Fiches Antique L3S5 PDF
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This document discusses Late Antiquity, a period between antiquity and the Middle Ages. It explores the disappearance of the Roman Empire and the emergence of Christianity, examining historical perspectives and archaeological discoveries. The document also considers the definitions, appellations, and dates of the period, highlighting scholarly debates and the changing historical understanding of Late Antiquity.
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L’art de l’antiquité tardive Qu’est-ce que l’antiquité tardive ? Période charnière peu étudiée car elle se trouve entre les études sur la période antique et celles sur la période médiévale. Deux éléments principaux : ○ Disparition de l’Empire romain ○ Appa...
L’art de l’antiquité tardive Qu’est-ce que l’antiquité tardive ? Période charnière peu étudiée car elle se trouve entre les études sur la période antique et celles sur la période médiévale. Deux éléments principaux : ○ Disparition de l’Empire romain ○ Apparition du christianisme Débats autour des définitions, des appellations et des dates de la période. XIXe siècle : période mal perçue car vue comme un moment de grand déclin pour l’Empire romain. I. Période et concept : la longue histoire de l’antiquité tardive 1.1 Historiographie et découpage de la période Histoire de l’Empire romain : 1.2 Du Bas-Empire aux Âges obscurs Dès l’antiquité tardive, Rome est perçue comme une ville vieillissante, ce qui influence l’historiographie. Renaissance : Les humanistes tentent de comprendre comment s’est faite la transition entre l’antiquité tardive et la période médiévale. XVIIe-XVIIIe siècles : ○ L’image péjorative de la période persiste avec Montesquieu qui parle de “décadence” en évoquant cette partie de l’histoire. ○ Parallèlement, une historiographie chrétienne émerge avec les Jésuites qui se concentrent sur les histoires sacrées et la vie des saints. II. Archéologie chrétienne et études historiques (1820-1950) 2.1 La naissance de l’archéologie chrétienne L’archéologie chrétienne naît avec la redécouverte des catacombes de Rome par Antonio Bosio fin XVIe, début XVIIe siècle. ○ Publication posthume à la postérité importante qui s’inscrit dans le contexte de la Contre-Réforme → Témoigne de la large utilisation des images dans les premiers siècles chrétiens. XIXe siècle : ○ De Rossi reprend les recherches avec des méthodes plus scientifiques mais omet ce qui n’est pas d’ordre chrétien. ○ En France, Le Blant joue un rôle important dans la diffusion des recherches : il relève des inscriptions chrétiennes et des sarcophages paléo-chrétien, notamment à Arles. 2.2 Pionniers de l’archéologie chrétienne En parallèle, une archéologie plus scientifique se développe par le biais de militaires et de religieux, se plaçant dans la lignée de l’archéologie chrétienne italienne. ○ De nouvelles régions sont explorées, comme la Syrie ou l’Afrique du Nord. III. Approches contemporaines de l’antiquité tardive 3.1 Définition du concept de Spätantike Dans les années 1850 : ○ Burckhardt est le premier à utiliser le terme “antiquité tardive”. ○ Coulanges est le premier à cesser de considérer la période de manière péjorative. Début XXème siècle, Pirenne est le premier historien à considérer que, dans cette période longue et sans rupture, l’avant et l’après seraient mieux. 3.2 Revalorisation moderne de l’antiquité tardive Au XXème siècle, des chercheurs appréhendent la période de façon plus scientifique : ○ Weizmann étudie la question de la production et de l’intégration de l’art chrétien au sein d’un art tardo-antique. ○ Cette revalorisation part du monde anglo-saxon et se poursuit en France entre les années 1960-2000. Un seul manuel concerne la période : L’art romain tardif et paléochrétien, Engemann, 2014. Depuis les années 2000, la question de la chute de l’Empire romain est à nouveau posée par les chercheurs anglo-saxons. Cependant, les tensions géopolitiques existantes depuis le début du siècle influencent la façon dont ils considèrent la chute de l’Empire romain. IV. Cadre chronologique et spatial 4.1 Délimitation temporelle et géographique Période qui s’étend de 230 au VIe-VIIIe siècle (la romanité ne se termine pas au même moment en fonction de l’aire géographique). Le Bas-Empire : ○ Il ne concerne que l’Occident car l’Empire romain d’Orient perdure plus longuement. ○ Est un terme qui s’emploie pour parler de la période allant jusqu’au IVe siècle car au Ve siècle, on bascule dans le domaine du Haut Moyen Âge (il y a un chevauchement). 4.2 La crise du IIIe siècle Entre 240 et 280, une succession d’événement met l'Empire romain en difficulté : ○ On voit une succession d’empereurs ayant des règnes courts et localisés dans l’Empire, ce qui engendre des instabilités importantes. ○ L’Empire romain atteint presque la limite de ses dimensions maximales dans l’histoire donc la gestion des territoires devient difficile. ○ La Peste de Cyprien fait rage entre 250 et 270. ○ Les changements climatiques entraînent des problèmes dans les cultures et des famines. ○ Les problèmes de l’Empire romain réveillent les appétences territoriales des peuples frontaliers et poussent les régions éloignées des fronts à faire sécession. En 293, le nouveau système politique de la tétrarchie rétablit le calme dans l’Empire romain en divisant le pouvoir en 4 → La délimitation Orient-Occident apparaît. Artistiquement : ○ Le IIIe siècle connaît toujours des représentations figurées, mais elles s’éloignent du naturalisme augustéen. ○ Un art véritablement chrétien apparaît, notamment dans le domaine funéraire. ○ L’art domestique reste dans la tradition gréco-romaine. 4.3 Constantin et la christianisation de l’Empire romain Au début du IVe siècle, une guerre civile met fin à la tétrarchie : Constantin est le seul vainqueur. 313 : Édit de Milan (Constantin, premier empereur chrétien, légalise le christianisme dans l’Empire romain) → phase de tolérance entre toutes les religions. 325 : Concile de Nicée (définition de l’orthodoxie, du dogme chrétien et de la consubstantialité). En 337, à la mort de Constantin, l’Empire romain est divisé entre ses fils puis leurs descendants. → suite à de nombreuses guerres civiles, on trouve des empereurs issus du monde militaire. 380 : Édit de Thessalonique mis en place par l’empereur Théodose fait du christiannisme la religion d'État de l’Empire romain, rendant illégales toutes les autres religions. 4.4 La division définitive de l’Empire (395) 395 : Mort de l’empereur Théodose → division de l’Empire romain entre Honorius (Occident) et Arcadius (Orient). L’époque est marquée par de nombreux élans migratoires → impression d’affaiblissement pour l’Empire romain. ○ Provinces qui se réorganisent en royaumes autour des peuples migrateurs, ce qui annonce la fin de la partie occidentale de l’Empire. V. La fin de l’Empire romain d’Occident et l’évolution de l’Empire romain d’Orient 5.1 Les événements marquant du Ve siècle 410 : Sac de Rome par Alaric I, chef des Wisigoths ○ Les productions artistiques de l’époque ne traduisent pas de traumatisme chez les contemporains, contrairement à celles produites ultérieurement par les Modernes. 