Problématique du cours : la « Grande Divergence » PDF

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This document provides an introduction to the concept of the "Great Divergence," a historical economic phenomenon marked by the diverging economic paths of various countries starting from the Industrial Revolution and up to the 20th century. It details major factors including economic shifts, the increasing use of resources, and population growth.

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CM-1 du 10/09/24 Samedi 14 septembre 2024 - 13:18 Problématique du cours : la « Grande Divergence » Introduction générale : L’économie mondiale a connu de nombreux cycles de fluctuation avec des phases de prospérité ainsi que des phases de crise, entraînant des guerres, des épidémies ou encore de...

CM-1 du 10/09/24 Samedi 14 septembre 2024 - 13:18 Problématique du cours : la « Grande Divergence » Introduction générale : L’économie mondiale a connu de nombreux cycles de fluctuation avec des phases de prospérité ainsi que des phases de crise, entraînant des guerres, des épidémies ou encore des famines. Au cours de cette phase que l’on peut appeler la période préindustrielle, l’économie mondiale ne connaît aucune amélioration : on parle d’une stagnation économique. Le monde connaît une rupture économique dès l’arrivée de la révolution industrielle. C’est à partir de celle-ci que la transition se fera avec la Grande Divergence (19ème-20ème siècle). Cette rupture économique se traduit par : Un bouleversement des conditions de vie : explosion économique entraînant une hausse de la consommation alimentaire (plus les gens gagnent, mieux ils se nourrissent). Une hausse de l’espérance de vie. Une hausse de l’éducation : dès 25 ans, les études se poursuivent davantage. Une baisse de la mortalité infantile. Dès la seconde partie du 19ème siècle, on observe une explosion de l’économie ainsi que de la population mondiale, ce qui augmente l’usage des ressources premières. Sur le plan écologique : Les activités anthropiques commencent à avoir un réel impact sur l’environnement, ce qui annonce les débuts de la crise climatique : Augmentation des émissions de CO₂ et de méthane. Début de la déforestation. Résumé en trois points principaux : 1. Une croissance soutenue (économique + anthropique). 2. L’anthropocène. 3. Le début des écarts entre les pays : certains pays stagnent, voire régressent, tandis que d’autres s’enrichissent grâce à l’industrialisation et gagnent en place dans la production économique mondiale. Définition du jour : PIB : Ce que produit une société, les revenus moyens. CM-2 du 17/09/24 mardi 17 septembre 2024 17:16 Chapitre 1 : La méthode historique I - L’historien et les faits La première idée reçue concernant l’historien est que son rôle est simplement d’établir des faits puis d’en tirer des conclusions concernant l’histoire. Cependant, cette perception est erronée. Il est impossible d’avoir une observation passive de l’histoire, et voici pourquoi : 1. L’impossibilité d’observer directement les faits : ○ L’historien ne peut constater les faits par lui-même car il n’était pas présent au moment des faits. ○ Sa connaissance repose sur des traces indirectes : documents, objets, archives, etc. ○ Le rôle de l’historien est comparable à celui d’un juge d’instruction. 2. L’importance de l’interprétation des documents : ○ Les documents étudiés ne parlent pas d’eux-mêmes, ils doivent être interrogés et confrontés à d’autres sources. ○ Exemple : Gustave Stresemann (ministre des affaires étrangères allemands) avait un assistant, Bernard, qui présélectionnait les documents à publier. Il omit volontairement les échanges avec les soviétiques pour conserver une bonne image de Stresemann aux yeux des pays occidentaux. Le biais de sélection Problème : Les archives ne révèlent pas toujours la vérité. Exemple : Stresemann manipulait les faits pour les transformer à son avantage. Ce qui constitue un fait historique (ou non) dépend de l’interprétation de l’historien. Qu’est-ce qui fait qu’un fait du passé est un fait historique ? 1. L’interprétation de l’historien : ○ Elle repose sur un jugement de valeur et des décisions à priori. 2. Objectivité et subjectivité en histoire : ○ L’histoire ne se limite pas à une production mentale subjective. ○ Toutes les interprétations ne se valent pas : il existe une vérité/réalité objective que l’historien doit tenter de restituer. Dialogue entre l’interprétation et les faits Exemple : Une erreur judiciaire. Le juge peut commencer avec une hypothèse erronée mais doit faire évoluer son interprétation au contact des faits. L’historien n’est ni esclave ni maître des faits : ○ Il ne part pas de son interprétation pour sélectionner les faits (éviter d’être un « maître »). ○ Il part d’une interprétation provisoire qui mène à un choix provisoire des faits (comme un « esclave »). L’histoire est un processus continu d’interactions et de dialogues entre l’historien et les faits, entre le présent et le passé. II - La causalité en histoire Pourquoi les événements sont-ils survenus ? La recherche des causes est essentielle pour comprendre les événements du passé. Les historiens listent et hiérarchisent les différentes causes liées à un événement. ○ Certaines causes sont plus importantes que d’autres en fonction de l’interprétation. L’importance du débat en histoire Les débats entre historiens font avancer la connaissance historique. Ces débats permettent d’éclairer le passé à travers le temps. CM-3 du 24 septembre 2024 Chapitre 2 : À la recherche de la cause première Il existe des divergences dans le développement des pays en fonction de plusieurs facteurs : Géographiques : disposition des terres, accès à la mer, ressources disponibles. Culturels : certaines cultures, comme les cultures conservatrices, influencent le développement. Structurels : les systèmes politiques et institutionnels peuvent être plus ou moins propices au développement. Plan du chapitre 1. La géographie 2. La culture 3. Les institutions 4. La démographie 1. La géographie I. Une longue tradition La répartition entre les pays riches et pauvres peut s’expliquer par les différences de climat : Un bon climat favorise le travail, notamment en agriculture. Montesquieu : « Ce sont les différents besoins dans les différents climats qui ont formé les différentes manières de vivre. » ○ Selon lui, le climat détermine le comportement humain : dans les pays du nord, les conditions favoriseraient une meilleure organisation que dans les pays du sud. Le climat peut aussi créer des maladies tropicales (Afrique subsaharienne), ou limiter l’agriculture, ce qui impacte le développement. II. La thèse de Jared Diamond Ouvrage : Guns, Germs, and Steel Diamond cherche à expliquer la suprématie technologique des Occidentaux : Pourquoi les Occidentaux ont-ils conquis le Nouveau Monde et non l'inverse ? Causes immédiates de la domination européenne : 1. Avantage naval : navires permettant les conquêtes. 