Théorie du Droit S2 PDF
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This document details the theory of law, examining the relationship between the market and the state, and alternatives like the commons. It discusses how individuals shape their own rules and the role of the state. The document features discussion points for different types of societal organizations, and how laws evolve.
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Théorie du droit Nous sommes dans le contexte d’une société de marché contrôlée par un état qui veut imposer des règles afin d’éviter que cette concurrence ne débouche vers une forme d‘anarchie. Ce cours vise à montrer que entre le marché et l’état, il est nécessaire de réfléchir à une alternative...
Théorie du droit Nous sommes dans le contexte d’une société de marché contrôlée par un état qui veut imposer des règles afin d’éviter que cette concurrence ne débouche vers une forme d‘anarchie. Ce cours vise à montrer que entre le marché et l’état, il est nécessaire de réfléchir à une alternative : les communs. Les communs c’est ce que les individus mettent eux-mêmes sur pied alors qu’ils ne sont pas en concurrence comme producteurs, consommateurs comme c’est le cas sur les marchés et alors qu’ils ne délèguent pas de pouvoir à l’état comme c’est le cas quand on exerce son droit de vote. On va consacrer un cours entier aux communs mais on sait déjà qu’il y a 3 caractéristiques que le prof veut qu’on retiennent : 1) Les communs se construisent de manière expérimentales, ils sont le résultat d’une pratique de co-construction et non de la mise en œuvre d’un savoir pré-établi. Ce n’est pas une formule qu’on applique mais quelque chose qu’on construit. 2) Le savoir typique de la construction des communs est un savoir qui favorise la diversité. Ce n’est pas l’idée qu’il y a des sachants et d’autres non ou que le pouvoir est dans les mains de peu de gens. On favorise l’idée qu’il y a pleins de perspectives et cela parait être une richesse plus qu’une menace 3) Dans ces communs, les acteurs/trices qui le coconstruisent, choisissent leurs propres règles. Ils développent un droit social dans le sens d’un droit qui a pour auteur la communauté. Lorsqu’on avait utilisé l’exemple de la construction d’une langue comme le français qui est une langue décrété par personne. Nous la coconstruisant dès qu’on l’utilise. Une minorité peut changer la langue en utilisant autrement ces mots. Au point de départ, il y a cette communauté qui décident à travers la pratique la manière dont ça va changer et ça ne vient pas d’une décision d’en haut. Ce qui va donc nous intéressé ce sont les communs en tant qu’alternative à l’état et au marché. Quand l’état veut contrôler le marché, il recourt aux règles juridiques sous menaces de sanctions et les incitants économiques1. Cela repose sur le fait qu’on réponde au message en faisant des calculs. Donc l’état influence le comportement des gens en les manipulant de l’extérieur. Dans ce cours on va examiner la question de savoir comment l’état peut également être partenaire des communs. Un état qui arrive à être partenaire des communs est un état qu’on appellera un état partenaire. C’est un état qui favorise la prise en charge des citoyen.es d’un territoire de certaines questions en disant que l’état n’a pas toutes les solutions. L’état est conscient de la diversité et qu’il ne peut pas imposer une règle uniforme, il va donc créer des espaces pour que des innovations sociales se développent. Pour que des personnes se mettent ensemble et inventent ces solutions. C’est cela la création des communs. 1 On va augmenter la taxe sur l’essence pour que vous rouliez moins en voiture Ces communs vont être un état partenaire qui va se dire que à côté des incitants économiques et juridique il existe cette solution de création d’un cadre favorable aux développements des communs, des innovations sociales, à l’invention du droit social par les communautés. Aujourd'hui, on va se pencher sur l’individu. C’est expérimentale, ce sont des choses en cours. On va partir de l’idée que l’individu se voit façonner par trois types d’influences ou d’incitants. Il y a les traditions/coutumes/pressions sociales qui indépendamment de toutes règles peuvent avoir un impact. C’est par exemple le fait d’avoir une pression sociale à ne pas cohabiter avant le mariage Les règles juridiques La recherche par l’individu de son utilité, de sa maximisation individuelle. Aujourd'hui on va comprendre comment situer l’individu face à ces choses qui change sa situation. Si on garde en tête la position de l’individu, il faut se rappeler la distinction entre Gemeinschaft et gesellschaft. La Gemeinschaft est la communauté, le groupe d’humains qui a une éthique partagée, des normes et une pressions sociales formes. Les communautés traditionnelles c’est ça, l’individu est influencé par ces traditions qu’il répète avec des contraintes efficaces même sans état. C’est donc la pression du groupe. Mais a mesure que les sociétés modernes se mettent en place, le droit de l’état prend la place de ces groupes dans l’autorité et c’est ainsi qu’on passe de la gemeinschaft à la gesellschaft. ( communauté à société ). C’est une société donc organisée sur base d’échanges contractuels. Les individus sont alors motivés par la recherche du gain et sont contrôlé par le droit de l’état. On va essayer de voir aujourd'hui comment passer à la Gemeinwezel/ au vivre ensemble. Ferdinand qui écrit en 1882 ou Drukheim en 1883 pensent communauté et société mais pas le vivre ensemble. C’est l’individu qui n’est pas contrôlé par des normes sociales ou étatique mais l’individu qui coconstruit le « droit social ». Dans la conception dominante aujourd'hui de la Gesellschaft l’individu est contrôle par l’état mais recherche son intérêt aussi. Aujourd'hui, on va voir que l’économie nous invite à voir l’individu ainsi. Un individu mu par l’appât du gain ayant une rationalité calculatrice maximisatrice calculant le coût et le bénéfice de chaque action. Mais une fois qu’il s’implique dans les communs, il a une rationalité très différente. Il est altruistes, construit des choses avec d’autres et a d’autres objectifs. On va essayer de comprendre comment d’autres rationalités que la rationalité dominatrice calculante peuvent émerger. L’hypothèse du cours est que le poids de la science économique dans le débat public et les représentations de l’individu que cela amène impose une forme dominante de rationalité. C’est-à-dire une rationalité calculatrice, maximisatrice qui voit