Cours 10 : Psychothérapie PSY1901 PDF

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Ce document présente un cours sur la psychothérapie, incluant les différents types d'approches, le cadre thérapeutique, l'alliance thérapeutique et les modalités des séances. L'auteur est Justin Lamontagne, candidat au Ph.D. et spécialisé en psychologie clinique.

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Cours 10 : Psychothérapie PSY1901 : Introduction à la psychologie Justin Lamontagne Candidat au Ph.D. Recherche et intervention - option psychologie clinique Sujets abordés dans ce cours : Qu’est-ce que la psychothérapie ? Cadre thérapeutique Alliance thérapeutique Modalités des séances...

Cours 10 : Psychothérapie PSY1901 : Introduction à la psychologie Justin Lamontagne Candidat au Ph.D. Recherche et intervention - option psychologie clinique Sujets abordés dans ce cours : Qu’est-ce que la psychothérapie ? Cadre thérapeutique Alliance thérapeutique Modalités des séances Les trois grandes approches en psychothérapie : 1. Approche cognitive-comportementale (TCC) ; 2. Approche psychodynamique (psychanalyse) ; 3. Approche humaniste. Qu’est-ce que la psychothérapie ? Psychothérapi e Au Québec, la loi définit la psychothérapie comme suit : « Un traitement psychologique pour un trouble mental, pour des perturbations comportementales ou pour tout autre problème entraînant une souffrance ou une détresse psychologique qui a pour but de favoriser chez le client des changements significatifs dans son fonctionnement cognitif, émotionnel ou comportemental, dans son système interpersonnel, dans sa personnalité ou dans son état de santé. Ce traitement va au-delà d'une aide visant à faire face aux difficultés courantes ou d'un rapport de conseils ou de soutien. » La psychothérapie est un acte réservé depuis 2012 (loi 21). Psychothérapi e Psychothérapie : La psychothérapie est un traitement. Elle cible un trouble ou une difficulté qui suscite de la souffrance. Elle vise des changements. Elle va au-delà de la relation d’aide, de conseil ou de soutien. Psychothérapi e L’efficacité de la psychothérapie : Les premières méta-analyses sur l’efficacité de la psychothérapie sont conduites dans les années 80. En moyenne, une personne ayant reçu une psychothérapie fonctionne mieux que 75% des personnes ayant une problématique similaire et n’ayant pas reçu de psychothérapie (Smith & Glass, 1977). La psychothérapie se montre efficace pour traiter plusieurs troubles psychologiques : Dépression ; Troubles anxieux ; Troubles bipolaires → réduction significative des rechutes ; Trouble obsessionnel-compulsif ; Trouble de stress post-traumatique ; Etc. Psychothérapi e Cadre thérapeutique Réfère aux éléments fixes et aux règles de base qui définissent les limites et la structure de la psychothérapie. Un peu comme le contrat de travail. Engagement commun à respecter le cadre. Cela comprend : Temps → durée et fréquence des séances ; Lieu → cadre physique où se déroule la thérapie ; Frais → paiement convenu pour les services ; Confidentialité ; Limites entre le thérapeute et le client. Flexibilité → ajustements occasionnels du cadre pour répondre aux besoins du client. Psychothérapi e Cadre thérapeutique Permet de créer un climat sécuritaire ; Offre structure et prévisibilité, permettant au thérapeute et au client de se concentrer sur le travail thérapeutique ; Permet d’interpréter les attaques au cadre. Psychothérapi e Alliance thérapeutique Qualité et force du lien de collaboration qui unit le client et le thérapeute. L’alliance thérapeutique inclut trois composantes essentielles : 1. Accord sur les objectifs de traitement ; 2. Accord sur les moyens ; 3. Lien émotionnel. Une bonne alliance thérapeutique est un prédicteur central de l’efficacité du traitement. Augmentation du sentiment de confiance et de confort. Augmentation de l’engagement. Attention particulière du thérapeute aux ruptures d’alliance. Psychothérapi e Modalité générale des séances Séance hebdomadaire (flexibilité possible). Durée d’une séance → 50 minutes. Les séances peuvent être plus ou moins structurées selon l’approche. Deux à quatre premières séances → Évaluation Présentation du cadre, des limites de la confidentialité et signature du formulaire de consentement ; Exploration des motifs de consultation ; Évaluation des difficultés ; Anamnèse → recueillir des informations sur l'histoire personnelle, médicale et