476 : Déposition de Romulus Augustule, dernier empereur de Rome → Fin de l’Empire romain d’Occident. Invasions des peuples germaniques → apparition de royaumes romano-barbares. ○ Moment de transition : l’Occident romain laisse place à des royaumes se réclamant de l’héritage romain. 5.2 L’Empire romain d’Orient après 476 À partir de 527, Justinien Ier, empereur romain d’Orient, tente de reconquérir certains territoires perdus → recomposition des espaces montrant, dès le VIIe siècle, une étendue territoriale de plus en plus restreinte. 1453 : Prise de Constantinople par les Ottomans → chute de l’Empire romain d’Orient. 5.3 La formation des grands blocs post-romains À partir du VIe siècle : recomposition des territoires autour des royaumes “barbares”. ○ Les échanges commerciaux, artistiques et religieux continuent de refléter un héritage romain. Premières expressions chrétiennes I. Apparition du christianisme dans le monde romain 1.1 Contexte historique et origines Le christianisme : ○ apparaît dans l’antiquité tardive, sous Auguste (-27 à 14). ○ se distingue par son concept de religion, terme qui n’existait pas de la même manière dans les systèmes de croyance romains. ○ est fondé sur la foi et encadré par un dogme constructif et évolutif. 1.2 Jésus-Christ : figure fondatrice Biographie : ○ Jésus, né en Judée, a vécu à Nazareth et a prêché en Galilée, en Samarie et en Judée. ○ Né sous le règne d’Auguste et sous la domination d’Hérode. Meurt sous le règne de Tibère. ○ Date de naissance réelle : entre 4 av. J.-C. et 7. ○ Baptisé par Jean-Baptiste, Jésus s’inscrit dans le courant messianique du judaïsme. ○ Réalise des guérisons et est perçu comme le Messie par ses disciples. Mort et résurrection : ○ Arrêté à Jérusalem, jugé par le Sanhédrin puis condamné à la crucifixion par Ponce Pilate. ○ Sa résurrection devient le fondement de la foi chrétienne, preuve de son statut messianique et entraîne la diffusion de son message : c’est l’évangélisation. 1.3 Diffusion du message : l’évangélisation Après la mort de Jésus (30), ses disciples répandent son message, initiant la naissance des premières communautés chrétiennes. Paul de Tarse joue un rôle crucial en élargissant le message au-delà des communautés juives, facilitant ainsi l’expansion du christianisme en dehors de la Palestine. II. Naissance et construction des Écritures chrétiennes 2.1 La Bible Construction progressive à partir du premier siècle après la mort du Christ. Composée de l’Ancien et du Nouveau Testament : ○ Ancien Testament : Correspond à la Torah juive. Censé préfigurer le Nouveau Testament. Textes peu narratifs et moins illustrés. ○ Nouveau Testament : Comprend les 4 évangiles, les actes des apôtres, les épîtres et l’apocalypse de Jean. Rédigé entre 50 et 100. Comporte majoritairement des parties narratives. 2.2 Le canon biblique 397 : Le Concile de Carthage fixe le canon biblique. ○ Les évangiles synoptiques (Matthieu, Marc et Luc) et celui de Jean sont retenus. ○ Les évangiles dits “apocryphes” sont écartés car ils ne correspondent pas à la direction que souhaite prendre l’Église. 2.3 Particularités de la religion chrétienne Religion du livre : On ne peut ni retrancher, ni supprimer les textes car le canal de transmission passe par la divinité. Monothéisme stricte, différant des cultes polythéistes romains. Religion de la foi : Importance de la croyance et de la participation consciente au culte. III. Le christianisme dans le contexte religieux romain 3.1 Les cultes romains Diversité de cultes polythéistes, souvent liés à des rites civiques, familiaux et/ou professionnelles. La croyance est secondaire par rapport au bon accomplissement des rites. Les empereurs peuvent influencer les pratiques cultuelles en faisant la promotion de certains cultes. L’empereur est le chef du culte impérial, garantissant la cohésion civique de l’Empire romain. Dans l’Antiquité tardive, le monde romain n’est pas fermé en termes de culte : ○ L’Empire s’est étendu en avalant les cultes locaux des peuples colonisés, il est donc perméable à beaucoup de cultes. ○ Il y a une mosaïque de cultes dans la vie des citoyens romains. 3.2 Singularités du christianisme Monothéisme strict + refus de participer aux cultes civiques = rejet du christianisme par l’Empire romain. Propagation dans les villes aux communautés juives importantes d’abord puis dans l’ensemble de l’Empire romain. IV. Diffusion et persécution des premiers chrétiens 4.1 Diffusion géographique Premières communautés qui se développent en Orient, puis en Afrique du Nord et en Gaule. Deuxième moitié du Ier siècle : formation des premières Églises (au sens de communautés) dans ces régions. 4.2 Les persécutions Les persécutions ont lieu de 64 (incendie de Rome sous Néron) à 304 (la dernière et la plus violente de l’histoire chrétienne, la persécution de Dioclétien). Motifs : ○ Motif légal des persécutions : Refus des chrétiens de sacrifier à l’empereur → perçu comme un refus d’appartenance civique. ○ Motif sous-jacent : La volonté d’universalité du christianisme, déjà largement répandu au IIIe siècle, a fait se convertir les élites. La religion s’installant dans toutes les couches de la société et à travers tout le territoire, elle remet en cause le culte impérial. L’intensité des persécutions varie selon les périodes et les régions de l’Empire romain. 4.3 L’acceptation progressive 260-303 : La “Petite Paix de l’Église” voit le développement de la hiérarchie ecclésiastique et des images. Les classes élitaires se convertissent → plus grande diffusion de la religion chrétienne. V. La question des images dans le christianisme 5.1 Interdit biblique et débats internes L’Ancien Testament interdit la création d’image (“Tu ne feras point d’images taillées, ni de représentations quelconque des choses [...]” -Exode). Débats autour de l’utilisation des images dès le IIe siècle : risque d'idolâtrie VS support pédagogique et dévotion. 5.2 Évolution du statut de l’image Concile d’Elvire (début IVe siècle) : Interdiction des images dans les lieux de culte. Arguments pro-images : ○ Dès le IIème siècle, un certain nombre de chrétiens issus des couches savantes de la société se montrent favorables à l’utilisation d’images ciblées pour se reconnaître en tant que communauté, tout en se gardant de faire des idoles. ○ Les penseurs considèrent que la venue du Christ sur Terre permet de faire des images car Jésus est l’incarnation humaine de Dieu, son image vivante. Les hommes auraient donc le droit de faire des images eux aussi. ○ La société romaine du IIIe siècle étant un monde où les images sont omniprésentes, les chrétiens ont la volonté d’en faire autant pour honorer leur dieu. 5.3 Les premières représentations chrétiennes Les images signes : ○ Les premières représentations ne sont pas figuratives mais symboliques et apparaissent dans un contexte funéraire. ○ Elles servent à identifier l’appartenance à la religion chrétienne. ○ Développement de symboles : l’ancre, le poisson (ichtus) et le chrisme (Chi-Rho). ○ Motifs souvent issus de l’art romain mais réinterprétés pour représenter la foi chrétienne. ○ Au début du IIIème siècle, les images figuratives apparaissent progressivement. VI. Les premiers lieux de culte et l’art funéraire 6.1 Les catacombes À partir du IIIème siècle, les catacombes se développent pour pallier le manque de place pour les inhumations dans les nécropoles, allant