l’individu comme quelqu'un d’égoïste à la poursuite de son intérêt exclusif. → le prof pense que c’est faux. On va essayer de voir si on peut penser autre chose. La tour de Babbel est une métaphore de cette terreur de la diversité. Sa destruction est vue dans le discours populaire comme une catastrophe. On avait une seule société qui ne parlait qu’une langue et la tour s’est effondrée et la langue s’est fragmentée. Le prof trouve que cette diversité peut être belle et riche plutôt qu’un problème. On va montrer comment à travers les communs, les différentes perspectives que chacun amène à la table pour coconstruire le droit sociale peuvent être davantage valorisée. On va ainsi essayer de comprendre que cette manière de concevoir la société, la démocratie sur base des communs posent des questions redoutables car met en danger l’économie dans sa capacité à fonctionner comme science. On le développera plus tard mais que serait une science économique qui ne pourrait plus prévoir le comportement humain ? qui accepterait que nous sommes libres plutôt que répondant à des incitants ? Le prof pense que l’économie ne peut se construire comme science qu’à partir d’un mensonge qui veut qu’on réponde tous aux mêmes incitants ce qui est faux. Il pense qu’une science économique qui prendrait au sérieux cette liberté de faire ce qu’on veut ne peut pas se prétendre science. 1. La conception dominante de l’individu moderne i) L’individu compétitif : Hobbes Il publie en 1651 son œuvre majeure « Le Léviathan ». Il l’écrit alors que l’Angleterre est traversée de guerre civile opposant les partisans des parlements aux partisans de l’absolutisme monarchistes. ( 10 ans de guerre civile qui se finit en 1649). Il est fasciné par l’idée qu’on peut construire la science politiques comme une physique. Il ira voir en Italie Galilée en 1638 qui était le savant admiré par le monde entier. Il a développé une méthode d’analyse des phénomènes physiques dont Hobbes va s’inspirer. C’est la méthode de décomposition résolution. Il va ainsi décomposer le monde en éléments ( atomes, particules ) et enfin recomposer la réalité qui nous entoure. Hobbes va décomposer la société en particules élémentaires pour la recomposer la particule étant l’individu. Il a écrit un chapitre sur la nature humaine qu’il tente de prendre comme point de départ. Pour lui la seule manière de comprendre la société est de faire une démarche scientifique de fonctionner comme un « physicien social ». L’individu pour Hobbes est quelqu'un qui veut éviter la souffrance et qui veut maximiser son gain. On augmente les plaisirs, diminuent les peines, on est motivé par la recherche de l’amélioration de sa situation. Pour Hobbes, chaque personne a un projet de vie. Peut-il ignorer les autres ? Non, les autres sont des obstacles à l’atteinte de son bonheur. Autrement dit, ce que Hobbes voit ce sont des conflits permanents. Il en déduit que pour éviter l’anarchie, il faut un état fort. C’est donc le Léviathan, l’Etat et on lui délègue notre pouvoir car on compte sur lui pour maintenir l’ordre et la sécurité alors que la société est conflictuelle. L’image que Hobbes nous donne c’est l’individu non pas pleins d’empathie les uns pour les autres mais des personnes en concurrences et conflits permanents. Ils risquent de se faire la guerre si l’état n’est pas là. Mais malgré cette vision, il est très moderne car pour lui ces conflits ne sont pas résolus par une analyse en fonction du rang social mais en fonction de l’utilité que l’individu présente pour lui. Par exemple, en temps de trouble civil, celui qui détient les armes a plus de valeurs que le magistrat utile lui en temps de paix. A l’inverse, en temps de paix, c’est le magistrat qui a plus d’importance que celui qui porte les armes. Ce qui va déterminer la valeur de l’individu c’est est-ce qu’on va avoir besoin de lui est c’est donc de ce point de vue que c’est très démocratique. Voilà l’image que Hobbes donne et de ce point de vue il a très bien anticiper ce qui est caractéristique du capitalisme moderne. Attention, oui le capitalisme ne nait vraiment qu’un siècle après Hobbes mais la société marchande existe elle de son temps et Hobbes a compris des choses fondamentales sur ce contexte de marché naissant. ii) Le formatage par le capitalisme: M. Weber Weber publie en deux éditions successives l’Ethique protestante et L’esprit du capitalisme. La première version est de 1905 et il publie en 1920 la seconde version suite à des critiques. Il y examine comment le capitalisme est né. Il écrit au début du XX et a donc encore la société précapitaliste proche de lui ce qui lui permet de dire ce qu’il s’est passé avec beaucoup de lucidité. Il situe la naissance du capitalisme non seulement dans des dispositifs juridiques comme la société anonyme financé par des actionnaires anonymes mais aussi au niveau culturel. Le capitalisme pour s’imposer, à du changer les mentalités. Weber avance en donnant deux exemples : Le fils de marchand de tissus qui, alors que son père avait des fournisseurs et des clients et que les prix étaient définis par la coutume, décide de mieux payer ses fournisseurs. Ainsi, ils le fourniront lui et non ces concurrents. Il va également vendre ses tissus un peu moins cher en attirant des clients. Ce fils de marchand de tissu fera moins de bénéfice par carré de tissus mais il le compense par la quantité. Ses concurrents vont alors devoir s’aligner sur ses prix ou ils vont perdre. Ainsi il a remis en cause les normes traditionnelles pour imposer une logique concurrentielle. Même si une seule personne fait ça dans un marché, tous les autres sont obligés de s’aligner. On aura donc besoin de réguler cette concurrence au risque qu’elle débouche sur des monopoles et ainsi le marché devient une guerre ou il est indispensable d’être concurrent et performant pour survivre. Des ouvriers agricoles sont payés 5 marks par arpents de terres cultivées. Sur une journée, ils arrivent à cultiver 3 arpents de terres. On veut qu’il y ait plus donc on leur dit qu’on double leur salaire. Le pari est qu’ils vont travailler plus et redoubler d’effort. Mais ils s’arrêtent au bout de un arpent et demi en ayant à nouveau gagné 15 marks. Ils ont assez et n’ont donc pas besoin de gagner davantage. Weber dit que des économistes ne peuvent pas travailler avec des gens comme ça. Ils travaillent avec la norme de suffisance mais pour pouvoir appliquer cette norme, il faut que les gens aient envie de gagner plus. → Il faut donc inculquer une mentalité capitaliste pour que le capitalisme