L'alimentation des vaches laitières - Document PDF 2024
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Bourgoin
2024
Alves
L. Alves
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This document is a past paper on the feeding of dairy cows, covering topics such as feed requirements, rationing techniques, digestive processes, and the impact of feed on milk composition. The document includes detailed objectives and is intended for a postgraduate level.
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ER_Alim_CM01_ L’alimentation des vaches laitières_Alves_SIF Lucas GRANDVAUX S5 ER Justin THOMAS 16/09/2024 Alim L’alimentation des vaches laitières Clémence POPELIN CM01 Valentine GEORGEL L. Alves SIF Table des matières Introduction........................................................................................................................................................................ 2 I. Les besoins de la vache laitière.................................................................................................................................. 2 II. Les aliments dans la ration des vaches laitières........................................................................................................ 7 III. Types de conception des rations........................................................................................................................... 9 IV. La capacité d’ingestion........................................................................................................................................ 11 V. Interactions fourrages-concentrés........................................................................................................................... 13 VI. Le début de lactation........................................................................................................................................... 14 VII. Les interactions ruminales entre aliments et leurs conséquences...................................................................... 17 VIII. Effet de l’alimentation sur la composition du lait............................................................................................... 18 Objectifs détaillés (/!\ un objectif = une question au partiel) : Connaître les aliments qui constituent la ration des vaches laitières Connaître les unités utilisées pour le rationnement des vaches laitières. Connaître les facteurs de variations des besoins énergétiques, protéiques et en calcium et phosphore des vaches laitières. Connaître l’ordre de grandeur des différents besoins des vaches laitières (pas de chiffres à connaître seulement la hiérarchie entre les besoins). Connaître les grands types de distribution des rations aux vaches laitières leurs avantages et inconvénients. Connaître la notion de la capacité d’ingestion (et ses facteurs de variation !) et d’unité d’encombrement. Connaître les origines du déficit énergétique en début de lactation et ses conséquences. Connaître les conséquences d’un déficit protéique en début de lactation. Savoir expliquer la non-additivité des valeurs énergétiques des aliments constituants la ration d’une vache laitière. Connaître les interactions digestives pour la valeur énergétique des aliments. Page 1 sur 21 ER_Alim_CM01_ L’alimentation des vaches laitières_Alves_SIF Introduction Le calcul de ration vérifie l’adéquation entre les apports (quantité et nature des aliments) et les dépenses (besoins) de l’animal. Cet équilibre contribue à sa bonne santé et assure la production que l’on attend de lui. Il faut que la ration soit viable économiquement pour l’éleveur et permette de prévenir les maladies métaboliques potentielles. La quantité de lait produit par une vache va dépendre de : La capacité de synthèse de la mamelle, déterminée principalement par la génétique (ex : impossible de produire 40 L de lait par jour pour une Charolaise), mais aussi par la croissance de la mamelle au cours du stade « génisse » (ex : une génisse sous-nourrie aura une mamelle insuffisamment développée. À l’inverse une génisse trop grasse aura moins de parenchyme mammaire). La génétique de la vache et la croissance de sa mamelle permettent de définir une « production de lait potentielle » : c’est la quantité maximale de lait que pourra théoriquement produire une vache. Le système de ration vise toujours cette production maximale potentielle et donne les écarts si la ration ne permet pas de l’atteindre. La disponibilité en nutriments, qui dépend de la quantité d'aliments ingérée et de la composition/qualité de la ration. Il faut veiller à l’équilibre de la ration en termes d’énergie, d’azote, de calcium, de phosphore... Et la capacité de la ration à bien faire fonctionner le rumen (car 70 % de la digestion a lieu dans celui-ci). On fait aussi attention aux réserves de la vache en début de lactation : ni trop maigre (déficit énergétique métabolique en début de lactation), ni trop grasse (difficulté à vêler et risque de cétose). C’est long et c’est Ainsi, la quantité de lait produite = indicateur de la qualité de la ration ! chiant mais c’est important ! I. Les besoins de la vache laitière Les besoins de la vache laitière se déclinent sous la forme de différents apports : Energie (nette, qui prend en compte toutes les pertes au niveau d’un aliment), exprimée en UFL/j/vache (Unité Fourrage Lait) (issu du système INRA2018). 1 UFL = 1760 kcal Besoins protéiques, exprimés en g/j/vache de PDI (Protéines Digestibles dans l’Intestin). [Rappel important] Les PDI correspondent à la quantité d’acides aminés réellement absorbés dans l’intestin grêle. Cette fraction absorbée comprend les protéines d’origine alimentaire (PDIA) et des protéines synthétisées par les micro-organismes du rumen (PDIM). Ainsi on a PDI = PDIA + PDIM /!\ Les micro-organismes du rumen ne produisent pas de protéines à partir des glucides mais à partir d’azote absorbable par le rumen. Néanmoins, les glucides sont une source d’énergie permettant cette synthèse. Minéraux : Macro-éléments (Ca2+, Mg2+, P,...) exprimés en g total/j/vache ou en g absorbés/j/vache Pour le calcium et le phosphore, le système a été affiné et on utilise le Ca et le P digestibles (= absorbables). Puisqu’il s’agit d’animaux de production, les enjeux économiques rendent la conception de la ration complexe et impliquent une balance raisonnée entre apports et besoins. Oligo-éléments et vitamines exprimés en mg/kg de MSI (Matière Sèche Ingérée). Page 2 sur 21 ER_Alim_CM01_ L’alimentation des vaches laitières_Alves_SIF Pour avoir une bonne production laitière, il faut prédire les besoins de la vache laitière. On distingue 4 types de besoins répartis en 2 catégories : Des besoins non productifs : Besoins d’Entretien Des besoins productifs : Croissance, Gestation, Lactation A. Les besoins d’entretien = besoin non productif Les besoins d’entretien servent au maintien en vie de l’animal, son poids restant stable dans un environnement « normal ». Ils doivent être couverts. 