de simples chambres funéraires à de vastes réseaux de galeries. Utilisées par les chrétiens mais aussi par les païens, elles deviennent un espace privilégié pour l’iconographie chrétienne. Fin IIIème siècle, des scènes narratives de l’Ancien et du Nouveau Testament apparaissent dans les catacombes. Exemples : ○ Une partie de la catacombe de Calliste datant de 230-240 est gérée par le pape Calliste et suit un plan à graticula (en forme de grille). ○ Les tombes à loculi sont creusées dans le tuf et empilées → ce modèle de sépulture reflète un idéal d’égalité et de fraternité chrétienne, sans distinction majeure entre les tombes, hormis de petits signes ou inscriptions. ○ Dès 235, on voit apparaître des sépultures privilégiées à Calliste avec des hypogées (sépultures souterraines) marqués par des décors peints, principalement des fresques. Décors inspirés de l’architecture domestique romaine et qui imitent souvent le marbre avec des corniches et des décors végétaux. Ils se développent principalement dans les cubicula ornées de grands aplats de couleurs et de motifs figuratifs. Les images funéraires chrétiennes de cette époque sont inspirées de l’art romain mais évoquent aussi des thèmes d’espérance du salut et de sacrement. Cubiculum du Bon Pasteur, catacombe de Domitille, IIIe siècle : le décor est inspiré du IVe style pompéien avec des aplats blancs ornés de lignes rouges et vertes. À partir de la seconde moitié du IIIème siècle : expansion des catacombes coïncidant avec la Petite Paix de l’Église. ○ Croissance de la communauté chrétienne → augmentation des sépultures chrétiennes = multiplication des sépultures privilégiées (arcosolia) réservées aux familles riches, ce qui révèle des inégalités sociales. Début IVème siècle : décorations plus élaborées et personnalisées des cubicula, notamment pour refléter la vie des défunts. ○ La Donna Velata serait représentée dans trois moments de sa vie : jeune fille, mère et en attente de la résurrection → évocation de la vie de la défunte et de la foi chrétienne. ○ Monumentalisation des cubicula. ○ Style artistique influencé par des courants orientaux et expressionnistes, visibles dans des œuvres comme la “Pleureuse”. 6.2 Les sarcophages chrétiens Sarcophage de Livia Primitiva (200-225), Louvre : ○Découvert dans une nécropole sous le Vatican. ○Seule la face avant de la cuve est conservée, ornée principalement de strigiles. ○200-225 : époque où les images sont peu fréquentes dans l’art funéraire chrétien. ○Inscription indiquant qu’il s’agit d’une défunte mais qui ne précise rien sur sa religion. ○ Trois images : Une ancre de bateau : Dans le contexte chrétien, image qui symbolise la stabilité et le fait de rester “ancré” dans la foi. Elle semble avoir été ajoutée après le reste du décor. Un berger : Représenté de manière typique, vêtu d’une tunique et de sandales. Motif du Bon Berger courant dans l’art funéraire romain. Dans un contexte chrétien, interprété comme un Christ en Bon Pasteur, figure symbolique. Poisson : Se dit ichtus en grec, acronyme de la phrase “Jésus Christ, fils de Dieu, Sauveur”. L’ensemble suggère l’appartenance probablement chrétienne de la défunte, même si la présence de quelques symboles seulement de permet par de l’affirmer avec certitude. Les images signes de ce type apparaissent ponctuellement au IIIème siècle et soulèvent souvent des doutes sur leurs significations exactes et leur rapport à la foi chrétienne. Sarcophage de Baebia Hertofila (seconde moitié du IIIe siècle) ○ Localisation : Conservé à Rome, daté des années 275. ○ Caractéristiques générales : Décor typique des sarcophages païens : motifs de strigiles, colonnes monumentales sur les côtés, masques de théâtre. Portrait de la défunte et de son mari sous une tabula au centre. Scène de banquet funéraire, similaire aux rites funéraires païens. ○ Éléments chrétiens spécifiques : Une scène de Jonas contractée en une seule image : Jonas jeté dans le ketos, un monstre marin inspiré de Poséidon. Jonas endormi sous la coloquinte, en position classique de repos. Lecture chrétienne : Banquet interprété comme un banquet funéraire chrétien. Pasteur perçu comme une figure pastorale chrétienne. ○ Ce sarcophage illustre la cohabitation des traditions païennes et chrétiennes dans l’art funéraire du IIIe siècle. Sarcophage de Santa Maria Antiqua (dernier quart du IIIe siècle) ○ Localisation : Découvert à Rome. ○ Caractéristiques générales : Décor en frise avec motifs d’arbres en arrière-plan. Figures mixtes : pêcheurs dans un bateau (renvoi à Jonas), figures d’orantes et philosophiques (réinterprétées dans un contexte chrétien). Bon Pasteur : lecture christologique comme berger ramenant les âmes. Scène du baptême du Christ : Représentation de Jean-Baptiste et de la colombe du Saint-Esprit. Christ figuré comme un enfant, malgré les textes mentionnant son âge adulte. ○ Exemple de cohabitation entre répertoires païens et chrétiens dans un même décor. Sarcophage de Velletri (vers 300) ○ Localisation : Conservé à Velletri, Italie. ○ Caractéristiques générales : Grandes figures : berger, orant, méditatif, issues de traditions polythéistes. Décor majoritairement inspiré de l’Ancien Testament : Jonas, Daniel dans la fosse aux lions, péché originel, Noé, multiplication des pains et des poissons. Premières apparitions des miracles du Christ dans l’iconographie. ○ Caractéristiques stylistiques : Figures trapues, musculatures marquées, géométrisation croissante, caractéristiques du IVe siècle. Les sarcophages chrétiens du IIIe siècle montrent une transition discrète où des thèmes chrétiens s’intègrent à des décors polythéistes traditionnels. À partir du IVe siècle, les éléments spécifiquement chrétiens se multiplient, avec des figures et des scènes tirées de l’Ancien et du Nouveau Testament. L’iconographie funéraire chrétienne évolue en parallèle du développement du christianisme au sein de l’Empire romain. Conclusion Le christianisme naît comme une religion singulière dans un monde polythéiste, porté par un message de foi et d’espérance de salut. Face aux persécutions et aux interdictions, il développe un art symbolique, principalement funéraire, qui devient progressivement plus figuratif. L’évolution de son iconographie et de ses lieux de culte reflète à la fois les tensions et les transformations d’un Empire romain en mutation. Premiers sites chrétiens Doura Europos I. Contexte : Les lieux de culte chrétiens avant 313 Avant l'Édit de Milan (313), les chrétiens ne pouvaient pas construire de véritables édifices religieux. Domus dei ou domus ecclesiae : ○ Maisons privées utilisées pour le culte. ○ Très peu conservées, sauf cas exceptionnels comme la domus ecclesiae de Doura-Europos. II. Le site de Doura-Europos Localisation et histoire : ○ Ville militaire abandonnée après la conquête perse, ensablée et redécouverte au XXe siècle. ○ Fouilles révélant plusieurs lieux de culte dont : Une synagogue, Une domus ecclesiae, Un lieu dédié à Mithra. ○ Ces trois lieux sont ornés de fresques. Contexte moderne : Le site a été lourdement bombardé ces dernières années. III. La domus ecclesiae de Doura-Europos 3.1 Description architecturale Maison datant des années 230, réaménagée vers 340 pour devenir un lieu de culte chrétien. Organisation : ○ Construite autour d’un péristyle. ○ Salle annexe pour célébrer l’eucharistie. ○ Baptistère : Salle transformée avec un bassin. Décorée de fresques couvrant tous les murs. 3.2 Décor intérieur Fresques complexes sur deux registres, remises en question récemment : ○ Point focal : Lunette de l’arcosolium (au-dessus du bassin) : Berger Criophore et son troupeau. Adam et Ève (chute de l’humanité). ○ Mur nord : Registre supérieur : Miracles du Christ (guérison du paralytique, marche sur les eaux avec saint Pierre). Registre inférieur : Procession de femmes vêtues de blanc avec des torches, devant un bâtiment surmonté de deux étoiles. Identifiée comme une référence à la parabole des dix vierges (Évangile de Matthieu). ○ Mur sud (face au nord) : Scène de David contre Goliath (Ancien Testament). Figure féminine penchée vers un puits : Annonciation, l'une des plus anciennes représentations de la Vierge Marie conservées. IV. Signification et évolution Expression de la foi : ○ Décorations illustrant une compréhension complexe et symbolique des textes bibliques. ○ Cas unique de conservation, mais il existait probablement d'autres domus similaires. Évolution après 313 : ○ Transformation des domus ecclesiae en églises à tituli : Maisons privées données à l'Église. Conservent le nom du propriétaire (titulus). ○ Exemples notables : À Rome, nombreuses églises tituli. À Capharnaüm, maison de Pierre : De maison privée à maison de culte. Transformée en église de plan centré, rappelant la mémoire des lieux. V. Synthèse La domus ecclesiae de Doura-Europos est un témoignage unique des premiers lieux de culte chrétiens. Elle illustre la transition d’un culte privé à une architecture chrétienne officielle après l'Édit de Milan. Ces lieux de culte révèlent une capacité des premiers chrétiens à exprimer leur foi à travers des images riches et symboliques, bien que ces espaces soient rares à avoir été conservés. Art de la Tétrarchie I. Contexte historique : La crise du IIIe siècle (193-305) 1.1 Les Sévères (193-211) Dynastie d’origine africaine, marquée par la centralisation du pouvoir et l’influence des cultures orientales. Événements clés : ○ 197 : Victoire contre les Parthes par Septime Sévère, renforçant l’autorité impériale. ○ 212 : Édit de Caracalla (Constitutio Antoniniana) accordant la citoyenneté romaine à presque tous les hommes libres de l’Empire. ○ 202 : Interdiction du prosélytisme chrétien et juif, renforçant les tensions religieuses. ○ 233 : Menace des Alamans, prélude aux invasions germaniques. Production artistique : ○ Monuments impériaux : Thermes de Caracalla, monuments de Leptis Magna. ○ Art chrétien : Premières catacombes et sarcophages historiés à Rome. 1.2 L’anarchie militaire (235-284) Caractéristiques générales : ○ Instabilité politique avec des empereurs éphémères. ○ Fragmentation de l’Empire et invasions “barbares” (Goths, Francs, Sassanides). Persécutions religieuses : ○ 250 : Édit de Dèce contre le christianisme. ○ 257-258 : Renforcement sous Valérien, avec persécutions systématiques. Production artistique et architecturale : ○ Catacombes chrétiennes : Domitille, hypogées. ○ Art funéraire : Sarcophage Ludovisi, influencé par le christianisme. ○ Architecture religieuse : Temple de Sol Invictus à Rome. 1.3 Dioclétien et la Tétrarchie (284-305) Réformes politiques et administratives : ○ Création de la Tétrarchie (293) : Deux Augustes (Dioclétien et Maximien) et deux Césars (Galère et Constance Chlore). ○ Division de l’Empire en régions administratives pour mieux gérer les crises. Persécutions des chrétiens : ○ 302-304 : Dernières grandes persécutions sous Dioclétien. Monuments associés : ○ Thermes de Dioclétien : Plus grand complexe thermal de Rome. ○ Groupe des Tétrarques (Venise) : Image officielle de la concorde impériale. II. Le portrait impérial et la tétrarchie 2.1 Transition stylistique Évolution du portrait impérial : ○ Début du IIIe siècle : Portraits doux et juvéniles (Alexandre Sévère, Gordien III). Traits psychologiques subtils, volonté de naturalisme dans les expressions. Coiffures géométrisées, marquant une rupture avec le classicisme. ○ Milieu IIIe siècle, sous Trajan Dèce et Philippe l’Arabe : Accent sur la force et l’expérience (rides marquées, traits sévères) et l’expression des sentiments. Déstructuration des plans et de la structure anatomique, avec un focus sur l’autorité plutôt que sur le réalisme. 2.2 Influence de Gallien Retour au classicisme : ○ Gallien (253-268) s’inspire d’Auguste (-27-14) et d’Adrien pour ses portraits. ○ Références philosophiques : Influence du néo-platonisme de Plotin. L’art cherche à révéler l’essence plutôt qu’à imiter la nature. ○ Portraits avec torsion dynamique, barbes associées aux empereurs philosophes. 2.3 Vers l’abstraction et la géométrisation Sous Probus (276-282) : Accentuation de la géométrisation des formes et des traits sévères. Art tétrarchique : ○ Portraits homogènes et rigides, insistant sur l’unité de la Tétrarchie. ○ Utilisation de matériaux comme le porphyre, limitant les détails naturalistes. III. Art et monuments de la Tétrarchie 3.1 Portraits officiels Groupe des Tétrarques, Porphyre, Venise, Basilique Saint-Marc, vers 300 : ○ Quatre figures en porphyre, symbolisant la concorde impériale. ○ Costumes militaires identiques (pantalons collants, cuirasses, manteaux). ○ Uniformité voulue pour représenter l’unité, non l’individualité. Portraits individuels : ○ Ex. : Tête de Galère, après 303, Musée national de Serbie : Traits abstraits (yeux larges, rides marquées, cheveux schématiques). Couronne de lauriers ornée de bustes, reliant l’empereur à la Tétrarchie. 3.2 Monuments Thermes de Dioclétien (Rome) : ○ Gigantisme inédit (12-13 hectares), décor luxueux et symétrie parfaite. ○ Innovations architecturales : voûtes d’arêtes, alternance de salles chaudes et froides. Palais de Dioclétien (Split) : ○ Plan militaire avec murs d’enceinte et tours. ○ Mausolée octogonal décoré de reliefs (portraits de l’empereur, scènes de chasse). Arc de Galère (Thessalonique) : ○ Célébration des victoires sur les Perses. ○ Reliefs mêlant scènes historiques et symboliques. ○ Relié à la Rotonde, possible mausolée ou temple, décorée de mosaïques (archanges, phœnix). IV. Urbanisme et résidences impériales 4.1 Multiplication des capitales Capitales principales : Nicomédie, Sirmium, Milan, Trèves. Capitales régionales : Thessalonique (résidence de Galère). 4.2 Complexe palatial de Thessalonique Structure : ○ Arc monumental relié à une Rotonde et au palais impérial. ○ Salle d’audience (Basilique), salles thermales, abside décorée. Décor : ○ Rotonde : Figures célestes et scènes évoquant la Jérusalem céleste. ○ Arc : Processions triomphales et victoires militaires. 4.3 Villa de Chiragan (près de Toulouse) Exemple de villa impériale avec sculptures dynastiques. Portraits de Maximien et de sa famille, mélangeant individualité et idéologie tétrarchique. V. Synthèse : L’art tétrarchique Caractéristiques principales : ○ Abstraction et géométrisation des formes. ○ Uniformité des portraits impériaux, illustrant la concorde et l’unité politique. ○ Rejet du naturalisme classique en faveur d’une esthétique symbolique. Fonctionnalité et idéologie : ○ Les œuvres servent à renforcer l’image de la Tétrarchie et son idéologie. ○ Préfiguration de l’art byzantin dans ses formes rigides et symboliques. L’art sous les Constantin I. Contexte historique et émergence de Constantin 1.1 La fin de la Tétrarchie et l’instabilité politique Origines de la Tétrarchie : ○ Créée par Dioclétien en 293 pour stabiliser un empire en crise. ○ Fonctionnement basé sur une collégialité : 2 Augustes (Dioclétien et Maximien), chacun secondé par un César (Galère et Constance Chlore). ○ Transmission du pouvoir prévue par mérite et apprentissage, non par hérédité. 