Chapitre 1. La Période Tétrarchique - Crises, Transformations, Redressement - PDF
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This document, part of a history course, introduces the late Roman Empire (IVe-début Ve). It analyses the period of the Tetrarchy, focusing on the cultural, social, and political changes influenced by military crises and the rise of new power dynamics.
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L’Empire romain tardif (IVe-début Ve) BUSTE DE DIOCLETIEN Histoire ancienne 6 Introduction. L’Antiquité tardive L’Empire romain tardif relève de l’Antiquité tardive. L’Antiquité tardive émerge à partir des années 1900, surtout après 1945. Pendant très longtemps il y a eu l’Antiquité c...
L’Empire romain tardif (IVe-début Ve) BUSTE DE DIOCLETIEN Histoire ancienne 6 Introduction. L’Antiquité tardive L’Empire romain tardif relève de l’Antiquité tardive. L’Antiquité tardive émerge à partir des années 1900, surtout après 1945. Pendant très longtemps il y a eu l’Antiquité classique, et une fin d’Antiquité décadente. On a longtemps considéré que l’Empire romain était en déclin au IIIe. Cette hypothèse n’est plus admise : la décadence n’est pas une idée historique mais plutôt morale. Le IIIe siècle est une période difficile, de même que le Ve. A côté il y a aussi des périodes de transformations. Pendant longtemps il y a un modèle : le début de l’Empire, tout est jugé par rapport au début de l’Empire, tout ce qui s’éloigne du début de l’Empire est considéré comme un déclin. Ce n’est pas pertinent. On a arrêté de vouloir faire rentrer les romains dans un modèle idéal datant du début de l’Empire. A partir de là, on ne parle plus de bas-empire mais d’Antiquité tardive. L’idée qui s’installe est que l’Antiquité ne s’arrête pas en 476, mais continue, d’où l’adjectif de « tardif ». Certains font aller l’Antiquité tardive jusqu’à la naissance de l’Islam. Dans l’air du monde méditerranéen et de ses dépendance, l’Antiquité tardive va jusqu’au VI-VIIe siècle. L’Antiquité tardive se définit par ses phénomènes culturels et sociaux, ainsi que politique. Nous étudions la première Antiquité tardive, jusqu’au Ve. Histoire ancienne 6 Chapitre 1. La période tétrarchique : crises, transformations, redressement On rentre dans l’Empire romain tardif en 284, avec les débuts de règne de l’Empereur Dioclétien. La tétrarchie dure une quarantaine d’année. Le gouvernement possède quatre empereurs. Ce système est mis en place par Dioclétien. La Tétrarchie fait suite à une période de crise. I. La crise du IIIe siècle Après les Antonins, les Sévères règnent de 193 à 235. En 235, le dernier des Sévères disparaît. Après 235, on entre dans une période troublée. Au IIIe on rentre dans des crises multiples avec d’abord une crise militaire. A. Une crise militaire puis politique Au IIIe, il y a des invasions multiples. C’est nouveau : Marc-Aurèle arrivait à tenir les Barbares aux frontières. Tout d’un coup les Barbares arrivent à entrer dans l’Empire. Les peuples voisins de l’Empire sont meilleurs. En Orient, les Perses/Parthes sont à la tête d’une puissance comparable à Rome. Au IIIe siècle, les Parthes sont supplantés par les Perses qui redonnent à leur empire une meilleure organisation. Les Perses mènent une politique extérieure agressive. Sur le Rhin, les Romains font face aux Germains. Les peuples germaniques sont mieux organisés. L’Empire romain suscite des adversaires plus efficaces. Les Romains poussent les peuples à s’organiser. Les Romains font appel aux élites des Germains dans leur administration, ce qui renforce les Germains, donc les attaques potentielles. Des coalitions germaniques se forment. Les pratiques militaires de ces peuples les poussent à lancer des expéditions. Régulièrement au IIIe, les peuples germaniques entrent dans l’Empire romain pour le piller et repartent sur leurs territoires. Se pose la question des