Morphologie Urbaine au Maghreb à l'Èpoque Précoloniale PDF

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This document discusses urban morphology in precolonial Maghrebian cities. It analyzes the complex urban fabric, characterized by the cumulative actions of residents over time. The study emphasizes the influences of legal mechanisms, rooted in Muslim law, on urban development. Architectural expressions are explored as products of social and legal interactions.

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ARCHITECTURE, TISSUET MORPHOLOGIE URBAINE AU MAGHREB À LEPOQUE PRECOLONIALE Introduction individus et des groupes en absence de la Le but de ce chapitre est de se pourvoir lo...

ARCHITECTURE, TISSUET MORPHOLOGIE URBAINE AU MAGHREB À LEPOQUE PRECOLONIALE Introduction individus et des groupes en absence de la Le but de ce chapitre est de se pourvoir loi et de l’autorité publique ou au moins de doutils de recherche qui permettent de Pattitude du « laissez-faire ». comprendre et de déchi rer la complexité de l’architecture urbaine dans les villes Aspects et sources de la complexité musulmanes telles qu’elles étaient avant la Le tissu urbain est la clef de voûte dans période coloniale. cette complexité. Ce terme métaphorique qui est étymologiquement emprunté aux Un grand nombre de sources littéraires, surtout celles qui remontent aux travaux organismes vivants considère le cadre bâti pionniers des Orientalistes s’accordent sur dans la ville comme un ensemble de cellules une description péjorative de ces biologiques qui partagent des similarités et villes. qui s’attachent par des liens de mitoyenneté Largument qui est souvent mis en avant est et de contextualité topologique. Un édifice, l’absence d’un ordre géométrique clair dans l'organisation de ces villes. Comparés aux qu'il soit une maison ou une mosquée, est villes d'origine gréco-romaines qui s’articulent souvent adossé à d’autres édifices de tous les autour des axes cardo-decumanus, les tissus côtés qui définissent ainsi son enveloppe extérieure. urbains dans les Médinas ont souvent une géométrie irréguliére où la ligne droite n'est L'architecture urbaine qui constitue quasiment jamais présente. l'enveloppe extérieure de ce tissu reflète cette complexité dans les trois dimensions Larchitecture urbaine ct le tissu dans de l’espace. Un édifice dans la Médina n'est les Médinas sont donc considérés comme un jamais appréhendé sans que son entourage et produit spontané et irréfléchi des actions des 49 attention les contraintes qui l’entourent tels son contexte urbain ne soient considérés. Sa que l’intimité, l’accessibilité, l’ensoleillemcm forme, son mode de fonctionnement et son et l’aération etc. Dans leur ensemble, ces emplacement sont souvent le résultat. c_les actions successives sont donc une chaine de conditions physiques dictées par son milieu contraintes et de solutions qui deviennent et son voisinage. Larchitecture dans la ville est, de ce fait, forcément urbaine. à leur tour des données incontournables aux décisions d’actions qui succèdent. Plus Dans la ville préindustrielle (Kostof une ville est ancienne, plus elle devient S. 1991, 1992), notamment la Médina, le complexe, ce qui se reflète directement tissu urbain est caractérisé par sa compacité dans sa géométrie urbaine et son plan. Une et sa complexité nées du cumul d’actions qui comparaison rapide entre les tissus urbains se sont opérées par le biais des usagers au fil de Damas (VII siècle) ou du Caire (X siècle) du temps. Chaque résident,en construisant à d’autres villes récentes telles que Blida sa maison ou opérant des changements ou (1530) en Algérie ou Manama (1783) au ajoutant des extensions, doit considérer avec Bahreïn , reflète le degré de complexité e — ; $ "ér" \ Q 22 P. Figure 1 : Larchitecture urbaine dans la Casbah: un édifice ne peut jamais être compris sans son contexte urbain. Source: hllp://dcslgn.c pfl,ch/urganlcltcslzolob/l -assignments/3-vernacular-lessons/casbah-alger 50 qui pourrait résulter d’un certain décalage subdivisés en deux catégories : l’une relevant temporel et du cumul d’actions (Figure 1). du secteur public et l’autre du secteur privé. Analyse urbaine et géométrique Les mecanismes du secteur privé Des études récentes montrent que ce La puissance légale privée phénomène est le résultat d’un génie social La puissance légale privée, wiläya qui exprime une réflexion et une maturation khâssa, exprime le pouvoir légal accordé collective (Hakim B.S. 2013). Un nombre aux individus en possession de propriétés et appréciable d’esprits et d’idées se fondaient autres objets. Elle permet à l’acteur urbain et fusionnaient durant des siècles pour d’agir en toute liberté sur sa propriété sans former ce quon voit comme tissu urbain et demander l’avis ou autorisation d’autrui, comme détails architectoniques. c.