Le Bourgeois Gentilhomme (Acte I) - Molière PDF

Summary

Le document est un extrait de la pièce Le Bourgeois Gentilhomme de Molière, une comédie-ballet de 1671. Il présente une liste des personnages et des extraits de l'Acte I, décrivant les scènes initiales avec le Maître de musique et de danse, préparant une sérénade pour Monsieur Jourdain. L'extrait met en évidence le sujet de la noblesse et les relations.

Full Transcript

LE BOURGEOIS GENTILHOMME (1671) – UNE COMÉDIE BALLET DE MOLIÈRE PERSONNAGES (liste adaptée)BAPTISTE.D MONSIEUR JOURDAIN, bourgeois. MADAME JOURDAIN, sa femme. JADE.M NICOLE, servante. PAULINE MAÎTRE DE MUSIQUE. BATISTE.M MAÎTRE À DANSER.EOLYNE MAÎTRE DE PHILOSOPHIE. CLEOPHEE...

LE BOURGEOIS GENTILHOMME (1671) – UNE COMÉDIE BALLET DE MOLIÈRE PERSONNAGES (liste adaptée)BAPTISTE.D MONSIEUR JOURDAIN, bourgeois. MADAME JOURDAIN, sa femme. JADE.M NICOLE, servante. PAULINE MAÎTRE DE MUSIQUE. BATISTE.M MAÎTRE À DANSER.EOLYNE MAÎTRE DE PHILOSOPHIE. CLEOPHEE MAÎTRE TAILLEUR. JADE.G GARCONS TAILLEURS OCEANE/LIHAM DEUX LAQUAIS. ALEXENDRE/SONNY PLUSIEURS MUSICIENS, musiciennes, joueurs d'instruments, danseurs. ACTE I L'ouverture se fait par un grand assemblage d'instruments ; et dans le milieu du théâtre on voit un élève du Maître de musique, qui compose sur une table un air que le Bourgeois a demandé pour une sérénade. SCÈNE I. Maître de musique, Maître à danser, trois Musiciens, deux Violons, quatre Danseurs. LE MAÎTRE DE MUSIQUE, parlant à ses musiciens. - Venez, entrez dans cette salle, et vous reposez là, en attendant qu'il vienne. LE MAÎTRE À DANSER, parlant aux Danseurs. - Et vous aussi, de ce côté. LE MAÎTRE DE MUSIQUE, à l'élève. - Est-ce fait ? L'ÉLÈVE. - Oui. LE MAÎTRE DE MUSIQUE. - Voyons... Voilà qui est bien. LE MAÎTRE À DANSER. - Est-ce quelque chose de nouveau ? LE MAÎTRE DE MUSIQUE. - Oui, c'est un air pour une sérénade, que je lui ai fait composer ici, en attendant que notre homme fût éveillé. LE MAÎTRE À DANSER. - Peut-on voir ce que c'est ? LE MAÎTRE DE MUSIQUE. - Vous l'allez entendre, avec le dialogue, quand il viendra. Il ne tardera guère. LE MAÎTRE À DANSER. - Nos occupations, à vous, et à moi, ne sont pas petites maintenant. LE MAÎTRE DE MUSIQUE. - Il est vrai. Nous avons trouvé ici un homme comme il nous le faut à tous deux ; ce nous est une douce rente que ce Monsieur Jourdain, avec les visions de noblesse et de galanterie qu'il est allé se mettre en tête ; et votre danse et ma musique auraient à souhaiter que tout le monde lui ressemblât. LE MAÎTRE À DANSER. Non pas entièrement ; et je voudrais pour lui qu'il se connût mieux qu'il ne fait aux choses que nous lui donnons. LE MAÎTRE DE MUSIQUE. - Il est vrai qu'il les connaît mal, mais il les paye bien ; et c'est de quoi maintenant nos arts ont plus besoin que de toute autre chose. LE MAÎTRE À DANSER. - Pour moi, je vous l'avoue ; je me repais un peu de gloire ; les applaudissements me touchent ; et je tiens que dans tous les beaux arts, c'est un supplice assez fâcheux que de se produire à des sots que d'essuyer sur des compositions la barbarie d'un stupide. Il y a plaisir, ne m'en parlez point, à travailler pour des personnes qui soient capables de sentir les délicatesses d'un art, qui sachent faire un doux accueil aux beautés d'un ouvrage, et par de chatouillantes approbations vous régaler de votre travail. Oui, la récompense la plus agréable qu'on puisse recevoir des choses que l'on fait, c'est de les voir connues, de les voir caressées d'un applaudissement qui vous honore. Il n'y a rien, à mon avis, qui nous paye mieux que cela de toutes nos fatigues ; et ce sont des douceurs exquises que des louanges éclairées. LE MAÎTRE DE MUSIQUE. - J'en demeure d'accord, et je les goûte comme vous. Il n'y a rien assurément qui chatouille davantage que les applaudissements que vous dites. Mais cet encens ne fait pas vivre ; des louanges toutes pures ne mettent point un homme à son aise : il y faut mêler du solide ; et la meilleure façon de louer, c'est de louer avec les mains. C'est un homme, à la vérité, dont