Les spécificités et les caractéristiques de l'entretien avec un enfant et un adolescent PDF

Summary

Ce document traite des spécificités et des caractéristiques de l'entretien avec un enfant et un adolescent. Il souligne la dimension plurielle de l'entretien et les aspects qui permettent de différencier les types d'entretiens en fonction de l'âge. Il met l'accent sur la compréhension langagière et la maturation psychique de l'enfant et de l'adolescent, ainsi que sur la quête d'identité chez l'adolescent.

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Les spécificités et les caractéristiques de l’entretien avec un enfant et un adolescent Il y a une spécificité de l’entretien selon les différents âges de la vie. Si les données fondamentales de l’entretien demeurent inchangées, un certain nombre de paramètres nouveaux demandent à être considérés. L...

Les spécificités et les caractéristiques de l’entretien avec un enfant et un adolescent Il y a une spécificité de l’entretien selon les différents âges de la vie. Si les données fondamentales de l’entretien demeurent inchangées, un certain nombre de paramètres nouveaux demandent à être considérés. La dimension plurielle de l’entretien est le premier registre à souligner. Il est évident que le nombre des aspects qui permettent de différencier des types particuliers d’entretien en fonction de l’âge est d’une extrême étendue. Nous allons nous limiter aux distinctions basiques afin de repérer au mieux ce qui peut influer, dans l’entretien, du fait du degré de maturation psychique du jeune. Une première question est celle de savoir quel est le degré de compréhension langagière du sujet. L’entretien avec l’enfant ayant acquis l’usage de la parole demande à prendre en compte le sens propre que revêt le langage selon le niveau de développement. L’accès au sens et le caractère fonctionnel des mots varient beaucoup en fonction de la maturation psychique. La mise en oeuvre du jeu et du dessin sont deux prérequis de la dynamique de cet entretien. Avec l’adolescent, l’entretien prend une autre tournure. La quête de l’identité qui l’anime passe d’abord par un processus d’autonomisation. Comment se dégager de l’influence des parents et des substituts parentaux ? À travers l’écoute qu’il lui prodigue, le psychologue cherche à consolider les assises narcissiques de l’adolescent pour lui permettre d’accéder à la maturation. L’étayage d’une médiation adaptée est à créer dans l’espace clinique pour être en correspondance avec la nécessaire présence du groupe des pairs. L’entretien avec l’enfant présente une réelle spécificité, qui tient compte de la plasticité du psychisme de celui-ci et de son niveau d’évolution développementale. En fonction de l’âge de l’enfant, la rencontre se déroule de manière différente et les modes d’intervention du clinicien sont utilisés chacun singulièrement. Il est important de garder à l’esprit que l’enfant est accompagné par ses parents, et que, de plus, il est rarement demandeur du premier entretien psychologique. Un autre a donc généralement pris pour lui la décision de cet entretien qui va avoir lieu. On l’y a d’ailleurs préparé ou non. (tous les cas de figures sont possibles : parfois on ne lui a rien dit. Souvent, l’enfant semble avoir oublié ce qu’on lui a dit. Parfois on lui a demandé son accord … ). Il faut tenir compte de cette spécificité afin de permettre à chacun de s’exprimer sur ce qu’il a à dire. Au cours d’un entretien psychologique, il s’agit d’offrir à l’enfant un cadre et une ambiance permettant l’établissement pour ce dernier, d’un possible échange avec un adulte. Quelles que soient la nature et l’objectif de la rencontre (clinique, thérapeutique, recherche…), pour l’enfant la situation d’une rencontre avec une personne étrangère (le psychologue) n’est pas quelque chose de naturel. Il faut se rappeler que la rencontre avec un étranger provoque de l’inquiétude. Aussi, il nous faut expliciter notre fonction, expliciter également les motifs de la rencontre afin que l’enfant puisse se sentir à son aise dans l’espace de la rencontre d’autant plus si l’on rencontre l’enfant sans la présence de ses parents. L’enfant et/ou l’adolescent se trouve dans une situation de dépendance