Sémiologie des troubles de la mémoire PDF

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This document explores the semiology of memory disorders. It covers different types of memory and their relation to various neurological and psychiatric conditions. The author present a detailed overview of the topic, including memory systems and the clinical aspects of memory impairments.

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 37-115-A-10 Sémiologie des troubles de la mémoire C. Derouesné, P. Piolino La mémoire est à l’intersection des fonctions cognitives, de la vie affective et de...

 37-115-A-10 Sémiologie des troubles de la mémoire C. Derouesné, P. Piolino La mémoire est à l’intersection des fonctions cognitives, de la vie affective et de l’activité sociale. La neuropsychologie cognitive la décrit en différents systèmes qui sont associés à des régions cérébrales distinctes. Oublis et faux souvenirs sont parties intégrantes du fonctionnement normal de la mémoire. Les difficultés de mémoire dans la vie quotidienne sont, chez les sujets âgés, un sujet de préoccupation majeur du fait de la crainte de la maladie d’Alzheimer ; chez les plus jeunes, elles sont associées à diverses perturbations psychoaffectives. Deux grands types de difficultés mnésiques sont à distinguer. Le premier, conséquence de troubles de l’attention et d’une perturbation des mécanismes de rappel, est de loin le plus fréquent et s’observe aussi bien chez les sujets normaux que dans la plupart des affections neurologiques ou psychiatriques. Le second, lié à un défaut d’enregistrement des informations nouvelles en mémoire épisodique, traduit une atteinte des régions hippocampiques ou du circuit hippocampo- mamillo-thalamique. Parfois aigu et transitoire (ictus amnésique), il est le plus souvent d’installation chronique, et signe l’existence de lésions cérébrales avec, au premier chef, la maladie d’Alzheimer. © 2016 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. Mots-clés : Mémoire ; Plainte mnésique ; Maladie d’Alzheimer ; Amnésies traumatiques ; Amnésies dissociatives ; Ictus amnésique Plan Troubles de la mémoire et affections psychiatriques 7 Troubles de mémoire et dépression 7 Introduction 1 Troubles de mémoire et troubles anxieux 8 Troubles de mémoire, schizophrénie et autisme 8 Mémoire et ses troubles 2 Systèmes de mémoire 2 De la mémoire épisodique à la mémoire autobiographique 2 Métamémoire 3 Mémoire du normal au pathologique 3 Plainte mnésique 4  Introduction D’un point de vue sémiologique 4 Conclusion 4 La mémoire, au sens large, peut être définie comme la capa- Troubles de mémoire et affections cérébrales dégénératives 4 cité d’adapter son comportement à l’expérience passée. Chez Maladie d’Alzheimer 4 l’homme, la mémoire est profondément modifiée par le déve- Autres affections cérébrales dégénératives 5 loppement du langage et son caractère social, intégrant les expériences personnellement vécues à celles des connaissan- Troubles de la mémoire et affections neurologiques ces et des expériences collectives et permettant de réaliser des non dégénératives 5 actions projetées dans le futur. Au plan psychologique, elle se Troubles de mémoire et lésions vasculaires 5 situe ainsi à l’intersection des fonctions cognitives, de la vie Troubles de mémoire et alcoolisme 5 affective et de l’activité sociale. Au plan neurophysiologique, Troubles de mémoire et traumatismes craniocérébraux 6 elle constitue un système dynamique complexe qui repose sur Troubles de mémoire et lésions cérébrales focales 6 l’activité de diverses régions cérébrales spécialisées (corticales et Sclérose en plaques 6 sous-corticales) qui sous-tendent les processus d’acquisition, de Ictus amnésique et amnésies transitoires symptomatiques 6 stockage et de restitution des informations et qui sont modulées Ictus amnésique 6 par de nombreux systèmes fonctionnels distribués et interconnec- Amnésies transitoires symptomatiques 7 tés. Au cours de ces cinquante dernières années, la compréhension Amnésies psychogènes 7 de la mémoire a profondément évolué du fait de la démonstration Amnésies dissociatives transitoires 7 de l’hétérogénéité de la mémoire, déjà pressentie par certains phi- Amnésies dissociatives de longue durée 7 losophes, et du développement de la psychologie cognitive basée Amnésie de conduite criminelle 7 sur la théorie de l’information. EMC - Psychiatrie 1 Volume 13 > n◦ 4 > octobre 2016 http://dx.doi.org/10.1016/S0246-1072(16)69594-9 Téléchargé pour cdsm cdsm ([email protected]) à Central Military Hospital à partir de ClinicalKey.fr par Elsevier sur décembre 22, 2024. Pour un usage personnel seulement. Aucune autre utilisation n´est autorisée. Copyright ©2024. Elsevier Inc. Tous droits réservés. 37-115-A-10  Sémiologie des troubles de la mémoire  Mémoire et ses troubles ◦ la mémoire procédurale considérée comme un sys- tème d’action qui s’acquiert par apprentissage jusqu’à Systèmes de mémoire l’automatisation de routines motrices, sensorielles ou cogni- tives (par exemple, savoir jouer un instrument de musique, L’hétérogénéité de la mémoire a été établie par la mise en évi- faire du vélo ou lire en miroir) et qui ne nécessite pas dence, chez des patients considérés comme amnésiques, de la une prise de conscience de l’environnement lors de son conservation de certaines activités mnésiques. Les modèles actuels utilisation (conscience « anoétique »). Les autres formes proposent ainsi divers fractionnements de la mémoire selon dif- de MLT sont des systèmes représentationnels, férentes heuristiques, principalement celle du temps (mémoire à ◦ la mémoire perceptive stocke des représentations de per- court et à long terme), une taxonomie de contenu (mémoire audi- ceptions et incorpore les phénomènes d’« amorçage » qui tive ou verbale), de processus (acquisition, stockage, restitution), réfèrent à une probabilité plus grande d’identifier une de niveau de conscience (mémoire déclarative ou non déclarative) information préalablement présentée, qu’elle soit de nature ou une combinaison de ces éléments. perceptive, même sous une forme dégradée (amorçage per- Selon l’axe temporel, la mémoire est divisée en mémoire à court ceptif), ou sémantique (amorçage conceptuel), terme (MCT) et en mémoire à long terme (MLT). ◦ la mémoire sémantique stocke des connaissances générales sur le monde et sur soi qui sont indépendantes de leur source d’apprentissage ou d’encodage, Mémoire à court terme ◦ la mémoire épisodique qui stocke des représentations spé- Elle sert à encoder et maintenir temporairement en mémoire cifiques des événements personnellement vécus inscrits les informations nouvelles. Sa capacité de stockage est limi- dans leur contexte spatiotemporel et phénoménologique tée en termes de quantité d’informations traitées (en général d’acquisition. La mémoire épisodique comprend également quatre à sept informations à la fois) et de durée de rétention la capacité de ne pas oublier une action planifiée dans le futur (quelques secondes à quelques minutes). La notion de MCT a (mémoire prospective). ensuite été étendue par l’ajout du concept de mémoire de tra- vail (MDT) qui souligne le rôle dynamique de la MCT dans toutes les activités complexes de la vie quotidienne. Selon ce De la mémoire épisodique à la mémoire modèle, la MDT contient trois composantes qui interviennent autobiographique respectivement dans le maintien des informations visuospatiales (rafraîchissement mental d’informations visuelles et/ou spatiales, D’après Tulving, la mémoire épisodique