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climbing history alpinism mountaineering outdoor activities

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This document provides an introduction to the history of climbing, focusing on key figures and historical moments. It explores the origins of mountaineering and climbing, showcasing significant early ascents and notable individuals.

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INTRODUCTION 1-2Grimper, c’est-à-dire progresser sur un terrain minéral pentu ou vertical à l’aide de l’ensemble du corps est une activité aussi ancienne que l’humanité. La cueillette, la chasse, les rites religieux, la protection contre les bêtes sauvages ont poussés les humains à recherch...

INTRODUCTION 1-2Grimper, c’est-à-dire progresser sur un terrain minéral pentu ou vertical à l’aide de l’ensemble du corps est une activité aussi ancienne que l’humanité. La cueillette, la chasse, les rites religieux, la protection contre les bêtes sauvages ont poussés les humains à rechercher des points hauts et difficiles d’accès, et ce depuis des temps immémoriaux. Mais, l’escalade est une discipline assez récente dont l’histoire débuta réellement il y a un peu plus d’un siècle. En effet, jusqu’à la fin du 19ème siècle l’alpinisme prend de l’ampleur et ce n’est qu’au début du 20ème siècle que l’escalade pure apparaît, de manière indépendante. Auparavant, elle était plus considérée comme un moyen d’entraînement pour l’alpinisme que comme activité à part entière. C’est pourquoi elle a longtemps été considérée en France comme la petite sœur de l’alpinisme. 3-4Nous nous intéresserons aux grandes périodes successives de l’histoire de l’escalade où nous évoquerons le contexte historique, les personnages et lieux marquants et le matériel d’escalade. 5DES DEBUTS ETROITEMENT LIES A L’ALPINISME 28 juin 1492 : Moment important de l’alpinisme avec la première ascension de l’histoire sur le mont Aiguille par Antoine de Ville (un capitaine de Charles VIII). Il avait pour mission de faire tomber cette forteresse imprenable (c’est une expression). L’ascension fut réalisée au moyen de perches, échelles, cordes et grappins qui permirent aux hommes de se hisser au sommet. 7 août 1786 : première ascension du Mont-Blanc (4.810m) par Gabriel-Michel Paccard et Jacques Balmat (2 habitants de Chamonix) dans le cadre de l’escalade « scientifique » qui se développe à la fin du 18ème siècle. De nombreux sommets à travers le monde et notamment des sommets Alpins furent vaincus par la suite, uniquement dans un but de conquête : 614 juillet 1865 : le Cervin (4.478m) en 1865 par l’équipe d’Edward Whymper ; 716 août 1877 : la Meije (3.974m) par les Gaspard Père et fils et Emmanuel Boileau de Castelnau 829 août 1879 : le Petit Dru (3.733m) par Jean Charlet-Straton, Prosper Payot, Frédéric Folliguet 9Les grimpeurs les plus motivés estiment alors qu’il est nécessaire de s’entraîner toute l’année en plaine pour effectuer des ascensions toujours plus délicates en montagne. Ils s’organisèrent et créèrent des clubs alpins en Angleterre (1857) ; en Autriche (1862) ; en Suisse et Italie (1863) Ces clubs vont parcourir les blocs de Fontainebleau (France, dès 1897), les parois du Salève en Haute- Savoie, les falaises de Lake District (Angleterre), les tours de grès de Dresde (Allemagne de l’est), les parois des Dolomites (Italie).  L’escalade en tant que discipline singulière était née. L’escalade selon Zeigner en 81 est une « progression quadrupédique sur un support plus ou moins vertical avec risque de chute » Point pour expliquer l’escalade libre et l’escalade artificiel : (note : bien appuyer dessus, point très important !!) - Libre : « le grimpeur utilise uniquement les formes du support (roche) pour se déplacer - Artificielle : « + ou – l’ancêtre de l’escalade libre » le grimpeur utilise des moyen mécaniques (pitons, étriers), donc des éléments pour s’aider à grimper. 10LES PIONNIERS : DE COURAGEUX ATHLETES (FIN 19e – ANNEES 30) Si l’on veut donner un point de départ à l’escalade en tant qu’activité sportive, il faut remonter à la fin du 19ème siècle, et plus particulièrement en Europe qui fut la plus active dans des lieux très différents et éloignés. Sans jamais perdre de vue qu’en ces temps « héroïques », du fait d’un matériel encore très sommaire et souvent bricolé pour l’occasion, l’escalade était encore une passion bien dangereuse… Dans le monde, chaque groupe de grimpeur édicte ses règles afin de régir cette nouvelle activité. I- Différents berceaux de l’escalade 1) Angleterre  1886 : première ascension de la Napes Needle, une aiguille effilée de la forme d’une pointe de flèche qui a déjà repoussé plusieurs assauts, par Walter Perry Haskett-Smith (jeune étudiant d’oxford) a marqué le début de l’escalade sportive en Angleterre. Haskett-Smith parvient au sommet sans le moindre moyen artificiel ou assurage : c’est une escalade totalement libre à main nues.  Par la suite, l’Angleterre victorienne, en pleine transition et modernisation, voit tout d’abord émerger un engouement pour le rock climbing. Dans les sauvages régions du nord du pays, des citadins issus des nouvelles classes moyennes et supérieures découvrent les loisirs en extérieur durant les congés estivaux (nouveaux pour l’époque) et y inventent de nouvelles activités sportives.  La zone du Lake District va servir de cocon au premier âge d’or de l’escalade britannique. S’il s’agit tout d’abord plus de crapahutage sur les ressauts rocheux, certains s’y endurcissent rapidement.  A partir de 1880, les ascensions se multiplient avec ou sans corde. Cela dit, l’absence quasi-totale de protections durant la phase de progression du premier grimpeur rend cela très dangereux, même encordé.  Durant cette période s’illustre une personne charismatique dans le monde de l’escalade : Oscar Eckenstein  Oscar Eckenstein (1859-1921), britannique. Homme au multiple talent, aventurier-explorateur, il participa en compagnie de Aleister Crowley, en 1902, à la première expédition sérieuse s’attaquant au K2, le deuxième sommet de la planète et l’un des plus dangereux. Il est également cité comme inventeur des crampons et piolets courts modernes. Doté d’une grande force (la légende le dit capable d’effectuer plusieurs tractions d’un seul bras), il reste connu comme l’un des fondateurs du bouldering, la recherche d’une nouvelle manière privilégiant l’équilibre et la maitrise des points d’appui sur des bloc de quelques mètres et ce avec quelques dizaines d’années d’avance. 2) 11Allemagne et Suisse On retrouve aussi des pionniers dans des lieux plus reculés et moins évidents dans des régions autour de Dresde. Sur ces tours de grès qui constituent une véritable forêt, il existe une tradition d’escalade active dès la fin du 19ème siècle. On y estime à près de 500 le nombre de grimpeurs en 1900. 