vis-à-vis de ses parents (affective, matérielle, financière et j’en passe). Nous avons vu, que l’enfant ne venait pas seul. Cela peut avoir des incidences sur le plan pratique. Dans le cas d’un entretien clinique, la demande de consultation est souvent vécue comme une souffrance, un échec pour les parents (échec éducatif, personnel…). La culpabilité et la méfiance à l’égard du psychologue sont souvent présentes. Il apparaît pourtant essentiel que lors des 1er contacts, la présence des deux parents puissent être une condition assurée (il faut faire en sorte que cette exigence soit possible car elle rend compte de la dimension de la parentalité pour l’enfant). Dans la rencontre avec les parents, l’enfant reste l’objet du discours parental, même si le clinicien tente déjà de lui permettre d’accéder à une position subjective propre, en s’adressant à lui directement et en l’impliquant dans l’échange avec les parents. Il s’agira dans le cadre de ces premiers contacts de comprendre le sens de la demande, des difficultés énoncées et de leur place dans l’histoire de l’enfant et sa famille, du contexte familial, social et psychologique. C’est ce que l’on nomme en psychologie l’entretien d’anamnèse. L’entretien d’anamnèse est un entretien clinique qui a lieu surtout au début du processus d’investigation. L’objectif de l’entretien d’anamnèse est de recueillir des informations pour comprendre la dynamique psychique de l'enfant. Il s'agit donc de recueillir un ensemble d'informations touchant à l'ensemble de la situation familiale, aux antécédents médicaux et personnels, le tout étant de se donner un aperçu de la situation passée mais aussi actuelle du sujet pour mettre en lien le vécu avec la problématique amenée. Comme nous l’indique Benony (1998, p. 88) « Le psychologue doit analyser les symptômes recueillis afin d’éviter de mettre sur le même plan les phénomènes perceptifs objectifs, les réactions vécues par l’observateur, les modes d’être de l’enfant, l’interprétation donnée par l’observateur et celle fournie par les parents ». Il s’agit d’être respectueux et de témoigner d’un intérêt à l’égard de chacun, permettre à chacun de s’exprimer sur ce qu’il a à dire. Les premières rencontres avec l’enfant vont permettre une mise en confiance avec le psychologue et vont pouvoir l’inscrire dans une démarche de compréhension et par conséquent active dans l’entretien. Il pourra exprimer ou pas ses ressentis, ses affects... L’entretien pourra alors s’engager avec l’idée de différenciation des propos du parent et par conséquent d’individuation. Avec l’adolescent, la difficulté sera d’obtenir son adhésion ce qui augurera ou non d’autres entretiens en individuel ou en groupe. Rencontrer l’enfant signifie entrer en communication directe avec lui et le reconnaître tel qu’il se présente dans son apparence d’enfant, sans à priori, sans idées préconçues, dans l’ici et maintenant de la situation clinique. En valorisant la capacité d’autonomie de l’enfant et en tenant compte de son « problème actuel » (Winnicott), il va s’agir pour le clinicien de mettre en suspens l’objectivation de l’enfant réalisée par exemple dans la plainte parentale par la description de ses symptômes, pour venir se centrer sur l’enfant lui-même, en tant que sujet, dans l’intersubjectivité de la rencontre. Tenir compte du problème actuel de l’enfant, c’est recevoir l’enfant comme il vient, être à l’écoute de ce qu’il vit en propre, être sensible à ce qu’il a à nous dire de ses vécus, aux prises avec ses joies, ses peurs et parfois de sa souffrance, tels qu’il les voit et les ressent au plan psychique et dans son corps d’enfant. Le langage n’est pas toujours suffisamment maîtrisé par l’enfant pour lui permettre de s’exprimer correctement ou précisément, l’attention de l’enfant et la « mise en mots » de la pensée sont parfois parasitées. Il s’agit pour nous, de s’adresser à l’enfant avec des mots simples et accessibles en se référant à son niveau d’âge, à son niveau de compréhension et ne pas hésiter à souvent répéter. Une autre difficulté qui peut venir entraver la rencontre avec l’enfant est la différence générationnelle entre le clinicien et lui. L’enfant a l’expérience de l’adulte, d’un parent ou d’un substitut