fonctionne. Weber va donc dire que le capitalisme pour devenir le système dominant, a du changer les mentalités. Il va se traduire par des comportements de plus en plus pathologiques ou les individus vont consacrer leur vie entière à gagner le plus possible. Ce n’est plus la norme de suffisance qui règle les choses pas simplement satisfaire les besoins, on veut travailler le plus possible pour gagner le plus possible. Mais cela ne fonctionne qu’a conditions que la majorité des personnes pense ainsi. Pour décrire cela, Weber utilise le terme l’ascèse intramondaine. Il veut dire par là que en quelques sorte les capitalistes et notamment les entrepreneurs consacrent toute leur vie a accumuler des actifs comme les moines consacrent leur vie à prier Dieu. On s’oublie et on voue notre vie à gagner plus c’est ce que veut dire cette expression. Cette mentalité capitaliste qui n’a plus pour norme que la norme du toujours plus se traduit par le fait que le processus à travers lequel par le passé l’argent servait à acheter des marchandises en se débarrassant de marchandise dont on avait pas besoin. Marchandise → Argent → Marchandise On a donc une marchandise que l’on vend pour pouvoir acheter autre chose. Une autre séquence lui succède presque inverse. Elle veut qu’on ait de l’argent, qu’on l’investisse dans une marchandise afin de la revendre plus cher et de gagner de l’argent. A → M → A’ Cette quasi métaphore vient de Marx cette fois pour montrer que la marchandise devient quasi un objet de spéculations. On va acheter des choses mêmes si on en a pas besoin juste parce qu’on est persuadé de pouvoir les revendre plus cher. Tout le monde va chercher à maximiser sa position, on est dans un monde de concurrent. Le capitalisme se développe a partir de l’idée que ce qu’on fait est dictée par cette loi de l’accumulation la plus grande possible de richesse. Les marchandises deviennent sujet à spéculation puisqu’on calcule leur valeur, on va tout mesurer en fonction d’un potentiel profit. Peu à peu, de plus en plus d’élément de la vie social vont être marchandise dans ce système. Un facteur très important qui vient légitimer le système est le fait que tout le monde se trouve discipliné. Tout le monde est sanctionné si il fait le mauvais choix. ➔ Si on investit mal et qu’on achète quelque chose dont personne ne veut on est sanctionné ➔ Si on investit pour produire des chaussures de tellement mauvaise qualité qu’on arrive pas à les écouler on est sanctionné. Le capitalisme a donc un effet disciplinaire qui oblige les gens à apprendre de leur erreur ce qui au final introduit une forme de justice. On fait des erreurs, on les paie. Weber utilise cette idée que le capitalisme nous enferme dans une cage dorée. Cette cage nous l’avons faite nous même. On est aujourd'hui dans une situation où si on n’est pas concurrent face à quelqu'un on est menacé de disparaitre. iii) Le triomphe de l'homo economicus, fonction de l’utilitarisme, Bentham, Beccaria Becker a) Bentham Depuis un siècle, c’est ce récit de Weber qui devient dominant. Un des acteurs importants de cette histoire est Bentham. Il a publié dans les année 1760 et a fondé l’école de l’utilitarisme. Il a proposé le principe d’utilité pour évaluer les politiques publiques, les lois,etc. en disant que ce qui est désirable c’est ce qui est utile au plus grand nombre. Il pense donc que ce qui est bon est calculable. L’utilitarisme a joué un rôle ambigu parce que d’un côté c’était bien pour nous libérer de traditions que personnes n’osaient enlever. De ce point de vue là c’est un réformateur mais quand on dit que tout doit passer au crible de l’utilité, on dit que tout est réductible à un calcul de couts vs bénéfices. On impose donc une conception de l’individu comme quelqu'un qui veut maximiser son utilité. On pense d’ailleurs que si tel changement négatif sur Paul mais qui fait gagné Yasmina, on peut faire le calcul afin de déterminer si Yasmina ne gagne pas plus que ce que Paul ne perd. Si la réponse est oui, il faut accepter le côté négatif. Il y a là un réductionnisme dans l’utilitarisme qui a permis à la science économique d’émerger comme sciences. b) Beccaria L’influence de l’utilitarisme a été conséquent. Au-delà de Bentham, il y aussi l’italien Beccaria. On le voit comme un réformateur puisqu’il publie en 1764 cet ouvrage fondateur du droit pénal moderne salué par Voltaire. C’est un livre dans lequel il introduit des principes comme la légalité des délits et des peines, la proportionnalité des peines par rapport aux délits, il est contre la peine de mort. Il est fondateur de principes du droit pénal moderne. Mais Beccaria avec son principe d’utilité appliqué au droit pénal dit un peu comme Bentham qu’il est possible de calculer ce qui est moralement désirable et surtout que les individus peuvent être influencé par un mélange de sanctions et de récompenses qu’on veut leur infliger. ( Ca c’est donc commun à Bentham ). Si on veut que les gens fassent quelque chose on va leur donner une récompense si on veut qu’ils arrêtent, on met une sanction. Ils pensent donc tous les deux que la peine peut dissuader de commettre des délits si la peine est assez élevée. On est donc dans l’idée qu’on peut contrôler les individus qui répondent aux mêmes incitants du droit pénal. C’est possible car ils calculent le plaisir de la récompense et la douleur de la peine. Chez Beccaria ce sont des individus pris sous le prisme de l’utilité. C’est une tradition importante qui s’ouvre avec l’utilitarisme qui consiste à aborder les individus comme des êtres dont on peut prévoir le comportement et qui vont répondre aux incitants que le système économique leur donne. La version contemporaine de ça se retrouve chez Becker. c) Becker Gary Becker est un économiste de l’université de Chicago qui a eu le prix Nobel de l’économie pour ses travaux en 1982. Il a appliqué les outils de la science économique à une série de domaine d’où la science économique était traditionnellement exclue. A l’origine de la science économique, on examinait ce qu’il se passait sur le marché. On offrait des biens et des services, on avait un périmètre d’activité humaine où on analysait ce qu’il se passait avec la science économique. Mais on analysait pas la famille, le couple, l’apprentissage des enfants à l’école. Lui, il l’a appliqué dans une série de nouveaux domaines, on peut parler d’un impérialisme de la science économique devenue la science du comportement humain rationnel peu importe le domaine dans lequel on se situe. Par exemple, il a publié un traité