Horticulture Maraîchère et Ornementale BTS - Niveau II PDF
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Université de Dschang
FOTSO NGANGOUA Moïse Harnold
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These lecture notes cover general aspects of vegetable crops and distinguish between them and other vegetable varieties. The notes also describe different types of gardens, tools for gardening, and considerations for crop selection. The text includes information on irrigation, cultivation, and protection for crops.
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Horticulture maraîchère et ornementale BTS - Niveau II Notes de cours élaborées par : FOTSO NGANGOUA Moïse Harnold ,PhD student Année 2024 - 2025 1 2 1. Généralités sur les cultures maraîchères INTRODUC...
Horticulture maraîchère et ornementale BTS - Niveau II Notes de cours élaborées par : FOTSO NGANGOUA Moïse Harnold ,PhD student Année 2024 - 2025 1 2 1. Généralités sur les cultures maraîchères INTRODUCTION L’horticulture est l’art de cultiver des jardins, et pratique de cultures des légumes, fleurs, arbres et arbustes fruitiers et d’ornements. L’horticulture maraîchère est la culture de végétaux à usage alimentaire, et plus particulièrement de légumes, de manière professionnelle, c’est-à-dire dans le but d’en tirer du profit. Les légumes sont des produits alimentaires d’une espèce potagère ayant une haute valeur nutritive et commerciale. Ces aliments sont des protecteurs à cause de leur richesse en vitamines, en sels minéraux et en eau (Tableau 1) L’horticulture maraichère joue plusieurs rôles notamment : - Permet un approvisionnement presque régulier d’un groupe social ; - Assure au producteur une rentrée d’argent régulière grâce à une production échelonnée et intensive ; - Concoure à la réduction des importations et à une augmentation des exportations. 1.1 DISTINCTIONS ENTRE CULTURES MARAÎCHÈRES ET LES AUTRES PRODUCTIONS VÉGÉTALES. Les produits maraîchers sont de haute valeur alimentaire ; Les espèces légumières échappent aux aléas climatiques en ce qui concerne l’eau pour peu que l’on arrose ; Les cultures se font en intensif sur des surfaces réduites : c’est une agriculture fixée ; Le sol maraîcher devra être enrichi en matière organique bien décomposée et en sels minéraux. Mais seuls les apports organiques peuvent valoriser les apports minéraux ; La rotation est rapide, car les plantes séjournent très peu de temps sur le terrain ; Les produits sont périssables à la récolte : donc demandent à être vendus rapidement ou à être transformés ; La main d’œuvre nécessaire est importante à l’unité de surface ; Le revenu est très intéressant à l’unité de surface lorsque le débouché est assuré en permanence ; La production se fait toute l’année (surtout pour les espèces locales), mais les meilleurs rendements sont obtenus en saison sèche (pour les espèces exotiques) avec plantation dès la fin des saisons des pluies. 3 Tableau1. Composition approximative des légumes (Pour 100 grammes de fraction fraîche comestible) Espèces Nbre Eau Pro Mat. Total Vitamines Minéraux calories téines grasses des sucres A C Ca Fe Mg P K Na milligram (en grammes) (U.I) (mg) mes Aubergine 20 98 1,1 0,1 1,3 70 7 7 0,4 16 25 210 5 Carotte 32 87 1,0 0,2 6,6 15 000 6 33 1,1 - 40 - - Choux fleur 22 91 2,2 0,1 2,3 40 71 30 0,5 12 45 230 20 Choux 21 92 1,2 0,1 3,3 200 60 38 0,4 22 34 220 20 pommé Choux rouge 19 92 1,4 0,1 3,3 40 57 51 0,7 17 42 190 17 Ciboulette 20 92 2,8 0,6 1,0 6 400 79 81 1,6 55 51 250 6 Concombre 12 96 0,6 0,1 2,5 45 12 12 0,3 15 24 150 6 Endive 11 95 1,3 0,2 1,1 2 500 8 42 2,0 20 30 280 60 Haricot vert 34 86 2,7 0,2 2,1 540 21 35 1,2 51 78 330 9 Laitues 16 94 1,6 0,2 2,0 2 600 24 36 1,1 6 45 400 9 Navet 18 92 0,9 0,1 3,8 0 21 30 0,3 11 27 170 60 Oignon 37 86 1,5 0,6 8,1 0 9 33 0,4 17 43 180 8 Persil 16 90 2,2 0,3 1,1 5 200 90 125 2,0 79 40 270 140 Piment 46 84 2,0 0,0 5,5 11 000 240 18 1,0 27 45 420 9 rouge Poids (grains) 68 79 5,9 0,3 5,6 1 000 40 35 1,6 31 110 260 10 Poireaux 35 83 1,5 0,3 4,5 95 12 59 2,1 28 35 180 20 Pomme de 72 80 2,0 0,1 1,0 0 36 19 1,3 20 51 370 9 terre Radis rouge 15 94 1,1 0,1 2,5 0 29 27 0,8 9 28 280 16 Radis noir 55 77 3,1 0,7 1,8 0 95 150 2,4 81 41 420 16 Tomate 19 94 0,9 0,1 3,5 1 700 21 6 0,3 10 16 220 5 Légumes locaux Morelle 38 87 4.3 0,8 4,2 ? 266 2,6 75 noire Amarante 44 85 4 0,4 6 13 000 100 210 3 ? ? ? ? Gombo 29 90 1,8 0 5,5 1 000 25 70 1 ? ? ? ? Manioc 53 80 7,1 1 10 10 000 300 ? ? ? ? ? ? Patate 40 80 3,5 0,5 8 4 000 25 ? ? ? ? ? ? douce Sources diverses 1.2 DIFFÉRENTS TYPES DE JARDIN 1.2.1 Jardin potager ou jardin familial Destiné à la production des légumes servant à la consommation d’une famille ou d’une collectivité vivant sous un même toit ; 4 Caractéristiques : Sa superficie varie avec la taille de la famille : 150-200 m² suffisant pour 5 à 6 personnes ; Situation : près des cases (près des lieux de consommation) ; Plusieurs espèces de légumes sont pratiquées. 1.2.2 Jardin maraîcher ou exploitation maraichère Production destinée à la vente (l’autoconsommation est faible). Caractéristiques : Superficie : on estime qu’un professionnel disposant d’un bon système d’arrosage peut cultiver jusqu’à 25 ares de légumes ; Localisation : près d’un marché compte tenu du prix élevé du transport et de la fragilité de nombreux légumes ; Les cultures pratiquées se limitent à celles qui donnent les meilleurs rendements et se vendent bien ; Tenue d’un carnet de champ. 1.3 DIFFÉRENTS TYPES DE LÉGUMES CULTIVÉS Un préalable pour un amateur ou un débutant qui veut s’installer dans le maraîchage : Surface requise : 3 à 4 ares ; Il faut cultiver les espèces locales de bon rendement car la réussite est assurée ; C’est après qu’on aura maîtrisé les cultures de ces espèces locales qu’on peut procéder à la culture d’espèces exotiques demandant des techniques et des soins particuliers ; Et dans ce cas, il vaut mieux d’abord faire des essais sur des petites surfaces pour les espèces (exotiques) que l’on connaît ; Enfin, faire des observations méthodiques en permanence sur les cultures en place pour valoriser au mieux ses connaissances. En fonction de la partie de la plante consommée, on peut classer les espèces légumières en différentes catégories : Légumes feuilles Légumes à fruits ou à graines Légumes à bulbes ou à racines 1.4 LES OUTILS DU JARDINAGE Il est nécessaire d’avoir en nombre plus ou moins important suivant la main d’œuvre, les outils suivant : 1.4.1 Outillage pour la confection des planches 5 la houe : sert à préparer le terrain, creuser des trous, faire des buttages et des billons, faire des désherbages.Elle travaille moins profondément que la bêche ; La bêche : sert à retourner la terre, à enfouir la fumure organique, à creuser des trous et des tranchées. On ne peut pas l’utiliser si on ne dispose pas de chaussures solides ; La pelle : sert à prendre la terre, l’engrais etc. Le croc à défricher : pour nettoyer les champs après un défrichement Le râteau : sert à émietter les mottes, à niveler les planches, à recouvrir les graines, à amasser les cailloux et les débris ; La machette : sert à débroussailler, couper les herbes, couper les piquets. 