les lumières sont petites, qui parle à tort et à travers de toutes choses, et n'applaudit qu'à contre-sens ; mais son argent redresse les jugements de son esprit ; il a du discernement dans sa bourse ; ses louanges sont monnayées ; et ce bourgeois ignorant nous vaut mieux, comme vous voyez, que le grand seigneur éclairé qui nous a introduits ici. LE MAÎTRE À DANSER. - Il y a quelque chose de vrai dans ce que vous dites ; mais le trouve que vous appuyez un peu trop sur l'argent ; et l'intérêt est quelque chose de si bas, qu'il ne faut jamais qu'un honnête homme montre pour lui de l'attachement. LE MAÎTRE DE MUSIQUE. - Vous recevez fort bien pourtant l'argent que notre homme vous donne. LE MAÎTRE À DANSER. - Assurément ; mais je n'en fais pas tout mon bonheur, et je voudrais qu'avec son bien il eût encore quelque bon goût des choses. LE MAÎTRE DE MUSIQUE. - Je le voudrais aussi, et c'est à quoi nous travaillons tous deux autant que nous pouvons. Mais, en tout cas, il nous donne moyen de nous faire connaître dans le monde ; et il payera pour les autres ce que les autres loueront pour lui. LE MAÎTRE À DANSER. - Le voilà qui vient. LE BOURGEOIS GENTILHOMME (1671) – UNE COMÉDIE BALLET DE MOLIÈRE ACTE I SCÈNE II. (extraits) Monsieur Jourdain, deux Laquais, Maître de musique ; Maître à danser, musiciens et danseurs. MONSIEUR JOURDAIN. - Hé bien, Messieurs ? Qu'est-ce ? Me ferez-vous voir votre petite drôlerie. LE MAÎTRE À DANSER. - Comment ? Quelle petite drôlerie ? MONSIEUR JOURDAIN. - Eh la... Comment appelez-vous cela ? Votre prologue ou dialogue de chansons et de danse. LE MAÎTRE À DANSER. - Ah ! Ah ! LE MAÎTRE DE MUSIQUE. - Vous nous y voyez préparés. MONSIEUR JOURDAIN. 6 Je vous ai fait un peu attendre, mais c'est que je me fais habiller aujourd'hui comme les gens de qualité ; et mon tailleur m'a envoyé des bas de soie que j'ai pensé ne mettre jamais. LE MAÎTRE DE MUSIQUE. - Nous ne sommes ici que pour attendre votre loisir. MONSIEUR JOURDAIN. - Je vous prie tous deux de ne vous point en aller, qu'on ne m'ait apporté mon habit, afin que vous me puissiez voir. LE MAÎTRE À DANSER. - Tout ce qu'il vous plaira. MONSIEUR JOURDAIN. - Vous me verrez équipé comme il faut, depuis les pieds jusqu'à la tête. LE MAÎTRE DE MUSIQUE. - Nous n'en doutons point. MONSIEUR JOURDAIN. - Je me suis fait faire cette indienne-ci. LE MAÎTRE À DANSER. - Elle est fort belle. MONSIEUR JOURDAIN.- Mon tailleur m'a dit que les gens de qualité étaient comme cela le matin. LE MAÎTRE DE MUSIQUE. - Cela vous sied à merveille. (…) MONSIEUR JOURDAIN. - Que dites-vous de mes livrées ? LE MAÎTRE À DANSER. - Elles sont magnifiques. MONSIEUR JOURDAIN. - Il entr'ouvre sa robe et fait voir un haut-de-chausses étroit de velours rouge, et une camisole de velours vert, dont il est vêtu. Voici encore un petit déshabillé pour faire le matin mes exercices. LE MAÎTRE DE MUSIQUE. - Il est galant. (.…) MONSIEUR JOURDAIN. - Me trouvez-vous bien comme cela ? LE MAÎTRE À DANSER. - Fort bien. On ne peut pas mieux. MONSIEUR JOURDAIN. - Voyons un peu votre affaire. LE MAÎTRE DE MUSIQUE. (désignant un musicien) - Je voudrais bien auparavant vous faire entendre un air qu'il vient de composer pour la sérénade que vous m'avez demandée. C'est un de mes écoliers, qui a pour ces sortes de choses un talent admirable. MONSIEUR JOURDAIN. - Oui ; mais il ne fallait pas faire faire cela par un écolier, et vous n'étiez pas trop bon vous-même pour cette besogne-là. LE MAÎTRE DE MUSIQUE. - Il ne faut pas, Monsieur, que le nom d'écolier vous abuse. Ces sortes d'écoliers en savent autant que les plus grands maîtres, et l'air est aussi beau qu'il s'en puisse faire. Écoutez seulement. MONSIEUR JOURDAIN. - Donnez-moi ma robe pour mieux entendre... Attendez, je crois que je serai mieux sans robe... Non ; redonnez-la-moi, cela ira mieux. MUSICIEN, chantant. Je languis nuit et jour, et mon mal est extrême, Depuis qu'à vos rigueurs vos beaux yeux m'ont soumis ; Si vous traitez ainsi, belle Iris, qui vous aime, Hélas ! Que pourriez-vous faire à vos ennemis ? MONSIEUR