sur la famille où il examine qui on va épouser. Il va dire au fond ne soyons pas naïfs, au fond les gens font des calculs économiques. Si j’ai un diplôme universitaire, je vais épouser quelqu'un qui en a un aussi pour avoir des revenus confortables. C’est delà également que viens l’endogamie que l’on connait. Il a aussi beaucoup travaillé sur l’éducation. Il n’a pas inventé le mot capital humain mais en a popularisé la notion. Il dit qu’on va étudier, non pas par goût du savoir mais comme un investissement pour mieux gagner sa vie et on va étudier aussi longtemps qu’il est rentable d’étudier. Il a également étudié la discrimination en pariant sur le fait qu’on ait pas besoin de loi anti- discrimination puisque si on a un employeur raciste, celui-ci va recruter des personnes non pas en fonction de leurs compétences mais en fonction de leur race. La conséquence selon Becker sera alors que les autres vont employer des gens plus compétents car choisis selon le mérite, de plus cette personne va peut être amener des clients de son milieu. Donc cette personne qui choisi ses employés sur des bases irrationnelles, racistes sera moins concurrentielles et le marché va le sanctionner en le faisant disparaitre. La conclusion de Garry Becker est de dire laissons faire le marché qui sanctionnera lui-même ceux qui agissent de manière irrationnelle. Le prof compare Becker au docteur Pangloss dans Candide de Voltaire dans le sens où c’est un docteur pour qui le monde ira toujours vers le mieux, c’est l’optimisme incarné. Pour Becker, dès lors que les gens se comportent comme des homo economicus, le marché va régler tous les problèmes. Ce qu’il propose c’est une approche de l’individu qui se centre sur l’idée que son comportement parfaitement prévisible est un comportement calculateur et motivé par la recherche du gain où il fait des choix rationnels sur base d’un calcul coûts/bénéfices. C’est l’approche la plus dominante dans la science économique. d) Mathématisation de l’économie On parle d’homo economicus car l’économie s’est fondée comme science à partir du début du XXème en postulant que l’individu faisait ce calcul pour chaque action. Il voit donc son comportement parfaitement prévisible mais en plus aussi parfaitement manipulable. A cette individu, on peut opposer l’approche des sociologues qui disent qu’il y aussi des normes sociales qui poussent les gens. La réalité c’est que pour essayer de comprendre l’individu, il faut toutes ces sciences : - Économie - Sociologie - Anthropologie - Histoire - Biologie Le travail d’Edgar Morin vise a reconstitué l’individu dans toute cette complexité. La science économique s’est construite donc comme science sur le modèle des sciences de la nature comme Hobbes fonde la science politique sur la physique de Galilée au départ de postulats sur la nature humaine. Cela s’est joué en Allemagne dans les années 1890-1910. Entre Gustave Schmoller et Carl Menger, les historiens de la période allemande appelle leur différend la « Methodesntreit » ( la querelle des méthodes ). Gustave nous dit que le monde est complexe, les économistes peuvent au mieux expliquer ce qu’il s’est passé en tant qu’historien de l’économie mais ils ne peuvent pas anticiper certaines évolutions ou les provoquer. Le monde est trop complexe et n’est pas « domesticable ». Il est alors le porte parole de l’école historique allemande. Sa position en tant qu’économiste est de dire que l’économie ne peut pas être une science exacte car nos motivations sont trop complexes, nos comportements incertains et les facteurs qui entrent en jeux dans l’évolution de l’économie sont trop nombreux. A l’inverse, Carl dit que l’économie peut être une science à conditions de partir du postulat que les individus se comportent de manière rationnelle, calculatrice en voulant maximiser leurs biens. On peut alors prévoir que si on les paie plus cher, ils cultiveront plus. Lui est fondateur de l’école marginaliste. Pendant les années 1890-1900, il y avait une controverse entre les deux. Carl M. a perdu « la première manche » car il a commis un adultère ce qui n’est pas pardonné facilement à cette époque, il a perdu son université, ses disciples se cachaient. L’école historique allemande triomphait donc au début du XXème. Ensuite est venue la première guerre mondiale. On vient alors demander conscience à Gustave comment organiser l’économie de guerre pour que l’Allemagne tienne le coût. Mais il répond qu’il n’a pas de proposition que l’économie est trop complexe. Il a donc perdu beaucoup de sa crédibilité. Dans les années 1920, les disciples de Carl ont retrouvé du soutien et le marginalisme s’est installé. L’idée s’est donc installée qu’on puisse construire l’économie comme science avec cette vision très appauvrie de l’individu comme homo économicus. Pour schématiser les choses, on peut dire que la science économique a pu se construire comme science exacte se prétend à l’équation de la vie économique au prix d’un réductionnisme incroyable consistant a dire qu’on répond tous aux mêmes incitants. On veut tous plus de profits et on peut tous calculer de manière rationnelle. Si on part de cette vision des individus oui on peut toujours calculer ce qu’il va se passer. Le prof pense que aujourd'hui on a dans notre société beaucoup d’institutions qui nous formatent à penser ainsi. On peut citer la famille, l’entreprise, l’école. e) Formatage par la famille, l’enseignement et l’entreprise En ce qui concerne la famille, on a longtemps pensé que l’enfant devait être éduqué par une sorte de jeux d’incitants permanents. Quand il fait bien les choses on le récompense, quand il fait mal les choses on le puni. Cette idée vient de Burrhus F. Skinner, très influent dans les années 1930-1960. Il avait donc l’idée que les comportements ont des conséquences. En effet, selon lui soit ils sont renforcés par la récompense soit ils sont découragés par la sanction. A condition que les parents soient systématiques dans leur jeux on va bien éduquer l’enfant. ➔ C’est l’approche « Behaviouriste » de Skinner. Cette manière d’approcher l’éducation est typique de l’utilitarisme est une sorte de répétition avant que le monde économique ne vienne donner ses propres sanctions et récompenses et ne formatent l’enfant en agent économique. Or le prof pense que la démarche de Skinner est très problématique. John Bowlby est un pédagogue, psychanalyste et psychiatre qui lui a vu les impacts destructeurs sur les enfants pendant la seconde guerre mondiale privé de l’amour de leur parent. Dans les années 48, il a