Récap semaine 1 à 5 - antique PDF
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Ce document résume les semaines 1 à 5 d'un cours sur la philosophie antique. Il aborde des sujets comme l'introduction à la philosophie antique, la géographie de la méditerranée antique, et les différentes écoles de pensée qui ont émergé à cette période historique. Les principaux concepts mentionnés sont : philosophie antique, histoire, antiquité, échanges intellectuels, villes importantes de l'Antiquité.
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Notes: semaine 1 Titre: Introduction - cours numéro 1 Sujet: Introduction à la philosophie antique Date: rattrapé le 28 décembre Introduction à la philosophie de l'Antiquité - Pr. Alexandrine Schniewind mot de pa...
Notes: semaine 1 Titre: Introduction - cours numéro 1 Sujet: Introduction à la philosophie antique Date: rattrapé le 28 décembre Introduction à la philosophie de l'Antiquité - Pr. Alexandrine Schniewind mot de passe pour moodle du cours ou du tp jsp Praxis Bienvenue Bienvenue au cours intitulé “Introduction à la philosophie antiqueˮ. Ce programme sʼadresse aux étudiants souhaitant explorer les bases de la philosophie antique et comprendre son influence sur les traditions philosophiques ultérieures. Ce cours constitue une porte dʼentrée essentielle à lʼhistoire de la philosophie. il faut se plonger dans les textes— devenirs des ruminants comme dirait Nietzsche la philosophie cʼest lʼamour du savoir - philo = aimer et sophia = sagesse/savoir le cours sera donné en chronologie inverse comme dans les écoles de philosophie Antique ! La Méditerranée antique dans son contexte culturel La Méditerranée antique est un berceau dʼéchanges intellectuels, artistiques et philosophiques. Les cultures de cette région ont donné naissance aux prémices de la pensée rationnelle, dont lʼune des plus grandes expressions est la philosophie. 1. Zones de peuplement culturel En jaune clair Les zones de peuplement hellénique (grecque) Ces régions correspondent à lʼextension de la civilisation grecque, notamment à partir du 6ᵉ siècle avant J.C. Elles incluent les semaine 1 2 cités comme Athènes, Milet, Éphèse, ainsi que des colonies établies autour de la mer Méditerranée et de la mer Noire. En rose Les zones de peuplement phénicien Les Phéniciens, grands navigateurs, commerçants et fondateurs de colonies comme Carthage Qart-Hadash), sont représentés ici. Leur influence culturelle et économique est cruciale dans lʼéchange dʼidées et de biens. 2. Étapes historiques et culturelles Orange foncé Les territoires hellénisés après Alexandre le Grand 330 Après les conquêtes d'Alexandre le Grand, la culture grecque sʼest propagée dans un large territoire, allant de la Méditerranée orientale jusqu'à l'Inde. Cette période a vu un échange intense de savoirs entre les Grecs et les peuples locaux, notamment en Perse, en Égypte et en Asie centrale. Lignes jaunes pointillées Frontières Ces lignes indiquent les limites des grandes entités culturelles ou impériales : Le monde romain, notamment à son apogée sous les empereurs philosophes comme Marc Aurèle 170 apr. J.C.). Les régions sous influence persane ou orientale. 3. Principales villes et cités philosophiques Certaines villes marquées sur la carte étaient des centres majeurs pour le développement de la philosophie et de la culture antique : Milet Berceau de la philosophie présocratique avec des penseurs comme Thalès, Anaximandre et Anaximène. Athènes Centre intellectuel de la philosophie classique, avec Platon, Aristote et les écoles philosophiques comme l'Académie et le Lycée. Alexandrie Haut lieu de la culture hellénistique avec sa célèbre bibliothèque, réunissant des érudits de toutes disciplines. 4. Routes et influences Les routes culturelles : La carte montre également des routes qui symbolisent la propagation de la culture sud-asiatique vers l'Occident, via des contacts entre le monde gréco-romain et lʼAsie centrale. Persian Royal Road Une route majeure reliant Suse à Sardes (mentionnée comme "Persische Königstraße"). Elle facilitait les échanges commerciaux et culturels entre l'Empire perse et le monde grec. 5. Impact global La Méditerranée antique a été un espace de convergence culturelle unique : Les interactions entre les cultures grecque, phénicienne, perse et romaine ont nourri des philosophies comme le stoïcisme (inspiré des échanges gréco-perses). La région a vu naître des systèmes de pensée universels, intégrant des concepts éthiques, politiques et métaphysiques toujours étudiés aujourdʼhui. En résumé, cette carte illustre la richesse culturelle et philosophique de la Méditerranée antique, où les idées circulaient librement grâce à des routes commerciales, des colonies et des empires connectés. Si vous avez des questions précises sur un élément de la carte, je peux approfondir davantage. La philosophie antique et médiévale semaine 1 3 Un domaine historique immense Le domaine de la philosophie antique et médiévale couvre une période impressionnante dʼenviron 21 siècles. À elle seule, la philosophie antique sʼétend sur près de 12 siècles: depuis les présocratiques 6ᵉ siècle av. J.C.) jusquʼaux néoplatoniciens 6ᵉ siècle ap. J.C.). Philosophie antique : méthodes Lʼétude de la philosophie antique sʼinscrit dans lʼhistoire de la philosophie, une discipline qui vise à : Restituer la pensée des philosophes antiques Cela nécessite une analyse minutieuse des textes pour comprendre les idées dans leur contexte historique. Utiliser la littérature secondaire Bien quʼelle aide à saisir les enjeux des doctrines, elle ne remplace jamais la lecture des œuvres originales. Philosophie antique : repères chronologiques Présocratiques 624470 av. J.C.) Premiers penseurs tels que Thalès et Héraclite. Période classique 470324 av. J.C.) : Socrate Philosophe emblématique du questionnement éthique. il nʼa rien écrit (textes) cʼest un grand maitre Platon Fondateur de lʼAcadémie, explorateur des idées et des formes. Aristote : élève de platon Créateur du Lycée, initiateur de la logique formelle. Période hellénistique 324 av. J.C. 130 ap. J.C.) : Épicure et lʼÉcole du Jardin Recherche du bonheur par lʼabsence de douleur. Stoïciens : lʼécole du “portiqueˮ Philosophie de la vertu et de lʼacceptation. Sceptiques Doute méthodique avec Sextus Empiricus. ? Le scepticisme selon Sextus Empiricus consiste à douter de tout ce qui ne peut être prouvé avec certitude, en suspendant son jugement (épochè). Cette approche vise à éviter les conflits liés aux dogmes et à atteindre la tranquillité de lʼâme (ataraxie). Sextus critique les prétentions des philosophes et des sciences à connaître la vérité absolue. moyens-platoniciens Antiquité tardive 3ᵉ6ᵉ siècles ap. J.C.) : Néo-Platoniciens Plotin, Porphyre, Proclus, Simplicius Premiers chrétiens Augustin, Boèce. Résumé des idées principales Présocratiques 624470 av. J.C.) Idées principales Les présocratiques cherchent à expliquer lʼorigine et la structure de l'univers à travers des principes naturels et rationnels plutôt que mythologiques. semaine 1 4 Philosophie Ils ont introduit des concepts fondamentaux tels que les éléments originels (eau, air, feu) et l'idée du changement permanent ou de lʼimmuabilité de la réalité. Période classique 470324 av. J.C.) Socrate Idées principales Socrate est le père du questionnement éthique, cherchant à définir la vertu et la connaissance par le dialogue et la maïeutique. Philosophie Il nʼa laissé aucun écrit, mais ses enseignements ont été transmis par ses élèves, principalement Platon. Platon Idées principales Platon fonde l'Académie et développe la théorie des Idées ou Formes, selon laquelle le monde sensible est une copie imparfaite d'un monde idéal. Philosophie Il explore les questions de la justice, de la connaissance, et de la nature de l'âme. Aristote Idées principales Élève de Platon, Aristote fonde le Lycée et révolutionne la logique formelle, en introduisant des catégories et des syllogismes pour