2. Technologie militaire : ○ Armes puissantes (fusils, poudre à canon, épées, lances). ○ Armures et chevaux. 3. Organisation politique centralisée : financements pour construire navires et armer la population. 4. Transmission de maladies : les Européens étaient immunisés contre certaines maladies (variole, rougeole, peste), contrairement aux populations indigènes. Cause initiale : l’agriculture Révolution néolithique (il y a 10 000 ans) : passage de chasseurs-cueilleurs nomades à des agriculteurs sédentaires. Conséquences de l’agriculture : ○ Alimentation : Plus de vivres disponibles. Augmentation des populations (densité plus importante). ○ Organisation sociale : Sédentarisation et stockage des surplus alimentaires. Apparition de la division du travail → progrès techniques. Sociétés politiquement centralisées. ○ Santé : Proximiteé avec les animaux et densité de population favorisant les infections → immunité accrue. Exemple : le Croissant fertile Conditions géographiques idéales (climat tempéré/méditerranéen, étés longs, hivers doux). Abondance de ressources naturelles : ○ Grandes variétés de plantes et d’animaux domestiquables. ○ Concentration en Eurasie. III. Diffusion technologique Orientation est-ouest du continent eurasiatique : ○ Durées de jours équivalentes, variations saisonnières semblables. ○ Diffusion facilitée des plantes, des animaux et des technologies. ○ Favorise l’émergence de nombreuses sociétés et inventeurs → progression technique plus rapide. Conclusion Les écarts de développement entre continents et pays peuvent s’expliquer par des facteurs géographiques, en particulier : Dotations naturelles en ressources. Climats tempérés favorisant l’agriculture. Orientation du continent permettant la diffusion des innovations. Ces différences initiales ont ensuite été amplifiées par les interactions entre agriculture, démographie, organisation sociale et technologique. CM-4 – 01/10/24 Date : Lundi 30 septembre 2024, 23h37 Suite de la thèse de Jared Diamond Schéma de la thèse Dotations naturelles → Passage à l’agriculture → Surplus et stockage → Sociétés denses et complexes → Technologie (et épidémies) Deuxième schéma Axe continental Est-Ouest → Facilité de propagation (espèces et technologies) → Plus de sociétés complexes en concurrence → Accélération du progrès technique → Suprématie de l’Eurasie Comment expliquer la domination de l’Europe en Eurasie ? Les grandes expéditions et découvertes : Exemple de Marco Polo, qui pouvait se rendre dans plusieurs États pour financer ses expéditions. À l’inverse, la Chine a décidé d’arrêter ses grandes expéditions et découvertes. Fragmentation politique de l’Europe : La fragmentation politique a permis à l’Europe de dominer l’Eurasie. Cette fragmentation trouve son origine dans la géographie : certaines îles en Europe ont favorisé le développement autonome de la culture, des systèmes politiques, etc. Critiques des thèses géographiques 1. Première critique : la population ○ La suprématie de l’Eurasie pourrait s’expliquer par la forte concentration de population et non par la géographie. 2. Deuxième critique : les axes continentaux ○ Les climats varient énormément selon les régions (montagnes, déserts, etc.), ce qui contredit l’idée d’un axe homogène. ○ La diffusion/domestication des espèces et des plantes dépend davantage de facteurs sociaux que géographiques (exemple : café, bœuf, etc.). 3. Troisième critique : la grande divergence ○ La géographie est un facteur permanent et statique. Or, elle ne peut pas expliquer un phénomène récent et temporaire comme la grande divergence. ○ La géographie n’explique ni le timing, ni l’origine du phénomène. ○ Exemple : Corée du Nord et Corée du Sud, où une même géographie donne lieu à des écarts de développement. La culture et les thèses culturalistes Thèse culturaliste Certaines cultures seraient plus propices au développement. Schéma : ○ Cultures → Valeurs → Performance économique Max Weber : ○ Le protestantisme promeut des valeurs favorisant le capitalisme (individualisme, rationalisme, éthique du travail, frugalité, créativité, liberté). ○ Ces valeurs auraient permis le développement de régions comme l’Europe. Critiques des thèses culturalistes 1. Catégories vagues ○ Les catégories culturelles (ex. : religion) manquent de pertinence. ○ Les désaccords et différences de valeurs rendent l’analyse incertaine. 2. Lien culture-développement inversé ○ L’histoire montre que le développement économique influence la culture, et non l’inverse. ○ Exemple : Travailler dur n’implique pas forcément une prospérité économique durable. Dans certains pays, un travail acharné peut limiter le développement faute de progrès technique. 3. Biais de confirmation ○ Les culturalistes sélectionnent des éléments confirmant leur thèse tout en négligeant les autres. ○ Exemple : On associe le confucianisme au travail acharné pour justifier le développement en Asie. 4. La culture évolue ○ Contrairement à ce que supposent les thèses culturalistes, la culture change avec le temps et le niveau de développement. ○ Exemple : La perception de la culture japonaise a évolué avec le développement économique du pays. ○ Plus un pays devient riche, plus de nouvelles valeurs comme la rationalité et la discipline émergent. CM 5 - 15/10/24 Lundi 14 octobre 2024 - 22h14 (3) Les institutions Le néo-institutionnalisme I - Qu’est-ce qui incite les individus à investir ? Les individus se comportent en fonction des règles du jeu imposées par la société. Bonnes institutions : elles incitent les individus à adopter un bon comportement, ce qui entraîne une croissance positive. Mauvaises institutions : elles incitent les individus à adopter un mauvais comportement, ce qui bloque la croissance. II - Critiques Les institutions qui favorisent la croissance : ○ Droits de propriété : ils incitent à investir. ○ Économie de marché inclusive : associée à une démocratie libérale et à l’État de droit, elle protège les investisseurs et stimule leur engagement. Critiques principales : ○ La relation supposée entre institutions et prospérité n’est pas univoque. ○ L’histoire semble indiquer une causalité inverse : lorsque les pays deviennent riches et développés, ils adoptent de bonnes institutions (et non l’inverse). ○ Approche parfois anachronique : exemple de la Corée du Sud, qui, malgré une dictature militaire (institution perçue comme