développé la théorie de l’attachement. C’est l’idée que l’enfant ne va s’épanouir que si il a le sentiment que l’amour de ses parents est inconditionnel et si l’enfant ne redoute pas le détachement. Si il est assuré de l’attachement que lui porte surtout les mères plutôt que les mères à l’époque. Il constate que quand la mère se détache de l’enfant en exprimant de l’indifférence ou de la sévérité, l’enfant « se coupe ». Il y a différente manière pour le carer ( la mère ) de se rapporter à l’enfant. Donc soit elle lui donne un amour inconditionnel soit elle a un comportement très détaché. Quand on subit le détachement puisque cette séparation a toujours lieu il y a deux types de réactions possibles : - Soit on voit le monde comme hostile. On comprend qu’il faut être fort et prendre son indépendance pour résister à l’absence d’amour et on va vouloir mériter l’amour des autres en voulant être performant. Donc on développe au maximum son potentiel d’excellence pour mériter le regard de l’autre. - Soit on veut mériter l’amour des autres en étant dans l’amour de l’autre, dans l’altruisme dans le care. Selon certaines féministes, la première attitude est enseignée aux petits garçons et la seconde est enseignée à la petite fille. Le formatage des gens vient de ces deux différentes manières d’agir face à la rupture. L’essentiel de la manière dont on enseigne aux enfants de se comporter au sein de la famille est encore très behaviouriste, on punit ou on récompense. Il en va de même en maternelle. Quand on nous donnait des petits cadeaux pour ceux qui ont bien appris, on été sage, quand on met au coin les turbulents. L’idée donc qu’on doit protéger l’enfant de tous traumatismes en l’assurant de son amour inconditionnel est une idée minoritaire. Carol Gilligan a publié en 1982 un ouvrage important pour le féminisme. Il montre qu’on valorise dans nos sociétés beaucoup plus le type de comportement enseigné aux petits garçons et moins celui enseigné aux petites filles. Elle cite Bowlby. Quand un petit garçon se bat avec les autres pour récupérer son petit camion qu’on lui a pris on trouve ça bien, c’est un vrai mec et on le valorise. Mais chez la fille on va plus valoriser le partage, l’altruisme et ne pas piquer de colère. Or ce sont les valeurs enseigné aux petits garçons qui sont valorisés, le care est sousvalorisé par rapport à la combativité, la performance, la quête de l’efficience caractéristique de la réaction des hommes face à cette peur de ne plus être aimé. En ce qui concerne l’école, le même débat se pose. En France, il y a eu un débat entre Philippe Meirieu et Philippe Nemo. Meirieu a fait un peu de politique c’est un philosophe connu qui a écrit sur des libéraux. Il a publié il y a quelques ouvrages totalement contradictoires l’un envers l’autre sur deux points. Tout d’abord, M. est très en faveur d’un apprentissage à l’école où l’enfant apprend par séquence. Donc pendant une semaine il va travailler le féminisme en faisant des choses sur le sujet comme voir un film puis une expo et puis changer. Nemo conteste ça en disant qu’il faut structurer la matière, il faut digérer la matière pour l’élève qui n’a pas de cadre. Il faut lui donner ce cadre, il n’a pas assez de repère pour construire ce cadre. Ca c’est une première différence entre eux. Ensuite, M va dire que l’élève ne va bien apprendre que si il coconstruit la matière. Que si il doit contribuer, se positionner, chercher lui-même la réponse. N. lui, dit que le cours magistral est ce qui est le mieux pour transmettre le savoir. M lui répond que ce n’est que des gens qui gardent 10% de ce qui est dit mais ne retiennent rien. On a donc deux auteurs aux antipodes l’un de l’autre mais on a chez N l’idée d’un rapport entre l’enseignant et l’élève qui est un rapport de transmission prédigéré donné à l’élève alors que chez M c’est plus démocratique et intuitif. Enfin en ce qui concerne l’entreprise, pendant longtemps elle a voulu être efficiente en spécialisant les tâches. Frédéric Taylor obsessionnel dans son soucis de gagner du temps a été le grand propagandiste de l’idée que l’ouvrier doit avoir une tâche aussi spécialisée que possible, en position de pur exécutant sans aucune initiative ou autonomie. C’est ainsi pour lui qu’on va maximiser la productivité. C’est ennuyeux, ça ne demande aucune compétence mais c’est ce qui produit un maximum. On a parfois voulu changer cela notamment en donnant plus d’autonomie a chacun dans l’entreprise. A ce sujet Johann Chapoutot a fait des recherches sur les théories modernes du management. Il identifie dans le travail d’un ancien dignitaire nazi ses origines. Dans l’organisation des entreprises sous le nazisme en Allemagne, l’idée avait été lancée de donner plus d’autonomie aux travailleurs pour augmenter la production car il fallait que leur savoir de terrain soit mobilisé autant que possible. L’idée que les travailleurs devaient être libres de comment travailler et comment s’organiser vient de là. Le livre « Libres d’obéir » donne cette analyse. Cela suscite la suspicion. Dans l’Histoire plus récente, Luc Boltanski et Eve Chapello, on publié « Le nouvel esprit du capitalisme » où ils essayent de voir comment al rhétorique de l’autonomie de l’individu dans l’entreprise est récupérée. On dit à l’individu qu’il est libre mais on va analyser le résultat de vos choix car vous serez soumis à une obligation de performances car on va comparer ce que vous faites à ce que font les autres. C’est une gouvernance par les chiffres, ils ne sont jamais satisfaits on peut toujours vendre plus. Ils sont mis en concurrence. Ils sont libres mais soumis à l’obligation de s’améliorer, d’apprendre à comment mieux performer et ainsi la pression est finalement très intense. ➔ Le prof est très libre, il n’a pas d’horaire à pointer mais il a une pression pour publier des ouvrages, se montrer aux colloc, se montrer à l’unif. Ils sont très libres mais il y a beaucoup de Burnout car ils ont jamais fini. Il y a une sorte d’illusion de liberté quand elle se combine à la gouvernance par les nombres. Si on prend ensemble la famille, l’entreprise et l’école on peut dire qu’on peut passer à ces stades dans la manière dont l’individu est formaté. 