est considérée comme i.e., calepin visuospatial) ou verbales (répétition subvocale d’un un système mnésique dont les propriétés sont spécifiquement numéro de téléphone, i.e., boucle articulatoire), et dans la mani- humaines et se développent tardivement chez l’enfant (vers 4 ans pulation d’informations au cours de traitements complexes afin à la levée de la période de l’amnésie infantile) par rapport aux d’inhiber les informations non pertinentes, de mettre à jour les autres systèmes d’émergence plus précoce. L’accent est mis sur informations stockées temporairement ou de gérer des doubles trois notions essentielles : tâches (administrateur central de la MDT). Plus récemment, le rôle l’expérience subjective du souvenir, exprimée par un sentiment de la MDT a été étendu aux capacités associatives à court terme de reviviscence phénoménologique de l’événement vécu (i.e. qui interviennent dans l’intégration et le maintien temporaire des revivre mentalement l’événement original d’une perspective à informations multimodales (par exemple, verbales et visuospa- la première personne) ; tiales) et des liens avec des informations préalablement stockées le voyage mental dans le temps qui nous transporte non seule- dans la MLT. Ce nouvel élément appelé buffer épisodique serait ment du présent à notre propre passé mais qui, de façon plus particulièrement important pour stocker à plus long terme les dif- inattendue en parlant de mémoire, nous permet de prévoir et férentes informations isolées d’un épisode de vie en un tout unifié. d’imaginer notre propre futur, exprimé par un sentiment de La MCT/MDT constitue l’entrée préférentielle des informations préviviscence ; dans une MLT ; toutefois, l’étude de certains patients indique que le sentiment subjectif d’identité qui émerge de la continuité de les informations peuvent être acquises directement en MLT. la perception de soi dans le temps, passé, présent et futur. La notion de mémoire épisodique est ainsi fortement ancrée à celle de mémoire personnelle ou mémoire autobiographique et Mémoire à long terme d’identité personnelle. En effet, l’une des fonctions de la mémoire Elle représente la mémoire des informations conservées au-delà autobiographique est de construire le sentiment d’identité et de du stockage temporaire de la MCT ou MDT. Elle est caractéri- continuité temporelle. Cependant, les modèles spécifiques de la sée par un délai de rétention et une quantité d’informations qui mémoire autobiographique soulignent sa nature composite et dépassent les propriétés de la MCT, allant de quelques minutes à reconstructive, ce qui dépasse la seule notion de mémoire épi- la vie entière et contenant des informations très variées, a priori sodique et implique d’autres outils d’évaluation que les tests en nombre infini. Il existe plusieurs classifications des systèmes habituels de mémoire épisodique. Les travaux réalisés depuis de MLT : une trentaine d’années, notamment chez les patients atteints de dans la classification de Larry Squire [4–6] , une distinction troubles de la mémoire, montrent que la mémoire autobiogra- principale est faite entre mémoire déclarative et mémoire non phique est composite, certains aspects étant plus sensibles que déclarative. Sous le concept de mémoire déclarative, consciente, d’autres à la pathologie. sont englobés les faits généraux (e.g., définition d’un mot, L’un des modèles influents de la mémoire autobiographique connaissance didactique de type « Rome est la capitale de est celui de Martin Conway. Du point de vue structural, l’Italie ») et les événements (e.g., où et quand j’ai appris que les souvenirs autobiographiques impliquent un processus de Rome est la capitale de l’Italie ; ma visite du Colysée à Rome) – reconstruction dynamique à partir de représentations autobiogra- soit des informations de types sémantique ou épisodique. Sous phiques appartenant à plusieurs niveaux de spécificité croissante : celui de mémoire non déclarative sont regroupées plusieurs les connaissances sémantiques personnelles, qui stockent des formes de mémoire qui n’impliquent pas de traitement cons- informations très abstraites sur soi (« mes traits de personnali- cient de l’information, celle-ci étant traitée automatiquement, tés, mes objectifs, mes valeurs... »), sur les différentes périodes comme la mémoire procédurale qui permet d’acquérir, de sto- de vie (« quand j’étais étudiant en médecine à l’Hôtel Dieu ») cker et d’actualiser automatiquement un ensemble d’habiletés et les événements généraux (« les observations de malades »), et et d’habitudes ; les détails spécifiques épisodiques d’un événement (« la réception la classification d’Endel Tulving décrit quatre systèmes d’un grand brûlé aux urgences l’été 1973 »). La reconstruction de MLT qui sont distingués selon leur contenu et leur relation d’un souvenir autobiographique épisodique procède de la mise en fonctionnelle à l’encodage, au stockage et au rappel, selon le relation simultanée et coordonnée d’informations appartenant à niveau de conscience associé et des critères onto- et phylogéné- ces différents niveaux de spécificité. L’émergence de l’expérience tiques. Dans l’ordre hiérarchique croissant, Tulving distingue : subjective du souvenir dépend de l’accès au niveau le plus 2 EMC - Psychiatrie Téléchargé pour cdsm cdsm ([email protected]) à Central Military Hospital à partir de ClinicalKey.fr par Elsevier sur décembre 22, 2024. Pour un usage personnel seulement. Aucune autre utilisation n´est autorisée. Copyright ©2024. Elsevier Inc. Tous droits réservés. Sémiologie des troubles de la mémoire  37-115-A-10 spécifique lors de l’aboutissement du processus de reconstruction. ◦ un déficit perceptif, visuel ou auditif, Dans la plupart des cas, cette reconstruction implique des res- ◦ un encodage trop rapide ou superficiel, sources cognitives, comme les fonctions exécutives et la mémoire ◦ un déficit attentionnel, de travail, en plus des capacités de la MLT. Le modèle décrit ◦ un défaut de consolidation (perturbations hippocampiques) ; aussi la possibilité d’un accès spontané aux souvenirs (comme un déficit de stockage en rapport avec : dans le cas de l’exemple de la « madeleine de Proust »). Du ◦ un déclin de la trace mnésique avec le temps, point de vue fonctionnel, le modèle d’identité actuel du sujet ◦ des lésions cérébrales détruisant les aires cérébrales qui sous- (ses buts, ses croyances, ses désirs actuels), mais également son tendent certaines activités mnésiques ou perturbent leur estime de soi, déterminent à l’encodage quels événements vécus accès ; vont être intégrés et conservés durablement et quels événements un déficit d’accès au souvenir qui peut être évoqué à un autre vont être rappelés. Selon cette conception, la mémoire autobio- moment ou en utilisant une technique de restitution différente, graphique épisodique est bien davantage une compétence qu’un mécanisme le plus fréquent, en rapport avec : réservoir contenant des souvenirs particuliers imprimés tels quels ◦ un mauvais indice de recherche (je cherche un livre dans ma dans le cerveau. Les composantes épisodique et sémantique de bibliothèque en pensant qu’il est bleu alors qu’il est jaune), la mémoire autobiographique nourrissent de façon complémen- ◦ l’inhibition de la restitution d’une information par une taire le sentiment d’identité dans ses aspects phénoménologiques information proche de l’information recherchée présentée (« Je » comme sujet de l’expérience) et conceptuel (« Moi » comme antérieurement (interférence proactive) ou