causes de ces invasions : en Europe centrale, les Huns provoquent des perturbations, ils se déplacent et bousculent des peuples qui vont chercher refuge à l’Ouest, aux portes de l’Empire. Les Huns Les attaques se passent ainsi sur trois fronts : Orient, Rhin, Danube. Les Romains prélevaient des troupes dans les régions calmes pour renforcer les régions agitées. Mais l’Empire est désormais attaqué sur plusieurs fronts et il est donc impossible de prélever des troupes dans une région au risque de l’affaiblir. La Gaule est très exposée aux invasions. Des raids traversent toute la Gaule, tels ceux des Francs et Alamans qui passent en Espagne. L’Italie n’est pas envahie, mais certains empereurs siègent à Milan par crainte que des Barbares passent les Alpes et arrivent au Nord de l’Italie. Les grandes villes d’Orient sont victimes d’attaques : dans les années 250, les Goths arrivent de la Mer noire et attaquent la Grèce, Athènes est prise et pillée. Entre 256 et 260, la ville d’Antioche est prise et pillée par les Perses à plusieurs reprises. Au sud de l’Egypte, les nomades Invasions des Goths au IIIe profitent de l’instabilité des Romains. Victoire de l’empereur perse Chapour Ier sur Valérien o En 251, l’Empereur Dèce est tué sur le champ de bataille. o En 260, l’Empereur Valérien est fait prisonnier par les Perses, c’est son fils qui continue à régner. Une crise politique accompagne la crise militaire. Le pouvoir de l’Empereur romain repose sur sa capacité à remporter des victoires. L’Empereur règne parce qu’il est favorisé par les dieux (il est felix), il a plus de puissance que les autres humains ce qui lui permet de remporter des victoires. Un empereur vaincu est plus vulnérable aux coups d’Etat, ce que l’on appelle traditionnellement les « usurpations ». Un usurpateur est un prétendant au trône qui devient empereur une fois qu’il a pris le pouvoir. L’empereur légitime est l’empereur en place, il est légitime jusqu’à ce qu’il soit destitué. L’usurpation consiste en réalité à contester l’Empereur. L’Empereur règne avec le soutien du Sénat et de l’armée, et prépare sa succession. Au IIIe, ce soutien est mis à mal par les défaites. Le pouvoir est contesté par des généraux dans les provinces. Dans les régions menacées, les généraux et leurs armées tentent de s’emparer du pouvoir. Les armées dans les provinces veulent avoir l’empereur avec elles pour qu’il reprenne les Aureus de Valérien, usurpateur sur la choses en main. Le risque est qu’une armée qui n’a pas Danube en 453 l’empereur avec lui proclame son général empereur. A partir de là ce général proclamé empereur n’a d’autres choix que de partir à Rome pour se faire reconnaître empereur, laissant sa frontière sans défense. Au IIIe siècle, il n’y a plus de successions sur plus de trois générations, ce qui ne facilite pas les réformes. Ces crises ne sont pas générales mais limitées à une région. Les attaques ne sont pas coordonnées. Toutes les années du IIIe ne sont pas troublées. Après la crise militaire se pose la question de la crise morale et économique. B. Une crise morale et économique ? On peut parler de crise économique si on parle des dégâts de la guerre. La Gaule est fortement touchée par les attaques et souffre économiquement : des infrastructures sont détruites et les récoltes sont mauvaises. Mais la crise économique n’est pas générale, elle est localisée à des régions touchées par les invasions. Il y aurait une inflation/dévaluation des monnaies. La qualité d’une représentant Dioclétien monnaie dans l’Antiquité repose sur son titre : le pourcentage de métal Denier d'argent précieux dans une pièce. Le denier d’argent a un taux élevé d’argent au début de l’Empire. On termine la fin du IIIe avec des monnaies qui sont saucées : on prend la rondelle de métal et on la trempe dans l’argent pour que la monnaie est l’apparence de l’argent. Le titre de cette monnaie est