JOURDAIN. - Cette chanson me semble un peu lugubre, elle endort, et je voudrais que vous la pussiez un peu ragaillardir par-ci, par-là. LE MAÎTRE DE MUSIQUE. - Il faut, Monsieur, que l'air soit accommodé aux paroles. (…) ADAPTE / MONSIEUR JOURDAIN. (se détournant vers le maître de musique et faisant partir d’un geste méorisant le musicien) - Est-ce que les gens de qualité apprennent aussi la musique ? Maître de musique - Oui, Monsieur. Monsieur Jourdain - Je l'apprendrai donc. Mais je ne sais quel temps je pourrai prendre ; car, outre le Maître d'armes qui me montre, j'ai arrêté encore un Maître de philosophie, qui doit commencer ce matin. Maître de musique - La philosophie est quelque chose ; mais la musique, Monsieur, la musique. Maître à danser - La musique et la danse. La musique et la danse, c'est là tout ce qu'il faut. ADAPTE / Les deux maîtres entrent en conflit. La tension monte… Maître de musique - Il n'y a rien qui soit si utile dans un état que la musique. Maître à danser - Il n'y a rien qui soit si nécessaire aux hommes que la danse. Maître de musique - Sans la musique, un état ne peut subsister. Maître à danser - Sans la danse, un homme ne saurait rien faire. Maître de musique - Tous les désordres, toutes les guerres qu'on voit dans le monde, n'arrivent que pour n'apprendre pas la musique. Maître à danser - Tous les malheurs des hommes, tous les revers funestes dont les histoires sont remplies, les bévues des politiques, et les manquements des grands capitaines, tout cela n'est venu que faute de savoir danser. Monsieur Jourdain - Comment cela ? Maître de musique - La guerre ne vient-elle pas d'un manque d'union entre les hommes ? Monsieur Jourdain - Cela est vrai. Maître de musique - Et si tous les hommes apprenaient la musique, ne serait-ce pas le moyen de s'accorder ensemble, et de voir dans le monde la paix universelle ? Monsieur Jourdain - Vous avez raison. Maître à danser - Lorsqu'un homme a commis un manquement dans sa conduite, soit aux affaires de sa famille, ou au gouvernement d'un état, ou au commandement d'une armée, ne dit-on pas toujours "Un tel a fait un mauvais pas dans une telle affaire" ? Monsieur Jourdain - Oui, on dit cela. Maître à danser - Et faire un mauvais pas peut-il procéder d'autre chose que de ne savoir pas danser ? Monsieur Jourdain - Cela est vrai, vous avez raison tous deux. ADAPTE / Premier Laquais - Monsieur, voilà votre maître [de philosophie] qui est là. Monsieur Jourdain - Dis-lui qu'il entre ici pour me donner leçon. Je veux que vous me voyiez faire. ADAPTE / Et s’il vous plaît Messieurs, calmez-là votre colère ! ACTE II Scène III (texte adapté) Maître de philosophie, Maître de musique, Maître à danser, Monsieur Jourdain, Laquais Monsieur Jourdain - Holà, Monsieur le Philosophe, vous arrivez tout à propos avec votre philosophie. Venez un peu mettre la paix entre ces personnes-ci. Maître de philosophie - Qu'est-ce donc ? qu'y a-t-il, Messieurs ? Monsieur Jourdain - Ils se sont mis en colère pour la préférence de leurs professions. Maître de philosophie - Hé quoi ? Messieurs, faut-il s'emporter de la sorte ? Et n'avez-vous point lu le docte traité que Sénèque a composé de la colère ? Y a-t-il rien de plus bas et de plus honteux que cette passion, qui fait d'un homme une bête féroce ? Et la raison ne doit-elle pas être maîtresse de tous nos mouvements ? Maître à danser - Comment, Monsieur, il vient nous dire des injures à tous deux, en méprisant la danse que j'exerce, et la musique dont il fait profession ? Maître de philosophie - Un homme sage est au-dessus de toutes les injures qu'on lui peut dire ; et la grande réponse qu'on doit faire aux outrages, c'est la modération et la patience. (…) Maître à danser - Je lui soutiens que la danse est une science à laquelle on ne peut faire assez d'honneur. Maître de musique - Et moi, que la musique en est une que tous les siècles ont révérée. Maître de philosophie - Et que sera donc la philosophie ? Je vous trouve tous deux bien impertinents de parler devant moi avec cette arrogance et de donner