CM aux Origines de l'Archéologie PDF

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Ce document présente les bases de l'archéologie, en abordant la définition de la discipline et ses différentes approches. Il expose les problématiques actuelles et les méthodes employées en archéologie, telles que l'archéologie des changements climatiques, l'archéologie de la violence et l'archéologie du genre. La multidisciplinarité de l'archéologie est également soulignée, incluant les interactions avec les sciences naturelles et l'histoire.

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CM 1 Thèmes du cours Qu'est-ce que l'archéologie ? \- L'archéologie est-elle une science ? \- Images et idées préconçues de l'archéologie et des archéologues \- A quoi sert l'archéologie ? \- L'archéologie : une discipline plurielle et pluridisciplinaire Les problématiques et sujets abord...

CM 1 Thèmes du cours Qu'est-ce que l'archéologie ? \- L'archéologie est-elle une science ? \- Images et idées préconçues de l'archéologie et des archéologues \- A quoi sert l'archéologie ? \- L'archéologie : une discipline plurielle et pluridisciplinaire Les problématiques et sujets abordés : exemples \- archéologie des changements climatiques \- archéologie de la violence \- Genre et archéologie Quand s'arrête l'archéologie ? Enjeux et débats sur l'archéologie contemporaine 1\. Qu'est-ce que l'archéologie ? L'archéologie : une science humaine L'archéologie c'est l'étude des sociétés humaines à travers leurs vestiges matériels, depuis la préhistoire la plus ancienne à la période contemporaine. Il s'agit donc bien d'étudier l'homme et les vestiges matériels, artefacts, écofacts et vestiges immobiliers sont le moyen d'y arriver et non une fin en soi, tout comme les sources écrites sont celui de l'historien. L'archéologue produit une partie de ses sources d'information par la recherche de terrain, les fouilles, les analyses de laboratoire etc. Il confronte et interprète ses sources, restitue les sociétés et leur mode de vie, leur environnement, leur organisation sociale etc. L'archéologie met en œuvre de très nombreuses méthodes et techniques, c'est un métier, ou plutôt un ensemble de métiers qui nécessitent connaissances et savoir-faire L'archéologie est-elle une science ? Selon J.-C. Gardin, la démarche de l'archéologie s'organise en 6 étapes principales qui s'enchaînent mais sont aussi soumises à des boucles jusqu'à ce que les conclusions soient jugées satisfaisantes et validées. Les problématiques ou objectifs de recherches peuvent concerner l'étude d'un système technique, la chronologie d'une nécropole, les échanges commerciaux, la reconstitution du peuplement d'un territoire etc. 5 De nouvelles données peuvent amener à reconsidérer le modèle proposé. L'archéologie : une passion ou un métier ? L'archéologue : aventurier ou scientifique ? Le plus célèbre des archéologues pondère cette image de l'aventurier tout en faisant le contraire de ce qu'il dit : « L'archéologie est la recherche des faits, pas de la vérité. Si c'est la vérité qui vous intéresse, le cours de philosophie du Dr. Tyree est au fond du couloir. Oubliez donc vos idées de cités perdues, de voyages exotiques, de fouilles à travers le monde. Nous ne suivons pas des cartes pour découvrir des trésors enfouis, et un X n'a jamais, jamais indiqué l'emplacement d'un trésor. 70 % de toute l'archéologie se fait en bibliothèque » discours d'Henry Jones Junior à ses étudiants dans La dernière Croisade (1989) Durant longtemps, l'archéologie a souffert de son assimilation à une passion ou un hobby pour personnes de la haute société, ce qui était le cas avant sa professionnalisation au cours du XXe s. Elle est désormais reconnue comme science et les archéologues sont souvent présentés comme des experts de scènes de crime mettant en œuvre les nouvelles technologies pour la connaissance du passé. A quoi sert l'archéologie ? Si elle est désormais assimilée à une science, l'intérêt pour l'archéologie est lié à des préoccupations métaphysiques telles que la recherche des origines ou des causes d'évolution de nos sociétés : origines de l'homme, origine des civilisations, raisons de leur disparition et de leur effondrement, histoire de l'impact climatique de l'homme etc. Perception de l'archéologie et du patrimoine archéologique par les Européens Qu\'est- ce que l\'archéologie ? 69% une science 48% une science qui étudie le passé 26% une véritable profession L'archéologie est utile : 90% L'archéologie sert-elle à comprendre le passé ? : 75% ; le présent ? : 11% L\'archéologie sert-elle à transmettre l\'histoire et à vivre le présent ? : 47 % estiment que le rôle de l'archéologie est de transmettre l'histoire aux jeunes générations 46 % pensent que l'archéologie permet de comprendre le passé pour mieux préparer l'avenir L\'archéologie sert-elle au développement économique ? 86 % jugent que le fait d'avoir des vestiges archéologiques est un avantage pour une commune Que ressentez-vous vis-à-vis de l'archéologie ? 64% pensent que l'archéologie devrait être enseignée à l'école (85% des Grecs, 80% des Italiens) 73% estiment qu'un citoyen devrait avoir des connaissances en archéologie 54% se disent attachés à l'archéologie (63% des Français, 62% des Grecs et des Suédois) Que faire pour l'archéologie ? 83% déclarent que soutenir et développer l'archéologie est important pour leur pays 2\. Les problématiques et sujets abordés Trois exemples : Archéologie des changements climatiques Archéologie de la violence Genre et archéologie (gender archaeology) Archéologie des changements climatiques Si des historiens, comme Emmanuel Le Roy Ladurie avec son « Histoire du climat depuis l\'an mil » publiée en 1967 se sont depuis longtemps intéressés à ce sujet, il a fallu attendre en archéologie la collecte systématique de données, le recrutement de chercheurs spécialisés et mise en place de projets nationaux et internationaux pour aborde ces sujets à une échelle large, voire mondiale avec les travaux du GIEC L'étude des variations climatiques du passé a permis de faire de réelles avancées sur l'histoire du climat et de proposer des modèles prédictifs L'analyse des comportements des sociétés anciennes face à ces changements est un des enjeux de l'archéologie, comme dans le cas d'effondrements de civilisations pour lesquels ce facteur a pu être déterminant lors de périodes de désertification ou de péjoration climatique 16 ayant entraîné une baisse des récoltes Variations du niveau des lacs alpins Comparaison entre les variations de la circulation atmosphérique polaire, de la teneur de l'atmosphère en 14C, de la fréquence des lithoclasts et les niveaux des lacs alpins Rapport avec l'évolution de l'habitat lacustre en France et en Suisse du Ve au Ier millénaires BC : les pics de fréquence des habitats de bord de lacs, correspondent aux périodes de faible production de 14C - forte activité du soleil - associées à une baisse du niveau des (climat plus chaud et plus sec) Impact des changements climatiques Quoi qu'en disent certains sceptiques, les archéologues constatent tous les jours les effets du changement climatique, comme la fonte des glaciers et la montée des eaux, sur le patrimoine archéologique qui peut être détruit en une tempête ou une saison, après des milliers d'années de préservation. La sauvegarde de informations nécessite des interventions d'urgence et des mesures de protection. Archéologie de la violence La thématique de la guerre et de la violence est ancienne dans l'histoire des recherches, notamment avec l'étude des armes anciennes et les présupposés que les populations préhistoriques étaient en compétition et fondamentalement violentes passant progressivement du stade sauvage à la barbarie puis à celui de la civilisation Celle-ci s'appuyait en particulier sur l'évolution des armes et très peu sur les restes osseux et les tombes. Approches récentes à partir des années 1990 que le retour de la guerre en Europe a en partie suscité : Keeley 1996, Guilaine et Zammit 2001, Patou-Mathis 2013, Lehoërff 2018. Quelles traces de violence préhistorique ? Les témoignages archéologiques directs de morts violentes apparaissent au cours de la préhistoire récente, essentiellement à partir du Néolithique. Ce sont : \- des représentations d'art rupestre \- des armes- des restes osseux avec des traumatismes d'armes \- des sépultures de massacre Preuves archéologiques de violence Archéologie d'un crime Pointe de flèche dans le dos d'Ötzi ayant traversé l'omoplate. Il est mort de mort violente avec des traces de sang appartenant à 4 personnes différentes sur son manteau, ses flèches et sa lame de couteau. Il porte aussi une blessure ancienne à l'épaule. Pointe de flèche fichée dans une vertèbre humaine Découverte assez fréquente à la fin du Néolithique Mass graves -- tombes de massacres dès 5000 BC Talheim (Allemagne) 5000 BC : 34 personnes 16 enfants, 9 hommes et 7 femmes adultes Traumatismes sur les os, coups d'herminettes sur les crânes, traces de flèches Autres tombes du Néolithique ancien à final : Schletz-Asparn (Autriche) 300 personnes, Wiederstedt (Allemagne) 10 personnes, Kilianstädten (Allemagne), 21 personnes, Achenheim (France) 6 hommes adultes, Koszyce (Pologne), 15 personnes dont l'analyse génétique montre la présence de 4 familles nucléaires A Herxheim, traces de cannibalisme rituel (173 crânes et 450 individus dont certains décapités) Forensic archaeology Les archéo-anthropologues participent à la fouille et à l'exhumation de tombes issues de conflits ou de crimes de guerres et sont régulièrement appelés comme experts : tombes de la guerre civile espagnole, massacres de Srebrenica de 1995 (fouille en 2007), soldats français de la guerre de Crimée ou de la Grande armée napoléonienne en Russie et dans les pays baltes. Cette association entre sciences médicolégales et archéologie est appelée « forensic archaeology » Genre et archéologie (gender archaeology) L'archéologie du genre analyse la construction sociale des genres et leurs relations à travers les vestiges matériels Elle étudie les relations entre hommes, femmes, enfants du point de vue des relations de pouvoir et d'identité, comme dans la division du travail ou le rôle symbolique des sexes Elle s'est développée à partir des mouvements féministes des années 1960 qui ont voulu également relativiser la position des hommes Il existe aussi une archéologie féministe, une archéologie des transgenres etc. L'archéo-féminisme : la théorie de la déesse-mère La présence récurrente de figures féminines durant le Paléolithique et le Néolithique a amené des archéologues comme Marija Gimbutas à poser l'hypothèse d'un matriarcat prédominant avant son emplacement par une idéologie masculine Un autre argument provient des mythes fondateurs avec un rôle fréquemment prépondérant des femmes, mais les mythes sont avant tout fabriqués pour justifier l'ordre social et ne sont pas des faits d'ordre historique, ils peuvent être avoir été créés par les hommes pour justifier de leur domination, en renvoyant à un passé mythique celle des femmes (ayant commis une faute, expliquant leur relégation) Les grandes femmes de la protohistoire Des sépultures de femmes très riches avec char, vaisselle métallique, éléments en or, caractérisent le premier âge du Fer en Europe de l'Ouest : Vix, Lavau Qualifiées de « princières » elles posent la question du statut de ces femmes inhumées seules dans des tombes habituellement réservées aux hommes L'analyse des données funéraires de l'âge du Bronze et de l'âge du Fer montre des situations non binaires mais plutôt en continuum, avec d'un côté, un pôle masculin, de l'autre un pôle féminin et toute une série d'assemblages neutres ou mixtes (de 20 à 30 %) avec des différences chronologiques selon les périodes ou régions la forte suprématie initiale du masculin dans les tombes riches, diminue du XIVe s. jusqu'au VIIIe s., suivie d'une brève domination féminine avant le retour à une domination plutôt masculine au IVe s. av. J.