sociale d'un individu ; Bilan de l’évaluation ; Présentation de la compréhension clinique ; Accord sur les objectifs de traitement et les moyens. Les séances suivantes → Intervention Approche cognitive-comportementale (TCC) Cognitive- comportementale But de la thérapie Diminuer les symptômes par la modification des comportements et des cognitions dysfonctionnels et inadaptés. Certaines méthodes thérapeutiques sont basées sur les théories de l’apprentissage : Conditionnement classique ; Conditionnement opérant ; Apprentissage par observation. Cognitive- comportementale Posture thérapeutique Directif Actif Posture d’expert Communication éclairée Spécificité sur les modalités des séances Structurées P.ex., utilisation de thérapie manualisée Exercices à faire à la maison entre les séances Durée du suivi thérapeutique → généralement brève Environ 15 séances pour les troubles dépressif et anxieux. Environ 1 à 2 ans (et plus) pour les troubles de la personnalité. Cognitive- comportementale Méthodes thérapeutiques en TCC Psychoéducation Entraînement à la relaxation Relaxation musculaire progressive de Jacobson Respiration diaphragmatique Technique de « grounding » Exposition In vivo En imagination En réalité virtuelle Intéroceptive Activation comportementale Restructuration cognitive Cognitive- comportementale Psychoéducation Une intervention qui vise à fournir aux clients des informations sur les concepts psychologiques et leurs problèmes spécifiques. Surtout réalisée lors des premières séances d’intervention. P.ex., expliquer aux clients les distorsions cognitives et leurs impacts sur son fonctionnement. Objectifs : Améliorer la compréhension ; Construire un langage commun ; Faciliter l’adhésion aux traitements. Cognitive- comportementale Entraînement à la relaxation 1. Relaxation progressive de Jacobson Détente successive de chacun des groupes musculaires en contractant puis décontractant les muscles. Effet relaxant. Prendre conscience de la tension musculaire causée par l’anxiété, peur ou colère. 2. Respiration diaphragmatique Technique de respiration profonde qui implique l'utilisation du diaphragme pour favoriser une respiration plus efficace et apaisante. Couramment utilisée pour réduire l’anxiété. 3. Technique de « grounding » Concentrer son attention sur les stimuli visuels, auditifs, somatosensoriels dans l’environnement immédiat. Peut être utile lorsque le client devient submergé par une émotion ou qu’une dissociation survient. Cognitive- comportementale Exposition Utilisée principalement pour traiter les troubles anxieux S’exposer progressivement au stimulus ou à la situation anxiogène. L'objectif est de diminuer progressivement l'anxiété ou la peur par un processus appelé habituation. En répétant l'exposition, la réponse émotionnelle diminue, et la personne développe un sentiment de maîtrise face à ce qui l'effrayait. L’exposition doit être assez intense pour provoquer une réponse d’anxiété/peur, mais pas trop, pour ne pas submerger le client. Élaboration d’une hiérarchie des situations anxiogènes. Le client et le thérapeute identifie les situations anxiogènes ; Les classe par ordre de croissance de difficulté ou d’intensité émotionnelle. Le client s’expose aux situations de la hiérarchie, en progressant de la moins anxiogène à la plus anxiogène. Cognitive- comportementale Cognitive- comportementale Exposition Différents types d’exposition : 1. Exposition In vivo → s’exposer à la situation anxiogène dans la réalité. 2. Exposition en imagination → demander au client d’imaginer la situation anxiogène. 3. Exposition intéroceptive → s’exposer aux sensations physiques craintes. Pour traiter le trouble panique. https://www.youtube.com/watch?v=sigXTV5QXik 4. Exposition en réalité virtuelle → s’exposer à la situation anxiogène par le biais d’un casque de réalité virtuelle. Cognitive- comportementale Activation comportementale Surtout utilisé pour le traitement de la dépression. Repose sur l'idée que les comportements jouent un rôle clé dans le maintien des symptômes dépressifs. Inaction ou évitement = renforcent les symptômes dépressifs. Reprise des activités significatives et agréables = brise le cercle vicieux. Objectifs de l’intervention : Identifier les activités qui contribuent à améliorer l'humeur. Réintroduire progressivement ces activités dans la vie quotidienne. L’activation comportementale permet au client de faire l’expérience de renforçateur. Cognitive- comportementale Restructuration cognitive Consiste à modifier les distorsions cognitives en remplaçant les pensées ou croyances dysfonctionnelles par des pensées ou croyances plus équilibrées et adaptées. 