impudemment le nom de science à des choses que l'on ne doit pas même honorer du nom d'art, et qui ne peuvent être comprises que sous le nom de métier misérable de chanteur et de baladin ! Maître de musique - Allez, belître de pédant. Maître à danser - Allez, cuistre fieffé. Maître de philosophie - Comment ? Marauds que vous êtes... (Le Philosophe se jette sur eux, et tous (deux) le chargent de coups, et sortent en se battant.) Monsieur Jourdain - Monsieur le Philosophe ! Maître de philosophie - Infâmes ! coquins ! insolents ! Monsieur Jourdain - Monsieur le Philosophe ! Maître d'armes - La peste l'animal ! Monsieur Jourdain - Messieurs ! Maître de philosophie - Impudents ! Monsieur Jourdain - Monsieur le Philosophe ! Maître à danser - Diantre soit de l'âne bâté ! Monsieur Jourdain - Messieurs ! Maître de philosophie - Scélérats ! Monsieur Jourdain - Monsieur le Philosophe ! Maître de musique - Au diable l'impertinent ! Monsieur Jourdain - Messieurs. Maître de philosophie - Fripons ! gueux ! traîtres ! Imposteurs ! ADAPTE / (Les maîtres à danser et de musique perdent le combat et s’enfuient.) ACTE II Scène IV (adaptée) Maître de philosophie ; Monsieur Jourdain Maître de philosophie, en raccommodant son collet. - Venons à notre leçon. Monsieur Jourdain - Ah ! Monsieur, je suis fâché des coups qu'ils vous ont donnés. Maître de philosophie - Cela n'est rien. Un philosophe sait recevoir comme il faut les choses, et je vais composer contre eux une satire du style de Juvénal, qui les déchirera de la belle façon. Laissons cela. Que voulez-vous apprendre ? Monsieur Jourdain - Tout ce que je pourrai, car j'ai toutes les envies du monde d'être savant ; et j'enrage que mon père et ma mère ne m'aient pas fait bien étudier dans toutes les sciences, quand j'étois jeune. (...) Maître de philosophie - N'avez-vous point quelques principes, quelques commencements des sciences ? Monsieur Jourdain - Oh ! oui, je sais lire et écrire. Maître de philosophie - Par où vous plaît-il que nous commencions ? Voulez-vous que je vous apprenne la logique ? Monsieur Jourdain - Qu'est-ce que c'est que cette logique ? Maître de philosophie - C'est elle qui enseigne les trois opérations de l'esprit. Monsieur Jourdain - Qui sont-elles, ces trois opérations de l'esprit ? Maître de la philosophie - La première, la seconde et la troisième. La première est de bien concevoir par le moyen des universaux. La seconde de bien juger par le moyen des catégories ; et la troisième, de bien tirer une conséquence par le moyen des figures Barbara, Celarent, Darii, Ferio, Baralipton, etc. Monsieur Jourdain - Voilà des mots qui sont trop rébarbatifs. Cette logique-là ne me revient point. Apprenons autre chose qui soit plus joli. Maître de philosophie - Voulez-vous apprendre la morale ? Monsieur Jourdain - La morale ? Maître de philosophie - Oui. Monsieur Jourdain - Qu'est-ce qu'elle dit, cette morale ? Maître de philosophie - Elle traite de la félicité, enseigne aux hommes à modérer leurs passions, et... Monsieur Jourdain - Non, laissons cela. Je suis bilieux comme tous les diables ; et il n'y a morale qui tienne, je me veux mettre en colère tout mon soûl, quand il m'en prend envie. Maître de philosophie - Est-ce la physique que vous voulez apprendre ? Monsieur Jourdain - Qu'est-ce qu'elle chante, cette physique ? Maître de philosophie - La physique est celle qui explique les principes des choses naturelles, et les propriétés du corps ; qui discourt de la nature des éléments, des métaux, des minéraux, des pierres, des plantes et des animaux, et nous enseigne les causes de tous les météores, l'arc-en-ciel, les feux volants, les comètes, les éclairs, le tonnerre, la foudre, la pluie, la neige, la grêle, les vents et les tourbillons. Monsieur Jourdain - Il y a trop de tintamarre là dedans, trop de brouillamini. Maître de philosophie - Que voulez-vous donc que je vous apprenne ? Monsieur Jourdain - Apprenez-moi l'orthographe. Maître de philosophie - Très volontiers. Monsieur Jourdain - Après, vous m'apprendrez l'almanach, pour savoir quand il y a