-C. Hypothèse des « honorary males » s'expliquant par une vacance de pouvoir masculine à la suite de migrations ou du rôle privilégié des élites féminines comme des vecteurs d'alliance et de compétition sociale L'archéologie : une discipline plurielle et pluridisciplinaire L'archéologie dialogue et se situe au carrefour de disciplines : histoire, géographie, anthropologie sociale, physique, chimie, sciences naturelles, informatique, mathématiques etc. L'archéologie et les autres disciplines L'archéologie entretient des relations avec de nombreuses disciplines : sciences naturelles : géologie, botanique, zoologie, la paléontologie et biologie humaine etc. Archéologie et histoire : au XIXe s., l'archéologie était considérée comme une science auxiliaire de l'histoire. Elle était une discipline illustrative et non une discipline autonome des sources historiques qu'elle devait confirmer et compléter par des faits matériels Archéologie et ethnologie : l'utilisation de référentiels ethnographiques de sociétés vivantes ou documentés anciennement par les anthropologues sociaux est fréquente en préhistoire et protohistoire L'archéologie et les autres disciplines (2) D'autres disciplines avec lesquelles l'archéologie entretient des liens étroits sont : La géographie : pour l'étude physique des milieux, mais aussi les méthodes d'analyse des données en géographie humaine La psychologie et les sciences cognitives : l'analyse des capacités psychomotrices des premiers hommes ou des artisans et un thème important en archéologie et en technologie. Les processus d'apprentissage et de transmission des savoir-faire sont des sujets majeurs de l'archéologie des techniques Et bien sûr l'histoire de l'art avec laquelle l'archéologie partage une partie de son histoire et de ses méthodes. 3\. Quand s'arrête l'archéologie ? Enjeux et débats sur l'archéologie contemporaine Archéologie poubelle Archéologie des guerres et conflits Archéologie et art contemporain Archéologie « poubelle » « garbage archaeology » : de 1987 à 1995 les archéologues de l'université d'Arizona ont fouillé les poubelles de 15 décharges dans toute l'Amérique du Nord & ont collecté 30 t. de vestiges Double démarche : fouille et questionnaire afin de mesurer le décalage entre la réalité et les témoignages Résultats du projet « garbage » 10-15 % de tous les déchets étaient alimentaires. Les étudiants ont découvert les grandes quantités de nourriture comestible chez les ménages à revenu intermédiaire \"perdant\" plus de nourriture que le ménage pauvre ou riche. les gens ont minimisé la quantité d\'alcool qu\'ils ont bu, à 60 % dans quelques zones. Des gens de classe moyenne ont consommé de l\'alcool de bas de gamme D'autres déchets, comme des restes de drogues, évidement non signalés dans les enquêtes, étaient également présents Archéologie des conflits armés La première guerre mondiale Première fouille archéologique d'une tombe collective en 1991 de 21 soldats de la 23e compagnie du 288e régiment d'infanterie découverte dans la Meuse, dont le lieutenant était l'écrivain du Grand Meaulnes, Alain Fournier Fouille de tranchées Arras (Pas-de-Calais) ZAC Actiparc fouille en 2001 d'une tombe multiple de 20 soldats du 10e bataillon du « Lincolnshire Regiment » inhumés sur le dos, la tête au nord, les avant-bras pliés, à l'horizontale, avec le coude droit de chaque homme par-dessus le coude gauche de son voisin originaire de la même ville (non conforme au règlement). Seconde guerre mondiale Archéologie et art contemporain Atelier de Francis Bacon à Dublin laissé intact après son décès en 1992, déplacé en 2001, par une équipe d'archéologues ayant numérisé entièrement l'atelier et l'ayant enregistré et étudié comme un site archéologique (7000 artefacts inventoriés), il a été entièrement remonté en l'état dans un musée (Dublin City Gallery) Déjeuner sous l'herbe Le 23 avril 1983, 120 personnalités du monde de l\'art contemporain participent à un banquet organisé par Daniel Spoerri au domaine du Montcel, à Jouy-en-Josas (Yvelines). À la fin du repas, les tables du banquet sont enterrées, avec tous les reliefs du repas, dans une tranchée de 60 mètres. Vingt-sept ans plus tard, en 2010, une équipe d'archéologues de l\'Inrap étudie quelques mètres de ce festin-performance. Archéologie des contes de fée Etude en 2012-2016 du site de tournage du film « Peau d'âne » Jacques Demy filmé en 1970 au château de Gambais (78) : cabane et repère de la fée des Lilas 4000 objets ont été mis au jour Tournage d'un documentaire sur l'histoire & l'archéologie du film « Peau d'âme » Décalage entre mémoire et réalité matérielle Prospection et « fouille » CM 8 En guise d'ouverture : 400 de fouilles à Pompéi 1. Les origines : de l'Antiquité au Moyen-âge 2. Naissance des antiquaires : de la renaissance aux lumières (du 16e au 18e s.) 3. Naissance de l'archéologie comme science (le 19e s.) 4. De la fin du XIXème s. aux années 1930 5. La recherche de nouvelles perspectives (1930-aujourd'hui) 400 ans de fouilles à Pompéi 1592 : Découverte du site lors de travaux de creusement d'un canal, malgré une inscription « decurio pompeis », le site n'est pas identifié 1709 : fouilles du prince Emmanuel-Maurice de Lorraine, comte d\'Elbeuf, découverte de sculptures 1734 : fouilles du roi Charles III d'Espagne et de Naples 1763 : identification du site, accès restreint aux visiteurs dans le cadre de leur « Grand Tour », visite de Winckelmann 1806 : fouilles ordonnées par Joseph Bonaparte puis Joachim Murat, dégagement de la muraille 1830 : fouille de la maison du faune, découverte de la mosaïque d'Alexandre 1863-1875 : Guiseppe Fiorelli nommé Directeur des fouilles et Professeur d'archéologie à Naples, début des fouilles « scientifiques » : journal de fouille, publication des rapports, système de numérotation des îlots et de maisons, dégagement des déblais et fouille par les toits, technique du moulage des corps, ouvrage en 4 vol. « Pompeianarum Antiquitatum Historia » 1875-1910 : Michele Ruggiero puis Giulio de Petra continuent l'œuvre de Fiorelli, fouille de la maison des Vetii 1924-1941 : Amedeo Maiuri, dégagement complet de la villa des mystères et restauration, fouille des niveaux anciens en stratigraphie 1943 : bombardement par l'armée américaine 1950-aujourd'hui : augmentation de la fréquentation touristique, arrêt des fouilles, problèmes de conservation 2010 : effondrement de la Schola Armaturarum l'UNESCO déclare Pompéi en danger, modélisations 3D 2012 : « Grand Projet Pompéi » financé par l'UE, restauration, nouvelles fouilles : la maison de Léda et le cygne, la maison d\'Orion et la maison du Jardin, 1\. Les origines : de l'Antiquité au Moyen-âge Invention de l'archéologie (archaiologia en grec antiquitates en latin) : la connaissance du passé, traité des peuples, de leurs origines, leurs noms, coutumes -- discours érudit Invention de l'histoire (historia) : Hérodote crée un genre nouveau d'écriture en tant que résultat d'une enquête et non un récit de fondation ; Thucydide compare les sources Elaboration de modèles théoriques durant l'antiquité : - théorie des stades de développement de l'humanité : chasse /pastoralisme/agriculture- Idée du progrès technique (Lucrèce) : théorie des 3 âges avec la succession pierre/bronze/fer Avec l'effondrement de l'empire romain, disparaît un référentiel à la culture gréco romaine En parallèle, disparition et la récupération physique des antiquités (droit de déshérence) : « L'or peut être prélevé partout où il n'y a plus de maître » selon Théodoric le Grand (vers 455--526, roi des Ostrogoths de Ravenne et roi d\'Italie). \- Charlemagne demande au pape Adrien l'autorisation de fouiller à Rome afin de décorer Aix-la-Chapelle de marbres, \- La fouille n'est pas une pratique de connaissance du passé (exhumation de reliques) La récupération du passé par les politiques et les religieux : \- « Ne détruisez pas les temples païens, mais seulement les idoles qu'y s'y trouvent. Pour le monument, aspergez le d'eau bénite, élevez-y des autels, placez-y des reliques » (Grégoire le Grand (VIe s.) Patrologie latine \- mode des sarcophages antiques, le pape Innocent V est inhumé dans un sarcophage antique en 1276 Les vestiges archéologiques : une origine surnaturelle Les interprétations populaires du domaine des croyances et non de la science font appel à la foudre (céraunies) ou aux êtres fantastiques (géants, fées, sorciers, remplacés par les extra-terrestres de nos jours). Les pierres taillée sou céraunies étaient interprétées comme des « pierres de foudre », les vases et autres objets archéologiques naissaient spontanément du sol ou étaient apparus au moment de la création en même temps que les plantes et animaux. 2\. Naissance des antiquaires : de la renaissance aux lumières (du 16e au18e s.) Lors de la renaissance, l'Europe découvre le monde. Les voyages de découverte mettent les sociétés en contact avec leurs différences La naissance des sciences modernes (physique, chimie, astronomie, médecine) contribue au développement des recherches La remise au goût du jour des sources antiques favorise l'intérêt pour les vestiges de cette période L'imprimerie permettra la diffusion des écrits historiques et archéologiques Les cabinets de curiosité constituent un microcosme du savoir et l'ancêtre des musées. Chaque prince ou souverain veut disposer à côté de sa collection de peintures d\'un cabinet de curiosités dans lequel les antiques jouent un rôle central (http://www.kunstkammer.dk/H\_R/H\_R\_UK/GBworm.shtml) Les collections sont enrichies par des expéditions dans des pays tiers, comme celle d'Egypte, par collectes, dons ou pillages. Au XVIIème siècle les antiquaires vont publier de grands recueils d\'antiquités illustrés : Comte de Caylus (1692-1765) Recueil d'antiquités égyptiennes, étrusques, grecques, romaines et gauloises, 7 vol., Paris, (1752-1768) Bernard de Montfaucon (1655-1741) L'Antiquité expliquée et représentée en figures, 15 vol., Paris, (1719-1724) Nicolas Marschalk en Allemagne : 1er à résoudre une question historique par une fouille (différence entre mégalithes et tumuli) 3\. Naissance de l'archéologie comme science (le 19e s.) Une nouvelle vision de l'histoire de l'humanité : La remise en cause de la bible et la naissance de la géologie et de la préhistoire Le rôle de l'évolutionnisme La théorie des 3 âges et l'histoire culturelle de l'homme L'état-nation et l'identité des peuples (naissance des musées nationaux) Naissance de la géologie et de la préhistoire la remise en cause de la bible Le calcul de l'origine de l'homme et de la terre était basé sur des calculs -- faux -- sur le nombre de générations attestées par la bible, comme pour le révérend James Ussher (1581--1656) qui proposait comme date de création le 23 octobre 4 004 av. J.