Méditerranée médiévale - Espaces d'échanges et de conflits PDF
Document Details

Uploaded by JubilantEquation8918
Tags
Summary
Ce document traite de la Méditerranée médiévale, en se concentrant sur les interactions entre les civilisations byzantine, islamique et occidentale. Il analyse les conflits et les échanges culturels et économiques de cette période. Le document présente des informations historiques sur les événements et les personnages clés de l'époque.
Full Transcript
Chapitre 1: La Méditerranée médiévale - Espaces d’échanges et de con its. Introduction: Au Moyen Âge, trois grandes civilisations se côtoient en Méditerranée, on entend par civilisation un ensemble de peuples de société, qui se distingue les autres par des caractéristiques cultur...
Chapitre 1: La Méditerranée médiévale - Espaces d’échanges et de con its. Introduction: Au Moyen Âge, trois grandes civilisations se côtoient en Méditerranée, on entend par civilisation un ensemble de peuples de société, qui se distingue les autres par des caractéristiques culturales propres: l’Occident chrétien, la chrétienté d’Occident, c’est l’ensemble des royaumes qui succède à l’empire romain d’Occident, après se disparition en 476 Le monde byzantin, ancien empire romain d’Orient Le monde arabo/turco-musulman (monde islamique) qui apparaît à partir du VIIe siècle au Sud et à l’Est de la Méditerranée Ces civilisations, s’affrontent régulièrement que ce soit lors des croisades entre 1095 et 1291 ou encore au moment de la Reconquista, entre le VIIIe et le XVe siècle. Dans le même temps ces civilisations nouent de véritables relations économiques, mais aussi culturelles; à titre d’exemple en 802, l’empereur chrétien Charlemagne reçoit du calife abbacide Haroun Al-Rachid, un éléphant blanc, nommé Abou l’Abbas, en guise de témoignage d’amitié. A. Byzance, l’Orient chrétien orthodoxe Sur cette mosaïque est représenté l’Empereur Jean II Comnène, qui porte 2 régalias: Couronne surmontée de la croix, le kamelaukion L’écharpe brodée d’or, le loros Il tient dans ses mains une vourse fermée, contenant des pièces d’or, symbole de la prospérité de l’empire à son époque. Il est nimbé, ce qui montre sa sacralité, en tant que lieutenant (=re et) de Dieu sur Terre. À droite de la mosaïque, se tient Irène de Hongrie, impératrice. Elle est également nimbée, porte un diadème et tient dans sa main un chrysanbulle, c’est-à-dire un texte de loi scellé qu’elle tend à Marie, en signe de demande d’assentiment/de con rmation. En n, au centre se tient marié, représenté comme Theotokos, c’est-à-dire la mère de Dieu; on la reconnaît à son bleu marial, signe de virginité. Elle aussi est nimbée et porte l’enfant Jésus dans ses bras qui lui-même tient le chrysobulle; Il lève ses doigts en signe de paix, et est nimbé. La mosaïque est un symbole du monde céleste; elle représente aussi le statut très particulier, proche du divin, de l’empereur byzantin (le basileus). L’empire byzantin est une théocratie, c’est-à-dire que la légitimité de l’empereur vient de Dieu. Par ailleurs, l’empereur est le chef de l’Église, et à ce titre, il nomme le patriarche à la tête du clergé. La présence du patriarche à Byzance entre en contradiction avec l’idée de primauté du pape, ce qui débouche sur le schisme de 1054, c’est-à-dire la rupture dé nitive entre l’église d’Orient et l’église d’Occident. Le schisme de 1054 Ce schisme a lieu alors qu’un patriarche est élu en 1043 à Constantinople: Michel Cérulaire. En 1049, un pape est quant à lui élu à Rome: Léon IX. Le con it éclate, lorsque Michel fait fermer des églises latine à Constantinople. En réponse, Léon impose le rite latin aux églises de rites grecs, en Italie du Sud. L’altercation se clôt par l’excommunication de Michel, c’est-à-dire être exclu de l’Église. La rupture est dé nitivement consommée en 1204 lors du Sac de Constantinople, par les croisées. fi fi fl fi fl fi fl Le Sac de Constantinople Ce sac est d’une extrême violence, outre les pillages, des viols et des meurtres sont perpétrés; c’est un traumatisme sans nom: la rupture est désormais profonde entre l’empire byzantin et l’Occident latin. L’empire byzantin disparaît en 1453 du fait des invasions; en effet, le 29 mai 1453, la ville de Constantinople est prise par les Turcs ottomans: Constantinople est désormais une capitale musulmane. B. Une civilisation brillante, l’Islam, une mosaïque politique