de la lune et quand il n'y en a point. Maître de philosophie - Soit. Pour bien suivre votre pensée et traiter cette matière en philosophe, il faut commencer selon l'ordre des choses, par une exacte connoissance de la nature des lettres, et de la différente manière de les prononcer toutes. Et là-dessus j'ai à vous dire que les lettres sont divisées en voyelles, ainsi dites voyelles parce qu'elles expriment les voix ; et en consonnes, ainsi appelées consonnes parce qu'elles sonnent avec les voyelles, et ne font que marquer les diverses articulations des voix. Il y a cinq voyelles ou voix : A, E, I, O, U. Monsieur Jourdain - J'entends tout cela. Maître de philosophie - La voix A se forme en ouvrant fort la bouche : A. Monsieur Jourdain - A, A. Oui. Maître de philosophie - La voix E se forme en rapprochant la mâchoire d'en bas de celle d'en haut : A, E. Monsieur Jourdain - A, E, A, E. Ma foi ! oui. Ah ! que cela est beau ! Maître de philosophie - Et la voix I en rapprochant encore davantage les mâchoires l'une de l'autre, et écartant les deux coins de la bouche vers les oreilles : A, E, I. Monsieur Jourdain - A, E, I, I, I, I. Cela est vrai. Vive la science ! Maître de philosophie - La voix O se forme en rouvrant les mâchoires, et rapprochant les lèvres par les deux coins, le haut et le bas : O. Monsieur Jourdain - O, O. Il n'y a rien de plus juste. A, E, I, O, I, O. Cela est admirable ! I, O, I, O. Maître de philosophie - L'ouverture de la bouche fait justement comme un petit rond qui représente un O. Monsieur Jourdain - O, O, O. Vous avez raison. O. Ah ! la belle chose, que de savoir quelque chose ! Maître de philosophie - La voix U se forme en rapprochant les dents sans les joindre entièrement, et allongeant les deux lèvres en dehors, les approchant aussi l'une de l'autre sans les joindre tout à fait : U Monsieur Jourdain - U, U. Il n'y a rien de plus véritable : U. Maître de philosophie - Vos deux lèvres s'allongent comme si vous faisiez la moue : d'où vient que si vous la voulez faire à quelqu'un, et vous moquer de lui, vous ne sauriez lui dire que : U. Monsieur Jourdain - U, U. Cela est vrai. Ah ! que n'ai-je étudié plus tôt, pour savoir tout cela ? Maître de philosophie - Demain, nous verrons les autres lettres, qui sont les consonnes. Monsieur Jourdain - Est-ce qu'il y a des choses aussi curieuses qu'à celles-ci ? (…) Maître de philosophie - Je vous expliquerai à fond toutes ces curiosités. Monsieur Jourdain - Je vous en prie. Au reste, il faut que je vous fasse une confidence. Je suis amoureux d'une personne de grande qualité, et je souhaiterois que vous m'aidassiez à lui écrire quelque chose dans un petit billet que je veux laisser tomber à ses pieds. Maître de philosophie - Fort bien. Monsieur Jourdain - Cela sera galant, oui. Maître de philosophie - Sans doute. Sont-ce des vers que vous lui voulez écrire ? Monsieur Jourdain - Non, non, point de vers. Maître de philosophie - Vous ne voulez que de la prose ? Monsieur Jourdain - Non, je ne veux ni prose ni vers. Maître de philosophie - Il faut bien que ce soit l'un, ou l'autre. Monsieur Jourdain - Pourquoi ? Maître de philosophie - Par la raison, Monsieur, qu'il n'y a pour s'exprimer que la prose, ou les vers. Monsieur Jourdain - Il n'y a que la prose ou les vers ? Maître de philosophie - Non, Monsieur : tout ce qui n'est point prose est vers ; et tout ce qui n'est point vers est prose. Monsieur Jourdain - Et comme l'on parle qu'est-ce que c'est donc que cela ? Maître de philosophie - De la prose. Monsieur Jourdain - Quoi ? quand je dis : "Nicole, apportez-moi mes pantoufles, et me donnez mon bonnet de nuit", c'est de la prose ? Maître de philosophie - Oui, Monsieur. Monsieur Jourdain - Par ma foi ! Je vous suis le plus obligé du monde de m'avoir appris cela. Je voudrois donc lui mettre dans un billet : Belle Marquise ; vos beaux yeux me font mourir d'amour ; mais je voudrois que cela fût mis d'une manière galante, que cela fût tourné gentiment. Maître de philosophie - Mettre que les feux de ses yeux réduisent votre coeur en cendres ; que vous souffrez nuit et jour pour elle les violences d'un... Monsieur Jourdain - Non, non, non, je ne veux point tout cela ; je ne veux que ce que je vous ai dit : Belle Marquise, vos beaux yeux me font mourir d'amour. Maître de philosophie - Il faut bien étendre un peu la chose. Monsieur Jourdain - Non, vous dis-je, je ne veux que ces seules paroles-là dans le billet ; mais tournées à la mode, bien arrangées comme il faut. Je vous prie de me dire un peu, pour voir, les diverses manières dont on les peut mettre. Maître de philosophie - On les peut mettre premièrement comme vous avez dit : Belle Marquise, vos beaux yeux me font mourir d'amour. Ou bien : D'amour mourir me font, belle Marquise, vos beaux yeux. Ou bien : Vos yeux beaux d'amour me font, belle Marquise, mourir. Ou bien : Mourir vos beaux yeux, belle Marquise, d'amour me font. Ou bien : Me font vos yeux beaux mourir, belle Marquise, d'amour. Monsieur Jourdain - Mais de toutes ces façons-là, laquelle est la meilleure ? Maître de philosophie - Celle que vous avez dite : Belle Marquise, vos beaux yeux me font mourir d'amour. Monsieur Jourdain. - Cependant je n'ai point étudié, et j'ai fait cela tout du premier coup. Je vous remercie de tout mon coeur, et vous prie de venir demain de bonne heure. Maître de philosophie - Je n'y manquerai pas. (Il sort en le saluant ironiquement.) TRANSITION VERS LA SCENE SUIVANTE (extraits de l’Acte II scène 5) ADAPTE / Monsieur Jourdain (appelant son laquais) - Second laquais ! (Entrée du laquais) Mon habit n'est point encore arrivé ? Second laquais - Non, Monsieur. Monsieur Jourdain - Ce maudit tailleur me fait bien attendre pour un jour où j'ai tant d'affaires. J'enrage. Que la fièvre quartaine puisse serrer bien fort le bourreau de tailleur ! Au diable le tailleur ! La peste étouffe le tailleur ! Si je le tenois maintenant, ce tailleur détestable, ce chien de tailleur-là, ce traître de tailleur, je… ADAPTE / LE LAQUAIS fait entrer le maître Tailleur et ses assistants. ACTE II scène V (adaptée) Maître tailleur, Garçon tailleur, portant l'habit de M. Jourdain, Monsieur Jourdain, Laquais Monsieur Jourdain - Ah vous voilà ! je m'allois mettre en colère contre vous. Maître tailleur - Je n'ai pas pu venir plus tôt, et j'ai mis vingt garçons après votre habit. Monsieur Jourdain - Vous m'avez envoyé des bas de soie si étroits, que j'ai eu toutes les peines du monde à les mettre, et il y a déjà deux mailles de rompues. Maître tailleur - Ils ne s'élargiront que trop. Monsieur Jourdain - Oui, si je romps toujours des mailles. Vous m'avez aussi fait faire des souliers qui me blessent furieusement. Maître tailleur - Point du tout, Monsieur. Monsieur Jourdain - Comment, point du tout ? Maître tailleur - Non, ils ne vous blessent point. Monsieur Jourdain - Je vous dis qu'ils me blessent ; moi. Maître tailleur - Vous vous imaginez cela. Monsieur Jourdain - Je me l'imagine, parce que je le sens. Voyez la belle raison ! Maître tailleur - Tenez, voilà le plus bel habit de la cour, et le mieux assorti. C'est un chef- d'oeuvre que d'avoir inventé un habit sérieux qui ne fût pas noir ; et je le donne en six coups aux tailleurs les plus éclairés. Monsieur Jourdain - Qu'est-ce que c'est que ceci ? Vous avez mis les fleurs en bas. Maître tailleur - Vous ne m'aviez pas dit que vous les vouliez en haut. Monsieur Jourdain - Est-ce qu'il faut dire cela ? Maître tailleur - Oui, vraiment. Toutes les personnes de qualité les portent de la sorte. Monsieur Jourdain - Les personnes de qualité portent les fleurs en enbas ? Maître tailleur - Oui, Monsieur. Monsieur Jourdain - Oh ! voilà qui est donc bien. Maître tailleur - Si vous voulez, je les mettrai en haut. Monsieur Jourdain - Non, non. Maître tailleur - Vous n'avez qu'à dire. Monsieur Jourdain - Non, vous dis-je ; vous avez bien fait. Croyez-vous que l'habit m'aille bien ? Maître tailleur - Belle demande ! Je défie un peintre, avec son pinceau, de vous faire rien de plus juste. J'ai chez moi un garçon qui, pour monter une rhingrave, est le plus grand génie du monde ; et