12  Oskar Schuster (1873-1917) : pionnier de l’escalade en Saxe  Oliver Perry-Smith (1884/1969) : américain, ambassadeur de l’escalade libre pratiquée par les européens dans les pays anglo-saxons. En 1905, il est le premier à franchir la barrière du 6ème degré. Définit une éthique rigoureuse qui perdurera des décennies durant : dans une éco-perspective très avant-gardiste où le rocher doit être préservé au maximum, il grimpe en espadrilles et plante un minimum de points d’assurance métalliques.  Rudolf Ferhmann (1886-1948) : allemand, théoricien de la cordée et fut l’un des premiers à énoncer les règles de l’escalade libre : ouverture par le bras, respect d’un espacement minimum de 4 mètres entre les points pour un maximum de libre obligatoire, usage des nœuds et des cordelettes pour s’assurer.  Otto Robert Herzorg (1888/1964) : allemand ; premier à utiliser des mousquetons (qu’il empruntait aux pompiers) et révolutionna les techniques d’assurage (avant les grimpeurs devaient se décorder à chaque point d’assurage pour passer directement la corde dans le piton). Dès 1923, il se lança dans les ascensions de « grandes faces » nécessitant de dormir en paroi. 3) 13Italie La région des Dolomites avec une myriade de tours calcaires est une merveille naturelle qui constitue un terrain alpin l’hiver et la verticalité de ses faces est très tôt un défi pour les plus audacieux.  Georg Winkler (1869-1888) : gravit à 17 ans, en solo intégral à la montée et à la descente (avec seulement un grappin) la Torre Winkler dans le massif des Vajolet (2800m). Il disparut dans une avalanche l’année suivante et le glacier ne recracha son corps qu’un demi-siècle plus tard.  Hans Dülfer (1892/1915) : allemand, réalisa plus de 50 premières dont un bon nombre dans les Dolomites. A mis au point la technique d’escalade de fissure, basée sur une opposition des forces de traction des bras et de poussée des pieds. Précurseur de techniques telles que le « rappel en S » (système de descente en rappel cuisse-épaule utilisée jusque dans les années 1970 avec l’arrivée des descendeurs). Proposa également la 1ère échelle de cotation (du 1 au 5 à l’époque).  Gian Battista Piaz dit « Tita Piaz » ou « diable des Dolomites » (1879/1948) : autrichien ; a ouvert de nombreux itinéraires dans le 5ème degré, libre et sans assurance, dans les Dolomites grâce à des lancés de corde et de tyroliennes. 4) 14France Dans le Saleve, petits massifs rocheux. De jeunes grimpeurs partent à la découverte de la gorge du Varappe. Ils seront surnommés par la suite les varappeurs, c’est-à-dire des spécialistes des rochers. On y retrouve des grimpeurs tels que De Tricouni, Michel Vaucher, Loulou Boulaz (meilleure alpiniste féminine des années 1930).  1924 : création du Groupe de Haute Montagne et Groupe de Bleau (GDB). Principal groupe de jeunes alpinistes parisiens qui allaient les dimanches faire de l’escalade sur les rochers de la forêt de Fontainebleau, faute de pouvoir s’entrainer sur des vraies montagnes. 5) 15Autriche  Paul Preuss (1886-1913), autrichien. Parce qu’il faut un point d’ancrage à toute chronologie, le nom de Paul Preuss est souvent cité comme élément fondateur de l’escalade libre et comme le premier « vrai » grimpeur. C’est à la fois vrai et faux, tant le personnage et ses conceptions furent aussi incroyablement en avance sur leur temps que résolument rigides. A la fin de sa brève carrière il aura accumulé plus d’un millier d’ascensions diverses, dont un bon nombre de premières surtout en solitaire. (1.200 voies dont 300 en solo intégral). Il se singularise en développant une éthique nouvelle pour l’époque. Il met un point d’honneur à ne pas utiliser de pitons (une invention relativement récente) ni tout autre moyen artificiel. La corde est tolérée mais uniquement comme moyen de sécurité (et ne sert qu’à assurer le 2nd de cordée) et doit être prohibée si le grimpeur n’est pas capable de gravir une voie sans elle. Si ses contemporains comme Tita Piaz acceptent l’idée qu’on doit toujours se donner les moyens physiques et mentaux pour garder une marge de sécurité face aux difficultés qu’on choisit d’affronter, ils ne peuvent accepter le refus total de tout matériel « moderne » (pitons, mousquetons, pions en pleine expansion dans cette première décennie du 20ème siècle). Preuss passe beaucoup de temps à s’entrainer, notamment à la désescalade car il est persuadé qu’un grimpeur ne doit pas s’engager dans un passage qu’il ne peut redescendre sans corde, sans rappel. Ses convictions le conduisirent à renoncer aussi à la corde d'assurage et il trouva la mort en 1913, à 27 ans, en pratiquant l'escalade en solo intégral dans les montagnes allemandes. II- 16Evolution du matériel et des cotations. 1) Matériel Le matériel c’est l’ensemble des équipements que le grimpeur est à même d’utiliser lors de son ascension sur une voie. Le matériel d’escalade a été inventé après l’apparition de la discipline. C’est un héritage de l’alpinisme qui va évoluer au fil du temps.  17Corde : est un élément clé pour assurer la sécurité du grimpeur de nos jours. Mais au début du 20ème siècle, elle est peu utilisée par les grimpeurs. Les quelques cordes utilisées sont faites en chanvre ou en fibres végétales. Le problème avec ces cordes c’est qu’elles s’usaient et vieillissaient rapidement avec l’humidité, ce qui faisait qu’elles se cassaient net sous l’effet d’une chute brutale. De plus, elles étaient relativement dangereuse en raison de leur qualité car elles avaient tendance à s’emmêler. Vers 1910, des grimpeurs tels que Paul Preuss critique l’emploi de la corde et abandonnent son usage lorsqu’ils grimpent.  Descendeurs rudimentaires : D’abord, maintien de la corde entre les 2 pieds, la pression des pieds fait frein. Depuis les années 1860, utilisation de l’anneau de Whyper en tant que descendeur. C’était un procédé rudimentaire de descente. On fait une boucle à l’extrémité de la corde que l’on fixe sur un rocher. On décroche la corde en la secouant. Pas très efficace car la boucle était peu résistante car en tissu et la corde tombait comme un bloc sur le grimpeur (danger). Whyper inventa par la suite un autre procédé : un gros anneau métallique qu’on fixe à une extrémité de la corde. L’anneau était relié à une cordelette qu’il tirait une fois en bas. Georges Geyer invente l’anneau secondaire (milieu 19ème siècle) : pour ne pas détériorer la corde au contact de la roche et avec les frottements, les autrichiens accrochaient de la ficelle ou un morceau d’étoffe au sommet de la voie. Ils descendaient donc en rappel avec la corde qui coulissait dans l’anneau de fortune et récupéraient leur corde en abandonnant sur place leur anneau. Les grimpeurs descendaient également en rappel avec la technique de rappel en S, la corde enroulée autour du corps. Mais, cela provoquait de nombreuses brûlures. « Vidéo, le rappel en S ! descente en Rappel »  18Baudriers : Pas de baudriers. Les quelques grimpeurs qui utilisaient une corde pour s’assurer la nouait autour de la taille pour se protéger en cas de glissade. Les chutes mortelles étaient très fréquentes.  