L’islam apparaît au début du VIIe siècle dans la péninsule arabique. D’après la tradition prophétique, le prophète Muhammad aurait reçu la parole de Dieu à partir de 610. En 622 du fait de persécution à la Mecque, le prophète s’exile à Yathrit, rebaptisée Médine: c’est l’Hégire. En 632 à la mort du prophète Muhammad, les conquêtes territoriales commencent et donne naissance à un vaste empire qui s’étend du Moyen-Orient jusqu’à Al-Andalus (actuelle Espagne): De 633 jusqu’en 661, la péninsule arabique est conquise mais aussi celles de la Syrie, de l’Irak et de l’Iran Entre 661 et 750 (califat omeyyade) c’est la n de la conquête de l’Iran, puis la conquête de l’Ifraqiya (Maghreb actuel) et de l’Espagne débute. à partir de 750 (califat abbasside) l’empire, ce fragmente et nit par éclater en trois califats rivaux au Xe siècle: ○ Le califat abbasside ○ Le califat fatimide ○ Les omeyyades de Cordoue La religion de cet empire est l’Islam, qui est minoritairement chiite, et majoritairement sunnite; le texte sacré est le Coran. Pour les musulmans, le Coran est la parole de Dieu, révélée à son prophète par la voix de l’Arc-Ange Gabriel. Quelques années après sa mort en 632, le calife Othman (entre 644 et 656), les multiples fragments sont réunis en un livre. Selon les historiens, ce n’est qu’au Xe siècle que cessent de circuler différentes versions du Coran, et que s’impose une seule et unique version. La religion musulmane commande aux croyants cinq pratiques obligatoires que l’on appelle les cinq piliers de l’Islam: La profession de soi L’aumône légale Le pèlerinage à la Mecque Le jeûne de mois de Ramadan La prière (qui doit être faite 5 fois par jour) Au moins jusqu’au Xe siècle, la majorité de la population est néanmoins chrétienne et dispose du statut de « protégés » (dhimmis) en échange du paiement d’impôts (jizya et kharaj). La civilisation islamique est urbaine, dans la majorité de la population vit dans des grandes villes, organisées autour des mosquées, comme Bagdad qui est un exemple probant (la ville ronde). fi fi C. L’Occident chrétien À contrario, l’Occident est encore très rural et marquée par un système original, la féodalité. La féodalité correspond à un système politique, reposant sur le ef, une terre concédée par un suzerin à son vassal, lequel est tenu en échange de lui fournir foi et hommage. Depuis le Xe siècle, on assiste à un émiettement du pouvoir royal. En effet, après l’apogée de l’empire carolingien sous Charlemagne, roi des Francs à partir de 768 et empereur entre 800 et 814, l’empire se fracture. À l’époque des petits ls de Charlemagne, Charles II le Chauve, Lothaire et Louis le Germanique, l’empire est divisé en trois en 843. Dans ce contexte, les seigneurs, s’inscèrent dans des réseaux de délité; ils deviennent les vassaux de suzerains censés les protéger. Cet Occident de langue latine est de religion chrétienne. À partir du Xe siècle, l’église va tenter de se réformer; ce mouvement de réforme qui dure 3 siècles est appelé réforme grégorienne, du nom du pape Grégoire VII (1073-1085) car son ponti cat est une période d’accélération de ces réformes. L’objectif est de rétablir la discipline au sein du clergé en lutte contre: La simonie, c’est-à-dire l’achat de charges ecclésiastiques Le nicolaïsme, c’est-à-dire le fait de fréquenter les femmes pour les membres du clergé Af rmation du célibat des membres du clergé et des indulgences, c’est-à-dire le monnayage du salut II - Des civilisations qui s’affrontent Schisme, Croisades, Reconquista A. Les con its entre Rome et Constantinople Des pratiques religieuses divergentes: Culte des icônes (les icônes sont saintes, elles sont vénérées) Différence de langue utilisée pour faire la messe (latin à Rome, grec à Constantinople) Les prêtres orthodoxes ont le droit de se marier, contrairement aux catholiques (depuis le XIe siècle) Affrontements: Schisme de 1054 1204: rupture politique avec le sac de Constantinople B. Les con its entre chrétienté et Islam Dès 711, la péninsule ibérique tombe entre les mains des musulmans, à l’exception de l’extrême nord, où se maintient le royaume des Asturies chrétiens. Les rois catholiques entament alors une lente reconquête de ce territoire qui est entre les mains, depuis 750, des Omeyyades de Cordoue. Territoire va ensuite se fragmenter en petite royaumes (en Taifas) qui peinent faire face a la reconquête des rois