ultérieurement objet de connaissance). (interférence rétroactive), ◦ des modifications des conditions dans lesquelles s’effectue la restitution par rapport à celles qui présidaient à l’acquisition, Métamémoire qu’il s’agisse d’éléments contextuels internes (état de l’organisme, biologique, affectif) ou externes (situation, Le concept de métamémoire regroupe les connaissances que lieux, etc.), les sujets ont de la mémoire, de leurs capacités mnésiques et de ◦ un déficit des stratégies de recherche de l’information celles des autres, du fonctionnement de la mémoire en général et lorsqu’elle n’est pas directement accessible. la capacité d’évaluer l’exigence des tâches mnésiques à effectuer Mécanismes affectifs et de choisir les stratégies à adopter pour obtenir les meilleures performances, mais également des informations sur la progression Du point de vue de la psychologie cognitive, ils jouent le de l’activité mnésique en cours et son contrôle. rôle d’éléments contextuels qui modulent les processus mné- siques [11–13]. Les études expérimentales ont mis en évidence deux phénomènes : la dépendance à l’humeur (la restitution du matériel expérimental est facilitée lorsque le sujet se trouve Mémoire du normal au pathologique dans le même état affectif que lors de la phase d’encodage) La mémoire est fragile et son fonctionnement normal est indis- et la congruence à l’humeur (le sujet encode et/ou restitue sociable de l’oubli comme elle est susceptible d’induire des faux mieux une information qui possède une valence affective cor- souvenirs. La frontière entre le normal et le pathologique est le respondant à celle de son état émotionnel présent). L’étude de plus souvent une question de quantité et de nature de l’oubli l’influence des émotions sur la mémoire autobiographique dans et des faux souvenirs. Les conceptions actuelles de la mémoire la vie quotidienne a montré que la charge émotionnelle d’une rejettent l’idée que le souvenir est une reproduction à l’identique information pouvait faciliter la rétention, comme l’indiquent de l’information originale. Elles considèrent la mémoire comme certains souvenirs particulièrement riches, qualifiés de flash-bulb un processus dynamique qui est une véritable reconstruction de memories (événements particuliers survenant à l’occasion d’une cette information. Lors de l’encodage comme lors du rappel, charge émotionnelle forte ayant des conséquences personnelles les informations sont filtrées selon notre modèle d’identité et nos et comportant un élément de surprise, comme l’annonce du 11 ressources attentionnelles (certaines informations sont plus per- septembre 2001) ou, au contraire, l’inhiber, comme le montrent ceptivement distinctives, plus intéressantes ou plus émotionnelles certaines amnésies dissociatives ou le suggère la théorie psycha- que d’autres du point de vue personnel). Elles sont soit oubliées nalytique (refoulement, clivage, déni, etc.). (car non réactivées, victimes d’interférences provenant d’autres La question de savoir s’il existe des réseaux spécifiques à la nouvelles informations, inhibées car gênantes), soit consolidées mémoire affective chez l’homme est soulevée par certaines obser- et stockées à long terme (car réactivées mentalement, verbale- vations privilégiées qui ont montré l’existence d’une double ment ou au cours du sommeil selon l’importance qui leur est dissociation entre la mémoire affective et la mémoire déclara- accordée). Lors du rappel, les informations sont plus ou moins tive. La mémoire pour des événements ou des stimuli chargés spontanément accessibles et restituées selon la complexité des émotionnellement était ainsi électivement perturbée chez des mécanismes de rappel. Le rappel libre présente le plus de difficul- patients présentant des lésions sélectives des noyaux amyg- tés puisque le sujet doit retrouver de lui-même les indices d’accès daliens alors que la mémoire déclarative pour des stimuli au souvenir ; dans le rappel indicé, l’accès au souvenir est favo- neutres était préservée, dissociation inverse de celle qui est risé par la présentation d’un indice qui appartient au souvenir, observée dans les lésions limitées à l’hippocampe. L’étude par exemple sa catégorie ; la reconnaissance présente le minimum des corrélats neuronaux de l’influence de l’affectivité sur la de difficulté puisque le stimulus initial est présent au moment mémoire est aujourd’hui un sujet d’études d’imagerie cérébrale de la restitution. Toutefois, là aussi, il ne s’agit pas d’une simple fonctionnelle [13, 14]. reproduction puisque les informations accessibles sont sélection- nées et réinterprétées et les informations inaccessibles ou oubliées Faux souvenirs sont reconstruites à partir d’inférences et de connaissances Ils ne sont pas l’apanage de la pathologie de la mémoire. Ils sont préexistantes. définis comme des souvenirs qui sont rapportés à propos d’un évé- nement de vie différent de l’événement réel ou ne s’étant jamais Oubli produit. Les faux souvenirs peuvent survenir spontanément ou résulter d’une (auto) suggestion ou d’une désinformation. Les Ce n’est pas une simple perte du souvenir, c’est un phénomène principales théories explicatives proposent que les faux souvenirs complexe indissociable du fonctionnement de la mémoire. Les résultent d’un phénomène automatique d’association sémantique difficultés de mémoire relèvent de mécanismes cognitifs et affec- suscité par le traitement des informations et/ou d’un défaut de tifs. contrôle de la source des informations permettant de distin- guer les informations réelles (perçues) des informations générées Différents mécanismes cognitifs à l’origine de l’oubli mentalement (imaginaires) [15, 16]. Certaines théories postulant Ce sont : l’existence de plusieurs traces en mémoire lors de l’encodage d’une un trouble de l’encodage lié à : information qui distinguent le cadre général ou thème central EMC - Psychiatrie 3 Téléchargé pour cdsm cdsm ([email protected]) à Central Military Hospital à partir de ClinicalKey.fr par Elsevier sur décembre 22, 2024. Pour un usage personnel seulement. Aucune autre utilisation n´est autorisée. Copyright ©2024. Elsevier Inc. Tous droits réservés. 37-115-A-10  Sémiologie des troubles de la mémoire (éléments sémantiques) et les détails distinctifs perceptifs ou spé- et ne sont pas perçues par les proches. Chez ces sujets, les cifiques (éléments épisodiques), suggèrent que les faux souvenirs performances aux tests de mémoire sont habituellement nor- sont expliqués par la dominance d’une trace sur l’autre (le général males ou sont fortement améliorées, voire disparaissent, avec sur le distinctif) et un haut niveau de certitude. les procédures qui facilitent l’encodage et les mécanismes de rappel (rappel indicé, reconnaissance). Dans notre expérience, Excès de la mémoire elles traduisent, comme chez le sujet jeune, une vulnérabilité psychologique plus qu’une véritable symptomatologie névro- Les phénomènes d’hypermnésie sont caractérisés par : tique ou dépressive. Cette vulnérabilité est liée à une baisse la résurgence incontrôlable d’événements traumatiques qui est de l’estime de soi et des modifications du sentiment d’identité une des caractéristiques de l’état de stress post-traumatique et qui s’expriment sous forme de difficultés mnésiques pour des joue également un rôle dans la dépression ; elle serait un des raisons sociales et/ou parce qu’elles s’appuient sur plusieurs fac- mécanismes de l’hystérie dans la théorie psychanalytique ; teurs : stéréotype selon lequel le