à.d. les autorités publiques; à condition Le génie social est lui-méme encadré par toutefois que cette action ne conduise à des principes, et des règles connues par tous les aucun dommage au public ou aux propriétés individus et considérées lors de leurs actions du voisinage. Elle di ère du droit de comme normes endogènes, qui reflètent des propriété qui, lui, est selon la jurisprudence convictions internes dont la plupart sont nées musulmane, inerte. Un _ propriétaire ne de croyances religieuses. Loin d’être un simple peut agir que s’il possède des compétences assemblage chaotique d’éléments et dépourvus mentales et juridiques. Une personne d'ordre, ces actions sont donc synchronisées mineure, stupide ou endettée même si elle est selon des mécanismes juridiques formant dans propriétaire d’un bien ne peut en jouir que leur ensemble une véritable règlementation sous la permission des autorités juridiques, urbaine. Elles sont aussi bien réfléchies pour en l’occurrence le Qadi. Il faut souligner à répondre aux circonstances physiques du ce propos, que la plupart des habitants de la site telles que la topographie, la géométrie ville possèdent ces compétences et disposent de la parcelle, ainsi qu’au savoir-faire et des donc de cette puissance. technologies de construction disponibles de l’époque. En revanche, une personne peut être dotée de cette puissance sans quelle soit Quant aux mécanismes juridiques propriétaire du bien en question. Il sagit (Figure 2), ils découlent principalement notamment des personnes chargées de wagf, du droit musulman, selon le rite malékite le Ouakil, et des orphelins mineurs, ouassiye. ou hanafite d’une part, et les coutumes et Leurs actions sont aussi sujettes de conditions pratiques locales, ‘urf, qui font elles- mémes juridiques et de permissions légales. part de ce droit en l’absence de textes (Ibnu Rami 1333, Besim S.H 1994). La puissance privée reflète aussi le degré de liberté accordé par le droit musulman Ces mécanismes peuvent étre 51 sur les tissus urbains en étant générateur aux individus quant à l’usage et 1’uS|:lfrmt sy des formes incrémentales qui ne de leurs biens. Toute personne invesne.de d’évoluer et de se transformer au fil du temps cette puissance a la possibilité de construire, en réponse aux besoins quotidiens et désirs et de s’exprimer librement en aménageant des habitants. des espaces intérieurs et des façades avec des matériaux qu’il choisit sans recourir à Au plan architectural, la puissance la permission de quiconque, bien que cette privée donne la liberté totale d’action ¢ liberté d’expression se trouve encadrée par le donc lexpression _ artistique en termes savoir-faire local et les coutumes qui assurent de choix de couleurs et de matériaux, une certaine homogénéité de couleurs, de déléments décoratifs, de dimensionnement formes et de modes d’usage de lespace. des ouvertures et leur positionnement, Cela Limpact de ce mécanisme sur conduit à une diversité d’expressions qui l’architecture est multiple et nécessite une caractérise chaque habitation ou édifice et analyse profonde. Il apparait à première vue exclue toute reproduction massive (F igure 3). Wity âs soull, Aagd Sabq (Précidanca) 4?4‘ Figure 2 : Les mécanismes légaux agissant sur la morphologie urbaine dans les Médinas 52 sont le résultat de décisions juridiques, qui apparaissent dans les documents légaux de mahkamas en raison de litiges ou de désaccord. L'accord peut se faire entre deux personnes comme il peut être entre un grand nombre comprenant tous les riverains d’une rue ou les habitants d’un quartier. Figure 3 : La Un nombre de détails d’architecture et Puissance Légale Privée. de configurations géométriques et urbaines Source: peuvent être le fruit des accords. Des formes Atelier imbriquées entre des constructions contiguës Casbah, 1981, peuvent résulter d’une subdivision à l’amiable p52. d’une grande propriété. Des signes urbains tels que les arcs sont établis pour marquer les En considérant la diversité de ces actions et territoires de responsabilité de chaque riverain, leur intensité qui esten fonction du nombre de méme que le nettoyage de la rue qui se d’habitants et leurs besoins perpétuels, nous décide d’un commun accord entre riverains pouvons évaluer l’ampleur des changements en considérant ces signes de territoires. Cette même entente couvre le mode d’usage physiques qui se produisent continuellement commun d’une impasse ou d’une placette, et donc saisir 'ampleur de la dynamique rahba, se trouvant dans un quartier (Figure urbaine qui caractérise toute la ville. Un relevé 4). du tissu urbain dans une ville traditionnelle mest donc qu’une image capturée d’un La fondation pieuse : le habous ou le processus évolutif impliquant des mutations wagf perpétuelles (Ben-Hamouche M. 2009). Le habous ou le wagf est une fondation religieuse qui nait d’un acte de bienfaisance quiconsisteäl’a ectation,éternelle ou à terme, d’une propriété au profit d’une Institution Les Accords de charité telle que l’orphelinat, l’hôpital, la Des accords sont souvent établis Medersa,la mosquée, etc. En principe,le bien entre les riverains ou les voisins à propos des en waqf, une fois déclaré, ne peut changer échanges de droit et de service, de résolution d’activité, ni être démoli, ni transformé méme des conflits et d’entraide mutuelle. La plupart pour des raisons de rentabilité ou d’usage. de ces accords sont conclus amicalement Selon les bénéficiaires, il est classifié en deux souventen présence de voisinscomme témoins catégories, le waqf Dhurri (familial) ou le €t sans avis préalable des autorités. D’autres wagqf khairi ( public) (Leeuwen, R.V. 1999). 