donc faible au IIIe. Ce phénomène serait le symptôme de la crise économique. La crise monétaire a été réévaluée : la baisse du titre existe, en revanche cette baisse est tardive, aussi cette monnaie abondante de mauvaise qualité ne bloque pas les échanges du quotidien, cette monnaie circule et s’échange. En revanche, ce qui pose plus de soucis, c’est la manipulation monétaire des empereurs. La crise arrive au moment où une monnaie de meilleure qualité est en train de se développer : les riches stockent la bonne monnaie, et les pauvres gardent la monnaie de mauvaise qualité. La crise morale existe comme prolongement de la crise politique. Dans l’Empire, des gens se disent qu’il y a des difficultés, et que peut-être l’Empire est dans cette situation car les dieux sont mécontents. Il y a aussi une crise de l’unité impériale qui pousse certaines régions à faire sécession, c’est le cas de la Gaule. Pendant 14 ans, entre 260 et 274, la Gaule a ses propres empereurs. Les Gaulois se gouvernent avec des L'Empire des Gaules, 260-274 empereurs qui ont les mêmes titres que les empereurs romains. C. Les réactions A l’heure actuelle, on situe les difficultés dans les années 250-260. Certains pensent que les années 260 sont une période de redressement là où d’autres pensent que c’est le cœur de la crise. Le gouvernement du Haut-Empire est en crise, les cadres politiques sont sous pression. Le Haut-Empire se transforme ce qui donne naissance à un empire rénové. L’Empereur évolue, de même que l’administration centrale, l’administration des provinces, la géographie du pouvoir, la culture et les cadres sociaux. L’Empereur Gallien (règne de 260 à 268), fils de Valérien, réforme l’armée dans le sens d’une plus grande souplesse et donne plus de place aux non-sénateurs. Ainsi le rôle des sénateurs décroît dans l’armée. On laisse place à des généraux qui ne sont pas issus du Sénat. Plutôt qu’une décision, c’est une situation qui résulte d’évènements : la plupart des sénateurs sont tués au combat, donc on fait monter des non-sénateurs. Gallien L’Empereur Aurélien est un soldat qui arrive au pouvoir au terme de sa carrière militaire. Ce n’est pas du tout un sénateur, ce qui est une Aurélien nouveauté. La fonction impériale devient le sommet de la carrière militaire. Aurélien met fin à la sécession de la cité de Palmyre et ramène la Syrie dans l’Empire, ainsi que la Gaule. Aurélien fait construire une muraille autour de Rome à Plan de la muraille d'Aurélien partir des années 270. D’un côté cette muraille montre que Rome peut mener des travaux de grande ampleur, de l’autre cette muraille montre que Rome est inquiète, elle redoute les invasions au Nord de l’Italie. Aurélien fait aussi construire un temple du Soleil et installe le culte à Rome du Dieu Sol invictus (Soleil invaincu). Cette divinité surpasse toutes les autres, c’est le début de l’hénothéisme : on reconnaît plusieurs dieux, mais il y a un dieu qui surpasse tous les autres. Aurélien met en avant le Soleil pour donner à l’Empereur un compagnon solide qui renforce son pouvoir politique. Disque dédié à Sol Invictus Dans les années 270, on est sorti de la crise militaire, mais pas totalement de la crise politique car Aurélien meurt assassiné. Bilan : il faut parler de crises multiples. Il y a plusieurs aspects dans la crise. Aussi les crises se déploient dans l’espace avec des zones qui ne sont pas touchées (ex : l’Afrique du Nord). Tout le IIIe siècle n’est pas en crise, il y a des périodes plus fortes dans la crise. A partir de 284, les transformations s’accélèrent et sont mieux perçues. II. Dioclétien et la réponse à la crise : la Tétrarchie et les réformes Dioclétien arrive au pouvoir en 284 dans des circonstances troublées et règne jusqu’en 305. A. Une réponse aux difficultés militaires et politiques : le système tétrarchique L’Empereur Carus meurt en 283. Il a deux fils : Carin et