1ere stade Behaviouriste ou Taylorien, l’individu est contrôlé. On veut le contrôler. Skinner faisait des expériences sur les pigeons pour les contrôler. On peut sortir un peu de ça si on dit l’individu est libre mais on peut reconstituer le contrôle si on est évalué en permanence. On peut avoir des situations où on a des individus qu’on incite a travailler en groupe et ces groupes eux-mêmes sont évalués. On va les laisser s’organiser mais on va comparer laquelle est plus efficace. C’est un progrès par rapport à l’étape d’avant mais on évalue toujours en soumettant à la concurrence. On peut aller plus loin selon le prof en disant de ne pas seulement passer le 1er stade où on créé des individus dociles mais il ne suffit pas non plus d’avoir une autonomie illusoire. Il faut aller au dernier stade en disant aux individus qu’ils vont pour gouverner eux-mêmes. On fiat de vrais citoyen.nes actifs. Si on les laisse tout décider donc objectifs, manières de travailler, est-ce qu’ils veulent maximiser les profits. Si on veut une société où ce ne sont pas des individus servile qui votent tous les 4 ou 5 ans et puis qui se désintéressent ou qui consomment en fonction de la publicité, si on veut une population qui créent des communs et invente un nouveau mode de vie, il faut que dans la famille, à l’école, à l’entreprise on façonne les individus autrement. Le prof a voulu nous convaincre de ce qu’on avait une conception dominante de l’individu qui nous vient de l’utilitarisme, de Hobbes, des changements de mentalités qui vient des capitalistes et que notre société encourage. Mais il veut nous dire que en même temps cette conception est irréaliste. Quand on a un choix à faire, on a un résultat auquel on veut arrivé et on se demande quelle action poser. Cela va dépendre des préférences ainsi que de la croyance que l’action mène à ce résultat. La manière dont la science économique voit l’action de l’individu comme rationnel fondé sur des calculs dans ce schéma hyper simple amène deux postulats. 1) L’individu en sait assez sur le monde pour pouvoir faire confiance à ses actions. On parie sur le fait que l’individu est suffisamment informé, intelligent pour ne pas faire n’importe quoi. D’ailleurs si il faisait n’importe quoi, il serait immédiatement sanctionné, il apprendrait et ensuite il ne referait plus la même erreur. 2) L’individu a des préférences données. Un des arguments mis souvent en avant par les économistes est le fait qu’ils sont neutre par rapport aux préférences que l’individu entretient. Donc quelque soit notre préférence, la science économique est là pour nous permettre de faire nos choix en fonction des choix sur lesquels elle ne se prononce pas. C’est la neutralité actiologique de la science économique. Le prof pense que c’est exagéré parce que elle exprime bien une préférence en supposant que l’individu veut maximiser ses possibilités de consommations ce qui n’est pas neutre. La personne qui choisit l’altruisme ou la sobriété est une personne que la science économique ne peut pas intégrer dans ses modèles. Mais elle peut intégrer tous les amateurs de shampoings peu importe leur shampoings par exemple. Donc encore une fois la science économique prévoit que le monde est calculable, disponible, on peut de manière censée agir dans le monde pour avoir le résultat voulu. L’individu a aussi des préférences qu’il peut traduire par ses comportements. En réalité ces qualités qu’on donne à l’individu ne correspondent pas à la réalité de notre manière de fonctionner. Selon le prof on est traversé par des contradictions, écartelé entre des manières de se positionner dans le monde. On a des émotions mais également une rationalité, on est incité à l’égoïsme pour nous maximiser mais on connait également l’altruisme. On a toutes ces oppositions qui structurent notre manière de se positionner. Finalement la science économique valorise certains pôle au détriment des autres. Le prof pense que le formatage imposé par la science économique et les institutions cités sont une sorte d’appauvrissement. Cela ne permet pas à chacun de s’épanouir quand les attentes qu’on lui exprime ne correspondent pas à ce qu’il veut. Il veut faire passer que la science économique donne une version appauvrie et incorrecte de l’individu au vue de notre complexité. On peut aussi dire qu’elle était réaliste parce que dans ce schéma où les actions que l’on a pour obtenir tel ou tel résultats sont les résultats de nos croyances et performances peut devenir plus complexe. Cela rendrait aussi plus complexe notre possibilité d’agir rationnellement. On peut être plus ou moins bien informé sur les liens qui vont se créé entre nos actions et le résultat voulu. On peut se tromper parce que l’info est incorrecte par exemple. D’ailleurs c’est pour nous aider a faire des choix rationnels qu’un droit s’est développé, celui de l’information au consommateur. On veut nous donner des infos claires et complètes pour faire le choix. Si après on fait une erreur c’est notre soucis. ➔ La question de l’accès à l’information et de son traitement par l’individu est un premier défi. Le second défi est qu’on commet toujours des erreurs dans notre façon de comprendre la situation. Il y a des biais, des questions de cadrage, des erreurs, des émotions. Il y a une série de facteurs qui influencent notre décision qui ne sont pas rationnels. 2. L’irréalisme de la conception dominante de l’individu moderne i) Limites de l’hypothèse de rationalité : A. Tversky, D. Kahneman, R. Thaler Daniel Kahneman et A. Tversky ont tenté de montrer que contrairement à ce que la science économique ne le prétend, on se trompe tout le temps. On a une pensée automatique qui sont le résultat de routine et non d’un calcul rationnel. Ils ne parlent pas d’un individu libre qui fait ce qu’il veut et qui déjoue les prédictions mais que nous sommes des individus qui faisons toujours les mêmes erreurs et on est donc prévisibles dans nos erreurs. L’erreur de la science économique selon eux n’est pas de postuler des individus avec un comportement prévisible mais de postuler des individus qui posent des choix rationnels avec un calcul impeccable. Ces auteurs pensent donc que le comportement est anticipable puisqu’on fait toujours les mêmes erreurs. Il insiste sur le fait que dès qu’on reconnait qu’un individu fait des erreurs, on ne peut pas lui faire confiance dans ses choix puisqu’il peut se tromper. Si on regarde les préférences maintenant, on rappelle que la science économique suppose qu’on a des préférences qu’on cherche à satisfaire. Mais ces préférences sont beaucoup plus problématiques que ça. Tout d’abord, elles viennent de quelque part. En effet, si on préfère une voiture à essence plutôt qu’une Diesel, cela sera le résultat de nos lectures, de nos conversations, de notre prise de conscience écologique. Donc nos préférences pourraient être différentes si on regardaient