53 allée toires lelong d’une ; marquant les terriitoi Figures 4 (a et b): La naissance d'une impasse; et les arcs duLion urbain… àà El-Ateuf, Mzabetlarue e peuvent être l’oeuvre des accords entre riverains. Le tissu carte p Casbah d>Alger. Sources: (a) Y.A. Bertrand, (b) &s d’ ème vil ille Son impact physique se manifeste des cartes et relevés d'une m s mont e dans la stagnation et le gel du bâtiment musulmane à travers le temps 004 piens ; ; ñ oS au fil du temps s’étalant sur des siècles. simultanément la permanenc ; on mique En conséquence, les édifices publics mis wagf, face aux transforma'aoflsdcna en wagf deviennent des repères urbains de la 6Y du tissu urbain sous l’effet par leur échelle apparente dans la ville et urbaine (Figure 5). leur permanence. Une analyse comparative 54 À Figures 5 (a et B): Le habous ou le waqf et sa présence imposante et durable dans les tissus urbains. (a) Le fort dans le tissu urbain de Hammamet, Tunis et (b) la mosquée Jami j'aid, Alger vers 1844. Source: (a) Association de Sauvegarde de Hammamet, (b) Anonyme. La revivification permission. Par conséquent, toute personne ayant développé une terre morte a le droit L ‘action de revivification, Ihyâ al- de la posséder. ardh al-mawât, consiste à développer une terre dite morte à travers la réforme, la Tout au début des conquétes construction, l’agriculture ou toute autre musulmanes, de vastes terres étaient forme d’usage. En Islam, la terre morte abandonnées ou vierges et hors du contrôle est tout terrain qui n'a pas de propriétaire des autorités publiques. Ce mécanisme a connu, ne montre aucun signe d’activité ou donc beaucoup encouragé les individus et les d’appropriation ou de marquage. L'action, groupes sociaux à sétablir dans des endroits selon l’avis des juristes, à l’exception des qui o rent des conditions de vie et de Hanafites, n'exige aucune demande de développement, et qui échappent au contrôle. 55 Certains de ces établissements humains sor}t Limpact de ces pratiques sur l’architecture même devenus de grandes villes. Il s'agl!: et le cadre bâti est multiple, Une notamment des villes dites spontanées qui consommation intelligente s'applique aux nont pas connu une planification préalable espaces résiduels excédant les besoins des ou une décision de création. activités urbaines chaque fois qu’ils sont détectés par les résidents. Elle leur permet Selon certains juristes tels que Al- également | d’étendre leurs habitations Qarâfi (d.1285 A.G.), ce mécanisme sétend au-dessus des voies publiques sous forme même aux espaces résiduels qui se trouvent de balcons, de chambres suspendues et enclavés entre les constructions ou le long d’auvents tout en respectant la hauteur des rues. La règle juridique fondée sur le raisonnement et sur l’analogie institue que su sante pour la circulation. Cependant, le reste des terres mortes est forcément une l’absence fréquente du contrôle municipal et terre morte (Al-Qarâfi d. en 1285). Cela ne le laxisme des autorités, conduisent souvent s'applique pas seulement au plan horizontal au rétrécissement graduel des voies et à leur de la ville mais aussi aux espaces en hauteur, couverture ; ce qui les rend parfois de longs notamment au-dessus des rues. Les tunnels sombres. Souvent, des actions de encorbellements et les saillies couvrant les corrections sorganisent par les autorités, rues de part en part en assurant la hauteur notamment le muhtassib, en démolissant su sante pour le passage et la circulation des marches d’escaliers, des balcons et des ne sont donc qu’une forme de revivification projections, repoussant les maisons à leurs d’un espace considéré mort. état initial et récupérant la largeur nécessaire des voies (Figure 6). [APPROPRIATION PAR REVIVIFICATION IÔ\PPROPRIATION PAR REVIVIFICATIOI\* — S ETAT1 $ ETAT2 e Figures 6 (a,b,c et d) : Limpact du processus de revivification sur barchitecture urbaine et le tissu de la ville. Une vue sur bancienne ville de Boussada, une rue voûtée dans la Casbah d>Alger, et deux schémas (avant et après) montrant cet impact. Sources: (a) Carte postale, (b)(c) et (d) Auteur. Le droit de précédence de l’habitation existante en évitant de leur faire face et préservant son intimité. Le droit de précédence consiste à donner la priorité en cas de compromis ou litige à toute Ce droit, une fois adopté par les résidents d’une condition en précédence et à contraindre les ville, crée au niveau de l'espace urbain une acteurs urbains à la considérer lors de tout chaîne de contraintes et de nouvelles actions nouvel aménagement ou action. Les terrasses, qui elles- mêmes deviennent une nouvelle les murs mitoyens, les portes et les fenêtres série de contraintes à celles qui les précèdent existantes deviennent donc des conditions et ainsi de suite. Seule la connaissance de à prendre en compte lors de toute nouvelle ’ordre chronologique des éléments et des construction ou action … d’aménagement. constructions permet de comprendre la raison En cas de deux habitations de part et d’autre d'être des choses telles que l'emplacement des d’une voie publique, le nouveau propriétaire entrées et des ouvertures, les élévations des au moment de décider de lemplacement de ses murs de terrasses, les reculs et les avancements ouvertures, doit prendre en considération celles des murs, etc. (Figure 7). 