un autre qui, pour assembler un pourpoint, est le héros de notre temps. Monsieur Jourdain - La perruque, et les plumes sont-elles comme il faut ? Maître tailleur - Tout est bien. Monsieur Jourdain, en regardant l'habit du tailleur. - Ah ! ah ! Monsieur le tailleur, voilà de mon étoffe du dernier habit que vous m'avez fait. Je la reconnais bien. Maître tailleur - C'est que l'étoffe me sembla si belle que j'en ai voulu lever un habit pour moi. Monsieur Jourdain - Oui, mais il ne fallait pas le lever avec le mien. Maître tailleur - Voulez-vous mettre votre habit ? Monsieur Jourdain - Oui, donnez-moi. Maître tailleur - Attendez. Cela ne va pas comme cela. J'ai amené des gens pour vous habiller en cadence, et ces sortes d'habits se mettent avec cérémonie. Holà ! entrez, vous autres. Mettez cet habit à Monsieur, de la manière que vous faites aux personnes de qualité. (Quatre Garçons tailleurs entrent, dont deux lui arrachent le haut-de-chausses de ses exercices, et deux autres la camisole ; puis ils lui mettent son habit neuf ; et M. Jourdain se promène entre eux, et leur montre son habit, pour voir s'il est bien.) Garçon tailleur 1 - Mon gentilhomme, donnez, s'il vous plaît, aux garçons quelque chose pour boire. Monsieur Jourdain - Comment m'appelez-vous ? Garçon tailleur 1 - Mon gentilhomme. Monsieur Jourdain - Mon gentilhomme ! Voilà ce que c'est de se mettre en personne de qualité. Allez-vous-en demeurer toujours habillé en bourgeois, on ne vous dira point : "Mon gentilhomme." Tenez, voilà pour "Mon gentilhomme". Garçon tailleur 2 - Monseigneur, nous vous sommes bien obligés. Monsieur Jourdain. - Monseigneur, oh, oh ! "Monseigneur ! " Attendez, mon ami : "Monseigneur" mérite quelque chose, et ce n'est pas une petite parole que "Monseigneur". Tenez, voilà ce que Monseigneur vous donne. Garçon tailleur 3 - Monseigneur, nous allons boire tous à la santé de Votre Grandeur. Monsieur Jourdain - Votre Grandeur ! Oh, oh, oh ! Attendez, ne vous en allez pas. A moi "Votre Grandeur ! " Ma foi, s'il va jusqu'à l'Altesse, il aura toute la bourse. Tenez, voilà pour Ma Grandeur. Garçon tailleur 4 - Monseigneur, nous la remercions très-humblement de ses libéralités. Monsieur Jourdain - Il a bien fait : je lui allois tout donner. (Les quatre Garçons tailleurs et le maître Tailleur sortent en se moquant de lui). Acte III Scène I (adaptée) Monsieur Jourdain, Laquais Monsieur Jourdain – Laquais ! Laquais - Oui, Monsieur. Monsieur Jourdain - Appelez-moi Nicole, que je lui donne quelques ordres. Laquais – Bien Monsieur. (Il sort en se moquant de la tenue ridicule de son maître.) ACTE III Scène II (adaptée) Nicole, Monsieur Jourdain Monsieur Jourdain - Nicole ! Nicole - Plaît-il ? Monsieur Jourdain - Ecoutez. Nicole - Hi, hi, hi, hi, hi. Monsieur Jourdain - Qu'as-tu à rire ? Nicole - Hi, hi, hi, hi, hi, hi. Monsieur Jourdain - Que veut dire cette coquine-là ? Nicole - Hi, hi, hi. Comme vous voilà bâti ! Hi, hi, hi. Monsieur Jourdain - Comment donc ? Nicole - Ah, ah ! mon Dieu ! Hi, hi, hi, hi ; hi. Monsieur Jourdain - Quelle friponne est-ce là ! Te moques-tu de moi ? Nicole - Nenni, Monsieur, j'en serois bien fâchée. Hi, hi, hi, hi, hi, hi. Monsieur Jourdain - Je te baillerai sur le nez, si tu ris davantage. Nicole - Monsieur, je ne puis pas m'en empêcher. Hi, hi, hi, hi, hi, hi. Monsieur Jourdain - Tu ne t'arrêteras pas ? Nicole - Monsieur, je vous demande pardon ; mais vous êtes si plaisant, que je ne saurois me tenir de rire. Hi, hi, hi. Monsieur Jourdain - Mais voyez quelle insolence. Nicole - Vous êtes tout à fait drôle comme cela. Hi, hi. Monsieur Jourdain - Je te... Nicole - Je vous prie de m'excuser. Hi, hi, hi, hi. Monsieur Jourdain - Tiens, si tu ris encore le moins du monde, je te jure que je t'appliquerai sur la joue le plus grand soufflet qui se soit jamais donné. Nicole - Hé bien, Monsieur, voilà qui est fait, je ne rirai plus. Monsieur Jourdain - Prends-y bien garde. Il faut que pour tantôt tu nettoyes... Nicole - Hi, hi. Monsieur Jourdain - Que tu nettoyes comme il faut... Nicole - Hi, hi. Monsieur