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ULB Université Libre de Bruxelles
Léa Leemans
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This document examines the history of education, from early schools to modern universities. It analyzes alternative conceptions of education and the evolution of educational systems and theories. The document discusses various aspects of education, including equality, gender inequality, and the relationship between science and religion in education. This document provides a historical overview of education.
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[DATE] [NOM DE LA SOCIÉTÉ] [Adresse de la société] Table des matières Chapitre 1 : La forme scolaire des apprentissages 3 Introduction : Quelques repères terminologiques 3 Les écoles avant le 12èm...
[DATE] [NOM DE LA SOCIÉTÉ] [Adresse de la société] Table des matières Chapitre 1 : La forme scolaire des apprentissages 3 Introduction : Quelques repères terminologiques 3 Les écoles avant le 12ème siècle 4 Les mutations au 12ème siècle 4 Les premières universités 6 La création des collèges 8 Le concept de forme scolaire 10 Extension de la forme scolaire à l’enseignement primaire 11 Avantages et inconvénients de la forme scolaire 13 Chapitre 2 : Conceptions alternatives à la forme scolaire 15 Conceptions alternatives émergeant à partir de la Renaissance 15 Conceptions alternatives au 18ème 17 Le courant de l’éducation nouvelle 19 Chapitre 3 : L’égalité (mythes et réalités) 29 À l’origine : Des structures inégalitaires 29 Fondements de l’idée d’égalité 29 Mythe de l’égalité scolaire 29 Dénonciation du mythe 29 Les différentes conceptions de l’égalité 31 Conclusions (inégalités sociales) 38 Chapitre 4 : Les inégalités selon le genre en matière d’éducation 40 Remarque préliminaire 40 Aperçu historique 40 Quelques constats actuels 42 Quelques pistes d’explication 45 La sensibilisation des enseignants à la dimension genre 48 Conclusions 48 Chapitre 5 : L’enseignement secondaire 50 Passage des savoirs scientifiques aux savoirs scolaires 50 Réflexion sur la nature de la science 51 Réflexion pédagogique (cohérence entre méthodes d’enseignement et 55 conceptions de la science véhiculées aux élèves ?) En guise de conclusion… 57 Capsule vidéo : Les critères de démarcation entre sciences et croyances 58 religieuses Chapitre 6 : L’enseignement supérieur 61 Les missions de l’enseignement supérieur et les différents types 61 d’enseignement supérieur Réflexion générale sur l’évolution de l’université et ses défis 62 Les modalités d’enseignement à l’université 64 Léa Leemans ౨!⋆˚。⋆ 1 L’apprentissage à l’université et les facteurs de réussite 65 Chapitre 7 : Introduction à la recherche en éducation 70 Brève introduction à la recherche en éducation 70 Brève introduction au thème de la diversité 70 Colonialité des savoirs et injustice épistémique 73 Petit tour d’horizon des conceptions de l’enseignement et de 74 l’apprentissage Jean Piaget 74 Lev Vygotsky 76 L’influence de la pensée constructiviste en éducation 80 Arguments théoriques : L’approche cognitive de l’apprentissage 80 Position de Gauthier et al. : Quelle pédagogie au service de la réussite de 83 tous les élèves ? – Un état de recherche Critique de la position de Gauthier et al. (Parquay, 2007) 86 Notes 88 2 Chapitre 1 : La forme scolaire des apprentissages Buts du cours et organisation : Se doter de cadres de référence permettant de mieux comprendre les fondements, enjeux et problématiques actuelles de l’éducation. ® Formation universitaire. ® Formation humaine. Portefeuille de lecture disponible au PUB. Introduction : quelques repères terminologiques 1. Éducation < ex + ducere = Guider, conduire hors, élever. ® Passer à un état de nature à un état de culture. ! Différent de « seducere », « subducere », « seductio » = Tirer, séparer, emmener à part, notamment emmener vers soi. La séduction est l’inverse de l’éducation. < champ sémantique : Développement ® Éducation ® Formation. L’éducation est un aspect du développement qui correspond à une action intentionnelle. « Socialisme méthodique de la jeune génération » (Durkheim). Définition un peu datée, tous les enseignants/parents n’ont pas forcément de méthode mais doivent avoir une intention. ® L’action éducative renvoie à 3 dimensions (en interaction) : Politique / psycho-sociale / liée aux savoirs et à leur évolution. Toute forme d’éducation renvoie à un projet politique implicitement ou explicitement. Pas même éducation dans un milieu démocratique que dans un milieu dictatoriale. 