1. Les besoins en énergie Les besoins en énergie de la vache laitière dépendent de son format, estimé à partir de son poids (on prend le poids moyen de la race). On peut le mesurer grâce à une balance au niveau du robot de traite ou bien avec un ruban mesurant le périmètre thoracique, mais généralement on prend les valeurs de référence. (Ex : 650 kg pour une Prim Holstein ou Montbéliarde, 550 kg pour une Tarine) Il faut adapter ces besoins au niveau d’activité estimé selon les conditions d’élevage : la valeur de base correspond à la stabulation libre. En stabulation entravée, le besoin d’entretien est diminué de 5 % (car moins d’activité physique). Au pâturage ils brûlent plus d’énergie donc les besoins sont augmentés de 10-20 % voire 30 % selon la pente sur laquelle les vaches pâturent. Ordre de grandeur : L’Énergie Nette à fournir à une vache laitière Prim’Holstein de 650 kg en PV, évoluant en stabulation libre est de 6,9 UFL/jour pour couvrir ses besoins d’entretien. 2. Les besoins en protéines Pertes d’origine endogène : Azote dans les urines, fèces (qui dépend du niveau d’ingestion et de la digestibilité de la ration) et production de phanères. Ces pertes dépendent du poids de la vache. Niveau d’ingestion : Quantité d’aliment ingéré ramené à 100 kg de poids vif, globalement un herbivore en entretien à un niveau d’ingestion compris entre 1,7 et 4 (pour 100 kg de PV il ingère 1,7 à 4 kg de matière sèche). Lorsque l'ingestion d'un animal augmente, le transit s’accélère et les pertes en azote sont plus conséquentes dans les fèces. Globalement, le niveau d’ingestion est assez stable chez les vaches. Digestibilité de la ration : plus la digestibilité de la ration est faible, plus les besoins rapportés au niveau d’ingestion sont élevés (dépend de la quantité et de la qualité de la MS ingérée). On comprend que les besoins protéiques dépendent de la ration, on ne peut pas les connaître avant. Ainsi, le logiciel fera plusieurs « aller-retour » afin de trouver la ration optimale. Ordre de grandeur : pour une vache laitière de 650 kg de PV (qui mange 20 kg de MSI/jour), les besoins protéiques d’entretien sont de 612 g de PDI/jour. Page 3 sur 21 ER_Alim_CM01_ L’alimentation des vaches laitières_Alves_SIF 3. Les besoins en minéraux Les besoins en minéraux sont proportionnels au format de l’animal. Phosphore (P): But : la croissance des os, le métabolisme énergétique (dépend du poids) et la production de lait (essentiel pour les VL !!). Pertes : à l’entretien, le P est utilisé dans la salive (70 % recyclé). Le volume de salive augmente avec celui de la MSI. Une vache produit en moyenne 150/300 L de salive de quoi remplir une à deux baignoires ! 🛀 Ancien système : Ce besoin est exprimé en gramme de phosphore. En général, pour couvrir ses besoins, une vache laitière a besoin de trouver dans sa ration 5-6 g de P. On additionne la quantité de P dans les aliments. Toutefois, ce raisonnement se base sur des moyennes, on prend alors une marge de sécurité pour éviter les carences. Nouveau système : L'excès de phosphore est rejeté dans les matières fécales et mélangé à l'azote. Ils sont la cause de l'eutrophisation de l'eau et le développement des algues vertes lors de l'épandage des fèces. Ainsi, plus le surplus dans la ration est important, plus il y en a dans les matières fécales et plus on participe à la pollution. On mesure alors le phosphore digestif (= le phosphore absorbable) de chaque aliment. A noter d'ailleurs que le phosphore a une digestibilité moyenne de 65 % (entre 0.6 et 0.75). Pabs = P*CAR (coef abs réel ~ 0.6) Calcium : Il n’y a pas de problème environnemental ni de particularité physiologique complexe avec ce minéral, mais dans un souci d’harmonisation avec le système du phosphore, on travaille avec le calcium absorbable. Comme pour le phosphore, on le mesure en fonction du poids de l'animal et de la MSI. Caabs = Ca*CAR Magnésium : La digestibilité du magnésium dépend du potassium présent dans l’aliment (qui varie dans les végétaux selon les années). Plus on a de potassium, moins le magnésium est digéré. Ainsi, le magnésium est toujours exprimé en magnésium total et jamais en magnésium digestible. Mgabs = Mg*CARe (coef d’abs réelle estimée) Page 4 sur 21 ER_Alim_CM01_ L’alimentation des vaches laitières_Alves_SIF B. Les besoins de production 1. Les besoins de lactation Les besoins de lactation sont les besoins de production les plus importants et dépendent de la quantité et de la qualité du lait produit en kg/j. Elle doit en théorie manger 3 à 4 fois plus qu’en période hors lactation (seul besoins d’entretien). [On a revu la courbe de lactation, voir CM01 de Zoot] Ex : une Prim’Holstein du contrôle laitier produit en moyenne 8400 kg de lait sur 305 j. La moyenne de production journalière peut varier de 17 kg/j à 35 kg/j au pic de lactation (en moyenne 27 kg de lait/j). Pour info : la Prim’Holstein représente 70 % des vaches en France et 90 % aux Etats Unis et peuvent produire au maximum selon leur génétique 10 000 kg de lait (certaines vaches de concours sont à 13000 kg soit 50-55 kg/an de lait /j). Besoin de lactation de la vache laitière par kg de lait Chaque vache produit une quantité et une qualité de lait différente chaque jour, ainsi l’alimentation se calcule pour chaque vache et se raisonne sur une lactation standard de 305 j. Besoin énergétique : Chez la VL, besoin pour produire l’énergie contenu dans 1 kg de lait (et dépend donc de sa composition). Si le taux de lactose reste relativement stable (48 g/L), on peut trouver des TB et TP très variables en fonction des races et du cycle de production. Il faut donc que les animaux trouvent ces lipides et ces protéines dans la ration. Les Montbéliardes ont tendance à faire du lait plus protéique (sélectionné souvent dans les régions à fromage), tandis que les Jersiaises et les Normandes voient leurs TB et leur TP augmenter. Ex : Selon l’INRAE, pour 1 kg de lait à 40 de TB et 31 de TP, le besoin énergétique est de 0,42 UFL. Pour 30 kg de lait à 40 de TB et 31 de TP, le besoin énergétique est de 12,6 UFL + les 6,9 UFL de l’entretien = 19,5 UFL. Taux butyreux et taux protéique du lait (lactation de référence 305 j) Rq : On donne un peu moins à manger pour une vache en fin de lactation afin d’éviter d’engraisser la vache et donc diminuer le risque de cétose à la lactation suivante. Page 5 sur 21 ER_Alim_CM01_ L’alimentation des vaches laitières_Alves_SIF Besoin en minéraux : Aucun aliment ne couvre entièrement les besoins en minéraux, il faut donc compléter la ration (teneur trop faible) par l’ajout de compléments (ex : blocs de minéraux). Les taux de minéraux dans le lait sont stables : si une vache n’a pas de calcium dans son alimentation, elle ira puiser dans son squelette. Il est donc impossible de détecter une carence en minéraux chez la VL en dosant les minéraux de son lait. De plus, il est impossible de réussir à couvrir tous les besoins en minéraux d’une VL sans compléments. Besoin protéique : dépendent du taux protéique du lait et de la quantité de lait produite. 