. Contrôler l’imprimerie est une forme de censure. Dans l’histoire des médias, il y a tout le temps la censure. L’IMPRIMERIE DÉRANGE CAR : - Diminution des publications religieuses. - Multiplication des éditions savantes. Dans ces éditions savantes, on pourrait re- mettre en question l’autorité traditionnelle de l’église. L’imprimerie devient un outil de progrès intellectuels. Cela marque le début d’une nouvelle ère où la lecture et l’accès à l’information ne sont plus uniquement réservés à une élite. Donc, on va contrôler. Comment contrôle-t-on ? Cela s’appelle l’imprimatur. 36 L’IMPRIMATUR C’EST 3 CHOSES : 1) Il fallait avoir au préalable l’autorisation de devenir un éditeur ; quelqu’un qui produit des livres. 2) Il y avait également une autorisation de publication de l’ouvrage. L’ouvrage était lu par l’autorité religieuse ou civile afin de s’assurer que ce qu’il y a dedans ne va pas à l’encontre des dogmes ou des normes en vigueur. 3) Obligation de déposer une publication à l’administration. C’est quelque chose que nous devons encore faire à l’heure d’aujourd’hui mais ça n’est plus une censure, au- jourd’hui le dépôt légal permet de concilier nos publications, de protéger les droits d’auteurs. Avec ces 3 modes de contrôle, l’État, l’église pouvaient vérifier ce que nous faisions. 37 À partir de la Renaissance, entre la fin du 15ème et le début du 17ème siècle, l’activité intellec- tuelle va encore se développer et le savoir va se développer des Abbayes vers le monde laïque. C’est ainsi que l’on voit arriver, par exemple, des périodiques. En 1605, premier périodique connu : Nieuwe tijdingen à Anvers. On n’est pas encore dans l’actualité, dans des informations telles qu’on les connaît aujourd’hui, on est plutôt sur des petites annonces, … En 1631 : c’est la Gazette de Théophraste Renaudot. C’est une Gazette qui, dans un premier temps, répond aux besoins d’une classe assez cultivées pour alimenter les conversations de salon. Les gens n’avaient pas grand-chose à faire au niveau de la Bourgeoisie, … ils font des grandes fêtes, réunissent des gens et donc c’était vraiment un petit feuillé avec quelques informa- tions autour duquel on se rassemblait pour alimenter des conversations, ce n’est pas encore le journal d’informations générales). Ce qui est intéressant avec la Gazette, c’est qu’au départ, Renaudot avait ce qu’on appelle un « Bureau d’adresse », c’est un peu l’ancêtre de l’agence d’intérim. Qu’est-ce qu’était ce bureau d’adresse ? Il mettait en lien des offres et des demandes. L’idée était de contrer le vagabondage, la pau- vreté, … 38 Petit à petit, il a transformé ce bureau d’adresses en feuillé. Cela s’appelait la feuille de bu- reau d’adresse ; un petit journal avec des annonces publicitaires. Et c’est ce petit feuillé qui est devenu, un peu plus tard, la Gazette de Renaudot. Ce qui est intéressant de retenir c’est qu’il y a eu un monopole d’État, c’est le cardinal de Ri- chelieu qui a donné le monopole à Renaudot pour qu’il soit le seul à pouvoir communiquer des informations politiques. C’est un privilège royal. Alors, il y a d’autres journaux qui existent mais ils doivent rester cantonnés aux littératures et aux sciences, ils ne peuvent pas parler de l’État ni de la politique. Pourquoi Richelieu a-t-il donné ce privilège à Renaudot ? Pour qu’il aille dans son sens. L’outil permet alors d’exercer une action continue sur le public lettré alors que le pays s’engage dans la Guerre. Donc, c’est toujours important de contrôler la presse lorsqu’une Guerre éclate. = Cardinal de Richelieu. 