vieillissement s’accompagne l’observation, chez certains sujets, de capacités de mémoire qui normalement d’une diminution de la mémoire, modifications dépassent très largement la moyenne, en dehors de tout entraî- de la mémoire qui accompagnent le vieillissement physio- nement. logique, perturbation psychoaffective ou encore pathologie Le plus souvent ces hypercapacités sont restreintes à certaines débutante ; activités mnésiques et sont observées chez des sujets autistes ou le second type de plainte, en revanche, traduit une diminution présentant des personnalités pathologiques. des capacités d’enregistrement des informations en mémoire épisodique. Elle peut être rapportée par le sujet lui-même, Phénomène de déjà-vu mais le plus souvent c’est un proche qui est à l’origine de la Il est caractérisé par la sensation d’avoir déjà vécu auparavant consultation, ayant remarqué des difficultés de mémoire du le moment présent. patient dans la vie quotidienne. Ces troubles portent essentiel- lement sur le passé récent : répétition des questions à quelques minutes, oubli d’un événement important survenu dans les  Plainte mnésique jours ou les semaines précédentes (visite, appel téléphonique, etc.). Le plus souvent, dans ces cas, le sujet est peu affecté par ses troubles et, même s’il en est conscient, il en dimi- Le concept de plainte mnésique est né avec les travaux de Kral nue l’importance [27, 29]. Il montre peu d’anxiété alors que le au début des années 1960 chez des sujets âgés , mais il n’a pris proche, habituellement à l’origine de la consultation, signale son importance qu’avec l’intérêt porté à la maladie d’Alzheimer un retentissement objectif souvent accompagné d’une dimi- au début des années 1980. La plainte d’une diminution des capa- nution de l’intérêt pour les activités sociales ou familiales cités mnésiques est, en réalité, fréquente à tout âge. Chez les (apathie). L’examen neuropsychologique met en évidence un sujets jeunes, elle est facilement attribuée à des facteurs psycho- déficit objectif des performances en mémoire épisodique, por- logiques (éléments dépressifs, anxieux, traits névrotiques). Mais, tant aussi bien sur la mémoire verbale que sur la mémoire chez les sujets âgés de plus de 50 ans, cette plainte prend une place visuelle, déficit qui n’est que peu ou pas amélioré par les pro- particulière et a justifié la création des « consultations mémoire » cédures de facilitation du rappel. Même lorsque la baisse de pour dépister une maladie d’Alzheimer débutante. De très nom- performance est isolée et encore peu marquée, ce type de breuses études ont été consacrées à cette plainte mnésique des plainte est hautement suspect de traduire une atteinte des for- sujets âgés, mais son interprétation demeure toujours l’objet de mations hippocampiques, c’est-à-dire, en pratique, une maladie discussions. Beaucoup pensent qu’elle reflète une diminution d’Alzheimer débutante et nécessite de poursuivre les recherches des performances mnésiques et donc représente un facteur de diagnostiques. risque de développement d’une maladie d’Alzheimer. D’autres, à l’inverse, considèrent que la plainte mnésique des sujets âgés ne diffère pas de celle qui est observée chez les sujets plus jeunes, Conclusion c’est-à-dire, qu’elle est principalement liée à des facteurs psychoaf- fectifs [21–24]. Les raisons de cette incertitude sont largement en La plainte d’une diminution des performances mnésiques rapport avec des problèmes méthodologiques. Le terme de plainte recouvre ainsi des réalités différentes : elle peut être très impor- mnésique recouvre en effet, sous un même label, les plaintes expri- tante chez des sujets ayant des performances normales ou, à mées spontanément par les sujets, les difficultés rapportées par un l’inverse, très modérée ou absente chez des sujets présentant un proche ou encore les réponses à l’interrogation de médecins sur déficit objectif marqué de la mémoire. Si l’existence d’un défi- l’état de leur mémoire. Le second facteur est l’absence de prise en cit aux tests de mémoire chez les sujets âgés est un incontestable compte de la sémiologie de la plainte, considérée comme uni- facteur de risque de développement d’une maladie d’Alzheimer, voque, en dépit des descriptions de Kral. Enfin, la plupart des la présence d’une plainte subjective ne saurait, en aucun cas, études sont axées sur la recherche de déficits des performances être considérée comme tel et l’intérêt des marqueurs biologiques mnésiques sans prendre en compte l’évaluation des facteurs psy- pour détecter l’évolution vers une maladie d’Alzheimer devant choaffectifs. une plainte purement subjective est très discutable du fait de l’incertitude de l’évolution et des recouvrements entre sujets âgés normaux et patients atteints de maladie d’Alzheimer. La signi- D’un point de vue sémiologique fication de la plainte, comme sa prise en charge, nécessite une analyse qualitative de la plainte comme des performances mné- On peut schématiquement distinguer deux types de plainte siques. Dans tous les cas, il est indispensable de veiller au maintien mnésique [26–30] : de l’estime de soi et du sentiment d’identité. les unes traduisent une diminution de l’encodage des informa- tions en mémoire épisodique liée à un trouble de l’attention et surtout à une perturbation des mécanismes de rappel de l’information mémorisée. Les difficultés portent sur des élé-  Troubles de mémoire ments qui nécessitent le plus de ressources cognitives, comme et affections cérébrales les noms propres ou des détails d’événements qui touchent aussi bien le passé ancien que le passé récent. Le plus sou- dégénératives vent, cette difficulté d’accès aux informations mémorisées est transitoire et les éléments recherchés surgissent spontanément Maladie d’Alzheimer quelques minutes ou quelques heures plus tard. Lorsque ces dif- Elle représente un véritable problème de société du fait de ficultés sont importantes, elles sont la source de préoccupations son lien avec le vieillissement et de l’élévation constante de anxieuses, bien qu’elles ne s’accompagnent pas de difficultés l’espérance de vie dans les pays développés. Rare et prédomi- mnésiques objectives dans les activités de la vie quotidienne nante chez les hommes avant 65 ans, la fréquence de la maladie 4 EMC - Psychiatrie Téléchargé pour cdsm cdsm ([email protected]) à Central Military Hospital à partir de ClinicalKey.fr par Elsevier sur décembre 22, 2024. Pour un usage personnel seulement. Aucune autre utilisation n´est autorisée. Copyright ©2024. Elsevier Inc. Tous droits réservés. Sémiologie des troubles de la mémoire  37-115-A-10 d’Alzheimer est exponentielle à partir de 70 ans et surtout chez les manque du mot est souvent pris pour un trouble de la mémoire, femmes ; elle représente 70 à 80 % des affections démentielles. mais celui-ci ne touche que le langage et respecte la mémoire dans L’accent est mis aujourd’hui sur les manifestations de début de la la vie quotidienne. maladie, bien avant que soit réalisé le tableau de démence qui, tou- tefois, reste requis dans les critères de diagnostic internationaux. Autres affections dégénératives cérébrales Les lésions cérébrales liées à la maladie d’Alzheimer se consti- tuent à bas bruit, des années, voire des dizaines d’années avant Elles sont limitées à une région du cortex (dégénérescence l’apparition des premiers signes cliniques (phase préclinique). corticobasale, atrophie corticale postérieure), ou prédominent L’apparition des premiers symptômes caractérise la phase