Numérien, qui montent tous les deux aux pouvoirs. Numérien meurt en 284. Sa mort serait la responsabilité d’Aper, préfet du prétoire, qui est exécuté par le chef de la garde impérial : Diocles. Diocles devient empereur sous le nom de Dioclétien. En 285, Carin est vaincu sur les champs de bataille, trahi par ses troupes qui rejoignent Dioclétien. Dioclétien est empereur à 39 ans. Buste de Dioclétien Il est compliqué pour Dioclétien de s’acquitter de toutes ses obligations : il doit faire des réformes et faire la guerre aux frontières. Comme il ne peut pas faire des réformes et faire la guerre, Dioclétien se choisit un collègue. En 285, il prend comme adjoint Maximien, 34 ans, un Pannonien. Dioclétien donne d’abord à Maximien le titre de César, en-dessous du titre d’Auguste porté par l’empereur Dioclétien. Maximien obtient par la suite le titre César. Maximien et Dioclétien règnent ensemble plutôt bien. Mais il y a un coup d’Etat en Bretagne avec les personnages de Carausius et Allectus, Buste de Maximien officiers romains, qui se révoltent. Face à ces tensions, Dioclétien fait évoluer son système. Il s’adapte. Maximien règne sur l’Occident, et Dioclétien sur l’Orient. En 293, Maximien reçoit pour adjoint Constance César, et Dioclétien se prend pour adjoint Galère César. Le titre de « César » correspond à une hiérarchie. L’Empereur régnant porte le titre d’Auguste, son adjoint prend le titre de César. Les empereurs peuvent être plus efficaces avec ce système et évitent les usurpations. Il y a plusieurs principes pour que la tétrarchie fonctionne : ▪ La concorde pour éviter les trahisons ▪ L’unanimité : les décisions sont prises au nom des quatre empereurs. Une victoire d’un empereur représente une victoire des quatre empereurs. ▪ Répartition : en Occident, ce sont Maximien et Constance qui gouvernent, et ce sont Galère et Dioclétien qui règnent en Orient. Mais l’Empire n’est pas divisé, il reste gouverné au nom des quatre empereurs. Dioclétien appuie son pouvoir sur un discours religieux justifiant son autorité. Les deux grandes divinités de la tétrarchie sont Jupiter (dieu du pouvoir) et Hercule (dieu populaire fils de Jupiter, dieu salutaire et tourné vers l’action). Chaque dynastie est rattachée à un empereur : Dioclétien est dit « Jovius » (adjectif dérivé de Jupiter). Maximien est dit « Herculien ». Dioclétien ne se prend pas pour Jupiter, on pourrait dire qu’il est « issu de Jupiter ». L’idée est que ces empereurs sont d’essence divine. On légitime le pouvoir impérial par deux divinités romaines. Dioclétien revient aux divinités traditionnelles. La tétrarchie en 293 Partie occidentale Partie orientale Auguste Maximien Dioclétien César Constance César Galère César Divinité associée Hercule Jupiter Le renouveau de l’empereur Pour notre période la dimension militaire de l’empereur s’accroît. L’empereur, au lieu de la toge, porte des vêtement avec des pierreries et le diadème. Il porte le grand manteau de pourpre, couleur de plus en plus réservée à l’empereur. Dioclétien met véritablement en place l’adoration de la pourpre. La pourpre est un colorant précieux constitué à partir de coquillages. La couleur a donc une valeur et la pourpre se trouve sur le laticlave des sénateurs et sur le manteau du triomphe. Dans l’Empire tardif le pourpre devient la couleur du manteau impérial. Quand des personnages sont admis dans l’entourage de l’empereur, ils sont soumis à l’adoration de la pourpre : rituel exercé par des personnages importants en présence du prince. Pendant l’adoration de la pourpre, on fait la proskynèse : on s’agenouille pour embrasser le bas du manteau de l’empereur. C’est un rituel paradoxal : en même temps on s’humilie devant l’empereur et on s’agenouille, mais c’est un privilège accordé aux personnages les plus importants. L’empereur n’est plus citoyen, il se situe clairement au-dessus de ses sujets. Ce qui entoure