Mousquetons. 1911 : utilisation des 1ers mousquetons par Otto Herzog qui s’est inspiré des mousquetons utilisés par les sapeurs-pompiers allemands. En acier, 140g.  19Pitons : utilisation des pitons longtemps critiquée par les grimpeurs qui posaient peu de pitons et servaient uniquement pour les rappels. 1910 : invention et utilisation du premier piton par Hans Fiechtl. Piton avec un œilleton qui enferme la corde. Au début, juste pour le rappel puis pour la progression (outil de protection). Longues pointes de charpentier qu’on enfonçait dans des fissures. Utilisation largement critiquée par de nombreux grimpeurs. (Paul Preuss). Pitons crochets et pitons à anneau utilisés avant l’invention du mousqueton d’escalade.  20 Chaussures : issues des chaussures d’escalade. On ôtait ses souliers dans les roches sans fissures et sans aspérités franches pour grimper pieds nus ou en chaussettes. 17ème – début 20ème : souliers en cuir avec semelles de clous (souliers ferrés) qui permettaient une bonne accroche sur les sols verglacés et glissants. Mais, ils étaient trop inconfortables et lourds, c’est pourquoi les grimpeurs les utilisaient peu. 1908 : invention des 1ers chaussons à crampons à 10 pointes par Eckenstein. 1910 : espadrille à semelle en feutre et en corde dans les Calanques et les Dolomites principalement (Peu pratique dans les Alpes où la neige mouillait rapidement les chaussures). Remplace les chaussures à clous. Mais, faible résistance à l’usure et peu d’accroche sur les parois. Les grimpeurs ne portaient donc leurs chaussures que momentanément et grimpait pieds nus.  21 Sac et tenue : la pratique de l’escalade notamment en montagne nécessite des tenues particulières 1870 : havresac (sac) de l’armée françaises. Inconvénient : trop de poids en haut et comprimait la cage thoracique à cause des bretelles courtes. 1890 : sac tyroliens, 800 g. 2) 22Cotations ère  1492 : 1 escalade répertoriée, Antoine de Ville et son équipe au Mont-Aiguille  1881 : 1er 4, Albert Mummery, « Fissure du Grépon » à Chamonix  1899 : 1er 5. Paul Press en solo.  1905 : 1er 6a. Oliver Perry-Smith, « Teufelsturm »  1908 : 1er 3 bloc. Jacques Wehlrin à Fontainebleau  1914 : 1er 4 bloc. Jacques de Lépiney à Fontainebleau 23CONCLUSION DE LA PARTIE  l’escalade est née de l’alpinisme et commence à se construire en tant que discipline singulière à partir de la fin du 19ème siècle.  Elle doit son évolution à des pionniers qui ont mis leur vie en jeu pour escalader les plus hauts sommets avec une escalade libre où le peu de matériel utilisé était plus que sommaire et peu fiable.  L’escalade de cette époque était considérée comme « libre » du fait du peu de matériel dont disposait les grimpeurs pour leurs ascensions.  La réalité sportive de l’escalade rocheuse ne sera pressentie que par quelques grimpeurs hors normes mais considérés comme marginaux : Paul Preuss (en 1911) qui réalise seul et sans assurage une 1ère en rocher ; l’allemand Hans Dulfer (en 1913) qui démontre en solo ses prodigieux talents et invente de multiples techniques d’escalade dont celle qui porte son nom aujourd’hui. En 1914, tous les jeunes et vaillants grimpeurs de l’époque se retrouvèrent engagés dans la première guerre mondiale où nombre d’entre eux y laissèrent la vie. Par la suite, l’Europe eut pour priorité de se reconstruire et l’évolution de l’escalade resta quasiment au point mort jusqu’aux années 1930. 24L’APRES-GUERRE ET LES ANNEES 30-40 : L’ESCALADE SE DEVELOPPE GRACE AUX INNOVATONS TECHNOLOGIQUES Juste après la boucherie de 14-18, il ne se passe pas grand-chose, un grand nombre de grimpeurs ayant péri dans le conflit. Mais bientôt avec le retour de la paix et la reconstruction, la pratique de l’escalade va continuer son évolution. Bien qu’il n’existe pas encore de réelle dissociation entre grimpeurs et alpinistes, certains montrent une préférence avérée pour le rocher. Pendant des années, l’escalade est pratiquée de manière très différente selon les pays, les clubs alpins se réunissent alors à Chamonix en 1932 et fondent l’Union Internationale des Associations d’Alpinisme (UIAA) afin de coordonner les actions des différents clubs et de gérer les différents problèmes au milieu de l’escalade. L’escalade prend un nouvel essor en Europe, notamment avec la création et à l’emploi d’un matériel plus spécifique, des performances des grimpeurs et des voies de difficulté croissante qui sont ouvertes au fil des années 1942 : création de la Fédération française de la montagne et de l’escalade. I- 25La pratique de l’escalade sur le vieux contient et aux USA 1) 26Italie : les Dolomites  Les Dolomites dans les années 30 continuèrent à être le théâtre de réalisations à la pointe des difficultés rocheuses. Compte tenu des conditions matérielles de l’époque (espadrilles, cordes en chanvre), l’engagement était exceptionnel dans ces parois « au-delà de la verticale ».  Il s’agit réellement d’un nouvel âge d’or, celui d’un sixième degré, réel et soutenu, dont la valeur s’affirme autant dans la difficulté technique que dans l’engagement. La beauté du geste, l’économie des moyens (le nombre de pitons employés) et l’escalade la plus libre possible sont des composantes essentielles pour les principaux protagonistes de l’époque.  Pour les italiens de cette époque, il ne s’agit plus seulement de gravir des sommets et des faces, mais bien souvent de s’attaquer aux lignes les plus raides et esthétiques, encore inenvisageable quelques années auparavant.  Batista Vinatzer (1912-1993) : l’un des premiers explorateurs des niveaux supérieurs du 6ème degré.  Mais, ce sont Riccardo Cassin et Emilio Comici qui tiennent le haut de l’affiche avec des ascensions exceptionnelles qui marquent un tournant dans l’activité car les 2 grimpeurs n’utilisaient que très peu de matériel afin de privilégier au maximum la progression en escalade libre.  Emilio Comici (1901-1040) : ouvre en 1929 la 1ère voie italienne de 6ème degré. Il grimpe simplement armé de pitons en acier, d’espadrille et d’une corde de chanvre à la taille : il pousse le plus loin possible le jeu de l’escalade libre. Il s’assure peu, utilise le minimum de points d’aide, développe toute la gestuelle moderne du grimpeur de falaise, allant même jusqu’à s’entrainer à prendre des chutes volontaires. Il s’est illustré sur des voies mythiques (face nord de la Cima Grande di Lavaredo au cœur des Tre Time) qu’il réalise seul et en solo (1937). Décède d’une chute lors d’une ascension : la corde de chanvre n’a pas résisté à la chute. Il maitrisait son art et se jouait du vide comme peu en sont capable 80 ans après. C’est le 1er à intégrer en escalade la dimension esthétique, le souci du beau geste.  