1.4.2 Outillage pour les plantations et l’entretien des planches Le transplantoir : sert au déterrage des plants en pépinière et permet de garder une motte de terre autour des racines. Il peut aussi servir à faire des trous de plantation ; Binette (sarcloir) : sert à émietter la croûte dure qui se forme à la surface du sol, à ouvrir des lignes de semis, à désherber ; Les griffes : servent à nettoyer la planche après un sarclo-binage ; Le plantoir : sert à faire des trous de repiquage dans le sol. Un morceau de bois pointu peut servir ; La serfouette : sert à faire les sarclo-binages ; La batte : pour le plombage des semis, c’est une petite planche avec manche. 1.4.3 Autres matériels La brouette : est le moyen de transport au niveau du jardin ; L’arrosoir : pour l’irrigation ; Le pulvérisateur : application des pesticides, des herbicides et des engrais liquide ; La poudreuse : application des pesticides en poudre. Ainsi que la pioche, les piquets, le cordeau, la scie, la balance, un seau, un mètre ruban etc. 1.5 LES INTRANTS DE PRODUCTION L’eau des arrosages La main d’œuvre temporaire Les semences et le matériel végétal Les pesticides Les fumures organiques et minérales Remarque : - Pour les fumures et les pesticides, on disposera d’un stock de ces produits au niveau de l’exploitation, dans de bonnes conditions de stockage (pas d’humidité, frais, obscurité, de préférence pas en contact direct avec le sol mais sur des planches ou des étagères) - Les semences et le matériel végétal ne se conservent peu ou pas dans des conditions chaudes et humides et il vaut donc mieux les acheter en début de chaque campagne maraîchère (voir tableau 2 des caractéristiques de quelques semences maraîchères). 6 Tableau 2 : Caractéristiques de quelques semences maraîchères Espèce Nbre de Besoins % minimum Durée de Semis direct graines/gr en Kg/ha De conservation (SD) ou en germination en années Pépinière(P) Aubergine 150 - 300 0,3 - 0,4 65 4 -7 P Betterave 50 - 60 12 - 17 70 4 -8 SD Bisap 25 - 35 3 70 2 -3 SD (oseille) Carotte 500 - 1000 4 -6 65 3 -5 SD Céleri < 3000 0,1 70 3 -6 P Chou cabus 150 - 250 0,6 75 4 -8 P Chou fleur 200 - 400 0,6 75 4 -6 P Concombre 30 - 50 2,5 80 5 -8 SD Cornichon 35 - 45 3,2 80 5 -8 SD Courgette 5 – 10 4,5 80 4 -5 SD Gombo 15 - 20 4 -5 70 2 SD Haricot 2 -4 50 75 3 SD Jaxatu 250 - 300 0,2 - 0,3 65 7 P Laitue 600 - 1200 3 -6 75 4 -6 P Melon 20 - 45 2 -3 75 5 - 10 SD Navet < 90 4 -5 70 3 -6 SD Chinois Oignon 220 - 400 6 70 1 -2 P Pastèque 10 - 30 3 75 4 SD Piment 160 - 300 0,5 - 1,2 65 2 -4 P Poireau 350 - 400 1 -3 65 2 P Pois 3 – 10 120 -200 80 3 SD Poivron 115 - 170 1,2 65 3 -4 P Radis 90 50 - 80 70 3 -6 SD Persil 700 3 -4 65 1 SD Tomate 280 - 500 0,25- 75 4 P 0,30 Source : CDH de Cambérène – Dakar et IRAD/Foumbot 2. CONDITIONS DE DÉVELOPPEMENT DES PRODUCTIONS HORTICOLES 2.1 Culture maraîchère au Cameroun 7 L’activité maraîchère au Cameroun est très diversifiée. On produit entre autre : l’amarante, l’aubergine, le melon, la morelle noire, le basilic, la betterave, l’oignon, la carotte la pastèque, le céleri, le persil, le chou, le piment, le poireau, le gombo, le poivron, la tomate, le haricot vert, la laitue. Cette diversité de produit vient du fait que le Cameroun possède une diversité de microclimats et de sols regroupés en 5 zones agroécologique (Fig 1). 2.1.1 La zone soudano-sahélienne (zone I) Cette zone recouvre approximativement les régions du nord, de l'Extrême Nord, et une partie de l’Adamaoua soit une superficie de 100 353 Km2. Le climat est caractérisé par une pluviométrie de type monomodale de durée et d'intensité variables (de 400 à 1200 mm par an du Nord au Sud). Les températures varient dans le même sens, avec des moyennes pouvant atteindre 28° C à Garoua, tandis que les maxima sont de l'ordre de 40 à 45° C en avril. Les cultures les plus pratiquées sont le sorgho, le mil, le coton, le maïs, le riz, l'arachide, le niébé. En termes maraîchères, la culture la plus pratique est pratiquée l’oignon. 2.1.2 La zone des hautes savanes guinéennes (zone II) Cette zone recouvre essentiellement la région de l'Adamaoua ainsi qu’une partie de la région du centre sur une superficie totale de 123 077 km2. Le climat qui y règne est de type soudanien, tropical humide à deux saisons par an. La pluviométrie moyenne annuelle est de l'ordre de 1500 mm, avec environ 150 jours de pluie. Du fait de l'altitude, les températures sont modérées, avec des moyennes mensuelles de l'ordre de 20 à 26° C. On y cultive le maïs, l'arachide, ainsi que les ignames. 2.1.3 La zone des Hauts Plateaux (zone III) Cette zone recouvre les régions de l'Ouest et du Nord-Ouest et représente une superficie totale de 31 192 km2. Le climat est de type "camerounien d'altitude", marqué par deux saisons d'inégales longueurs: une saison sèche, qui va de minovembre à mi-mars, et une saison des pluies qui dure de la mi-mars à la mi-novembre. Les températures moyennes sont basses (19° C), et les pluies abondantes (1500 -2000 mm) tombent suivant une configuration monomodale. Toutes sortes de cultures y sont pratiquées: caféier, théier, bananier, maïs, arachide, riz, etc. c’est le pôle par excellence de production des cultures maraîchères. C’est ainsi que certains marchés périodiques de l’ouest du Cameroun (Baranka dans le Lebialem, Bafou, dans la Menoua, Kombou dans les Bamboutos, Foumbot dans le Noun et Santa dans la Mezam) sont ainsi devenus de véritables pôles de collecte et de transfert pour les grandes villes d’Afrique centrale. 