Jourdain - Il faut, dis-je, que tu nettoyes la salle, et... Nicole - Hi, hi. Monsieur Jourdain - Encore ! Nicole - Tenez, Monsieur, battez-moi plutôt et me laissez rire tout mon soûl, cela me fera plus de bien. Hi, hi, hi, hi, hi. Monsieur Jourdain - J'enrage. (…) Monsieur Jourdain - Mais a-t-on jamais vu une pendarde comme celle-là ? qui me vient rire insolemment au nez, au lieu de recevoir mes ordres ? Nicole - Que voulez-vous que je fasse, Monsieur ? Monsieur Jourdain - Que tu songes, coquine, à préparer ma maison pour la compagnie qui doit venir tantôt. Nicole - Ah ! par ma foi ! je n'ai plus envie de rire ; et toutes vos compagnies font tant de désordre céans, que ce mot est assez pour me mettre en mauvaise humeur. Monsieur Jourdain - Ne dois-je point pour toi fermer ma porte à tout le monde ? Nicole - Vous devriez au moins la fermer à certaines gens. (adapté) Tiens ! Voici Madame ! Vous devriez au mieux l’écouter Au lieu de grincer des dents ! (Elle sort en pouffant.) ACTE III scène 3 (adaptée) Madame Jourdain, Monsieur Jourdain MADAME JOURDAIN. - Vous êtes fou, mon mari, avec toutes vos fantaisies, et cela vous est venu depuis que vous vous mêlez de hanter la noblesse. MONSIEUR JOURDAIN. - Lorsque je hante la noblesse, je fais paraître mon jugement, et cela est plus beau que de hanter votre bourgeoisie. MADAME JOURDAIN. - Embéguiner : se dit figurément en choses spirituelles, des mauvaises opinions qui vous entêtent, des folles amours qui vous gouvernent, qui maîtrisent votre esprit. Camon vraiment ! Il y a fort à gagner à fréquenter vos nobles, et vous avez bien opéré avec ce beau Monsieur le comte dont vous vous êtes embéguiné. MONSIEUR JOURDAIN. - Paix ! Songez à ce que vous dites. Savez-vous bien, ma femme, que vous ne savez pas de qui vous parlez, quand vous parlez de lui ? C'est une personne d'importance plus que vous ne pensez, un seigneur que l'on considère à la cour, et qui parle au Roi tout comme je vous parle. N'est-ce pas une chose qui m'est tout à fait honorable, que l'on voie venir chez moi si souvent une personne de cette qualité, qui m'appelle son cher ami, et me traite comme si j'étais son égal ? (...) MADAME JOURDAIN. - Oui, il a des bontés pour vous ; mais il vous emprunte votre argent. MONSIEUR JOURDAIN. - Hé bien ! Ne m'est-ce pas de l'honneur, de prêter de l'argent à un homme de cette condition-là ? Et puis-je faire moins pour un seigneur qui m'appelle son cher ami ? MADAME JOURDAIN. - Et ce seigneur que fait-il pour vous ? MONSIEUR JOURDAIN. - Des choses dont on serait étonné, si on les savait. MADAME JOURDAIN. - Et quoi ? MONSIEUR JOURDAIN. - Baste, je ne puis pas m'expliquer. Il suffit que si je lui ai prêté de l'argent, il me le rendra bien, et avant qu'il soit peu. MADAME JOURDAIN. - Oui, attendez-vous à cela. MONSIEUR JOURDAIN. - Assurément : ne me l'a-t-il pas dit ? MADAME JOURDAIN. - Oui, oui : il ne manquera pas d'y faillir. MONSIEUR JOURDAIN. - Il m'a juré sa foi de gentilhomme. MADAME JOURDAIN. - Chansons. MONSIEUR JOURDAIN. - Ouais, vous êtes bien obstinée, ma femme. Je vous dis qu'il me tiendra parole, j'en suis sûr. MADAME JOURDAIN. - Et moi, je suis sûre que non, et que toutes les caresses qu'il vous fait ne sont que pour vous enjôler. ADAPTE / MONSIEUR JOURDAIN - Je suis maître céans et mes goûts je suivrai ! MADAME JOURDAIN. - Quoi ? Vous allez encore lui donner cela ? MONSIEUR JOURDAIN. - Que faire ? Voulez-vous que je refuse un homme de cette condition-là ? Qui a parlé de moi ce matin dans la chambre du Roi ? ADAPTE / MADAME JOURDAIN. - Allez, vous êtes une vraie dupe. Changez donc de tenue et de comportement ! Vous êtes d’un ridicule ! Elle sort furieuse. ADAPTE / MONSIEUR JOURDAIN (irrité et au public) - Mon goût pour le beau monde, une histoire de dupe ? Le vrai bon goût, c’est le mien ! Et de bourgeois, je deviendrai gentilhomme ! Et vous autres qui vous moquez, vous les ignorants, vous tous, vous n’avez vraiment vraiment vraiment aucun sens du noble goût ! (Il sort, furieux).

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