-C. En 1657, le médecin et pasteur calviniste Isaac LAPEYRERE abjure de ses thèses car il avait supposé l\'existence d\'hommes antérieurs à Adam et tenté de le démontrer Georges CUVIER (1769-1832) tente un impossible compromis, en élaborant la théorie du catastrophisme qui interprète les dépôts géologiques en termes de catastrophes naturelles successives le système chronologique de Cuvier est basé sur la stratigraphie ; il date les fossiles par attribution aux strates même s'il récuse la contemporanéité entre l'homme et les mammifères anciens. Par ailleurs Cuvier était adepte des théories racistes de l'époque considérant comme inférieures les populations d'Afrique (il a même disséqué Saartjie Baartman dite la « Vénus hottentote ») Des preuves de l'antiquité de l'homme sont apportées par Boucher de PERTHES (1788-1868), qui découvre des bifaces dans les terrasses de la Somme à Abbeville en 1844 et affirme l'existence de l'homme préhistorique Boucher de Crévecoeur de Perthes (1788-1868, directeur des douanes et préhistorien) publie en 1847 les Antiquités celtiques et antédiluviennes \- fait la synthèse entre sciences naturelles et humaines \- applique les méthodes stratigraphiques \- décrit typologiquement les artefacts \- décrit la position et le contexte des strates La théorie des 3 âges et l'évolution culturelle de la préhistoire Les auteurs grecs et latins soutiennent l'idée d'une transition d'un Age du Bronze à un Age du fer avec des spéculations ethnographiques sur l'existence antérieure d'un Age de pierre. L'apport de l'archéologie scandinave : Christian Jürgensen THOMSEN devient en 1816 le responsable de la commission royale pour la préservation des antiquités danoises fonde le musée de Copenhague (1819) sur la théorie des 3 âges (pierre-bronze-fer) - énonce les préceptes de la similarité culturelle \- conduit des fouilles, s'intéresse aux ensembles et associations fiables de mobilier Guide des antiquités nordiques (1836) Jen Jacob WORSAE \- élève de Thomsen se base sur la théorie des 3 âges \- à 20 ans 1er rapport de fouilles, à 23 ans, publie Danemarks oldtid \- Par une approche pluridisciplinaire il résout le problème de la datation des amas coquilliers comme rejets de cuisine naissance des institutions (musées nationaux et des services des monuments, écoles) : \- British Museum créé par décret du parlement grâce à une loterie (1753) \- Musée de Copenhague (1819) \- Commission pontificale d'archéologie sacrée, pape Pie II (1852) \- Musée des Antiquités Nationales inauguré par Napoléon III (1867), \- Commission des monuments historiques en France (1830) \- Ecole française d'Athènes (1846) Collections et fouilles entreprises par des souverains et chefs d'état \- Thomas Jefferson (1743-1826), 3e Président des Etats-Unis et archéologue, fouille des tumulus dans la vallée du Mississippi à partir de 1784 \- fouilles décidées par Napoléon III à Alésia, Gergovie, Bibracte, auteur d'une « Histoire de Jules César », donateur au MAN avec Frédéric VII, roi du Danemark La naissance des musées nationaux 1850-1914 British Museum : 1759 Musée de l'Ermitage : 1764 Musée du Louvre : 1793 Musée de Copenhague : 1819 Musée Peabody d\'archéologie et d\'ethnologie (Harvard) : 1866 Musée des Antiquités nationales : 1867 National Museum of Ireland : 1890 Musée national archéologique d'Athènes : 1893 Pergamonmuseum Berlin : 1910 Racisme, idéologie nationale et archéologie l'archéologie des peuples et ses dérives : celtes, scythes et indo-germains Le modèle de l'Etat-nation clé de compréhension des vestiges archéologiques. L'archéologie utilisée pour légitimer les conquêtes et dominations ou créer une identité nationale inventée. Le modèle est alors celui de la culture archéologique homogène correspondant à un peuple ou une ethnie et de sa diffusion à partir d'un centre, modèle que l'on sait faux aujourd'hui. G. Kossinna adhère à la thèse de l\'origine baltique de la civilisation européenne, comme les nationalistes allemands « Des provinces culturelles nettement délimités sur le plan archéologique coïncident à toutes les époques avec des tribus ou des peuples bien précis » extrait de : L'origine des Germains (1911) L'archéologie et le public Les archéologues sont soucieux depuis toujours de présenter au public leurs découvertes. Réservées au départ aux personnes de la « bonne société », la visite des fouilles s'ouvre à un public plus large et des conférences sont présentées au public et peuvent présenter un grand succès à une période ou l'attrait pour les sciences est à son apogée dans une civilisation industrielle triomphante Lors des expositions Universelles, comme celles de Paris (1867, 1878, 1889), la Préhistoire est présentée au public notamment par Gabriel puis Adrien de Mortillet L'intégration à l'art et à l'architecture d'éléments archéologiques La passion et la popularité des civilisations antiques transparaît dans les modes architecturales qui se traduisent par des commandes privées ou publiques de bâtiments s'inspirant de modèles grecs, romains, égyptiens, voire d'Extrême Orient Église de la Madeleine, Paris (1763-1842) L'égyptomania apparaît à la fin du 18e s. et connaît une popularité croissante après l'expédition d'Egypte. Le tourisme de masse est initié en Égypte par l\'agence Cook avec en 1869 la première croisière sur le Nil en bateau à vapeur L'archéologie comme science (1800-1900) : méthodes et techniques de fouille et d'analyse des vestiges Méthodes et techniques de fouille, de relevé monumentaux, Développement de l'épigraphie, déchiffrement des écritures - hiéroglyphes par Champollion en 1822, \- le cunéiforme à partir de 1835-1840 du 17e s à la fin du 19e s, on passe progressivement de la collecte d'objets et du pillage à la fouille systématique et à l'étude des vestiges. \- Sir Flinders PETRIE (1853-1942) - Henrich SCHLIEMANN (1822-1887) \- Premières analyses archéobotaniques, archéozoologiques et reconstitutions expérimentales à la fin du 19e s. 4\. De la fin du XIXème s. aux années 1930 Mise en place de la chronologie Naissance de la typologie Définition des cultures archéologiques et discussion sur leur origine Naissance de nouvelles méthodes : premières déterminations botaniques et zoologiques sur du matériel archéologique, premières reconstitutions expérimentales Des échanges entre chercheurs à l'échelle mondiale et des réseaux de sociétés savantes couvrant le territoire du « vieux monde » Découverte et exploration des grands sites archéologiques européens au XIXe s. Certains sites sont exploités comme des concessions minières, les ouvriers sont payés à la pièce découverte. Les objets sont vendus dans le monde entier, des faux apparaissent déjà Découverte des cités lacustres : première exploration subaquatique par Foret, Morlot et Troyon le 24 août 1854 Solutré ouverture d'une tranchée en 1896 par des collectionneurs De grandes découvertes et sites intégrés à l'identité et au patrimoine national/mondial Fouille de la tombe d'Oseberg (Norvège) 1904-1905. Le bateau sera reconstitué au musée des drakkars d'Oslo Howard Carter se mettant en scène dans la tombe de Toutankhamon pour un reportage photographique (Egypte) 1922 5\. La recherche de nouvelles perspectives (1930-aujourd'hui) 51\. Les innovations méthodologiques : le terrain \- La fouille par contextes et la fouille stratigraphique \- la fouille ethnographique de Leroi-Gourhan \- Les fouilles de grande surface et la mécanisation \- L'archéologie préventive 52\. Les innovations méthodologiques : le laboratoire \- La révolution du radiocarbone \- les techniques quantitatives, l'informatique et l'archéologie numérique \- la révolution paléogénétique 53\. Nouvelles interrogations, nouveaux modèles \- la « New Archaeology » \- Le paléoenvironnement et l'interaction homme-milieu 51\. Les innovations méthodologiques : le terrain De nouvelles méthodes de fouille s'attachant aux contextes des objets De nouvelles méthodes de fouille et d'enregistrement : \- Fouille stratigraphique \- Fouille planigraphique et palethnographique Mécanisation et observation sur de grandes surfaces Au cours des années 1960 à 1980, des surfaces de plus en plus grandes sont fouillées à l'aide de moyens mécaniques ou en fouille planigraphique extensive et non plus de fouilles limitées de quelques dizaines de mètres carrés. La naissance de l'archéologie préventive amplifiera encore cette tendance L'archéologie préventive A la suite de la Convention européenne pour la protection du patrimoine (Malte, le 16/01/1992), les états européens mettent en place des lois pour structurer la pratique de l'archéologie préventive et la rendre plus efficace (14/01/2001 en France) 52\. Les innovations méthodologiques : le laboratoire Révolutions méthodologiques du XXe s. La révolution du radiocarbone 1950 : dater plus précisément les faits, recul considérable de la préhistoire récente La révolution de la paléogénétique 1980 : déterminer les relations de parenté biologique et reconstituer les migrations Traitées dans les cours suivants La « New Archaeology » 1960-1970 En réaction à une archéologie historique et culturelle trop descriptive, naît dans le monde anglo-saxon une archéologie dite « New Archaeology » ou « Archéologie processuelle » Elle s'intéresse aux processus sociaux et économiques qui sont le fondement des sociétés humaines. Elle tente de révéler des lois universelles du comportement humain et s'attache à étudier les hommes, l'étude des vestiges matériels étant un moyen, pas une fin en soi (« cherchez l'indien derrière la flèche ») Elle intègre de nouvelles méthodes et techniques scientifiques et objectives, quantitatives notamment, l'ethno-archéologie et intègre les questions environnementales étant en partie basée sur l'écologie culturelle et s'opposant au diffusionnisme voulant tout expliquer par des migrations ou des influences culturelles L'archéologie environnementale L'analyse de la relation homme-environnement est intégrée à toutes les problématiques de recherches archéologique, que ce soit à l'échelle du site ou à l'échelle planétaire avec la naissance de l'anthropocène. Les sciences naturelles appliquées à l'archéologie, liées à la géologie et à l'étude des sols, aux restes végétaux ou animaux, ou encore au climat, se sont constituées en véritables inter-disciplines dialoguant avec l'archéologie et se nourrissant des données archéologiques Elles permettent d'aborder de grandes questions telles que la naissance de l'agriculture et de l'élevage, la surexploitation des milieux, l'impact des changements climatiques CM 9 Introduction de la nature des fouilles archéologiques Fouilles programmées et fouilles préventives 1\. Les différents types d'opérations de terrain La prospection La fouille Le relevé 2. Après la fouille Post-fouille Archivage et conservation De la nature des fouilles archéologiques On présente souvent la fouille archéologique comme un livre dont on détruirait les pages au fur et à mesure de leur lecture, mais un livre dont