prédé- dans les régions sous-corticales (maladie de Steele-Richardson, de mentielle de la maladie d’Alzheimer, souvent décrite sous le nom Huntington). Leur expression clinique est principalement neuro- de mild cognitive impairment, terme en réalité mal défini, et qui logique, mais peut s’accompagner de troubles cognitifs mineurs devrait être remplacé par celui de trouble neurocognitif mineur ou majeurs dans lesquels les troubles de la mémoire épisodique lié à la maladie d’Alzheimer selon le Diagnostic and Statistical sont au second plan et liés à une perturbation des mécanismes Manual of Mental Disorders (DSM)-5. Le début, d’installation de rappel. De façon très particulière, la maladie de Huntington insidieuse et progressive, est marqué, dans les formes habituelles, s’accompagne d’une altération précoce de la mémoire procédu- par des oublis d’événements récents de la vie quotidienne qui rale qui est respectée dans les autres affections dégénératives. La traduisent un déficit des processus de mémorisation (répétition maladie de Parkinson perturbe les processus d’organisation des des questions, oublis des visites, des rendez-vous, des appels informations à mémoriser. téléphoniques, etc.), associés à des troubles des fonctions exécu- tives (difficultés pour se repérer dans des itinéraires nouveaux, pour remplir la déclaration de revenus, utiliser des machines  Troubles de la mémoire nouvelles, etc.). Précocement, des modifications psychoaffectives sont associées aux troubles cognitifs : diminution des réactions et affections neurologiques émotionnelles aux événements désagréables comme agréables (émoussement affectif), de l’intérêt pour la vie sociale, familiale, non dégénératives les loisirs (apathie). Les troubles de la mémoire épisodique Les troubles de mémoire sont fréquents dans les lésions focales s’accentuent progressivement et s’accompagnent de déficits por- du cerveau, mais sont le plus souvent associés à d’autres défi- tant sur d’autres fonctions supérieures (langage, praxies, gnosies) cits moteurs ou cognitifs. Ils peuvent réaliser des dissociations qui sont variables dans leur moment d’apparition et leur évolu- particulières : atteinte isolée de la mémoire visuelle ou de la tion, et d’une aggravation des modifications du comportement, mémoire verbale, dissociation de la mémoire à court et à long entraînant une diminution progressive de l’autonomie. L’étude termes, des mécanismes d’enregistrement ou de rappel (cf. supra) neuropsychologique montre que le mécanisme des troubles de... Une mention doit être faite à la possibilité de syndrome la mémoire épisodique est complexe, mais reste dominé par un amnésique de type hippocampique dans les lésions bilatérales déficit des processus d’enregistrement des informations épiso- du circuit hippocampo-mamillo-thalamique (tumeurs , infarc- diques ; la mémoire de travail est précocement touchée alors que tus , encéphalite herpétique ). la mémoire sémantique est plus longtemps préservée ainsi que la mémoire procédurale [34–36]. Le diagnostic repose sur la mise en évidence d’une atteinte des régions hippocampiques et des Troubles de mémoire et lésions vasculaires régions cérébrales postérieures à l’imagerie structurale (atrophie au scanner ou à l’imagerie par résonance magnétique [IRM]) , En dehors de la traditionnelle démence vasculaire, les lésions ou fonctionnelle (déficits localisés de la perfusion cérébrale à la vasculaires (essentiellement de type ischémique : petits infarctus tomographie d’émission monophotonique). La place des mar- profonds, altérations de la substance blanche) sont responsables queurs biologiques dans le liquide cérébrospinal (LCS) en pratique de déficits cognitifs de sévérité variable touchant, en particulier, courante est débattue car leur interprétation doit tenir compte du l’attention et la mémoire épisodique. D’abord décrits sous le terme recouvrement avec les sujets âgés sains. de déficit cognitif vasculaire (vascular cognitive impairment) , ces troubles d’intensité variable deviennent, dans le DSM-5, le trouble neurocognitif vasculaire mineur ou majeur (traditionnelle Autres affections cérébrales dégénératives démence vasculaire). Démence à corps de Lewy Elle est observée chez des sujets d’âge analogue à celui de Troubles de mémoire et alcoolisme la maladie d’Alzheimer. Elle est caractérisée cliniquement par Traditionnellement, en dehors des amnésies transitoires liées à des fluctuations cognitives (touchant le fonctionnement global l’absorption d’alcool, seuls les troubles de mémoire sévères étaient – absences, confusion – et non uniquement la mémoire comme pris en compte et décrits sous deux tableaux. dans la maladie d’Alzheimer), des hallucinations visuelles et la présence d’un syndrome parkinsonien. Les troubles de mémoire épisodique peuvent néanmoins être révélateurs, mais ils sont de Syndrome de Korsakoff type troubles du rappel [40, 41]. Séquelle d’une encéphalopathie aiguë ou subaiguë dite de Wernicke-Korsakoff liée à une carence en vitamine B1 non ou mal Démence frontotemporale traitée, il réalise un tableau de troubles sévères de la mémoire épi- sodique antérograde avec oubli à mesure, fabulations et fausses Le terme de démence frontotemporale est appliqué à une variété reconnaissances, qui retentit gravement sur la vie sociale bien que de syndromes cliniques et recouvre des lésions histopathologiques les fonctions intellectuelles générales soient préservées. correspondant à des processus variés (y compris des formes focales de maladie d’Alzheimer). Les troubles surviennent chez des sujets de 50 à 60 ans et réalisent deux tableaux distincts. La variante Démence alcoolique frontale est dominée par des troubles du comportement qui inau- Imputée à une action toxique de l’alcool, elle réalise, à l’inverse, gurent et dominent le tableau clinique [42, 43]. Les troubles de un tableau d’atteinte intellectuelle globale, traditionnellement mémoire y sont habituellement peu marqués et traduisent des sans trouble de mémoire majeur [52–54]. difficultés des mécanismes de rappel. Toutefois, dans certains cas, En réalité, les troubles de mémoire en rapport avec une intoxi- les lésions débordent sur les régions hippocampiques, donnant cation éthylique chronique sont beaucoup plus fréquents et alors des troubles analogues à ceux de la maladie d’Alzheimer. touchent entre 18 et 80 % des sujets en fonction des études. Ils Les variantes temporales (aphasie primaire progressive, démence peuvent être d’intensité et de mécanisme variables car un élé- sémantique) [44, 45] se traduisent par des troubles du langage et le ment carentiel peut intervenir en l’absence d’encéphalopathie EMC - Psychiatrie 5 Téléchargé pour cdsm cdsm ([email protected]) à Central Military Hospital à partir de ClinicalKey.fr par Elsevier sur décembre 22, 2024. Pour un usage personnel seulement. Aucune autre utilisation n´est autorisée. Copyright ©2024. Elsevier Inc. Tous droits réservés. 