39 Il y a eu d’autres innovations au niveau de la presse, comme la mise en page. On arrive vers quelque chose qui ressemble tout doucement à un petit journal. Et au fur et à mesure que cette Gazette prend de l’ampleur, on commence à y trouver des nouvelles qui sont datées et localisées. Le style est également assez sobre. On est toujours sur un public qui est cultivé, avide d’informations, ce n’est pas encore une presse de très grand public, ce sont les personnes qui sont lettrées. Donc, là on commence à voir l’apparition du journal traditionnel tel qu’on le connaît au- jourd’hui. 40 LE SIÈCLE DES LUMIÈRES C’EST : - La raison l’emporte sur la foi. - Le savoir est au cœur d’un nouveau projet de société. 41 Et c’est à ce moment-là que l’on voit naitre notamment l’encyclopédie de Diderot et d’Alem- bert ou encore le dictionnaire des sciences et des arts, le dictionnaire des métiers, … De nouveau, on voit qu’on est sur d’autres types de publications que ceux qui émanent de l’église. Diderot et d’Alembert ont fait de la prison car ils ont été accusés de contribuer à déstabiliser le pouvoir monarchique, car ils créent des documents qui font réfléchir. L’encyclopédie c’est rendre le savoir accessible à tout le monde. 42 Lors de la Révolution française, on est en plein dans la liberté d’expression. On est toujours dans ce mouvement où les gens prennent de plus en plus la parole et les écrits commencent à se libérer. Il y a même un droit fondamental qui est proclamé dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen en France (1789). La naissance aussi d’une presse politique engagée et l’apparition des caricatures. 43 C’est un peu à ce moment-là de l’histoire qu’on ose déstabiliser le pouvoir et même en rire. Le plus grand exemple de l’époque s’appelait le charivari et ils avaient caricaturé le Roi en forme de poire. On se moquait donc du pouvoir. 44 On voit qu’on a essayé de contrôler le journal car il peut être distribué auprès d’un nombre de personnes qui augmente, ce n’est plus uniquement le clergé. Le journal a la possibilité de critiquer le pouvoir en place, c’est ça le 4ème pouvoir et donc à côté du pouvoir exécutif, légi- slatif et judiciaire, on parle du 4ème pouvoir qui est celui de la presse. 45 En Belgique, en 1831, il y a la Constitution belge où on affirme haut et fort la liberté de la presse comme l’un des droits fondamentaux des citoyens. Et pourtant, à côté de ça, l’État continue à tout vouloir contrôler et met en place ce que l’on appelle « le droit du timbre ». Qu’est-ce que le droit du timbre ? C’est une taxe. Les patrons de presse doivent augmenter le prix des journaux pour payer cette taxe et en augmentant le prix, la presse n’est toujours pas accessible aux classes ouvrières et aux classes populaires donc on freine la diffusion des idées politiques et sociales. Donc, ils n’ont pas accès à l’information et à la culture. Remarque : c’est un droit fondamental de faire en sorte que tout le monde, toutes les tranches d’âge, toutes les catégories de personnes puissent avoir accès à la culture et à la comprendre. Cela s’appelle « l’éducation permanente ». Et cela fait partie des missions des médias de service public. Il y a des contestations, à un moment donné cela suffit donc des mouvements libéraux, ou- vriers ont voulu faire sauter ce droit du timbre car eux aussi voulaient pouvoir accéder à la culture et à la presse. Donc, en 1848, en Europe, on finit par abolir le droit du timbre  c’est une très grande avancée car à partir du moment où la presse devient moins chère, elle devient abordable donc de plus en plus de personnes y ont accès. 46 LA PRESSE DURANT LA RÉVOLUTION INDUSTRIELLE. La révolution industrielle, c’est vraiment le moment où, la presse telle qu’on la connait au- jourd’hui, commence à naitre et à être accessible au plus grand nombre. 47 La révolution industrielle a profondément transformé le paysage de la presse, tant en termes de lectorat que de liberté d'expression et de contenu. Cette période, s'étendant approxima- tivement de la fin du 18ème siècle au début du 20ème siècle. En France, Émile de Girardin joue un rôle crucial dans cette transformation. En 1836, il lance "La Presse", un journal qui révolutionne le modèle économique de la presse écrite. Girardin réduit de moitié le prix de l'abonnement en compensant cette baisse par les revenus publici- taires. Cette innovation permet d'élargir considérablement le lectorat, rendant le journal ac- cessible à une plus grande partie de la population, y compris la classe ouvrière émergente. 