organiser la pensée. Philosophie Il met l'accent sur lʼobservation empirique et la recherche du juste milieu dans la conduite de la vie. Période hellénistique 324 av. J.C. 130 ap. J.C.) Épicure et lʼÉcole du Jardin Idées principales Épicure enseigne que le bonheur réside dans lʼabsence de douleur (ataraxie) et la recherche du plaisir simple, notamment à travers lʼamitié. Philosophie Il préconise un mode de vie modéré et rationnel pour atteindre la tranquillité de l'âme. Stoïciens Idées principales Les stoïciens, comme Zénon, enseignent que la vertu est le seul bien, et que l'on doit accepter ce qui échappe à notre contrôle en cultivant lʼindifférence face aux événements extérieurs. Philosophie La sagesse réside dans la maîtrise de soi et la compréhension de la nature du cosmos. Sceptiques Sextus Empiricus) Idées principales Le scepticisme enseigne le doute méthodique : suspendre son jugement sur ce qui ne peut être prouvé. Le but est d'atteindre la tranquillité de lʼâme (ataraxie). Philosophie Sextus Empiricus critique la prétention à connaître la vérité absolue et encourage une attitude de doute. Moyens-platoniciens Idées principales Les moyens-platoniciens cherchent à réconcilier les idées de Platon avec les philosophies contemporaines, en mettant lʼaccent sur la théologie et la métaphysique. Philosophie Ils ont développé une approche plus mystique de la pensée platonicienne, notamment à travers des concepts comme l'Un (l'Intellect suprême). Antiquité tardive 3ᵉ6ᵉ siècles ap. J.C.) Néo-Platoniciens Plotin, Porphyre, Proclus, Simplicius) Idées principales Les néo-platoniciens réinterprètent Platon, insistant sur la transcendance de l'Un, principe absolu à partir duquel toute réalité émerge. semaine 1 5 Philosophie Ils fusionnent la pensée platonicienne avec des éléments mystiques et théologiques, cherchant à élever l'âme vers l'union divine. Premiers chrétiens Augustin, Boèce) Idées principales Augustin introduit une synthèse entre la philosophie grecque et la théologie chrétienne, tandis que Boèce conserve et adapte la pensée grecque en lien avec la foi chrétienne. Philosophie Augustin met l'accent sur la grâce divine, tandis que Boèce sʼintéresse à la réconciliation de la philosophie avec la foi chrétienne. Fiches de présentation des philosophes : Thalès de Milet 624546 av. J.C.) Idées principales Considéré comme le premier philosophe, il pense que l'eau est le principe (archê) de tout l'univers. Philosophie Thalès a introduit l'idée que le monde peut être compris par la raison, rejetant les explications mythologiques. Héraclite 540480 av. J.C.) Idées principales Le changement est au cœur de l'univers : "Tout coule". Le feu est l'élément primordial. Philosophie Il défend l'idée d'un univers en perpétuel devenir, où le conflit et la contradiction sont nécessaires à l'harmonie. Socrate 469399 av. J.C.) Idées principales Socrate est le fondateur de la méthode dialectique, cherchant à définir les vertus par le dialogue. Philosophie Il remet en question les normes et l'ignorance humaine, se concentrant sur la moralité et le questionnement intérieur. Platon 428348 av. J.C.) Idées principales Il fonde l'Académie et théorise les Idées ou Formes comme réalité ultime. Philosophie L'univers sensible est une copie imparfaite des Idées parfaites, et le but de la philosophie est de contempler ces Idées. Aristote 384322 av. J.C.) Idées principales Aristote introduit la logique formelle et la classification des sciences. Philosophie Il met l'accent sur lʼexpérience et l'observation pour comprendre la réalité, en rejetant les Idées platoniciennes. Épicure 341270 av. J.C.) Idées principales Le plaisir, compris comme l'absence de douleur (ataraxie), est le but de la vie. Philosophie Il préconise une vie simple et raisonnable pour atteindre le bonheur, fondée sur l'amitié et l'absence de perturbations. Les Stoïciens Zénon, Chrysippe, Sénèque) Idées principales La vertu est le seul bien, et lʼon doit accepter le destin et cultiver la sagesse. Philosophie Les stoïciens enseignent l'indifférence face aux passions et aux événements extérieurs pour atteindre la tranquillité intérieure. Sextus Empiricus 160210 ap. J.C.) semaine 1 6 Idées principales Le scepticisme consiste à suspendre le jugement sur toute vérité non démontrable. Philosophie L'objectif est dʼatteindre la paix de l'âme (ataraxie) par le doute méthodique. Plotin 204270 ap. J.C.) Idées principales L'Un est l'origine de toute réalité, et l'âme doit chercher à s'unir à lui. Philosophie Le néoplatonisme s'appuie sur une hiérarchie de réalités, lʼâme cherchant à se rapprocher de lʼUn à travers la contemplation. Augustin 354430 ap. J.C.) Idées principales Il réconcilie la philosophie de Platon avec la théologie chrétienne, mettant l'accent sur la grâce divine. Philosophie La foi et la raison peuvent coexister, et l'âme humaine doit se tourner vers Dieu pour trouver le salut. Boèce 480524 ap. J.C.) Idées principales Il tente de concilier la philosophie antique et la foi chrétienne. Philosophie Boèce explore le concept de fortune et la nature du bien et du mal dans le cadre de la théologie chrétienne. LʼÉcole dʼAthènes Une illustration magistrale de la philosophie antique est représentée dans LʼÉcole dʼAthènes de Raphaël. Ce chef-dʼœuvre met en scène les grands philosophes, dont Platon et Aristote, au cœur de débats intellectuels. Lieu : L'École d'Athènes se trouve dans les Stanze di Raffaello, Vatican. Date Peinte entre 1510 et 1511. Philosophes représentés Inclut des figures majeures comme Platon, Aristote, Socrate, Épicure, Pythagore, Démocrite, etc. Platon et Aristote Au centre, Platon pointe vers le ciel (idéalisme) et Aristote vers la terre (empirisme). Diverses écoles philosophiques Représente les écoles comme le stoïcisme, lʼépicurisme, et le néoplatonisme. Cadre architectural Architecture classique avec des colonnes et une perspective profonde, symbolisant lʼharmonie. Quête de la vérité La fresque symbolise la recherche de la connaissance et de la vérité. Référence à la Renaissance Fusion entre lʼart et la philosophie antiques, symbolisant lʼhumanisme de la Renaissance. Hommage à la philosophie antique Rendre hommage à l'héritage de la pensée grecque. Idéal de lʼharmonie Recherche dʼun équilibre entre les différentes philosophies. lʼoeuvre incarne lʼidéee que la vérité transcende les frontières des écoles de pensée Conseil de lecture Pour approfondir, lʼouvrage Quʼest-ce que la philosophie antique ? de Pierre Hadot Folio Gallimard, 1995 est essentiel. Ce livre met en lumière une idée fondamentale : dans lʼAntiquité, apprendre la philosophie revenait à faire un choix de vie aligné avec une doctrine. semaine 1 7 ce livre mets lʼaccent sur lʼimpact que ça avait dans lʼantiquité de choisir dʼapprendre la philosophie La philosophie antique comme manière de vivre Les doctrines comme guides Les philosophes antiques enseignaient des doctrines destinées à structurer lʼexistence. Pour comprendre les choix de vie proposés, il est nécessaire dʼétudier les notions centrales telles que : Lʼéthique et la vertu. La cosmologie et lʼordre universel. La quête du bonheur. Le cours dʼintroduction Ce cours vise à : Familiariser les étudiants avec les concepts centraux enseignés dans les écoles philosophiques antiques. Offrir un aperçu des cursus philosophiques à Athènes et Alexandrie dès le 4ᵉ siècle ap. J.C. Le cursus : des lectures de textes Le cursus antique reposait sur la lecture approfondie des œuvres de : Platon Dialogues abordant des questions éthiques, métaphysiques et politiques. Aristote Traités couvrant la logique, la biologie, lʼéthique et la métaphysique. Textes stoïciens Enseignements sur la maîtrise de soi et lʼharmonie avec la nature. Notre objectif Le cours a pour ambition de : Approfondir les œuvres principales de Platon et Aristote. Donner une vue dʼensemble de leur contenu. Relier des thématiques philosophiques spécifiques à des œuvres majeures. Nota bene Le nombre dʼouvrages