37-115-A-10  Sémiologie des troubles de la mémoire préalable. Deux types de troubles de la mémoire épisodique traumatismes mineurs, associés à des lésions axonales et neuro- peuvent être distingués selon leur mécanisme principal : nales [62, 63]. Ils peuvent être à l’origine ou alimenter des sentiments le premier est un déficit lié à un trouble de l’encodage et d’autodépréciation, de régression ou de culpabilité, sources de des mécanismes de rappel, attribué à une perturbation du névrose post-traumatique. Il est donc important de les prendre fonctionnement des lobes frontaux. Ces troubles régressent et en compte et de les traiter. habituellement disparaissent après sevrage ; le second est lié à un déficit d’enregistrement des informations État de stress post-traumatique nouvelles et représente une forme mineure du syndrome de Il est caractérisé, à l’inverse, par le rappel récurrent, involon- Korsakoff, qui impose un traitement par la vitamine B1. taire, intrusif, de souvenirs liés à un événement traumatique Ces troubles peuvent être intriqués et l’étude neuropsy- intense (traumatisme sévère, menace de mort, violence sexuelle) chologique de la mémoire épisodique représente un élément subi personnellement ou dont le sujet a été témoin. En important dans l’appréciation des mécanismes en cause [56, 57] revanche, on constate une surgénéralisation des autres souvenirs aux côtés des données de l’imagerie cérébrale. Les troubles avec une perte de la spécificité et des détails épisodiques comme cognitifs sont regroupés, dans le DSM-5, sous l’appellation on le retrouve dans la dépression. Les souvenirs intrusifs feraient de trouble neurocognitif induit par l’alcool, majeur (de type intervenir différents éléments : la mémoire autobiographique, amnésique-confabulatoire ou non) ou mineur, sans préjuger de le rappel involontaire, l’émotion négative, le détournement de leur mécanisme. l’attention et l’imagerie mentale. Une intoxication alcoolique peut également être associée à une affection cérébrale dégénérative, en particulier une démence frontotemporale. La part qui revient à l’alcoolisme dans les mani- Troubles de mémoire et lésions cérébrales festations cliniques ne peut être évaluée qu’après un sevrage de plusieurs semaines : les troubles liés à l’intoxication alcoolique focales régressent et même disparaissent alors que leur aggravation est Les tumeurs intracrâniennes, comme toutes les lésions céré- progressive en cas d’affection dégénérative associée. brales, s’accompagnent fréquemment de troubles de la mémoire et peuvent être révélateurs. Le plus souvent ces troubles sont en rapport avec des difficultés d’attention ou des troubles du rappel, Troubles de mémoire et traumatismes notamment dans les tumeurs frontales. Mais des tableaux plus craniocérébraux sévères, de type syndrome de Korsakoff, peuvent être liés à des tumeurs bilatérales interrompant le circuit hippocampo-mamillo- Les troubles de la mémoire sont fréquents dans les traumatismes thalamique (tumeurs frontales bilatérales, craniopharyngiomes, craniocérébraux fermés et leurs conséquences sont fonction du etc.) ou encore des syndromes démentiels dans les tumeurs dif- siège et de l’importance des lésions. fuses. Les lésions rétrorolandiques unilatérales peuvent provoquer des troubles de mémoire dissociés, n’affectant qu’une modalité Amnésie post-traumatique immédiate sensorielle, simulant par exemple une aphasie primaire progres- Elle porte sur les circonstances qui suivent l’accident (amnésie sive, ou encore la mémoire à court ou à long termes. antérograde), mais peut également toucher les souvenirs des évé- nements ayant précédé l’accident (amnésie rétrograde). L’amnésie Sclérose en plaques antérograde recouvre la période initiale de perte de conscience, la période confusionnelle qui lui fait suite et la période amnésique Au cours de la sclérose en plaques, les troubles sont fréquents proprement dite pendant laquelle le comportement du patient est et portent sur la mémoire de travail et la mémoire épisodique. redevenu normal pour l’entourage, mais dont le patient ne garde aucun souvenir (amnésie post-traumatique proprement dite). La durée de cette amnésie antérograde n’est pas toujours aisée à éva-  Ictus amnésique et amnésies luer : elle se définit, rétrospectivement, par le temps écoulé entre l’accident et le moment où le patient peut donner un récit clair transitoires symptomatiques et cohérent de ce qui s’est passé autour de lui. Elle peut contenir des « îlots de mémoire » qui peuvent conduire à en sous-estimer Ictus amnésique la durée. Cette durée a en effet une valeur pronostique impor- Ce syndrome, bien défini sur le plan clinique, représente la tante. L’amnésie rétrograde est souvent très brève et ne recouvre cause la plus fréquente des amnésies transitoires [69, 70]. Il est que les circonstances qui ont immédiatement précédé l’accident. observé chez des sujets des deux sexes, en bonne santé, habituel- Elle peut néanmoins s’étendre sur les heures ou les jours qui l’ont lement entre 50 et 70 ans. Son incidence est évaluée à 5,2 pour précédée. Il est habituel d’observer une relation entre la durée 100 000 et par an. de l’amnésie rétrograde et celle de l’amnésie antérograde. Une Il est exceptionnel d’assister à un ictus amnésique, mais amnésie rétrograde très étendue en l’absence d’amnésie antéro- l’histoire racontée par l’entourage est très évocatrice du fait de grade importante conduit à rechercher une amnésie fonctionnelle son caractère stéréotypé. Le malade pose de façon incessante liée au traumatisme psychologique. L’amnésie rétrograde serait les mêmes questions, oubliant à mesure les réponses. La déso- plus importante pendant la période d’amnésie antérograde et rientation temporelle est complète, le sujet ne sait plus le jour, prédominerait sur la mémoire autobiographique. Dans les trauma- l’heure mais il peut demeurer orienté dans l’espace. Il connaît tismes sévères, cette amnésie rétrograde peut, au début, s’étendre son âge, sa date de naissance et il garde une conscience claire de aux souvenirs appartenant au passé lointain, puis rétrécir progres- l’écoulement du temps. En revanche, l’amnésie peut s’étendre aux sivement, mais il persiste habituellement une lacune définitive. heures ou aux jours qui précèdent et même perturber des souve- nirs plus anciens, généralement chargés affectivement (amnésie Troubles de mémoire résiduels rétrograde). Le patient sait parfaitement qui il est, son comporte- Ils sont fréquents , fonction de la sévérité du traumatisme ment est globalement adapté en dehors d’une certaine perplexité, appréciée sur la durée du coma ou de l’amnésie post-traumatique il parle normalement et reste capable d’activités élaborées. Parfois initiale, de l’âge des patients, mais paraissent indépendants de il se plaint de céphalées, de sensations vertigineuses ou de troubles l’existence ou non d’une fracture du crâne ou de signes neurolo- visuels. En une demi-heure à quelques heures, le trouble dispa- giques focaux. Ces troubles portent sur la mémoire épisodique, raît : la mémoire redevient normale, mais il persiste une amnésie la métamémoire (mémoire de source), associés à une diminution lacunaire couvrant la période de l’ictus. des capacités d’attention et à un ralentissement des processus Lorsqu’il est possible d’examiner le malade pendant l’ictus, de traitement de l’information qui imposent un effort accru l’examen neurologique est normal, de même que l’examen géné- dans les tâches mnésiques, évoquant une participation fron- ral. L’examen neuropsychologique révèle un trouble massif de tale. Des troubles persistants peuvent être observés après des la mémoire épisodique antérograde portant sur tous les types de 6 EMC - Psychiatrie Téléchargé pour cdsm cdsm ([email protected]) à Central Military Hospital à partir de ClinicalKey.fr par Elsevier sur décembre 22, 2024. Pour un usage personnel seulement. Aucune autre utilisation n´est autorisée. Copyright ©2024. Elsevier Inc. Tous droits réservés. Sémiologie des troubles de la mémoire  37-115-A-10 matériel depuis le début de l’ictus et une amnésie rétrograde