2.1.4 La zone de forêts denses humides à pluviométrie monomodale (zone IV) Elle couvre les régions du Littoral et du Sud-Ouest. Elle occupe une superficie de 45 658 km2. Le climat qui y règne est de type "camerounéen", très humide et chaud, variante du climat équatorial. Les pluies y sont abondantes, en moyenne 2 500 à 4 000 mm, à l'exception de la localité de Debundscha considérée comme l'une des régions les plus pluvieuses du monde, avec 11 000 mm d'eau par an qui tombent suivant un régime pluviométrique monomodal avec une saison sèche très peu prononcée. La température varie entre 22 et 29°C et l'humidité de l'air entre 85 et 90 %, d'où le caractère lourd de l'atmosphère. Les cultures annuelles dites vivrières sont ici difficilement quantifiables. A côté de celles-ci, la zone regorge de grandes cultures d'exportation: caféier, cacao, théier, bananier et bananier plantain, palmier à huile, hévéa, etc. 8 2.1.5 La zone de forêts humides à pluviométrie bimodale (zone v) Cette zone s'étend sur la majeure partie du plateau sud du Cameroun entre 500 et 1000 m d'altitude. Elle couvre les régions du Centre, du Sud et de l'Est, sur une superficie totale de 165 770 km2. Chaud et humide, le climat est de type "guinéen", avec des températures moyennes de 25° C et une pluviométrie de 1500-2000 mm par an, répartie en deux saisons humides bien distinctes. Permettant deux cycles de cultures et un calendrier agricole étalé avec semis et récoltes échelonnés. Il s'agit essentiellement de cultures pérennes (cacao, caféier robusta, divers arbres fruitiers) et annuelles et pluriannuelles (bananier plantain, canne à sucre, maïs, tabac, cultures maraîchères, tubercules, etc.). 2.2. ÉCOLOGIE DES CULTURES MARAÎCHÈRES 2.2 1 Facteurs climatologiques En Afrique, la culture des légumes présente certaines difficultés : pluies intenses, soleil ardent ou ensoleillement insuffisant, saison sèche trop courte ou trop longue, température moyenne annuelle élevée, sont autant de facteurs restrictifs. Le choix des plantes à cultiver comme légume dépend du régime thermique (températures maximales et minimales), des pluies (quantité et répartition), de l’humidité relative de l’air et de la photopériode. L’altitude de la région décide de la possibilité de cultiver les légumes des régions tempérées, comme le poireau, le chou-fleur, les haricots communs, les pois, etc. Le succès de la culture des légumes dépend aussi de la durée de la photopériode. Les véritables légumes tropicaux sont adaptés à la température élevée et à l’humidité des basses terres tropicales, ainsi qu’aux jours courts et aux sols relativement pauvres. Ils sont par conséquent de loin les plus faciles à cultiver en toutes saisons sous réserve qu’ils aient de l’eau. Avant d’introduire une espèce maraîchère sous les tropiques, il importe de vérifier que sa température optimale de croissance et ses exigences photopériodiques ne sont pas incompatibles avec les conditions climatiques locales. Si, par ailleurs, on connaît sur place des types locaux de l’espèce que l’on désire développer, il faut se garder de les mépriser : ces variétés locales traditionnelles pourront être précieuses par leurs caractères d’adaptation lors d’éventuels programmes de sélection. ❖ Besoins en eau : Si l’eau est disponible en quantité suffisante, presque tous les légumes qui conviennent à une altitude donnée peuvent être cultivés à l’exception de ceux qui ne peuvent résister aux pluies abondantes et doivent de ce fait être cultivés pendant la saison sèche, tels que les choux pommés, les melons, les pastèques et à un moindre degré le concombre. Si la quantité d’eau est insuffisante pendant la saison sèche, il faut se limiter aux légumes qui ont besoin de peu d’eau, comme les feuilles de patate douce, le manioc, les courges et les calebasses. Le gombo p.ex. supporte aussi une certaine pénurie d’eau. Les pluies insuffisantes ou les périodes sèches trop longues peuvent être compensées par un bon apport d’eau particulièrement par irrigation. ❖ Température : Les températures élevées peuvent être nuisibles, particulièrement les températures nocturnes élevées. Ce phénomène du thermopériodisme journalier est bien connu chez la 9 tomate : la plante adulte montre la croissance la plus rapide et la floraison la plus abondante lorsqu’un écart de 10 – 12°C se manifeste entre la nuit et le jour : une alternance de 16 – 28°C est beaucoup plus favorable qu’une température constante de 22°C. Tableau 3 : Intervalles de température (moyennes des minima et maxima) permettant une croissance satisfaisante pour diverses espèces maraîchères Intervalles de Espèces légumières (noms vernaculaires) température favorable Chou-fleur, Pois, Chou de Bruxelle (Brassica oleracea L. var. 13 - 21°C gemnifera Zenk.) 15 - 24°C Chou de chine (Brassica chinensis L.), Laitue 15 - 27°C Betterave, Oignon, Carotte, Laitue, Chicorée 15 - 28°C Concombre, Echalotte, Melon, Courge 18 - 29°C Haricot vert, Radis, Tomate 21 - 30°C Gombo, Aubergine, Pastèque D’après CHILDERS et al. ❖ Photopériode : Le photopériode a un effet sur plusieurs cultures de légumes et il faut en tenir compte pour choisir les cultivars qui conviennent sous les conditions tropicales. Les plantes à jours longs comme le poireau ne fleurissent, ni ne produisent de graines, ni ne forment de bulbes sous les conditions tropicales. En conséquence, il faut importer les semences. IL est avantageux pour la culture des légumes-feuilles sous les tropiques que leur réaction au jour court ne soit pas trop forte. Une floraison précoce peut avoir pour résultat une baisse de la récolte totale en feuilles et une diminution de la qualité par suite d’un mélange d’inflorescences et de feuilles. Un choix raisonné d’une date de semis assurant que la photopériode aura ou n’aura pas d’effet sur le développement adéquat d’un légume donné, peut augmenter le rendement d’une culture légumière. ❖ Humidité de l’air : Elle peut être très élevée dans les régions tropicales chaudes et humides (> 80%), même en saison sèche. La plupart des légumes-feuilles tropicaux, semblent avoir un meilleur comportement sous une forte humidité relative. Néanmoins, une humidité de l’air élevée est un handicap pour la plupart des espèces légumières, car elle favorise le développement des maladies et des parasites. C’est pourquoi les meilleurs résultats sont généralement obtenus en culture irriguée dans les régions arides ayant une humidité relative atmosphérique inférieure à 60% 2.2.2 Facteurs édaphiques a) le sol La plupart des légumes se développent bien dans un sol argileux, perméable, dont le pH est entre 6 et 7. Le sol doit avoir aussi une bonne capacité de rétention d’eau suffisante pour permettre à la plante de supporter les courtes périodes sans pluie. Le sol ne doit être ni trop meuble, ni trop sablonneux, ni trop lourd ni trop argileux car il retient alors insuffisamment l’eau et les éléments nutritifs. 