étudiés sera conséquent. Des indications précises sur les passages à lire seront fournies pour optimiser votre apprentissage. Conclusion Ce cours ouvre une perspective unique sur la philosophie antique, non seulement comme un corpus intellectuel, mais aussi comme une manière de vivre, où théorie et pratique sʼentrelacent pour transformer lʼexistence. semaine 1 8 Points-clés : Philosophie antique : amour du savoir, chronologie inverse, écoles philosophiques Méditerranée antique : échanges intellectuels, artistiques, philosophiques Zones de peuplement : hellénique, phénicien, Alexandrie, Milet, Athènes Périodes historiques Présocratiques, Classique, Hellénistique, Antiquité tardive Philosophes principaux Thalès, Héraclite, Socrate, Platon, Aristote, Épicure, Stoïciens, Sceptiques, Néo-platoniciens, Augustin, Boèce Idées principales : archê (élément originel), changement permanent, vertu, bonheur, scepticisme, transcendance Méthodes philosophiques : questionnement éthique, logique formelle, observation empirique, doute méthodique Concepts clés Idées/Forms, ataraxie, maïeutique, harmonie, Un Platon et néo-platoniciens), réconciliation philosophie et théologie chrétienne. Résumé: Le cours de philosophie antique explore l'évolution des idées et des écoles philosophiques en Méditerranée, depuis les Présocratiques jusqu'à l'Antiquité tardive. Les premières pensées se concentrent sur la recherche de l'élément originel (archê) et la nature du changement, avec des figures comme Thalès et Héraclite. Socrate et Platon introduisent une réflexion sur la vertu, l'âme et les Idées, tandis qu'Aristote développe une approche plus systématique du savoir et de l'éthique. Les écoles hellénistiques, telles que l'épicurisme et le stoïcisme, mettent l'accent sur le bonheur et la recherche de la tranquillité intérieure, avant que la pensée néo-platonicienne ne cherche à concilier philosophie et théologie chrétienne. Ces débats influencent profondément la pensée occidentale, notamment la conception du bonheur, de la vertu et de la nature du divin. semaine 1 9 Notes: semaine 2 Titre: Introduction générale: le cursus de philosophie antique— La préparation morale pour débutants: Epictète, le Manuel. Sujet: Philosophie antique ! Date: rattrapé le lundi 30 décembre 1) Introduction générale 1. Introduction générale: le cursus de philosophie antique Introduction à la philosophie de l'Antiquité Pr. Alexandrine Schniewind Lʼenseignement de la géologie, issu de Le livre de la propriété des choses, Barthélémy lʼAnglais, vers 1230 L'enseignement de la géologie dans Le Livre de la propriété des choses de Barthélémy lʼAnglais (vers 1230 illustre des thématiques philosophiques pertinentes pour une introduction à la philosophie médiévale et antique : semaine 2 2 Synthèse des savoirs médiévaux sur la nature. Relation entre foi et raison dans lʼétude des phénomènes naturels. Préfiguration des méthodes scientifiques d'observation. Mosaïque) Cette approche tardo-antique propose un ordre de lecture progressif, destiné à guider le futur philosophe depuis une première préparation morale jusquʼaux interrogations métaphysiques les plus avancées. 2) Les étapes du cursus I. Introduction morale sans pré-requis Epictète, Manuel II. Aristote : les ‘petits mystèresʼ Organon : Catégories, De lʼInterprétation Ethique : Éthique à Nicomaque Physique : De Anima, Physique Métaphysique : Métaphysique III. Platon : les ‘grands mystèresʼ Alcibiade Gorgias République Phédon Phèdre Banquet Timée semaine 2 3 3) I. Lʼintroduction morale – Epictète Introduction à la philosophie de l'Antiquité Pr. Alexandrine Schniewind) Accessible sans aucune connaissance préalable Principes moraux qui se mémorisent facilement Vise avant tout à la préparation morale du candidat aux études philosophiques Rappel du cadre général : cette partie continue de souligner lʼimportance de lʼinitiation morale.) 6 II. Aristote Apprentissage des distinctions logiques Apprentissage des distinctions systématiques des différentes disciplines philosophiques (= les petits mystères) 7 III. Platon Apprentissage du lien entre métaphysique et éthique (débute avec la connaissance de soi ; sʼachève avec la connaissance des ‘grands mystèresʼ métaphysiques) Apprentissage de la connaissance du monde (ou des réalités) intelligibles (les idées/formes platoniciennes) Progression depuis la connaissance de soi jusquʼaux grands mystères métaphysiques. Étude des réalités intelligibles (formes/idées). Œuvres clés : Alcibiade (apocryphe), Gorgias, République, Phédon, Banquet. 1) 50-125 ap. J.-C. – Épictète 2. La préparation morale pour débutants: Epictète, le Manuel. Quelle précision pour les débutants ? « Les oreilles des débutants ne supportent pas la précision... » Simplicius, Commentaire sur les Catégories, VIe siècle) 2) Les périodes du stoïcisme Introduction à la philosophie de lʼAntiquité Pr. Alexandrine Schniewind) Stoïcisme hellénistique Athènes) Début de cette école : pères fondateurs Zénon, Cléanthe et Chrysippe (début du IIIe siècle av. J.C.). Tous les écrits de cette période hellénistique sont perdus ; seuls subsistent des fragments. Stoïcisme impérial Rome) semaine 2 4 Représentants Sénèque 165 ap. J.C.), Épictète 50135 ap. J.C.), Marc Aurèle 121180. Lʼétat des sources de cette période est bien meilleur. Impérial Figures majeures Sénèque, Épictète, Marc Aurèle) se concentrent sur lʼéthique. 3) Les stoïciens impériaux Sénèque Richissime banquier à Rome, proche de lʼempereur Néron. Prône la vie philosophique stoïcienne et souligne que seule lʼattitude philosophique permet de traverser lʼexistence sereinement, la richesse ne rendant pas heureux. Il nʼa pas dʼécole à proprement parler, mais il écrit de nombreux textes philosophiques (notamment les Lettres à Lucilius). Épictète Ancien esclave affranchi par son maître, il enseigne la philosophie stoïcienne à Nicopolis. Son élève Arrien a retranscrit ses cours : Les Entretiens (ou Discours), vaste recueil traitant de nombreux sujets éthiques. Le Manuel, un résumé concis des Entretiens. Marc Aurèle Nous y reviendrons ci-dessous. 4) Marc Aurèle Né à Rome sous le nom de Marcus Annius Verus. Pas de famille royale, mais parents fortunés (le père possède des fabriques de briques). Remarqué, protégé, favorisé par lʼempereur Hadrien. Après la mort du père de Marc Aurèle, Hadrien adopte lʼoncle de Marc Aurèle, Antonin, pour en faire son héritier et futur empereur. À 18 ans, Marc Aurèle épouse la fille de cet oncle, Faustina, avec laquelle il aura 13 enfants. En 161 (à 39 ans), Marc Aurèle devient empereur et fait de son frère adoptif Lucius un co-empereur. Il passe presque tout son règne en campagnes militaires et meurt à Vienne le 17 mars 180. 5) Évolution historique de la doctrine stoïcienne Fondateurs de lʼécole stoïcienne : privilégient la logique et la physique, établissant ainsi les bases du stoïcisme. Stoïciens impériaux : mettent lʼaccent sur lʼéthique, parce que les fondements logiques et physiques sont déjà bien établis. Cʼest pourquoi les textes de Sénèque, Épictète et Marc Aurèle se concentrent avant tout sur lʼéthique. Historiquement, les fondateurs de lʼécole stoïcisme ont privilégié la logique et la physique, établissant ainsi les fondements de la doctrine stoïcienne. Les stoïciens plus tardifs, de la période impériale ont, quant à eux, privilégié lʼéthique, tant donné que les bases de la logique et la physique étaient déjà très bien posées. Cʼest la raison pour laquelle les écrits de lʼépoque impériale, donc ceux de Sénèque, Epictète et Marc Aurèle, portent avant tout sur lʼéthique. 