de ou de l’identité. Leur prévalence est évaluée à 1 % par an chez les durée variable, portant sur une période de 36 heures à quatre ans hommes et 2,6 % chez les femmes [80–82]. Elles peuvent également avant le début, avec toutefois conservation d’îlots de souvenirs. être considérées comme une sorte de dysconnexion qui bloque La mémoire sémantique et la mémoire de travail sont respectées. l’accès à certains sites de stockage. Les amnésies dissociatives sont Un certain déficit des performances cognitives, par exemple dans définies par les caractéristiques suivantes : la copie de la figure de Rey, a pu toutefois être mis en évidence. une incapacité à restituer une information autobiographique, Le mécanisme de ce syndrome et son étiologie demeurent habituellement de nature traumatique ou stressante, le plus inconnus. On incrimine une perturbation fonctionnelle des cir- souvent localisée ou sélective portant sur un ou plusieurs événe- cuits sous-tendant la mémoire épisodique par un mécanisme de ments spécifiques, ou une amnésie globale portant sur l’identité dépression lente liée à un largage excessif de glutamate. Il sur- du sujet et l’histoire de sa vie ; vient le plus souvent après une émotion ou une vive douleur. les symptômes entraînent une détresse importante ou reten- Il est possible d’observer, en IRM, des anomalies au niveau des tissent sur la vie sociale, professionnelle ou d’autres secteurs hippocampes, mais celles-ci sont réversibles. importants de fonctionnement ; Le pronostic est excellent : la survenue d’un ictus amnésique ne le trouble n’est pas attribuable à l’action toxique sur le cerveau constitue pas un facteur de risque pour la survenue d’un accident de la prise d’alcool, d’une drogue ou d’un médicament, d’une ischémique cérébral ni d’une démence. Deux réserves doivent être affection neurologique ou médicale ; faites : dans 25 % des cas, un autre épisode, rarement plusieurs, la perturbation ne peut être mieux expliquée par un trouble peut être observé. Par ailleurs, un certain déficit de la mémoire dissociatif de l’identité, un stress post-traumatique, un trouble verbale a été constaté à distance chez certains sujets. somatoforme, un trouble neurocognitif majeur ou mineur ; Devant un tableau caractéristique, les explorations radiolo- l’imagerie cérébrale anatomique ne montre pas giques ne s’imposent pas. Lorsque ces critères ne sont pas réunis, il d’anomalie. est préférable de ne pas porter le diagnostic avant d’avoir éliminé les autres amnésies transitoires et effectuer une imagerie cérébrale. Amnésies dissociatives transitoires Amnésies transitoires symptomatiques Elles sont habituellement rapportées comme des déficits por- tant sur une partie de l’histoire individuelle le plus souvent localisée à une période de temps (amnésie localisée), à une par- Crises épileptiques partielles mésiotemporales tie des événements (amnésie sélective). Les fugues amnésiques Elles peuvent provoquer des amnésies transitoires proches se différencient par une perte des souvenirs autobiographiques de l’ictus amnésique. Ces amnésies épileptiques surviennent qui s’étend à la mémoire sémantique avec perte d’identité. Le volontiers chez des sujets plus jeunes, dans un contexte de début est habituellement abrupt et survient dans des circons- manifestations épileptiques franches. Des crises frontobasales, tances affectivement pénibles pour le sujet. Pendant la fugue, beaucoup plus rares, peuvent se manifester par une amnésie rétro- le comportement est normal et n’attire pas l’attention, contrai- grade due à une perturbation des mécanismes de rappel. Elles sont rement à ce qui est observé dans les fugues en rapport avec un habituellement de durée brève (un quart d’heure à 1 h) et ont ten- syndrome confusionnel (par exemple postépileptique). Le sujet a dance à se répéter à brève échéance. Par ailleurs des amnésies de le plus souvent perdu son identité. À la fin de la fugue, il retrouve plus longue durée, isolées, peuvent être observées lors de crises son identité, mais une amnésie lacunaire persiste, couvrant tout répétées ou en post-critiques [72–74]. ou partie de la durée de la fugue. De telles fugues amnésiques sont plus souvent observées au cours d’états psychopathiques que chez Amnésies d’origine toxique et médicamenteuse des personnalités hystériques. Elles peuvent également survenir Elles ne sont pas rares dans deux circonstances : la prise d’alcool chez des sujets déprimés ou schizophrènes. (ivresse amnésique) et la prise de sédatifs, tout particulièrement de benzodiazépines. La sémiologie est souvent décrite comme proche de l’ictus amnésique. Toutefois, il s’agit habituellement Amnésies dissociatives de longue durée d’une amnésie rétrograde isolée de type lacunaire : le sujet a oublié Elles touchent la mémoire autobiographique, mais aussi la quelques heures de sa vie. Le comportement du sujet demeure le mémoire des événements publics concernant tous les événe- plus souvent normal pendant la période couverte par l’amnésie et ments ayant succédé à une époque précise (amnésie continue), l’entourage ne s’aperçoit pas du trouble. une certaine catégorie d’informations (amnésie systématisée) ou l’ensemble de l’existence avec perte de l’identité (amnésie géné- Amnésies transitoires post-traumatiques ralisée). Elles sont le plus souvent purement rétrogrades, mais parfois associées à une amnésie antérograde. Elles peuvent être observées Amnésie de conduite criminelle chez des sujets jeunes après un traumatisme crânien mineur, par exemple au cours d’une activité sportive [77, 78]. Elles sont observées en cas d’homicide ou de délit, habituelle- ment au cours d’une intoxication éthylique aiguë, plus rarement Amnésies transitoires d’origine ischémique chez des schizophrènes délirants. Il n’est pas toujours aisé de faire la distinction avec des amnésies par simulation. La distinction Elles réalisent un tableau proche de celui de l’ictus amnésique. repose sur le fait que les simulateurs échouent dans des tâches Elles ont été observées dans certains infarctus cérébraux de loca- simples qui sont normalement réussies par les patients présentant lisations diverses et dans le cadre d’accidents ischémiques une amnésie organique ou dissociative (sentiment de familiarité, transitoires vertébrobasilaires. Ce diagnostic ne peut, toutefois, amélioration par indiçage, des effets de récence et de primauté, être évoqué qu’en présence d’autres accidents de la même série, de mémoire implicite). signes neurologiques anormaux pendant ou au décours de l’ictus ou d’un souffle à l’auscultation du trajet des artères cervicales.  Troubles de la mémoire  Amnésies psychogènes et affections psychiatriques Elles sont caractérisées par le fait d’être des amnésies rétrogrades Troubles de mémoire et dépression et de porter essentiellement sur la mémoire autobiographique. Outre des troubles exécutifs et un ralentissement de la vitesse Elles sont décrites dans le DSM-5 dans le chapitre consacré aux de traitement, la dépression s’accompagne de troubles de la troubles dissociatifs, impliquant par là qu’elles relèvent d’un mémorisation de nouvelles informations et de la mémoire auto- trouble des fonctions intégratives de la mémoire, de la conscience biographique [85–88]. Trois principaux symptômes sont rapportés : EMC - Psychiatrie 7 Téléchargé pour cdsm cdsm ([email protected]) à Central Military Hospital à partir de ClinicalKey.fr par Elsevier sur décembre 22, 2024. Pour un usage personnel seulement. Aucune autre utilisation n´est autorisée. Copyright ©2024. Elsevier Inc. Tous droits réservés. 