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Summary
Ces notes de cours décrivent l'approche conséquentialiste et utilitariste en éthique médicale et bioéthique. Elles incluent des définitions de ces termes, des exemples d'applications, et des limites de ces approches. Le document inclut également une section sur la question du bien-être en éthique médicale et de l'utilitarisme appliqué.
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Ethique médicale et Sciences politiques 4 L’APPROCHE CONSÉQUENTIALISTE ET L’UTILITARISME EN ÉTHIQUE...
Ethique médicale et Sciences politiques 4 L’APPROCHE CONSÉQUENTIALISTE ET L’UTILITARISME EN ÉTHIQUE FS MÉDICALE ET EN BIOÉTHIQUE Semaine et jour : S4 le 02/10/23 RB : LY Lucie Professeur : Mme. Elodie BOUBLIL CM : MENECEUR Felismina Plan du cours I. INTRODUCTION................................................................................................................... 2 II. LES APPROCHES CONSEQUENTIALISTE ET UTILITARISTE......................................... 2 III. LA QUESTION DU BIEN ÊTRE EN ÉTHIQUE MÉDICALE.................................................. 3 IV. UTILITARISME ET ÉTHIQUE APPLIQUÉE.......................................................................... 4 V. CONCLUSION....................................................................................................................... 5 VI. QCMS D’ENTRAINEMENT................................................................................................... 6 NB CM : ceci est une fiche synthèse (FS), elle aborde les points essentiels du cours de manière concise mais n’est pas complètement exhaustive. Vous pouvez retrouver le PDF détaillé du cours du professeur sur Cristolink. ©Tutorat Paris XII 2023/2024 – Éthique et sciences politiques : N°4 – Ce document n’est pas le support officiel Page 1 sur 6 I. INTRODUCTION L’utilitarisme est une doctrine de philosophie morale : Qui introduit le concept d’utilité. Dont le but est de pouvoir évaluer le bien possible d’une action. Ce courant est représenté par les philosophes Jeremy Bentham et John Stuart Mill. Se base sur le concept de la maximisation du plaisir et du bien-être dans toute action (hédonisme). Des variantes existent selon qu’on considère le bien-être à l’échelle individuelle ou collective, provoquant par ailleurs un potentiel conflit. Elle influe dans les débats éthiques actuels car la philosophie utilitariste : Est à la source des théories économiques et politiques libérales contemporaines. A modelé les définitions contemporaines de la santé, du bien-être mais aussi de ce qui est estimé « avantageux ». II. LES APPROCHES CONSEQUENTIALISTE ET UTILITARISTE A. LE CONSÉQUENTIALISME Signifie devoir agir conformément à ce que l’on estime capable de produire les meilleurs résultats. Ne tient pas compte des principes éthiques tels que la dignité ou le principe d’humanité a priori. Estimation et évaluation des résultats probables de l’action : raisonnement probabiliste (on ne prétend pas connaître à l’avance le résultat d’une action). L’évaluation des conséquences permet de faire le choix de ce qu’il est bien ou mal d’entreprendre. Ne fait pas appel à des principes objectifs du bien ou du mal pour prendre une décision éthique. Plusieurs formes de théories (exemple : égoïsme, utilitarisme...). B. L’UTILITARISME Le bien être (welfare, well-being) est un critère objectif d’évaluation, ne correspondant pas au sens aristotélicien du bonheur (même si Mill s’inspire d’Aristote pour établir une hiérarchie entre les différents types de plaisir). « L’utilitarisme classique établit, lui aussi, un lien entre la recherche naturelle du bonheur et la moralité » (Michela Marzano). Repose sur le principe d’utilité (utility) : fait également référence à un service ou à la valeur qui lui est associée (extension plus large de la définition du mot en anglais). Maximisation du bien-être général. Calcul des conséquences en considérant individus tous égaux. L’utilitarisme de Approche quantitative. Jeremy Bentham Recourt à des calculs de probabilité. Ne s’interroge pas sur les moyens mis en œuvre. Intérêt pour la liberté individuelle. L’utilitarisme de Dimension qualitative des biens obtenus. John Stuart Mill Hiérarchisation des différents biens. ©Tutorat Paris XII 2023/2024 – Éthique et sciences politiques : N°4 – Ce document n’est pas le support officiel Page 2 sur 6 L’utilitarisme inclue la combinaison de deux postulats : Le conséquentialisme : caractère bon ou mauvais d’une action déterminé par ses conséquences. L’hédonisme : basé sur une binarité avec le plaisir comme seule chose bonne et la douleur comme seule chose mauvaise. Repose sur le principe du bonheur le plus grand (the greatest happiness principle). La peur de la souffrance va opérer une fonction dissuasive et l’attrait du bien-être une fonction attractive. De tels paramètres permettent selon Bentham de fonder le droit, le système judiciaire et législatif, et la moralité, les décisions éthiques qui doivent être prises. C. LIMITES DE L’APPROCHE CONSÉQUENTIALISTE ET DE L’UTILITARISME Critère de