d’où elles viennent. Il y a une genèse des préférences que les économistes ignorent en laissant un voile sur l’Histoire de la construction de sa personnalité par l’individu. Ensuite, ces préférences sont parfois difficiles à synthétiser puisque l’individu à plusieurs paramètres de choix et il n’y a parfois pas de manières de savoir comment aligner ces préférences les unes par rapport aux autres. Par exemple, supposons que vous soyez un chef d’entreprise avec un choix à faire entre A,B et C. On a 3 critères : la rentabilité, l’éthique et enfin la réputation de l’entreprise. Il n’y a pas de manière rationnelle de choisir quel est le meilleur dans A, B et C. Evidemment si un est bien pour tout oui mais si chacun est bon dans un critère il n’y a pas de façon rationnelle de choisir. Sur le tableau on voit que A est mieux B et B est mieux que C mais non C est aussi bien que A. C’est parce qu’on a plusieurs critères. L’individu ne sait pas ce qu’il veut dans cette situation. Il peut décider par réflexe c’est vrai mais en général on va essayer de réfléchir ce choix. Le troisième facteur de complexité pour les préférences est le fait que les actions influent sur les préférences. Si vous avez l’habitude de manger tel aliment ou de pratiquer tel sport, cela devient une habitude et peu à peu une assuétude. Alors nos préférences sont influencés par les actions donc dire que les préférences vont déterminer les actions est oublié que la causalité va dans les deux sens. Le quatrième et dernier facteur de complexité est l’action collective. Le choix que vous faites seul n’est pas nécessairement le même que si on communique avec d’autres pour poser une action collective. Par exemple des enfants Roms qui étaient peu à l’aise dans la maitrise du langage et on propose alors à leur parent un formulaire pour demander à aller dans une école spéciale conçue pour des enfants ayant un développement mental entravé. On demande aux parents d’enfants Roms de faire placer leurs enfants là-bas car dans les écoles « ordinaires » les parents ne veulent pas qu’il y ait trop de Roms ce qui risquerait de baisser le niveau. Le parent peut choisir de laisser son enfant en école ordinaire où il peut être ostracisé, moqué, seul ou l’école spéciale où ils seront plusieurs. Si il choisit l’école spéciale comme tout le monde ,il sait que ça sera facile pour les enfants roms qui seront ensemble mais si il l’envoie seul dans l’école normale cela sera très pénible pour l’enfant. Le mieux est que les parents ensemble se parlent et envoient tous leurs enfants dans l’école normale. Mais en général on fait un choix seul alors qu’il vaudrait beaucoup mieux de donner une préférence collective. C’est pour nous montrer que quand les théoriciens de la science économique nous disent que les individus sont libres de choisir leurs préférences mais dans la sciences économique on pense qu’ils vont choisir en fonction du but qu’ils visent. Il y a donc une série de présupposé sur leur croyance de lien causal entre l’acte et le but, la manière dont les préférences sont formatées et leur contexte ne sont pas prises en compte. Leurs postulats sont donc en réalité des postulats très fragiles !!! La conception dominante de l’individu n’est pas crédible donnée ainsi. 3. Les coûts de la conception dominante de l'individu moderne i) L'aliénation: de K. Marx à H. Rosa Chez Marx, l’aliénation est le fait qu’on produit sous le contrôle d’un employeur des choses et on fait partie d’une grande machine de production. Le produit on ne sait pas ce qu’il va devenir, ce à quoi il va servir. On est coupé, on est aliéné au produit. On ne travaille pas pour soi mais pour un salaire qui permet de mieux travailler. C’est donc la coupure avec ce que l’on produit. Chez H. Rosa l’aliénation est l’absence de résonnance. L’aliénation est un rapport au monde et aux autres qui n’est pas fondé sur la résonnance. C’est avoir un rapport au monde alors qu’on le voit comme inerte, le néant qui n’a rien à nous apporter et qu’on voit les gens comme ne nous apportant rien. On se tient à distance des autres qui sont au pire un adversaire et au mieux quelqu'un a l’égard de qui je suis indifférent. Rosa met en scène 3 paires d’individus : 1) Anna et Héléna Ce sont deux femmes qui ont la même vie. Elles ont des enfants, elles travaillent et jouent au volley dans un club. Mais elles vivent leur vie de manière très différente. Anna est heureuse de voir ses enfants le matin, elle rit quand le dernier renverse son verre de lait. Elle se réjouit des cris d’enfants et est très heureuse de les amener à l’école. Elle va au travaille et adore travailler en équipe et écouter la vie de ses collègues. Au volley, elle aime l’esprit de compétition et a beaucoup de bonheur a retrouver ses amies. Héléna a la même vie mais gronde son enfant qui renverse son lait. Elle jure quand elle est dans les embouteillages le matin. Elle arrive au boulot et s’enferme dans le bureau ça l’énerve de travailler en équipe. Arrivée au volley, elle joue mais pour perdre du poids et n’y trouve pas de plaisir. 2) Vincent et Edite Ce sont deux peintres. Vincent est un peintre qui adore la peinture, il se pense doué pour cela et s’immerge dans la peinture. C’est un passionné. Il peint même avec du mauvais matériel. Il peint avec des mauvais pinceaux, fais ses couleurs et peint au dessus des premières toiles. Edit veut que tout soit parfait avant de commencer. Elle achète les meilleurs pinceaux, tous les tubes de peintures, beaucoup de toiles impeccables. Elle ne pense a peindre que très tard une fois qu’elle a le matériel et elle ne sait pas ce qu’elle va peindre. 