57 Figures 7 (a et b): La précédence et son impact sur I'emplacement des nouvelles ouvertures. Une rue dans la Casbah montrant l'emplacement des ouvertures etun schéma montrant l’exigence de déplacement en cas d'ouverture d’une nouvelle porte. Sources: (a) Bibliothèque Nationale d'Alger, (b) Auteur. Le droit de succession indivis tels que les puits, les fours, les escaliers Le droit de succession ou d’héritage et les bains. Quant aux héritiers, ils sont donne aux héritiers la possibilité de partager aussi de deux catégories, les héritiers à titre les biens mobiliers et immobiliers suite au de fard’ (les héritiers ayants droit à une part décès du propriétaire surtout en cas de litige. fixe) et les héritiers par agnation, ‘asab. Par Le partage du bien se fait selon des règles conséquence, les parts fixes sont citées sous juridiques issues des textes coraniques et des forme de fractions qui sont : 1/2, 1/3, 1/4, traditions du Prophète qui déterminent la 1/6, 1/8 et 2/3. Quant aux autres parts, elles part de chaque héritier par rapport à son lien sont calculées par déduction après que celles de parenté au défunt (Ben-Hamouche M. des ayants droit sont omises (Ben-Hamouche M. 2011). 2010). La géométrie des parcelles et des Quant aux bicns,ils sontde deux types. habitations, et des tissus urbains en général, Ceux qui sont divis tels que les habitations, les sont en grande partie le résultat de ce système locaux de commerce ct les terres agricoles, ct 58 de partage qui ne cesse de s'appliquer sur tous déchi rer la complexité et l'irrégularité les biens privés à l'exception des waqfs. En de ces tissus qui se manifestent dans les faisant ressortir les parts des héritiers tant que imbrications entre les constructions tant au possible, les biens sont aménagés de façon niveau horizontal qu’au niveau vertical. Un à assurer de nouveau les conditions de base raisonnement par récurrence, nous permet ur leurs usages tels que le fonctionnement, aussi de comprendre les étapes graduelles l'accessibilité, l’éclairage et l’aération. En du développement de la complexité au fil du se référant au système de partage, on peut temps (Figures 8,9 & 10). _SUBDIVISION DU SOL __ SUBDIVISION DU SOL q Figures 8 (aetb): Partage hypothétique, figures avant et après. La subdivision du sol et son impact sur la géométrie urbaine, Source: Auteur. Figure9: le partage de l’eau qui explique aussi la complexité du système hydraulique, La foggara à Tamentit, Adrar, comme exemple de subdivision de l’eau, Source: Auteur: 59 La préemption partage successoral. La préemption conduit à réunifier les parts et les fragments d’une Dans son essence, ce droit, appelé même propriété. À l’échelle du voisinage, la choufda, vise à éliminer tout dommage préemption protège l’unité sociale au sein du naissant de partenariat, d’association, ou de même quartier et renforce donc la cohésion voisinage.Il consiste à conférer à un associé ou entre les copropriétaires et les associés en un partenaire la possibilité d’acquérir un bien empéchant les étrangers d’accéder à leur par préférence à tout autre acquéreur possible. espace (Figures 11 & 12). En cas de vente d’une part d’un bien, l’associé ou le partenaire a la priorité de l’acheter avant Sur le plan architectural, la préemption toute autre personne. Si jamais la transaction peut générer des configurations géométriques est faite sans consentement des concernés, la très complexes qui naissent de l’assemblage des préemption donne au partenaire ou associé fragments de constructions ou de parcelles. le droit d’annuler la vente et d’acquérir ce En volumétrie, elle peut aussi générer des bien en payant la même somme que le tiers. superpositions diverses de propriétés entre le En cas de présence de plusieurs partenaires rez-de-chaussée et les étages. Sur une même voulant exercer leur droit, le bien récupéré voie, deux propriétés se faisant face et occupant peut être partagé à l’amiable, sinon à parts les deux rives peuvent être assemblées en égales. créant des chambres ponts, des passerelles ou des passages souterrains qui assurent la L'impact physique de ce mécanisme est en quelque sorte l’inverse de celui du fluidité de la circulation publique. PREEMPTION PREEMPTION PRy | Figures 11 (aet b): Limpact de la préemption sur la géométrie urbaine, unification des parcelle adjacentes. Cas hypothétique, Source: Auteur. Figures 12 (a et b): La préemption comme source de complexité urbaine. (a) Le tissu urbain dans la Casbah d’Alger. (b) Les encorbellements comme résultat de préemption. Sources:(a) Atelier Casbah, p. 146. (b) Carte postale. Les mecanismes du secteur public Selon les juristes musulmans, la mission du pouvoir public consiste en la sauvegarde Si l’architecture urbaine esten majorité des fins suprêmes de l’Islam, al-magâsid, à le résultat des mécanismes qui commandent savoir : la religion, ad-din ; l’âme, an-nafs ; l’action privée dont l’habitat est Tespace la procréation, an-nasl ; la propriété, al-mal, privilégié, elle est aussi façonnée par d’autres et la raison al-‘aql), (AI-Châtibi d. en 1388). mécanismes qui relèvent du domaine public Tout exercice du pouvoir, doit donc refléter (Ben-Hamouche M. 2003). En assurant les soit la promotion ou la défense de ces fins. droits des individus, leur liberté d’action et l’intérêt public, etenempéchant tout préjudice La gêne, le dommage, le préjudice a/-dharar au public, le pouvoir public contribue à la formation de l’architecture urbaine en se Ce concept est fondé sur trois règles souciant de l’urbanisme de la ville qui est juridiques fondamentales constituant ainsi l’image de la mission de 'Homme sur la terre, la