bien-être considéré comme relatif (dépendant des individus). Vise la maximisation globale pour une société sans véritable prise en compte de la manière dont ce bien va se répartir : risque d’injustice ou d’une dimension “sacrificielle”. Risque de contradictions à l’échelle individuelle : sacrifice du bien-être individuel au profit du bien-être collectif. Les moyens mis en œuvre peuvent générés des actes jugés immoraux par d’autres théories, notamment d’un point de vue déontologique. III. LA QUESTION DU BIEN ÊTRE EN ÉTHIQUE MÉDICALE A. DÉFINIR LA SANTÉ Perspective utilitariste sur le bien-être : influence majeure sur les définitions contemporaines de la santé par les organisations internationales et sur l’orientation des politiques publiques. La santé est définie par l’OMS comme un “état de complet bien-être physique, mental et social“. Renvoie directement au critère utilitariste de la sensation de plaisir et de douleur. Santé comprise comme un optimum à atteindre. Possibilité d’un conflit entre la recherche de la qualité de vie individuelle et l’amélioration d’un bien-être collectif. La théorie utilitariste élabore et met en œuvre un raisonnement « bénéfice/risque » qui vise à anticiper et à évaluer de manière objective les conséquences d’une action. Exemple : dans la période de pandémie que nous connaissons, les débats sur l’arbitrage des risques et des bénéfices liés aux mesures de restriction de liberté, pour préserver le système de soins et garantir l’accès des malades à une prise en charge justement répartie sur l’ensemble du territoire, illustrent cette tension entre la recherche du bien collectif et la prise en compte des intérêts particuliers. Ce raisonnement montre l’influence de l’approche utilitariste sur les politiques de santé publique. B. LE CALCUL RISQUES-BÉNÉFICES Permet d’évaluer et de prendre en compte la « qualité de vie » d’un individu. Plusieurs méthodes s’appuyant sur des modèles et des algorithmes issus des théories de la décision. Par exemple, la méthode du « time tradeoff » se situe dans le cadre conceptuel de la théorie de la décision sous incertitude → méthode qui associe à des situations un nombre allant de 0 (être mort) à 1 (vivre en pleine santé). Ces méthodes appuient le raisonnement utilitariste en lui apportant des données considérées comme objectives. ©Tutorat Paris XII 2023/2024 – Éthique et sciences politiques : N°4 – Ce document n’est pas le support officiel Page 3 sur 6 Un tel raisonnement peut conduire à vouloir apprécier la valeur d’une vie au regard de l’optimum qu’elle pourrait atteindre. La variabilité de la valeur en fonction des éléments quantifiables qui définissent le bien-être ou la douleur n’est pas concevable dans une perspective déontologique. Permet de guider la décision médicale afin d’éviter l’obstination déraisonnable mais conduit à de vrais dilemmes en cas de raréfaction des ressources de santé : qui sauver ? Il faut une réflexion sur les questions de justice et d’égalité d’accès aux soins pour corriger la neutralité du raisonnement utilitariste qui ne prend en compte que les conséquences globales de l’action. Dimension sacrificielle de la théorie utilitariste si elle est menée jusqu’au bout, surtout dans le cadre des politiques de santé publique. Exemple : donner davantage de crédit pour les soins qui permettent de reprendre une vie active ou de soigner des jeunes. C. LA PRISE EN CHARGE DE LA DOULEUR ET DU BIEN-ÊTRE DU PATIENT Approche utilitariste : bien-être collectif ET adaptation de la prise en charge de la douleur et le bien-être du patient. Douleur = “une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable associée à une lésion tissulaire réelle ou potentielle, ou décrite en des termes évoquant une telle lésion.” On reconnait que la douleur est un phénomène complexe associant l’organique et le psychologique. On place l’individu souffrant au premier plan et met l’accent sur le caractère subjectif de la perception douloureuse. La théorie utilitariste, centrée sur le critère de douleur et de plaisir est un fondement même de l’éthique médicale. L’exemple de l’annonce d’une maladie incurable à un patient a été choisi pour montrer les conflits entre différentes approches : Approche déontologique Mensonge strictement interdit. “Vérité partielle” en tant que « moyen » en vue d’une fin qui serait Approche utilitariste l’amélioration de l’état psychique du patient semble autorisée. La marche à suivre serait une adaptation du discours, du degré Code de déontologie d’information et l’empathie appropriée à la situation individuelle. médicale Être entre ces 2 extrêmes. Connaissance de ces théories philosophiques + délibération partagée et discussion + concertation avec le patient et ses proches = élaboration de la décision la plus appropriée. Les approches déontologique et utilitariste s’opposent en maints aspects en ce qu’elles proposent deux visions anthropologiques et philosophiques de l’être humain et de sa manière d’être en société. IV. UTILITARISME ET ÉTHIQUE APPLIQUÉE A. LE SATUT DE L’HUMAIN DANS LA RECHERCHE MÉDICALE Selon la conception