défavorable), a connu un développement économique fulgurant en 5 décennies. (4) Une approche alternative L’élément commun à ces théories est que la révolution industrielle est perçue comme une rupture radicale et rapide. Cette rupture s’apparente à une révolution technologique due à des inventeurs de machines ayant mené au progrès technique. Pourquoi autant de progrès à cette époque ? Facteurs avancés : bonne culture, institutions favorables, géographie adaptée. Schéma simplifié : Cause première (culture, institutions, géographie) → Progrès technique → Croissance économique Cependant, il est important de noter que la révolution industrielle n’est pas un processus rapide mais graduel, s’étalant sur une longue période (cf. graphique du cours). La croissance précède le progrès technique, et non l’inverse. Question clé : Que se passe-t-il dans les sociétés anciennes qui provoque de la croissance ? Chapitre 3 : Le monde de l’ancien régime préindustriel La dualité du monde préindustriel Citation du cours : « Ce qui caractérise l’époque, c’est que deux mondes coexistent : l’un très traditionnel et l’autre très dynamique. » I - Un premier monde quasi-immobile : des sociétés agraires 1. L’ancien régime biologique Population peu nombreuse : en 1400, 380 millions d’habitants dans le monde (équivalent à la population actuelle des États-Unis). Démographie fluctuante, mais équilibrée sur le long terme : ○ Poussées démographiques suivies de reflux. ○ Causes principales des reflux : seuils de capacité nourricière, guerres, maladies. À partir du 18e siècle : amélioration des conditions de vie → phases de poussées démographiques non suivies de reflux. Espérance de vie inégale : ○ Les riches bénéficient d’une espérance de vie légèrement plus élevée. ○ Toutefois, ils ne sont pas épargnés par les conditions de vie difficiles (maladies, forte mortalité infantile). ○ Au 17e siècle, 20 à 25 % des bébés meurent. 2. Les pesanteurs de l’agriculture Agriculture : secteur dominant dans l’économie (80 % de la population y est employée). Richesse rattachée à la terre : placements fonciers et immobiliers (forêts, châteaux, palais). Culture céréalière dominante : ○ 800 g à 1 kg de céréales par jour, consommation moyenne par individu. ○ Les céréales nécessitent 10 fois moins de surface que la viande. Faibles rendements agricoles : ○ Moyenne de 5-6 grains récoltés pour 1 grain semé. ○ Causes : techniques agricoles rudimentaires, outils simples, manque de fumier. 3. Un fait urbain minoritaire Société majoritairement rurale : 80 % de la population travaille dans l’agriculture. Urbanisation limitée : ○ Villes les plus peuplées (80 000 à 500 000 habitants) représentent seulement 1 % de la population mondiale en 1400. ○ Exemple : sur les 25 villes les plus peuplées, 9 sont chinoises. ○ Travail urbain limité à l’artisanat et aux fonctions religieuses. Limites à l’urbanisation : ○ Faibles rendements agricoles → difficultés à nourrir les villes. ○ Transports lents et peu développés : Terrestres : chemins rudimentaires, déplacements à pied ou à cheval, courrier prenant plusieurs mois. Maritimes : plus rapides mais irréguliers, soumis aux intempéries. 4. Une économie de marché peu développée Logique marchande peu répandue : ○ Production principalement destinée à l’autoconsommation. ○ Paysans autosuffisants, échangeant des services ou des aides plutôt que de l’argent. Marchés : ○ Marché élémentaire (halles) : vente de produits en mains propres, négociations ponctuelles. ○ Boutiques : ouvertes quotidiennement. Cloisonnement des marchés : segmentation régionale en France. CM du 05/11/24 6 Mardi 5 novembre 2024 10:32 II - Un autre monde en mouvement : le commerce au loin (1) Les routes de la soie et des épices Le commerce de biens de luxe ou exotique trouve ses racines dans l’Antiquité. Le premier produit de luxe international de l’histoire est la soie chinoise. Cette marchandise rare est utilisée comme monnaie d’échange à l’international, et la Chine, seule à savoir la produire, joue un rôle central dans ce commerce. Les épices, comme le poivre indien, sont également des biens de luxe populaires dans le commerce exotique, tout comme la porcelaine chinoise. Ces produits relient l’Orient à l’Occident. Mais qu’échangeait l’Occident en retour ? Il s’agissait de métaux précieux, notamment de l’or, utilisés pour acheter des produits de luxe comme la soie et les épices. Les pays de la péninsule arabique échangeaient des dattes et des aromates, tandis que les pays d'Afrique échangeaient de l'ivoire et des esclaves. Le commerce au loin existe depuis l’Antiquité. L’expansion de la Chine vers l’Ouest, à travers la création des routes de la soie, marque un tournant. La Chine établit des liens diplomatiques et commerciaux avec certains États voisins, créant ainsi ces routes commerciales historiques. (2) La circulation : marchandises, techniques, religions et épidémies Les inventions chinoises circulent également sur ces routes. Pour récupérer une technologie qu’un pays ne maîtrisait pas, la Chine utilisait des prisonniers de guerre qu’elle installait pour transmettre le savoir nécessaire. La religion, comme l’Islam, se propage le long de ces routes. La Peste Noire, quant à elle, se diffuse grâce aux réseaux commerciaux du 19e siècle, suivant les traces des routes de la soie, de l’Asie vers l’Occident. (3) Les rôles des diasporas de marchands Prenons l'exemple de Marco Polo, qui se rendit en Chine grâce aux fameuses routes de la soie. Les marchands, qui se déplaçaient en caravanes armées pour transporter des marchandises précieuses, devaient connaître les routes et maîtriser plusieurs langues. On les appelle des diasporas, car ils sont liés entre eux par une langue, une ethnie ou une religion commune. Il existait ainsi des quartiers musulmans, turcs, etc. Les principaux marchands de l’époque étaient les sogdiens (actuel Ouzbékistan), ainsi que les Arabes, les Turcs et les Juifs. Ces marchands jouaient également un rôle politique : ils étaient sollicités par les souverains pour transmettre des messages ou escorter des personnalités. Ils agissaient aussi en tant que banquiers, en gérant et transférant des fonds. Par ailleurs, ils jouaient un rôle religieux en propageant des religions comme l'Islam et le bouddhisme. (4) Un monde polycentrique Le système mondial ou afro-eurasien était structuré autour de cinq régions centrales qui dominaient les périphéries. Ces régions centrales, grâce à leur densité de population, leur maîtrise de certaines techniques, leur position géographique ou leur force pure, faisaient pression sur les pays périphériques. Aucune puissance unique ne dominait le monde à cette époque ; il existait plusieurs