2. Sciences de l’éducation 1ère approche : Ensemble des disciplines qui s’intéressent à l’éducation. Cependant, également émergence de savoirs nouveaux. Léa Leemans ౨!⋆˚。⋆ 3 « Lieu rigoureux où s’organise la confrontation des savoirs, des pratiques et des finalités en matière d’éducation » (Charlot, 1995). Visée théorique / pratique. ! Sens plus large que « pédagogie ». Les écoles avant le 12ème siècle Pourquoi le 12ème siècle ? Parce que c’est là que se développe les premières universités. D’abord les universités, puis les collèges et c’est là que se développent la « forme scolaire des apprentissages ». Disparition des écoles romaines + recul du latin et de l’écrit. Plus on est proche de Rome, plus on a la chance d’exister encore. Invasions germaniques, nouvelles langues comme l’ancien français. On rentre + dans des sociétés de droit coutumier et de droit oral. ® Grande majorité de la population est analphabète. Un acteur social va vouloir créer l’école : Le pouvoir ecclésiastique (notamment pour la formation des moînes). Charlemagne, lui, a créé des centres de formations uniquement destinés à ses fonctionnaires. Création d’écoles : ¬ Monastiques. ¬ Paroissiales = Catéchiser les enfants. ¬ Cathédrales = Former les futurs prêtres. ® Niveau de formation ? Dans certains cas, très faible. Dans d’autres cas, foyers intellectuels où on confronte la foi (de la Bible) la pensée (de certains auteurs grecs). La plupart des monastères sont à un niveau intermédiaire. Priorité de conservation de savoirs plutôt que création de savoirs nouveaux. Les mutations au 12ème siècle 1. Contexte géo-politique Entre le 10ème et 12ème siècles : Période de relative stabilité, les invasions ont cessé. 4 Conséquences ? ¬ Relative amélioration des conditions de vie. ¬ Croissance démographique. ¬ Développement des villes. ¬ Développement des échanges commerciaux et culturels. Avec d’autres régions de l’Occident et aussi avec le monde arabo-musulman. 2. Urbanisation et corporations Mutations sociologiques. Notamment, avec la création de nouvelles villes. Avant : Régime féodal basé sur qqun qui dépend d’un autre. Maintenant : Corporations ® + égalitaire. Buts ? Garantir le monopole dans l’exercice de l’activité professionnelle, éviter concurrence entre les membres d’une même corporation… = Fonction économique. + Pouvoir important dans les villes. + Fonction de solidarité entre les membres. Statuts ? Maître (qui possède la boutique ou l’atelier, a dû produire un chef d’œuvre) / compagnon (travailleurs salariés) / apprenti (jeunes qui aspirent à devenir compagnon, à apprendre un métier). // maitre (prof d’université, a fait une thèse), compagnon (assisant), apprenti (étudiant). Max. 6 - 8 apprentis. Modalités d’apprentissage ? Échange de serment : Le maître apprend un métier à l’apprenti en échange l’apprenti travaille pour lui. S’agit + d’une éducation que d’une simple formation pcq l’apprenti est logé chez le maître, il y est nourri-logé-blanchi… comme l’enfant de la famille. Différences par rapport à la forme scolaire ? Corporations Forme scolaire Lieu de production. Lieu d’apprentissage ® Droit à l’erreur. Ordre des activités, logique de production. Logique d’apprentissage ® Progressivité. Apprentissage par observation, imitation, Discours explicite. imprégnation. L’apprenti loge chez le maître, le maître n’a L’étudiant ne loge pas chez le prof, le prof a pas plus de 8 apprentis… beaucoup d’étudiants... Léa Leemans ౨!⋆˚。