48 Girardin s’est basé sur le modèle New-Yorkais qui s’appelait « The Sun » et c’est vraiment l’ère de la presse à dessous car elle est bon marché. Donc, Girardin veut attirer les publici- taires pour avoir un lectorat toujours plus étendu et pour plaire et attirer un lectorat de plus en plus étendu, il va introduire, dans son journal, la notion de divertissement. Quel est le risque ? Le risque, si on introduit du divertissement pour avoir de plus en plus de lecteurs, c’est de vouloir plaire à tout prix, vouloir plaire aux lecteurs. Plaire aux lecteurs, est-ce que cela veut dire perdre en qualité ? S’auto-censurer ? C’est la première fois qu’on se pose ce genre de questions. 49 Donc, l’apparition de la publicité, les impressions à grande échelle, la diffusion accrue des journaux, cela créer un marché pour la publicité. En pleine révolution industrielle, il y a de plus en plus de produits, d’inventions, de choses sur le marché. Donc, c’est dans la presse que la publicité va tout doucement s’immiscer. Cette démocratisation de la presse s'accompagne d'une évolution de la liberté d'expression. Bien que les lois sur la censure persistent dans de nombreux pays européens, la presse de- vient progressivement un outil puissant pour influencer l'opinion publique et critiquer le pouvoir en place. Les journaux jouent un rôle crucial dans les mouvements sociaux et poli- tiques de l'époque, contribuant à l'émergence d'une sphère publique plus dynamique. Parallèlement, le contenu des journaux se diversifie pour répondre aux goûts d'un lectorat plus large. Le divertissement prend une place croissante dans la presse. Les feuilletons, po- pularisés par des auteurs comme Eugène Sue avec "Les Mystères de Paris" (1842-1843), de- viennent une partie intégrante des journaux. Ces récits publiés en épisodes captent l'atten- tion des lecteurs et les fidélisent, augmentant ainsi les ventes. C’était aussi une manière utili- sée par certains écrivains pour se faire connaitre. Les auteurs de ces histoires n’étaient pas non plus libres de faire les histoires qu’ils souhai- taient. Comme il fallait plaire au plus grand nombre, c’était l’éditeur qui imposait parfois à l’auteur de ces histoires de terminer son histoire de telle ou telle façon pour ne pas déplaire au public. De plus, les rubriques de faits divers, de sport et de mode se développent, offrant un con- tenu plus léger et divertissant. Les caricatures et les illustrations humoristiques, facilitées par 50 les progrès de l'impression, gagnent également en popularité. Des journaux satiriques comme "Le Charivari" en France ou "Punch" au Royaume-Uni connaissent un grand succès. Le Charivari est un journal français et le premier quotidien illustré satirique du monde, qui parut de 1832 à 1937 : 51 C’est donc la naissance du modèle publicitaire. On fait du buzz, du divertissement, pour atti- rer les annonceurs et donc avoir plus de moyens. Remarque : Avant Girardin, quel était le modèle de financement de la presse ? L’abonnement. Girardin, c’est réduction de l’abonnement avec des revenus publicitaires. 52 L’ÂGE D’OR DE LA PRESSE (DE 1880 À LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE). La presse devient un média puissant dans la mesure où, aujourd’hui, elle touche tout le monde. Elle est devenue abordable, tout le monde sait se procurer un journal ; de la classe ouvrière à la personne la plus érudite. Puissant car la presse va permettre la circulation des idées de partout. C’est ce qu’on appelle « l’âge d’or de la presse ». La révolution industrielle y est pour beaucoup avec l’arrivée des rotatives qui permettent la mécanisation de métiers qui étaient jusqu’alors artisanaux. Mais c’est aussi au niveau des contenus que la révolution s’opère. Son premier déclencheur est la levée d’un obstacle juridique de taille : le contrôle très serré qui s’exerçait sur la presse sous le Second Empire. 