pôles de pouvoir. L’Europe, à l’époque, était une périphérie géographique et économique, n'ayant pas encore la position centrale qu'elle occupera plus tard. IV - La longue marche vers le capitalisme Le commerce au loin se développe rapidement et de manière efficace, transformant les sociétés et le monde en général. Cette évolution mène à l’apparition du capitalisme, marqué par une société en mutation et un développement du commerce accru. II - La première mondialisation (1) Les facteurs à l’origine de l’expansion européenne Les routes terrestres du commerce avec l’Orient deviennent incertaines et coûteuses. Plusieurs facteurs expliquent cette évolution : La Peste Noire entrave les réseaux commerciaux. L’effondrement de l’empire mongol, le plus grand empire de l’histoire, complique le commerce sur les routes terrestres. Après sa fragmentation au 14e siècle, le commerce sur ces routes devient plus difficile. En 1453, la prise de Constantinople par l’empire ottoman ferme l'accès de la Méditerranée à l’Asie et rend le commerce terrestre encore plus compliqué. Le commerce devient alors monopolisé, notamment par Venise, qui contrôle le commerce en Méditerranée. Un dernier facteur est la pénurie de métaux précieux en Europe, alors que la Chine en recherche, ce qui bloque les échanges commerciaux. Face à ces difficultés, les pays à l'extrémité de l'Europe (Portugal, Espagne) commencent des conquêtes pour rechercher des routes alternatives et des métaux, des épices, etc. Cela marque le début de l’expansion européenne. (2) La rivalité hispano-portugaise (15e et 16e siècle) L’Empire portugais se dote d'une académie maritime et développe des techniques navales. Après plusieurs explorations, le Portugal devient le premier à contourner le cap de Bonne-Espérance et à atteindre l’Inde en 1488. Ils s'introduisent dans les réseaux commerciaux asiatiques par la force et cherchent à les monopoliser. Christophe Colomb, quant à lui, tente de trouver une route occidentale vers l’Asie. Son voyage, financé par la reine de Castille, l'amène aux Bahamas, où il pense être arrivé en Asie. Les Portugais découvrent le Brésil en 1500 et, après l’arrivée des Espagnols et des Portugais, on assiste à une chute démographique massive due aux maladies infectieuses et à la traite des esclaves. (3) La redistribution des cartes Les compagnies commerciales fondées par des marchands investissent massivement avec le soutien de l'État. Ces compagnies, soutenues financièrement par l'État, jouent un rôle central dans l’organisation du commerce et l'expansion économique. CM du 12/11/24 7 Mardi 12 novembre 2024, 10:34 (3) La lutte pour la suprématie (XVIIe - XVIIIe siècle) Passage d’un monde polycentrique à un monde unipolaire (1500 à 1775). Cette mondialisation va donner naissance à un nouveau modèle économique : le capitalisme. II. (1) La révolution de la consommation La première conséquence est l’importation des biens de luxe asiatiques grâce au développement des échanges internationaux (ex : textiles indiens avec motifs peints à la main ou imprimés avec des techniques manuelles). Ces produits seront utilisés pour décorer les maisons puis pour s’habiller par la suite, tels que la porcelaine chinoise et les objets en laque. En plus de ces produits de luxe asiatiques, des produits exotiques vont arriver en Europe et se mondialiser, comme le thé, le café, le chocolat. Cela entraînera une augmentation de la consommation de sucre et de tabac. Ces produits sont cultivés dans les zones tropicales et sont des substances très addictives qui vont s’intégrer rapidement dans le quotidien des Européens. Initialement réservés aux élites, ces biens vont se démocratiser. On assiste alors à une révolution de la consommation, qui débute dès le début du XVIIe siècle. La consommation va naître en tant que telle, une grande partie de la population va consommer plus de biens qu’auparavant, et la consommation va devenir plus accessible à de plus en plus de couches sociales. La classe moyenne va se développer et adopter des pratiques de consommation, souvent par imitation des classes supérieures. Les classes inférieures vont chercher à consommer des biens auparavant réservés aux classes supérieures. Une partie de la société va chercher à s’affirmer par la possession d’objets (vêtements, accessoires, meubles), modifiant ainsi les rapports à l’argent. L’élargissement de la consommation est facilité par la baisse des prix des biens de luxe, rendant leur acquisition plus facile. Cette baisse des prix est due à l’imitation locale des biens de luxe asiatiques produits en Europe, qui sont vendus moins cher, augmentant ainsi la consommation. Dans le cas des produits exotiques, ils sont produits dans les Amériques par des esclaves, ce qui contribue également à la baisse des prix. Cet élargissement de la consommation va entraîner une évolution des modes de vie. L’invention du petit-déjeuner avec des produits tropicaux comme le thé, le café, le chocolat consommés avec du sucre. De plus, une nouvelle manière de vivre se développe dans la maison, avec l’introduction de nouveaux meubles (tables, cuisine, etc.) et de nouvelles manières de s’habiller. Les historiens utilisent les inventaires après décès pour estimer les biens des personnes. La liste des biens s’est agrandie, incluant des miroirs, des couverts, des vêtements, etc. (2) D’où vient l’argent qui permet à cette consommation de s’élargir ? En plus de la révolution de la consommation, il va y avoir une révolution industrielle. Il y a de plus en plus de ménages qui souhaitent posséder de nouveaux biens, donc de plus en plus de personnes vont travailler pour les acquérir. On passe d’une économie domestique à une économie marchande. Dans les ménages paysans, beaucoup de ménages n’étaient pas rémunérés : la femme confectionnait des vêtements, du savon pour la consommation de son foyer. La proto-industrie représente la première étape du capitalisme. Les marchands vont passer des commandes dans le cadre des foyers paysans, apportant des matières premières pour fabriquer du textile. Les femmes vont se mettre à travailler le textile pour des marchands afin d’obtenir une rémunération monétaire. La production est réalisée pour l’échange, monétisation des échanges. Production, rémunération, consommation, extension du marché forment un cercle vertueux. Des marchés vont également se former dans les Amériques et en Afrique. Les Amériques se spécialisent, par la colonisation, dans une économie de plantation, produisant un seul type de produits (monoculture). Ces produits vont être exportés en Europe en échange de revenus servant à l’importation en Europe. L’Afrique se spécialise dans la production