6) La tripartition de la philosophie Introduction à la philosophie de l'Antiquité Pr. Alexandrine Schniewind) semaine 2 5 Le stoïcisme se fonde sur trois parties : Logique : porte sur la raison.Raison, empirisme (concepts dérivent de l'expérience). Physique : porte sur le monde et tout ce qui sʼy trouve. Matérialisme et déterminisme (liens causaux universels). Éthique : porte sur la vie humaine.Fondée sur la vertu, alignée avec la raison universelle. Comparaisons traditionnelles : Lʼœuf : Coquille = logique Blanc = morale (éthique) Jaune = physique Un champ avec ses arbres et ses fruits : Arbres = physique Fruits = morale Clôture = logique Caractéristiques stoïciennes : Logique : empirisme → tous nos concepts et toute notre connaissance dérivent de lʼexpérience perceptive. Physique : matérialisme extrême, déterminisme radical. Lʼunivers est continu, sans vide ; tout y est lié par des causes formant le destin. Éthique : fondée sur la vertu. 7) Le Manuel dʼÉpictète Texte écrit par son élève Arrien, résumé de la pensée et de lʼenseignement dʼÉpictète. Version plus détaillée : Les Entretiens dʼÉpictète, également rédigés par Arrien. 8) Le titre : Manuel Introduction à la philosophie de l'Antiquité Pr. Alexandrine Schniewind) Le mot grec encheiridion signifie « ce qui est à portée de main » (cheir = « main »), autrement dit les règles morales fondamentales à avoir toujours sur soi. Style du Manuel : aphorismes. 9) « Le livre est intitulé ‘Manuelʼ… » Introduction à la philosophie de l'Antiquité Pr. Alexandrine Schniewind) « Le livre est intitulé ‘Manuelʼ parce quʼil doit toujours être ‘sous la mainʼ et à la disposition de ceux qui veulent bien vivre. Car le poignard du soldat, lui aussi, est une arme qui doit toujours être sous la main de ceux qui sʼen servent » Simplicius, Commentaire du Manuel, Proeem. §25 10) Les grands thèmes du Manuel Distinction fondamentale : semaine 2 6 Ce qui dépend de nous (to ephʼ hemin) Ce qui ne dépend pas de nous (to mê ephʼ hemin) (1) Ce qui dépend de nous Nos actions Nos jugements Nos affects (2) Ce qui ne dépend pas de nous Le corps Les objets matériels Tout ce qui provient dʼautrui (honneurs, opinions) Tout ce qui vient du cosmos et de la nature 11) Quelques thèmes principaux La discipline de nos jugements Vouloir les événements tels quʼils arrivent On ne choisit pas son rôle dans le drame de la vie 12) Lʼattitude adéquate Introduction à la philosophie de l'Antiquité Pr. Alexandrine Schniewind) Ne sʼattacher ni aux choses ni aux personnes : tout est passager et peut être perdu à tout instant (objets qui se brisent, proches qui disparaissent). Prendre la vie comme elle vient : jouer son rôle le mieux possible, sans toujours vouloir le premier rôle. 13) Exemple du Manuel, §17 « Souviens-toi que tu es un acteur qui joue un rôle dans une pièce qui est telle que la veut le poète dramatique. Un rôle bref, sʼil veut que ton rôle soit bref, long, sʼil veut quʼil soit long. Sʼil veut que tu joues le rôle dʼun mendiant, veille à jouer ce rôle avec talent : ou un boiteux, ou un magistrat, ou un homme ordinaire. Car ce qui tʼappartient, cʼest ceci : bien jouer le rôle qui tʼa été donné. Mais choisir ce rôle appartient à un autre. » 14) Se tenir à une conduite de vie « Fixe-toi désormais un certain style et modèle de vie auquel tu te tiendras, que tu sois seul avec toi-même ou que tu rencontres des hommes » (Manuel, 33.1 semaine 2 7 4. Épictète (50-135 ap. J.-C.) Vie et contexte : Esclave affranchi, enseignant à Nicopolis. Ses enseignements sont retranscrits par Arrien (Manuel, Entretiens). Philosophie basée sur lʼautonomie intérieure : distinguer ce qui dépend de nous (jugements, actions) de ce qui ne dépend pas (corps, biens matériels, opinions dʼautrui). Thèmes principaux du Manuel : Discipline des jugements : éviter les biais et jugements de valeur. Acceptation des événements : vouloir les choses telles qu'elles arrivent. Rôle dans la vie : accepter et perfectionner le rôle qui nous est attribué. Attitude adéquate : Détachement envers les biens matériels et les relations personnelles. Vivre en harmonie avec la nature, sans chercher le premier rôle. 5. Aristote et Platon dans le cursus antique Aristote : Importance de la logique comme socle des études. La physique étudie la nature (corps et âme inclus). La métaphysique cherche la cause première. Platon : Focus sur la connaissance de soi et les réalités supérieures (formes/idées). Philosophie politique : idéal dʼune société gouvernée par des philosophes. Rapport entre corps et âme : Phédon explore la mort et la survie de l'âme. 6. Application pratique Épictète Philosophie stoïcienne conçue pour être directement applicable (aphorismes faciles à mémoriser, Manuelcomme guide moral à portée de main). semaine 2 8 Importance contemporaine Adopter une conduite de vie stoïque (discipline, acceptation, détachement). Points-clés : Épictète Stoïcisme Manuel Logique Éthique Métaphysique Platon Aristote Préparation morale Distinction (to ephʼ hemin) Résumé: Ce cours explique comment les anciens philosophes enseignaient la pensée et la sagesse. On commence avec Épictète, un philosophe stoïcien qui a écrit des règles simples dans Le Manuel pour aider les débutants à mieux vivre et réfléchir. Il explique quʼon doit se concentrer sur ce quʼon peut contrôler (nos pensées et actions) et accepter ce quʼon ne peut pas changer (comme les événements ou les opinions des autres). Ensuite, Aristote enseigne des bases logiques et scientifiques pour comprendre le monde, tandis que Platon explore des idées plus profondes sur lʼâme, la justice, et le rôle des philosophes dans la société. Le tout forme un chemin de progression pour mieux se connaître, accepter son rôle dans la vie, et vivre de façon équilibrée et vertueuse, en harmonie avec la nature et les événements. semaine 2 9 Notes: semaine 3 Titre: Epictète, Manuel — Approfondissement de certains aspects Sujet: philosophie antique Date: rattrapé le 31 décembre 2024 1) Le bien moral comme unique bien Il nʼy a de bien que le bien moral : rien ne peut nuire à lʼhomme de bien. Vouloir le bien est essentiel dans cette perspective, cʼest lʼintention qui compte. Le bien moral est lʼunique bien que lʼon doit rechercher. Tout le reste est superflu. Par opposition, le seul mal est le mal moral : lʼaction mauvaise. Le bien = la vertu ; le mal = le vice. Toutes les autres choses ne sont ni des biens, ni des maux, car elles sont extérieures à nous : La pauvreté, la maladie, la mort, la souffrance… Tout cela ne dépend pas de nous. Ce sont des choses qui doivent nous être indifférentes. 2) Le jugement comme fondement de lʼactivité humaine Toute lʼactivité humaine se fonde sur le jugement. Il faut travailler le jugement que nous portons sur les choses, car il peut être perverti (par exemple, penser que cʼest un bien de posséder beaucoup, etc.). En portant de mauvais jugements, nous nous rendons malheureux. Référence Manuel § 5. 3) La cohérence de la Nature et de la Raison La Nature est cohérente avec elle-même. Lʼêtre vivant cherche lʼautoconservation, comme la Nature elle-même. La Nature est rationnelle : en elle, Nature et Raison (logos) coïncident. La Nature universelle gouverne notre destin. Ce qui est, est ce qui doit être. Lʼindividu est rattaché à la Raison universelle et doit chercher à sʼaccorder avec elle. Le but primordial de lʼexistence Le but primordial de lʼexistence est de sʼaccorder avec la Nature. Citation :« Vivre dʼune manière cohérente, selon une règle de vie une et harmonieuse ; car ceux qui vivent dans lʼincohérence sont malheureux. » Zénon. La vertu : une place centrale dans lʼéthique La vertu comme combinaison de théorie et de pratique La vertu (aretê, en grec) tient une place centrale. Elle est définie comme étant à la fois pratique et théorique : Citation :« Quant à la vertu, elle est à la fois théorique et pratique. Elle comprend en effet de la théorie, puisque la philosophie conduit jusquʼà elle au moyen de ses trois parties, la logique, semaine 3 2 lʼéthique et la physique. La vertu comprend aussi de lʼaction, car elle est lʼart de la vie entière, et en elle réside aussi la totalité des actions. Mais dès lors quʼelle comprend théorie et pratique, elle lʼemporte bien sûr aussi par sa supériorité dans ces deux domaines. Car la théorie de la vertu est un bien magnifique, et sa pratique et son usage un grand