parental, de quelqu’un qui, dans tous les cas, a toujours une attente ou une exigence à son égard. Il va donc d’emblée chercher à repérer cette attente ou exigence chez le psychologue pour s’y conformer, communiquant alors seulement sa part sociale et adaptative dans l’entretien. L’enfant a en fait besoin de temps pour s’acclimater à la présence de l’autre et pour se sentir suffisamment bien dans l’échange. Il est donc important que le praticien offre à l’enfant les conditions sensorielles, motrices et affectives nécessaires à l’établissement d’une communication authentique avec lui. Ce qui suppose d’abord de laisser l’enfant explorer l’espace qu’il est en train de découvrir, sans lui assigner d’emblée une place. Ce temps d’exploration s’avère primordial dans la mise en place d’une relation de confiance avec l’enfant et rend également possible pour le psychologue le repérage d’importants indices cliniques quant à la problématique de l’enfant et des processus psychiques à l’œuvre dans la situation. Là où certains enfants explorent intensément le bureau dans lequel ils se trouvent, inspectant placards et caisses de jeux, et s’installant tour à tour à divers endroits de la pièce, d’autres, au terme d’une hâtive exploration, trouvent un espace qui leur convient, pour se mettre ensuite rapidement à jouer ou à dessiner. D’autres encore, immédiatement assis en début d’entretien sur une chaise ou un fauteuil dans l’attente que le psychologue leur indique la place à prendre, restent passivement repliés sur eux-mêmes. L’utilisation de médiations comme les jeux ou le dessin, peut s’avérer utiles, voire nécessaires. Plus l’enfant est jeune et plus le recours à des objets médiateurs s’impose. La médiation facilite le mécanisme de projection, où l’enfant peut mettre en scène dans le jeu ou le dessin, des situations réellement vécues ou bien des conflits inconscients. Avec le jeu, l’enfant peut avoir le sentiment de maîtriser des impressions et des événements au lieu de les subir mais le jeu est aussi parfois un moyen de nier le dialogue avec le psychologue et peut lui même devenir un procédé défensif. Comme le note Benony l’enfant joue alors pour « ne pas être avec » le clinicien, pour maîtriser l’angoisse que sa présence déclenche et pour ne pas parler de lui. La verbalisation de ce phénomène à l’enfant réajuste bien souvent la situation. » La compréhension de l’enfant passe par une compréhension de souffrances réelles et de souffrances imaginaires. L’enfant va pouvoir rejouer des scénarii fantasmatiques qui pourront être interprétés par le psychologue. On pourra l’aider à verbaliser autour d’une scène qui nous semble revêtir une importance particulière en le questionnant sur la mise en place des personnages, des rôles de chacun … Le dessin quant à lui pourra nous aider à comprendre non seulement à quelle étape de développement le jeune se situe, et nous donnera à voir un thème de prédilection, une question autour de laquelle il va organiser dans un espace ses pensées ou interrogations. Aussi, il apparaît essentiel de bien connaître comment se développe un enfant et un adolescent au plan psychique et développemental. Quels peuvent être les différents types de recueils d’information ? Quelles visées et quels sont les moyens potentiels offerts par l’entretien psychologique ? Dans la pratique plusieurs types d’entretiens existent, différents selon leurs objectifs : - Entretien d’accueil, d’anamnèse - Entretien diagnostic - Entretien à visée thérapeutique - Entretien de soutien, d’accompagnement psychologique - Entretien psychothérapique - Entretien de recherche… Ils peuvent être menés dans divers cadres : Cadre d’hospitalisation, scolaire, consultation psychologique… Plusieurs approches théoriques peuvent possibles: - Approche cognitivo-comportementale - Approche intégrative développementale - Approche psychanalytique etc. Quelle que soit la forme de l’entretien, il s’agit d’une situation d’interaction particulière puisque deux individus qui ne se connaissent pas vont échanger sur un sujet donné pour une période limitée. D’un côté se trouve le sujet qui accepte cette situation, de l’autre le psychologue qui dans la visée de son exercice a des attentes et veut recueillir des