⋆ 5 3. Échanges commerciaux et culturels Développement des échanges. Conséquences ? ¬ Développement de l’écrit profane (à des fins autres que religieuses). Écoles qui se créent en dehors de l’autorité de l’Église. ¬ Connaissances nouvelles issues du monde musulman. ® Redécouverte des auteurs grecs. Doubles traductions vers la langue arabe-syriaque, puis de l’arabe vers le latin. ® Science arabe. Par exemple, en médecine, en astronomie, en algèbre… = Science écrite en langue arabe. ¬ Relative désacralisation. Vaut la peine de découvrir des nouveaux savoirs, la vie sur Terre a un intérêt ++ et ne se résume pas à la vie religieuse. = « Pré-renaissance ». Les premières universités 1. Origines Bologne (+/- 1190). Étudiants qui choisissaient leur propre maître. Pq ? Ville portuaire importante, juriste/notaire/… = profs et les élèves (svt aussi intellectuels) choisissaient le professionnel qui leur semblaient le + adéquat. Paris (+/- 1200-1215). Étudiants qui se sont regroupés auprès de maîtres réputés. Oxford (+/- 1214). Remarque (dans d’autres contextes culturels et religieux) : – Al Quaraouiyine (Fès, Maroc, +/- 859) : Mosquée et plus tard, centre d’enseignement (droit islamique, religion…). – Al-Azhar (Caire, Égypte, +/- 988). – Chine impériale : Examens pour « mandarins ». Les mandarins étaient recrutés sur base d’examens. 6 2. Organisation Comment fonctionnaient les premières universités ? ¬ Communautés de maîtres et d’étudiants. Hétérogénéité des âges, public exclusivement masculin. = Communauté d’intellectuels pour certains, d’un peu plus avancés pour d’autres. Fê à l’université à partir de fin 19ème – début 20ème. ¬ +/- statut de corporation. 2 critères qui les distinguent : Dépendent des tribunaux ecclésiastiques et pas des tribunaux civils, critère de territorialité pas respecté (élèves et profs de pays différents). ¬ Autonomie ? Conflits avec les pouvoirs locaux. À Paris, avant : Évêque = autorité principale en matière d’enseignement. À Bologne : Conflits avec les autorités municipales. À Oxford : Conflits entre les étudiants et les bourgeois de la ville. Solution : Se placer sous la protection du pape. Avantages, inconvénients ? Garantit un certaine forme d’autonomie intellectuelle. Crée une dépendance des intellectuels de l’époque par rapport à l’Église. 3. Formations Types de formations : ¬ Facultés supérieures : Théologie, droit, médecine. Études purement théoriques, l’Église interdisait la dissection des corps. Pq ? Jugement dernier, Dieu ressuscitera les morts. ¬ Faculté des arts (= faculté préparatoire). Trivium : Grammaire, rhétorique, philosophie. Quadrivium : Géométrie, arithmétique, astronomie, musique. En commun = Notion de mesure. Méthodes d’enseignement : Lectures, commentaires, disputes. Enseignement essentiellement oral. Différences par rapport à la forme scolaire ? ¬ Pas de programmes, ni répartition en années. Léa Leemans ౨!⋆˚。⋆ 7 Juste étape finale : Le doctorat. ¬ Un même cours peut être suivi plusieurs fois. ® Pas de progressivité. ® Durée des études très variable. La création des collèges 1. Création Se développent à partir du 13ème. Sens du mot « collège » ? Assemblée de personnes qui ont certaines compétences qu’elles gèrent ensemble. Lieu de logement, ramène à la notion de « kot ». Lieu de logement ® Lieu d’enseignement. Évolution en 3 temps : a) Présence d’activités pédagogiques au « kot ». Activités de répétitions, suffrages… b) Préceptorat vis-à-vis de plus jeunes. c) Lieu d’enseignement à part entière. ex. : Winchester (14ème siècle). 2. Évolution vers la forme scolaire ¬ Jéromites (15ème siècle). – 8 niveaux successifs. On ne passe une année supérieure que si on a réussi l’année inférieure. ® Notion de « classe » = Construction sociale apparue à un moment donné. – Tentent de concilier foi et humanisme. ex. : Zwolle. Comptait 1200 élèves. ¬ Accentuation de la discipline. Réforme et contre-réforme = Développement du protestantisme + réaction de l’Église catholique. Pourquoi la réforme (contexte) ? Église en état de délabrement à la fois intellectuel (pas assez formé) et moral. Martin Luther (moîne) entre en rébellion >< Église catholique pcq traffic des 8 indulgences (qd une personne était vertueuse +++, l’Église pouvait donner une sorte de « titre » = réduction de peines au purgatoire ® Commencées à être vendues pour renflouer les caisses ® Choquant d’un pdv moral !). En quoi consiste-t-elle ? – Lien personnel entre le croyant et Dieu (sans la médiation d’un clergé). Sans la médiation d’un clergé qui remet les pêchés, de la vierge Marie, des saints… – Accès aux Écritures. – Une « certaine » liberté d’interprétation (pour une partie du protestantisme) ® « Libre-examen ». >< argument d’autorité dans la recherche de la vérité. = L’ère libérale du protestantisme, pas le même