10 Les sols aptes à la culture des légumes sont habituellement : Des Jeunes sols de forêt, riches en humus. Cependant, ils nécessitent beaucoup de travail pour l’abattement le défrichement ; Les sols des vallées fluviales où des matériaux fins se sont déposés graduellement, sous réserve qu’ils ne soient pas trop sablonneux ou caillouteux ou soudainement inondés ; Les sols dans une dépression ou un affaissement de terrain b) Acidité et salinité du sol : L’acidité d’un sol, qui a une action sur la plante et l’assimilation des éléments nutritifs, est exprimée par le pH. On obtient cette valeur suite à une analyse de sol. Le pH idéal d’un sol maraîcher se situe autour de 6 - 7. Des sols acides ou des sols alcalins posent des problèmes pour certaines cultures maraîchères. Le tableau 4 donne la tolérance de quelques légumes au pH du sol. Tableau 4 : Tolérance des cultures maraîchères au pH du sol Plantes craignant l’acidité Betteraves, chou cabus, chou-fleur, épinard, (préférence : pH 6 - 6,8) laitue, melon, oignon, poireau Plantes tolérantes Ail, aubergine, carotte, concombre, cornichon, (préférence : pH 5,5 - 6,8) courgette, haricot, navet, persil, pois, poivron, radis, tomate Plantes très tolérantes Chicorée, échalote, oseille, pastèque, patate (préférence : pH 5 - 6,8) douce, pomme de terre Source : CDH de Cambérène – Dakar Il est possible d’améliorer les sols acides par le chaulage (amendement calcaire). Si on a un léger problème de salinité du sol, on pourra y remédier en observant les conseils suivants : - Ne pas utiliser des engrais qui contribuent à la salinité du sol (chlorure de potasse, nitrate d’ammoniaque) et éviter les doses excessives d’engrais (pas plus de 50g/m2). - Choisir des espèces peu ou moins sensibles à la présence de sels dans le sol ; - Utiliser des matières organiques bien décomposées et pas trop fraîches. 2.3 IRRIGATION DES CULTURES MARAÎCHÈRES L’eau est indispensable aux cultures maraîchères. Les fruits frais et certains tissus végétaux peuvent contenir jusqu’à 90% d’eau ; en outre, une déficience en eau réduit considérablement ou supprime la photosynthèse. Il arrive cependant que l’excès d’eau pendant la saison des pluies soit un facteur limitant la production. Dans ce cas, il convient de remédier à cette situation par un drainage du terrain et par des cultures en billons ou en planches assez hautes qui facilitent l’évacuation des eaux de pluie. L’irrigation bien conduite est le moteur de l’intensification de la culture du sol, de l’augmentation des rendements et de la qualité des produits maraîchers. Les apports d’eau peuvent se faire à l’arrosoir, par aspersion, à la rigole, par submersion et au « goutte à goutte ». 11 a) L’arrosoir L’utilisation de l’arrosoir est certes le mode d’irrigation le plus simple pour le jardin potager familial si l’on dispose d’une source d’eau très proche du jardin. b) L’irrigation par aspersion C’est le système le plus classique. Il est souvent associé à la culture en planches ou en billons pour évacuer les eaux pluviales. Si la pente générale du jardin maraîcher est ≤ 5%, on peut disposer les planches et billons dans le sens de la pente et creuser à la partie inférieure un canal d’évacuation des eaux ; Si la pente est > 5%, on trace ces planches et billons contre la pente, en les interrompant de façon que les eaux de pluie suivent un trajet en chicane. Dans le jardin potager familial, on dispose de petits arroseurs fixés sur des tuyaux souples qui sont déplacés au fur et à mesure des besoins. Le choix se portera sur des arroseurs (ou sprinklers) donnant une pluie fine et ténue qui ne provoquent aucun dégât aux légumes. Il existe des variantes du système en utilisant : des tuyaux perforés ou une pomme d’arrosoir à jet réglable. Dans les cultures de plein champ, il convient mieux de mettre en place des tuyaux restant à poste fixe tout au long de la saison d’irrigation, les manipulations se limitant au déplacement des arroseurs et de quelques tuyaux secondaires. Les rampes pivotantes autour d’un point fixe représentent une variante du système d’arrosage par aspersion. Ce système semble fort indiqué pour les cultures maraîchères. c) L’irrigation à la rigole Cette méthode demande des disponibilités en eau plus abondantes que dans le mode d’irrigation par aspersion et des investissements plus élevés au départ. Il faut en effet niveler le terrain et faire en sorte que la pente soit régulière et comprise entre 1 et 2. Quoi qu’il en soit, ce système est apprécié si le nivellement du sol a été effectué correctement et si l’eau peut circuler facilement dans les petits canaux d’irrigation. Un des avantages de la méthode réside dans le fait que l’eau ne recouvre pas le feuillage des plantes, ce qui est parfois à l’origine du développement de certaines maladies cryptogamiques. d) L’irrigation par submersion (bassins ou cuvettes) Lorsque la pente de terrain est nulle, le ruissellement est quasi impossible. Un débit supérieur à la perméabilité du sol permet d’amener l’eau jusqu’à l’extrémité des parcelles. L’eau peut alors s’accumuler en une nappe qui s’infiltre peu à peu. Cette méthode à comme inconvénients: le tassement du sol en profondeur ; la réduction de la perméabilité ; l’asphyxie temporaire des plantes et les pertes d’eau relativement élevées. e) L’Irrigation goutte à goutte Cette méthode est relativement nouvelle ; elle consiste à apporter quotidiennement aux plantes la ration d’eau en la localisant. On installe donc le long des lignes de plantation ou 12 de semis, des tuyaux plastiques perforés délivrant l’eau « goutte à goutte » au pied des plantes. Le débit des goutteurs est faible et de l’ordre de quelques litres à l’heure Un des points faibles de ce système est son prix de revient car il implique une couverture totale, donc un investissement assez important. De plus, le principe même du « goutte à goutte » conduit à une densité assez élevée de goutteurs pour les plantes dont les écartements sont faibles ; l’eau doit en outre être très pure ou filtrée afin de ne pas colmater les orifices des tuyaux plastiques les plus fins. Cette technique présente un intérêt indiscutable lorsque les réserves en eau sont limitées, sur les sols fragiles, ou encore là où leur perméabilité est trop forte (percolation) et bien sûr….où l’eau est chère. La fertilisation des plants avec des engrais liquides peut en outre être assurée par le branchement d’un système très simple sur la conduite principale. f) Conseils pratiques pour l’irrigation des cultures maraîchères Après semis et au moment de la germination des semences, il est recommandé d’arroser légèrement et d’une façon constante afin de maintenir le sol humide : l’absorption de l’eau par la graine varie selon les espèces maraîchères ; Éviter d’arroser au cours des heures chaudes de la journée. Il est préférable d’arroser tôt le matin ou en fin d’après-midi ; Éviter tout excès d’eau qui conduit la plante à la mort par asphyxie du système radiculaire de même qu’un lessivage du sol (celui des éléments fertilisants) ; Augmenter l’arrosage : a. Quand la température s’élève ou quand souffle le vent sec (harmattan), b. En fonction du développement végétatif