53 Le 29 juillet 1881 est votée la loi sur la liberté de la presse. Il s’agit de la première des grandes lois de la III° République sur les libertés publiques. Sont ainsi supprimées toute une série de textes liberticides, les autorisations diverses, au premier chef desquelles l’autorisation de publication. Sont également instituées les libertés de l’affichage et celle de la vente sur la voie pu- blique. Cette dernière nouveauté n’est pas sans importance car elle permettra une diffusion des journaux non plus seulement sur abonnement mais également par colportage et ensuite dans les kiosques. Ces kiosques ont permis le fait qu’on puisse accéder plus facilement au journal. On est de nouveau sur une propagation exponentielle de la presse. 54 Il est important de noter que la Belgique a été un précurseur en matière de liberté de la presse en Europe. En effet, la Constitution belge de 1831, adoptée peu après l'indépendance du pays, garantissait déjà la liberté de la presse dans son article 18 (actuellement article 25). Cet article stipulait : "La presse est libre ; la censure ne pourra jamais être établie ; il ne peut être exigé de cau- tionnement des écrivains, éditeurs ou imprimeurs." Cette disposition constitutionnelle a établi une base solide pour la liberté d'expression et de la presse en Belgique, bien avant de nombreux autres pays européens. Elle a interdit explici- tement la censure et les cautions financières qui auraient pu entraver la liberté de publica- tion. Cette avancée législative précoce a joué un rôle crucial dans le développement d'une presse libre et diversifiée en Belgique au cours du 19e siècle, posant ainsi les fondements du paysage médiatique belge moderne. En somme, la révolution industrielle marque un tournant majeur pour la presse. Elle élargit son lectorat, redéfinit les contours de la liberté d'expression, diversifie son contenu en inté- grant davantage de divertissement, tout en posant de nouveaux défis en termes d'indépen- dance et d'influence. Cette transformation jette les bases de la presse moderne, mêlant in- formation, opinion et divertissement pour satisfaire un public de plus en plus large et diver- sifié. 55 Il y a des journaux qui deviennent des véritables groupes de presse. 56 LA PRESSE DURANT LA PREMIÈRRE GUERRE MONDIALE. ON SORT DE L’ÂGE D’OR DE LA PRESSE AVEC : - Une liberté de la presse qui est renforcée. - Il y a moins de contrôle. - Il y a moins de censure. - La presse se développe très bien. - La presse est accessible à un plus grand nombre. Tout cela est remis en cause, 20-30 ans plus tard avec la Première Guerre Mondiale. On est sur une transformation radicale de la presse. Qu’est-ce qu’il se passe ? Il y a de nouveau de la censure. La Première Guerre mondiale bouleverse le paysage médiatique. La presse, qui est alors l'unique moyen d’information de masse, se trouve en première ligne pour relayer des infor- mations aux populations, mais également pour soutenir l'effort de guerre. Les gouverne- ments des pays belligérants prennent rapidement conscience de l'importance de contrôler l’information pour maintenir le moral, justifier les sacrifices et encourager le patriotisme. 