2. Les besoins de gestation But : développement du fœtus et de la mamelle (besoin d’énergie, de protéines, de minéraux et de vitamines). L’INRA propose de nouvelles formules pour prévoir les besoins d’une VL ayant dépassé les 2/3 de sa gestation : vache tarie (les besoins de gestation sont négligeables avant cette échéance car il s’agit des besoins d’une vache en production laitière). Ainsi, les besoins de gestation s’appliquent uniquement aux vaches taries. ➔ Les besoins de gestation dépendent du poids prévisible du veau à la naissance et de l’avancement de la gestation (facteur exponentiel). Au 8ème et 9ème mois il faut majorer les UFL et PDI. Évolution des besoins de gestation (UFL) en fonction de l'avancée de la gestation (en semaines) Évolution des besoins de gestation en fonction de l'avancée de la gestation (en mois) 3. Les besoins de croissance Il s’agit d’un besoin supplémentaire pour les animaux productifs primipares (en théorie pour les VL de moins de 40 mois). Ce besoin dépend logiquement de l’âge de l’animal. Il faudra un apport un peu plus important pour les animaux qui vêlent pour la première fois. Cela dépendra aussi de l’âge au 1er vêlage. En effet, une vache qui vêle à 2 ans a encore 120 kg à prendre pour arriver à son poids adulte. Pour les animaux qui vêlent à 3 ans, on majore moins la ration car la taille adulte est quasiment atteinte. Le poids adulte est atteint vers les 4 ans de la vache. Dans l’idéal, il faudrait mettre à part les primiapres des multipares. Malheureusement, ce n’est pas souvent fait, donc les primipares produisent moins de lait. L’alimentation des primipares est à surveiller en priorité, car « quand la ration ne va pas, les primipares ramassent en premier » - Alves. Ex : - Premier vêlage à 2 ans (22-28 mois) : + 1,3 UFL et + 110 g PDI /jour - Premier vêlage à 3 ans (28-36 mois) : + 0,37 UFL et + 30 g PDI /jour Page 6 sur 21 ER_Alim_CM01_ L’alimentation des vaches laitières_Alves_SIF En alimentation on effectue ce raccourci : En lactation : besoins = besoins d’entretien > besoins de lactation (besoin de gestation qu’à partir des 2/3) Au tarissement : besoins = besoins d’entretien, besoins de gestation Primipare : besoins = besoins d’entretien + besoins de gestation / lactation + besoins de croissance. II. Les aliments dans la ration des vaches laitières Ration de base d’un VL : le fourrage (> 50 % de la MSI hors engraissement) !!! C’est un herbivore. Ces fourrages peuvent être : de l’herbe dans une prairie, de l’ensilage de maïs (le plus souvent), de l’ensilage d’herbe, de l’enrubannage ou du foin (de prairie naturelle ou temporaire ou de luzerne). Si l’animal présente des besoins élevés, ce qui est le cas avec la vache laitière (mais aussi les animaux à l‘engraissement), on ajoute des concentrés à la ration pour couvrir au mieux ses besoins. Ces concentrés peuvent être : - Des concentrés fermiers tels que des farines de céréales ou des tourteaux. - Des aliments composés (industriels) appelés VL (allant de VL18 à VL42, exemple VL18 : c’est un aliment concentré à 18 % de protéines, VL2,5L : Un aliment qui doit être distribué avec la proportion de 1 kg d’aliment pour 2,5 kg de lait produit en plus par rapport à ce que permet le fourrage). Globalement, 1 kg de concentré ~ 1 UFL. Ceci comble les besoins en protéines mais pas en énergie ! Un concentré peut avoir deux fonctions : Un concentré correcteur : il vient corriger un déséquilibre de la partie fourragère de la ration. Exemple : l’ensilage de maïs est riche en énergie mais pauvre en protéines donc on utilise un correcteur azoté. Un concentré de production : on l’apporte en complément du fourrage en fonction du niveau production attendu de l’animal. On ajoute aussi des minéraux (AMV = aliment minéralo-vitaminé + sel) : Ca, P, Mg, oligo-éléments et vitamines. Un AMV 5/20/10 signifie qu’il contient 5% de P total, 20 % de Ca total et 10 % de Mg. Généralement il manque du Na+ (et des ions) car les végétaux en sont carencés. On met alors à disposition des blocs de sel à lécher, ou on le mélange aux autres minéraux (plus rare). On donne classiquement entre 20 et 250 g d'AMV et du sel à côté. Si on prenait un mélange avec le sel déjà dedans, on devrait donner 300 g d'AMV pour donner assez de sel ce qui coûterait plus cher à l'éleveur au final. Rq : Pour les animaux à l’engraissement, tels que les taurillons ou les agneaux, on donne peu de fourrages et beaucoup de concentrés. A long terme, ce type de ration peut tuer un animal, on ne le fait donc que pour ces animaux qui vont être abattus tôt, en effet « on se fout de massacrer leur physio » d’après L. Alves. L’eau doit être disponible à volonté et plusieurs points d’eau doivent être présents dans la stabulation. Aussi, certains éleveurs ajoutent à la ration des sous-produits tels que la betterave ou de la drèche en fonction des régions (« un peu ce qu’ils trouvent, même des Mars s’ils sont à côté de l’usine »). Page 7 sur 21 ER_Alim_CM01_ L’alimentation des vaches laitières_Alves_SIF Une ration peut également beaucoup varier selon les saisons : En hiver, on a beaucoup d’ensilage de maïs (fourrage le plus riche en énergie) avec de la paille et/ou du foin grossier pour lancer la rumination. En été les vaches sont au pâturage, donc la ration est plutôt composée d’herbe fraiche. La ration moyenne des vaches laitières française est composée de : 40 % ensilage de maïs, 15 % d’herbe, 20 % de concentrés, 1 % minéraux et le reste en fourrages. En France, on dispose de plusieurs systèmes de gestion des fourrages dans la ration, selon les régions : Ensilage de maïs : Système très productif qui permet de fabriquer beaucoup de lait. C'est le modèle qui permet de produire le plus donc c'est celui qui est le plus souvent conseillé. Il est celui le plus utilisé chez nos amis bretons et dans le sud-ouest. Ensilage de maïs + ensilage d'herbe : pour les régions dans lesquelles il n’est pas possible de faire 100 % de maïs. On retrouve ce système en Normandie, dans l'Est et dans le Piémont. Herbages purs : ensilage d’herbe + foin dans le Massif Central ; ensilage d'herbe seulement dans le Centre (régions où l’herbe