Riccardo Cassin (1909-2009) : figure marquante de la conquête des grandes faces nord des Alpes, où il a réalisé de nombreuses premières et compagnon de cordée de Emilio Comici. 2) 27 France A la même époque, le français Pierre Alain faisait lui aussi office de précurseur. Pierre Alain (1959-) : Il a ouvert la face nord des Drus en espadrilles et a établi le plus dur passage de libre du massif du Mont-Blanc (fissure Alain). Il devient le leader du GDB au début des années 1930. Développe ses compétences sur les microscopiques blocs de la forêt de Fontainebleau. C’est un performer naturel notamment sur les plus belles parois alpines et un Géo Trouvetout de génie. Au-delà de sa liste de blocs et de voies impressionnantes, c’est un inventeur et un visionnaire pour le matériel (nous allons le voir dans la partie sur le matériel ) 28USA De l’autre côté du globe, l’escalade était encore peu développée aux Etats-Unis jusqu’aux années 1930. Quelques « mountain club » furent crées mais proposaient principalement des activités de randonnées pédestres d’exploration. L’escalade aux USA, isolée du milieu européen, est en retard.  Ce n’est qu’en 1927 que deux émigrants allemands, Joe et Paul Stettner amenèrent dans leurs bagages les premiers pitons et mousquetons aux Etats-Unis. Ils y ouvrent les premières vraies voies sur la face Est du Longs Peak (4.346m) dans les Rockies Mountains du Colorado.  Quelques groupes se forment mais ils ont des difficultés à se fournir en matériel : ils doivent commander leur matériel à Munich. De plus, le matériel (pitons) n’était pas adapté à la pratique dans les massifs de granite américains. L’escalade libre est donc privilégiée.  Ce n’est que lorsque des membres de l’Appalachian Mountain Club se rendent à Chamonix et dans les Dolomites (Europe) que la pratique de l’escalade américaine se développe (ils ont ramené aux USA beaucoup de matériel et d’équipement et ont acquis des compétences de bases en Europe).  1939 : tournant dans l’escalade américaine et pour le reste du monde. 4 grimpeurs US (Brower, Bedayn, Dyer, Bestor) utilisèrent pour la première fois des bolts (pitons à expansion qui nécessitent un forage pour se planter dans des zones compactes où il est impossible de poser un piton classique qui doit toujours être placé dans une fissure) pour escalader le Shiprock (falaise isolée en plein cœur du désert Navajo). Les Américains avaient ainsi l’outil idéal pour venir à bout de toutes les grandes faces granitiques. II- 29Matériel et cotations 1) Matériel  30-Cordes : toujours en chanvre et fibres naturelles  31Descendeurs 1943 : Pierre Alain met au point le 1er descendeur en forme de fourchette. La corde s’entortille entre les branches de la fourchette qu’on accroche d’un mousqueton sur un anneau de corde passé sous les cuisses. Dispositif complexe critiqué et peu utilisé pas les grimpeurs.  Toujours pas de baudriers  32Mousquetons : 1939 : Pierre Alain invente le 1er mousqueton en alliage léger et résistant (65g au lieu de 140g) qui va être commercialisé dès 1947. 1943 : Pierre Alain invente le premier descendeur, ce qui évite les brûlures du corps. 1946 : avec le développement du big wall climbing aux USA, les américains (John Salathé) inventent des pitons raides et élastiques adapté au granite. Utilisés pour la première fois pour l’ouverture de lost arrow dans le Yosemite. Les américains ont produit de nombreux qui ont eu beaucoup de succès dans le monde entier pitons réputés malgré leur poids et leur prix.  33Chaussures 1910-1930 : Chaussures avec semelle de feutre de Hans Kresz, largement utilisé par les grimpeurs allemands. Mais ces chaussons s’usaient très rapidement, les grimpeurs devaient transporter avec eux une paire de souliers ferrés en cas de besoin. De plus, les semelles ne permettaient pas une bonne adhérence à la paroi. 1928 : Chaussons d’escalade des dolomites « scarpe da getto », sorte de pantoufle avec des semelles en cordes épaisses en lin. 1930 : invention des semelles en caoutchouc à relief par Vitale Bramani en Italie. 1935 : Pierre Alain invente les espadrilles à semelle en caoutchouc lisse. 1948 : Pierre Alain façonne les chaussons d’escalade à semelle lisse = chausson de Drus (nom du prototype). Commercialisé après-guerre sous le nom de PA. (Initiales de l’inventeur).  Lampe 1934 : lampe électrique de poche avec recharge impérative remplacent les lanternes à bougie. 2) 34Cotations et fédération 1934 : premier 5+ bloc. Pierre Alain à Fontainebleau 1938 : 1er 6b. Richard Dressler 1946 : 1er 6a bloc. René Ferlet à Fontainebleau 35CONCLUSION DE LA PARTIE  Un nouveau matériel plus sécurisé et performant permet à l’escalade d’évoluer  La période qui s’étend entre les 2 guerres est marquée par une escalade libre et avec peu de matériel.  De l’autre côté de l’atlantique, l’escalade se développe aux USA où les grimpeurs tentent de combler leur retard.  A nouveau, la propagation de la seconde guerre mondiale sur tous les continents va rendre dérisoire ces amusements rocheux jusqu’à ce que la paix retrouvée les remette au goût du jour. L’évolution et le développement de l’escalade est mis entre parenthèse jusqu’au début des années 1950. 36LES ANNEES 1950 : L’AGE DE L’ESCALADE ARTIFICIELLE DANS DE NOUVEAUX TERRRAINS DE JEUX Si les années 50 furent une décennie prodigieuse pour les alpinistes, particulièrement en Himalaya avec la conquête des plus hauts sommets du globe, le bilan est plus mitigé en ce qui concerne l’escalade libre. Certes, des Dolomites à El Capitan, de grandes parois furent conquises, mais à tout prix, sans la moindre économie des moyens artificiels. C’est effectivement l’apogée de l’artificiel, à grands coups d’étriers, d’échelles, de cordes fixes, de marteau, tamponnoirs et pitons en tous genres. On perce, on visse, on se tracte avec un seul objectif : arriver au sommet et réaliser une première. Il fallait passer « coûte que coûte ». Néanmoins, ces excès et l’abandon de cette escalade libre ont aussi accéléré une prise de conscience éthique et donc conduit à la naissance du free climbing, l’escalade sportive moderne. I- 37Différents terrains de jeux 1) Vallée du Yosemite en Californie  Cette vallée fut progressivement explorée par les Occidentaux à partir du 19ème siècle, mais, l’activité et le nombre de grimpeurs américains était bien inférieur à ce qui se passait en Europe. Les roches du Yosemite étant différentes des roches européennes ainsi des ajustements de matériels furent nécessaires.  