d’esclaves, qu’elle exporte vers l’Europe. Une économie intégrée se forme autour du bassin atlantique : le commerce triangulaire entre l’Europe, l’Amérique et l’Afrique. La division du travail à l’international est renforcée par les politiques mercantilistes. Les exportations des colonies doivent aller vers la métropole, et si les colonies veulent importer, cela doit se faire par la métropole. Toutes les marchandises doivent passer par la métropole et inversement. Création d’un marché commun : les colonies britanniques sont rattachées à l’économie britannique, et les autres colonies se rattachent à ce marché commun via le commerce colonial. Par exemple, la Grande-Bretagne va être en lien avec les Pays-Bas grâce au lien commercial entre leurs colonies respectives. Le dynamisme de l’économie atlantique profite à la France, la Grande-Bretagne et les Pays-Bas. La Grande-Bretagne est dominante car elle possède un plus grand nombre de colonies. Pour certains historiens, c’est l’une des raisons de la révolution industrielle en Grande-Bretagne. (3) De la révolution industrielleuse à la révolution industrielle Dans un premier temps, la croissance est liée aux techniques traditionnelles, puis une autre forme de croissance apparaît, poussée par le progrès technique. L’industrialisation commence par une première phase, la croissance extensive ou smithienne. On produit plus car on travaille plus. Cette croissance repose sur la division du travail. Une seconde phase, la croissance intensive ou schumpétérienne, survient. Grâce au progrès technique, la révolution industrielle se met en place avec le développement des machines et la concentration du travail dans les usines (système de la factory). Le progrès technique n’est pas un deus ex machina. Il y a des insuffisances de l’ancien mode de production : machines et production usinière. La pression de la demande ne peut pas être satisfaite par le système protocolaire industriel. Problème 1 : L’augmentation de la demande nécessite une mobilisation toujours plus grande de travail dans le cadre proto-industriel, mais les réserves de travail inutilisé sont limitées. La solution : inventer des machines pour économiser du travail (ex : machine à filer, amélioration de la machine avec la machine à vapeur). Problème 2 : La qualité des produits et la discipline de la main-d'œuvre. La production à domicile ne permet pas de contrôler les travailleurs. Il y a des problèmes de qualité des produits et de vol des matières premières. La solution : passer à la production usinière. Le progrès technique devient ensuite cumulatif, avec la propagation du progrès technique, où les mécanismes de goulots d’étranglement jouent un rôle. Le cercle vertueux de la croissance schumpétérienne : progrès technique → gains de productivité → baisse des prix → extension de la consommation → production à plus grande échelle → boucle. CM du 19/11/24 - Mardi 19 novembre 2024 I- Le long XIXe siècle (1780-1914) La "grande divergence" 18e siècle : Les trois zones les plus peuplées – Europe, Chine, Inde – ont un niveau de vie moyen similaire. 19e siècle : Apparition de la "grande divergence" entre les pays qui s'industrialisent et ceux qui stagnent. 20e siècle : L'écart se creuse davantage entre les pays industrialisés et les autres. Plusieurs groupes de pays 1. L’Angleterre 2. Les pays qui s'industrialisent avant la Première Guerre mondiale : presque toute l'Europe, les États-Unis, le Japon. 3. Les colonies et semi-colonies 4. Les Amériques (hors États-Unis) et dominions L’hégémonie britannique et le tournant libre-échangiste Après son développement, le capitalisme britannique cherche à dépasser le cadre national. Sous l'Ancien Régime, l'Angleterre protège sa production nationale par des politiques protectionnistes. 1849 : Tournant protectionniste avec l'abolition des "Corn Laws" et la promotion du libre-échange. Les capitalistes britanniques souhaitent baisser le coût des salaires pour augmenter les profits. Une lutte s'intensifie entre les représentants des propriétaires terriens, favorables au maintien des "Corn Laws", et ceux des capitalistes industriels, menés par David Ricardo, qui s'opposent à ces lois pour favoriser l'importation de blé. Confiance totale dans l’industrie britannique : L’Angleterre détient 65% de l’industrie manufacturière mondiale avec seulement 2% de la population mondiale, sacrifiant son agriculture pour développer son industrie. Une brève parenthèse libre-échangiste en Europe (30 ans) En France : Napoléon III abolit la majorité des barrières douanières en 1860, suivie progressivement par d’autres pays d’Europe de l’Ouest. Cependant, cette parenthèse se referme autour de 1879 avec des politiques protectionnistes favorisant l’importation de techniciens et la rattrapage technologique. Des dynamiques de rattrapage sous protection : les États-Unis 1812 : Guerre anglo-américaine et début de la politique protectionniste aux États-Unis. Division entre le Sud (agricole et libre-échange) et le Nord (industriel et protectionniste). Le Sud, ayant des échanges commerciaux avec l’Angleterre, soutient le libre-échange, tandis que le Nord, moins développé sur le plan agricole, mise sur l’industrialisation via des politiques protectionnistes. Guerre de Sécession : Conflit principalement axé sur l’unité du pays, et non seulement sur l’esclavage. Le Nord, victorieux, impose ses idées en matière d'industrialisation et devient le pays le plus protectionniste du monde, avec des droits de douane de 40 à 50%, ce qui permet un rattrapage rapide de l’Angleterre, vers 1860-1870. Le résultat Industrialisation sous protection : L’Europe, les États-Unis et le Japon connaissent des taux de croissance supérieurs à ceux de la Grande-Bretagne entre 1860 et 1870, avec des secteurs comme le textile, la métallurgie (fer) et la construction de chemins de fer en forte expansion. Bien que l’industrialisation soit inégale, l’écart avec l’Angleterre tend à se réduire. Les colonies Première vague de colonisation par l’Europe, débutant avec les grandes découvertes. À partir de 1870, une nouvelle vague de colonisation (Allemagne, Belgique, Italie, Japon) se développe. 