37-115-A-10  Sémiologie des troubles de la mémoire une surgénéralisation des souvenirs ; le renforcement de l’apprentissage, le contrôle cognitif (gestion une congruence à l’humeur ; des erreurs) et le biais affectif dans le traitement de l’information. la présence de souvenirs intrusifs. Elle oriente le sujet vers des stratégies moins difficiles, moins Les souvenirs autobiographiques des déprimés sont marqués structurantes et diminue l’efficience plus que l’efficacité (un par l’impossibilité d’accéder à des événements spécifiques (situés plus grand effort est nécessaire pour obtenir un même résul- dans le temps et l’espace) au profit d’événements génériques ou tat). Contrairement au sujet normal, la rétention des stimuli très vagues. Cette tendance est d’autant plus importante pour des anxiogènes est favorisée en mémoire implicite chez les sujets indices de rappel à valence positive ou ciblant des événements anxieux. de vie positifs, les patients déprimés restituant plus d’événements de vie négatifs. La surgénéralisation semble liée à des perturba- tions des mécanismes du rappel contrôlé des souvenirs. Cet effet Troubles de mémoire, schizophrénie semble relativement spécifique de la dépression et de l’état de stress post-traumatique. Il disparaît généralement après rémis- et autisme sion de la dépression. Certaines études suggèrent que lorsque cet Les troubles du spectre autistique de haut niveau (dont le syn- effet se retrouve dans d’autres pathologies affectant la mémoire drome d’Asperger) et la schizophrénie sont caractérisés par une (traumatisme crânien ou accident vasculaire cérébral), il appa- atteinte massive de la conscience de soi et des troubles cogni- raît comme un indicateur de dépression. La dépression, comme tifs, émotionnels et sociaux [95–99]. Des troubles de mémorisation l’état de stress post-traumatique, est associée à l’existence de sou- sont communément évoqués, liés à des déficits exécutifs ou atten- venirs épisodiques intrusifs automatiques qui sont souvent liés tionnels contrastant avec des compétences extraordinaires dans à des événements traumatiques. Par ailleurs, la persistance de certaines activités par exemple la mémoire des dates ou des troubles de mémoire résiduels semble être un facteur prédictif de chiffres, la mémoire visuelle ou auditive chez certains autistes. récurrence. Concernant la mémoire autobiographique, les déficits portent sur la composante épisodique tant dans la schizophrénie que dans l’autisme. Non seulement les souvenirs sont peu détaillés, mais ils Troubles de mémoire et troubles anxieux sont rappelés davantage avec un sentiment de familiarité qu’avec un sentiment de reviviscence subjective. Chez les patients schizo- Le retentissement sur la mémoire des troubles anxieux a été phrènes adultes [100–104] , les déficits semblent plus importants pour négligé par rapport à la dépression [90–95]. Au cours de la der- la période de vie de l’adolescence, période d’émergence de la mala- nière décennie, en revanche, de nombreux travaux lui ont été die. En revanche, les composantes sémantiques de la mémoire consacrés, notamment par le biais de l’influence des émotions autobiographique semblent mieux préservées dans la schizophré- sur les performances cognitives. Il est bien établi aujourd’hui que nie et les autistes adultes. Toutefois, certaines études ont révélé, l’anxiété diminue l’attention, l’empan et la mémoire de travail, chez les enfants autistes, des déficits de sémantique personnelle. “ Point fort Les tests d’évaluation des troubles de la mémoire épisodique étaient traditionnellement orientés vers l’évaluation de leur sévérité. Aujourd’hui, un objectif essentiel est d’analyser le mécanisme des perturbations, en particulier si ces troubles traduisent une difficulté d’acquisition ou de restitution des informations. Cette analyse repose sur plusieurs temps : l’élimination d’un défaut d’encodage superficiel dû à des troubles de l’attention est effectuée par la répétition immédiate des mots présentés ; la répétition immédiate des mots dans l’ordre inverse des mots présentés (donner les mois de l’année ou faire compter à l’envers) explore la mémoire de travail ; la restitution des mots ou des chiffres de l’épreuve après un délai (par exemple en faisant compter de 1 à 20 ou passer un autre test) (rappel différé) explore la consolidation du stockage ; la comparaison des performances en rappel libre et en rappel indicé, et/ou en reconnaissance, procédures qui favorisent les mécanismes de rappel, permet de différencier les troubles de mémorisation des troubles du rappel. Lorsque ces procédures améliorent nettement ou font disparaître les déficits en rappel libre, on peut conclure que les mots ont été mémorisés, mais que les difficultés sont liées à une perturbation des mécanismes de restitution. À l’inverse, l’absence d’amélioration en rappel indicé et en reconnaissance signe que le mot n’a pas été mémorisé, ce qui traduit une atteinte hippocampique. 1. Dans le test RL/RI, une liste de quatre mots non prototypiques (par exemple : dahlia, hareng, poireau, platane) est proposée au sujet en lui demandant de nommer et de désigner le mot correspondant à sa catégorie « Quel est le nom de la fleur ? » suivi de la répétition immédiate des quatre mots (rappel libre, RI). Si un mot est oublié, on lui fournit sa catégorie (rappel indicé, RI) « Quel était le nom de la fleur ? ». Cette procédure est répétée quatre fois avec des mots différents (RL/RI-16 items) (Van Der Linden M et les membres du Gremem, editors. L’évaluation des troubles de la mémoire. Marseille: Solal; 2004.). La procédure doit être répétée jusqu’à ce que la répétition immédiate des 16 mots soit acquise (RL/RI-16 immédiat). La consolidation est évaluée par un nouveau rappel libre après un délai entre l’acquisition et le rappel (RL/RI différé), puis en fournissant la catégorie correspondante pour les mots non restitués. 2. Le Memory Impairment Screen [MIS] est basé sur le même principe, mais il est très simplifié car il ne prend en compte que quatre mots. Le score est de 2 points pour chaque mot restitué en rappel libre et de 1 point en rappel indicé. Le score seuil est de 6. Cette procédure très simple et rapide s’est révélée très fiable pour dépister une maladie d’Alzheimer débutante (sensibilité 80 %, spécificité 91 % en rappel différé) (Buschke H, Kuslansky G, Katz M, Stewart WF, Sliwinski MJ, Eckholdt HM, et al. Screening for dementia with the Memory Impairment Screen. Neurology 1999;52:231–8.). Il est également important de tenir compte de la présence d’intrusions : en rappel libre, elles témoignent d’un dysfonctionnement exécutif frontal alors qu’une intrusion en rappel indicé signe une atteinte hippocampique (Desgranges B, Baron JC, Giffard B, Chételat G, Lalevée C, Viader F, et al. The neural basis of intrusions in free recall and cued recall : a Pet study in Alzheimer’s disease. Neuroimage 2002;17:658–64.). 8 EMC - Psychiatrie Téléchargé pour cdsm cdsm ([email protected]) à Central Military Hospital à partir de ClinicalKey.fr par Elsevier sur décembre 22, 2024. Pour un usage personnel seulement. Aucune autre utilisation n´est autorisée. Copyright ©2024. Elsevier Inc. Tous droits réservés. Sémiologie des troubles de la mémoire  37-115-A-10 Derouesné C, Thibault S, Lagha-Pierucci S, Baudouin-Madec V, Déclaration d’intérêts : les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts en Lacomblez L. 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