théorie du dommage en droit musulman. khilafa ou khalifa, aux sens philosophique et La plus célèbre des trois, est celle relevant juridique (Ben-Hamouche M. 2012). du Hadith ; «la dharara wa la dhirâr». Pas de préjudice, qu’il soit bénéfique ou non. Par cette règle, il s’agit surtout de pren dre 62 Figures 12 (a et b): La préemption comme source de complexité urbaine. (a) Le tissu urbain dans la Casbah d’Alger. (b) Les encorbellements comme résultat de préemption. Sources:(a) Atelier Casbah, p. 146. (b) Carte postale. Les mecanismes du secteur public Selon les juristes musulmans, la mission du pouvoir public consiste en la sauvegarde Si l’architecture urbaine esten majorité des fins suprêmes de l’Islam, al-magâsid, à le résultat des mécanismes qui commandent savoir : la religion, ad-din ; l’âme, an-nafs ; Paction privée dont l’habitat est lespace la procréation, an-nasl ; la propriété, al-mal, privilégié, elle est aussi façonnée par d’autres et la raison al-‘aq!), (Al-Chatibi d. en 1388). mécanismes qui relèvent du domaine public Tout exercice du pouvoir, doit donc refléter (Ben-Hamouche M. 2003). En assurant les soit la promotion ou la défense de ces fins. droits des individus, leur liberté d’action et l’intérêt public, etenempéchanttoutpréjudice La gêne, le dommage, le préjudice a/-dbarar au public, le pouvoir public contribue à la formation de l’architecture urbaine en se Ce concept est fondé sur trois règles souciant de l’urbanisme de la ville qui est juridiques fondamentales constituant ainsi l’image de la mission de l'Homme sur la terre, la théorie du dommage en droit musulman. khilafa ou khalifa, aux sens philosophique et La plus célèbre des trois, est celle relevant juridique (Ben-Hamouche M. 2012). du Hadith ; «dla dharara wa la dhirâr». Pas de préjudice, qu’il soit bénéfique ou non- Par cette règle, il s'agit surtout de prendfc 62 Li. toutes les mesures possibles pour empécher Des règles juridiques régissant l’action le dommage. La deuxième règle : al-dharar des pouvoirs publics dans ce domaine, sont yuzâl, le dommage doit être éliminé, s’attache élaborées par les jurisconsultes en vue de la surtout à l’élimination du dommage présent. définition de l’Intérêt public, son étendue, Lancienneté du dommage n'est donc pas ses objets et ses fins. Parmi ces règles ; «la considérée lorsqu’elle soppose à l’intérêt jouissance publique est conditionnée par général (Zarga A.M. 1989, 125-130). Quant l’intérêt> (AI-Châtibi, A. I. 8-12). Cette à la troisième, elle s’attache surtout au mode règle stipule que toute action publique doit dévaluation du degré du dommage et aux être fondée, dès lorigine, sur un intérêt mesures à prendre. La régle proclame ainsi juridiquement défendable et convaincant. que la nécessité (sinon la circonstance ou le besoin) doit être prise en considération qu’elle Parmi les mécanismes _ assurant soit privée ou publique (Zarqa A.M. 1989, l’intérêt public, figure lobligation pour pp155-158). Cependant, en cas de conflit, l’intérêt général. Il s’agit dans cette forme la règle juridique proclame que «le préjudice d’imposer un mode d’usage ou de jouissance individuel doit être imposé afin d’éviter le aux propriétaires privés selon la nécessité préjudice public »( Zarqa A.M. 1989). publique expresse. L'autre mécanisme le plus connu est l’expropriation pour cause d’intérêt Quant à l'élimination du dommage, général. la procédure prévoit des mesures préventives consistant en l’intervention des autorités afin Siles mécanismes encadrantle domaine de sauvegarder l’intérêt public d’une menace privé gravitent autour du concept principal de imminente. Dans le cas des murs qui penchent la liberté d’action accordée aux individus et et menacent de se ondrer, les autorités aux groupes sociaux, ceux du domaine public peuvent en imposer la démolition immédiate émanaient de I'Intérét général. Sur les plans au propriétaire (Ibnu’l-Imam 996, p 127). physiqueetspatial,lestraces de ces mécanismes se manifestent dans les équipements de grande L'intérêt général, istisläh ou envergure, les infrastructures, le système maslaha de défense et la gestion du domaine privé. Comme équipements, les autorités assurent Lune des sources fondamentales de l’approvisionnement et le déroulement des l'élaboration de l’opinion juridique est la services à usage public tels que les mosquées, considération de l’intérêt public, connu sous le les hammams, les hôpitaux etc. Quant aux nom de istislah ou maslaha. L'Intérêt public infrastructures, il s’agit de l’alimentation en est dans ce cas formulé par un processus eau, de l’assainissement, de la circulation et de raisonnement légal ijtihâd qui prend en de l’éclairage public. Le système de défense est considération les fins de la charj’äa citées un domaine vital dans le contexte historique auparavant (Waqar A.H 1980, 29). du XIXème siècle qui précède lexpansion 63 L'URBANISME ET LARCHITECTURE À L'ÉPOQUE COLONIALE 1830-1840 Transformations urbaines, extensions de la ville et architecture militaire Nord par les Frangais, en s'étalant sur cette Introduction longue période historique et en reflétant une L'architecture coloniale est intimement large variété des statuts des colonies et des liée à l’histoire universelle allant du XVI types d’administration est un facteur majeur siècle jusqu’au XIXème siècle. Celle-ci dans la diversité de l’architecture coloniale. a