Dans l’histoire du Yosemite d’après-guerre, c’est indiscutablement Royal Robbins qui a marqué l’histoire.  En 1957, la verticale face Nord-Ouest du Half-Dôme (2.693 m) est vaincue en 5 jours par Royal Robbins, Mike Sherrick et Jerry Gallwas. Ils ouvrent alors le premier 6 des Etats-Unis.  En 1958, après 18 mois de préparation « le Nose » (6a/A1-1.000m) est ouvert sur la face de El Capitan (2.307 m) par Warren J. Harding, Wayne Merry et George Withmore en 47 jours… Pour mieux apprécier ce que fut l’évolution de l’escalade, rappelons que cinquante ans plus tard, le 2 juillet 2008 Hans Florine et Yuji Hirayama ont réussi l’ascension en 2h43 mn… 38Royal Robbins (1935-2017) : Il fut le très jeune grimpeur de Big Walls le plus audacieux et le plus talentueux de sa génération. A 22 ans, il est le leader de la 1ère face nord-ouest du Half Dome (cotée 6). Rapidement, le californien adopte une escalade libre plus propre et dépouillée, faisant le moins possible appel à l’usage des pitons fixes = free climbing, escalade sportive moderne. 39John Salathé (1899-1993) : émigré aux USA ; constatant que les pitons européens étaient trop mous pour le granit du Yosémite, il conçut ses propres pitons en acier. C’est ensuite Yvon Chouinard qui les reprit et les commercialisa à grande échelle. Il inventa par la suite des accessoires tels que les RURP pour les microfissures. 40Les années 1950 sont marquées par les 1ères de la face nord-ouest du Half Dome puis du Nose par Warren Harding. Ce dernier choisi une technique : camps en paroi, pitons et cordes fixes à tout va, tout est bon pour progresser. A noter que certains alpinistes grimpent dans ces contrées, pour eux tous les moyens sont bons pour arriver au sommet. Alors qu’en escalade il y a des contraintes, le sommet n’est pas une fin en soi, le plus important est la façon dont on grimpe. (éthique, mouvements du corps) 2) 41Angleterre  Les Anglais ont inventé une échelle de cotation à double entrée. Difficilement comparable aux autres échelles car sa progression est volontairement très fermée vers le haut et une même cotation peut signifier des difficultés très variables.  Le plus fameux grimpeur fut Joe Brown JOE BROWN (1930) : britannique, 1er à fouler les 8 586 m du Kangchenjunga, 3ème sommet de la planète en 1955. Il a participé au renouveau de l’escalade britannique au lendemain de la seconde guerre mondiale. Pionnier des nuts (pièces de métal en forme de noix reliées à une sangle et qui permettaient un assurage limitant l’usage des pitons). Au départ on prenait un écrou dans lequel on passait une corde, puis on y réalisait un nœud au bout. On coince les écrous dans un trou afin de pouvoir progresser. L’escalade était plus « propre » = clean climbing. Surnommé le baron, il fut un leader méthodique et réservé à la très longue carrière, comptabilisant plus de 600 premières sur 5 décennies. Les Anglais utilise une escalade de plus en plus propre : - Réduction de l’utilisation de pitons permet préserver la roche avec des coinceurs. - Utilisation de coinceur plutôt que piton car les pitons font des marques permanentes sur les roches. - Un engagement plus important dans les voies, induit que les grimpeurs doivent s’appuyer davantage sur leur compétences et équipements pour assurer leur sécurité. 42Les Anglais ont développé une échelle de cotation qui reflète leur éthique du "clean climbing," c'est-à-dire l'escalade propre sans l'utilisation excessive de pitons ou d'autres dispositifs d'escalade artificiels. Cette éthique met l'accent sur la maîtrise technique, le courage et la minimisation des impacts sur la roche (la préservation de l’environnement). Ce premier chiffre est symbolisé par un "E" à partir du niveau 5 sportif. Les niveaux les plus bas, de 1 à 5, sont notés entre "Mod" (Moderate) et "HVS" (Hard Very Severe). Le second chiffre de la cotation, par exemple 5b, 5c, 6a, correspond principalement à la difficulté technique de la voie, mais il intègre également la notion d'engagement (risque de chute). 3) 43Italie : dolomites  Les Dolomites italiennes était déjà explorées mais les faces les plus raides vont être parcourue grâce à l’évolution du matériel. Ces parois attirent des grimpeurs de toute l’Europe qui souhaitent juger leurs niveaux respectifs sur les voies les plus audacieuses.  Le maestro du rocher s’appelait Cesare Maestri. Cesare Maestri (1929) : surnommé « l’araignée des Dolomites ». Disciple de Paul Preuss pour ce qui concerne l’escalade en solo et sans assurance. Premier à grimper et descendre en solitaire une voie du 6ème degré dans les Dolomites. Persuadé de la nécessité d’un entrainement physique quotidien. Réussit de grandioses solos intégraux dans la lignée de Comici et Preuss. Mais dans la suite de sa carrière, il pratique une escalade controversée, très artificielle avec des voies ouvertes à l’aide de très nombreux pitons à expansion.  44Un belge, Claude Barbier va également s’illustrer Claude Barbier (1938-1977) : belge ; va s’illustrer dans les Dolomites en répétant en 1956 les 12 voies les plus prestigieuses du massif. En 1961, s’impose comme l’un des meilleurs grimpeurs en réussissant en une journée l’enchaînement en solo des 5 faces les plus difficiles (Cimes di Lavaredo). Pratique une escalade libre et très épurée (n’utilise pas les pitons pour progresser mais juste pour s’assurer). Il était donc en contradiction avec le type d’escalade de son époque. Décédé en nettoyant un nouvel itinéraire. Dans le reste de l’Europe, à l’exception peut-être de la nouvelle RDA d’où, pour des raisons évidentes (guerre froide), peu d’informations filtrent, le terrain de jeu est essentiellement artificiel, même si certains maitres s’attaquent à des voies naturelles. Des Dolomites aux Calanques marseillaises excelle Georges Livano. 1) 45France : Calanques  Dans les Calanques Marseillaises, on pratique également une escalade artificielle dans une démarche basée sur la préparation technique à la montagne.  1941 : ascension de la Grande Candelle (le plus long 6e degré des Calanques) par Georges Livanos et Gaston Rebuffat. George Livanos, surnommé « le grec » (1923-2004) : grand grimpeur des Calanques et des Dolomites où il réalise de nombreuses premières ascensions. Il reçoit à Marseille la médaille d’or des sports en 1950 pour ses premières ascensions à la Civetta. Lorsqu’il prit sa retraite, à l’âge de 55 ans, il avait planté 25.000 pitons et ouvert plus de 500 voies dans les Calanques sur 134.500 mètres d’escalade… cela sans compter les 107.600 mètres gravis sur les emblématiques parois des Dolomites, du Vercors, du Verdon, de Chamonix… Avec, entre autres Gaston Rebuffat, la « bande des Marseillais » était donc excessivement active à cette période et les Calanques deviennent donc rapidement LE site incontournable pour tous les grands alpinistes de l’époque : Lionel Terray, Jean Couzy, Jean Franco, Maurice Herzog, Edouard Frendo… II- 46Matériel et cotations C’est durant cette période d’après-guerre que le matériel a connu une grande évolution. Les progrès techniques et scientifiques permettent de faire de nouveaux matériaux, plus légers et résistants. 