aujourd’hui (+ littéral, pris au pied de la lettre). Contre-Réforme ? Réponse de l’Église catholique. Met fin aux abus les plus flagrants. Réaffirmation doctrinale. Création d’écoles. // protestants. ® Réforme et contre-réforme vont tous deux dans le sens d’une moralisation. On considère qu’il faut discipliner les élèves pour assurer leur salut. ¬ Jésuites. Fondation : I. Loyola, 1540 = Militaire, décide de combattre le protestantisme non pas par les armes mais par une formation de haut niveau. Règle des études (1599) : – 5 classes successives et emploi du temps très précis. Progressivité très détaillée. – Place de la religion très importante. Journée commençait par une messe, les cours par une prière, tout était très réglé selon la religion. – Discipline (® peu de châtiments corporels, mais contrôle des consciences). Directeur de conscience auprès duquel les élèves devaient de temps en temps se confesser, rendre des comptes… Contenus (cf. texte de G. Compayré) : – Sélection de textes de l’Antiquité latine. Souvent peu contextualisés. Léa Leemans ౨!⋆˚。⋆ 9 Valeur « intemporelle ». Expurgés de contenus jugés licencieux, on supprimait les trucs « choquants » jugés immoraux. – Textes de la tradition catholique. – Très peu de sciences. Utilisation large de l’écriture. Enseignement en latin. Pourquoi ? Langue de la religion catholique. Langue de communication internationale. Universalité. Coupure par rapport à la société. Le concept de forme scolaire Remarques préliminaires : Concept socio-historique. Vise à appréhender la manière dont l’école a eu progressivement tendance à concevoir et à organiser les apprentissages. Il résulte d’un processus d’abstraction sur base des caractéristiques et évolutions observées. Il peut être utilisé comme grille de lecture, par ex. pour situer des conceptions alternatives. Remarque : Importance prise par la forme scolaire des apprentissages au cours du temps. 1. La didactisation ¬ Décomposition du savoir, des actes intellectuels et progressivité. On apprend d’abord à lire les lettres, puis les mots, puis les phrases… ¬ Discours explicite. ¬ Savoir codifié. Dans les collèges, programme donné par un spécialiste de l’enseignement. >< dans l’université, le professeur est un spécialiste de sa matière mais pas de l’enseignement. ¬ Enseignement collectif (le plus souvent). ¬ Corps de spécialistes de l’enseignement. 10 2. La clôture scolaire, par rapport à : – La production. Permet le droit à l’erreur. – La vie sociale, l’actualité. On évoque uniquement des textes latins, catholiques… – (La langue usuelle) ® Paradoxe… Ressemble fort à la vie monastique coupée du monde et pourtant on dit que c’est la meilleure manière de se préparer à la vie en société ? En les coupant du monde, on va développer une certaine autonomie morale/… qui va leur être utile et les rendre bien armés le jour où ils intègreront la société. 3. Conception de l’enfance Allongement (cf. Ph. Ariès). Pendant longtemps, enfant jusque 6/7 ans puis mélangé aux adultes. ® Avec l’introduction de la « forme scolaire », la période de l’enfance = toute la scolarité. Relative dépréciation. Protection tout comme déconsidération. Enfant considéré comme devant être discipliné. Même règle disciplinaire peu importe qu’il soit noble ou pas noble. ! Grand changement ! Extension de la forme scolaire à l’enseignement primaire 1. Introduction La « forme scolaire » va s’étendre aux petites écoles très tard (fin 17ème siècle). ® Comment fonctionnaient-elles avant ? ® Pourquoi et comment la forme scolaire a-t-elle été introduite ? 2. Fonctionnement des « petites écoles » Caractéristiques : ¬ Paroissiales (but catéchétique + lecture, calcul, écriture). Léa Leemans ౨!⋆˚。⋆ 11 ¬ Payantes (® fréquentation très limitée). La majorité de la population était analphabète. ¬ Enseignants non professionnels et non formés. = Généralement, jeune ecclésiastique qui fonctionnait comme fonctionnaire du curé ou un laïc. L’enseignement n’était qu’une activité parmi bcp d’autres dans sa charge. Pratiques pédagogiques ? ¬ Pas de local spécifique pour l’école. ¬ Public très hétérogène (4 à 14 ans à peu près). Parfois, mixte. Mais souvent ça ne l’était pas. ¬ Très peu de matériel pédagogique. Rares écrits qui existaient à l’époque étaient de textes religieux, actes notariés… ® Pas très adaptés à des petits enfants. ¬ Enseignement non collectif. Succession d’échanges individuels. Grave inconvénient : Bcp de temps morts. ¬ Discipline très sévère. ¬ Pas de formation des enseignants. 