trophée. » Philon, Legum allegoriae I, 5657 ; SVF III, 202. Connaissance de la nature et des dieux La connaissance de la nature et des dieux était jugée indispensable pour la bonne pratique des vertus. On ne peut pas pratiquer la vertu sans inclure les disciplines de la logique et de la physique. Cicéron précise que :« La connaissance de la physique est indispensable au sage et à son bonheur. » Contempler la beauté de la nature et lʼordre du ciel permet de confirmer lʼexistence des dieux et de prouver quʼils portent une providence rationnelle sur le monde. Vie rationnelle et actions du sage En menant une vie rationnelle, le sage mène de fait une vie à la fois théorique et pratique : Il possède la vertu, qui est la clé pour tout le reste. Être actif dans la vie politique (comme de nombreux stoïciens lʼont été) ne les empêche pas de suivre des activités théorétiques. Les stoïciens considéraient que la politique, lʼéconomie et la stratégie sont des dispositions théoriques et pratiques. Théorie et pratique : deux aspects de la vertu. La théorie guide la vie du sage, lʼorganise et la justifie. La pratique ordonne et compose la mise en œuvre de la vie. Dʼoù lʼidée que les vertus (au nombre de quatre : phronesis, justice, tempérance, courage) sʼimpliquent mutuellement. On ne peut en posséder une sans les autres. Citation :« Lʼhomme vertueux possède en effet la théorie et la pratique des actions quʼil doit accomplir. » Diogène Laërce, VII, 126. Les stoïciens impériaux partagent le principe quʼil faut toujours savoir distinguer ce qui est du registre de lʼhomme et ce qui ne lʼest pas. Dans cette perspective, il sʼagit de connaître les limites de notre rayon dʼaction et de comprendre aussi que le jugement que nous portons sur les choses est déterminant Les trois domaines qui dépendent de nous Distinction fondamentale : ce qui dépend et ce qui ne dépend pas de nous Le plus important est la distinction entre ce qui dépend de nous et ce qui ne dépend pas de nous. Tout le Manuel sʼarticule autour de cette distinction. Le jugement, lʼaction et le désir sont sollicités pour bien faire cette distinction. Les trois domaines qui dépendent de nous Le plus important est la distinction de ce qui dépend de nous et ce qui ne dépend pas de nous. Tout le Manuel sʼarticule autour de cette distinction. semaine 3 3 Le jugement, lʼaction et le désir seront sollicités pour faire en sorte que nous parvenions à toujours bien faire cette distinction. A cet égard il faut chercher à appliquer la règle de la distinction dans ces trois domaines. Les représentations sont cruciales dans ce contexte. Les représentations sont issues de nos impressions sensibles et sont precursseurs de nos jugements. Exemple de celui qui navigue en mer (cf. P. Hadot, Introduction, p. 50. Les représentations et leur rôle crucial Les représentations sont issues de nos impressions sensibles et sont les précurseurs de nos jugements. Exemple : celui qui navigue en mer. Un homme navigue en mer. Il voit ce qui lʼentoure: la mer, les vagues, le ciel; il entend le bruit des flots. En voyant cela, il émet, dans un discours intérieur, un premier constat: « il y a du vent », « les vagues sont fortes ». Sʼy ajoutent à présent dʼautres représentations qui sont produites par lui: «la mer est effrayante, elle pourrait mʼengloutir », « on pourrait faire naufrage »... et voilà notre homme pris dʼangoisse face à la mer. (voir commentaire de P. Hadot, Intro au Manuel, p. 50ss. ) Un homme voit la mer et entend les vagues. Il constate :« Il y a du vent », « les vagues sont fortes. » Mais il ajoute des représentations subjectives :« La mer est effrayante », « elle pourrait mʼengloutir. » Ces représentations provoquent son angoisse. On voit donc le passage entre le simple constat de ce quʼil voit et les représentations quʼil ajoute et qui provoque sa peur devant la situation. Ce sur quoi il faut travailler, ce sont ces représentations qui surviennent dans un deuxième temps. Il ne faut pas leur accorder mon assentiment; en le refusant, on garde le calme et on nʼest pas emporté par lʼaffect de la peur. Il faut donc chercher à voir les choses de la manière la plus neutre possible et jamais se laisser envahir par nos émotions → tenter dʼanalyser la survenue de nos émotions et constater quʼelles sont un pathos qui est venu se surajouter à un fait. Le travail sur les représentations : Il faut distinguer entre : Jugements dʼexistence : « Je vois la mer. » Jugements de valeur : « Je vois une mer effrayante qui va mʼengloutir. » En refusant dʼaccorder notre assentiment aux représentations subjectives, nous gardons le calme et ne sommes pas emportés par nos émotions. Il faut donc toujours chercher la « représentation objective », sans laisser venir se surajouter de la subjectivité (cf. Manuel § 45. Lʼessentiel est donc de maîtriser nos représentations. Pour cela, notre bon jugement est central, tant pour le désir, que pour nos actions ou encore nos pensées. Comment procéder? > travailler sur notre « discours intérieur » qui nous influence. Cʼest ce que P. Hadot appelle un « exercice spirituel » et que lʼon trouve dans les § 3, 4, 9 et 12 du Manuel.> mettre en doute notre représentation, se demander si elle nʼest pas erronée = « mettre en examen » notre représentation. Citation : « Il faut dissoudre la violence de la représentation, par la pensée quʼelle nʼest simplement quʼune représentation. » semaine 3 4 Simplicius, Commentaire sur le Manuel, VI, 1415. Il faut toujours tenter de voir les les choses telles quʼelles sont réellement et non pas tels que nous les éprouvons subjectivement. Dans ce contexte, la règle dʼor est toujours de se demander si ce qui est en train de se produire dépend de nous ou pas. Si cela ne dépend pas de moi, cela ne peut en aucun cas être un mal ou malheur et ne me concerne pas.→ seul ce qui dépend de nous peut être un bien ou un mal. Il faut donc travailler sur notre discours intérieur et marquer des temps dʼarrêt pour examiner nos représentations. Ainsi on pourra voir ce que notre représentation nous « dit en plus » (epilegein). But: sʼinfluencer soi-même, mettre en doute nos représentations et se demander si elles ne sont pas erronées. Il faut donc se soumettre à un examen: «...on doit lui dire: ‘Attends, laisse-moi voir qui tu es et dʼoù tu viensʼ , tout comme les gardes de nuit disent: ‘Montre-moi tes papiers » (Entretiens II, 8, 29 En analysant nos jugements on va créer des habitudes qui vont nous permettre de ne plus faire de jugements de valeur. Les disciplines du désir et de lʼaction 1) Désirs Les désirs concernent lʼattraction que nous subissons pour ce que nous pensons être un bien et que nous voulons posséder. Si nous ne lʼavons pas, nous en éprouvons de la peine. De même, ce que nous croyons être un mal nous répugne. 