informations. Il est primordial de présenter l’institution où l’on exerce (ou l’organisme de recherche, d’étude … ) ainsi que l’objectif de l’entretien et d’assurer l’anonymat et la confidentialité au jeune dans un souci éthique et déontologique. Cela nécessite d’avoir des compétences quant à l’écoute de l’autre même s’il s’agit d’entretiens semi-directifs (ou directifs), de l’aider à reformuler si nécessaire tout en reformulant nous-même pour s’assurer d’avoir bien compris ses propos. Les entretiens seront menés avec une neutralité bienveillante et empathie. Quelques aspects techniques sur l’entretien La conduite de l'entretien répond à certains principes. Le psychologue doit se situer dans une position de « neutralité bienveillante », c'est-à-dire qu'il doit suspendre son avis ou ses propres jugements, qu'il ne doit pas intervenir dans l'entretien, que son attitude ne doit être ni rigide, ni distante. Cette exigence éthique implique qu'il doit prendre conscience de ses propres réactions par rapport à ce qui lui est dit. Il doit être capable de reconnaître l'aménagement défensif du sujet, pour le respecter pour que son intervention n'est pas d'effet préjudiciable sur le jeune. Une autre dimension essentielle de la conduite de l’entretien avec un enfant est rattachée à l’empathie. Il s’agit de comprendre de manière exacte le monde intérieur du sujet, « comme si ». L’empathie renvoie à l’intuition de ce qui se passe dans l’autre. Il est également important d’évoquer la notion d’alliance thérapeutique, renvoyant à l’acte par lequel deux personnes s’allient et contractent un engagement réciproque, qui a un impact non négligeable sur la conduite de l’entretien. Au cours de ces entretiens, on retrouvera des mécanismes identiques aux autres formes d’entretiens tels que mécanismes de défense, projections, déplacements d’affects… Dans leur ouvrage publié en 2007 intitulé « Les premiers entretiens thérapeutiques avec l’enfant et sa famille », Matot et ses collègues dont Christine Frisch- Desmarez et Carine De Buck présente une synthèse de ce qui peut être recueillis comme matériel et être évalué au travers d’entretiens individuel avec des enfants. En voici, les éléments principaux proposés par les auteurs (pp 111-113): - la manière dont le jeune utilise le dispositif mis à sa disposition (se sent libre de s’exprimer ou se sentir pris dans un conflit de loyauté ? Va t-il comprendre que le psychologue s’intéresse à son fonctionnement psychique et que peut-être pour la première fois dispose t-il d’un échange avec un adulte à qui il peut se confier librement ?) - les capacités d’adaptation du jeune (se sent-il à son aise avec le psychologue ? son adaptation apparaît-elle authentique ? de quelle manière utilise t-il l’espace ? comment s’approprie-t-il les objets mis à sa disposition (jouets, crayons…) - la qualité des interactions de l’enfant avec son interlocuteur (trop ou pas assez de distance ? qualité de son écoute ? répond-t-il aux consignes proposées ou ne répond pas aux questions posées ?) - les réactions du jeune face aux interventions de l’adulte (peut-il se servir de ce que le psychologue lui dit ? peut-il jouer, rebondir associer, parler de lui , adopter des personnages de jeux, aborder ses sentiments ? peut-il parler de ses rêves, de ses fantasmes ? - le fonctionnement cognitif de l’enfant (compréhension, réflexion, organisation dans le temps, l’espace, troubles de la pensée ?...) - les symptômes de l’enfant, la nature de ses troubles, leurs manifestations lors de l’entretien - la place de ces symptômes dans la développement du jeune et leurs sens conscients et inconscients, ses symptômes apparaissent-ils transitoires ou chronifiés ? - le type d’angoisses et la nature des conflits psychiques que présente le jeune. Ce qui est analysé lors d’entretiens avec un jeune est toujours bien entendu à resituer dans le cadre et le motif initial de la rencontre ainsi que l’analyse de la demande voire des demandes. Les médiations Les jeux et le dessin sont les deux médiateurs privilégiés de la communication avec l’enfant. Le langage est la forme achevée de tout un ensemble de moyens d’expression que les adultes manient plus ou moins avec aisance. Mais avant de passer par le