toutes les pages ne sont pas conservées et écrit dans une langue largement inconnue ! Cette métaphore montre le caractère non reproductible d'une fouille, on ne peut jamais fouiller deux fois le même site et ce qui n'est pas observé ou enregistré est perdu à jamais, d'où le côté méticuleux et systématique des fouilles actuelles Le terrain pour l'archéologue, c'est la phase de production des données, phase à la fois excitante et épuisante qui peut durer plusieurs années, voire toute une vie. L'archéologie préventive L'aménagement à grande échelle du territoire (autoroutes, barrages), la mécanisation et l'agriculture extensive ont amené à une destruction importante du patrimoine archéologique-\> en France 60 000 ha sont concernés chaque année (soit 600 km2) et près de 500 fouilles sont prescrites et plus de 2500 diagnostics Une archéologie « de sauvetage » ou « préventive » (rescue excavation) s'attache à étudier les sites menacés avant destruction au contraire d'une recherche dite « programmée » sur des sites non menacés Cette archéologie repose sur une réglementation initiée par la signature de la convention de Malte en 1992 par les états du Conseil de l'Europe (en France la loi de 2001 qui a créé l'INRAP = Institut National de Recherches Archéologiques Préventives) Cette activité de fouille est devenue très majoritaire (plus de 90% des opérations de terrain en France), les fouilles programmées étant devenues plus rares Projets de terrain et fouilles programmées Les recherches archéologiques qui ne sont pas contingentes à des destructions sont dites « programmées ». Elles répondent à des questionnements scientifiques liés à une personne, une association, un laboratoire, une institution (CNRS, Universités, INRAP) voire à une programmation nationale de la recherche archéologique. En France, c'est le CNRA -- Conseil National de la Recherche Archéologique -- qui propose et synthétise cette programmation pour le ministère de la Culture. Les recherches programmées peuvent aussi être menées à l'étranger par des missions soutenues par le ministère de l'Europe et des Affaires Etrangères et les écoles françaises à l'étranger (Rome, Athènes, Madrid, Lima, Beyrouth, Le Caire, Amman...) Missions françaises à l'étranger Avec 150 missions/an, cette activité de fouilles françaises à l'étranger est un levier diplomatique et un élément important de coopération scientifique depuis toujours. Au Proche-Orient, ce sont souvent des diplomates qui ont procédé à des fouilles dès le 19e s. La Délégation archéologique française en Afghanistan (DAFA) existe par exemple depuis 1922. Où l'on apprend que le terrain en archéologie ce n'est pas que de la fouille ! Il existe différents types d'opérations de terrain : \- la prospection \- les sondages et le diagnostic \- La fouille \- Le relevé de bâti ou pariétal La prospection Objectif : identifier des sites archéologiques, préciser leur extension, conservation et leur potentiel archéologique Méthode : non invasive, sans creuser le sol et uniquement à partir de la surface ou du ciel 2 familles de méthodes : prospection au sol/aérienne Les méthodes et techniques de prospection Prospection pédestre La prospection pédestre se pratique sur champs labourés ou en zone désertique, parfois comme hobby par des amateurs (nécessite néanmoins une autorisation des propriétaires et de l'Etat) La prospection avec détecteur de métaux est interdite sur sites archéologiques sauf sur autorisation La prospection aérienne & Lidar structures en plein En photographie aérienne à basse altitude, clichés pris depuis un avion ou un drone, soit verticales, soit obliques, mono ou stéréoscopie, spectre visible ou infra-rouge principe de l\'identification des structures archéologiques par croissance des plantes, l'humidité, la couleur du sol, les micro-reliefs Le Lidar -- détection par laser aéroporté -- permet de passer à travers la couverture végétale et de documenter rapidement des milliers de km2 et de découvrir des sites inédits en forêt La prospection géophysique Les sondages/ le diagnostic Les sondages ont pour objet de délimiter les zones archéologiques et d'en évaluer le potentiel (ampleur des dépôts, conservation et intérêt des vestiges) afin de prévoir ou non une fouille En archéologie préventive, on parle de diagnostic (systématique avant une fouille préventive). Se pratique avec des pelles mécaniques jusqu'à rencontrer des vestiges et des structures pour les tester et les évaluer. La fouille Le cadre juridique : fouille programmée versus fouille préventive Les contextes et les types de sites Les étapes du processus de fouille (la chaîne opératoire) L'équipe de fouille Les méthodes de fouille : fouille verticale versus fouille horizontale La Fouille La fouille est une étape essentielle d'acquisition des données de terrain. Elle consiste à mettre au jour dans le sous-sol les vestiges archéologiques en observant au fur et à mesure leur contexte d'enfouissement qui est détruit par l'acte même de fouille L\'enregistrement des données a pour objectif de transcrire les informations détruites au fur et à mesure de l\'avancement de la fouille. Les informations issues de l\'enregistrement réalisé pendant la fouille constituent les archives de fouille qui doivent permettre de restituer à postériori l\'ensemble de ces information lors de l\'étude du site en fonction des besoins. Tout projet de fouille est basé sur un projet scientifique qui vise à répondre à des questions précises (chronologie, nature des occupations, cultures archéologiques présentes, fonctionnement du site, démographie et occupants...) Les étapes du processus d'une fouille La fouille est un moment du projet qui comprend tout un travail préliminaire : étude documentaire, choix du site ou des zones à fouiller, autorisations administratives et montage du dossier d'opération avec recherche de financements et après le terrain, le traitement des données, la rédaction du rapport, puis la communication des résultats et la médiation auprès des publics Le choix des méthodes et techniques de fouille & du système d'enregistrement Méthodes et techniques de fouille sont choisies en fonction de la nature du terrain et du contexte archéologique (urbain stratigraphique, rural avec structures éparses, lacustre subaquatique, sans stratigraphie, abri sous roche avec chaos rocheux \...) ainsi que du contexte d'intervention (fouille préventive ou programmée) Une politique d'enregistrement, avec un système (informatisé aujourd'hui, anciennement le journal de fouille) sont définis, ainsi qu'une stratégie d'échantillonnage des vestiges et des prélèvements Les choix sont effectués par l'équipe de fouille sous la responsabilité du chef de chantier (titulaire de l'autorisation de fouille dans le droit français) Une équipe de fouille est constituée avec une équipe de terrain et une équipe de spécialistes chargés de l'étude des vestiges, des experts et des laboratoires associés Diversité des milieux et contextes d'intervention et adaptation aux contraintes Fouille terrestre versus fouille subaquatique et sous-marine Milieux terrestres : Milieux ouverts : plaines, cultures, zones désertiques Milieux construits : archéologie urbaine, archéologie industrielle Milieux fermés : forêts Milieux confinés : grottes, mines, souterrains, puits Milieux extrêmes : zones arctiques, montages, glaciers Milieux humides : marais, bords de lacs Types de sites Habitats : fermes, hameaux, villages, villes (structures d'habitats et annexes, dépotoirs) Funéraires : cimetières, sépultures isolées, mégalithes, cénotaphes Rituels, religieux : temples, églises, dépôts, grottes ornées Défensifs & militaires : forts, châteaux, camps Lieux d'extraction de matériaux & production artisanale : mines, carrières, ateliers, fabriques Lieux de production vivrière : champs et parcellaires, bergeries, pêcheries Moyens et infrastructures de transport : ports, voieries, navires Méthodes de terrain subaquatiques Tous les 10 m la pression augmente de 1 bar, les plongeurs doivent avoir un certificat d'aptitude à l'hyperbarie (B en France) Le temps de plongée ne se limite pas qu'au temps de travail sous l'eau, mais doit prendre en compte le temps de remontée et le respect des paliers de décompression qui permettent à l'organisme de retrouver un équilibre des gaz, appelé saturation. Invention du scaphandre autonome par Gagan et Cousteau en 1942-43 Faible profondeur \< 12 m : \- fouille par assèchement- Scaphandre autonome Profondeur moyenne 12-60 m :- Scaphandre autonome Fouille de grandes profondeurs \> 60 m : \- scaphandre hyperbare- sous-marins- robots Les méthodes de fouille terrestres La fouille stratigraphique Observation des unités de fouille définies comme des Unités stratigraphiques ou US : la plus petite subdivision de la séquence stratigraphique du point de vue temporel Chaque unité est fouillée et délimitée dans l'espace, ses relations physiques sont observées selon le système des relations stratigraphiques de Harris qui modélise 3 types de relations : la loi de superposition indique que les unités supérieures sont plus récentes, les unités inférieures sont les plus anciennes, elle permet de reconstituer la chronologie relative des dépôts Le diagramme de Harris Le diagramme de Harris permet une interprétation dynamique et fonctionnelle, puis les éléments de datation absolue/relative sont intégrés au schéma stratigraphique Ici : un mur est posé au fond d'une tranchée de fondation, qui est ensuite comblée, puis le mur est arasé Chacun de ces évènements est enregistré par une unité stratigraphique positive ou négative Fouille en aire ouverte discontinue Dans ce cas, les sols archéologiques ne sont pas conservés, seules la base des structures creusées dans le sous-sol (trous de poteaux, fosses, fossés, tranchées) permette de lire le plan des structures bâties si elles avaient des fondations profondes Fouille en aire ouverte discontinue OBJECTIFS : reconstituer la chronologie des occupations, étudier les relations planigraphiques des structures et identifier leur fonction METHODE : décapage à la pelle mécanique de la terre végétale et des niveaux détruits puis identification et fouille des structures en creux TECHNIQUE DE FOUILLE : fouille fine ou rapide selon les structures (silos, sépultures, fosses-dépotoirs, fossés...). Des structures sont fouillées par moitié ou échantillonnées par segment. ENREGISTREMENT : par unité de contexte (structure), fouille éventuelle avec carroyage pour certaines structures Fouille ethnographique OBJECTIFS : fouille d'un sol, d'un niveau d'occupation ou d'une structure de manière à reconstituer son organisation par l'étude des relations entre les artefacts et les relations sociales entre les occupants CONDITIONS : ensemble archéologique homogène en bon état de conservation avec peu de déplacement des vestiges 2 cas : - site enfoui brutalement de type Pompéi (ensemble clos chronologiquement homogène) \- site abandonné (ensemble ouvert représentant une durée plus ou moins longue) TECHNIQUE DE FOUILLE & ENREGISTREMENT : fouille fine, vestiges laissés en place, dégagés au fur et à mesure avec relevé en plan ou photographique en 3D et démontage par niveau d'occupation Le tamisage et les prélèvements Le tamisage à sec ou par