2) Actions Tout ce que nous faisons peut être bon ou mauvais. La règle de conduite Manuel § 2 consiste à : Distinguer ce qui est conforme à la Nature (et peut donc être désiré). Rejeter ce qui est contraire à la Nature. Citation : « Les choses qui sont en notre pouvoir et quʼil serait bien de désirer, elles ne sont pas encore à ta portée. » Manuel, § 2. Si je désire quelque chose qui ne dépend pas de moi, ou si je le prends en aversion, je me mets en position dʼêtre malheureuse, car je ne vais pas pouvoir avoir un impact sur cette chose. En supprimant désir et aversion de ce qui ne dépend pas de moi, je me donne des chances dʼêtre heureuse. Revenir sur lʼaversion: elle doit porter sur les activités de lʼâme conduites de manière irrationnelle et dʼéviter ainsi la faute morale; en revanche elle ne doit pas porter sur ce qui ne dépend pas de nous. Le progressant dans le Manuel Le Manuel prend en compte lʼévolution de celui qui est nommé « le progressant » : Au début, il faut parfois exagérer les positions pour parvenir à adopter lʼattitude adéquate. Ainsi, au § 2 « les choses qui sont en notre pouvoir et quʼil serait bien de désirer, elles ne sont pas encore à ta portée » semaine 3 5 Plus tard, le progressant saura désirer les choses excellentes de manière modérée et raisonnable. I. Épictète et le stoïcisme : principes fondamentaux Bien et mal : Seul le bien moral est un véritable bien → il repose sur la vertu et lʼintention. Le mal est tout ce qui est opposé à la vertu, notamment le vice. Dépendance et indépendance : Ce qui dépend de nous : jugements, actions, désirs, affects. Ce qui ne dépend pas de nous : corps, biens matériels, opinions dʼautrui, événements extérieurs. Règle dʼor stoïcienne : Distinguer ce qui dépend de nous de ce qui ne dépend pas. Sʼattacher uniquement à ce qui est sous notre contrôle pour éviter les souffrances inutiles. Le rôle du jugement : Toute activité humaine repose sur le jugement. Travailler à corriger les jugements erronés et éviter les jugements de valeur inutiles. II. Le Manuel d'Épictète : objectifs et pratiques But : Offrir une philosophie pratique pour guider la vie quotidienne. Aider à adopter des habitudes stoïciennes et cultiver lʼexcellence morale. Exercices pratiques : Exercer la tempérance : ne prendre que ce dont on a besoin (exemple : buffet). Apprendre à accepter les événements tels quʼils arrivent. Développer un a-sentiment face aux émotions, pour garder son calme en toute situation. Les représentations : Ce sont des perceptions immédiates du monde extérieur. Différence entre : Jugement dʼexistence : fait objectif (exemple : "il y a une tempête"). Jugement de valeur : interprétation subjective (exemple : "la tempête est effrayante"). Travailler sur les représentations pour éviter dʼêtre submergé par les émotions. III. La philosophie stoïcienne : fondements théoriques Tripartition de la philosophie : Logique : étudie la raison et les concepts (empirisme). Physique : explique le monde matériel (cosmos, forces naturelles, déterminisme). Éthique : étudie la conduite humaine et la vertu, en harmonie avec la nature. La vertu : semaine 3 6 Vertu = bien moral suprême. Les quatre vertus cardinales : sagesse, courage, tempérance, justice (interconnectées). Harmonie avec la nature : La nature est rationnelle et gouvernée par des lois immuables. Objectif de la vie humaine : vivre en accord avec cette nature rationnelle. IV. Analyse des émotions et désirs Désir et aversion : Désirs → ce que nous voulons atteindre. Aversions → ce que nous cherchons à éviter. Focus sur des désirs rationnels et naturels (ex : santé, bonheur). Ignorer ce qui ne dépend pas de nous (ex : opinions des autres). Comportements irrationnels à éviter : Catastrophisme, surcharge émotionnelle, généralisation excessive, etc. Objectif : rester maître de soi, éviter les extrêmes émotionnels. V. Comparaison avec dʼautres philosophes Sénèque et Marc Aurèle : Sénèque : philosophie comme outil pour vivre sereinement (exemple Lettres à Lucilius). Marc Aurèle : application pratique des principes stoïciens dans sa vie dʼempereur. Aristote et Platon : Aristote : focus sur la logique et les causes premières (métaphysique). Platon : progression vers les grands mystères, exploration des idées/formes. VI. Entraînement pour lʼexamen Exemples de réflexions stoïciennes : Exemple dʼun naufrage : garder le calme en distinguant faits et croyances (la mer est agitée = fait ; "je vais mourir" = croyance). Règles de vie stoïcienne : Toujours se demander : "Cela dépend-il de moi ?" Ne pas se laisser affecter par ce qui échappe à notre contrôle. semaine 3 7 Points-clés : Le bien moral Seul le bien moral (la vertu) compte, tout le reste est indifférent (richesse, maladie, mort). Le mal moral Le seul vrai mal est le vice ou lʼaction mauvaise. Dépendance et indépendance Ce qui dépend de nous inclut nos jugements, actions et désirs. Ce qui ne dépend pas de nous (biens matériels, opinions dʼautrui) doit être ignoré. Jugement Les émotions viennent de nos jugements erronés sur les événements. Représentations Différencier les faits objectifs des jugements subjectifs pour rester maître de soi. Nature et raison Vivre en accord avec la nature rationnelle de lʼunivers est le but suprême. Les vertus cardinales Sagesse, courage, tempérance, et justice sont interconnectées et essentielles. Désir et aversion Désirer uniquement ce qui dépend de nous et ne pas craindre ce qui est hors de notre contrôle. Exercices pratiques Analyser nos pensées, rejeter les représentations subjectives, et cultiver un discours intérieur rationnel. Le progressant Le chemin vers la sagesse demande dʼapprendre à modérer ses désirs et affiner ses jugements. Résumé: Selon Épictète, seule la vertu compte, et rien dʼextérieur (comme la richesse ou la maladie) ne devrait nous affecter. Nos émotions viennent de jugements erronés, et nous devons apprendre à différencier les faits des croyances. Vivre selon la nature rationnelle, cultiver les vertus, et désirer uniquement ce qui dépend de nous permettent d'atteindre la sérénité. semaine 3 8 Notes: semaine 4 Titre: Aristote L'Éthique à Nicomaque Sujet: Philosophie Antique Date: rattrapé le lundi 19 janvier 2025 1. Repères biographiques d'Aristote Naissance et éducation : Né en 384 av. J.C. à Stagire. À 17 ans, intègre l'Académie de Platon à Athènes pour 20 ans d'étude. Carrière et fondation dʼécoles : Après la mort de Platon (348/47), crée une école à Assos. En 343, devient précepteur d'Alexandre le Grand, fils de Philippe II. Retourne à Athènes en 336, où il fonde sa propre école, le Lycée. Exil et décès : En 323, après la mort d'Alexandre, il quitte Athènes pour Chalcis, où il meurt à 62 ans. 2. Les œuvres éthiques d'Aristote Principaux écrits : Éthique à Nicomaque EN : traité majeur. Éthique à Eudème : contient des livres partagés avec l'EN. Les Politiques, Constitution dʼAthènes, Économiques. Sur le titre : Nicomaque pourrait être une dédicace à son fils ou à son père, tous deux portant ce prénom. Citation standard selon l'édition Bekker des œuvres complètes dʼAristote. 3. Orientation générale de l'Éthique à Nicomaque Philosophie pratique : Combine réflexion éthique et action politique. Traité organisé en 10 livres : Le but ultime. Le bien moral. La responsabilité morale et les vertus. Les vertus morales. La justice. Les vertus intellectuelles. Continence, incontinence et plaisir. L'amitié. Fondements de l'amitié. Plaisir et bonheur. 4. Structure de l'Éthique à Nicomaque Quatre sections principales : semaine 4 2 But ultime de la vie humaine (Livre I). Vertus et leurs actions caractéristiques (Livres I.13VI). Relations à soi et aux autres (Livres VIIX.5). Le bonheur reconsidéré (Livres X.68). 5. Les concepts-clés Âge pour lʼétude éthique : La jeunesse est jugée inapte à lʼéthique, car elle manque d'expérience et suit ses passions (EN I, 1095a35). Termes techniques : Eudaimonia : bonheur. Aretê : vertu, excellence. Agathon : bien. Autarkeia : autosuffisance. Ergon : fonction, tâche. 6. Notions sur le bien et le bonheur Types de biens : Biens visibles : plaisirs, honneurs, richesses. Biens changeants : santé, richesse selon les besoins. Bien en soi : supérieur, immuable. Genres de vie (EN I, 1095b1820) : [citation] « Les principaux types de vie sont au nombre de trois: la vie du plaisir, la vie politique, et en troisième lieu la vie contemplative. » EN I 3 1095b1820 Vie de plaisir (la foule). Vie politique (gens cultivés). Vie contemplative (philosophes) – activité humaine la plus élevée. La contemplation est donc dʼemblée indiquée comme activité la plus élevée chez lʼhomme. 7. Critique de Platon Conception platonicienne critiquée : Théorie de lʼIdée du Bien comme forme séparée (choristôs). Aristote souligne lʼinapplicabilité éthique de cette séparation. semaine 4 3 Exemples ironiques contre Platon : un médecin soigne l'individu, non la Santé en soi (EN I 4, 1097a10). 