305 : Abdication des Augustes : ○ Dioclétien et Maximien passent la main à Galère et Constance Chlore. ○ Maximien Daia (choisi par Galère) et Sévère (choisi par Constance Chlore) sont nommés Césars. 1.2 Ascension de Constantin et bouleversements politiques Constance Chlore et son fils illégitime Constantin : ○ Constance Chlore a eu un fils illégitime avec une servante nommée Hélène : Constantin. ○ Constantin est envoyé dans l’armée de Galère, où il s’illustre comme militaire. ○ En tant que César, Constance Chlore se marie à la fille de Maximien et a plusieurs autres enfants. 306 : Mort de Constance Chlore : ○ Il est remplacé en tant qu’Auguste par Sévère. ○ Constantin est proclamé empereur par les troupes de son père en Angleterre. ○ Ce geste contredit les règles de la Tétrarchie, provoquant des tensions politiques. Il est intégré dans le collège impérial comme César, mais cette décision est prise sous pression, car Constantin se considère déjà comme un Auguste de facto. ○ Maxence, fils de l’ancien Auguste Maximien, s’interroge sur l’absence de son élévation au rang de César. ○ En 306, il est proclamé empereur par ses troupes à Rome, avec le soutien de son père Maximien (sorti de sa retraite). ○ Galère, le considérant comme un usurpateur, lui déclare la guerre, mais son impopularité affaiblit son autorité. 307 : Alliances et tensions croissantes : ○ Constantin épouse Fausta, la sœur de Maxence, pour renforcer ses alliances politiques. 308 : Assassinat de Sévère et Proclamation de la quatrième Tétrarchie : ○ Sévère, légitime César de l’Occident, est capturé et assassiné par Maxence. ○ Galère proclame une nouvelle tétrarchie : il reste Auguste en Orient et nomme Licinius comme Auguste d’Occident. ○ Constantin et Maximien Daia restent Césars. ○ Maxence et Alexandre (un autre prétendant) sont considérés comme des usurpateurs. 1.3 Consolidation du pouvoir 311 : Mort de Galère et redistribution du pouvoir : ○ Constantin, qui contrôle l’Occident. ○ Licinius, allié de Galère, contrôle une partie de l’Orient. ○ Maximien Daia, Auguste en Orient. ○ Maxence, toujours considéré comme un usurpateur, contrôle Rome et l’Italie. 312 : Victoire de Constantin contre Maxence au Pont Milvius : ○ Constantin défait Maxence et prend Rome. ○ Légende : Vision du Chrisme avant la bataille, marquant une première étape vers la christianisation du règne de Constantin. 313 : Édit de Milan : ○ Légalisation du christianisme, garantissant la liberté de culte dans l’Empire. 324 : Constantin, empereur unique après sa victoire sur Licinius. II. Monuments et urbanisme sous Constantin 2.1 Monuments remaniés à Rome Basilique de Maxence et Constantin : ○ Monument civil monumental (110 x 65 m), destiné initialement au stockage et à l’administration. ○ Architecture : Trois nefs orientées est-ouest. Nef centrale avec voûtes d’arêtes reposant sur des piliers massifs. Grandes baies superposées pour une luminosité maximale. ○ Remaniements sous Constantin : Orientation modifiée. Ajout d’une abside au nord et d’une entrée monumentale au sud. Symbolise la victoire de Constantin sur Maxence. Villa de Maxence (via Appia Antica) : ○ Complexe palatial avec résidence, cirque, et mausolée rond dit "de Romulus". ○ Architecture inspirée du Panthéon, symbolisant une continuité avec la tradition impériale. 2.2 Développement des nouvelles capitales Milan : ○ Devient une capitale stratégique. ○ Éléments traditionnels : forum, cirque, thermes, basiliques civiles. Trèves (Allemagne actuelle) : ○ Berceau de la dynastie constantinienne. ○ Aula Palatina : Basilique civile (60 m x 27 m x 33 m) appartenant au palais impérial. Abside semi-circulaire, éclairée par deux étages de baies. Chauffage par hypocauste, intérieur plaqué de marbre. ○ Thermes impériaux (293 ; inachevés) : Plan rectangulaire (250 m x 145 m) similaire à celui des thermes de Dioclétien. Chantier abandonné au milieu du IVe siècle, transformé en caserne. 2.3 Monuments triomphaux Arc de Constantin (Rome) : ○ Commémore la victoire du Pont Milvius (312) et célèbre ses dix ans de règne. ○ Dimensions : 27 m de haut, trois portes (dont une centrale élargie). ○ Décor sculpté : Spolia issus de monuments de Trajan, Hadrien, et Marc-Aurèle. Sculptures contemporaines montrant des victoires sur Maxence, le siège de Vérone, et l’entrée triomphale à Rome. ○ Style constantinien : hiérarchisation des proportions, éloignement du naturalisme classique. III. Architecture chrétienne sous Constantin 3.1 Premiers complexes chrétiens Basilique d’Aquilée : ○ Complexe épiscopal modeste, avec absides et mosaïques représentant Jonas et des scènes eucharistiques. Saint-Jean-de-Latran (Rome) : ○ Premier complexe chrétien financé par Constantin. ○ Basilique à 5 nefs, transept peu saillant, abside semi-circulaire. ○ Décor intérieur luxueux : chapiteaux en bronze doré, colonnes en marbre, fastigium (fronton sculpté). ○ Baptistère octogonal, avec colonnes en porphyre et décors en métaux précieux. 3.2 Grandes basiliques funéraires Saint-Pierre de Rome : ○ Érigée sur la tombe de l’apôtre Pierre. ○ Monument colossal (123 x 66 m), précédé d’un atrium monumental. ○ 5 nefs éclairées par de grandes baies, charpente en bois, décor en marbre et mosaïque. Basilique des deux lauriers : ○ Associée au mausolée de Sainte-Hélène, mère de Constantin. ○ Plan cirquiforme, avec déambulatoire et édifice centré. ○ Sarcophage en porphyre rouge décoré de scènes militaires. Mausolée de Constantina (fille de Constantin) : ○ Plan centré avec tambour percé de fenêtres, décor mosaïqué classique et eucharistique. 3.3 Monuments en Terre Sainte Basilique du Saint-Sépulcre (Jérusalem) : ○ Complexe commémoratif comprenant une basilique à 5 nefs et une rotonde abritant le tombeau du Christ (Anastasis). ○ Décor luxueux en mosaïque et marbre. Église de la Nativité (Bethléem) : ○ Basilique à 5 nefs, avec plan centré autour de la grotte de la nativité. ○ Liée à la commémoration de l’incarnation du Christ. IV. L’image impériale de Constantin 4.1 Portraits et communication impériale Colosse de Constantin : ○ Statue monumentale réemployant potentiellement une représentation d’Hadrien. ○ Style abstrait : traits géométriques, yeux en amande, regard fixe. Monnaies impériales : ○ Messages chrétiens progressifs : Initialement associés à des divinités païennes (dieu solaire). Apparition discrète de symboles chrétiens (chrisme) vers la fin de son règne. 