57 Le 2 août 1914, le décret sur l’état de siège suspend la liberté de la presse. Désormais, l’autorité militaire peut interdire toute publication jugée dangereuse. Le lendemain, est créé le bureau de la presse du ministère de la guerre qui est chargé d’organiser la censure. Les journaux sont soumis à un régime de contrôle préalable afin de supprimer toute critique et d’empêcher la diffusion de renseignements à l'ennemi. Les journalistes doivent soumettre leur travail à l’administration et éventuellement procéder aux modifications exigées. Les coupures ou « caviardages » sont révélés par des « blancs » dans les colonnes des journaux. Certains choisissent parfois d’outrepasser les instructions, publient les articles dans leur inté- gralité et prennent alors le risque d’une sanction. Pour compenser les interdictions faites aux journalistes de mener leurs propres enquêtes, l’Etat major leur donne quotidiennement trois communiqués officiels qui donnent une ver- sion souvent inexacte des opérations. La censure politique cesse avec la levée de l’état de siège le 12 octobre 1919. ANALYSE DE LA VIDÉO : On est de nouveau dans la caricature, on illustre la censure par une mégère et un pro ciseau. La censure gouvernementale, au début les journalistes jouent le jeu car ils n’ont de toute fa- çon pas le choix et se disent que ça ne va pas durer très longtemps. On voyait les caviardages, c’était une technique qui consistait à supprimer ou à masquer cer- taines parties du texte et on voyait régulièrement ce genre de choses dans la presse à l’époque. 58 Les journaux étaient utilisés pour propager des idées qui servaient l’État ou qui servaient parfois l’ennemi. ANALYSE DE LA VIDÉO : La propagande des Allemands à l’époque, si on l’écoute, leurs balles ne font de mal à per- sonne, ça fait des bleus et on se marre comme des petits fous sur les tranchées. 59 La censure, d’une part, contrôle les publications. La propagande avec des fausses informa- tions tantôt à glorifier le soldat français et tantôt à minimiser l’impact de la Guerre, ça c’est une partie de la propagande. À côté de ça, il y a des journaux, des journalistes qui refusent de jouer à ce jeu-là et qui se mettent en position de résistance. Certains journaux vont développer des stratégies pour contourner la censure. Parmi ces journaux, c’est La libre Belgique. La libre Belgique est ce qu’on appelle un journal clandestin. C’est la première fois en février 1915 qu’il est imprimé. Pourquoi la libre Belgique ? Car le journal qui avait été créé par l’occupant allemand s’appelait « La Belgique » donc, ils ont pris le contrepied en l’appelant « La libre Belgique ». Dans ce journal, on retrouvait des vraies informations, sourcées. 60 Les correspondants de guerre ne pouvaient pas faire ce qu’ils voulaient, certains ont d’ail- leurs participé à des espèces de voyage de presse où on leur a dit ce qu’ils devaient dire et il y en a d’autres qui, au risque de leur vie, se sont rendus sur le front afin d’essayer de com- muniquer des vraies informations et correctes. Parmi ces journalistes, il y a Albert Londres. Albert Londres est un des premiers grands jour- nalistes de guerre. ANALYSE DE LA VIDÉO : Aujourd’hui, on célèbre encore le journalisme à travers son nom. 61 C’est seulement 10-15 ans plus tard qu’on va vraiment voir la radio émerger pour le grand public. Même si certains photographes étaient eux aussi censurés, il y a des photographiques qui ont pu contourner la censure pour pouvoir rendre compte de ce qu’il se passait au front. Après la guerre, la concurrence de nouveaux médias, notamment l'essor de la radio comme moyen d'information, pousse la presse écrite à se réinventer et à trouver de nouvelles fa- çons d'attirer les lecteurs. Cette compétition stimule l'innovation dans le secteur de la presse écrite. 62 Le modèle économique va également changer avec des publicités autour de la Guerre, pour renforcer, faire rentrer des nouvelles ressources financières. 63 Ce sont les soldats eux-mêmes qui écrivaient les récits de Batailles et qui ont parfois été re- transcrits dans certains journaux où là on était vraiment dans la vérité. 64 Cette période voit également la naissance des illustrés. Des publications comme "Vu" en France (1928) ou "Life" aux États-Unis (1936) révolutionnent le journalisme en mettant l'ac- cent sur

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