1914 : Le partage du monde est quasiment achevé. Les semi-colonies Certains pays restent formellement indépendants, tels que la Chine, l'Empire ottoman et la Perse. Cependant, leurs gouvernements sont mis sous tutelle par des traités, entraînant une perte de souveraineté et des conditions économiques imposées : Ouverture des frontières aux produits étrangers et investissements occidentaux. Cession des droits d'exploitation des ressources minières. Perte de souveraineté sur certains ports et villes. Endettement contraint, entraînant la remise de la gestion des finances publiques à des créanciers étrangers. Exemples de l'Inde et de la Chine : Inde : Un grand exportateur de produits de qualité au 18e siècle, notamment des textiles. Le "British Raj" détruit son artisanat et interdit tout développement industriel. Chine : Subit deux guerres de l’opium (1839 et 1856). Après leur défaite, la Chine est livrée aux intérêts économiques étrangers, avec des concessions économiques et une perte de contrôle sur une grande partie de son territoire. Les Amériques et dominions : l’exportation du capitalisme européen Les pays d’Amérique latine et les dominions n’ont pas de politique de rattrapage mais subissent une forte ouverture de leurs frontières. Ces régions connaissent une spécialisation agricole ou minière, menant à une extraversion de leurs économies. Bien que cela crée des pôles de richesse, il n’y a pas de véritable développement national ou de lien avec d’autres secteurs économiques. En résumé : 1. Pays en cours d’industrialisation : Des politiques industrielles et protectionnistes pour rattraper leur retard. 2. Colonies et semi-colonies : Destruction des industries locales et blocage du développement industriel. 3. États indépendants mais faibles : Ces pays dépendent de l’Europe pour leurs activités primaires sans développement national réel, avec des sociétés polarisées, dominées par des élites aux intérêts proches des pays développés. À la fin du XIXe siècle, l’écart de richesse entre le "Tiers-Monde" et les pays industrialisés atteint un ratio de 1 à 3 (les pays industrialisés étant trois fois plus riches). II- Le premier XXe siècle (1920-1970) L'exceptionnel premier XXe siècle (1914-1970) Une période de croissance sans précédent, marquée par les "Trente Glorieuses". Augmentation des écarts de richesse entre les "pays développés" et le "Tiers-Monde". Diminution des inégalités internes dans la plupart des pays, à l'exception des pays d’Amérique latine. La "belle époque" (fin du XIXe-1914) Période de prospérité, portée par une phase de mondialisation. Tarifs douaniers relativement stables, bien que élevés. Stabilité monétaire internationale grâce au "Gold Standard", avec des taux de change constants. C’est cet ordre mondial, selon Keynes, qui est menacé par la paix de Versailles. CM du 26/11/24 – Mardi 26 Novembre 2024 La rupture monétaire Après-guerre, les États doivent choisir s'ils rétablissent la convertibilité-or et à quel niveau. Avant la guerre, les États s’étaient refusé la liberté de fixer la valeur de leur monnaie. À partir de 1918, les États vont fixer la valeur de leur monnaie selon la perception de leur « intérêt national ». Les bolcheviks changent de monnaies et répudient les « emprunts russes », abandonnant la monnaie qui primait sous le tsar russe. La question monétaire et la stabilité sont mises de côté. Les autres gouvernements rétablissent la convertibilité-or, mais à des niveaux différents : ○ Grande-Bretagne : réintégration de l’étalon-or et rétablissement de la convertibilité des livres sterling. Effet négatif pour les industries britanniques mais positif pour la finance, car taux de change très élevé. ○ France : rétablissement de la convertibilité-or sous Poincaré, mais à un niveau bien moindre. La rupture commerciale Au niveau commercial, l’ordre ancien ne s’effondre pas immédiatement. ○ Retour quasi complet au statu quo ante de 1923. ○ La plupart des restrictions quantitatives aux échanges (issues de la guerre) sont levées (exporter et importer librement). ○ Les droits de douane sont rétablis au niveau d’avant-guerre. ○ Entre 1924-1929, le commerce mondial progresse de 6 % par an. Effondrement final dans les années 1930 : Crise de 1929 : Chute des prix internationaux, montée du nationalisme économique, dévaluations fortes. Chute des flux de marchandises et de capitaux. Une conséquence inattendue de la rupture des années 1930 Les capitalismes sont contraints de se replier sur leurs territoires respectifs. Cela constitue une des causes de la croissance exceptionnelle d’après-guerre. Mais cette croissance nécessite une condition supplémentaire. La transformation des ouvriers en consommateurs Les ouvriers doivent pouvoir consommer une plus grande part des richesses produites. ○ Ford et Hitler : les ouvriers doivent pouvoir s’offrir une automobile (Ford T / Volkswagen). ○ L'État commence à intervenir sur le partage de la valeur ajoutée, le PIB étant partagé en revenus (New Deal aux USA et Front Populaire en France). L’après-guerre : la consommation de masse Pour vendre à l’ensemble de la population, il faut standardiser la production. ○ Peu de standardisation : le Ford T (1908) reste un bien de luxe pendant longtemps. ○ Se développe après-guerre pour la majorité de la population. Les USA : la consommation de masse dès les années 30 Aux USA, cela commence dès les années 30. ○ 40 % des foyers ont la radio en 1930, contre 83 % en 1940. ○ 70 % des foyers ont l’électricité en 1940. Le cas de la France : la consommation de masse dans l’après-guerre Entre 1954 et 1974, le taux d’équipement des ménages en machines à laver passe de 8 % à 72 %. Réfrigérateurs : 3 % à 91 %. Téléviseurs : 1 % à 86 %. Arrivée du gaz dans les années 1960, de l’électricité et de l’eau courante dans les années 1970. ○ Changements radicaux en une génération. La croissance « autocentrée » de l’après-guerre : un cercle vicieux Production de masse → Générer des gains de productivité → Partage « équilibré » de la valeur ajoutée → Augmentation des salaires (au même rythme que la production) → Consommation de masse → Augmentation des investissements → Production de masse. Cercle vertueux engendrant une croissance. C’est l’âge d’or du capitalisme où tout le monde était gagnant. Le compromis social n’était pas fait au détriment du profit. Un accroissement sans précédent de la richesse moyenne Cercle vertueux → Taux de croissance exceptionnels. Entre 1950-1974, la richesse moyenne par habitant augmente : ○ 2 % par an aux USA. ○ 7,7 % par an au Japon. ○ 4,8 % par an en Allemagne. ○ 4 % par an en France. ○ Réduction des inégalités. La situation dans le reste du monde : l'Union soviétique Développement industriel important au cours de la période : ○ Croissance et industrialisation dans les années 30, collectivisation des terres, industrie lourde. ○ Après la fin de la guerre civile (1921), le taux de croissance dépasse celui des pays capitalistes. ○ En à peine 2 générations, l’URSS devient une puissance industrielle, alors que le capitalisme russe était encore faible et subordonné aux capitalismes européens avant 1914. La situation dans le reste du monde : Amérique latine et Dominions Dans les années 