3. Évolution vers la forme scolaire ex. : Frères des écoles chrétiennes (J.B. de La Salle, 1694). = Enseignement gratuit pour enfants pauvres. Pourquoi ? Raisons : – Humanitaires. Pour pas que les enfants soient abandonnés dans les rues, se livrent à de la mendicité, des petits vols… – Religieuses. S’inquiétaient que ces enfants ne reçoivent pas le catéchisme. Ne pas se faire dépasser par les protestants. – Volonté de contrôle social. Changement de mentalité à l’époque : Au M-Â, être pauvre = idéal volontaire de sainteté, mais à cette époque les personnes pauvres sont des personnes qui peuvent menacer l’ordre public. – Comportements de production. // Révolution industrielle. 12 Formation des maîtres ® Frères. Envie que ce soient des instituteurs qui le restent tout au long de leur vie professionnelle. Différence avec les prêtres ? Les frères sont des religieux qui prêtent les vœux traditionnels mais ne pourront jamais s’occuper d’une paroisse,… ¬ Enseignement simultané (progressivité apprentissages). Classe divisée en bandes et chaque bande était associée à un niveau d’apprentissage. Pas encore 100% collectif parce que très hétérogène. ¬ Religion omniprésente. ¬ Discipline très sévère. Il y a des châtiments corporels assez fréquemment. Bcp de règles s’appliquaient aussi aux frères. Les règles de discipline étaient affichées sur le mur de la classe. Précaution prise pour que ce ne soit pas arbitraire. ¬ Enseignement français. Pourquoi ? – Durée de scolarité. Priorité au français dès le départ pour pas qu’ils quittent l’école tôt sans avoir appris le français. – Sens de l’activité de lecture. Pas juste pour participer à un rite religieux. Imprimerie a été inventée. ® Lire et écrire devient + important et pas juste religieux. – Proche de la création de l’Académie française par Richelieu, volonté d’imposer une langue unificatrice % langues régionales de l’époque. AVANTAGES ET INCONVÉNIENTS DE LA FORME SCOLAIRE 1. Didactisation Ordre progressif + discours explicite = cool mais morcellement. ® Déficit de sens. Les élèves ne voient pas comment ce qu’ils apprennent aujourd’hui est nécessaire à ce qu’ils apprendront demain… ® Dépendance au jugement du maître. 2. Clôture Léa Leemans ౨!⋆˚。⋆ 13 Protection + droit à l’erreur mais déficit de motivation. Paraît éloigné des préoccupations du monde extérieur / de la famille… Remarque importante : Déficit de sens et déficit de motivation → Problèmes de discipline. 3. Statut de l’enfance Protection + dépréciation. 4. Conséquences ? Avantages → Généralisation de la forme scolaire. Inconvénients → Développement de conceptions alternatives. 14 Chapitre 2 : Conceptions alternatives à la F.S. Conceptions alternatives émergeant à partir de la renaissance 1. La Renaissance : Contexte Qu’évoque la « re-naissance » ? Impression de vivre des changements importants, comme une « deuxième naissance ». La première naissance aurait été l’Antiquité. Donc, M-Â vu comme une « période obscure où il ne s’est rien passé ». ¬ Intérêt pour l’Antiquité. ¬ Humanisme. Placer l’être-humain au cœur des préoccupations, et la raison hû. ¬ Grandes découvertes. Amériques, contact avec de nombreux peuples, invention de l’imprimerie, de nouvelles horloges… ® Tentent de contrôler l’espace et le temps, et qq part à contrôler leur destin. Ils ne s’en remettent pas juste à la volonté divine. ¬ Guerres de religion. Protestants >< Catholiques. + inquisition, chasse aux sorcières… 2. La pensée éducative à la Renaissance Développement important des collèges et de la forme scolaire. Dvlpmt important des universités mais « crise » des universités et critiques sur le plan pédagogique. Critiques sur les contenus enseignés + critiques sur le plan pédagogique. Critiques et alternatives : ¬ V. Da Feltre = Précurseur. V. DA FELTRE – Auto-didacte, spécialiste notamment d’Euclide. 1378-1446 Dégoûté de l’enseignement qu’il a reçu au collège et à l’université. Léa Leemans ౨!⋆˚。