connu lexpansion | des pays européens Danslecontexte Algérien,l’architecture sur tous les continents. Poussées par leur coloniale représente le patrimoine bâti de la supériorité marine et militaire et nourries période allant de 1830 à 1962 où le pays a par des ambitions mercantiles, les grandes connu l’occupation française. La domination puissances transformérent les territoires politico-militairegraduelledupays,substituant conquis en grands marchés, pour leurs «la guerre d’extermination » (Brower B. 2012, produits, et en source d’approvisionnement 60) par une colonie de peuplement (Sessions en matières premières. La colonisation F. 2012, 64) et une migration massive de comme stade suprême du capitalisme a eu, la population européenne vers le territoire comme tout système, son reflet direct sur la algérien constitue un domaine d’étude très ville, l'urbanisme et l’architecture. caractérisé de l’histoire coloniale appliquée à Du fait quelle renvoie à des l’architecture. expériences très diverses dans le temps En commençant par s’installer dans et l'espace, l'étymologie de l’architecture les villes existantes, les autorités françaises coloniale ne peut être comprise que dans le ont procédé à la transformation radicale Contexte chronologique et géographique. du bâti intramuros puis en aménageant Lfl_ colonisation de l’Inde par la puissance les extensions extramuros en vue de fonder britannique, de l’Amérique latine par les de nouveaux établissements humains. Un “Pagnoles et les Portugais et l’Afrique du paysage à double identité (européenne et 69 —s musulmane) sest donc établi.depuls yles Le mode de datation Proposé l'eflète premiers temps de la colonisanop et sest chronologie segmentée de l’hérita iy amplifié par la ségrégation spatiale entre et fournit des traces irréfilta%l::lorual les deux communautés. Le présent c.hapltre l’historiographie de l’architecture °°1°l'lialeom Pour servira donc d’introduction pédagogique au Algérie et même au Maghreb. début de l’œuvre coloniale. Ces phases sont : , L'Architecture et l’urbanisme militaires L’Architecture coloniale et sa (1830-1840) périodisation % L’Architecture et l’urbanisme civil A Toppos¢ de sa singularité (1840-1880) linguistique, | l’architecture coloniale n’est pas homogène ou monolithique qu'elle soit à 3. Latendance algérianisée et le discours l’échelle internationale ou locale. En s’étalant français-français — (1880-1914) sur une longue durée de plus d’un siècle, elle comprend, dans le cas de l’Algérie, plusie 4. Les tendances modernistes entre les urs Deux Guerres (1914-1945) styles et étapes historiques marquées et articulées par des évènements 5. Larchitecture et l’urbanisme modernes majeurs. La période coloniale 1830-19 62 peut (1945-1962) être en e et subdivisée en ci nq phases L'architecture et l’urbanisme militaires 1830- qui reflètent des articulations pri ncipales 1840 de la présence française en Algérie € t dans l’agenda du colonialisme. Chaque étape Contrairement se caractérise à l'évènement g: par des tendances philosophiques l'éventail, la prise d’Alger et le projï et des paradigmes intellectuels qui lui sont propres colonisation datent depuis au moins 1808i 9 ä et qui marquent le produit arch colonel Vincent Yves itectural et l'espace urbain de son temps. chefde larmée du Génie,Bouprétinparait(17un72-WP 1 ort, graphi que très détaillé sur le système és Larchitecture et l’urbanisme présentés sont donc de la ville qui comprenait des re:le n5, & ici dans un ordre Chronologique batteries, des Forts, des fonifi_ qui permet de constater ce passage cmo 1, paradigme à un autre et de com d’un l’entourage de la ville et de l’cnc_em âf ggr,]’ prendre cette sédimentation et son coexistence D-Ceestle 5 juillet 1830 que laville ds dans la ville Casbah, s’e sto ciellement reffduc e ¥ contemporaine. Alger s’impose ici comme française après une longue fés‘smnce; cas d’étude parfait qui résume ces di érentes entraina la démolition de ses d'usé vagues touchant le reste du territoi re Algérien. Portsîsy és grande partie de son enceinte et de 70 et de plusieurs édifices publics et habitations. et de démolition. Une comparaison entre les deux cartes de la Casbah, état initial et après Depuis les premiers jours de l'occupation, transformation, reflète l’ampleur de telles la ville connut donc des transformations actions et leur impact sur la ville. spatiales radicales qui visaient à soumettre la ville et à l’adapter aux nouveaux besoins Description des premières actions militaires et administratifs. Un grand nombre urbaines de constructions furent démolies, tandis que d’autres furent réhabilitées pour recevoir de Pour un — souci d’accessibilité, nouvelles fonctions. Au fur et à mesure, des mais aussi de domination, des percées et opérations dexpropriation furent lancées. travaux d’élargissement furent lancés dès les premiers jours de la prise de la ville. Afin de répondre aux exigences Ils servirent l’armée à pénétrer dans la militaires en termes d’espace, beaucoup de ville, faciliter la circulation et anéantir la Mosquées, de Zaouïas, de Fondouks(Hôtels) résistance persistante après la conquête. Il et de bâtiments publics furent convertis en s'agissait d’abord de créer un grand espace étables, casernes et dépôts de munitions. dans cette ville compacte aux rues étroites Quant à la Basse Casbah, elle devient le siège