l’empereur se charge de divin. L’empereur devient un personnage lointain. Il n’en devient pas un dieu pour autant : il continue à être divinisé après sa mort. L’empereur est également qualifié de « dominus » (seigneur/maître de maison). B. Réformes et transformations Ce gouvernement à quatre met fin à l’instabilité politique, aux révoltes. Dioclétien règne pendant 20 ans, ce qui est inédit depuis longtemps. L’Empire peut se défendre, et passer à l’offensive, y compris contre les Perses. Ce rétablissement s’appuie sur deux réformes : une réforme de l’armée et une réforme fiscale. La fiscalité permet de payer les soldats : l’armée représente la première source de dépenses de l’Empire. Réforme militaire Réforme fiscale × Renforcement des frontières par la × Abandon de l’impôt prédateur issu construction de camps et de des conquêtes. Dans les provinces bâtiments plus petits qu’au début avant Dioclétien, les provinciaux de l’Empire. continuent à payer un impôt issu × Effort de recrutement : l’armée des conquêtes, ce qui rappelle romaine sous Dioclétien atteint les qu’ils ont été vaincus. Ils ne 500 000 hommes. Les Romains supportent pas de continuer à recrutent ainsi moins de Barbares payer cet impôt alors qu’ils dans l’armée. Ils parviennent collaborent avec les Romains également à mieux défendre leurs depuis plusieurs siècles. frontières et à passer à l’offensive. × Cet impôt prédateur est remplacé × Les légions ne comptent plus 6000 par la « capitation-jugation ». Le hommes mais 1000 hommes. Les « jugum » taxe l’étendue et légions sont donc plus potentiel productif de chaque nombreuses et de taille réduite. terre. Le « caput » définit l’impôt en fonction de la densité de population d’une province. En 297, Dioclétien lance un recensement des terres. L’administration de l’Empire évolue avec un nouveau découpage. Sous Marc-Aurèle il y a une quarantaine de provinces, contre une centaine sous Dioclétien. Les provinces sont divisées : les gouverneurs, plus nombreux, ont des provinces plus petites à administrer ce qui en facilite l’administration. Le gouverneur peut s’appuyer sur un personnel administratif plus nombreux et professionnalisé (là où avant ce sont les gouverneurs qui font appel à leur proches et qui les paient personnellement) ; ce personnel administratif est payé par l’Etat. L’Italie est provincialisée et doit désormais payer l’impôt. Il n’y a que Rome et ses alentours qui échappent à l’impôt. Il y a désormais sept provinces en Italie. Des diocèses sont créés, ces diocèses rassemblent des provinces. Il y a une douzaine de diocèses dans l’Empire. Les diocèses sont dirigés par des vicaires. Ces diocèses évitent un émiettement de l’Empire. Cette réforme Diocèses impériaux commence avec Dioclétien et se termine après la fin de son règne. Sous la tétrarchie, l’Empire est confié à quatre souverains qui ne se trouvent jamais à Rome. Dioclétien réside beaucoup à Nicomédie. Milan est aussi une résidence impériale. Dans le nord de la Gaule il y a la ville de Trèves. Rome reste la capitale symbolique de l’Empire, mais est désertée par l’empereur. Dioclétien lance une sorte de réforme monétaire en frappant une monnaie de meilleure qualité en or. Mais ces frappes provoquent des tensions inflationnistes. Il y a une forme de concurrence entre les monnaies d’or, et les monnaies de moins bonne qualité qui continuent à circuler. Quand l’Etat veut percevoir, il impose l’utilisation de la monnaie de bonne qualité. Le pouvoir peut acheter de l’or avec de la mauvaise monnaie. Toutes ces manipulations entretiennent des tensions inflationnistes qui mécontentent les soldats. En 301 Dioclétien prend l’« édit du maximum » qui fixe des prix plafonds pour toute une liste de Edit du maximum produits, cet édit ne vise qu’à garantir le pouvoir d’achat des soldats, et ne s’applique donc qu’aux soldats. C. L’échec de la tétrarchie En 305, Dioclétien