langage verbal, l’enfant passe par le jeu, l’expression corporelle et graphique pour appréhender le monde qui l’entoure. La compréhension de l’enfant passe davantage par l’action que par la parole. C’est donc, à travers ces formes d’expressions, que le psychologue est le mieux à même de retrouver les événements et les personnes importantes investis par l’enfant mais aussi d’approcher la manière dont il construit sa réalité interne. L’enfant peut s’emparer spontanément du matériel à sa disposition : papier, crayons, feutres, pâte à modeler, petits jouets, marionnettes… Ou bien, il va les regarder sans rien dire, attendant notre invitation à les utiliser pour s’exprimer. Ou bien encore, nous pouvons attirer son attention sur la possibilité que nous lui offrons de s’exprimer ainsi et l’enfant va soit accepter volontiers, soit avoir un enthousiasme mitigé soit refuser. S’il se met à dessiner ou jouer, il peut utiliser cette médiation comme résistance ou comme communication. Il peut chercher à nous ignorer tout au plaisir du jeu ou au fignolage de son dessin. Il peut également commenter spontanément ce qu’il fait et nous inviter à y participer. Il peut enfin ne parler qu’en réponse à nos questions. Quoi qu’il en soit avec ces médiations, on sollicite son désir et sa participation dans le dispositif. Quelle que soit la médiation choisie, l’enfant doit se sentir soutenu par notre regard, nos questionnements, le sens que l’on donnera à tel ou tel positionnement. Ainsi parfois on sera amené à choisir pour lui une médiation s’il n’arrive pas à se déterminer. Par ailleurs, qu’il s’agisse du dessin ou du jeu, le psychologue demeure actif tout en étant attentif au sens et à l’impact de ces interventions. En effet, ce qui est renvoyé au jeune par le psychologue est primordial (par exemple afin d’éviter que l’attitude neutre et bienveillante ait pour conséquence la lassitude du jeune ou l’enfermement dans le jeu solitaire voire un ressenti de rejet). Il pourra nous amener à intervenir dans ses jeux ou dans son dessin de manière active si par exemple il ne peut ni parler, ni dessiner, ni jouer. Il s’agit alors de lui laisser la liberté de choisir les thèmes, de ne pas confondre la production signifiante du jeune avec la nôtre. A noter que le jeu demeure éphémère tandis que le dessin a l’avantage de pouvoir laisser une trace. Un test comme celui du « dessin de la Maison » (Royer, 1989) peut être un outil complémentaire utile voire nécessaire pour préciser certaines hypothèses. Quelques principes de base et questionnements pour mener à bien un entretien psychologique avec un jeune - Il faut lui signifier et se mettre d’accord avec lui sur ce qui sera dit à ses parents et par conséquent ce qui ne sera pas communiqué (en général on communique aux parents l’impression clinique globale du fonctionnement psychique du jeune en lien avec le motif de la consultation). - Se demander si notre langage est accessible (au jeune) - Etre attentif aux attitudes non-verbales corporelles - Le matériel mis à disposition doit être adapté, ni trop inducteur, ni trop excitant - Il nous faut également repérer si le jeune est capable de penser et de s’exprimer par lui-même ou pas - Il faut arriver à repérer et à différencier ce qui relève de la dynamique individuelle du jeune de ce qui relève de la dynamique familiale (notamment en cas de dysfonctionnement). - Avec un adolescent, le psychologue doit tenir une position difficile entre compréhension du jeune et maintien d’exigences à son égard (identification à l’adolescent, identifications aux parents) - on décidera en fonction de chaque cas avec l’adolescent lui-même si on verra ou reverra ses parents et dans quelles conditions Bien prendre en compte de la dépendance à la famille et de l’environnement du jeune (dépendance financière, décisionnelle : on ne reverra le jeune que si les parents acceptent…) - Avec un adolescent, il faut tenir compte de la période de fragilité psychique qu’il traverse (à ne pas sous-estimer). Les signes les plus fréquents à cette période de la vie sont l’angoisse et la dépressivité. - Avec un adolescent, la neutralité et la gestion de la bonne distance dans le cadre d’entretien sont essentielles d’autant que l’ado cherche à