de la plante, c. Au moment de la formation des récoltes (pommaison, bulbaison, tubérisation, fructification, etc.) ; S’il y a risque d’excès d’eau (saison des pluies), faire des cultures sur billons ou sur planches surélevées afin d’assurer un meilleur drainage ; Ne pas attendre que les plantes montrent les signes de sécheresse ou commencent à faner pour irriguer. L’expérience a prouvé que d’une façon générale, les cultures maraîchères avaient besoin de 30 mm d’eau/semaine pour avoir une croissance normale et utiliser au mieux les éléments nutritifs du sol; Arrêter l’irrigation en fin de culture avant récolte pour certaines espèces (pomme de terre, oignon,…) ; Biner régulièrement afin de permettre une bonne pénétration de l’eau dans le sol et pour diminuer l’évaporation ; 2.4 FACTEUR HUMAIN II-4-1. La main d’œuvre Les cultures maraîchères sont exigeantes en main d’œuvre. Le maraîchage demande un travail soutenu et une bonne organisation des tâches à réaliser chaque jour. On estime qu’en 13 moyenne, il faut 3 à 5 ouvriers qualifiés en permanence pour faire un hectare de maraîchage, à certains moments assistés par une main d’œuvre temporaire pour des besoins ponctuels comme la plantation ou le repiquage, la récolte, etc. La main-d'œuvre salariée représente une dépense importante dans la production maraîchère. Avec une main-d’œuvre familiale, il est possible, suivant le nombre des membres de la famille, de faire un jardin potager familial de 1500 à 5000 m2. Dans un groupement de producteurs, les surfaces cultivées par membre peuvent être variables et vont de quelques planches à quelque 100 m2. La surface dépendra alors des besoins de chaque membre du groupement pour l’autoconsommation et/ou la vente. La production maraîchère destinée à la commercialisation doit être suffisamment rémunératrice pour valoriser le travail du paysan et de sa famille, ainsi que les investissements faits. Cette main-d'œuvre doit être aussi qualifiée. Contrairement aux grandes cultures, en maraîchage, on aura plusieurs dizaines d’espèces et de variétés à cultiver qui ont toutes leurs exigences particulières en ce qui concerne les techniques culturales, la protection, la récolte, la conservation, etc... Et il faut donc que les producteurs assistés par leur encadrement, soient capables de produire ces cultures de façon correcte. II-4-2. L’encadrement En l’absence de producteurs qualifiés et expérimentés, il devient très important d’assurer un bon encadrement technique des maraîchers. Car chaque année la méconnaissance des techniques culturales ainsi que des problèmes phytosanitaires et de leur contrôle, occasionnent des pertes de production très importantes. II-4-3. La commercialisation Une grande partie de la production maraîchère sera vendue sur les marchés. La commercialisation est un aspect trop souvent négligé dans la planification d’une activité maraîchère. Chaque année on continue à observer qu’il existe des moments de forte production, voire même de surproduction, à la fin de la saison sèche. Et des moments de pénurie de légumes (exotiques) surtout pendant la saison des pluies et en début de la saison sèche. L’offre de légumes sur les marchés est très variable. On peut considérer que la demande de légumes par la population d’une certaine zone sera plus ou moins constante pourvu qu’il y ait des légumes sur les marchés à des prix raisonnables pendant toute l’année. Les légumes étant des denrées périssables qui ne se conservent peu ou pas, exception pour quelques légumes, leur commercialisation sera donc dirigée par la loi de « l’offre et la demande ». Le prix sera faible en période de forte production et élevé en période de faible production. Si la production est surtout destinée à la vente, il est nécessaire de bien étudier la situation des marchés locaux et des grands marchés urbains, avant de démarrer la production. Il faut aussi connaître la situation des autres producteurs de la région qui peuvent se situer plus proches des marchés et mieux desservies par un réseau routier, comme dans le cas des « ceintures vertes » autour des grandes villes, et qui seront donc beaucoup plus compétitifs que les producteurs dans les zones enclavées et loin des marchés. Dans ce dernier cas, il sera plus intéressant de cultiver des espèces pour l’autoconsommation au niveau du village ou des espèces qui supportent mieux la conservation et le transport (légumes bulbes, racines et tubercules) ainsi que des espèces qui se transforment plus facilement (piment, concentré de tomates). 14 Dans le cas d’une production destinée à l’exportation, d’autres problèmes peuvent se poser : qualité, triage et calibrage, transport en camions frigorifiques, conservation au frigo, etc., deviennent des facteurs très importants. il va sans dire que ce type de maraîchage se limite à des zones favorisées sur le plan de la production et des infrastructures et qu’il se fait par des maraîchers qualifiés, ayant beaucoup d’expérience. En plus, ce maraîchage d’exportation est soumis à des systèmes et circuits de commercialisation organisés. Le prix de revient de ces cultures est, en général, plus élevé à cause de la qualité et des soins apportés à ces productions. 15 Chapitre 1. L’EXPLOITATION MARAÎCHÈRE Si toutes les conditions de développement d’une activité maraîchère sont réunies, on peut commencer à établir une exploitation et il faudra en assurer l’entretien correct il faut donc ; Choisir et aménager un terrain ; Choisir les espèces, déterminer un assolement et une rotation ; Exécuter les travaux de multiplication et de semis ; Exécuter les travaux de repiquage, de plantation, d’arrosage et d’entretien ; Assurer la protection des cultures maraîchères ; Récolter les productions maraichères et éventuellement prévoir leur stockage et /ou leur transformation. 3.1 CHOIX DU SITE C’est un facteur essentiel de réussite. Le site devra être adapté à la culture maraîchère de par : (i) Sa situation A proximité d’un point d’eau permanent ; soit situé le long d’un cours d’eau ou d’un marigot ; D’accès facile ; Non inondables en période de fortes pluies ; Sa topographie : plat ou en pente < 2% (là, on fait les planches contre la pente) ; Si possible, terrain avec nappe phréatique proche (1 à 2 m par ex.de profondeur) Si possible, non loin des habitations (surveillance et gain de temps) ; Terrain bien dégagé et non ombragé ; Le terrain doit pouvoir s’agrandir; Près des points de vente possibles (pour que le prix de transport ne vienne pas « manger » tous les bénéfices) ; Et surtout sa surface doit être fonction de la quantité d’eau dont on dispose, de la main d’œuvre disponible et des moyens financiers. (ii) la qualité du sol Choisir de préférence les : Sols assez légers (argilo-sableux (AS), sablo-argileux (SA)) et profonds. En effet, les terres argilo-sableuses, de consistance moyenne, de couleur noire sont souvent assez fertiles et conservent bien l’eau. Par contre, les terres sableuses sont moins dures à travailler. Elles ne sont pas toujours très fertiles, mais s’améliorent facilement. Éviter : Les sols lourds (argileux (A)), sols pierreux, latéritiques ; Sols infestés d’herbes envahissantes ; Terrains inondés non drainables ; Sols à pH trop bas. (iii) les disponibilités en eau Qualité : utiliser l’eau de faible salinité. EX : eau de pluie, eau des puits, eau des rivières. Mais pas l’eau stagnante des marigots. 