qui permettrait de rassembler les troupes des autorités militaires grâce à sa topographie militaires et de faire les parades (Figure plane, à la disponibilité des espaces ouverts et 2). C’est la Place d’Armes devenue Place à son emplacement près du port. du gouvernement, actuellement Place des Martyres qui parait voir le jour en premier. Le projet de colonisation usant du En partant d’un espace ouvert déjà existant, slogan « la mission civilisatrice », a permis de le grand souk ouvert, qui se trouvait face justifier la prise de mesures techniques visant aassurer «’hygiène» et la santé publique dans au Palais du Dey, Jenina ou le petit jardin, La ville, y compris l’accessibilité, l’aération et l’aménagement nécessita la démolition des boutiques constituant les rues marchandes, l’ensoleillement. L'atmosphère de conflit le marché couvert, qissariya, et quelques entre la population locale et l’administration édifices publics dont la Grande Mosquée militaire française nous renseigne que le souci Al-Sayyda. Une proposition — faite par de contrôle social fut le vrai facteur derrière l’architecte Luvini en 1831, prévoyait même ces actions. Bien que le plan de quadrillage la démolition des deux grandes mosquées de la ville n'ait pu se mettre en place, vu la nature accidentée du site de la ville, des pourun meilleur tracé de la place. L'idée fut rejetée par le Génie (Lespes p. 1930, 208). Percées furent créées dans cet esprit. Quant à son dimensionnement, le coté était C’est Ia partie basse de la Casbah, qui fixé en fonction de la longueur d’un front de connutles premiers travaux de transformation bataillon, d’où le nom de la Place d’Armes. 71 B TR Figure 2: Place d’Armes, actuellement Place des Martyres. Source: Yann Arthus Bertrand (2009). En se souciant de l’ordre formel, la de son accessibilité par les troupes militaires Place prit une forme relativement régulière. et leurs parades. Des travaux d’élargissement Elle était entourée d’une série d’arcades de ces trois rues furent tout de suite entamés à intervalles strictement rythmées. Un pour leur permettre d’atteindre la largeur architecte formé à l’Ecole nationale des Beaux- standard de 8 m, en suivant plus ou moins le arts de Paris, Pierre Auguste Guiauchain, tracé géométrique initial. Deux autres rues, fut désigné avec le titre d’« architecte des Chartres et celle des Consuls, furent aussi bâtiments civils » pour superviser les travaux classées comme principales pour faire l’objet qui durèrent jusqu’à 1839. des mêmes travaux en 1837. Selon Lespes, la plupart des rues, y compris les plus grandes, Cette place constitue lc point de ne dépassaient pas 3 m de largeur. C’est grâce Tencontre des trois axes principaux : Bâb- aux travaux du Génie, que l’accès du port était Âzzoun, Bäb-El-Oued ct Bâb-El-Djazira ouvert aux chariots de deux et quatre roues Tellant la ville à son territoire terrestre ct venant de Bäb- Azoun ou de Bâäb-el-Oued maritime. Une fois espacée, se posa la question (Lcspcs p 205) (Fîgurc 3). 73 ë HE CIS ; ; 23 Figu re 4: Alger en 1840, plan montrant la nouvelle enceinte et les premières extensions françaises. Source: Architectures Françaises : Outre-Mer ; Pierre Mardaga éditeur, Collection Villes ; 1992. Démolition et appropriation des édifices casernes et leurs dépendances, 130 maisons publics et boutiques, deux bâtiments transformés en hôpitaux, des anciens Palais des Deys, Selon Lespes R. (1930, 200), les écuries du Dey, l’ancienne Fonderie, l’installation des troupes, des o ciers et des un magasin à poudre et les deux hôpitaux services de l’armée fut la première question extérieurs (Lespes 202) (Figure 5). à résoudre. En décidant de cantonner dans la ville le maximum de troupes, les Comme signe de domination autorités militaires occupèrent les casernes politique et militaire, les deux sièges des janissaires, les édifices du Beylik et les de gouvernance ottomane furent les « Foundouks » d’abord, puis les maisons premiers à attirer l’attention des autorités voisines du rempart, ainsi que plusieurs militaires françaises. Dès les premiers jours mosquées grâce à leurs tailles d’une part, d’occupation, La « Jenina », qui était l’ancien et leur statut, considéré « public ». Les siège du gouverneur dans la Basse Casbah Sta,tistiques de l’époque nous renseignent avant 1816, ainsi que la Citadelle de la Quen 1832, l’armée française retenait Haute Casbah, y compris le Trésor public Pour son propre usage, 8 mosquées, 14 devinrent des annexes de l’administration 75 V D'autres mosquéesetédifices religieux somme de 176 édifices religieux, il ne restait t entièrement ou partiellement en 1870 que 9 grandes mosquées, 19 petites furc: riés pour utilité publique puis mosquées, 32 mausolées et 5 zaouïas, soit dén:ofls lors des travaux d’élargissement un total de 47 édifices à la fin des travaux des rues et des places. On peut citer à titre (Benhamouche M. 2007, Belkadi B. et d’exemple : Djamaa Mizzo Morto, Djamaa Benhamouche M. 2003). En fait, il y avait Lablat, Masjid Ben-Nigrou, Masjid Fouk parmi ces édifices religieux ceux qui furent Ali Bitchine et Djamaa Souikat Ammour. convertis, malgré leur sacralité, en casernes, Lagrande mosquée Al-Sayyda, connue par magasins et écuries. Afin de répondre aux son architecture,son minaret et sa façade besoins religieux de la nouvelle population décorée faisant face au grand souk fut aussi européenne, deux grandes mosquées furent démolie dans la Basse Casbah en 1832 afin baptisées en églises ou cathédrales. Il s’agit d’agrandir la Place et construire l’Hôtel du spécialement des Mosquées de Ketchawa gouvernement (Figure 6). Si la ville comptait (Figure 7) et d’Ali Bitchine (Figure 8 ) en 1830, selon Devoulx A. (1826-1876) 13 qui devinrent successivement, la cathédrale grandes mosquées, 109 petites mosquées, Saint Philippe et Iéglise catholique. 