rallier le psychologue à sa cause mais peut se sentir très angoissé par la suite s’il y arrive (sentiment du coup de ne pas avoir rencontré une personne fiable…). Distance requise également face aux attaques des figures parentales (toute remarque critique du psychologue pourra être interprétée par le jeune comme une disqualification parentale ou de lui-même.) - Ne pas confondre neutralité et silence, absence d’empathie…. Marcelli parle de « conversation » avec l’adolescent (à l’aide de questions, de reformulations sur les motifs de la rencontre afin de saisir les enjeux de celle-ci pour le jeune et faire émerger l’expression du conflit actuel…)Avec un adolescent, « Le devoir de parler est cependant une « prise de risque », qu’une ligne de crête entre le discours complice et séducteur ou la distance impersonnelle doit nous permettre de continuellement analyser et maîtriser » (Birraux, 1998, p. 294) - Enfin, se rappeler que la visée de l’entretien quel que soit son motif consiste dans un échange avec un jeune à obtenir des informations permettant d’apprécier la dynamique développementale de celui-ci en relation avec ses milieux de vie et de ce qui a participé ou participe à ce jour à des manifestations de souffrance, de dysfonctionnement... - Ce qui peut faire obstacle à l’échange avec un enfant ou un adolescent : - Avec un enfant attendre sa demande spontanée, s’étonner de son silence L’enfant n’est généralement pas le demandeur. - Notre difficulté à supporter l’attitude négative, opposante ou mutique d’un jeune qui va se réfugier dans la réalisation d’un dessin dans un silence absolu…. Se montrer intrusif par des questions inappropriées pour le jeune…. - Avec un pré-adolescent ou un adolescent, le jeu et le dessin sont perçus « au premier abord » comme trop régressifs, « enfantins »… Il s’agit de respecter cette réserve voire un refus catégorique notamment lors des premières rencontres avec le psychologue. C’est souvent possible quand des médiations sont disponibles sur notre bureau et qu’aucune demande n’a été adressée au jeune par le psychologue. Il peut alors se laisser aller dessiner par exemple tout en échangeant verbalement avec le psychologue. - La question du langage, de la compréhension ou de l’incompréhension langagière peut faire obstacle à l’échange avec un jeune. - L’enfant, le pré-adolescent ou l’adolescent demeurent dépendants psychologiquement de leurs parents qui peuvent se montrer rétifs ou ambivalents vis-à-vis de la rencontre avec un psychologue malgré leur accord initial (nécessité d’être soutenus affectivement….). - Il faut pour l’adolescent que l’on puisse être perçu comme un interlocuteur fiable, disposé à lui accordé un soutien, de l’intérêt à ce qu’il vit, ressent, perçoit… Qu’il soit disposé également et en capacité à entendre notre parole et lui accorder de la valeur. - La neutralité bienveillante est difficile à supporter pour le jeune, elle peut être angoissante (neutralité= disponibilité et tolérance aux informations apportées par le jeune, pas silence et non-directivité ici …) - Un adolescent sera souvent très sensible et blessé par des remarques critiques à l’égard de ses parents qu’il peut interpréter comme une disqualification de ces derniers… - Le discours sur la sexualité se doit d’être prudent… Ne pas interroger à ce sujet mais proposer une écoute à ce qui est abordé par le jeune dans un premier temps. - Enfin, les interventions et les interprétations doivent être prudentes (risque de fragiliser le jeune, de susciter une interruption des rencontres…). Tout ce qui touche au registre de la séduction doit être écarté. Exemple de la technique du « dessin d’une maison » comme médiation avec l’enfant et image de son adaptation sociale (J. Royer, 1989, 1995) Avantages du dessin dans le cadre de l’entretien avec l’enfant ou l’adolescent : - Activité habituelle, généralement appréciée des enfants (notamment le dessin du bonhomme et celui de la maison, thèmes favoris des enfants). - Moyen de communication, d’expression et de médiation accessible pour la plupart des jeunes. - Support « projectif » des affects conscients et inconscients - En général, le dessin permet d’obtenir « des informations sur le fonctionnement psychique de