Rappels (Séance Précédente) - VIH et Santé Publique PDF

Rappels (séance précédente): - Fin du XIXe siècle / début du XXe siècle : rencontre fructueuse entre découvertes scientifiques et politiques de santé publique - Médicaments : Production des traitements à grande échelle - Politique : Un espace européen de la santé publique se dessine -...

Rappels (séance précédente): - Fin du XIXe siècle / début du XXe siècle : rencontre fructueuse entre découvertes scientifiques et politiques de santé publique - Médicaments : Production des traitements à grande échelle - Politique : Un espace européen de la santé publique se dessine - Santé : Les pays riches semblent alors épargnés par les grandes pandémies, ce que va infirmer la fin du XXe siècle (exemple du sida) - Après une longue période (milieu du XIXe siècle à 1970) de baisse de la mortalité par infection, celle-ci se met à stagner - Les progrès de santé publique semblent être freinés, et l'on assiste à ce que Patrice Bourdelais nomme « la fin du rêve » (rêve d'une société sans épidémie) - Pourquoi? Deux raisons avancées: - 1\) la résistance aux antibiotiques - 2\) les maladies émergentes 1. La résistance aux antibiotiques - Ils ont été massivement utilisés au cours du XXe siècle, provoquant ainsi un risque de résistance (apparition de souches résistantes aux antibiotiques les plus couramment utilisés) - Certains malades deviennent insensibles aux antibiotiques employés - France : un comité de lutte contre les infections pour lutter contre les résistances en 1973 - En Europe, la stratégie adoptée pour contrer ces résistances est locale / individuelle : tout faire pour éviter la transmission des infections au niveau des établissements hospitaliers - Aux États-Unis, la réponse est plus collective / globale: des études cas-témoin sont réalisées à grande échelle pour comprendre l'ampleur du phénomène - Les infections nosocomiales deviennent un enjeu majeur de santé publique, on considère que le taux d'infection nosocomiale est de 7% en France en 1990 - Les patients touchés sont souvent résistants aux antibiotiques les plus couramment proposés - On commence alors à penser la question des antibiotiques et des infections nosocomiales à l'échelle de la population tout entière : une politique d'utilisation des antibiotiques et de prévention des infections se met en place à l'hôpital 2. Les maladies émergentes : l'exemple du sida =========================================== - L'un des traits historiques principaux de l'épidémie est qu'elle a forcé les acteurs de santé publique à penser la santé à une échelle mondiale - Le sida va provoquer des transformations sociales et politiques majeures dans les sociétés du Nord comme du Sud - Conseils de lecture: - Mirko Grmek, *Histoire du sida*, Payot, 1989 - Patrice Pinell (dir.), *Une épidémie politique. La lutte contre le sida en France (1981-1996)*, PUF, 2002. - 1\) Le début de l'épidémie (identification du risque, premières mesures de santé publique) - 2\) Les réponses politiques, les découvertes scientifiques et les traitements - 3\) Le sida comme épidémie politique - L'épidémie, en tant que telle, est repérée par plusieurs médecins californiens (notamment par le docteur Weisman) à partir de 1979 - Des patients jeunes, tous homosexuels, présentent des troubles étonnants - Confusion, au départ, avec un autre virus déjà connu : le Cytomégalovirus (CMV), proche de l'herpès - Les premiers examens réalisés chez les patients montrent qu'il s'agit d'une défaillance immunitaire (diminution des lymphocytes T) - Les médecins alertent alors le *Center of Disease Control* d'Atlanta, qui lance l'alerte le 5 juin **1981** - Très vite, des cas similaires sont diagnostiqués à New-York - Devant la multiplication des cas recensés, les médias parlent de *cancer gay,* comme si la maladie était une maladie strictement « réservée » aux homosexuels masculins - Les épidémiologistes se mobilisent, et notamment le docteur James Curran, responsable des maladies sexuelles au *CDC* - Une deuxième alerte est lancée le 3 juillet 1981  Presse française en 1983 - Dès le mois d'août 1981, le nombre de cas recensés dépassait la centaine, et la létalité\* était très élevée - On identifie dès cette période une femme hétérosexuelle infectée, signe que [la maladie n'est pas directement liée à] [l'homosexualité] - Des moyens importants sont accordés par le CDC à la lutte contre ce virus, mais sans avancée concrète dans les premiers temps de l'épidémie - Silence des politiques face à cette épidémie - Une épidémie [internationale] - Début 1982, on comptait 5 cas à Paris (identifications dès 1981) - Une grande hétérogénéité de profils : gays, mais aussi hétérosexuels, usagers de drogues - Suspicion d'une épidémie à « double-foyer »: un foyer « américain » et un foyer - [En 1983, il est acquis et démontré qu'il ne s'agit pas d'une maladie strictement] [homosexuelle]: un « choc social » parmi la population américaine (Grmek) - Pour rassurer la population, certains évoquent le confinement de l'épidémie parmi **les** - 1982 : La maladie prend le nom de AIDS (ou SIDA en français): Syndrome de immunodéficience acquise) - Le virus sera découvert à Paris en 1982/1983 à l'Institut Pasteur (équipe de Luc Montagnier, Jean-Luc Chermann et Françoise Barré-Sinoussi) - Il s'agit d'un rétrovirus, qu'il a fallu distinguer d'un autre rétrovirus humain connu à cette époque, le HTLV - On isola un premier virus appelé LAV et on pensa d'abord que les victimes du sida étaient atteintes d'un double virus HTLV/LAV (il s'agissait en fait du même virus) - L'appellation HIV (ou VIH en français) apparu en 1986 - 1987 : [un premier traitement] (AZT), efficace mais toxique - 1996 : Les premiers traitements antirétroviraux (ARV) véritablement efficaces sont commercialisés - Selon l'OMS, à cette époque, le sida est *«le principal problème de santé publique dans le monde»* - [Cependant, les réponses politiques demeurent très faibles] - Publicités pour les préservatifs interdites en France jusqu'en 1987 - Affaire du sang contaminé en 1985 - Une épidémie politique est une épidémie qui révèle des enjeux politiques majeurs au-delà de la seule progression du virus dans la société - Le sida a impliqué la mobilisation des communautés directement concernées par le virus, plus que toute autre pathologie - Dès les premières années de l'épidémie, des associations de lutte contre le sida apparaissent, et entament un rapport de force avec le pouvoir politique et l'industrie pharmaceutique - En 1984, l'association AIDES naît en France, puis Act Up New-York en 1987, Act Up-Paris en 1989 - Des moyens d'action inédits apparaissent - Des ponts sont établis entre le sida et les enjeux sociaux associés : pauvreté, stigmatisation, etc. - Des liens entre les problèmes des pays du Nord et ceux des pays du Sud - Une transformation profonde de la relation entre victimes d'une épidémie et autorités politiques/médicales - L'industrie pharmaceutique va être remise en cause par les malades, de même que le monde politique - L'épidémie de sida a confirmé [l'importance qu'il y a] à prendre en compte les dimensions sociales et [politiques des épidémies] - Les anciennes démarcations entres « savants »,