8. Définition du bonheur Argument central : le bien ultime (EN I 56) : Activités vertueuses de l'âme = véritable bonheur. Importance de la fonction propre (ergon) de lʼhomme : penser et exercer ses capacités intellectuelles au plus haut niveau. Elle se fonde sur ce qui est spécifiquement humain en lui : sa capacité de penser, sa faculté intellectuelle semaine 4 4 Lʼâme et ses divisions : Partie rationnelle : associée aux vertus intellectuelles. Partie irrationnelle : influencée par les vertus morales. 9. Les vertus Vertus morales (EN IIV) : (qui agissent sur la partie irrationnelle de lʼâme) = fruit de lʼhabitude Résultat de lʼhabitude. Vise le juste milieu (mesotês) entre excès et défaut : Courage : entre lâcheté et témérité. Modération : entre excès de plaisir et privation. Générosité : entre avarice et prodigalité Résultat de lʼhabitude. Vise le juste milieu (mesotês) entre excès et défaut : Courage : entre lâcheté et témérité. Modération : entre excès de plaisir et privation. Générosité : entre avarice et prodigalité. Vertus intellectuelles (EN VIX) : Résultat de lʼenseignement. Principales vertus : Phronêsis (prudence, sagesse pratique) : elle porte sur ce qui est contingent domaine de lʼaction. Sophia (sagesse théorétique) : contemplation des vérités éternelles. semaine 4 5 10. Contemplation et sagesse La vertu qui rend le plus heureux: On pourrait croire que cʼest la sagesse pratique qui permet à lʼhomme de bien vivre et dʼêtre ainsi heureux. Aristote consacre la majeure partie de son Ethique à Nicomaque à le soutenir. Pourtant, dans son dernier livre (livre X, il repose la question du bonheur et indique que lʼactivité la plus noble est celle de la sagesse contemplative. Activité contemplative : semaine 4 6 La plus noble, plaisante, continue et autosuffisante. Associée au bonheur le plus élevé (EN X 7, 1177a1118). Difficultés pratiques : La vie contemplative est proche de la vie divine, difficilement accessible pour lʼhomme (EN X 7, 1177b2635). La sagesse pratique (phronesis) reste essentielle pour la vie humaine. La vie la plus heureuse (EN X, 6-9): Le bonheur le plus élevé est celui en accord avec lʼactivité conforme à la plus haute vertu. Quelle est la plus parfaite des vertus? La sophia(sagesse)? La sagesse qui contemple les vérités éternelles est décrite comme étant la plus noble, la plus parfaite, la plus stable et continue et la plus auto-suffisante. 11. Conclusion Modèle du sage (Métaphysique I) : Le sage connaît tout, y compris les causes premières. Lʼintellect-principe (noûs) est le modèle ultime de la sagesse humaine. Synthèse finale : La contemplation est lʼactivité humaine la plus élevée. La phronesis et les vertus morales permettent une vie bonne mais restent secondaires par rapport à la vie contemplative. semaine 4 7 Schéma récapitulatif (idée simplifiée) : yaml CopierModifier Bonheur | ----------------- | | Plaisirs Contemplation | | Vie de la foule Vie philosophique | Politique | Sagesse pratique Points-clés : Eudaimonia (bonheur) Le but ultime de l'existence humaine selon Aristote, atteint par des activités vertueuses de l'âme et une vie en accord avec la raison. Aretê (vertu) Une excellence morale ou intellectuelle qui permet à l'homme de vivre en accord avec sa fonction propre (ergon). Ergon (fonction) La tâche ou activité spécifique à l'homme, définie comme l'usage de la raison et la poursuite de la vertu. Mesotês (juste milieu) Concept central des vertus morales, où la vertu est un équilibre entre deux extrêmes, comme le courage entre la lâcheté et la témérité. Phronêsis (prudence) Vertu intellectuelle clé, impliquant une sagesse pratique pour agir correctement dans des situations concrètes. Sophia (sagesse théorétique) Vertu intellectuelle suprême dédiée à la contemplation des vérités éternelles, associée au bonheur le plus élevé. Autarkeia (autosuffisance) Qualité du bonheur véritable, qui ne dépend pas dʼéléments extérieurs mais de l'accomplissement intérieur. Contemplation Activité intellectuelle pure, considérée comme la forme la plus noble de vie humaine et la source de bonheur parfait. Vertus morales et intellectuelles Les premières se développent par l'habitude et concernent les relations humaines, les secondes par l'enseignement et visent la vérité. Critique de Platon Aristote rejette l'idée dʼun Bien séparé, soulignant la nécessité de concepts applicables aux actions humaines. Résumé: Dans LʼÉthique à Nicomaque, Aristote explore la quête du bonheur (eudaimonia), définie comme l'activité vertueuse de l'âme en accord avec la raison. Il distingue les vertus morales (mesotês) des vertus intellectuelles (phronêsis, sophia), valorisant la contemplation comme le bonheur suprême. Rejetant les idées séparées de Platon, il insiste sur la nécessité dʼune éthique ancrée dans lʼaction humaine, où la prudence et l'équilibre jouent un rôle central. semaine 4 8 Notes: semaine 5 Titre: Aristote – Éthique à Nicomaque Approfondissement sur les Vertus Sujet: philosophie systématique Date: rattrapé le 20 janvier 2025 Aristote – Éthique à Nicomaque : Approfondissement sur les Vertus I. Le Bonheur et les Vertus Relation bonheur-vertu : Citation clé : « Puisque le bonheur est une certaine activité de lʼâme en accord avec une vertu parfaite, cʼest la nature de la vertu quʼil nous faut examiner: car peut-être ainsi pourrons-nous mieux considérer la nature du bonheur lui-même. »EN I.13. 1102a56, Trad. Tricot. Bonheur Fin ultime de toutes les actions humaines. Bien humain Réside dans une activité vertueuse de lʼâme. Lʼexcellence (arete) de lʼâme est essentielle. Nécessité Identifier les différentes vertus pour comprendre la nature du bonheur. II. Les deux classes de Vertus Structure de lʼâme : Deux parties de lʼâme : Partie désirante et irrationnelle (orektikon). Partie rationnelle (logon ekei). Correspondance des vertus : Vertus morales (partie désirante) Habitudes acquises par la pratique. Vertus intellectuelles (partie rationnelle) Acquises par enseignement et délibération. III. Les Vertus Morales (Livres II-V) semaine 5 2 A. Nature et acquisition des vertus morales Habitude et pratique : semaine 5 3 Les vertus morales ne sont pas innées : elles nécessitent un apprentissage par répétition. Exemple On devient juste en pratiquant des actions justes EN II.4, 1103a33. Définition précise : Vertu Disposition de lʼâme à bien agir et désirer. Les vertus consistent à désirer le juste milieu dans toutes les situations. B. Le juste milieu (mesotès) semaine 5 4 Concept clé : « La vertu est une sorte de médiété, en ce sens quʼelle vise le moyen. » EN II.5, 1106b28. Recherche dʼun équilibre entre excès et défaut. Relatif à lʼagent et à la situation. Exemple dʼapplication : Courage Entre peur et témérité. Modération Entre insensibilité et excès de plaisir. Grandeur dʼâme Entre arrogance et bassesse. La part de la volonté et de la décision dans lʼaction vertueuse 1. Caractère volontaire des actions vertueuses semaine 5 5 Conditions nécessaires : Les actes vertueux doivent être volontaires. La décision (prohairesis) est essentielle pour quʼun acte soit véritablement vertueux. Caractéristiques de la décision (prohairesis) : Elle porte sur les moyens et non sur les fins. Elle concerne ce qui dépend de nous, contrairement au souhait (boulesis), qui peut viser lʼimpossible. Exemple Nous souhaitons être en bonne santé (fin), mais nous choisissons les moyens pour y parvenir, comme adopter une alimentation équilibrée ou faire de lʼexercice (moyens). De même, nous souhaitons être heureux, mais nous ne pouvons choisir directement cet état. Citation clé : Le souhait porte plutôt sur la fin, et le choix sur les moyens pour parvenir à la fin: par exemple, nous souhaitons être en bonne santé, mais nous choisissons les moyens qui nous feront être en bonne santé; nous pouvons dire encore que nous souhaitons dʼêtre heureux, mais il est inexact de dire que nous choisissons de lʼêtre : car, dʼune façon générale, le choix porte, selon toute apparence, sur les choses qui dépendent de nous. » EN III.4., 1111b2731. 