32 mausolées et 12 zaouïas, ce qui faisait la À. (1870). Figure 6: Mosquée Al-Sayyda démolie en 1832. Source: Devoulx 77 ;V Lurh anisme d alignement et la tendance ville d’Alger Pierre August Guiauchain Lé. (1806-1875), nommé en 1834 «architecte régularisatrice du Gouvernement », et le baron Voirol Lordre géométrique était toujours une prirent en charge l’établissement d’une bsession des autorités françaises dans la ville règlementation ordonnant les voiries et les Ë’Alger connue par sa topographie, mais aussi nouvelles constructions. Cette réglementation ar son tissu organique irrégulier. Sous l'e et formelle dictant le gabarit et imposant du culte de laxe, des travaux de percement un style classique explique clairement la farent entrepris pour introduire la ligne droite répétition excessive qui caractérisait les et de redresser la géométrie du réseau routier premiers quartiers européens. Lemprunt de la ville. Des propositions d’alignement se aux typologies métropolitaines des formes succédèrent depuis la première année de la urbaines, dicte les nouveaux immeubles en conquête et se couronnent, dès 1854, par une pourvoyant des galeries commerciales au rez- commission chargée d’étudier les alignements de-chaussée et des arcades en double hauteur. et les réserves foncières hors des murs de Clest grâce à ces arcades, formant une ceinture l’ancien Alger (Almi S. 2002,8 & 81). urbaine qui assurait l’ordre formel de la ville européenne, que les Européens pouvaient Lapproche Haussmannienne (1809-1891), circuler librement dans la ville sous le soleil déjà mise en marche à Paris depuis 1853, de l’Afrique du Nord (Lespes R. 213). s'appliquait sur la morphologie de la ville d’Alger en présence d’une autorité militaire L'analyse de la morphologie des nouvelles absolue et d’une société civile entièrement extensions urbaines, nous permet de déduire anéantie. Quant à la partie européenne l’unité de composition urbaine qui est l’ilot nouvellement construite, elle répond à rectangulaire ou carré, souvent confrontés aux cette approche avec moins de di cultés à contraintes du site et produisant des parcelles part les travaux coûteux de terrassement. soienttriangulairesousimplementirrégulières. Cette approche qui se dissimule derrière Ces formes, découlant du croisement des Thygiénisme, la modernisation et l’esthétique percées droites convergeant vers des Places- llr!'mine, Pparait aussi très conciliante aux soucis carrefours et monuments historiques, Primaires des militaires dont le contrôle dictèrent les blocks de constructions avec dlrcCt_ des autochtones et la sécurité furent les façades rectilignes et hauteurs uniformes. En Premières préoccupations. Le développement expliquant la pauvreté architecturale de cette urbain linéaire de la ville continua du côté époque, Lespes évoque l'arrété promulgué en ud, le long de la côte algéroise. mai 1832 interdisant d’exécuter des balcons, des auvents, des stores ou quelconques saillies eDm un ionbuts, d’al’a s ens l’unité architecturale ssureritecte sur les façades des maisons les rendant ainsi $ ext rch en chef de la complètement planes (Lespes R. 212). 79 nd nombre de bâtiments lImpératrice et constitua la nouvelle façade les ilots de part et d’autre acquièrent maritime de la ville. ‘“tmes triangulaires très aigues, ce qui des for des conceptions particulières, en L’Architecture coloniale gageamnt d’aménager les espaces résiduels Dans le cadre de la doctrine coloniale, ‘ les obtus d’une part, et d’accentuer l’architecture peut être considérée comme êä Ïnëisuel de ses détails sur l’architecture };b:me d'autre part (Figures 9, 10 & 11). outil qui sert pour marquer la présence et la dominance du vainqueur, mais aussi pour C'est dans cette même approche rassurer les nouveaux colons et leur fournir urbaine, que = Fréderic un milieu qui leur fait sentir qu’ils sont chez d'esthétique ancien directeur eux, ou au moins leur fait rappeler leurs Chassériau (1802-1896), pays d’origine. Alger devait prendre l’aspect des travaux publics à Marseille, réalisa les d’une ville française à travers son architecture murs de soutènement du Front de la mer qui (figure 11). Figure 12: Rue d’Isly, une architecture classique de la métropole. Source: Carte postale. 81 ‘ opaques souvrant sur la. L’analyse de l’architecture coloni:äe terrasses en cascade et dénuée Par % de de la première décennie nous.pem_u_:t décoration externe en signe d)humî -t°“‘e ltaxîe constater la présence de l'esprit mll = ingrédient majeur dans la comme ::omm_e transformation de la ville existante sur l’extérieur par le biais des balco Crty, 'guell dans les nouvelles constructions. Lor larges ouvertures et des valeurs esthér” € cis de militaire se conjugue avec les sou a chées (Figure 12). Cette confroeth}le: e sécurité en premier lieu à travers l’ordr se prolonge parait-il même à Pinre

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