lavage et flottation permet de récupérer les petits éléments peu visibles à la fouille (graines, ossements, perles etc.) Des prélèvements en vrac ou conditionnés en tubes servent aux analyses paléoenvironnementales Enregistrer dans un Système d'Information Archéologique Constitution des archives de fouille dans un système informatique comprenant les données et des outils de traitement (textes, images, statistiques etc.) Descriptions des : US, faits, structures, relations stratigraphiques, éléments de datation Inventaires : Mobilier, plans & coupes, photographies, dessins Rapports et documents Bases de données de référence : Céramique, monnaies etc. Outils statistiques et d'états : Comptages, graphiques, listes d'inventaires Le relevé Plans et coupes Relevé de bâti Documenter les surfaces et les sections : plans & coupes Sur les plans de terrain à échelle (1:5 à 1:20) sont relevés les vestiges par catégorie Les coupes ou profils permettent de restituer la stratigraphie Le relevé de bâti Le relevé topographique pour documenter le relief du terrain ou de parois ornées, le relevé architectural sont des opérations courantes. Désormais ce sont les technologies 3D qui sont utilisées pour ces opérations -- au scanner laser ou par photogrammétrie. L'archéologie du bâti est basée sur une lecture stratigraphique des unités de construction comme s'il s'agissait de dépôts de sédiments. Où l'on apprend qu'après la fouille, le travail est loin d'être terminé... L'activité de fouille génère une documentation très abondante qui va fournir de quoi faire le rapport, document administratif et scientifique qui sera évalué. Les données pourront donner lieu à de nombreux travaux d'analyse, de recherches à moyen, voire à long terme pour les générations futures d'archéologues et doivent être archivées et conservées Une journée de fouille peut donner lieu à plusieurs journées d'analyses et de traitement de la documentation et des données Si la documentation est bien enregistrée, un site peut être analysé et ses vestiges utilisés des décennies après la fouille Post-fouille et traitement des données Des travaux préliminaires \- tri, lavage, marquage, pesage, inventaire, remontage -- sont nécessaires avant d'analyser les données de fouille. Ce travail est parfois mené dans la base-vie sur la fouille même en parallèle au travail de terrain ou en fin de journée ou alors en laboratoire et base de fouille Conservation des archives et des vestiges Les réserves de musées et dépôts de fouille doivent présenter des conditions optimales de conservation. Les Centres de Conservation et d'étude du ministère de la Culture (1 par Département) ont pour vocation de conserver mobiliers et documentation scientifique ainsi que de permettre leur consultation et accès aux chercheurs et au public Des conditions de conservation adaptées avec des expertises régulières garantissent cette conservation à long terme Certains vestiges sont néanmoins conservés par des propriétaires privés ou exposés dans des tiers lieux. CM 10 Introduction : les sciences et l'archéologie 1\. Méthodes de datation 2\. Archéologie environnementale 3\. Paléobiologie & bioarchéologie 4\. Matériaux & systèmes techniques 1\. Méthodes de datation Datation historique Datation relative Datation absolue Chronologies historiques calendaires Les calendriers historiques constituent une première possibilité d\'obtention de dates absolues, avec une précision qui est souvent à l\'année près (calendrier égyptien, maya, chinois\...). Les supports comprenant ces dates sont des textes, des inscriptions, des évènements identifiées dans une structure archéologique (incendie, inhumation) Les monnaies permettent également de se situer par rapport à un règne ou une date d'émission (avec l'imprécision liée à l'usage de la monnaie parfois longtemps après son émission) Méthodes relatives Les méthodes relatives permettent de dater les faits en les ordonnant en séquence dans le temps les uns par rapport aux autres. Il peut s\'agir de stratigraphies, où l\'ordre de succession des couches est obtenu par les relations de superposition, de typologiques séquences pour lesquelles l\'ordre de succession des objets dans le temps est établi Typologie La typologie qui est un système de classement selon les formes, les décors, les caractéristiques technologiques et/ou les matériaux, permet d'ordonner les artefacts dans le temps et dans l'espace et de proposer des intervalles de datation relative. Datation absolue Trois ensembles de méthodes de datation absolue sont basées sur différents processus : \- les méthodes basées sur la variation d\'un cycle naturel, \- Les méthodes radioactives, \- les méthodes dites relatives calibrées Méthodes de datation absolue : variation d'un cycle naturel Dendrochronologie : les cernes de croissance annuelle des plantes ligneuses (le bois) en zone tempérée (arrêt de croissance l'hiver) Varves : les strates sédimentaires qui se sont déposées chaque année au fond d\'un lac. Cette stratification est due à des variations climatiques saisonnières Calottes glaciaires : les couches successives de neige compressée peuvent être datées et utilisées pour la reconstitution du climat La datation croisée (cross-dating) Pour dater un bois, on prélève une carotte ou une rondelle, ses cernes sont mesurés sur une coupe radiale et la variation d\'épaisseur est traduite sur une courbe. Deux bois contemporains présentent les mêmes courbes. La construction d\'une courbe de l\'épaisseur moyenne des cernes, mesurée année par année à partir de bois actuels, permet d\'établir une chronologie de référence absolue. Des bois peuvent être ensuite datés par comparaison sur cette courbe visuellement, comme en comparant des codes-barres, et à l\'aide de tests statistiques. On peut ainsi remonter le temps jusqu'au début de l'Holocène. Méthodes radioactives calibrées : le radiocarbone (C 14) Le C 14 est produit en haute atmosphère par les rayons cosmiques, il est rapidement transformé en dioxyde de carbone et ingéré par les organismes vivants Si la quantité de C 12 reste constante, celle de C 14, radioactif, décroît régulièrement après la mort des organismes vivants. La moitié du C 14 met 5730+-40 ans à disparaître. Il faut encore le même temps pour que la moitié restante disparaisse encore. C\'est-à-dire qu\'au bout de 11400 ans, il ne reste plus qu\'un quart du C 14 présent à l\'origine. Pour dater un échantillon, il suffit donc de compter la quantité de C 14 résiduelle et son rapport avec la quantité de C 12. Comme le rapport initial entre C 14 et C 12 est fixe, on peut mesurer la quantité de C 14 qui a disparu et donc le temps que cela représente. Cette méthode ne permet pas de remonter au-delà de 50.000 ans pour des dates plus anciennes, il y a d'autres éléments chimiques qui ont une demi-vie plus longue Tout ce qui est organique peut être daté : bois, charbon, ossements, coquilles, coraux, cheveux, peau, tourbe, tissus, parchemin etc. Quelques microgrammes suffisent La précision peut être de 20/25 ans pour des périodes récentes 2\. Archéologie environnementale Qu'est-ce-que l'archéologie environnementale ? Objectif : étude de la relation homme/milieux Démarche : reconstitution de l'évolution environnementale des milieux et du climat et analyse de l'impact anthropique, des ressources animales, végétales et minérales exploitées Elle permet indirectement de mieux comprendre la genèse de l'anthropocène et de décrire des scénarios d'interaction positive ou négative, d'adaptation au changement ou d'effondrement, au-delà du déterminisme trop simpliste Problématiques Reconstitution du climat et de l'histoire de la végétation et des faunes Stratégies de subsistance et exploitation des ressources, saisonnalité : agriculture & élevage, chasse & cueillette Systèmes agraires Systèmes de peuplement Paléo-pollutions liées à l'extraction minière, impact des défrichements sur l'érosion des sols Disciplines Les trois disciplines majeures de l'archéologie environnementale analysent les sols et sédiments (géoarchéologie), les restes végétaux (archéobotanique), les restes de faune (archéozoologie). L'archéologie contribue aussi à la paléoclimatologie qui reconstitue l'histoire des climats à partir de toutes les sources disponibles. Géoarchéologie La géoarchéologie croise les approches des sciences de la terre, la géographie physique et l\'archéologie afin de comprendre les processus de la formation et l'évolution des sites archéologiques au fil du temps. Elle reconstitue les conditions environnementales autour d'un site. Elle Etudie les différents processus qui peuvent transformer des contextes archéologiques et des artefacts après leur abandon (taphonomie) et fournit des clés d'interprétation des vestiges Méthodes : géomorphologie (étude des formes du relief), sédimentologie (étude des sédiments), pédologie (étude des sols), stratigraphie et géochronologie (datation des couches), micromorphologie (microscopie des sols et sédiments). Archéobotanique L'étude des restes végétaux concerne tous les types de restes, du pollen invisible à l'œil au bois fossile. Ce sont souvent des fragments de plantes, graines ou fruits (dits macrorestes pour les différencier des microrestes) On peut déterminer les espèces, le mode de conservation des semences, leur transformation en aliments et les manipulations génétiques réalisées lors de la domestication L'étude des pollens ou palynologie La palynologie permet de reconstituer l'histoire de l'environnement végétal grâce à l'étude de stratigraphies importantes de sites de grottes ou de tourbières. Elle met en évidence des phénomènes climatiques généraux, aussi bien que des actions humaines ponctuelles. Les pollens sont les cellules reproductrices des plantes à fleurs. Ils sont microscopiques (quelques dizaines de microns) se conservent très bien. Leur morphologie est spécifique à chaque famille ou espèce de plantes. La quantité de pollens diffusée et la distance parcourue varient d'une espèce à l'autre (Le pollen du pin peut parcourir plusieurs centaines de kilomètres, les céréales quelques centaines de mètres) Pour reconstituer l'histoire de la végétation d'un site, on prélève des échantillons de sédiments en stratigraphie afin d'avoir la chronologie. Les sédiments prélevés sont ensuite dissous dans de l'acide auquel résistent les pollens. Ceux-ci sont alors décomptés au microscope, par espèces, Le diagramme pollinique représente les données sous forme de courbes quantitatives verticales de l'échantillon le plus ancien au plus récent L'archéozoologie L'archéozoologie vise à reconstituer l'histoire du rapport entre l'homme et l'animal. Il faut la distinguer de la paléontologie qui s'intéresse plus particulièrement aux fossiles de toutes les périodes géologiques. Elle aborde des sujets tels que l'évolution des espèces, la domestication et ses conséquences, la reconstitution des troupeaux et leur gestion, les techniques de découpe bouchère, l'étude du régime alimentaire des animaux, des épizooties, de la génétique etc. La première étape du travail archéozoologique, l'identification des restes osseux, repose sur le principe de la comparaison anatomique avec une collection de référence. La biométrie est une des méthodes utilisées en archéozoologie