1) Matériel 47 Corde Fabriquée en nylon tressée. Grande résistance pour un poids réduit et une élasticité qui permet d’absorber une chute. Composée d’une âme (vraie partie résistante) recouverte d’une gaine qui la protège des agressions extérieures. 2 types de cordes : dynamiques (système d’assurage) et statiques (transporter et attacher équipement). 48 Baudrier Début des années 1950 : les grimpeurs commencent à s’encorder à l’aide d’une ceinture constituée d’un cordasson (petite corde) autour de la taille. 49 Mousquetons 1958 : Pierre Alain fait évoluer son modèle et invente un mousqueton léger en alliage d’aluminium (Zicral), plus léger et résistant pour l’escalade libre. Capable de résister aux chutes éventuelles des grimpeurs. 50 Cotations 1953 : 1er 6c+, Robert Paragot 51CONCLUSION DE LA PARTIE  Après la Première Guerre mondiale, l'escalade artificielle se développa et avec elle, la généralisation de la distinction entre escalade libre et escalade artificielle. On distingua dès lors les pitons d'assurage des pitons de progression servant à la fois de prise et de point d'assurage. Cependant souvent, les deux styles d'escalade étaient utilisés lors d'une ascension en montagne en fonction des prises disponibles dans chaque passage.  En Europe, deux terrains de jeu vont alors être particulièrement mis en avant : les Dolomites italiennes, certes parcourues depuis des lustres mais dont les faces les plus raides vont désormais pouvoir être attaquées grâce aux évolutions du matériel, et les fameuses Calanques de Marseille qui profitent d’un climat clément tout au long de l’année, d’un rocher d’une qualité exceptionnelle et d’une sensation d’isolement comparable à la haute montagne.  Ainsi, chacun dans leur coin, les plus forts grimpeurs de l’époque vont s’activer dans des ouvertures plus audacieuses les unes que les autres. Quelquefois ils se déplacent dans « l’autre contrée » pour répéter les itinéraires les plus difficiles et ainsi jauger leurs niveaux respectifs. 52LES ANNEES 60 : LES AMERICAINS DEVIENNENT LES MAITRES DU MONDE LES ANNEES 70 : LES EUROPEENS IMPOSENT L’ESCALADE LIBRE Il faudra attendre les années 60 pour que le phénomène de l’escalade prenne une véritable identité. L’escalade libre commence à se développer aux USA avant de se diffuser à la fin des années 1960 en Europe. Définitions de l’escalade libre. « Quand le grimpeur n’utilise pour sa progression que les aspérités de la roche à l’aide de ses pieds et de ses mains. Les points de protection ne servent qu’à assurer sa sécurité en cas de chute mais sont délaissés comme aide à la progression et il lui est interdit de s’arrêter pour se reposer. C’est à lui de savoir au mieux utiliser les ressources du rocher. Grimper en libre ne signifie pas grimper libre. De simple activité physique, l’escalade acquiert alors un statut de sport. L’escalade libre moderne privilège avant tout la sécurité grâce aux moyens mécaniques, contrairement à l’escalade libre ancienne, qui était considérée comme libre du fait du manque de matériel. » L’escalade libre est respectueuse du rocher car ils ne foraient pas de trous pour placer des bolts. Ils mettaient en place des coinceurs qui permettaient de les laisser les voies en fissure quasiment vierges de tout équipement. Cette pratique nécessitait un bon moral et un engagement certain vu la précarité des points d’assurage. Les voies pratiquées à cette époque n’était donc pas d’un très haut niveau. Cela va faire stagner le développement de l’activité jusque dans les années 90. I- 53La révolution californienne Aux USA, l’escalade libre se développe de manière exponentielle notamment en Californie où le parc du Yosémite va devenir La Mecque de l’escalade « New Wave ». 1) Un contexte de contestation sociale  ( ( La grimpe en libre qui se développe alors en Amérique du Nord ne reste pas à l'écart des nouveaux mouvements sociaux, en particulier de la vague hippie qui submerge l'Amérique lors de la guerre du Viêt Nam.))  Ils vivent en communautés libres plutôt qu'en famille, les groupes de grimpeurs en libre adoptent alors un mode de vie à l'écart des valeurs dominantes de la société de consommation.  Durant les 1eres années de la décennie des sixties, émerge une nouvelle génération de californiens qui évolue au sein du camp 4. Situé à distance des commodités et des principales parois et blocs, ce camp offre une vie sous la tente tout au long des bonnes saisons.  Ce camp 4 est par ailleurs aujourd’hui classé dans le registre national des places historiques pour son rôle dans le développement de l’escalade en Amérique et reste très actif.  54Les années 1960 ont été une décennie de transformation profonde aux Etats-Unis, marquée par une série de bouleversements sociaux, culturels et politiques. Cette période tumultueuse a vu naître une multitude de mouvements contestataires, en réaction à l'establishment (ce qui dirige la société) et aux normes sociales établies. Parmi ces mouvements, l'un des plus emblématiques a été celui des hippies, une contre-culture qui a émergé au cœur de ces bouleversements pendant l’été 1967 avec le « Summer of Love ». Dans cet environnement de changement rapide, leur mouvement a reflété et amplifié les aspirations d'une jeunesse en quête de sens et d'émancipation. Pour mieux comprendre l'impact des hippies sur la société américaine, il est essentiel de les replacer dans le contexte de cette époque marquée par des luttes pour les droits civils, la contestation de la guerre du Viêt Nam et des transformations économiques majeures. Les hippies, ont prôné des valeurs d'amour, de paix, de liberté et de non- conformité en luttant contre la ségrégation raciale. Une grande partie de la jeunesse américaine, s'est tournée vers une contre-culture caractérisée par un esprit de rébellion et la recherche de nouvelles formes d'expression. Ils ont rejeté la société de consommation en faveur d'une vie simple et du partage des ressources.  