catholiques. En 1085, Tolède est reprise; en 1212, c’est au tour de Las Navas de Tolosa; en 1492 c’est la prise de grenade qui marque la n de la Reconquista. Un autre objet d’opposition entre les civilisations méditerranéennes, elle est les Croisades. En 1095, le pape Urbain II appelle à libérer Jérusalem et la terre sainte où se trouve le tombeau de Jésus. C’est la première croisade à laquelle participent des milliers de seigneurs auxquelles est promis le salut. C’est un succès; Jérusalem est repris en 1099, ce qui mène à la création des états latins d’Orient, qui sont des territoires munis de forteresses a n de faire face aux attaques musulmanes. Au siècle suivant, une deuxième croisade se prépare, dont l’objectif est de protéger Jérusalem et de repousser les musulmans. Elle est organisée par un moine qui est aussi abbé, appelé Bernard de Clairvaux. fi fl fl fi fi fi fi fi fi III - Les échanges au sein de la Méditerranée A. Rôle général des cités italiennes dans le commerce À la n du VIIe siècle, Bagdad est le cœur du commerce mondial (Abbacides), c’est en effet où convergent tous les principaux itinéraires de commerce. Au Xe siècle, c’est Alexandrie (en Égypte fatimide) sui reprend la place du principal carrefour commercial. Les marchands alexandrins sont très reconnus et jouissent notamment de privilèges de la société islamique, à l’instar des protections juridiques ou encore un système bancaire simpli é pour leurs affaires. Cependant, au XIIe siècle, un tournant s’opère; l’Occident reprend le contrôle du commerce grâce aux marchands italiens notamment. Les croisades, ainsi que la Reconquista ont permis à l’Occident et en particulier aux cités italiennes telles que Pise, Venise et Gêne de s’imposer. Ces derniers ont en effet installé des comptoirs, qui sont des magasins, des entrepôts et autres établissements de commerce dans les autres civilisations, ce qui facilite leur maitrise du commerce en Méditerranée. Les cités italiennes se sont donc imposées dans le commerce méditerranéen, comme le cas de Venise qui fut surnommée la « Sérénissime » en référence à son rôle pondérant dans le commerce maritime et à son empire maritime (thalassocratie). À ce titre, elle possède un accès direct aux routes maritimes mais également des territoires extérieurs. La politique de Venise, repose essentiellement sur le commerce, car le doge, qui est le chef de la république vénitienne, surnommé le sérénissime, est élu par un grand conseil, composé, majoritairement de riches marchands (=élite): il s’agit donc d’un système oligarchique où une élite commerçante détient tous les pouvoirs. Cette société italienne a développé un empire commercial important par le pied, d’accord commerciaux par passer avec l’empire byzantin à l’instar de celui de 1085. Peu à peu Venise accumulent les accords également avec le monde arabe aux musulmans et installe des comptoirs, c’est-à-dire des magasins à l’extérieur du territoire de Venise, permettant de faciliter les échanges commerciaux et le stockage des denrées. Ce commerce avec Florian est extrêmement rentable car les marchands vénitiens vendent: du bois, du fer, du drap (dont la valeur est faible) et reçoivent en contrepartie des produits de luxe tels que des épices de la soie ou encore des esclaves. Venise est également une ville cosmopolite qui accueille des marchands étrangers, loger dans des quartiers attribués, sans aucune ségrégation. En n, Venise possède une otte navale construite à l’Arsenal (fabrication de galères) cela permet à Venise d’être une puissance militaire et de s’imposer face à ses concurrents directs: Gênes et Pise, mais aussi face à l’empire ottoman. Venise s’impose, notamment dans le cadre de la IVe croisade 2202 à 204 en organisant le sac de Constantinople, ce qui lui permet d’acquérir des territoires en Grèce, Crète et Chypre, au XVe siècle, créant une véritable thalassocratie. B. Les contacts culturels 1. La coexistence religieuse Les différentes civilisations interagissent par le biais d’échanges commerciaux, mais également de contacts culturels entre civilisations, et à l’intérieur des civilisations elles-même dans le monde chrétien; certaines régions reconquisent (Espagne, Sicile), présentent des sociétés culturelles avec des minorités musulmanes. C’est dernier sont plus ou moins toléré. Ils l’ont retrouve des musulmans au sein des administrations bien qu’à des postes moins