4.2 Camées impériaux Camée de Sardouane (317) : célèbre la consécration des fils de Constantin comme Césars. Gemma Constantiniana : ○ Représentation de la famille impériale dans un char tiré par un centaure. ○ Style inspiré des Julio-Claudiens, s’inscrivant dans la continuité des grands empereurs romains. V. Synthèse : L’art constantinien entre continuité et rupture Continuité avec la Tétrarchie : ○ Volonté de s’inscrire dans une tradition impériale (spolia, plan basilical). ○ Liens avec les grands empereurs du passé (Trajan, Hadrien, Marc-Aurèle). Rupture et christianisation : ○ Premiers monuments chrétiens financés par l’empereur. ○ Architecture commémorative liant la famille impériale au culte des martyrs et des saints. Style artistique : ○ Hiérarchisation et abstraction marquant un éloignement du naturalisme classique. ○ Préfiguration de l’art byzantin, avec une esthétique tournée vers la symbolique. L’art des Constantin aux Théodose I. Constantin, maître de l’Empire (324-337) 1.1 Fondation de Constantinople (324-330) 324 : Constantin bat Licinius et devient maître unique de l’Empire romain. Fondation d’une nouvelle capitale à Byzance, renommée Constantinople, en 330, pour : ○ Rivaliser avec les villes d’Occident, notamment Rome. ○ Marquer l’unité retrouvée de l’Empire. Caractéristiques de Constantinople : ○ Refondation selon les rites romains traditionnels, avec des sacrifices et des rites divinatoires, bien que Constantin soit chrétien. ○ Construction d’une nouvelle muraille, d’un forum, d’un palais impérial, d’ateliers monétaires et d’un Sénat. ○ Axe central : la Mésé : Large de 25 m, bordé de portiques financés par des sénateurs. Relie les principales places, comme le Million (point zéro de l’Empire). ○ Décors réemployés de tout l’Empire, notamment pour le forum de Constantin, qui inclut : Une colonne de porphyre (37 m de haut) surmontée d’une statue de Constantin en Sol Invictus. Une statue de la Tiké de Constantinople et le Palladion (symbole protecteur de la cité, provenant de Troie). Édifices religieux : ○ Fondation de l’Église des Saints Apôtres : Mausolée pour la famille impériale. Relie la dynastie impériale aux reliques chrétiennes. 1.2 Mise en avant de la dynastie impériale Constantin utilise les femmes de sa famille pour promouvoir sa dynastie : ○ Fausta (sa femme et la soeur de Maxence) : Ses coiffures évoluent pour la rapprocher de Hélène (mère de Constantin) après la chute de Maxence. Subit une damnatio memoriae après sa mort en 326 (accusée de trahison). ○ Hélène (sa mère) : Devient une figure clé de la dynastie après la mort de Fausta. Symbolise la stabilité et la prospérité de la lignée. II. L’Empire après Constantin (337-361) 2.1 Partage de l’Empire entre les fils de Constantin (337) À la mort de Constantin en 337 : ○ Massacre de la branche collatérale issue de Theodora et des membres de l’aristocratie proche. ○ Partage entre ses trois fils : Constantin II : Gaules, Hispanie, Bretagne. Constant : Italie, Afrique, Pannonie, Macédoine. Constance II : Orient et Thrace. ○ Les trois émettent des monnaies célébrant leurs grands-mères (Hélène et Theodora) pour justifier leurs actions. 2.2 Conflits internes et montée au pouvoir de Constance II 340 : Constantin II attaque Constant et meurt, laissant deux frères au pouvoir. 350 : Constant est tué par Magnence, un usurpateur en Occident. 353 : Constance II bat Magnence, qui se suicide. Constance devient empereur unique. 2.3 Le règne de Julien, dit l’apostat, l’empereur philosophe (361-363) Julien, cousin de Constance II, est rappelé pour aider à défendre l’Empire. Devenu empereur en 361 après la mort de Constance II : ○ Rétablit certaines prérogatives des cités. ○ Tente de freiner la christianisation de l’Empire : Promulgue des lois anti-chrétiennes. Encourage un retour au polythéisme. ○ Meurt en campagne contre les Perses en 363, marquant la fin de la lignée constantinienne. III. Les empereurs après Constantin (364-395) 3.1 La dynastie des Valentiniens et Théodose 364 : Valentinien Ier (Occident) et Valens (Orient) accèdent au pouvoir. ○ Valentinien favorise la défense des frontières gauloises. ○ Valens persécute les intellectuels non chrétiens. 381 : Théodose Ier succède à Valens et fait du christianisme la religion d’État (Édit de Thessalonique). ○ Renforce les interdictions contre le polythéisme. ○ Achève la transition de l’Empire vers une identité chrétienne. IV. Monuments et urbanisme sous Constantin et Théodose 4.1 Constantinople sous Constantin Hippodrome : ○ Inspiré du Circus Maximus de Rome, il accueille 30 000 à 50 000 spectateurs. ○ Orné de monuments sur la spina : obélisques, colonnes, statues. ○ L’obélisque de Théodose (390) montre l’empereur assistant à des cérémonies impériales (courses, fêtes). Aqueduc de Valens : ○ Construit pour alimenter la ville en eau (360 km de canaux, citernes monumentales). ○ Permet l’expansion urbaine et la construction de nouveaux forums. 4.2 Monuments liés au christianisme Saint-Jean-de-Latran (Rome) : ○ Église de plan basilical avec décorations luxueuses (métaux précieux, mosaïques). ○ Intègre un baptistère à plan octogonal. Saint-Pierre de Rome : ○ Remplace des aménagements anciens sur la tombe de l’apôtre Pierre. ○ Comprend un plan à 5 nefs et un transept. ○ Symbolise la primauté du siège épiscopal de Rome. Saint-Sépulcre (Jérusalem) : ○ Construit sur le mont Golgotha par Hélène, avec une basilique et une rotonde abritant le tombeau du Christ. Basilique de la Nativité (Bethléem) : ○ Structure à 5 nefs intégrant la grotte de la Nativité. V. Transition et chute de Rome 5.1 Prise de Rome (410) Alaric et les Wisigoths : ○ Menés par Alaric, les Wisigoths pillent Rome en 410. ○ Épargnent les lieux chrétiens, mais prennent des richesses importantes. ○ Événement traumatisant pour les Romains, considéré comme la chute de leur civilisation. 5.2 Éléments artistiques et représentations Saint-Pudentienne (Rome) : ○ Décor de l’abside (390) : Christ impérial entouré des apôtres et de personnifications des Églises. ○ Scène dogmatique affirmant la primauté de l’Église romaine. Colosse de Barletta : ○ Portrait impérial inspiré des représentations constantiniennes, avec des traits marqués et une forte frontalité. VI. Héritage des Constantin et Théodose Constantinople devient la capitale de l’Empire d’Orient après la mort de Théodose en 395. La muraille de Théodose II (410) protège la ville jusqu’en 1453. Les portraits impériaux évoluent vers une abstraction renforçant l’idée de la fonction impériale plutôt que de l’individualité. Le monde de la villa I. Contexte général Changements majeurs dans l’habitat : ○ Apparition d'une monumentalisation des habitations des élites dans l’Antiquité tardive. ○ Villas pouvant atteindre des superficies énormes (ex. : Villa du Casale, 3 000 m² ; Villa de Chiragan, 18 000 m²). ○ Traduction d’une société polarisée avec des élites concentrant terres, richesses et pouvoir. ○ Développement du système de patronage : des élites agissent comme des « petits seigneurs » avec une influence locale croissante à mesure que l’État central perd en pouvoir. ○ Passage de la sphère publique (forums) à la sphère privée pour les démonstrations de richesse et de pouvoir. II. Organisation et architecture des villas 2.1. Espaces majeurs Salles d’audience (basilique privée) : ○ Adaptation des espaces publics au cadre privé (abside, vastes salles). ○ Hiérarchisation des déplacements à travers des antichambres. Triclinia (salles de banquet) : ○ Multiples salles pour différentes saisons (hiver, été). ○ Triclinia petits ou grands pour symboliser la préférence accordée à certains invités. Thermes privés : ○ Symbole de maîtrise de l’eau et de différenciation sociale. ○ Démarquent les élites des bains publics. Jardins : ○ Grands péristyles ouverts sur des jardins agrémentés de statues. ○ Espaces pour l’otium : repos, réflexion philosophique, et activités culturelles. 