annonce la démission des deux Augustes (Dioclétien et Maximien). La raison de cette démission pose de nombreuses débats : pour certains auteurs, Dioclétien a démissionné parce qu’il venait d’être gravement malade et qu’il avait une santé fragile. Ce sont les Césars qui prennent le pouvoir. Constance et Galère deviennent Augustes. Constance prend pour césar Sévère, et Galère prend Maximin Daïa. Constance pour l’Occident, Galère pour l’Orient. La tétrarchie en 305 Partie occidentale Partie orientale Auguste Constance Galère (parfois appelé Maximin) César Sévère Maximin Daïa En juillet 306 Constance, parti pour en Bretagne pour une expédition, meurt de maladie à York. Cela déstabilise le système. Le système d’hérédité se met en marche. On attend que Galère prenne les choses en main et que Sévère prenne le poste d’Auguste. Mais Constance a un fils : Constantin. En juillet 306, les Constantin troupes de Constance proclament Constantin empereur. L’hérédité revient dans l’Empire. Galère est mécontent. Galère permet à Constantin de ne devenir que César, ce qui permet à Sévère de devenir Auguste. La tétrarchie en 306 Partie occidentale Partie orientale Auguste Sévère Galère (parfois appelé Maximin) César Constantin Maximin Daïa A ce moment, Maxence, fils de Maximien, essaie de prendre le pouvoir. Il prend le pouvoir à Rome et en Italie. Maximien est un empereur qui a été très bien vu. Les cohortes prétoriennes à Rome retrouvent un souverain et soutiennent le coup d’Etat de Maxence. Maxence a des avantages : Rome a une puissance symbolique et est un pivot au centre de l’Empire. Se pose le problème du ravitaillement : Rome compte 700 000 habitants et Maxence doit contrôler l’Afrique pour permettre ce ravitaillement. Maxence lance la construction d’une basilique. Maxence Maxence ne dure pas : tout se termine en 312. Une guerre éclate entre Sévère (sur demande Galère) et Maxence. Sévère est lâché par ses troupes et meurt. Maxence nomme un remplaçant : Licinius. Maximien (père Maxence) décide d’aider son fils et de revenir au pouvoir. A côté de la tétrarchie il y a donc Maxence et Maximien. La tétrarchie en 308 Partie occidentale Partie orientale Auguste Licinius Galère (parfois appelé Maximin) César Constantin Maximin Daïa o En novembre 308 : une réunion a lieu sur la Danube, à Carnuntum (Autriche) : Dioclétien est rappelé de sa retraite pour proposer une solution. Dioclétien demande à Maximien de se retirer mais aucune des décisions de cette réunion n’est appliquée. o En 309-310 : usurpation de Domitius Alexander en Afrique, ce qui coupe le ravitaillement de Rome en blé. A Rome, Maxence est en difficulté. Maxence lance une expédition en 310 ou 311 et bat Alexander. Maxence et Maximien se brouillent. Maximien quitte l’Italie et trouve refuge auprès de Constantin. Constantin est une des grandes statures politiques. En 309, Constantin a un pouvoir mal imposé et essaie d’assurer son pouvoir pour éviter d’être renversé. Maximien donne sa fille Fausta en mariage à Constantin. Tous les empereurs finissent par se brouiller, il n’y a plus de concorde. Tout le monde se proclame auguste. Fausta Hiver 309 ou 310 : Maximien se révolte contre Constantin. Il s’enferme dans Marseille. Constantin assiège Marseille. Maximien est lâché par ses hommes et il y a deux versions : 1. Constantin pardonne à Maximien (beau-père Constantin). Maximien tente un complot contre Constantin, mais est pris et se suicide. 