prestigieux que leurs collègues chrétiens dans le monde musulman chrétien et juif, qui dispose d’un statut Spécies: la DHIMMA envers duquel ils sont considérés comme des dhimmis; ils sont protégés par le pouvoir musulman, ils sont autorisés à construire des lieux de culte (église, synagogue) et pratiquer leur religion en public en échange du paiement de deux impôts: la jiziya, un impôt de capitation et la kharaj, un impôt nancier. fi fi fi fl fi 2. La circulation des savoirs En dépit des con its, les chrétiens d’Occident nourrissent une véritable curiosité pour lessavoirs produits dans le monde arabo-musulmans. En effet, au l de leurs conquêtes, les savantsdu dar al-Islam, i.e. le monde islamique (qui peuvent être musulmans, mais aussi chrétiens ou juifs)ont rassemblé de nombreux manuscrits grecs qu’ils ont traduit en arabe et copiés en plusieursexemplaires entre le XIe et le XIIIe siècle. Ces manuscrits sont ensuite transmis vers l’Occident,soit à l’occasion de voyages, soit à la suite de reconquêtes (comme en Sicile ou en Espagne). On trouve d’importants centres de traduction au Caire (Egypte), à Marrakech (Maroc), àTolède (Espagne) ou à Palerme (Sicile). Dans les régions reconquises, on observe donc des transfertsculturels (dans le sens Orient → Occident): Les transferts concernent des savoirs (scienti ques, philosophiques, religieux). Tolède, en Espagne, est un grand centre de traduction de l’arabe vers le latin. Mathématiques > Au XIIe siècle, le zéro, adopté depuis longtemps par les Arabes,est diffusé et utilisé en Occident ce qui permet de développer l’arithmétique. Philosophie > Ibn Sina (Avicenne), philosophe et médecin persan, traduit desouvrages de médecine et de philosophie grecques et rédige lui-même une synthèsemédico-philosophique (inspirée d’Aristote), le Qanûn, qui est diffusé dans l’Occidentchrétien jusqu’au XVIe siècle. Il en est de même pour Ibn Rushd (Averroès), dont lestraductions et commentaires d’Aristote ont été transmis à l’Occident. Religion > Par exemple, en 1142-1143, le Coran est traduit en langue latine àl’initiative de l’abbé de Cluny, Pierre le Vénérable. Les transferts sont également techniquespuisque les Arabo-musulmans transmettent destechniques médicales (comme l’utilisation de cataplasmes), la fabrication du papier ouencore des techniques d’irrigation comme la noria (machine hydraulique). Les transferts sont en n architecturaux: dans les régions reconquises, les églises et lespalais mêlent souvent art occidental et arabe. On peut penser par exemple à la mosquée-cathédrale de Cordoue qui présente des caractéristiques architecturales typiques de l’artoriental (comme les muqarnas qui sont des motifs architecturaux en forme de stalactites)alors qu’elle fut transformée en lieu de culture chrétien. Il en est de même pour la chapellepalatine de Palerme en Sicile normande, ornée de peintures et d’inscriptions arabes. Lepalais royal de Palerme (ou Palais des Normands), en Sicile, est également un exempleprobant. Cet édi ce fut tour à tour le palais des émirs arabes puis la résidence des roisnormands au XIIe siècle. Il s’agit d’un syncrétisme culturel. Les différentes communautés ne coexistent pas partout de la même manière. En effet, on constate que dans le monde arab -musulman les relations interpersonnelles sont parfois limitées. A titre d’exemple, le juriste de Kairouan (en Tunisie actuelle) conseille à celui qui le consulte de s’en tenir à de simples relations de voisinage avec les dhimmis. Il af rme eneffet que «si [on le] salue en disant : «que le salut soit sur toi», [il doit répondre] «et sur toi», sans rien ajouter». En outre, on observe que les minorités sont parfois reléguées dans des quartiers qui leur sont réservés. On peut parler de ségrégation spatiale,même si elle n’est pas le fruit d’une volonté politique. En témoigne la ville de Tolède dans l’Espagne reconquise : on peut y identi er desquartiers réservés aux minorités, notamment juives, édi és en marge de la cité. Néanmoins, dans d’autres villes méditerranéennes, c’est la tolérance qui prévaut voire, de véritables relations d’amitié et de con ance. L’exemple de Palerme en Sicile est particulièrement éloquent. Le roi Guillaume II (116 -1189) accueillait à sa cour des musulmans et pouvait même leur con er des fonctions importantes, comme l’intendance de sa cuisine, poste hautement stratégique. 6 fl fi fi fi fi fi o fi