30, ces pays se replient également sur leur territoire. ○ Capitalismes extravertis (agro-exportations), avec de faibles noyaux d’activités industrielles. ○ Chute des prix des matières premières → Politiques d’industrialisation sous protection dans certains pays. ○ Les Dominions (hors Afrique du Sud) rejoindront les pays industrialisés, mais échec en Amérique latine, qui rejoint le “Tiers Monde” dans les années 1950. Pas d’intégration économique des classes ouvrières (sociétés très polarisées). Reprise du commerce international à la fin des années 40 → relance le développement extraverti. Petite taille des marchés intérieurs pour produire sur une échelle suffisante. La situation dans les colonies et semi-colonies jusqu’aux indépendances Avant les indépendances, pas vraiment de développement économique. Explosion démographique : ○ Baisse de la mortalité infantile : diffusion de méthodes d’hygiène et de soins de base (ex. lavage des mains par les médecins lors des accouchements). ○ Maintien des taux de natalité. ○ Enormes besoins d’investissement (infrastructures, urbanisation, éducation) → Phénomènes de bidonville (entassement dans les villes, villes polluées, sales…). Les écarts de richesse se creusent au cours de la période : ○ Entre 1900-1953, le PIB par tête croît de 0,4 % par an dans les colonies, contre 1,47 % pour les pays développés. ○ L’écart de richesse passe de 1 à 3 (1900) à 1 à 5,5 (1953). CM du 03/12/24 - Après les indépendances : des traits communs dans le Tiers-Monde Vendredi 29 novembre 2024 - 09:24 1. Croissance démographique et écarts économiques La croissance de la population continue d'accélérer, doublant entre 1953 et 1990 (x2,3). Les taux de croissance sont importants, mais l'écart avec les pays industrialisés continue de se creuser. ○ En 1990, le ratio entre les pays industrialisés et ceux du Tiers-Monde est de 1 à 8, illustrant l'accélération de la grande divergence. 2. L'éclatement du Tiers-Monde depuis les années 70 La crise mondiale des années 70 provoque une divergence marquée entre les pays du Tiers-Monde : ○ Certains pays connaissent une croissance soutenue, tandis que d'autres s'effondrent. ○ Ces différences reflètent les succès relatifs des politiques de développement mises en œuvre. 3. Le cas des “Dragons” asiatiques (Corée, Taiwan, Singapour, Hong Kong) Depuis les années 60, ces pays connaissent des taux de croissance très rapides grâce à des dynamiques d’industrialisation extraverties. ○ Initialement, l'exportation de biens manufacturés (textiles), puis une évolution vers des produits à contenu technologique croissant. ○ Conjoncture favorable : ouverture des marchés des pays riches à leurs exportations. ○ Toutefois, cette stratégie n’est pas généralisable à l’ensemble du Tiers-Monde : Si tous les pays exportaient la même quantité de biens/habitant, cela couvrirait la totalité des besoins de consommation des pays développés, ce qui entraînerait une désindustrialisation générale. 4. La période récente (1970-2020) : la mondialisation Cette période est généralement qualifiée de mondialisation "néo-libérale". Les points de vue sont partagés : certains soutiennent la mondialisation plutôt de droite, tandis que d'autres la critiquent. 4.1. Plusieurs vagues de globalisation La mondialisation connaît plusieurs vagues importantes : ○ Les grandes découvertes à la fin du 15ème siècle. ○ La "belle époque" à la fin du 19ème siècle et jusqu'en 1914. 4.2. Phénomènes centraux de la dernière vague La "nomadisation" des capitalismes occidentaux remonte aux années 50. ○ Contrairement à l’idée reçue, l’internationalisation commence dès les années 50. ○ C’est le commerce entre pays industrialisés qui se développe rapidement, bien que partant d’une situation de faible ouverture à cause des répliques des années 30. 4.3. Commerce interbranche et libéralisation progressive Entre 1950 et 1970, l’essentiel du commerce international est un commerce interbranche. ○ 2 raisons principales : 1. Supériorité industrielle des États-Unis, rendant l'Europe et le Japon incapables de produire autant de biens. 2. Les pays du Tiers-Monde restent principalement exportateurs de matières premières, créant peu de concurrence internationale. Un mouvement de "nomadisation" progressif, favorisé par des États qui abaissent les barrières douanières et facilitent les mouvements de capitaux et de marchandises. ○ Cependant, ce processus reste lent face à des demandes intérieures croissantes. 4.4. De la complémentarité à la concurrence Entre 1953 et 1974, plusieurs pays rattrapent leur retard économique : ○ Le PIB/habitant du Japon passe de 25% à 82% de celui des États-Unis. ○ La France passe de 59% à 92%, et l'Allemagne de 50% à 84%. Cela est facilité par des "missions de productivité" du Plan Marshall, où des cadres européens étudient les méthodes de production des industries américaines. La convergence technologique et le changement de nature du commerce international : ○ De l’échange interbranche vers un commerce intra-branche (ex : Boeing vs Airbus). ○ Les entreprises s'attaquent désormais aux marchés intérieurs d’autres firmes, ce qui transforme les capitalismes sédentaires en systèmes nomades et concurrents. 4.5. La rupture du cercle vertueux de la croissance autocentrée Les gouvernements des pays riches s’adaptent rapidement à cette rupture : ○ Passage des politiques keynésiennes à des politiques d’offre, visant à améliorer la compétitivité. ○ Poursuite de la libéralisation commerciale et des flux de capitaux. ○ Indépendance des banques centrales, axées sur le ciblage de l’inflation. 5. L’émergence de l’Asie Les "Dragons asiatiques" ont déjà été évoqués, mais l’émergence de la Chine et de l'Inde est un phénomène majeur des 40 dernières années. ○ Ces deux pays ont atteint la "frontière technologique" dans plusieurs domaines, avec la Chine en tête pour des secteurs comme la 5G. ○ Cependant, leur PIB/habitant reste encore loin de celui des États-Unis. 6. Constitution d’un territoire national doté d’un État souverain et fort Phase de "modernisation" de la société dirigée par l'État : ○ L'Inde : Colonisée, l’Inde s'émancipe progressivement avec des dynasties industrielles émergentes et des élites formées en Grande-Bretagne. L’indépendance est obtenue sans guerre ouverte, bien que la partition entre l’Inde et le Pakistan provoque une violence interne. ○ La Chine : Processus d'indépendance plus complexe, marqué par des guerres civiles et étrangères, suivi de la guerre contre l'occupant japonais. L'indépendance est obtenue après 1949, avec un territoire national consolidé. 