2. Maximien est exécuté par Constantin. Problème : Constantin a fondé sa communication sur le lien herculéen avec Maximien pour appuyer son pouvoir. Constantin laisse tomber Hercule et s’appuie sur Sol invictus. ➔ 311 : Galère meurt En Gaule, en Espagne et en Bretagne il y a Constantin. Il y a aussi Maxence. Maxence et Daïa se rapprochent. Constantin et Licinius se rapprochent donc. Constantin part de Gaule en 312, franchit les Alpes et mène une campagne une Italie. Il prend Suse, mène une bataille à Turin puis Vérone. Une fois qu’il a récupéré le Nord de l’Italie, Constantin descend en Italie. Depuis Vérone, Constantin descend vers Rome où il arrive en octobre 312. Bataille de Vérone (sur l'Arc de Constantin à Rome) Octobre 312 : bataille Pont-Milvius où Constantin s’oppose à Maxence. Maxence aurait pu rester dans Rome, à l’abri des grandes murailles fondées par Aurélien. Mais Maxence fait sortir son armée qu’il installe le dos au fleuve. La bataille est livrée à cet endroit. Probablement que la situation politique à Rome est trop instable pour soutenir un siège, peut- être que la population aurait pu trahir Maxence durant le siège. C’est peut-être pour cela que Maxence a préféré un combat face à Constantin. Les troupes de Maxence reculent mais sont bloquées par le fleuve. Maxence est tué et décapité. Constantin entre dans Bataille du Pont Milvius Rome. Constantin récupère Rome, l’Italie et l’Afrique. ➔ 313 : Daïa meurt. Constantin et Licinius sont maîtres de l’Empire. La concorde tétrarchique est un échec, suite au système de succession qui ne convient plus. o Février 313 : Licinius et Constantin se rencontrent à Milan. Ils se mettent d’accord sur un certain nombre de principes et chacun repart gouverner sa partie d’empire. On ne repart pas sur une tétrarchie. Situation en 313 Partie occidentale Partie orientale Constantin Licinius o 316 : bataille de Cibalae entre Lucinius et Constantin, qui débouche sur une entente. o 324 : Constantin attaque Licinius et le bat en deux temps en Thrace sur mer et sur terre. Constantin devient le seul maître de l’empire. La tétrarchie est terminée. Les conquêtes de Constantin (312-324) (Page Wikipédia : Bataille de Cibalae) En plus d’un échec politique, La tétrarchie est un échec religieux : à la fin de son règne, Dioclétien s’intéresse aux manichéens, religion de Perse prônée par Mani. Manichéisme : culte syncrétique fondé sur le dualisme. Le mal et le bien s’affrontent. Le monde est le champ de bataille de cet affrontement. Cette religion est mal reçue par les Romains car elle vient de la Perse, une ennemie de Rome. Sceau de Mani o 302 : édit, les chefs du manichéisme encourent le bûché. o 303 : persécution des chrétiens avec quatre édits de persécutions de gravité croissante. Le dernier édit ordonne aux chrétiens de sacrifier sous peine de mort. Les chrétiens ne cèdent pas. La désunion menace l’Empire. Plaque commémorative reproduisant o 311 : Galère met fin à la persécution. l'édit de Galère, Sofia, Bulgarie La politique antireligieuse de Dioclétien est un échec : les chrétiens n’abandonnent pas leur culte et Galère abandonne les persécutions. La tétrarchie est un échec économique, mais pas total : les réformes sont concluantes. Bilan : Ainsi, la période de la tétrarchie est un échec politique puisque le système n’est pas pérennisé. C’est aussi un échec religieux : Galère abandonne les persécutions en 311 et les chrétiens n’abandonnent pas leur culte. C’est finalement un relatif échec économique. ➔ Mais la stabilité est retrouvée sous Dioclétien, l’armée est renforcée et les réformes administratives améliorent l’efficacité de l’Empire. Les transformations engagées sous Dioclétien se poursuivent sous Constantin. III. Constantin : liquidation de l’héritage tétrarchique et poursuite des réformes Licinius règne jusqu’en 324. Sa défaite efface son bilan. Licinius dirige la partie orientale de l’Empire. A. La poursuite des réformes administratives A la fin de l’époque tétrarchique, naissance des vicaires. Le titre complet, c’est le vicaire du préfet du prétoire o 308-313 : naissance de douze diocèses. On a pensé que cette réforme était de Dioclétien, mais on l’a décalée. La liste de Vérone est une liste des diocèses et de ce qui les composent. Cette liste daterait de 314. Ce découpage fait en sorte que les deux empereurs aient six