3) Paul et Pierre Deux frères jumeaux mais avec un parcours différent. Paul a peur d’échouer, de ne pas être à la hauteur des autres. Il suit des études classiques de médecines, il veut une clientèle être un notable. Il fait un bon parcours scolaire et arrive finalement à ses fins. Pierre son frère jumeaux prend une année sabbatique en voyage avec les secondaires. Ensuite il se demande ce qu’il va faire il va lire des philosophe faire un peu de la linguistique a côté. Il met du temps à finir ses études. Il enseigne dans une école de village comme instituteur. Avec ces profils Anna, Vinent et Pierre qui regardent les autres et le monde dans le soucis d’apprendre d’eux prenant le risque d’être aimé par eux. Le monde n’est pas simplement une menace dont il faut se protéger ou une ressource qu’il faut exploiter. On n’a pas peur de l’avenir, on est confiant car on sait que les services rendus seront source de réciprocité, on sait qu’on ne sera jamais seul. C’est ça la résonnance. C’est ne pas avoir un rapport aux autres et à la nature de maximisation, l’exploitation mais plutôt un rapport d’échanges, de partage et de communion. On accepte de prendre le risque de collaborer avec l’autre parce qu’on pense qu’on a à apprendre d’eux et on refuse de les traiter comme des choses au service de notre fin. On a un rapport de résonnance et non d’utilisation. L’aliénation c’est le fait de ne plus y croire. On ne voit le monde que comme hostile, à exploiter au risque de le détruire. On voit les gens comme des choses qu’on peut utiliser pour notre propre fin. On a un rapport avec le monde d’instrumentalisation. L’aliénation c’est ça c’est Héléna, c’est Edit et c’est Paul. Le premier risque que la conception de l’individu que la science économique impose se généralise, est que l’aliénation qui en résulte, notre perception du monde soit appauvri. C’est le risque qu’on ait plus ce lien de résonnance avec le monde qui nous entoure. ii) Les origines du totalitarisme: H. Arendt Le deuxième risque est plus politique. C’est le risque de totalitarisme au sens de Anna Harendt. C’était une philosophe née en Allemagne qui a immigrée à cause de la guerre en 1938. Elle écrit en 1951. Elle voit le totalitarisme non seulement comme un système politique où les gouvernants contrôlent tout. Ils contrôlent les adversaires, les réprimes et la sociétés. C’est aussi un mode de gouvernement qui veut domestiquer les individus en les obligeant à se conformer à des normes précises. Toutes prétentions de l’individu à faire autre choses, toute inventivités est vue avec beaucoup de suspicions. C’est aussi un mode de gouvernement qui parie sur des individus sérialisés, qu’on peut contrôler à travers le postulat d’homogénéité à travers tout le monde. Des individus qui vivent dans une société pareille ont du mal a exprimer leur originalité. Une société qui prône l’uniformité, c’est une société où les gens sont plus faciles à domestiquer. Si tout le monde a peur du jugement social ou de la sanction pénale il va être très facile de les manipuler. Si par contre les individus disent on s’en fou on tient à notre liberté, on aura plus de mal. ➔ Une société où on prône la conformité est une société beaucoup plus susceptible d’être touchée par le totalitarisme. iii) La menace au pluralisme: H. Marcuse Le troisième risque est le risque d’uniformité. En 1964, Herbert Marcuse, un allemand émigré en Amérique publie l’Homme unidimensionnel. Dans cet ouvrage, il dénonce comme la société de consommation formate les goûts en nous incitant par la pub, la morale,… le narratif de la science économique autour de l’Homo économicus peut aussi être dénoncé comme favorisant le développement de cette communication de masse sous forme de pub nous incitant à consommer pour faire tourner la machine économique. 4. Alternative à la conception dominante de l'individu moderne Il y a donc dans cette conception dominante de l’individu moderne, plusieurs risques où faut être attentifs et on va voir pour trouver des alternatives. On va imaginer l’individu autrement en pariant sur sa capacité à être altruiste, à coconstruire des solutions, à sortir des normes de comportements attendus et formatés par des injonctions. Autrement dit est-ce qu’on peut concevoir des alternatives. Face à ces constat, il y a deux options. La première est de ce dire que d’accord, ils ne sont pas tous conformes à l’homo economicus, ils font des erreurs, prétendent avoir des modes de vie alternatifs. On peut vouloir développer des outils pour que ces outils pour que ces dissidences ne s’expriment. On veut poursuivre se formatage et l’accentuer pour 3 raisons. D’abord, pour que les comportements des individus soient prévisibles et donc manipulables. Ensuite, parce que si on favorise l’émergence d’individus qui veulent toujours plus, maximiser leur utilité etc. la société va être pacifiée. On ne va plus être dans la quête d’honneur mais dans le calcul rationnel. Si j’ai des oranges mais que j’ai envie et pommes et que vous en avez, on s’entend. On est alors liés aux autres par des échanges contractuels, la société est pacifiée sur cette base. Ce n’est plus un société violent et guerrière car dans les contrats on a tout à y gagner de contracter avec l’autre. C’est ce que Durkheim appelait la solidarité organique. On a donc une société qui se comporte comme acheteur vendeur, c’est une société pacifiée car elle créée des liens entre eux. Enfin , formater les individus pour en faire un homme économique, c’est aussi un gain d’efficience. L’économie sera consolidée si les individus se comportent de manière à rechercher des intérêts. Adam Smith parlait de cela en parlant de main invisible qui aspire a travers nous au bien collectif de part chacun a son intérêt individuel. C’est donc une manière de rendre prévisible les comportements, de pacifier les gens et c’est une manière de créer de l’efficience économique et de partager le gâteau de la société. On peut cependant avoir le raisonnement inverse en se disant qu’il ne faut pas simplifier mais complexifier le comportement humain et encourager une réflexibilité de l’individu sur ses actions et les préférences qu’il entretien. C’est inciter l’individu à se demander ce qu’il veut vraiment. Se demander si ses préférences ne viennent pas de pressions sociales ou de la pub, on l’incite à être réflexif sur les préférences. On l’invite aussi a être réflexif sur ce qu’il peut faire dans le monde, est-ce que vraiment en faisant cela je peux atteindre mon objectif ou est-ce qu’en réalité le monde est plus complexe. Dans la reconnaissance que le monde est dynamique, imprévisible il y a quelque chose de l’ordre de la réflexion fonctionnant par essai erreur quelque chose d’important. Et donc est-ce que au lieu de vouloir approfondir le formatage de l’individu pour qu’il ressemble à ce que les économistes veulent, on ne devrait pas faire en sorte qu’il se questionne ? Dans l’ouvrage L’Homme économique de Christian Laval, il y a une description historique de la manière dont à partir du 18ème, on a formaté les membres des sociétés pour qu’ils ressemblent aux membres de la société. Il ne s’interroge pas sur la situation actuelle mais ils montrent comment des institutions ont conduit pour que nous pensions comme des êtres individuels cherchant la maximisation de notre utilité à partir du postulat d’une connaissance parfaite du monde. Le prof pense que c’est ce formatage vers l’homme économique peut être problématique et irréaliste.