1. Identifier les pensées dysfonctionnelles 2. Examiner si les pensées sont basées sur des faits ou des suppositions. 3. Formuler des pensées alternatives plus rationnelles, réalistes et adaptées à la situation. Questionnement socratique Méthode de dialogue guidé dans laquelle le thérapeute pose des questions ouvertes. Exemples de questions : Évaluer les preuves : « Quelles preuves soutiennent ou contredisent cette pensée ? » Explorer des alternatives : « Y a-t-il une autre façon de voir cette situation ? » Examiner les conséquences : « Que se passerait-il si cette pensée était vraie ? Et si elle ne l'était pas ? » Favorise l'auto-réflexion plutôt que de fournir directement des réponses. Encourage le client à examiner ses pensées de manière critique et à découvrir ses propres contre-arguments ou alternatives. Approche psychodynamique (psychanalyse) Psychodynamiqu e But de la thérapie Réduire les symptômes par le biais de la résolution des conflits intrapsychiques. Diminution des mécanismes de défense rigides et inadaptés. Psychodynamiqu e Posture thérapeutique Attitude analytique Neutralité thérapeutique Évite de prendre parti dans les conflits du patient Absence de jugement Exemple 1 : - Un patient explique qu'il se sent coupable parce qu'il a menti à son partenaire pour éviter un conflit. - Sans neutralité : Le thérapeute pourrait dire : « Vous devriez dire la vérité à votre partenaire. » - Avec neutralité : « Parlez-moi de ce qui vous pousse à mentir et de ce qui vous retient de dire la vérité. » Exemple 2 : - Un patient commence à exprimer de la colère envers le thérapeute, l'accusant de ne pas être assez empathique. - Sans neutralité : Le thérapeute pourrait se défendre ou tenter de rassurer immédiatement : « Ce n'est pas vrai, je fais de mon mieux pour être présent pour vous. » - Avec neutralité : « Pouvez-vous m'en dire plus sur ce que vous ressentez à mon égard et sur ce qui vous donne cette impression ? » Psychodynamiqu e Posture thérapeutique Non-directif Exception → gestion de crise Peu de dévoilement de soi Spécificité sur les modalités des séances Non-structurées Psychanalyse traditionnelle → le patient est allongé sur le divan. Disposition désormais peu courante. Face à face. Pas de limite à la durée du suivi thérapeutique. Psychodynamiqu e Transfert Phénomène par lequel un patient reporte sur le thérapeute des sentiments intenses (p.ex., amour, hostilité) qu’il a éprouvé pour une autre personne et qui ont été refoulé dans l’inconscient. Autrement dit, les « patrons relationnels » sont rejoués avec le thérapeute. Permet d'explorer les dynamiques émotionnelles profondes et les relations du patient avec les autres. Contre-transfert Fait référence aux réactions émotionnelles, conscientes ou non, du thérapeute envers le patient. Ces réactions peuvent être influencées par les propres expériences ou conflits du thérapeute. Le contre-transfert est un outil puissant ! Lorsqu'il est conscientisé et géré, il peut aider le thérapeute à mieux comprendre les enjeux relationnels du patient. S’il n’est pas maîtrisé, il peut nuire à la relation thérapeutique. Psychodynamiqu e Interprétation Méthode thérapeutique centrale. Utilisée pour aider le patient à prendre conscience de ses conflits inconscients, désirs refoulés ou mécanismes de défense. Permet d’établir des liens entre les expériences passées (souvent dans l'enfance), les relations actuelles et les difficultés émotionnelles ou comportementales. Favorise l’insight. Catharsis Libération de la charge émotionnelle associée à un conflit intrapsychique. Selon Freud, pour que cela survienne, il faut que se produise le transfert. Approche humaniste Humaniste But de la thérapie Selon Rogers, le but ultime de la thérapie est d’amener la personne à s’engager dans un processus d’exploration et d’expression personnelles visant l’actualisation de soi. Favoriser l’autonomie du client en le mettant dans une posture de choix. Accroître la conscience de soi pour mieux naviguer dans les défis de la vie. Amener le client à découvrir et utiliser ses forces. Humaniste Posture thérapeutique Les trois attitudes fondamentales du thérapeute : 1. Empathie Compréhension profonde des pensées, émotions et expériences