55L'escalade correspondait à cette idée d’émancipation individuelle, offrant un moyen d'évasion vers la nature. Les grimpeurs des années 60 cherchaient à s'affranchir des conventions sociales mais aussi des normes mis en place dans la pratique qui était quasi- complètement tournée sur de « l’artif ». L'escalade devenait un moyen de réaliser cette quête de liberté en s'éloignant des villes surpeuplées et de se reconnecter avec la nature à travers l'ascension de parois rocheuses majestueuses. Ces ascensions permettaient de se libérer davantage par le fait de ne plus s’assurer afin de se sentir encore plus libre et vivre des expériences plus authentiques. Cela incarnait l'idée de retour à la terre et de simplicité. Finalement l’escalade et le mouvement hippie partageaient de nombreuse valeur similaire. En pratiquant l'escalade, les grimpeurs ont adopté un mode de vie alternatif en vivant dans des campements en plein air, en se nourrissant de manière simple, en se concentrant sur la nature et l'aventure plutôt que sur la consommation matérielle. 2) La conquête du Yosemite  55Aux Etats-Unis, après l’utilisation des premiers pitons à expansion les grimpeurs US se mettent à développer du matériel vraiment spécifique pour leurs ascensions, souvent longues et dans du rocher très compact.  Ils s’attaquent alors à ce qu’ils pensaient jusqu’alors impossible : les grandes faces du Yosémite.  Jusqu’à la fin des années 70, les grimpeurs américains, forts de leurs toutes nouvelles techniques mises au point dans leurs grands murs, rattrapent vite leur retard et règnent sans partage sur le monde de l’escalade alors qu’en Europe les grimpeurs se tournent vers les ascensions en montagnes (hivernales et solitaires).  Sans vergogne, les gars du Yosemite viennent même résoudre les derniers problèmes rocheux des Alpes qui nécessitent du matériel et des techniques qu’eux seuls maîtrisent.  Ils s’illustrent donc en ouvrant « La directe américaine » aux Drus (1962) et la face Sud du Fou (1963). Sur El Capitan ils tracent alors des dizaines de voies, toutes aussi extrêmes les unes que les autres : « Salathe Wall » (1961), « North America Wall » (1964), « Zodiac » (1972), « The Shield » (1972). Ces itinéraires sont toujours les références incontournables de l’escalade artificielle. II- 57Pendant ce temps en Europe 1) La pratique du bloc se développe  Dans le domaine du bloc, Fontainebleau s’impose comme le laboratoire du geste ultime. C’est là que se développe dès 1947 le concept de circuit, les couleurs graduant la difficulté, correspondant avec l’évolution des véritables chaussons souples à semelle en caoutchouc. Mais, les évolutions les plus importantes se font dans le domaine de l’escalade en falaise.  Dolomites  Un grimpeur venant de Belgique et longtemps méconnu, Claude Barbier (1938-1977) va s’illustrer. Durant l’été 56, il répète les 12 voies les plus prestigieuses du massif. Les années suivantes, il continue sa folle moisson de solos, solitaires et premières.  Le 24 août 1961, il s’impose comme l’un des meilleurs du moment en réussissant l’incroyable enchaînement en solo et dans la journée des cinq faces nord des Cime di Lavaredo.  Reprenant les idées de Paul Preuss, il insiste sur une éthique d’escalade libre très épurée, légèrement oubliée en ces temps où l’atteinte du sommet était privilégiée sur les moyens pour y parvenir… La grande mode du moment était en effet de passer « coûte que coûte », en escalade artificielle, à grand renfort de pitons, coins de bois et étriers.  Claude Barbier qui est entre le tire clou et le libre propose comme jeu d’essayer de ne pas utiliser les pitons. Il décide donc de jaunir les points (= ne pas utiliser un piton pour tirer dessus) quand il réussit le passage. Il disparut en 1977 lors d’une chute en nettoyant un nouvel itinéraire. 2) Allemagne  De la même façon que Claudio Barbier peignait en jaune les pitons non indispensables à la progression du grimpeur, en Allemagne, Kurt Albert développe le principe du rotpunkt : on marque d'un cercle rouge les voies où tous les mouvements ont été faits en libre puis, lorsque la voie est enchaînée, on remplit le cercle pour en faire un point rouge, le point rouge indiquant aux autres grimpeurs que cette ascension est possible en libre. 3) 58France  Où en est-on dans la pratique de l’escalade ? L’escalade libre existe depuis longtemps mais le terme libre n’a pas la même signification qu’aujourd’hui. Il signifie que l’on n’utilise pas d’étriers (cordelette avec 3 marches qui peut s’accrocher à plusieurs choses) et que l’on grimpe en libre entre chaque piton. Hormis cela, tout est permis : tensions et blocage de corde, mousquetons comme prise de main ou de pieds.  Dans les falaises parisiennes, l’esprit montagne a été un peu laissé de côté pour l’équipement des voies, les pitons sont scellés au ciment. Les falaises (Surgy, Saussois, Saffres) considérées comme des écoles, on recherche avant tout la sécurité.  Les Gorges du Verdon deviennent un haut lieu important pour les grimpeurs dès 1966 avec des parois jusqu’à 300m I- 59La victoire du libre Quand ils ne passent pas coûte que coûte avec leurs matériels artificiels, les américains, comme les britanniques, deviennent en même temps d’ardents défenseurs de l’éthique « du libre » allié à la protection des sites naturels. Ainsi, ils conçoivent et fabriquent des coinceurs permettant de laisser les voies quasiment vierges de tout équipement. Ce type d’escalade, respectueuse du rocher, était d’ailleurs prôné depuis très longtemps par les Anglais 1) USA 1973 : première ascension sans marteau ni piton de la face ouest du Half Dome par un trio de grimpeurs (cordée Doug Robinson) et du Nose par la cordée Yvon Chouinard-Bruce Carson. L’escalade de bloc, sous l’impulsion de très forts athlètes comme John Gill, atteint des hauts niveaux avec des cotations de 7b/7c bloc, un niveau remarquable pour l’époque. John Gill (1937), américain : grimpeur et gymnaste. Considéré comme le père de la pratique moderne du bloc. Premier à utiliser la magnésie, transpose ses capacités de gymnaste sur le rocher. Premier à résumer le mouvement d’escalade à une simple gymnastique sur un plan vertical. Son apport le plus significatif est les mouvements dynamiques contrôlés ou jetés = déplacement harmonieux et rapide vers la prise suivante. 2) Europe  Ce concept d’escalade libre pris également place dans le reste de l’Europe. En France, le guide Jean-Claude Droyer devient la figure emblématique de ce nouveau courant de pensée qui finit de s’imposer dans les années 70. Jean-Claude Droyer (1947) : figure emblématique de ce nouveau courant de pensée qui finit de s’imposer à la fin des années 1970. S'est formé aux écoles d'escalade de Fontainebleau et du Saussois. Il s'illustre en 1965 en effectuant l'escalade solitaire de la voie de la Pentecôte au Glandasse (6c+). Il réalise également des premières dans les gorges du Verdon et des hivernales dans les Préalpes et dans le massif du Mont-Blanc. Il va jusqu’à dépitonner des voies pour empêcher que des grimpeurs n’utilisent les pitons pour progresser.  