7. Phase de "modernisation" rapide À l’indépendance, les deux pays s'engagent dans la voie socialiste (Mao en Chine). Les socialismes sont différents, mais les deux pays poursuivent une phase de modernisation rapide dirigée par l'État, avec des progrès dans : ○ L'éducation ○ La santé et la nutrition (en Chine, les années 50 sont marquées par des famines, mais l'espérance de vie passe de 36 à 64 ans en 30 ans). ○ L'industrialisation : entre 1950 et 1979, le PIB de la Chine double. 8. Insertion de la Chine dans l’économie mondiale Phase 1 : Création de zones économiques spéciales en 1979, en parallèle avec les entreprises publiques. Phase 2 : Forte expansion dans les années 1990-2000, rendant la Chine l’"atelier du monde" grâce à un afflux massif d’investissements étrangers. ○ Production pour réexportation de produits à faible coût et faible valeur ajoutée. ○ Une fois cette phase d’assemblage initiale franchie, la Chine entame un rattrapage technologique. Exemple : ○ Phase 1 : Assemblage de produits électroniques avec des composants venant de Taiwan et du Japon. ○ Phase 2 : Construction d’usines de fabrication de puces, avec un partenariat avec IBM. ○ Phase 3 : La Chine contrôle désormais l'ensemble de la chaîne de production, produisant des puces à partir de 9,4% du total mondial en 2010 contre 3% en 2003. Compte Rendu du 10 décembre 2024 L’Inde s’internationalise grâce aux services L'Inde est devenue un acteur majeur dans le domaine des services, notamment grâce à son secteur informatique. Les années 1990 ont vu les "cerveaux" expatriés aux États-Unis revenir fonder leurs entreprises, telles qu'Infosys et Satyam, souvent en s'appuyant sur des contrats avec leurs anciens employeurs. Ce secteur a connu une croissance annuelle de près de 40% dans les années 2000. Secteur des biotechnologies Le secteur des biotechnologies en Inde bénéficie des infrastructures existantes, telles que les grands laboratoires publics et le système national d'innovation. Ces atouts ont permis à l'Inde de développer ce domaine en s’appuyant sur des partenariats internationaux. L’Inde : De la prestation de services à l’industrie Le processus de transformation de l'Inde s'est accéléré avec un passage du secteur des services à l'industrie. L'Inde a adopté un modèle basé sur le partenariat « donnant-donnant », où les partenaires étrangers sont utilisés comme point d'entrée sur le marché indien, offrant une production à bas coût et à forte productivité, tandis que les entreprises indiennes acquièrent la maîtrise des nouveaux processus industriels. Exemple de Mahindra et Mahindra Mahindra et Mahindra, un conglomérat indien, est un exemple de cette transformation. Initialement impliqué dans l'assemblage de tracteurs et de jeeps, l'entreprise a voulu se lancer dans la construction automobile. Après un premier partenariat avec Ford, qui lui a permis de transférer des technologies, Mahindra a mis fin à la collaboration, racheté des brevets et lancé ses propres modèles de véhicules. Ce processus a illustré l'ascension de l'Inde dans la chaîne de valeur mondiale. L’émergence de l’Asie : Conclusion Les pays asiatiques ont profité de la « nomadisation » des capitalismes occidentaux et japonais pour adopter des stratégies de croissance fondées sur les exportations. Ce phénomène a entraîné un transfert massif de technologies, accélérant leur rattrapage économique. La mondialisation a d’abord profité aux pays occidentaux les plus développés, mais certains grands pays asiatiques en ont également tiré profit, transformant les rapports de force économiques à l'échelle mondiale. De la fin de l’histoire à la fin du monde unipolaire (Fin des années 1980 – 2020) Avec la fin de la guerre froide et l’effondrement de l’URSS en 1989, l’écrivain Francis Fukuyama a proclamé la « fin de l’histoire », marquant l’ère de la suprématie mondiale du capitalisme. Ce phénomène a entraîné la formation d’un monde unipolaire dominé par les États-Unis. Le consensus de Washington, formulé par John Williamson, préconisait l’adoption d’un modèle économique libéral par les pays en développement, avec des politiques libérales imposées par le FMI. Cependant, cet ordre a été mis à l'épreuve par les guerres de Yougoslavie en 1991 et l'invasion de l'Irak en 2003 par les États-Unis, qui ont agi sans mandat de l'ONU, illustrant la volonté de maintenir leur position dominante, au mépris du droit international. La crise mondiale de 2008 a marqué un tournant, mettant en lumière les fragilités du système économique global. La mondialisation financière La globalisation financière a permis l'internationalisation des systèmes financiers, avec un axe central entre les États-Unis et l'Europe, formant un "axe transatlantique". L'internationalisation du système financier peut être comparée à une toile d'araignée, où une crise dans un pays impacte l'ensemble du système. Par exemple, le surendettement des États-Unis a eu des répercussions mondiales, affectant les économies interdépendantes. Titrisation La titrisation est un processus où des actifs financiers, comme des prêts ou créances, sont transformés en titres financiers pouvant être vendus à des investisseurs. Cela permet aux institutions de lever des fonds tout en transférant les risques financiers. Le Brexit et l’élection de Donald Trump en 2016 Ces événements ont été des symptômes de la mondialisation. Le Brexit a marqué une rupture avec l'UE, tandis que l’élection de Donald Trump a symbolisé une forme de rejet des institutions mondiales et de retour à une vision plus nationaliste. L'essor de la Chine et la reconfiguration des rapports de force Le RCEP (Regional Comprehensive Economic Partnership) représente aujourd’hui 1/3 du PIB mondial et de la population mondiale, constituant le plus grand partenariat économique global. La Chine, par le biais de l’Organisation de coopération de Shanghai et des Nouvelles Routes de la Soie, renforce sa position sur la scène mondiale, s’imposant comme un acteur incontournable du commerce international. La Chine est passée de 5% à 35% de la production mondiale entre 2000 et 2020, se rééquilibrant avec les États-Unis. Le plan « Made in China 2025 » vise à faire de la Chine un leader mondial dans des technologies de pointe, telles que les drones, les véhicules électriques, les batteries au lithium, et les véhicules aériens autonomes. En 2020, la Chine surpasse les États-Unis en termes de brevets dans 37 des 44 technologies critiques. L'ONU prévoit que la Chine représentera 45% de la production mondiale d'ici 2030, tandis que les États-Unis ne devraient représenter que 11%. Cette évolution suggère la fin de l’ordre unipolaire dominé par les États-Unis et l’émergence d’un monde multipolaire, avec la Chine en tête.

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