⋆ 15 Prône de se confronter soi-même à la pensée des auteurs de l’Antiquité. – Opposé aux exercices mécaniques. – Opposé aux méthodes coercitives. – Précepteur de nombreux élèves. ¬ Érasme. – Érudit et humanisme. Connaît +++ de langues de l’Antiquité, a proposé une ÉRASME nouvelle traduction de la Bible. 1469-1536 – Prône émancipation intellectuelle, a un esprit sarcastique (« Éloge de la folie »). – Prône la tolérance. – Prône méthodes pédagogiques « libérales ». Accordent la liberté à des maîtres plutôt que des méthodes très strictes. ¬ Rabelais. – Soif de connaissance, forme d’« euphorie » de la Renaissance. – Ironie à l’égard des sophistes, de la pensée scolastique. Les sophistes utilisent des arguments fallacieux mais qui ont l’apparence du vrai. RABELAIS Pensée scolastique = Pensée propre à l’école qui ne rend pas 1494-1553 forcément compte du réel mais + de l’artificiel. – Intérêt pour l’observation, les sciences naturelles. ¬ Montaigne. – Prône une « tête bien faite plutôt que bien pleine ». – Critique les « pédants ». Synonyme de « pédagogue », « arrogant ». MONTAIGNE 1553-1592 – Intérêt pour les langues, les autres cultures. ® Tolérance. Tendances Tendancesgénérales générales: : ¬ Dénoncement ¬ Dénoncementabus abus(verbalisme, autorité…).. (verbalisme,autorité…) ¬ Cherchent ¬ Cherchentààdévelopper développerlalaraison raison, ,l’humanisme l’humanisme, ,l’émancipation intellectuelle, , l’émancipationintellectuelle lalatolérance tolérancepar par: : Une Uneculture cultureclassique classique(® (®apprendre penser).. apprendreààpenser) Une Uneouverture ouvertureauaumonde. monde. Une Unepédagogie pédagogie++««libérale libérale».». 16 3. Comenius = Philosophe et théologien protestant, fondateur d’écoles. Œuvre majeure : « Didactica magna » = L’art d’enseigner tout à tous et avec COMENIUS facilité. 1592-1670 Prône en partie la forme scolaire. ex. : Progressivité apprentissages. Critiques : « Trop de leçons, trop de par cœur » + opposé aux châtiments corporels. Introduit idées nouvelles : ¬ Exercices libres : « Autopsie » = Exercice intellectuel où on dissèque une question en dehors de toute autorité. « Autopraxie » = Pratique par soi-même / méthodes actives de recherches personnelles. Fondements ? Libre-examen, apprendre à penser par soi-même. ¬ Égalité. Fait aucune différence entre filles et garçons. Égalité en termes de conditions sociales + pense aux personnes handicapées. ¬ Tente de créer une « science » de l’éducation (connaissance processus de croissance, développement, évolution ® implication en matière d’enseignement). Conceptions alternatives au 18ème 1. Qu’est-ce que les « Lumières » ? « Sortie de l’Homme de sa minorité dont il est lui-même responsable (…) » < Kant. *Minorité = Incapacité à se servir de son entendement sans la direction d’autrui. = Apprendre à penser par soi-même, sans l’argument d’autorité. Raison + modernité >< Autorité + tradition ® ID de progrès (point de référence). Questionnement sur la nature humaine. Implications en matière de droit (va aboutir sur la notion de droits de l’Hô plutôt que commandements divins). Léa Leemans ౨!⋆˚。⋆ 17 2. La pensée éducative au 18ème siècle « Qu’est-ce que les lumières ? La sortie de l’Homme de sa minorité, dont il est lui-même responsable. Minorité, c’est-à-dire incapacité à se servir de son entendement sans la direction d’autrui, minorité dont il est responsable, puisque la cause en réside non dans un défaut de l’entendement, mais dans un manque de décision et de courage de s’en servir sans la direction d’autrui. Sapere aude ! Aie le courage de te servir de ton entendement. Voici la devise des lumières. » < Kant, 1784, cité par Laot, 1998, pp.29-30. Pratiques éducatives. Critiques, alternatives : Locke (philosophe empirique), Condorcet, Rousseau. ® « Éducation nouvelle ». 3. Condorcet = Philosophe, mathématicien, homme politique. « Esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain ». CONDORCET « Projet de Décret sur l’Instruction publique » (1792). 