pousse mal, dû à l’altitude). Dans le Jura et les Alpes : foin pour la production de fromage (souvent les AOP bannissent l'ensilage). Les constituants de la ration de la vache laitière Page 8 sur 21 ER_Alim_CM01_ L’alimentation des vaches laitières_Alves_SIF III. Types de conception des rations La quantité de lait varie en fonction du moment du cycle de production, de la race, et même de l’individu. Il faut donc trouver des stratégies pour adapter les quantités d’aliments distribuées. On dénombre trois stratégies : les rations semi-individuelles, complètes, ou semi-complètes. A. Les rations semi-individuelles Il s’agit de la stratégie la plus ancienne, traditionnelle. La fraction fourragère est distribuée à l’identique pour tout le troupeau, aussi bien au niveau de la quantité (ad libitum) que du type de fourrage, et ce, quel que soit le niveau de production de l’animal. Les éventuels déséquilibres énergétiques/ protéiques sont comblés par un concentré d’équilibre distribué à l’identique pour toutes les vaches. Seuls les concentrés de productions sont distribués individuellement pour les hautes productrices du troupeau (à la main ou au DAC (Distributeur Automatique de Concentrés)). Points positifs : - Meilleur système d’un point de vue alimentaire (peu de carences et de déficits énergétiques). - C’est un système qui permet de bien couvrir les besoins de l’animal car il est calé sur les résultats du contrôle laitier […] Points négatifs : - Coûteux (DAC, concentrés de productions à tout le monde…) - […] il est donc nécessaire de connaître la production individuelle des vaches tous les mois et de remettre à jour régulièrement les données. (Beaucoup d’effort individuel !) - Reconnaissance des vaches s’il n’y a pas de DAC et problèmes de subjectivité (ex : vache méchante donc l’éleveur lui donne moins de concentrés). Il faut se méfier et ne pas trop donner de concentré aux vaches hautes productrices. Au-delà de 9-10 kg de concentrés par jour, on augmente le risque d’acidose ou de problèmes de santé. - Il faut faire attention aux variations de pH du rumen car les vaches ingèrent un aliment après l’autre et pas ensemble comme dans une ration. - Rq : Il faut avoir un cornadis et bloquer les animaux, sinon une vache « dominante » aura tendance à manger les rations des autres et on aura alors une quantité différente ingérée selon la vache, ce qui se ressentira sur la productivité générale du troupeau. Marguerite la gourmande qui mange au DAC Page 9 sur 21 ER_Alim_CM01_ L’alimentation des vaches laitières_Alves_SIF B. Les rations complètes ou rations totales mélangées (RTM) La ration est calculée sur la moyenne du troupeau. Majoritairement utilisé dans les systèmes à vêlages groupés. Les fourrages, les concentrés et les minéraux sont mélangés de manière homogène et distribués en quantités identiques à toutes les vaches en lactation à l’aide d’une mélangeuse. Points positifs : - Ration simple car basée sur une moyenne et tout est mélangé. - Digestion complète à chaque bouchée (le rumen est “content “ car il n’y a pas de changement brutal de bol alimentaire : prévient l’acidose ruminale subaiguë). → Meilleure valorisation de la ration. Points négatifs : - Couteux à l’achat de la mélangeuse. - Système qui ne fonctionne pas pour les « extrêmes » car on part du principe qu’une vache ayant une plus forte production mangera plus (dans les faits c’est vrai mais l’accès à la nourriture peut être difficile. De plus la ration sera trop riche pour les basses productrices (= qui grossissent) et trop pauvre pour les hautes productrices (= lipomobilisation). Enfin, ce système ne s’adapte pas au cycle de lactation : NEC élevées en fin de lactation et fort amaigrissement en début de lactation) - Pas possible de donner du foin en guise de fourrage car il se mélange mal avec les concentrés, il faut alors le mouiller ce qui diminue l’ingestion. - Les mélangeuses sont peu ou pas lavées après chaque nourrissage. Des spores butyriques peuvent donc se développer même s’il n’y en a pas dans l’ensilage (malus lors du paiement du lait !). C. Les rations semi-complètes Au lieu de viser la moyenne du troupeau, on choisit un niveau d’équilibre. Ce type de ration a pour vocation de compenser les défauts de la RTM. Le fourrage et une partie des concentrés et minéraux sont mélangés et distribués à toutes les vaches. Cela permet de couvrir les besoins pour une certaine quantité de lait (par exemple pour 25 kg de lait). On distribue ensuite un supplément de concentré de production individuellement à certaines vaches, en fonction du dépassement de leur production de lait par rapport au niveau d’équilibre (NE) de la ration, manuellement ou au DAC. Points positifs : - Un des meilleurs systèmes (bon équilibre points positif/négatif et est l’un des plus utilisés). - Bonne valorisation de l’ensemble de la ration. - Adapté aux moyennes exploitations. - Réduction des acidoses et de l’amaigrissement des hautes productrices. - Main d’œuvre réduite. Points négatifs : - Suralimentation moindre en fin de lactation. - Comme la RTM, le foin doit être mouillé pour coller aux céréales, afin qu’elles ne « tombent pas dans l’fond ». Page 10 sur 21 ER_Alim_CM01_ L’alimentation des vaches laitières_Alves_SIF IV. La capacité d’ingestion A. Définition de la capacité d’ingestion Les besoins énergétiques des vaches sont souvent énormes, il faut donc calculer des rations que l'animal peut réellement manger (besoins x4 volume de ration x4). ➔ On définit alors la quantité maximale que l'animal peut manger : la Capacité d’Ingestion (CI) (cette notion est différente de l’appétit lié à la palatabilité et à l’appétence). En France, dans le système INRAE, la CI est exprimée en UEL (Unité d'Encombrement Lait) afin d’être indépendante de la nature des aliments distribués. Les vaches sont des animaux habitués à manger des aliments à faible densité énergétique = le fourrage apporte peu d'énergie alors qu'il prend beaucoup de place. Il arrive fréquemment (et surtout en début de lactation) que la capacité d'ingestion ne couvre pas entièrement les besoins. Cela met en évidence que la régulation de la faim concernant la Matière Sèche Ingérée (MSI) est d'abord volumique puis énergétique. → Plus l'aliment est encombrant, moins il est ingestible mais les aliments encombrants sont indispensables au bon fonctionnement du rumen et à la rumination. De plus, cette CI dépend de la vidange du rumen déterminé par la teneur en fibres de la ration : les petites particules passent dans le feuillet (et quittent le rumen), les grosses sont ruminées et dès que de l’espace se libère, le bovin mange à nouveau. Ce qui pilote la prise alimentaire, c'est le besoin énergétique, sauf en cas de problème de comportement. Ex : On définit des temps de rumination et des temps de rétention pour chaque aliment. Une vache standard de 600 kg peut consommer 19,2 kg MS/j d'herbe, le temps de rumination est de 30 min/kg MS et le temps de rétention est de 12 à 18 h. En comparaison avec la paille, son temps de rumination est de 90 min/kg MS et 3 à 4 j de temps de rétention ce qui donne une CI de 12 kg/MS de paille maximum par jour. C’est pour cela qu’on définit l’unité d’encombrement, pour s’affranchir des variations en fonction des aliments. Le calcul de l'UEL d’un aliment se base sur la valeur d’encombrement VE : L’aliment étalon est une herbe standardisée = herbe jeune de pâturage (15 % de MAT, 25 % de CB, 77 % de CDMO) Donc 1kg de MS de cette herbe jeune = 1 UE Ex : 19,2 kg de MS d’herbe = 1 UE 12 kg de MS de paille → valeur UE = 19,2/12 = 1,6 UE (1 kg de MS de paille prends donc l'équivalent de la place de 1,6 kg de MS d'herbe) Si VE > 1, l'aliment prend plus de place que l'aliment standard donc la vache pourra moins en ingérer. Généralement, on a entre 0,9 (herbe jeune) < VE < 1,6 (paille), en moyenne entre 1 et 1,3. Page 11 sur 21 ER_Alim_CM01_ L’alimentation des vaches laitières_Alves_SIF Il existe 3 UE différentes (si on calcule l'UE, attention à l'espèce) : 🥛UEL pour les vaches laitières et les chèvres, vite gênées par le fourrage grossier (pour définir les UEL on prend pour référence une vache laitière adulte en pleine lactation (25 kg de lait à 4 % TB)). 🥩 UEB pour les bovins en croissance et les vaches allaitantes qui traitent bien le fourrage grossier 🐑 UEM pour les moutons Ce système est additif avec une bonne prédictibilité du volume ingestible pour des rations mixtes (+/- 7 % à 17 % de variations selon les individus). Pour info : Les étalons diffèrent suivant les différents UE. Exemple de l’effet additif : si la vache à une CI de 20 UE, qu’on lui distribue 10kg de paille, comme la paille à une UE de 1,6 on lui fournit 16 UE. Au pâturage, elle mange alors 4UE d’herbe soit 4 kg environ pour arriver aux 20 UE dont elle a besoin. Il faut toujours apporter au moins 85 % de la CI pour les ruminants car ils ont besoin d’avoir le rumen rempli sinon l’animal a une sensation de faim et la rumination ne se mettra pas en marche (besoin de fourrages !!). Attention ! Ces unités d’encombrement sont utilisées uniquement pour les fourrages ! B. Les facteurs de variation de la Capacité d’Ingestion La CI dépend de plusieurs facteurs qui peuvent être pallié par des indices: Âge, format/poids vif ( 1,5 UEL/100 kg), stade physiologique, vitesse de croissance, réserves corporelles... La production laitière quotidienne ( 0,11 UEL/ kg de lait potentiel) Développement / taille du TD : o À poids égal, les primipares ont une CI plus faible que les multipares (indice de maturité) alors qu’elles ont plus de besoins énergétiques. En cas de problème dans la ration, ce sont les primipares qui souffrent en premier (poil piqué). La CI est limitée en fin de gestation (indice de gestation): les 3 dernières semaines de gestation, elle chute de 30 %. En fin de gestation, l’éleveur redensifie la ration car c’est à cette période que le veau grandit le plus ! (Le rumen revient en place au maximum après 3 mois de lactation) (indice de lactation). Palatabilité (appétence de l’aliment) Régulation par le métabolisme énergétique : Plus le besoin énergétique est élevé, plus la vache cherche à manger (augmentation en fin de tarissement / début de lactation). L’état d'engraissement : la CI est plus faible pour les vaches grasses (rôle de la leptine). o On perd 1 UEL par point de NEC en plus. La densité de la ration : si on n’a pas assez de protéines dans la ration, la CI diminue. La quantité de protéines absorbée (PDI) (si moins de protéines sont absorbées, le CI baisse). Ce système permet de prédire approximativement la MS ingérée et ne fonctionne que selon certains points : nourriture à volonté, animaux en bonne santé, ration équilibrée (pH ruminal, quantité d’azote assez importante pour le développement des bactéries, minéraux (si pas assez de cobalt = baisse d’appétit)). Page 12 sur 21 ER_Alim_CM01_ L’alimentation des vaches laitières_Alves_SIF Il faut retenir que la vache laitière classique produit 28-29 kg de lait par jour avec 20 kg de MS ingérée. En pratique, une vache à 40 kg de lait produits par jour mange parfois 26 kg de MS alors que le système INRA en prévoit 23 max… donc les calculs et les valeurs varient selon les individus. Evolution de la CI en fonction du stade et du rang de lactation V. Interactions fourrages-concentrés S'il y a beaucoup de concentrés dans la ration, la digestion globale est perturbée. Les besoins peuvent être très variables : Le niveau de production passe de 1,3 au tarissement à 4-5 en début de lactation. Néanmoins, l’animal est incapable d’ingérer 4 fois plus d’aliments en volume c’est pour cela que les concentrés sont indispensables (merci la sélection génétique et la pression financière sur l’éleveur). Si on donne un fourrage à un ruminant, il va en manger une certaine quantité (facile à prédire) mais cela n’amène pas assez d’énergie. Avec seulement du fourrage, on ne dépasse pas 10 kg de lait par jour (c’est pour cela que les concentrés sont plus importants chez les vaches laitières que chez les vaches allaitantes). Or, si on lui donne 1 kg de concentré, la vache ne va pas abandonner 1 kg de fourrage dans un premier temps. ➔ Il est donc difficile de prévoir la quantité de fourrage délaissée lorsqu’on substitue une partie de la ration fourragère par des concentrés. Si on mélange concentrés et fourrage, la vache absorbe plus que ses UEL. On définit le taux de substitution globale (TSG), quantité de fourrage que l’animal délaisse pour 1 kg de concentré. Ce taux n’est pas linéaire, les premiers kilos de concentré encombrent peu, mais plus on en donne et plus le VE (valeur d’encombrement) du concentré augmente. Le TSG augmente si la quantité de concentré augmente. En revanche, il diminue si la production de l'animal augmente ou si la ration est riche en PDI. Ex : si on donne 5 kg de concentré, la vache va abandonner 2 kg de fourrage. Sur 20 kg de MS, elle ne va pas en manger 15 kg mais plus ! Ce n'est pas 1 pour 1. Pour une VL qui a besoin de 16 UF, si on lui donne 10 UF de fourrage, la quantité de concentré ne sera pas égal à 6 UF ! (Bref, un bordel…) Dit autrement, la vache va préférer le concentré, elle va le manger en premier, et délaisser le fourrage. Ce dernier va occuper de la place dans le rumen qui ne sera pas dédiée aux fourrages. Cette place occupée n’est pas proportionnelle à la quantité de concentré ingéré : la valeur d’encombrement du concentré va dépendre de la quantité de concentré donné ! Page 13 sur 21 ER_Alim_CM01_ L’alimentation des vaches laitières_Alves_SIF → Par conséquent la Valeur d’Encombrement des concentrés n'est pas fixe (donc différente du taux d’encombrement), elle varie selon le volume distribué selon la relation : ∆fourrages (en kg) TSG = kg de concentré Attention : Les concentrés n’ont pas de valeur d’encombrement fixe, il faut se méfier des valeurs dans les tables de l’INRAE qui ne peuvent pas être utilisées dans les calculs. Le TS diminue si la ration est riche en PDI. Une haute productrice va moins substituer qu’une faible productrice. Le taux de substitution peut passer de 0.3 (1kg de concentré prend la place de 0.3 kg de fourrage) à 0.8 si on en donne 10 kg de concentré. Ainsi, on comprend que le calcul manuel est impossible car on tombe dans une boucle de calcul c’est pourquoi on utilise des logiciels. VI. Le début de lactation En tout début de lactation, les besoins énergétiques augmentent en relation avec la production de lait. La capacité d'ingestion augmente également avec la production de lait mais à un niveau moindre que celle du besoin et de manière décalée ! Ainsi, en début de lactation, la vache est incapable de manger assez pour combler ses besoins : le BE est très important et la CI limitée. On assiste donc à un amaigrissement des vaches laitières en début de lactation qui est physiologique (la VL priorise la lactation !). On a alors un bilan énergétique négatif (BEN) qui peut devenir un déficit d’énergie non contrôlé (DENC) (cf CM01 Zoot). Si le phénomène est systématique, sa gravité s'accroît chez les hautes productrices, pour qui le déficit énergétique est 3 fois plus important ! Qui ne dit pas assez d'apports, dit mobilisation des réserves. La priorité est donnée à la production de lait pendant les 6-8 premières semaines (mécanisme pour la survie du veau, pour perpétuer l’espèce, au détriment de la santé de la mère). Après 6-8 semaines, la priorité s'inverse et la vache réduit sa production laitière si elle n’a pas assez d'énergie (car le veau est théoriquement plus âgé et diversifie son alimentation, il a donc moins besoin de lait #finalisme). Page 14 sur 21 ER_Alim_CM01_ L’alimentation des vaches laitières_Alves_SIF La variation du poids s’estime à travers celle de la NEC. L'objectif est que la vache ne perde pas plus d'un point de NEC pendant les 90 premiers jours de lactation (NEC centrée sur 3,25). Cet objectif est une limite, moins la NEC varie, mieux c’est ! La ration doit permettre la reconstitution des réserves avant le tarissement puis la NEC doit être constante pendant le tarissement. Les vaches doivent arriver au vêlage avec des réserves (mais pas trop évidemment !). Si NEC < 3, on perd en production de lait. NEC Variation de la NEC au cours d’un cycle de production d’une vache laitière Ex : Si vous avez une vache qui produit 35 kg de lait en début de lactation et que vous lui apportez une ration qui lui permet de produire 22 kg de lait par jour (c’est impossible de réaliser une ration qui apporte de quoi produire 35 kg de lait avec des aliments classiques), elle est en déficit énergétique, elle va puiser dans ses réserves de quoi faire 13 kg de lait (pour aller de 22 par l’alimentation à 35 réellement produit à cause de son potentiel génétique). Si ce déficit énergétique se poursuit pendant 5 semaines, elle va perdre un point de NEC, voire plus si cela dure plus longtemps. L’apport énergétique durant la lactation est primordial mais la ration doit absolument être équilibrée, notamment en apport de PDI. En effet, contrairement à l’énergie, les protéines ne sont presque pas stockées (légèrement dans le muscle) et la mobilisation des réserves protéiques est moindre car normalement les rations sont assez riches en protéines. Cependant, un déficit en PDI peut avoir des conséquences sur la santé de la vache et la production. Production de lait selon l’apport en PDI Page 15 sur 21 ER_Alim_CM01_ L’alimentation des vaches laitières_Alves_SIF Rappel CM01 Zoot : Le déficit énergétique post-partum peut être à l'origine de maladies nutritionnelles telles que cétose, ou acétonémie ou complexe cétose-stéatose. On a fréquemment des troubles de la fertilité du fait de l'altération des follicules ovariens. Ils auraient dû arriver à maturité 2 mois (60 à 80 j) après vêlage, soit au moment où on commence à vouloir réinséminer. On observe aussi une altération du fonctionnement hormonal (surtout LH et un peu GnRH et progestérone), une diminution de la sécrétion de progestérone (donc la gestation ne tient pas), d’où une forte mortalité embryonnaire, moins d’expression des chaleurs, et parfois apparition de kystes ovariens. Il y a aussi de gros problèmes au niveau du retour à la cyclicité et de la réussite à l'IA (20 à 60 % de moins). Le déficit énergétique est la première cause d’infertilité. Plus le déficit énergétique est violent, plus le retour à un cycle normal est long. En conséquence, les éleveurs attendent de plus en plus que la vache reprenne de l’état avant de la faire inséminer, ce qui rend l’objectif zootechnique “un veau par vache pas an” plus difficile à atteindre. On table plutôt sur 390 jours. /!\ On peut tenter l’IA même si la vache présente un déficit énergétique, qu’elle a perdu du poids et que la probabilité de réussite de l’IA est donc plus faible. Si l'on n’insémine pas alors qu'elle est en chaleur, on perd 21 jours. On estime que chaque jour de plus sans veau fait perdre à l’éleveur entre 2 et 3 euros soit 40 à 60 € par cycle, si la paillette est à 15 €, il vaut mieux essayer d’inséminer. Quelques définitions (seront revues en reproduction et zootechnie) : - Fertilité = aptitude d’une femelle à être fécondée - Fécondité = aptitude d’une femelle à devenir gestante dans un temps donné (= fertilité + notion de temps) - Anœstrus = absence de chaleurs - Anœstrus vrai (pas de cyclicité) → rencontré surtout chez les vaches allaitantes - Suboestrus (chaleurs silencieuses) → plus chez les vaches laitières % de vaches présentant des chaleurs Page 16 sur 21 Savoir ER_Alim_CM01_ L’alimentation des vaches laitières_Alves_SIF expliquer VII. Les interactions ruminales entre aliments et leurs conséquences Historiquement, les systèmes d'unités étaient additifs... Mais à la suite de nombreuses études le système n’est plus additif afin de correspondre au mieux aux besoin de la vache. En effet, les UFL réellement apportées par la ration sont inférieures à la somme des UFL des aliments de la ration. Ce phénomène est dû à plusieurs interactions au niveau de : L’ingestion : quantité d’aliments ingérée rapportée au poids de l’animal. On parle de Niveau d’Ingestion Ni : Ni = MSI/PV (MSI = matière sèche ingérée et PV= poids vif). Le Ni d’une vache laitière est globalement de 3% (20 kg ingérés