2.2. Fortifications Villas fortifiées avec peu d’ouvertures au rez-de-chaussée. Portes monumentales et enceintes pour contrôler l’accès et assurer la sécurité. Exemple : Mosaïque du dominus Julius avec représentation d’activités agricoles, de chasse, et des saisons (fin IVe siècle). III. Études de cas 3.1. Villa de Lullingstone (Angleterre) Chronologie : ○ Occupation dès 180, ajout de thermes vers 280, puis salle de réception à abside vers 330-360. Décors : ○ Mosaïque de Bellérophon et des Saisons : symbolisme de la victoire du bien sur le mal. ○ Mosaïque de l’Enlèvement d’Europe : fertilité et mythologie agricole. ○ Chapelle chrétienne ajoutée tardivement avec décor peint (orants en costumes riches). Particularité : Combinaison de valeurs païennes et chrétiennes dans les décors. 3.2. Villa du Casale (Piazza Armerina, Sicile) : une villa impériale ? Chronologie : Début IIIe siècle, modifications entre 330 et 380, aspect final au IVe siècle. Organisation : ○ Trois cours successives : polygonale (thermes), quadrangulaire (espace de vie), ovoïde (espace privé). Mosaïques majeures : ○ Scènes de chasse : hommage à Diane, représentation du dominus. ○ Couloir de la Grande Chasse : transport d’animaux pour les jeux du cirque. ○ Travaux d’Hercule dans la salle à manger (péristyle ovoïde). ○ Athlètes féminines en bikini : représentation du sport dans les élites. Symbolisme : Revendication païenne discrète à travers Hercule et la gigantomachie. 3.3. Thermes privés de Sidi Ghrib (Tunisie) Décors : ○ Thiase marin représentant Poséidon et Amphitrite, saisons, et personnages mythologiques. ○ Poèmes contemporains évoquant une culture balnéaire et l’oisiveté cultivée. 3.4. Villas de la Gaule : les collectonneurs cultivés Caractéristiques : ○ Préférence pour les sculptures dans les jardins. ○ Décors mythologiques : Diane (chasse), Vénus (beauté et fertilité). Exemples : ○ Villa Saint-Georges-de-Montagne : statuettes importées d’Orient. ○ Villa Montmaurin : groupe sculpté de la chasse d’Adonis avec Aphrodite. ○ Villa Saint-Rustice : mosaïque marine avec inscriptions grecques pour montrer la culture des commanditaires. IV. Rôle culturel et symbolique des villas Symbolisme des mosaïques et sculptures : ○ Affichage du statut social et de la culture des propriétaires. ○ Représentation des mythes pour revendiquer des valeurs ou des positions politiques (ex. : Hercule, gigantomachie). Combinaison de thèmes : ○ Païens et chrétiens, soulignant une transition culturelle progressive. Villas comme lieux de réception et de prestige : ○ Espaces propices à l’échange intellectuel, aux loisirs et à la gestion des domaines. V. Déclin et transition des villas Causes du déclin : ○ Invasions barbares et migrations. ○ Crise économique et politique du Ve siècle. Réutilisation des villas : ○ Monastères, habitats précaires, palais des nouveaux souverains médiévaux (ex. : Palais de Charlemagne à Aix-la-Chapelle). VI. Conclusion Les villas de l’Antiquité tardive incarnent la richesse, la culture, et le pouvoir des élites, tout en reflétant les changements sociaux et politiques. Bien que leur déclin marque la fin d’une ère, leur influence perdure dans les réutilisations médiévales et l’héritage culturel qu’elles ont laissé. Art mobiliers, argenterie I. Contexte général Double valeur des objets : artistique et financière. Provenance des découvertes : objets souvent retrouvés dans des trésors enfouis pour échapper aux invasions barbares ou à des pillages. ○ Occident : trésors des IIIe-Ve siècles. ○ Orient : trésors des VIe-VIIe siècles. Problèmes de conservation : ○ Souvent incomplets ou dispersés (ex. : Trésor de Lava). ○ Objets précieux fondus pour réutilisation de la matière première. II. Trésors célèbres et leurs caractéristiques 2.1. Trésor de Kaiseraugst (Suisse) Découvert en 1961 à Augusta Raurica (IIIe siècle), près d’une caserne fortifiant le Rhin. Composition : Vaisselle d’argent, principalement des plats de banquet. Objets clés : ○ Plat d’Achille : 5 kg d’argent massif, scènes mythologiques liées à l’éducation d’Achille, modèle pour l’aristocratie. ○ Plat des decennalia de Constant : argent doré, motifs géométriques, inscription célébrant les dix ans de règne de Constant. Propriétaire probable : Un officier proche de Constant (Marcellianus ?), ayant enfoui le trésor en 351 lors des troubles liés à Magnence. 2.2. Trésor de l’Esquilin (Rome) Datation : Milieu du IVe siècle. Composition : Argenterie de toilette et de banquet, souvent issue d’ateliers occidentaux. Objets clés : ○ Coffret de Projecta : portrait du couple propriétaire, iconographie mythologique et chrétienne. ○ Coffret des Muses : évocation de la culture littéraire. ○ Épingles à cheveux : motifs mythologiques raffinés. Propriétaire : Famille aristocratique chrétienne, peut-être les Turcii. 2.3. Trésor de Sevso (Hongrie) Découvert près du lac Balaton dans un chaudron de cuivre. Composition : 14 objets d’argenterie (début Ve siècle). Objets clés : ○ Plat de la Chasse : 70 cm de diamètre, scènes de chasse et banquets, inscription mentionnant un chrisme et le lac Pelso. ○ Plat de Méléagre : scènes mythologiques de chasse et d’amour, décor concentré en cercles concentriques. ○ Coffret cylindrique : scènes thermales et domestiques, 2 kg. 2.4. Missorium de Théodose Datation : 388, pour célébrer les decennalia de Théodose. Dimensions : 74 cm de diamètre, 16,3 kg d’argent. Décor : ○ Trois empereurs trônant dans une architecture palatiale. ○ Symbolisme mythologique (figure de Telus, prospérité). ○ Concorde impériale sous la direction de Théodose. III. Objets à décor chrétien Usage : Liturgie, reliquaires, trésors d’églises. Exemples : ○ Reliquaire de capsella di Brivio (Ve siècle) : argent doré, scènes bibliques (Résurrection de Lazare, Hébreux dans la fournaise). ○ Trésor de Chypre (VIIe siècle) : plats représentant la vie de David, transition entre mythologie et figures bibliques. ○ Vase d’Emèse (VIe-VIIe siècles) : décor christique (médaillons avec Christ, Vierge, apôtres), orfèvrerie orientalisée. IV. Trésors et orfèvrerie 4.1. Trésor de Lava (Corse) Composition : ○ Monnaies (450 pièces conservées sur 1400-1500). ○ Bijoux et objets d’or (médaillons, plats). ○ Statue supposée d’Éros (30 kg d’or, contestée). Exemple clé : Plat en or (1 kg) célébrant les decennalia de Gratien. 4.2. Trésor de Hoxne (Angleterre) Composition : 1408 pièces de monnaie, 200 objets en or et argent (bracelets, chaînes de corps). Bijoux : ○ Styles ajourés et percés typiques de l’époque. ○ Inscription bienveillante sur certains objets. 