1743-1794 Veut instruction gratuite + obligatoire pour tous. « Offrir à tous les individus de l’espèce humaine les moyens de pourvoir à leurs besoins, d’assurer leur bien-être, de connaître et d’exercer leurs droits, d’entendre et de remplir leurs devoirs (…) » Finalités visées : ¬ Hommes libres, égaux, éclairés. ¬ Progrès des sciences. ¬ Progrès de l’humanité. ® Rôle fondamental de l’éducation. Assurer à chacun la facilité de perfectionner son industrie, de se rendre capable des fonctions sociales auxquelles il a le droit d’être appelé, de développer toute l’étendue des talents qu’il a reçue de la nature et par là établir entre les citoyens une égalité de fait, et rendre réelle l’égalité politique reconnue par la loi. Cultiver enfin, dans chaque génération, les facultés physiques, intellectuelles et morales, et par là contribuer au perfectionnement général et graduel de l’espèce humaine (…) tel doit être le but d’une instruction nationale ; et sous ce point de vue, elle est pour la puissance publique, un devoir de justice (…). 18 Ainsi l’instruction doit être universelle, c’est-à-dire s’étendre à tous les citoyens. (…) Elle doit, dans les divers degrés, embrasser le système entier des connaissances humaines, et assurer aux hommes, dans tous les âges de la vie, la facilité de conserver leurs connaissances ou d’en acquérir de nouvelles ». Idées clés : ¬ Pourquoi l’école ? Pourquoi un enseignement obligatoire et gratuit ? Raisons : Politiques (® égalité). Rendre réelle l’égalité politique prévue par la loi. Économiques. Offrir à tous les individus les moyens de pourvoir à leurs besoins, d’assurer leur bien-être. Développement personnel. Progrès humanité. Remarque : Il faudra attendre près d’un siècle pour un enseignement obligatoire et gratuit. ¬ Choix contenus ? Selon : Facultés de l’esprit ? Objets ? ® Progrès de l’esprit humain. ® Privilégie les mathématiques et les sciences. ¬ Autonomie à l’égard : – Politique. Peuvent se prononcer pour l’enseignement obligatoire fondamental. Mais autonomie des savants dans les universités. – Religions. Veut que les gens pensent par eux-mêmes. La religion crée des divisions (guerres de religion…). Fait partie de la vie privée mais l’école ne doit pas en traiter. L’école est un lieu qui rassemble, ID d’universalisme. Procès de Galilée : Église a voulu s’opposer au dvlpmt des sciences. Le courant de l’éducation nouvelle 1. Principaux auteurs Léa Leemans ౨!⋆˚。⋆ 19 ¬ Rousseau (1712-1778) = Philosophe. ¬ Pestalozzi (1746 - 1827) = Praticien. ¬ Montessori (1870 - 1952) = Professeur. ¬ Decroly (1871 - 1932) = Professeur. ¬ Dewey (1859 - 1952) = Professeur. ¬ Freinet (1896 - 1966) = Professeur. Idées et œuvres très différentes. Points communs : Contestent l’éducation traditionnelle + respect pour l’enfance. 2. Rousseau Œuvres : « Du contrat social » (1792) et « L’Émile » (1762). Vives contestations : Idées révolutionnaires + malentendus : – Idées : Mythe « bon sauvage » + anti-pédagogie. – Genre littéraire choisi. ROUSSEAU « L’Émile » = Une fable. → Plusieurs lectures possibles de Rousseau. ¬ Philosophie politique de Rousseau. Fondements du pouvoir ? (Qu’est-ce qui donne à un pouvoir sa légitimité ?). – Délégation divine. Tout pouvoir politique en découle, « monarchie de droit divin ». ® Il critique cette conception. – Inégalités « naturelles ». Normal que certains commandent et d’autres obéissent ® >< Locke. ¬ Implications : Finalités de l’éducation. – Projet politique. Faire advenir une société fondée sur un contrat social. – Liberté. – Humanité. Préparer l’être-humain peut importe où il se destine. ¬ Conceptions de l’enfance. – Bonté naturelle >< pêché originel. L’enfant né bon, c’est la société qui le corrompt. – Caractéristiques spécifiques. ex. : Ne pas raisonner trop tôt, dénonce l’excès de verbalisme… ¬ Moyens proposés. – Coupure entre l’enfant + son précepteur et le monde environnant. Léa Leemans ౨!⋆˚。⋆ 21 Raisons ? Société corrompue, prive l’homme de sa liberté. – Éducation « négative » (ne rien interdire, ne pas sanctionner, ne pas enseigner…). Paradoxe ! Malentendus… Confiance aveugle en la nature ? Que l’enfant pouvait se dvlp lui-même entièrement. Satisfaire le moindre caprice de l’enfant ? Raisons ? Se confronter à la « nécessité des choses ». Laisser l’enfant se confronter par lui-même à la conséquence de ses actes et comment remédier aux bêtises qu’il a causé. ® Aménager l’environnement qu’il soit éducatif pour l’enfant. Éviter que le rapport à la loi n’apparaisse arbitraire. Éviter qu’ils n’obéissent pour « faire plaisir à l’adulte » ou par peur de la sanction. ® L’enfant n’aurait pas compris la règle. ! Ceci n’est qu’une