utilitariste de Peter Singer (théoricien américain, défenseur de la cause animale) : Tout « être sentant » semble devoir être mis sur un pied d’égalité lorsqu’il s’agit d’apprécier ce qu’il convient de faire ou de ne pas faire. Les animaux doivent bénéficier du même statut moral que les êtres humains, étant donné qu’ils sont capables d’éprouver de la douleur et du plaisir. Traiter les animaux de manière différente revient à faire preuve de spécisme → affirmation que l’espèce humaine est supérieure aux autres. ©Tutorat Paris XII 2023/2024 – Éthique et sciences politiques : N°4 – Ce document n’est pas le support officiel Page 4 sur 6 Cette théorie a des répercussions en éthique appliquée et dans les protocoles de recherche scientifique. B. LA QUESTION DE LA RÉMUNÉRATION DU DON D’ORGANES Selon l’approche utilitariste de John Stuart Mill : Met l’accent sur la liberté individuelle inconditionnelle. Autonomie = liberté de disposer de soi-même et d’entreprendre une action absolument libre pourvu qu’elle n’entrave pas la liberté d’autrui (≠ perspective déontologique kantienne). « Chacun est le gardien naturel de sa propre santé aussi bien physique que mentale et spirituelle» Une telle approche conduit par exemple à soutenir le droit de disposer de son corps, jusqu’à en faire commerce (cas des pays où le don d’organe est rémunéré). Selon Valérie Gateau : Pour les partisans de la rémunération, le corps de la personne ne se confond pas avec la personne. Pour ces derniers, la capacité à prendre des décisions rationnelles confère à la personne son humanité et sa dignité. Mode de raisonnement conséquentialiste. C. TENSION ENTRE AUTONOMIE, INDIVIDUALISME ET BIEN COLLECTIF Recherche d’une conciliation entre l’individualisme des préférences et le bien-être collectif. Approche conséquentialiste = maximisation du bien-être (Bentham) et expression de la liberté individuelle (Mill). Passage au second plan de l’approche kantienne (respect inconditionnel de la dignité) par nécessité de maximisation du bien-être. La confrontation des arguments permet de parvenir à une solution ajustée aux différents cas individuels. V. CONCLUSION Approche conséquentialiste définit la justesse d’une action en fonction de l’évaluation de son résultat. L’utilitarisme : Propose un critère de distinction du bien et du mal (le bien-être), un impératif moral (maximiser le bien) et une règle d’évaluation de l’action morale (le conséquentialisme). Bentham : priorité donnée au résultat obtenu pour la société en termes de bien-être → approche quantitative. Mill : inclusion de règles de priorité → approche qualitative. Repose sur le principe d’utilité qui repose sur la sensation de douleur et de plaisir comme critère objectif externe. Incorpore à son raisonnement un calcul probabiliste au sein duquel chaque individu occupe un rang égal. Donne une place importante au raisonnement coûts-bénéfices. Permet d’envisager une approche différente de l’approche déontologique de la question du traitement de la douleur des patients et la relation médecin/patient. Limites de l’utilitarisme : Création d’inégalités possible. Dimension sacrificielle. Posent la question d’une correction de cette théorie par d’autres formulations éthiques contemporaines. ©Tutorat Paris XII 2023/2024 – Éthique et sciences politiques : N°4 – Ce document n’est pas le support officiel Page 5 sur 6 VI. QCMS D’ENTRAINEMENT NB CM : Ci-dessous, vous retrouverez des QCMs pour vous entrainer, rédigés par la RB. La professeur a également posté des QCMs d’entrainement que vous pouvez retrouver sur Cristolink. QCM1. Parmi les propositions suivantes à propos du conséquentialisme, cochez les réponses vraies. A. Avec le conséquentialisme on agit conformément à ce que l’on estime capable de produire les meilleurs résultats. B. Le conséquentialisme ne tient pas compte des principes éthiques tels que la dignité ou le principe d’humanité a priori. C. Il fait appel à des notions définies du bien et du mal. D. Il repose sur la déontologie. E. Il suit les préceptes d’Aristote. QCM2. L’utilitarisme : A. Vise à maximiser le plaisir. B. Est une doctrine représentée par les philosophes Jeremy Bentham et John Stuart Mill. C. Repose sur le principe de prudence. D. Jeremy Bentham prône le bien individuel tandis que J.S. Mill prône le bien général. E. Est la combinaison de deux postulats : le conséquentialisme et l’hédonisme. QCM3. Cochez les réponses vraies : A. Appliqué à l’éthique médicale, le conséquentialisme permet de guider la décision médicale B. L’utilitarisme a influencé la pratique médicale notamment grâce à la notion de bien-être. C. Selon Peter Singer, le corps de la personne ne se confond pas avec la personne. D. La théorie utilitariste élabore et met en œuvre un raisonnement « bénéfice/risque ». E. Selon le conséquentialisme, le mensonge est strictement interdit. QCM1 QCM2 QCM3 AB ABE ABD Pour toute erreur retrouvée, merci d’envoyer un mail à l’adresse suivante : [email protected] ©Tutorat Paris XII 2023/2024 – Éthique et sciences politiques : N°4 – Ce document n’est pas le support officiel Page 6 sur 6