du client du point de vue de ce dernier. Capacité de « se mettre à la place » du client. Exemple : - Client : « J’ai l’impression de courir partout, de ne jamais être à la hauteur, que ce soit au travail ou à la maison. C’est épuisant. » - Thérapeute : « Ça doit être incroyablement difficile de ressentir que, peu importe combien d’efforts vous faites, vous n’arrivez jamais à répondre à toutes les attentes. Cela vous donne peut-être le sentiment d’être constamment sous pression, sans répit ? » Humaniste Posture thérapeutique Les trois attitudes fondamentales du thérapeute : 2. Considération positive inconditionnelle Accepte le client sans conditions ni jugement, quelles que soient les actions ou les pensées exprimées. Crée un espace sûr où le client peut s’exprimer pleinement. Exemple : - Le client hésite à entreprendre une action qui pourrait être perçue comme "contre-productive" (par exemple, choisir de rester dans une relation difficile). - Le thérapeute continue à l'accompagner avec le même soutien, en explorant ses sentiments et motivations, plutôt que d’essayer de le convaincre ou de le diriger. Humaniste Posture thérapeutique Les trois attitudes fondamentales du thérapeute : 3. Authenticité Le thérapeute est sincère et transparent dans la relation, sans jouer de rôle ou se cacher derrière une façade professionnelle. Congruence du thérapeute → aligné entre ses pensées / émotions et ses actions. Exemple : - Le client parle d’un sujet complexe, et le thérapeute ne se sent pas capable de fournir une réponse immédiate ou définitive. - Thérapeute : « Je comprends que cela peut être frustrant, mais je dois avouer que je n’ai pas une réponse toute faite à cela. Ce n’est pas simple, mais nous pouvons l’explorer ensemble. » Humaniste Posture thérapeutique Non-directif Confiance envers la capacité du client à s'actualiser. Accent sur « l'ici et maintenant ». Exemple : - Si un client parle d’un conflit passé, le thérapeute pourrait poser une question comme : - « Quand vous me parlez de ce conflit, comment vous sentez-vous en ce moment dans cette pièce ? » - L’intervention permet de ramener le client à son expérience actuelle, plutôt que de rester dans une analyse intellectuelle ou distante. Ouverture au dévoilement de soi. Collaboration entre le thérapeute et le client. Thérapeute = maître du processus ; Client = maître du contenu. Le thérapeute s’assure que le voyage (processus) se passe bien, tandis que le client décide où il veut aller (contenu). Humaniste Reflet Intervention par laquelle le thérapeute communique dans ses propres mots l’émotion ou l’expérience subjective qu’il croit avoir perçu chez le client. Rôles : 1. Clarifier le vécu subjectif ; 2. Valider et communiquer son empathie ; 3. Encourager davantage l’exploration. Exemple 1 : - Client : « Je me sens vraiment dépassé ces temps-ci. Entre le travail, les enfants, et tout ce que j’ai à gérer à la maison, j’ai l’impression de ne jamais avoir une minute pour moi. Et même quand j’en ai, je me sens mal de ne pas faire quelque chose d’utile. » - Thérapeute : « Vous vous sentez submergé par toutes vos responsabilités, et même quand vous avez un moment pour vous, c’est difficile d’en profiter parce que vous vous sentez coupable. » Humaniste Reflet Exemple 2 : - Client : « Je ne veux pas parler de ma famille. Ce sont juste des souvenirs que je préfère oublier. » - Thérapeute : « Parler de votre famille semble douloureux, comme si revisiter ces souvenirs risquait de rouvrir des blessures encore sensibles. » Exemple 3 : - Client : « Quand je suis avec mes amis, tout va bien, mais dès que je suis seul, je me sens vide. » - Thérapeute : « Il semble que la solitude amplifie ce sentiment de vide, comme si le contact avec les autres masquait un besoin plus profond qui reste insatisfait. » Humaniste Dialogue de la chaise vide Le thérapeute place une chaise vide devant le patient. Cette chaise représente symboliquement une personne ou une partie de soi. Le client est invité à imaginer que cette chaise est occupée et à entrer en dialogue avec cette « présence ». Le client peut alors : Exprimer ses sentiments et pensées à cette « présence » ; Changer de chaise pour jouer le rôle de cette « présence ». Objectifs : Favorise une prise de conscience et libère une charge affective. Permet l’exploration et la résolution des conflits internes ou interpersonnels.

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