par une vache de 650kg) et il monte jusqu'à 4% pour les vaches laitières hautes productrices. On a mis en évidence que la digestibilité de la ration est inversement proportionnelle au niveau d'ingestion : plus on apporte d’aliments, plus le transit doit être rapide, moins les nutriments sont digérés et absorbés car ils sont moins longtemps en contact avec les bactéries ruminales. La proportion des concentrés dans la ration : ils sont digérés beaucoup plus rapidement et abaissent le pH ruminal. Cette acidification entraîne l’inactivation voire la destruction de la flore cellulolytique ce qui peut mener au déclenchement d'une acidose. Globalement, plus il y a de concentrés, plus la ration perd en digestibilité (surtout pour les animaux faible producteurs). La quantité d’azote fermentescible disponible, liée aux interactions existantes entre l’azote et l’énergie (pour rappel, les protéines chez les ruminants sont absorbées par l'intestin grêle). Les bactéries ruminales sont en croissance continue, lente et constamment remplacées. Le microbiote doit donc trouver une source d'azote pour fabriquer ses propres protéines, en dégradant la MO de la ration. S’il y a moins d’azote disponible, elles produisent moins d'AGV et donc moins d'énergie pour le ruminant car la ration ne sera pas entièrement digérée lié à la BalProRu (BPR ou Balance Prot. du Rumen) (en g/kg de MS)). Conséquences des interactions ruminales : - Le calcul de ration est « complexe » et doit donc être réalisé à l’aide d’un logiciel. - Les valeurs d'énergie que l’on trouve dans les tables des manuels sont des valeurs maximales, données lors d'analyses de rations. Ces tables servent à comparer les aliments entre eux. Lors d’un calcul de ration, on réalise un premier calcul pour estimer les besoins à couvrir et la capacité d'ingestion sans avoir aucune information sur la ration (combler avec les informations des tables). On calcule alors une deuxième ration, puis une autre en ajustant au fur et à mesure les données. Il faut alors faire cette boucle de calculs jusqu’à ce que 2 rations qui se succèdes soient identiques. Ainsi, la valeur énergétique des aliments dépend de leur composition chimique, de la vitesse de transit dans le rumen et de la digestibilité (dépendant du contexte et de l'environnement du rumen mais aussi du niveau d'ingestion) et de la quantité d'ammoniac. Page 17 sur 21 ER_Alim_CM01_ L’alimentation des vaches laitières_Alves_SIF VIII. Effet de l’alimentation sur la composition du lait Le lait est composé : - D'eau (125 à 135 g/L de matière sèche donc le lait est composé à 90% d’eau)-> il faut donc que la vache ait de l’eau à volonté, - 48g/L de lactose synthétisé à partir du glucose (concentration assez stable), - 30 à 34 g/L de protéines , - 38 à 45 g/L de lipides, - 7 à 7,5 g/L de minéraux (Ca = 1 à 1,4 g/L, P = 0,8 à 1,1 g/L, Mg = 0,12 g/L et Fe = 0,06 ppm), assez stable. A. Sur la teneur en lipides Les matières grasses du lait se présentent sous forme d’émulsion de globules gras composés entre 96 et 98% de triglycérides très diversifiés dont environ 12% d'AG courts (moins de 12 C) et des quantités équivalentes (44%) de chaînes moyennes (C14 et C16) et longues (C18 dont le C18-1 est le plus abondant d’entre eux). Les acides gras sont les éléments les plus diversifiés du lait (plus de 400 différents !) et rares sont ceux contenant plus de 18 carbones. Rappel sur les lipides : Les lipides peuvent être saturés, mono-insaturés ou poly-insaturés. Ces derniers sont les principaux lipides retrouvés dans l’herbe (l’animal s’adapte à ces polyinsaturés essentiels, et peut être en légère acidose au début lorsque l’herbe est jeune et bien riche en sucres). 2 configurations spatiales sont possibles pour les liaisons : Cis ou Trans. Si elle est Cis : c’est la forme dans les lipides naturels (sauf chez les ruminants), elle est plus sensible à l’oxydation et le point de fusion est plus bas. On ne retrouve des lipides Trans dans le lait, c’est le seul aliment à en apporter dans l’alimentation de l’Homme. Concernant la nomenclature des lipides : - Pour numéroter la chaîne carbonée, on commence à partir du carbone à l'opposé de la fonction acide. - Pour situer l’emplacement de l’insaturation on commence à compter du côté de la fonction acide. - Dans un AG, la position de la double liaison a de l'importance. Par exemple l’AG comportant une double liaison en C9 sur un C18 est un AG que les animaux sont incapables de créer et qu’ils doivent trouver dans l'alimentation. - Les doubles liaisons d’un AG sont réparties régulièrement, alors quand on connaît le nombre de doubles liaisons et la position de la première, on connait l'allure de l'acide gras. - Les ω3 et les ω6 sont des AG essentiels. Page 18 sur 21 ER_Alim_CM01_ L’alimentation des vaches laitières_Alves_SIF Acides gras et santé : La proportion d'AG insaturés est faible et ceux-ci ne sont quasiment que mono-insaturés. En effet, les acides gras poly-insaturés subissent des hydrogénations accompagnées d'isomérisations dans le rumen. Toutefois, certains AG avec une insaturation en conformation trans échappent à ces mécanismes et se retrouvent dans le lait (acide élaïdique). Ceux-ci sont associés à des risques d'athérome plus importants ou au contraire à la diminution de ce risque comme l'acide ruménique qui est également un très puissant inhibiteur de la cancérogenèse. D’autres dérivés insaturés, comme le CLA (C18:2 cis-n6, cis-n9 = A. linoléique conjugué) sont de puissants inhibiteurs de la synthèse des AG par la mamelle et permettent de réduire la masse grasse (autant chez l’Homme que chez l’animal). On retrouve aussi les trans-10 qui dominent lorsque les animaux sont en acidose : entrainent une baisse du TB or si le TB est très faible, cela pourrait vouloir dire que la ration est acidogène, riche en concentrés et faible en fourrages. Les acides gras trans (surtout les C16) sont réputés pour avoir des effets négatifs sur la santé humaine, notamment la santé cardiovasculaire (ils augmentent les LDL (le « mauvais » cholestérol) et diminuent les HDL), notamment pour le C18:1 trans delta 9 (acide élaïdique) lors d’hydrogénation d’huiles végétales et chauffage à haute température (fabrication de margarine). Toutefois, dans le lait, il s’agit d’acide trans- vaccénique C18 :1 trans delta 11 qui n’a pas d’effet néfaste démontré. Résumé à retenir : tous les AG en trans ne sont pas mauvais. (Alves pas content !) Finalement, les acides gras du lait ont une origine double : Soit la mamelle capte des AGV circulants (acétate ou butyrate) et synthétise des AG courts par condensation (C14, acétate et propionate) et des AG moyens jusqu’à C16. Soit elle prélève directement des triglycérides ou AGNE (Acides Gras Non