2. Le rôle de la délibération (bouleusis) Lien entre délibération et décision : Une décision vertueuse est précédée dʼune délibération rationnelle. Ce sur quoi nous délibérons détermine les moyens adoptés dans notre décision. Nature de la délibération : On ne délibère jamais sur les fins ultimes. Exemple Un médecin ne délibère pas sur la nécessité de guérir un malade (fin), mais sur les traitements les plus appropriés (moyens). De même, un orateur ne se demande pas sʼil doit persuader, mais comment convaincre son auditoire. Citation clé : « Nous délibérons non pas sur les fins elles-mêmes, mais sur les moyens dʼatteindre les fins. » EN III.5, 1112b1215 3. Bonne délibération et vertu Définition de la bonne délibération : Elle mène à un résultat correct en vue dʼune fin bien définie. Deux niveaux de bonne délibération : Sens absolu Résultat correct par rapport à une fin ultime et universelle (bien en soi). Sens relatif Résultat correct par rapport à une fin particulière déterminée dans un contexte précis. Citation clé : « La bonne délibération au sens absolu est celle qui mène à un résultat correct par rapport à la fin prise absolument. » EN VI.10, 1142b3334 Synthèse : Volonté, décision et délibération semaine 5 6 La vertu réside dans une action volontaire, impliquant une décision éclairée (prohairesis). Cette décision repose sur une délibération rationnelle (bouleusis) qui choisit les meilleurs moyens pour atteindre une fin. La bonne délibération est fondamentale, car elle conditionne la justesse des moyens choisis. IV. Les Vertus Intellectuelles (Livre VI) semaine 5 7 A. Définition et distinction Deux parties rationnelles : Partie scientifique (epistemonikon) Étudie les vérités nécessaires et universelles. Partie calculative (logistikon) Délibère sur les actions contingentes. Deux vertus intellectuelles majeures : Sophia (sagesse théorétique) : Savoir des vérités éternelles et des principes universels. Exemple Thalès. Phronesis (sagacité/prudence) : Délibération et choix dans les affaires humaines. Exemple Périclès. B. Caractéristiques principales Sophia : Vertu supérieure, mais sans utilité pratique directe. Elle est le fruit de lʼétude et de lʼenseignement. Elle se transmet par la raison. Elle correspond à lʼétat de lʼâme qui possède la science et les principes de la science. Vertu de la partie scientifique de lʼâme (epistemonikon) Elle a pour objets le nécessaire et lʼuniversel; « les êtres dʼune nécessité absolue et éternels. EN VI.3., 1139b23. La sophia est divine, elle dépasse les affaires humaines et les intérêts particuliers. Contre Platon République), la sagesse théorétique qui porte sur les objets nécessaires et universels nʼest dʼaucune utilité pour la vie pratique et la réalisation des biens proprement humains. Il faut donc une sagesse pratique, différente de la science, pour réaliser des activités vertueuses dans les affaires humaines. semaine 5 8 Citation clé : « La sagesse est à la fois science et raison intuitive... » EN VI.7, 1141b37. Phronesis : Vise le bien humain et lʼaction pratique. Dépend de lʼexpérience et de la réflexion sur les moyens. La sagacité est la vertu de la partie calculative (logistikon). semaine 5 9 Elle permet la délibération (bouleusis-bouleusthai) et le choix délibéré (prohairesis) sur les meilleurs moyens de lʼaction. Elle sʼacquiert par lʼexpérience et la réflexion sur les objets contingents et les actions ! La sagacité a pour objet ce qui est en notre pouvoir, ce qui est propre à nos intérêts. V. Synthèse : Unité des Vertus Interdépendance des vertus : « Il nʼest pas possible dʼêtre homme de bien au sens strict, sans sagacité, ni sagace sans vertu morale. » EN VI.13, 1144b3132. Un individu qui aurait une intelligence pratique lui permettant de réaliser ses vices ne sera pas sagace, il sera un «malin-deinos» sans vertu morale. Un individu qui aurait des désirs droits mais ne serait pas capable dʼagir et de les réaliser ne serait pas un sagace vertueux, mais simplement «une belle âme» sans vertu. Lʼaction vertueuse est une synthèse du désir et de la raison Unité des vertus morales et intellectuelles : Le bonheur est atteint par une activité harmonieuse de lʼâme : Phronesis (prudence) pour lʼaction humaine. Sophia (sagesse) pour la contemplation des vérités éternelles. semaine 5 10 VI. Modèles de Vie : Débats et Interprétations Double modèle de vie : Vie contemplative (sophia) Supérieure, mais inaccessible à la plupart des humains. Vie pratique (phronesis) Centrée sur les affaires humaines et lʼaction vertueuse. Vie mixte Combine contemplation et action. Tensions dans les textes dʼAristote : Livre X, chapitres 79 Préférence apparente pour la vie contemplative. Problème La phronesis, essentielle dans les autres livres, semble reléguée au second plan. Revenir sur lʼinjonction dʼAristote que lʼhomme doit « sʼimmortaliser, dans la mesure du possible » [allusion au Théétète de Platon!. La nature humaine est double: divine et humaine. La vie selon le noûs: « On admet que la philosophie renferme de merveilleux plaisirs sous le rapport de la pureté et de la stabilité, et il est normal que la joie de connaître soit une occupation plus agréable que la poursuite du savoir » X,7,177a2527. La citation dit que le plaisir de connaître (savourer la vérité) est plus grand que celui de chercher (poursuivre le savoir), car la philosophie offre des joies pures et durables. Schéma récapitulatif semaine 5 11 Classification des vertus : Partie de lʼâme Type de vertu Mode dʼacquisition Exemple Partie désirante (irrationnelle) Vertus morales Pratique répétée (habitude) Courage, modération Partie rationnelle (calculative) Sagacité (phronesis) Expérience et délibération Périclès, politique Partie rationnelle (scientifique) Sagesse (sophia) Enseignement et étude Thalès, principes Conclusion Aristote articule une conception complexe du bonheur : il repose sur lʼéquilibre entre action pratique (phronesis) et sagesse contemplative (sophia). Les vertus morales et intellectuelles sont interdépendantes. Lʼhomme, à la fois rationnel et politique, doit concilier ces deux modèles pour atteindre son plein épanouissement. Points-clés : Bonheur Fin ultime des actions humaines, il est atteint par une activité vertueuse de lʼâme en accord avec sa nature propre. Cʼest lʼaccomplissement parfait de lʼexistence humaine. Arete Excellence) La vertu, ou excellence de lʼâme, est essentielle pour bien agir et bien vivre, constituant la voie vers le bonheur. Vertus morales Habitudes acquises par la pratique, elles permettent à la partie désirante de lʼâme de viser le juste milieu (ex. : courage, modération). Vertus intellectuelles Résultant de lʼenseignement et de la délibération, elles concernent la partie rationnelle de lʼâme (ex. : phronesis, sophia). Juste milieu (mesotès) Concept clé des vertus morales, il désigne lʼéquilibre entre deux extrêmes, relatif à chaque individu et situation (ex. : courage entre peur et témérité). Phronesis Prudence) Capacité de délibération sur les actions humaines, elle guide le comportement éthique dans des situations pratiques. Sophia Sagesse théorétique) Connaissance des vérités universelles et contemplation des principes éternels, elle incarne la perfection intellectuelle. Structure de lʼâme Divisée en partie désirante (irrationnelle) et rationnelle, cette structure correspond aux vertus morales et intellectuelles. Unité des vertus Les vertus morales et intellectuelles sont interdépendantes, et leur harmonie est nécessaire pour atteindre le bonheur. Vie mixte Idéal aristotélicien combinant action vertueuse (pratique) et contemplation (théorétique), reflétant lʼéquilibre entre phronesis et sophia. Résumé: Pour Aristote, le bonheur, but ultime de lʼexistence humaine, repose sur lʼéquilibre entre les vertus morales et intellectuelles. Les vertus morales, acquises par habitude, concernent la partie désirante de lʼâme, tandis que les vertus intellectuelles, fruit de lʼenseignement, relèvent de la partie rationnelle. Lʼharmonie entre action pratique (phronesis) et contemplation (sophia) permet dʼatteindre le plein épanouissement humain. semaine 5 12