pour reconstituer, ou estimer d'après des mesures anatomiques, le caractère sauvage ou domestique, le sexe, l'âge d'un individu ou d'un groupe d'animaux donné. La biochronologie tente de reconstituer l'âge, voire la saison d'abattage ou de décès d'un animal d'après les étapes de croissance des os. Le climat Si le climat fluctue au cours des milliards d'années de l'histoire de la terre, l'homme est malheureusement responsable du réchauffement constaté lors du dernier siècle comme le montrent les résultats du consortium de scientifiques du GIEC dont les rapports ont été présentés à l'ONU et lors des COP. L'archéologie environnementale analyse aussi cette interaction. On analyse par exemple l'histoire des incendies et l'impact des mégafeux sur la végétation et le climat des continents 3\. Paléobiologie & bioarchéologie La Paléobiologie concerne l'étude organique des restes fossiles par des approches classiques ou biochimiques et moléculaires. Appliquée aux restes humains ou animaux elle permet d'aborder différentes questions liées à : \- la stature, la morphologie du squelette et de l'anatomie \- la démographie et l'état sanitaire des populations \- les relations de parenté et la paléogénétique \- la paléopathologie, ou étude des maladies anciennes et des soins \- le régime alimentaire Paléogénétique La possibilité d'extraire de l'ADN fossile est liée à une méthode de duplication des fragments d'ADN conservés dite PCR (polymerase chain reaction) mise au point en 1985. L'ADN qui est le support des gènes garde une trace du temps, car les changements interviennent très lentement. Il a été calculé pour l'homme que 2 % à 4 % des gènes des mitochondries mutaient chaque million d'années. Les lignées peuvent être reconstituées soit par l'ADN nucléaire (paternel et maternel), soit des mitochondries (lignées maternelles) Les analyses de néandertaliens et de sapiens ont montré que nous avions encore aujourd'hui 1 à 3% de gènes de Néandertal La preuve de migrations importantes et sur de longues distances a pu également être faite pour les périodes de la préhistoire récente, que ce soit pour la colonisation de l'Europe néolithique, par la présence de populations issues des steppes d'Ukraine en Europe centrale aux 3e et 2e millénaires av. n. è. 4\. Matériaux & systèmes techniques L\'étude du système de diffusion de produits manufacturés est en relation avec la finalité de la production (utilisation locale ou exportation). Elle demande la connaissance des différents éléments du système de production et de diffusion : nombre & qualité des personnes mis en cause (artisans et consommateurs), moyens de production, produits, type d'organisation sociale, mode de diffusion, nature de la transaction, lieu de transaction et le mode de paiement ou d\'échange. Identifier les produits et les sources de matières premières La procédure d'identification des produits et des sources de matière première est double : \- analyser les artefacts archéologiques en contexte fiable et bien datés \- disposer d'un référentiel de matières premières en consultant les cartes géologiques et en réalisant des prospections gîtologiques autour des sites producteurs ou consommateurs Ces référentiels sont parfois regroupés au sein de collections appelées lithothèques ou argilothèques Méthodes de détermination des matériaux en archéométrie Une très grande diversité de méthodes et techniques sont mobilisées pour caractériser les matériaux \[Ces recherches sont faites pour l'essentiel (sauf les observations de détail à la loupe binoculaire) dans des laboratoires et par des chercheurs spécialisés dans différents domaines de l'archéométrie. Un laboratoire : le C2RMF (Grand Louvre) Techniques d'examen des œuvres : \- Photographie rasante et infra-rouge, MEB, radiographie, réflectographie infrarouge méthodes d\'analyse élémentaire : -analyse par faisceau d\'ions (IBA) AGLAE-micro-fluorescence X (MFX), (composition chimique sans prélèvement) -microanalyse au microscopie électronique à balayage (SEM - EDX) caractérisation chimique des micro-prélèvements \- spectrométrie d\'émission atomique par plasma à couplage inductif (ICP) Analyse organique : \- Spectrométrie infrarouge (IRTF) -spectrométrie de masse (CPG/MS) Physique de la couleur, mesure de la couleur Datation \- thermoluminescence \- radiocarbone La variscite néolithique du Golfe du Morbihan vient du sud de l'Espagne perles et pendeloques en variscite se retrouvent dans de nombreuses sépultures de la façade atlantique, de Catalogne et dans le nord-est de la péninsule Ibérique du Ve millénaire, à la fin du IIIe millénaire A partir de bases de données géochimiques sur les variscites géologiques et archéologiques de l'Ouest de l'Europe (PIXE), des analyses statistiques permettent de discriminer les gîtes connus et d'attribuer les éléments archéologiques au sud de l'Espagne (perle de la Table des Marchands, Morbihan) CM 11 Plan Institutions et acteurs de l'archéologie Législation Médiation et valorisation du patrimoine archéologique Musées virtuels \- Réalité virtuelle/augmentée Archéologie et culture populaire Les institutions et acteurs en France Le ministère de la Culture L'INRAP Les collectivités territoriales Les opérateurs privés d'archéologie Le CNRS Les universités (ministère de l'Enseignement Supérieur) Les instituts et écoles françaises à l\'étranger (Ministère de l'Education Nationale, ministère des Affaires Etrangères) Les associations et amateurs Le ministère de la Culture L'archéologie au sein du MC est divisée entre administration centrale de la SDA (sous-direction de l'archéologie) et en région dans les DRAC (Directions régionales des affaires culturelles Il existe aussi deux services thématiques : Département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines (DRASSM) créé en 1966, basé à Marseille qui gère les fouilles et en réalise Centre national de Préhistoire (CNP) créé en 1975 à Périgueux, compétent pour les grottes ornées en particulier Les services régionaux de l'archéologie Les agents des Services Régionaux de l'Archéologie : Sont chargés de la programmation des fouilles, prospections thématiques, projets de recherches, subventions etc. Etablissent les prescriptions, contrôlent les fouilles et l'exploitation des données. Font connaître les résultats (BSR, bilan annuel régional/journées archéologiques, expositions..). Réalisent et mettent à jour la carte archéologique nationale. Sont responsables de la conservation des données (archives et mobiliers) dans les dépôts de fouille et les Centres de Conservation et d'étude L'INRAP Etablissement public créé en 2002, l'INRAP a pour mission la réalisation des opérations d'archéologie préventive (diagnostics et fouilles) ainsi que l'étude, la diffusion et la valorisation des données Comprend des personnels scientifiques et techniques ou administratifs (2210) répartis dans 50 bases dans toute la France Réalise plus de 200 fouilles et 1800 à 2000 diagnostics Organise les Journées Européennes de l'Archéologie en juin, publie, produit des expositions, réalise en partenariat de projets d'éducation artistique et culturelle Les collectivités territoriales Les plus anciens services archéologiques en France (Commission du Vieux Paris 1897, Lyon 1930, Douai 1940, St Denis 1982) Peuvent réaliser fouilles préventives et diagnostics si habilités, mais aussi des fouilles programmées Missions de conservation, médiation, valorisation et publication, gestion de musées et de dépôts de fouille Le CNRS -- les universités Créé à la fin des années 1930, le CNRS est le principal organisme de recherches public Il regroupe environ 650 archéologues, chercheurs ou ingénieurs Ils sont souvent regroupés avec des universitaires au sein d'équipes mixtes (UMR) comme celles de la Maison Archéologie Ethnologie de Nanterre qui héberge les équipes Paris1/Paris-Nanterre/CNRS Tous travaillent aussi bien en France qu'à l'étranger sur le terrain ou/et en laboratoire L'enseignement de l'archéologie commence à l'Ecole des Chartes en 1847, puis à l'Ecole du Louvre en 1882 Les enseignants-chercheurs et doctorants des universités sont au nombre d'environ 250 L'Institut d'art et d'archéologie construit en 1925-1928 par Paul Bigot grâce à une donation de la marquise Arconati-Visconti pour héberger l'enseignement et la bibliothèque Doucet actuellement à l'INHA MSH Mondes : CNRS - Paris 1 - Paris-Nanterre 500 chercheurs et enseignants-chercheurs, 130 ingénieurs & techniciens, 600 doctorants & post-doctorants, masters & personnels d'institutions publiques variées, 7 laboratoires de recherche Une unité de service et de recherche (USR 3225) L'USR a la charge des services communs de la MSHM et du Pôle éditorial qui comprend le service des publications de la MSH Mondes et la rédaction de 17 revues. Elle gère aussi la bibliothèque d'archéologie. Parmi les revues scientifiques de la MSH on compte : Arche@, AdlFi, Americae, Bulletin de la Société Préhistorique Française, Gallia, Gallia Préhistoire, Journal de la Société des américanistes, Paléorient, Revue archéologique, Syria, Quelques exemples européens Au Danemark, les musées sont les seuls habilités à faire des fouilles, l'archéologie préventive est régie par une Agence pour le patrimoine culturel qui prescrit les fouilles mais ne les exécute pas En Italie, l'état a le monopole des fouilles mais peut déléguer les fouilles sous son contrôle ou concéder les travaux sur des vestiges à des personnes de droit privé sous la forme de concessions. Le ministère des biens et activités culturelles protège le patrimoine par le biais des surintendances archéologiques présentent dans les régions En Angleterre, l'archéologie concurrentielle est très développée et les aménageurs choisissent les opérateurs de leur choix sans contrôle direct de l'administration sur les opérateurs (régis par un code de conduite comme celui de de l'Institute of Field Archaeologists) Cadre législatif Les conventions internationales La convention européenne pour la protection du patrimoine ou convention de Malte, 16 janvier 1992 Son but est de protéger le patrimoine archéologique en tant que source de la mémoire collective européenne et comme instrument d'étude historique et scientifique. Sont inclus dans le patrimoine archéologique les structures, constructions, ensembles architecturaux, sites aménagés, témoins mobiliers, monuments d'autre nature, qu'ils soient situés dans le sol ou sous les eaux. Les conventions de l'UNESCO Code du patrimoine Le code du patrimoine regroupe et présente de manière structurée toutes les lois, ordonnances arrêtés concernant l'archéologie Archéologie préventive Les diagnostics peuvent être exécutés par l'INRAP ou les collectivités ayant un service archéologique habilité sur leur territoire seulement Les fouilles peuvent être exécutées par l'INRAP, les collectivités habilitées ou un opérateur privé agréé Des opérations peuvent être menées conjointement par plusieurs opérateurs et en partenariat avec une institution Les diagnostics sont financés par une redevance, les fouilles sont financées entièrement par l'aménageur (sauf exonération : HLM, bâtiments agricoles etc.) Le rapport de fouilles est obligatoirement rendu en fin d'opération, c'est un document public librement consultable et