provinces chacun, mais leurs territoires n’ont pas la même surface. Les diocèses sont donc de tailles différentes. En-dessous du vicaire, il y a les gouverneur. Les institutions sous Dioclétien ➔ Naissance des diocèses et vicaires vers 308-313 - Empire divisés en 12 diocèses dirigés par un vicaire - Chaque diocèse comprend plusieurs provinces dirigés par un gouverneur. Gouvernement d’une province : Vicaire du préfet du prétoire (à l’échelle du diocèse) Gouverneur (à l’échelle de la province) ➔ Autres institutions - Sénat : rôle de conseils - Préfet du prétoire : chefs de la garde impériale + chef d’état-major - Gouverneurs : dirigent une province, font des rapports à l’empereur pour demander son avis. Les gouverneurs sont appelés légats d’Auguste propréteurs pour les provinces impériales. Montée en importance durant la tétrarchie des gouverneurs chevaliers. L’ordre équestre supplante les gouverneurs de rang sénatorial. - Cités : ont leurs propres institutions et juges Les institutions sous Constantin (I) Quelques remarques : - Réformes de la chancellerie : les bureaux palatins disparaissent. - Le préfet du prétoire perd la direction des cohortes prétoriennes (que Constantin a dissoutes : les cohortes prétoriennes étaient aux côtés de Maxence lors de la bataille du Pont-Milvius). Ce préfet ne réside plus aux côtés de l’empereur (ce qui est humiliant) et perd son pouvoir militaire. - Professionnalisation des services : les bureaux possèdent un personnel composé de fonctionnaires payés Les institutions sous Constantin (II) Sénat B. La réforme du Sénat Le dernier qui a fait une réforme d’ampleur sur le Sénat est Octave Auguste. Auguste étend le nombre de sénateurs à 600. Sous la tétrarchie, les gouverneurs et haut- administrateurs sont des chevaliers. Constantin rend le pouvoir civil aux sénateurs. ▪ 313 : Constantin demande aux sénateurs de coopter de nouveaux membres, on passe d’un Sénat de 600 membres à un Sénat de 2000 membres. Les 1400 nouveaux sénateurs sont piochés dans l’ordre équestre et l’élite des cités (curiales). Pendant longtemps, on a crédité Constantin de la création du Sénat de Constantinople. Plusieurs sources anciennes disaient cela. Il y a maintenant une méfiance : Constantin est victime du syndrome du fondateur…les choses se passent plus lentement. Le Sénat de Constantinople a très certainement été créé par Constance II (fils de Constantin) en 350. Constance II est alors en guerre contre un usurpateur et est coupé du Sénat de Rome, il crée donc le Sénat de Constantinople. Constance II C. La fondation de Constantinople Constantinople est créée par Constantin après sa victoire sur Licinius. Constantin identifie un site situé sur les détroits : le site de l’ancienne Byzance. Cette ville existe toujours. Les détroits ont vu leur importance croître au fil du temps. Les Romains se sont rendus compte que les détroits sont un moyen d’entrer dans l’Empire : les Goths sont entrés en Mer Noire par les détroits. Aussi le site de Byzance permet de contrôler le point de passage entre Asie et Europe. Dioclétien s’était installé à Nicomédie, proche de Constantinople, sur l’autre rive du détroit. Plan de Constantinople ▪ 324 : lancement du projet de Constantinople ▪ 330 : dédicace (inauguration) de Constantinople. On peut y trouver un hippodrome, un palais, quelques églises, une nouvelle place publique. Constantin place à Constantinople des termes. La nouvelle enceinte de Constantinople est 4 fois plus grande que celle de l’ancienne Byzance. Constantinople a permis à l’Empire de persister. Mais Constantin a-t-il fondé une nouvelle Rome ? Il fonde une capitale régionale sur le modèle des capitales tétrarchiques expérimentés par Dioclétien à Nicomédie. Constance II passe beaucoup de temps à Constantinople et développe sa ville. Constantin ne crée pas une seconde Rome. Constantinople devient une nouvelle Rome avec Théodose.