16 3.2.CHOIX DES ESPÈCES, ASSOLEMENT ET ROTATION (i) Le choix des espèces en fonction De leur adaptabilité dans la zone et de leur productivité Dépendra des goûts des consommateurs et des débouchés existants ou possibles (ii) L’assolement : division du jardin en plusieurs soles où seront cultivés les différents légumes Remarque : - pas mélanger plus d’une espèce sur une même planche car il va se poser le problème d’entretien, de protection phytosanitaire et de récolte -par contre on peut faire des associations d’espèces à cycles différents (iii) La rotation : éviter de cultiver les mêmes légumes sur les mêmes planches pendant plusieurs campagnes. On devra pour ce faire observer les principes essentiels suivants : Eviter de faire suivre immédiatement sur les mêmes planches deux plantes ayant le même régime de végétation, quoique n’appartenant pas à la même famille (laitue, et choux par ex.), (navet et carotte), ou 2 plantes n’ayant pas le même cycle de végétation, mais appartenant à la même famille (chou et radis par ex.) De même pour des considérations commerciales, les maraîchers sont souvent obligés de tenir compte de la tendance du marché pour établir leur succession culturale qui de ce fait n’est pas toujours idéale. C’est pourquoi il faut veiller à utiliser des variétés bien adaptées aux conditions pédoclimatiques locales, résistantes aux maladies et performantes quant à la qualité de la production. Tableau 6 : Exemple de rotation dans un assolement bisannuel à spéculation commerciale. 1ière année 2ième année Parcelle N° Saison sèche Saison Saison sèche Saison pluvieuse pluvieuse 1ier cycle 2ième 1ier cycle 2ième cycle cycle 1 Laitue Melon Arachide Haricot Tomate Maïs 2 Haricot Tomate Maïs Laitue Oignon Chou 3 Concombre Oignon Chou Tomate Haricot Arachide 4 Tomate Haricot Arachide Laitue Melon Maïs 3.3 PRÉPARATION D’UN SOL MARAÎCHER But : avoir un sol léger et riche en matière organique. Pour ce faire, il faut nettoyer la parcelle, l’amender et procéder au labour. L’enrichissement des planches peut se faire par la matière organique ou un complément minéral. 17 Remarque : voici quelques équilibres minéraux en NPK pour chaque type de légume : Légume -feuilles ; 2 :1 :1 : ou 3 :1 :1 Légume -fruits : 1 :1 :1.ou 1 : 2 : 2 Légume- racines et bulbes : 1 : 3 : 5 Enrichissement du sol par des fumures (sous réserve d’une analyse du sol) a) Légumes feuilles : Bien fumer les parcelles avec du fumier (20 kg/10 m2) ou de la fiente de poule pondeuse (500g/m2) Au labour : 1000 kg/ha de 10 10 20 ou 12 06 20, soit 100g/m2 ou 3/4 mesure boîte de sardine En végétation : À 15 jours d’intervalle à partir de la levée, verser une cuillère à soupe bien pleine d’urée (25 à 30 g) dans un pulvérisateur de 15 à 18 L ; le remplir d’eau et arroser environ 100 plants. Ou alors 20 cl soit ¾ de contenu d’un verre d’engrais foliaire Fertigofol 313 dans un pulvérisateur, tous les 10 jours. NB : Fertigofol se mélange bien avec les autres produits b) Légumes à fruits Bien fumer les parcelles avec du fumier (20 kg/10 m2) ou de la fiente de poule pondeuse (500g/m2) Au labour : 1000 kg/ha de 10 10 20 ou 12 06 20, soit 100g/m2 ou 3/4 mesure boîte de sardine En végétation : A l’apparition des fleurs, épandre une cuillère à soupe de 20 10 10 en couronne autour du pied : incorporer superficiellement l’engrais au sol. Ou 20 cl soit ¾ de contenu d’un verre d’engrais foliaire Fertigofol 313 dans un pulvérisateur, tous les 10 jours. c) Légumes bulbes ou à racines : Bien fumer les parcelles avec du fumier (20 kg/10 m2) ou de la fiente de poule pondeuse (500g/m2) Au labour : 1000 kg/ha de 10 10 20 ou 12 06 20, soit 100g/m2 ou 3/4 mesure boîte de sardine En végétation : Utiliser l’engrais foliaire Fertigofol 313 à raison de 20 cl ou ¾ de contenu d’un verre par pulvérisateur de 16 à 18 litres, tous les 8 à 10 jours. Exemples de calcul de la fumure minérale : La fumure d’une culture maraîchère peut être exprimée en Kg d’azote (N), d’acide phosphorique (P2O5) et de potasse (K2O) à l’hectare, ou nombre d’unités fertilisantes à l’hectare. Les agriculteurs et les jardiniers auront tendance à utiliser la première méthode. Mais, les techniciens agricoles parleront beaucoup plus fréquemment d’unités fertilisantes 18 à l’hectare. Il convient donc de savoir convertir facilement et avec aisance, une fumure donnée soit en unités fertilisantes, soit en kilos d’engrais Ex 1 : Pour obtenir un rendement maximum de laitue, l’expérience a prouvé qu’il fallait apporter une fumure de 90 – 60 – 30 à l’hectare. L’agriculteur dispose de sulfate d’ammoniaque à 20%, de superphosphate triple à 36% et de chlorure de potasse à 60%. Quelles quantités d’engrais devra-t-il apporter à l’hectare ? Réponse 1 : SA : 90 X 100/ 20 = 450 kg TSP : 60 x 100/ 36 = 166 kg KCl : 30 X 100/60 = 50 kg Ex 2 : Pour obtenir un rendement maximum de laitue, l’expérience a prouvé qu’il fallait une fumure de 90 – 60 – 30 à l’hectare L’agriculteur dispose d’un engrais complet 12 – 12 – 12 et des engrais simples : sulfate d’ammoniaque à 20% et superphosphate triple à 36%. Quelles quantités d’engrais devra-t- il apporter à l’hectare ? Réponse 2 : Il faut d’abord rechercher la plus petite quantité de 12 – 12 – 12 à utiliser pour satisfaire les 30 unités de potasse à l’hectare : K - poids de 12 – 12 – 12 : 30 x 100/ 12 = 250 kg Cette quantité de 250 kg de 12 – 12 – 12 fournit également 30 kg d’N et 30 kg de P2O5. Les recommandations étant de 90 unités d’N et de 60 unités de P 2O5., il faudra apporter en complément à l’hectare : N : 90 – 30 = 60 unités, soit SA : 60 x 100/20 = 300 kg P2O5. : 60 – 30 = 30 unités, soit TSP : 30 x 100/ 36 = 83 kg 3.4 ETABLISSEMENT DE LA PÉPINIÈRE C’est la partie du jardin destinée à la production de jeunes plants sains et vigoureux issus de semis. La réussite de la culture ainsi que l’importance des récoltes dépendront en grande partie des soins apportés aux plantules en pépinière. Sa surface requise peut être estimée comme suit : Sp =surface culture/ 100 (en