utilisable Le mobilier archéologique est confié durant 2 ans à l'opérateur archéologique qui doit le remettre à l'état avec toutes les archives Médiation et valorisation du patrimoine archéologique Les musées Le mot Musée apparaît vers 1732, étymologiquement le temple des Muses, du grec Mouseion d'Alexandrie 280 BC Héritiers des cabinets de curiosité, les musées d'archéologie marquent l'histoire des nations européennes et sont souvent au départ privés et rassemblent des collections royales ou de personnages riches Premier musée public à Besançon en 1694 concept développé ensuite durant la Révolution Le musée virtuel dématérialise le lieu et ses collections permettant sa visite à distance Actuellement la définition même du mot musée est contestée et a été reformulée par l'ICOM Le terme de « centre d'interprétation » est utilisé pour un lieu d'accueil du public ne présentant pas forcément de collections, mais des éléments de compréhension des sites et des vestiges. L'archéologie dans les musées Le statut : Les musées nationaux dédiés ou non exclusivement à l'archéologie et souvent à l'histoire de l'art Les musées de collectivités territoriales -- municipaux -départementaux (souvent d'art et d'histoire) Les musées de site Les musées privés, associatifs & fondations Thématiques et collections : Collections nationales ou héritées du fondateur, fonctionne par accumulation, très éclectique (MAN, Louvre) Musée de civilisation (Musée Guimet, MuCEM)) Thématique liée à un site (St Romain en Gall, Vix) Thématique liée à une période/une région (Musée de Préhistoire des Gorges du Verdon) Thématique liée à un système technique ou à l'histoire d'une industrie (musée national de la céramique Sèvres) Musée de site Le musée de site présente les vestiges architecturaux et conserve le mobilier dans un bâtiment construit à cet effet. Une partie du site peut être mise en « réserve archéologique » pour les générations futures Valoriser les sites archéologiques : choix muséographiques Présentation partielle ou globale, réserve archéologique Aménagements à l'intérieur d'un édifice en cas de construction présentation en l'état (ruines) ou remontage des éléments architecturaux trouvés à la fouille (anastylose) restauration reconstitution Musées construits pour les vestiges L'épave du Vasa a restaurée durant 26 ans Exposé dans le musée construit à cet effet depuis 1990, le plus visité de Suède (env. 1M/an) Le fac-similé Proche du site, 3 500 m2 (original 8 500 m2) Faite à partie d'un scan 3D puis réduction d'échelle (anamorphose) 2 ans de travail par une équipe de géomorphologues (Edytem) réalisation en béton sculpté et en résine Les reconstitutions Projet Guédelon : construire un château fort ex nihilo selon les normes architecturales en vigueur sous le règne de Philippe Auguste vers 1228 (1997 -- 20xx) Le Parc archéologique La reconstitution à échelle Une immersion Une expérience vécue Une marchandisation et « disneylandisation » de l'archéologie ? Nouveaux musées, nouveaux publics Découverte des publics « empêchés » équilibre entre part éducative et part ludique concept de communication affinitaire basé sur les besoins et les attentes des individus Interaction et immersion rendue possible par la scénarisation, les nouvelles technologies, les activités et animations Médiation auprès du public : les moyens Expositions Evènements Animations Média Expositions Les « grandes » expositions Toutânkhamon 1 240 000 visiteurs en 1967 1 420 000 visiteurs en 2019 Autres formats : Expositions sur panneaux, dans la rue, les gares etc. Journées européennes de l'archéologie (JEA) Depuis 2010 cet évènement présente l'archéologie au public, à l'échelle européenne depuis 2020 durant 3 jours en juin Depuis 2018 : les étudiants du master « Valorisation et médiation du patrimoine archéologique » de Paris 1 prennent en charge le stand de l'université pour présenter un projet Plus de 7500 visiteurs au village de l'archéologie à Paris Hôtel de Soubise en 2018-2019, en 2021 et 2022 aux Invalides, 2023 aux jardins du Palais-Royal, 2024 à la crypte archéologique Archéologie dans les médias Cinéma Télévision (documentaires et fictions) Journalisme scientifique Emissions radio Web et vidéo Romans, BD historiques Musées virtuels Le musée virtuel est le résultat de la rencontre de la muséographie classique et des techniques informatiques multimédia et de l'Internet. Il dématérialise l'objet au bénéfice de l'information sur l'objet et le musée en permettant sa visite à distance. L'information virtuelle complète la présentation des objets. Elle remplace l'obsolescence et l'insuffisance des étiquettes identifiant les objets et les panneaux vieillissants. Elle fournit une information enrichie à volonté, modifiable, sur support remplaçable sans perte d'information. Différents types de musées virtuels \- reflet du musée réel \- réunion virtuelle de musées distants liés par un thème commun \- musée imaginaire Objectifs & mission de diffusion, d'éducation et de valorisation Réalité virtuelle « Simulation informatique interactive immersive, visuelle, sonore et/ou haptique, d\'environnements réels ou imaginaires » (Wikipedia) Depuis les années 1980, croissance rapide ces 10 dernières années & durant le confinement mondial Réalité augmentée Visualisation/incrustation d'objets virtuels dans le réel Château de Falaise restitué au XIIe s. \- sur tablette sous IOS \- rotation à 180 degrés \- réalisation avec 1 moteur de jeux (Unity) CM 12 : I. Interpréter les données archéologiques : des faits aux modèles La démarche scientifique Les référentiels : ethnologie et archéologie expérimentale II\. Etudes de cas III\. Symboles et sociétés Archéologie du fait religieux La révolution néolithique Le style : de l'identité individuelle à la culture archéologique Interpréter les données archéologiques : des faits aux modèles Toute démarche scientifique consiste à séparer les faits de leur analyse et interprétation L'archéologue se rapproche plus d'un journaliste que d'un homme politique : il ne cherche pas à puiser les faits favorables à son opinion ou à l'interprétation à laquelle il pense ou souhaite aboutir mais doit travailler comme la police judiciaire ou un juge à examiner les faits, à les croiser, les confronter, chercher des analogies afin de se faire une « intime conviction » et démontrer avec des preuves ce qu'il avance. La démarche scientifique Toute démarche scientifique est basée sur la notion de preuve, preuve qui doit être obtenue par une expérience et son caractère reproductible, les mêmes expériences faites dans les mêmes conditions devant permettre d'obtenir les mêmes résultats. Cette preuve va confirmer ou infirmer une hypothèse ou une théorie. En archéologie, nous émettons des hypothèses et nous recherchons les faits archéologiques qui sont en accord ou en désaccord avec ces hypothèses. Comme il n'est pas possible de fouiller deux fois le même site, nous nous basons sur l'analogie et la récurrence des faits et de leur association qui, quand elle est systématique à valeur de preuve. Par exemple : les communautés du Néolithique ancien d'Europe de l'Ouest s'installent sur les plus riches sols (loess) cultivables pour la céréaliculture, ce qui peut se vérifier statistiquement et sur des cartes des sols. Les référentiels et l'analogie L'archéologie a besoin de référentiels externes pour pouvoir comparer les faits. On peut rechercher dans les données sur des sociétés vivantes, en ethnologie ou anthropologie sociale, des références de comportements humains qui amènent à la production de traces matérielles et de vestiges. On peut également chercher à reproduire des gestes et des chaînes opératoires de production dans l'archéologie des techniques pour reconstituer les systèmes techniques par l'expérimentation Cependant comparaison n'est pas raison, ces analogies sont un élément de discussion et de construction des hypothèses, pas une preuve. Pour les périodes historiques, l'archéologie peut aussi avoir recours aux textes et confronter les données historiques aux données archéologiques afin de voir si elles concordent et les complètent Ethnologie et ethnoarchéologie L'observations des sociétés vivantes par les ethnologues ou les archéologues permet d'avoir des modèles de comportement humain et de comprendre comment la culture matérielle, par opposition à la culturelle idéelle, est produite et contribue à la reproduction sociale ou à la compétition entre individus et à l'apparition des hiérarchies sociales dans des sociétés complexes ou à état. On peut citer comme exemples : la production de poteries ou de métal, la pratique des banquets, la destruction ostentatoire de biens, le contrôle rituel de l'extraction des matériaux, le chamanisme L'archéologie expérimentale La démarche expérimentale consiste à reconstituer des procédés techniques et à vérifier les hypothèses ou à mieux connaître les solutions possibles et leurs traces qui seront alors confrontées aux traces archéologiques. L'archéologie expérimentale peut traiter de sujets variés tels que : \- l'acquisition et la transformation des aliments (chasse, pêche, agriculture, élevage, cuisine, stockage des denrées) \- Les modes de transport (pirogues, bateaux, chariots) \- L'architecture et la construction de bâtiments ou de voiries (maisons, temples, châteaux forts, aqueducs, routes) \- L'acquisition des matières premières (mines, carrières) \- La production d'objets et la transformation des matériaux (céramiques, lithiques, parures, métallurgie, verrerie) \- Les rituels funéraires (modes d'inhumation ou d'incinération) II\. Etudes de cas Maison néolithique d'Asparn Guédelon, château du XIII e s. Le Gyptis, barque cousue grecque antique Creuser un puits de mine au Néolithique Reconstituer la pensée de Néandertal avec les techniques de taille de silex Guédelon : construire un château-fort avec les techniques du règne de Philippe Auguste vers 1228 Méthodologie : Aucun château de cette période n'est conservé intégralement. Le château de Guédelon est une pure création utilisant les principes d'architecture instaurés par Philippe-Auguste aux XIIe et XIIIe siècle. -sources iconographiques comme les enluminures et les vitraux et les comptes de chantier de l\'époque (peu nombreux et incomplets) -Documentation et relevés in situ de châteaux de référence de cette période -Littérature archéologique liée aux fouilles Durée : \> 25 ans (1997 -- 20xx ?) Objectifs : Mise en œuvre d'un chantier médiéval avec les savoir-faire et les artisans : extraction et taille de la pierre, production de mortiers et d'enduits, charpente, forge, poterie etc. Chantier participatif avec bénévoles, dont des artisans maîtrisant des savoir-faire anciens. Médiation : 265 000 visiteurs en 2022, de nombreuses publications et documentaires Le Glyptis, navire grec du VIe s. BC Une épave de navire grec, datant du VIe siècle avant J.