Contrairement à la mode anglo-saxonne, il y a une généralisation de l’usage de nouveaux pitons à expansion (spits) qui a permis de faire évoluer rapidement le niveau.  Deux falaises, jusqu’alors peu développées, deviennent alors les nouveaux eldorados des ouvreurs avec la perceuse en bandoulière : le Verdon et Buoux. III- 60Matériel et cotations 1) Matériel  61Baudrier Création et généralisation des premiers baudriers comme moyen de sécurité ce qui permet aux grimpeurs de s’attaquer à des voies toujours plus difficiles. Est un des fruits de la croissance de l’escalade artificielle. Baudriers en sangle étaient soit des baudriers avec ceinture d’encordement (simple sangle de nylon, large de 4.5 cm, réglable en longueur avec des dés d’accrochage et un mousqueton à vis) soit le baudrier d’escalade Desmaison (ceinture, baudrier de torse et cuissard pour l’escalade artificielle).  62Mousqueton 1966 : premier mousqueton en alliage léger avec doigt de verrouillage mis au point par Pierre Alain. Véritable élément de sécurité.  63Pitons 1960 : invention du « rurp », acronyme de Realized Ultimate Reality Piton un micro-piton en acier très dur qui s’enfonce dans les fines craquelures  64Coinceurs Utilisés principalement en alpinisme et en terrain d’aventure, ils peuvent compléter la ligne de protection des voies les plus classiques. S’installent dans les fissures du rocher et deviennent ainsi des points d’assurage mobile et récupérables. Dans les années 60 : écrous de chemin de fer qui serviront à assurer le grimpeur en plaçant les écrous dans les entailles de la roche. Précurseur des coinceurs actuels, tels que les bicoins 1967 : 1er coinceur mécanique, Greg Lowe Nouvelle version de coinceur mécanique en 1973  65Casques pour l’escalade en montagne Années 1960 : 1ers casques mis au point en Allemagne mais peu utilisé.  66Descendeur Jusqu’en 1970 : descente en rappel en S ou en fil d’araignée (Technique d’Hans Dülfer). La corde est tenue devant soi dans une main, et derrière soi par l’autre main qui règle la vitesse de descente, la corde passe entre les jambes, serpente autour du corps en frottant l’entre-jambe et le cou. 1970 : la firme anglaise Clog crée le descendeur en huit. Premier descendeur à obtenir la faveur populaire. Pièce métallique divisée en 2 cercles inégaux qui dessinent le chiffre 8.  67Chaussons 1970 : chaussons EB (dont les ancêtres sont les PA). Ce sont les modèles modernes des chaussons PA, qui changent de nom et sont commercialisés sous le nom de EB (Edouard Bourdonneau). 2) 68 Cotations 1960 : 1er 6c. John Gill en solo (Colorado, Castle Rock) + 1er 7a bloc. Michel Libert à Fontainebleau. 1970 : 1er 7a. Ron Kauk. « astroman » 1972 : 1er 7b. John Bragg 1974 : 1er 7c. Steve Wunsch 69CONCLUSION DE LA PARTIE  Dans les années 1960, la révolution californienne a lieu aux USA dans un contexte politique et social en crise. Dans une société américaine qui souhaite se rebeller et oublier les règles, les grimpeurs californiens développent l’escalade libre.  En Europe, l'escalade libre s'est d'abord développé en Allemagne de l'est ainsi qu'au Royaume-Uni où les grimpeurs, qui n'avaient à disposition que de petites falaises, étaient à la recherche d'une manière d'augmenter les difficultés. Mais elle était encore peu pratiquée, l’escalade artificielle étant encore ancrée dans les mémoires des grimpeurs.  Le développement à cette époque de l'équipement des grimpeurs (chaussons d'escalade, baudrier, corde dynamique, etc.) favorise le développement de l'escalade.  Courant des années 70, en Italie, en Angleterre et en Allemagne de l’est (lieu de naissance historique de l’activité), le jeu de l’escalade libre gagne du terrain sur l’alpinisme. Hors des chiffres et des gens qui se sont illustrés, ce qui frappe surtout, c’est que le courant de l’escalade libre s’est développé dans plusieurs pays différents, sans préméditation ni communication. 70CONCLUSION DE LA PRESENTATION 71 POINT SUR L’ETHIQUE ANGLAISE 72 POINT SUR L’ETHIQUE ALLEMANDE/FRANCAISE 73  L’escalade pure est centenaire : il faut remonter à la fin du siècle dernier pour en trouver les racines, que ce soit en bloc ou en falaise.  Les 1ers exploits verticaux à la fin du 19ème siècle se déroulent dans les sites de Dresde, Lake District et Fontainebleau. Ces 3 sites européens sont considérés comme les berceaux de l’escalade rocheuse. Ce n’est qu’au milieu du 20ème siècle que cette pratique a traversé l’océan atlantique pour se diffuser aux USA.  Jusqu'à la fin du XIXe siècle, la distinction entre escalade libre et escalade artificielle n'existait pas : on grimpait comme on pouvait, c'est-à-dire, le plus souvent avec les mains et les pieds, mais aussi, le cas échéant, en employant n'importe quel accessoire artificiel (Piolet coincé dans une fissure, grappin, échelle…). Cette escalade libre était très dangereuse et a coûté la vie à de nombreux pionniers de la discipline.  Après la Première Guerre mondiale, l'escalade artificielle se développa. Mais au début des années 1970, grâce à la révolution californienne notamment, le courant de l’escalade libre, c’est-à-dire avec le moins de matériel possible mais sécurisé, balaya le monde de l’escalade  74 A la fin des années 1970, que ce soit en Europe ou aux USA, chacun a pris conscience de l’intérêt de l’escalade pour l’escalade et non plus pour la préparation de l’alpinisme.  Il faut bien comprendre que dans ces années-là il y a 2 grandes éthique allemande et anglaise Ethique allemande : utilisation corde, pitons d’écuries. Éthique avec règles strictes jusqu’en 1960. Avant : lâcher les 2 mains pour poser pitons, et à chaque point d’attache le grimpeur devait se détacher passer la corde dans le piton puis se rattacher = danger. À partir années 60 = repos artificiel autorisé assouplissement qui permet de faire évoluer la pratique. Ethique anglaise : respect de la nature, développement de leur activité grâce aux coinceurs. (Invention / utilisation) pas de trou dans la roche. Le reste de l’Europe quant à lui, est trop influencé par l’alpinisme il y a donc peu d’escalade libre.  Le matériel à un rôle fondamental dans l’évolution de la pratique de l’escalade. En se développant, le matériel assure plus de sécurité pour que les grimpeurs s’attaquent à des voies plus difficiles. L’évolution du matériel a sans nul doute participé à la démocratisation de l’escalade.  Il faut aussi savoir que les cotations sont établies de manière différente dans chaque pays, car il n’y a pas discussion entre chaque. Mais dès 1925, Welzenbach élabore une échelle des six degrés de difficulté en escalade rocheuse. Cette cotation, très controversée au départ, est ensuite universellement adoptée. ELOI ELIAS TIMY ORIANE

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