général) 19 Comment procède-t-on procède ? délimiter avec des piquets des planches de : Largeur (l) =100 cm ou 1m Longueur(L) = variable en fonction du terrain et de la surface (mais 10 m est bon) ; Largeur passe pieds = 30 à 50 cm. apporter de la matière organique bien décomposée : 2 à 4 kg /m2 épandage de la m.o. de façon régulière sur la surface de la planche incorporer les m.o. par un bêchage apporter de l’engrais minéral complet de fond Ex : 50g de 20 10 10 /m2 et l’épandre sur la planche de façon régulière enfouir l’engrais minéral à l’aide d’un râteau. Ce ratissage servira en même temps à niveler la planche une première fois faire une désinfection du sol et attendre 10 à 15 jours avant de semer. Exemples : procédé physique : *solarisation du sol au plastique noir * eau bouillante : 10 l/m2 pour des petites surfaces. procédé chimique pour des surfaces importantes ex : BastionSuperGR (2 g de p.c./m²) ; (Insecticide nématicide) Manèbe 80 wp (100 g/15L) (fongicide) ; Métham sodium : on épand 10 L/m2 d’une solution contenant 1 litre de métam sodium dans 100 litres d’eau. Tout ceci en traitement de surface, puis suivi des arrosages pour faire descendre les produits 3.5 EXÉCUTION DES SEMIS Préalable : 1) test de germination (voir tableau 2) 2) traitement des semences avant semis en observant scrupuleusement les recommandations des fabricants portées sur les emballages Ex. Caiman Rouge (350 g p.c./100 kg de semence) Qualités de la graine : - Bonne pureté - Bonne Maturité - Bon pouvoir germinatif - Bonne viabilité Démarche à suivre : Planage de la planche (avec rebords) à l’aide d’une règle en bois ; Marquer des sillons de semis tous les 15 à 20 cm ; Ouvrir des sillons de semis à l’aide d’une règle en bois : 1cm de profondeur. La profondeur de semis est fonction de l’espèce à semer ; 20 Semer dans le sillon aux espacements de 1 graine tous les 1 à 2 cm ; Corriger l’écartement entre les graines avec une brindille ; Fermer les sillons avec les doigts de la main ; Apporter une couche de paille sèche ; Arroser finement avec pomme ; Après la levée, confectionner l’ombrière (pas épaisse, s’il n’y a pas ombrage). Hauteur du sol = 80 cm.3.6 SOINS D’ENTRETIEN A LA PEPINIERE - Arroser chaque matin et soir ; arrosage à la pomme avec trous dirigés en haut ; - Contrôler régulièrement la levée du semis et enlever le paillis dès que les plants se lèvent pour éviter qu’ils filent ou s’étiolent ; - Poursuivre les arrosages journaliers à la pomme ; - Faire des sarclo -binages réguliers ; - Faire des traitements phytosanitaires réguliers en fonction du parasitisme ; - Vérifier si les plants sont prêts pour le repiquage qui est fonction de l’espèce. Un bon plant pour le repiquage doit être sain et robuste (taille du crayon pour tomate par exemple), avoir plusieurs vraies feuilles et des racines saines et bien développées. 3.7 PRÉPARATION DES PLANTS POUR LE REPIQUAGE D’une façon générale, plus le plant est jeune, mieux il supportera la transplantation. (i) Durcissement des plants (10 jours avant transplantation) Suspension des arrosages ou les espacer ; Enlèvement de l’ombrière ; (ii) Habillage des plants (le jour même du repiquage) : c’est une pratique courante pour : oignons – poireaux – salades – choux et rare pour : tomate - poivron ;(voir croquis) 21 3.8 REPIQUAGE OU MISE EN PLACE DES JEUNES PLANTS. Époque : cette opération devra se faire en dehors des périodes chaudes de la journée : donc le soir ou le matin par temps couvert Préalable : à la veille, bien arroser la pépinière et les planches qui vont recevoir les plants Le jour même du repiquage : Arrachage des plants avec précaution Supprimer tous les plants : chétifs, présentant des défauts, trop vieux ; Choisir une distance de plantation Trouaison Profondeur de plantation : jusqu’ au collet (laitue) jusqu’aux premières feuilles (tomate, chou, aubergine) plus profondément (10 cm) : poireaux Remarque : les légumes locaux restent indifférents quant à la profondeur de plantation (morelle noire, corète potagère, etc.) 22 3.9 LES SEMIS EN PLACE OU DIRECTS A la volée ou en lignes suivi d’un éclaircissage (cas des carottes) En poquet et en lignes suivi d’un démariage (cas du melon, de la pastèque, etc.) 3.10 ENTRETIEN DES CHAMPS Consiste à faire : Des arrosages réguliers ; la fréquence varie avec l’ensoleillement et la nature du sol ; Des traitements phytosanitaires (préventifs ou curatifs) ; Des binages à la demande ; Un paillage (tomate et cucurbitacées) dans les zones où les termites ne se manifestent pas trop ; Le buttage de certaines espèces : tomate, aubergine poivron et haricot vert ; La taille (supprimer les jeunes rameaux qui sont en trop) 23 3.11 PROTECTION DES CULTURES (ENNEMIS) Les cultures maraîchères sont la proie de nombreux parasites qui diminuent les rendements et dans les cas extrêmes peuvent interdire la culture d’une espèce végétale sur un sol donné. L’assurance d’une bonne protection des cultures légumières passe d’abord par : L’identification du parasite La connaissance des moyens de lutte appropriés Mais nécessite surtout une certaine expérience. Les principaux ennemis des cultures maraîchères peuvent se schématiser comme suit : Les insectes Les acariens Les Champignons Les bactéries Les virus Les Nématodes Les maladies non parasitaires Des parasites secondaires peuvent également gêner l’épanouissement d’une culture légumière : Les mauvaises herbes Les animaux, les oiseaux 3.12 MOYENS DE LUTTE La réussite des cultures légumières dépend en grande partie du contrôle du parasitisme et des adventices. Il faut des inspections fréquentes au champ : on peut être amené à arracher quelques pieds pour examiner le système radiculaire ; Une parfaite connaissance de la plante (exigences, cycle végétatif, ennemis… ) permet de limiter les problèmes parasitaires sous forme de lutte préventive ; L’utilisation des pesticides ne doit constituer que le dernier recours en matière de protection de cultures. 3.12.1 LUTTE PRÉVENTIVE Cultiver des espèces et dans celles-ci des variétés adaptées au milieu ; Choisir dans la mesure du possible des variétés résistantes ou tolérantes au parasitisme en place ; Respecter les dates de semis ou de plantation conseillées qui prennent en compte les conditions climatologiques et l’agressivité du parasite ; 24 Utiliser des semences de bonne qualité et désinfectées, génératrices de plants vigoureux ; Semer dans des pépinières riches en matière organique très décomposée et parfaitement désinfectées, afin d’assurer aux jeunes plants une bonne croissance et un excellent état sanitaire ; Appliquer à tous les stades végétatifs les techniques culturales conseillées susceptibles d’assurer à la plante un développement harmonieux ; Éliminer manuellement les gros ravageurs (chenilles, coléoptères…) ; Employer des produits répulsifs ou attractifs qui attirent les insectes dans des pièges en les éloignant de la plante hôte ; Protéger les cultures contre les ravageurs avec des moyens classiques (filets, épouvantail, gardiennage…) ; Détruire les résidus des récoltes susceptibles d’abriter les parasites ; Faire la rotation culturale. 