-C. a été découverte en 1993 lors des fouilles archéologiques de la place Jules Verne, à Marseille, dans le port antique de Massalia. Appelée Gyptis, ses dimensions sont de 9,85 m de long et 1,88 m de large, Son état de conservation était excellent. Afin de la reconstituer, on a tout d'abord fabriqué une maquette à l'échelle 1/10e (équipe d'archéologie navale du Centre Camille Jullian), puis une réplique navigable selon la technique des planches cousues. Exemple de reconstitution expérimentale : creuser un puits de mine avec des techniques néolithiques Problématique et objectifs : Quelle est la difficulté technique et le temps nécessaire pour se procurer de quoi fabriquer des haches pour une communauté villageoise Quelle est l'efficacité technique des types d'outils d'extraction (outils en bois, bois de cerf, os, silex. Constituer un référentiel d'outils expérimentaux et de traces d'usure à comparer aux outils archéologiques. Comparer les traces sur les parois du puits expérimental aux traces archéologiques relevées en mine. Méthodologie Enregistrement de l'usure et de l'efficacité des outils en temps de travail Tracéologie des outils, analyse au microscope Photographie des traces sur les parois Résultats Creuser un puits de mine à silex dans le calcaire est possible pendant une période relativement courte avec peu de savoir-faire et de ressources humaines : pour creuser un puits de 2,50 m, 3 personnes suffisent pendant env. 5-6 jours auquel il faut ajouter le temps d'exploitation d'un ou deux jours pour extraire les blocs Les outils les plus efficaces sont les plus simples comme les outils en bois, les traces sont compatibles avec les traces archéologiques En dehors des structures complexes à galeries, ce n'est pas un travail de spécialiste Reconstituer la pensée de Néandertal avec les techniques de taille de silex Les procédés techniques : une porte d'entrée pour analyser les modes de pensée Les artisans ont laissé un témoignage matériel de leur pensée, à travers les séquences de gestes et leurs enchaînements qui ont amené à la production d'objets ou de bâtiments. Cela peut être des principes de la géométrie ou des réactions physiques et chimiques des matériaux, comme avec la taille de la pierre, une technologie à la fois simple et complexe. Ces « chaînes opératoires » contiennent une information sur la pensée et la cognition humaine (ensemble des processus mentaux se rapportant à la connaissance et impliquant, le langage, la mémoire, l'apprentissage, le raisonnement, l'intelligence, la prise de décision etc.) La méthode Levallois Cette méthode est basée sur la prédétermination : le résultat visé est déterminé à l'avance par une série d'enlèvements préparatoires, comme dans une partie d'échecs où l'issue est connue plusieurs coups à l'avance. La forme de l'éclat final est déterminée par la préparation du nucleus La vaste répartition géographique et chronologique de cette méthode de taille montre le partage et la transmission de ce savoir-faire au sein des communautés humaines néandertaliennes avec des modalités d'apprentissage formel ou informel (par observation, essais et erreurs). III\. Symboles et sociétés Ce que peut dire l'archéologie sur ces sujets qui à priori ne sont pas du domaine de l'archéologie. Archéologie du fait religieux La pensée symbolique n'est pas au premier abord du ressort de l'archéologie. Pourtant, les activités symboliques laissent des traces matérielles et le fait religieux se traduit matériellement par des édifices, des aménagements, des dépôts d'objets dans des lieux habités ou non Comme tout fait culturel qui laisse des vestiges matériels, la religion et ses pratiques peut être étudiée par l'archéologie, comme dans l'étude des rituels funéraires ou les rituels de reproduction de la société et d'initiation La grotte de Bruniquel Cette grotte présente des aménagements de 400 concrétions (stalagmites) datant de 176 500 ans et réalisés par l'homme de Neandertal C'est la plus ancienne structure construite par l'homme, elle est constituée de deux cercles de plus de 400 morceaux, des structures de combustion (18) ont servi à l'éclairage Sa signification reste inconnue mais elle est considérée comme le premier sanctuaire de l'humanité Sanctuaires préhistoriques Le terme de sanctuaire suppose qu'il existe une religion préhistorique et des pratiques sacrées. Ces pratiques ont été longtemps discutées par les préhistoriens, jusqu'à l'interprétation controversée des grottes comme témoignage de pratiques chamaniques. Elle est basée sur la fréquentation de ces grottes par de petits groupes de personnes emmenés pour des rituels par des chamanes, qui servent d'intermédiaires entre le monde des vivants et les puissances supérieures, et ont accès à ce monde lors d'une altération de la conscience (transe ou consommation de psychtropes). La présence de femmes et d'enfants dans les grottes démontrent que les « initiés », si cette hypothèse est vraie, représentaient une partie de la communauté dans sa diversité de genres et d'âges (empreintes de mains et de pas). Les chamanes actuels utilisent fréquemment des intermédiaires animaux, à l'image des représentations mi-humaines, mi-animales de l'art paléolithique Les grottes ornées L'homme préhistorique a fréquenté les grottes et s'est enfoncé parfois très profondément à l'intérieur pour y peindre et y graver des signes et des animaux, voire des humains ou des êtes hybrides Au Paléolithique supérieur (entre 40.000 12.000 ans BC), il a orné plus de 400 grottes en Europe de l'Ouest Seule une partie de la communauté avait accès et le savoir-faire pour ces représentations codifiées difficiles à interpréter La conversion de lieux de culte La conversion est un phénomène universel, en effet, les populations étant attachées aux lieux, il était plus facile de les convertir plutôt que d'en construire de nouveaux. Parfois et en cas de destruction, ce sont les matériaux en réemploi qui servent à reconstruire un nouveau lieu au même emplacement Le Parthénon a été ainsi converti en église de la vierge à une date indéterminée et devient un lieu de pèlerinage important au 10e s. Il devient ensuite une mosquée au 15^ème^ s. Leurs témoignages ont été pratiquement effacés du monument actuel pour lui redonner son apparence antique alors qu'ils font partie de son histoire. Les romains installent assez systématiquement leurs sanctuaires en Gaule sur des sanctuaires gaulois, comme aux sources de la Seine La révolution néolithique Moment fondamental de l'histoire de l'humanité, le passage à une économie de chasse et d'élevage et à la domestication marque selon certains le début de l'anthropocène (ère géologique pour laquelle l'homme est le principal facteur de transformation) Certaines populations n'ont pas fait ce choix, mais celles qui l'ont fait ne sont pratiquement pas revenues en arrière. Quels sont les facteurs qui ont pu pousser des communautés à prendre des risques et à travailler plus qu'en restant au mode de vie antérieur pur créer des surplus qui permettaient certes une meilleure prévision des ressources alimentaires mais créaient de nouvelles dépendances et de nouveaux rapports sociaux et libéraient les freins démographiques ? Théories de la néolithisation THÉORIE DES OASIS (Childe 1951) déterminisme écologique- La domestication des plantes et des animaux répond à une contrainte climatique. \- A la suite d\'une phase de sécheresse, hommes et animaux sont isolés dans des oasis, d\'où émerge une symbiose sous la forme de l\'agriculture et de l\'élevage THÉORIE DE LA ZONE NUCLÉAIRE (Braidwood 1960) déterminisme culturel \- rejet de l\'hypothèse de Childe de la péjoration climatique la raison du changement est culturelle \- le contact entre l\'homme et les espèces sauvages à lieu dans des zones délimitées situées en bordure du croissant fertile \- la domestication a lieu quand on observe à la fois une concentration des activités humaines, une exploitation plus spécifique de l\'environnement et un accroissement de la taille des communautés -THÉORIE DE LA PRESSION DÉMOGRAPHIQUE (Binford 1968) déterminisme économique& social \- une pression vers un accroissement de la production de nourriture apparaît dans les zones marginales et non nucléaires à la suite du contact entre populations dont une partie provient des zones nucléaires en expansion démographique \- cette tension et ce déséquilibre social dû à la confrontation de systèmes différents rend possible le changement économique et l\'apparition de l\'agriculture et de l\'élevage THÉORIE DU DÉSÉQUILIBRE INTERNE (Ducos 1978) déterminisme social \- l\'accroissement de la population dans les groupes sédentaires accroît le risque de pénurie alimentaire, qui ne peut être résolu par la recherche de nouvelles zones de cueillette et de chasse \- les changements de rapports entre individus permettent de mieux gérer la répartition inégale du travail et amènent à des changements techniques pour mieux gérer les ressources THÉORIE DE LA RÉVOLUTION DES SYMBOLES (Cauvin 1978) déterminisme idéologique \- les changements idéologiques sont antérieurs aux changements matériels des symboles nouveaux apparaissent et sont le signe d\'une religion nouvelle : déesses féminines, image du taureau omniprésente \- ces changements sont le signe de transformations profondes de la société qui est prête à évoluer en transformant son économie (collaboration accrue de la communauté et gestion collective des ressources) Qu'est-ce que le style ? Le style est la part de variabilité dans les objets matériels ou les structures et bâtiments qui ne peut s'expliquer par des contraintes techniques ou la fonction. Cette variabilité peut être interprétée comme reflétant l'identité individuelle ou collective, de genre, d'âge ou de rang social. Elle est culturelle ou sociale. Elle contient également une part de créativité dans les limites de ce que le groupe ou la culture admet sous peine de rejet. Le style s'exprime très fréquemment dans le décor, mais aussi la géométrie ou la morphologie, la couleur, la texture etc\... Il peut être plus ou moins visible et réalisé de manière consciente ou par habitude et reproduction de gestes acquis lors de l'apprentissage. Théories interprétatives du style l'interaction sociale (Plog 1980) : La fréquence des motifs et thèmes décoratifs communs est proportionnel au degré d'interaction et peut se mesurer aussi bien entre potiers, qu'entre maisonnées, villages ou aires culturelles. La transmission des attributs stylistiques peut se faire par circulation d'objets, d'idées ou de personnes (dans le mode de production domestique, par les femmes lors de mariages virilocaux) La théorie de l'échange d'information (Wobst 1977) : Les informations visuelles du style sont des facteurs de communication immédiats entre personnes, dans la mesure où tous les membres du groupe partagent le même système d'information. La distinction sociale est renforcée, car le style symbolise le statut social, donc le pouvoir. Le style sert aussi à souligner l'unité du groupe et de se différencier des autres. Conclusion Interpréter les données archéologiques nécessite de comprendre le fonctionnement des sociétés humaines dans toute leur complexité et leur système de pensée L'archéologie utilise des référentiels externes, comme les modèles issus de l'ethnologie ou de l'archéologie expérimentale Elle doit également confronter les sources historiques \- si elles existent \- aux données archéologiques mais celles-ci sont rarement objectives et présentent un point de vue partial et partiel (celui des élites et/ou des lettrés)

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