Estérifiés) dans le sang, qui proviennent de l'alimentation ou de la lipomobilisation → AG longs. En effet dans le rumen, la MO issue de la digestion des lipides complètement hydrolysés (pouvant même être bio- hydrogéné) produit de l’acétate du butyrate et du propionate. C’est alors que la mamelle prélève dans le sang circulant les C16 et C18. Schéma général décrivant la proportion des AG dans la mamelle Page 19 sur 21 ER_Alim_CM01_ L’alimentation des vaches laitières_Alves_SIF Origine des AG trans : De l’acide linoléique dérivent deux conjugués dont l’une des doubles liaisons initialement entre le C 12-13 et le C 9-10 va s’isomériser. Cette isomérisation n’aura lieu ni dans le même sens, ni sur la même liaison en fonction de la voie empruntée par l’acide linoléique : La voie principale est ici est la voie de droite représentée en verte. La voie de gauche est une autre voie mise en place de manière non négligeable en cas d'acidose (cf chapitre suivant) grâce aux bactéries possédant les enzymes pour dégrader l'amidon. Les deux doubles liaisons dans chacune des molécules finissent alors par se succéder, la fonction méthyl ne sépare plus les deux carbones comme dans la molécule initiale. Comment la ration peut modifier le TB du lait ? + Tb : + beurre/ fromage onctueux comme un bon Mont d’or De manière physiologique : Ajouter de la MG à une ration pauvre en lipides (ex : savon calcique d’huile de palme) peut être bénéfique mais l’ajout de MG à une ration déjà riche (ensilage de maïs) fera diminuer le TB. Des rations riches en sucres (betteraves, mélasses, lactosérum), comme l’ensilage de maïs permettent d'augmenter le TB. Mettre les animaux à l'herbe augmente la quantité d’ω3 ce qui est une bonne chose, mais fait en contrepartie baisser le TB au moment de la mise à l’herbe... (les graines de lin ont le même effet sur le TB que l’herbe). En revanche, dans un contexte pathologique : Les rations favorisant l'acidose ruminale font baisser le TB ! Un déficit énergétique (en début de lactation) induit une lipomobilisation donc des AG non estérifiés circulent et le TB augmente (déficit au-delà de 45 g de TB/kg de lait) mais l'état général de la vache se dégrade... B. Sur le Matière Azotée Totale : MAT La MAT du lait est représentée à 95% par des protéines, les 5% restants étant des acides aminés libres et de l’urée. Les protéines du lait sont à 80% des caséines (= protéines qui précipitent à un pH de 4,6), stockées sous forme de micelles avec du Ca2+, qui sont directement synthétisées par la mamelle. Les 20% restants sont des protéines captées dans la circulation sanguine comme des albumines ou des immunoglobulines. La synthèse protéique dans la mamelle est très gourmande en énergie donc un déficit énergétique sera à l'origine d'une baisse du TP (critique si TP < 28 g/L chez les PH). On a estimé que le manque d'une UFL, que ce soit dans la ration ou à cause d’une mauvaise digestion, occasionne une baisse du TP de l'ordre de 0,6 g/kg (inversement, +1 UFL correspond à +0,6 g/kg). Le TP étant la matière la plus valorisée, un déficit énergétique peut causer de sérieuses pertes financières. Le TP est un témoin de l’apport énergétique de l’alimentation. Donner trop de protéines dans la ration aura pour conséquence d'augmenter l’absorption d’azote par le rumen et n'aura aucun effet sur le TP car son maximum atteignable est sous déterminisme génétique. L'urée du sang diffuse librement dans le lait donc l'urémie influe directement sur la concentration dans le lait (on Page 20 sur 21 ER_Alim_CM01_ L’alimentation des vaches laitières_Alves_SIF peut déterminer l’urée sanguine en dosant l’urée dans le lait). Finalement, c’est l’urée du lait qui augmente quand les protéines sont en excès dans la ration. L’urée est donc un indicateur de l’apport d’azote fermentescible dans le rumen. L’objectif officiel est d'avoir entre 200 et 300 mg/L d'urée dans le lait mais en pratique, on est plus entre 250 et 350 mg/L. Il ne faut tout de même pas dépasser 400mg/L d’urée car cela dégraderait le pH utérin et aurait donc un effet néfaste sur la reproduction. Éventuellement, l'apport d'acides aminés limitants (Lys, Met) sous forme protégée contre le microbiote ruminal (enrobés dans des capsules de protéines résistantes) permet d'augmenter le TP de l'ordre de 1 g/kg (chez les VLHP). Toutefois cette présentation est assez chère à l’achat donc la rentabilité est globalement nulle. Les vaches qui ne sont pas hautes productrices arrivent à produire tous les AAs essentiels mais les niveaux de production imposés au VLHP sont tellement importants que ces vaches n’y arrivent plus. Si on combine les aliments pauvres en lysine et méthionine (comme le tourteau de soja), on a des vaches en déficit d’AAs. Enfin, la supplémentation lipidique entraîne une baisse du TP. C. La ration valorisée En pratique, la qualité d'une ration s'observe directement via la composition du lait. Seuils valables pour une vache laitière : TB bas (< 30 aux USA, plutôt < 35 en France) = acidose ruminale et/ou manque de fibres et/ou excès d'amidon et de sucre TB élevé (> 45) en début de lactation = lipomobilisation dû au déficit énergétique Un TB élevé n’est interprétable qu’en début de lactation. TP faible (< 28 pour les Prim, < 29 pour les autres) = déficit énergétique Urée faible < 200 mg = manque d'azote fermentescible (= dégradable dans le rumen) Urée > 450 mg = excès d'apport de protéines = danger pour la reproduction car le pH dans l'utérus sera très défavorable aux ovocytes et spz. Un gros merci à Clémence et Valentine qui nous ont énormément aidé à dégrossir ce poly et essayé de le rendre plus claire, désolé pour ces affreux gros paragraphes mais on à tenté de réduire au maximum en évitant les répétitions (contrairement au poly de l’an dernier). Donc merci à nos superbes relectrices pour leurs jobs !!!! Page 21 sur 21 ER_Alim_CM01_ L’alimentation des vaches laitières_Alves_SIF → À retenir : Ration VL : fourrage + concentrés + sel (AMV) + eau Les apports : - Energie en UFL/j/vache - Protéique en g/j/vache de PDI - Minéraux : macro-éléments (g total/j/vache) et oligo-éléments (mg/kg de MS) Ces apports varient en fonction de l’environnement de la VL, de son poids, de son âge etc. Les besoins de lactations sont les plus importants ! Les avantages/inconvénients des rations semi-individuelles, RTM et semi-complète. Les facteurs de variations de la CI (encombrement, production de la VL…). Les différentes unités d’encombrement (UEL : 1 lg d’herbes jeunes = 1 UE ; UEB ; UEM). Connaître les origines d’un déficit énergétique/ protéique en début de lactation et ses conséquences. Expliquer la non-additivité des valeurs énergétiques dû aux interactions des aliments dans le rumen. Page 22 sur 21