3.12.2 LUTTE BIOLOGIQUE Utilisation des entomopathogènes qui ne sont pas des produits chimiques mais des bactéries ou des virus pathogènes élevés en milieu artificiel Ex : Bacillus thuringiensis, spécifique contre des larves de lépidoptères défoliatrices de nombreuses plantes cultivées. Sans effet sur l’homme et les animaux, il préserve la faune utile, les abeilles en particulier. 3.12.3 LUTTE CHIMIQUE Elle ne doit être employée que si la pression parasitaire devient trop menaçante pour la culture. C’est le dernier recours. Les pesticides sont avant tout des poisons dont la manipulation peut être dangereuse pour l’utilisateur et l’environnement. Il convient de respecter scrupuleusement les indications consignées sur les emballages et les doses d’emploi. Conseils pour la Protection Phytosanitaire des Cultures Maraîchères 25 26 3.13 RÉCOLTES La récolte est l’action de recueillir et d’enlever les produits utiles d’une culture, une fois que ceux-ci ont atteint le degré de maturité recherché. Il est important de bien respecter ce degré de maturité. Certaines cultures se récoltent au moment de la : - maturité complète ex : oignon, piment, fraise… - d’autres par contre se récolte avant la maturité complète ex : concombre, aubergine, gombo, haricots verts… Conseil pour les récoltes : Époque : récolter quand il fait frais, comme le matin après la rosée ou le soir ; Respect des délais de sécurité entre la dernière application des pesticides et la récolte ; Le transport des récoltes doit être fait avec beaucoup de précaution ; Evacuer la récolte aussitôt à l’ombre, ou dans un endroit frais et aéré ; Avant de mettre les récoltes dans leurs emballages de vente, il convient de faire un triage et parfois un calibrage ; Il est important de peser la récolte afin d’assurer une bonne gestion du potager ; Après la dernière récolte, il faut arracher les restes de plantes ; Nettoyer le terrain afin de le préparer pour la culture suivante. 3.14 STOCKAGE DES PRODUITS HORTICOLES 3.14.1 Légumes – racines, tubercules et bulbes Ici, l’oignon est pris comme exemple. L’oignon de couleur se conserve mieux que l’oignon blanc. Ils sont conservés en couche sur clayettes ou en guirlande. L’oignon, séché pendant 5 - 10 jours, peut être stocké pendant 6 mois sous conditions sèches avec une bonne circulation de l’air. Le stockage à des températures basses de 0°C ou à des températures élevées de 24 - 30°C donne les meilleurs résultats. Pour les racines et tubercules, les meilleurs résultats sont obtenus quand le stockage est fait après une récolte soigneuse ayant causé aussi peu que possible de dommages mécaniques. Les tubercules stockés doivent être conservés à une température aussi fraîche que possible, mais pas assez basses pour provoquer des endommagements par le froid. La ventilation est nécessaire pour la respiration des tubercules. Dans tous les cas, l’ombre est indispensable. Pour un stockage de courte durée, et en tant qu’aide à une facile commercialisation, il est souvent possible de garder les tubercules en bon état dans des sacs de polyéthylènes bien fermés, ou de les conserver empaqueté dans des matériaux humides tels que tourbe, sciure. S’agissant de la pomme de terre, elle a un potentiel de stockage médiocre. Le stockage par la méthode traditionnelle se fait dans des silos souterrains. Au plan moderne, le stockage des principales pommes de terre de consommation se fait à des températures d’un peu plus de 27 4°C, combiné à des inhibiteurs chimiques de la germination. Ce qui permet leur conservation pendant 6 à 8 mois. La dormance est levée pour des tubercules stockés à plus de 5°C. Il est à noter que le stockage pendant de longues périodes est coûteux dans les régions tropicales. 3.14.2 Légumes – feuilles En général, les légumes – feuilles ne peuvent être stockés que pendant quelques jours, même récoltés sains et non humides. Dans les régions avec une longue période de sécheresse les légumes – feuilles tels que corète potagère, Gynandrosis gynandra, Adansonia digitata, niébé, sésame, sont séchés, rendus en poudre puis stockés ainsi pour être consommés en temps de disette. La laitue, par exemple, récoltée saine et non humide, peut être stockée pendant 3 à 4 jours en chambre fraîche. Réfrigérée à une température de 0°C, dès qu’elle est cueillie, la laitue pommée peut être stockée pendant une période de 3 - 4 semaines et expédiée par voie maritime dans des cales climatisées. Les têtes de chou se conservent bien en chambre froide à 2 - 5°C pendant quelques mois. Stockées de cette façon, elles peuvent approvisionner le marché pendant environ six mois suivant la récolte. 3.14.3 Légumes – fruits Parfois on trouve sur le marché de jeunes fruits tranchés et séchés de gombo, ainsi que des parties séchées d’aubergine indigène (Solanum spp.). D’autres légumes sont vendus à l’état frais. Les tomates pour consommation en frais, par exemple, ne sont jamais récoltés parfaitement rouges. Suivant l’éloignement du marché, on les récoltera plus ou moins « tournantes » (passant du vert au rose), venant à maturité 3 - 4 jours plus tard à 25 - 30°C, et 20 - 30 jours plus tard en chambre froide à 14°C. Les tomates mûres peuvent être conservées une semaine, au plus, en chambre froide à 5°C. Si les possibilités de réfrigération sont nulles et le marché éloigné, on peut récolter les tomates vertes. La maturation se fait en une semaine environ à 25 - 30°C, avec une réussite de 85 - 95%. Les fruits d’aubergine sont cueillis lorsqu’ils atteignent la moitié de leur taille définitive et qu’ils sont encore bien brillants et souples, ceci dans le cas où le marché est proche de l’exploitation. C’est à ce stade que les aubergines sont les meilleures à consommer. Mais quand on les conserve elles deviennent très vite molles et fripées. Pour une expédition lointaine, ou une conservation d’une à deux semaines en chambre froide, à 7°C, on récoltera les aubergines un peu plus mûres, au moment où elles commencent à perdre leur brillant et à devenir un peu fermes. Les fruits de poivron, à condition d’être bien sains au départ, se conservent plus longtemps que ceux de l’aubergine ou de la tomate, et se prêtent très bien à l’expédition par voie maritime, dans des cales à 6°C, de préférence sous emballage plastique. 28