l’enfant, sur son niveau de compétences intellectuelles, sur son développement psychomoteur, sur sa perception de la réalité, sur son affectivité, sur son ressenti personnel mais également, il favorise la confiance relationnelle que nous pouvons à présent nommer alliance thérapeutique entre le clinicien et l’enfant ou l’adolescent » (Vinay, p114, 2007). - L’enfant est souvent dans l’incapacité de décrire par le langage ce qui se passe en lui, ceci est d’autant plus vrai qu’il est très jeune. Il n’est donc pas possible d’utiliser la parole comme on le fait avec un adulte. Il va donc être nécessaire d’utiliser un outil de médiation comme le dessin qui va permettre au travers de la description de l’enfant d’élaborer une compréhension des causes des symptômes. Le dessin et le jeu sont en fait les équivalents chez l’enfant du langage verbal de l’adulte. - Le dessin a également une fonction de libération, une sorte d’extraversion médiatrice communicable à autrui. Cela peut permettre à l’enfant de commencer à mettre à distance son vécu, de le rendre plus objectif et progressivement d’en parler au psychologue. Il est rare que le dessin d’une maison soit refusé, beaucoup plus rare que celui de la Famille ou du Bonhomme. Si c’est le cas, une autre consigne de dessin peut lui être proposée (celle d’une maison d’un animal qu’il aime bien…). Et de conseiller que le dessin de la maison devrait toujours être associé à l’anamnèse du jeune et à ses conditions de vie réelles (Royer, 1995). Ethique, déontologie, confidentialité Dans la pratique de l’entretien, la confidentialité est le socle rassurant pour le sujet amené à parler de son intimité, de ses fantasmes, de ses peurs etc. Parfois on peut être amené dans un souci déontologique à « briser » ce principe de confidentialité vis-à-vis du sujet quand celui-ci est en danger physique ou psychique à fortiori s’il y a un danger immédiat dans sa proximité familiale. Dans le cadre de l’évaluation le psychologue devra être attentif à se placer du côté du sujet et se demander ce que cette évaluation va lui apporter et si elle est vraiment nécessaire. La restitution à l’enfant et aux parents nous ramène au positionnement éthique puisque c’est un droit de « l’évalué ». Outre le caractère législatif, il s’agit de restituer au sujet ce qu’il vous a donné. On permet au sujet de reprendre possession de ce qui lui appartient et on lui donne l’occasion d’apporter son regard sur notre évaluation par cet échange qui peut s’avérer constructif pour lui. La pratique de l’entretien suppose une attitude déontologique et éthique en impliquant le respect du sujet. « Le respect de la personne dans sa dimension psychique est un droit inaliénable. Sa reconnaissance fonde l'action des psychologues » (Extrait du code de déontologie des psychologues, révisé en février 2012). Différence entre éthique et déontologie L’éthique est la tranche de la philosophie qui étudie les principes moraux, à la base des règles de conduites. L’éthique est donc de l’ordre du questionnement. Des professionnels peuvent avoir une éthique divergente face à une problématique spécifique rencontrée dans le cadre de la profession. La déontologie fait appel à l’ensemble des devoirs qu’impose à des professionnels l’exercice de leur profession. Conclusion L’entretien avec l’enfant et l’adolescent est une pratique spécifique qui engage le psychologue à avoir des connaissances sur les étapes du développement de l’enfant, sur ses phases de régression pour pouvoir apprécier du caractère classique correspondant à son âge ou encore pathologique de son fonctionnement psychique. Grâce aux outils de médiation dont il dispose, il pourra appréhender ses mécanismes de fonctionnements et pourra l’aider à vivre ses angoisses ses conflits internes. Le psychologue en fonction des possibilités d’élaboration de l’enfant ou de l’adolescent et de ses résistances pourra proposer différentes modalités de prise en charge (entretiens psychologiques, prise en charge en groupes d’enfants) qui lui sembleront les plus adaptées. Ce travail se fera en lien avec son ou ses parents associés d’une manière ou d’une autre au projet de soin de l’enfant s’il y a lieu.

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