4.3. Dumbarton Oaks Collection (Washington) Ceinture de mariage (VIe siècle) : scènes chrétiennes et mythologiques. Bague de mariage : scènes chrétiennes, inscription évoquant une prière. V. Transition stylistique Christianisation progressive des objets : ○ Transition des figures mythologiques (ex. : Achille, Hercule) vers des figures bibliques (ex. : David). ○ Persistance de styles classiques jusqu’au VIIe siècle. Fin d’une ère : ○ Disparition progressive des références gréco-romaines au profit de l’art chrétien. ○ Les arts précieux illustrent les transformations culturelles et religieuses de l’Antiquité tardive. VI. Conclusion Les arts précieux et mobiliers de l’Antiquité tardive incarnent le luxe, la culture et la religion des élites. Leur évolution reflète les bouleversements politiques, sociaux et religieux, marquant la transition entre le monde romain classique et l’ère chrétienne médiévale. Les arts mobiliers I. Contexte général Production précieuse : Objets d’ivoire et de verrerie réservés aux élites. Caractéristiques : ○ Matières coûteuses : ivoire importé, verre élaboré. ○ Techniques complexes et savoir-faire exceptionnels. ○ Objets à fonction officielle, domestique ou religieuse. II. Objets en ivoire 2.1. Objets officiels Usage : Diptyques offerts lors d’occasions spécifiques (diplomatie, célébrations). Exemples clés : ○ Diptyque de Stilicon et Serena (vers 400) : Stilicon représenté en militaire (rare dans les diptyques). Serena, nièce de Théodose, symbole de continuité romaine. Classicisme et qualité d’exécution (atelier impérial). ○ Diptyque consulaire d’Aréobindus (506) : Consul lançant des jeux dans sa loge. Scènes du Cirque en bas, apportant des détails sur costumes et spectacles. ○ Diptyque de Flavius Anastasius Probus (517) : Portrait hiératique : traits géométriques, image figée. Vivacité des scènes de jeux contrastant avec le portrait. 2.2. Objets religieux Transition au IVe siècle : Ivoires à sujet religieux inspirés des objets officiels. Exemples clés : ○ Diptyque de saint Paul : Saint sous un tholos, profondeur de champ maîtrisée. Draperies classiques et traitement réaliste. ○ Diptyque de Milan (fin Ve - début VIe) : Reliure d’évangéliaire avec croix ou agneau au centre. Style classicisant avec proportions maîtrisées. ○ Chaire de Maximien (546-556) : Bois recouvert d’ivoire. Décors : vie de la Vierge, naissance du Christ, scènes de Joseph. Influence de l’art copte (rinceaux de vignes). Offert par l’empereur à l’évêque pour des services rendus. ○ Évangiles de Saint-Lupicin : Christ entouré de Pierre et Paul. Scènes narratives de la vie du Christ et de l’enfance. Ressemblances stylistiques avec la Chaire de Maximien. 2.3. Objets domestiques et profanes Fonction : Décoration, divertissement, culture. Exemples : ○ Pyxides et peignes : Décors mythologiques ou classiques (chasse, fêtes). ○ Poupée articulée en ivoire (Nina d’ivori) : Jouet d’enfant d’élite, souvent luxueusement habillé. III. Verrerie précieuse Techniques sophistiquées : ○ Verrerie diatrète (verre double en résille décorative). ○ Effets de couleur et transparence. Exemples clés : ○ Coupe de Lycurgue : Décor mythologique (roi puni par Dionysos). Résille sculptée et changeante selon la lumière. Coupe à vin reflétant le luxe et le savoir-faire romain. ○ Coupe de Cologne : Inscription « Buvez et vivez pour toujours ». Décor non figuratif avec résille colorée. ○ Verre diatrète d’Autun (VIe siècle) : Vase à parfum complet avec inscription « Vivas Féliciter ». Contenait huile, plantes et ambre gris (propriétés médicinales). IV. Disparition progressive Contexte : ○ Coût élevé des matériaux et complexité technique. ○ Crises politiques et économiques dans l’Empire tardif. Évolution stylistique : ○ Transition des sujets mythologiques aux sujets chrétiens. ○ Conservation d’un style classicisant jusqu’au VIIe siècle. ○ Remplacement progressif des références gréco-romaines. V. Conclusion Les arts mobiliers tardo-antiques témoignent du raffinement culturel et technique de l’élite romaine. Ils marquent la transition entre l’héritage gréco-romain et l’émergence du monde médiéval chrétien. Le luxe des objets en ivoire et en verre incarne les dernières expressions d’un monde en mutation. Architecture et grands décors tardifs en Occident et en Orient Ve - VIe : Art Post Romain I. Contexte général Rupture de 410 : ○ Prise de Rome par Alaric marque la fin de la domination impériale dans la ville. ○ Déplacement de la capitale : En 402, Ravenne devient la capitale impériale. ○ Rome passe sous le contrôle du pouvoir épiscopal, incarné par les évêques. ○ Grands décors réalisés après 410 expriment désormais le pouvoir de l’Église et non celui de l’Empire. II. Architecture et décors en Occident 2.1. Rome : Sainte-Marie-Majeure (432) Caractéristiques architecturales : ○ Plus vaste église romaine offerte par un pape dans l’Antiquité tardive. ○ Plan basilical : nef centrale séparée des bas-côtés par 40 colonnes ioniques (probablement des réemplois). ○ Arc triomphal à quatre registres, mosaïques riches et narratives. Décor et programme iconographique : ○ Nef : 42 mosaïques illustrant des cycles narratifs (Abraham, Moïse). ○ Arc triomphal : Scènes de l’enfance du Christ, influencées par le Concile d’Éphèse (431) déclarant Marie Théotokos (Mère de Dieu). Registre inférieur : Bethléem et Jérusalem avec les douze agneaux. Registre supérieur : Annonciation, doute de Joseph, présentation du Christ au temple. Centre : Pierre, Paul, trône avec croix, et les quatre Vivants de l’Apocalypse. ○ Messages : Montre la légitimité et la puissance de l’Église de Rome sous le pape Sixte III. Influence de l’iconographie impériale dans les représentations chrétiennes. 2.2. Porec (milieu VIe siècle) Complexe épiscopal sous Justinien : ○ Composé d’un palais épiscopal, d’un baptistère et de deux basiliques. ○ Église à trois nefs séparées par des colonnes de marbre avec monogramme de l’évêque. Décor absidial : ○ Arc absidial : Christ assis sur un globe bleu, vêtement pourpre, geste de la parole. ○ Abside : Vierge à l’Enfant sur un trône gemmé, couronnée par la main de Dieu. Sol vert fleuri (paradis terrestre), anges et figures de saints locaux. Évêque représenté tenant une miniature de l’église (encore vivant). ○ Messages : Temporalité double : histoire sainte et politique contemporaine. Promotion du siège épiscopal et de ses représentants. 2.3. Ravenne : Saint-Apollinaire-le-Neuf Contexte : ○ Ravenne revient sous le contrôle de Justinien. ○ L’église devient catholique orthodoxe. Décors mosaïqués : ○ Saints tenant des couronnes gemmées (modification lors de la reprise par Justinien). ○ Christ entouré d’anges, scènes montrant la cité et une Vierge à l’Enfant avec les mages. III. Architecture et décors en Orient 3.1. Innovations architecturales Préfiguration du plan en croix grecque inscrite, marqué par l’utilisation de coupoles. Exemples : ○ Église des Saints-Serge-et-Bacchus (530) : Surmontée de coupoles et de coupolettes. ○ Sainte-Sophie (Théodose II - Justinien) : Mélange plan centré et plan basilical. Influence majeure sur l’architecture orientale médiévale. 3.2. Décors mosaïqués Richesse des mosaïques orientales : ○ Jordaniennes parmi les mieux référencées. ○ Décors figuratifs et abstraits souvent réalisés en fond d’or, témoignant du raffinement oriental. IV. Art post-romain La disparition de l’Empire d’Occident n’efface pas l’héritage romain. Les modèles romains sont intégrés dans les arts post-romains, mêlant traditions romaines et influences chrétiennes. V. Conclusion Les architectures et décors tardifs reflètent une transition où le pouvoir impérial cède la place au pouvoir religieux, tant en Occident qu’en Orient. Tandis que Rome voit l’essor de la puissance épiscopale, l’Orient développe des innovations architecturales et artistiques qui influenceront durablement le monde byzantin et chrétien médiéval.