étape au sein de l’éduction. But ultime : Pouvoir formuler ses propres règles. ¬ Conclusions. Parallèle conceptions politiques et éducatives. Degré 1 : Soumis à ses impulsions ou à une autorité arbitraire. Degré 2 : Dépendant à nécessité des choses. Degré 3 : Capable de formuler ses propres règles. Question centrale : Éduquer à la liberté. Critiques… L’enfant n’aurait aucun repère, situation anxiogène. Paradoxal que ce soit en enfermant l’enfant que l’on arrivera plus tard à un contrat social. ID d’un précepteur est qqchose qui paraît assez archaïque (volonté d’un enseignement gratuit et obligatoire pour tous à cette époque). … Forme scolaire : Alternatives ? Conception de l’enfance ? Pour Rousseau, l’enfant est bon c’est la société qui le corrompt ≠ Pêché originel. Clôture ? Raison donnée à la clôture est différente. 22 Pour Rousseau, éviter que sa bonté soit corrompue. Pour la forme scolaire, soumission au péché originel pourrait donner en vie de faire des bêtises. Didactisation ? Aménager un environnement est la seule forme de didactisation chez Rousseau. 3. Montessori Remarques préliminaires : Les médecins éducateurs (ex. : J. Itard). Tentative d’éducation d’un « enfant sauvage ». Contexte : Début du 19ème, région rurale en France. Certaines personnes prétendent avoir vu un « animal sauvage » et veulent le capturer ® C’est un enfant qui ne parle pas, état de grande salubrité… Emmené à Paris chez un grand médecin aliéniste (= psychiatre). Considère que ce sera jamais possible de l’éduquer. Serait atteint d’idiotisme. Pourquoi J. Itard veut-il éduquer cet enfant sauvage ? Raison humanitaire, enjeux scientifiques. ® Est-il toujours possible d’éduquer une personne qui n’a jamais reçu d’éducation après un grand nombre d’année ? Voudrait lui donner le niveau d’éducation le + élevé. Comment ? – Des sens aux concepts (théorie de Condillac). – Associer objets/sons ; objets/graphisme. ® Semi-échec, car quand même très forte évolution. ex. de résultat : Le mot « lait » à valeur de signal mais pas de signe. L’enfant le reconnaît quand il le voit mais n’en parle pas quand le lait n’est pas présent. Intérêt de ce récit ? – Attention portée aux « handicaps ». – Pose une question centrale : Comment se construit le sens ? Illustre dérives d’un excès de didactisation. Montre l’importance de la relation humaine. – Influence sur plusieurs médecins éducateurs. ex. médecins éducateurs : Montessori et Decroly. Léa Leemans ౨!⋆˚。⋆ 23 ¬ Bibliographie. 1870-1952. Médecin et anthropologue, professeure en université à Rome. Spécialiste de l’éducation maternelle. MONTESSORI 1870-1952 ¬ Conceptualisation de l’enfance. Rejet de l’éducation traditionnelle ® Conflit adulte/enfant. L’adulte pense qu’il est de son devoir d’éduquer l’enfant. L’enfant ne le comprend pas forcément. Conséquences ? Sur le dvlpmt de l’enfant pdv cognitif et affectif. // Freud, ID dans l’ère du temps. ® Comment concilier liberté + éducation ? ¬ Buts de l’éducation. Plan de développement = Expression de la Nature + de la volonté de Dieu. ID pour l’éducateur de ne pas contrarier ce plan. On arriverait à un « homme nouveau » si actualise toutes ses potentialités et arrive à un développement affectif supérieur à la moyenne. ¬ Moyens. Influence Rousseau, Itard. – Coupure ® « Casa dei bambini » (maison des enfants). – Renoncer à l’autorité traditionnelle. cf. Éducation négative de Rousseau. – Aménager un environnement qui favorise le développement naturel de l’enfant. Jeux éducatifs : Qualités ? Libre choix (ni trop, ni trop peu de jouets). Être source d’auto-apprentissage. Respecter le rythme de développement. … ® L’enfant peut mesurer par lui-même ses progrès. Remarque : Différences très importantes par rapport à Itard. Il imposait une progression. – Favoriser l’attention et la concentration. 24 ¬ Critiques. + – Respect enfance, de son développement. Observations assez peu rigoureuses. < Témoignages impressionnistes assez subjectifs et pas du tout contrôlés. Pionnière en éducation maternelle. Amalgames sciences (évolutive) /religion. 4. Decroly ¬ Biographie. Médecin éducateur belge, a fait ses études à Gand, Paris et Berlin. 1901 : Institut d’enseignement spécial. 1907 : « École pour la vie, par la vie » (école d’enseignement ordinaire). DECROLY 1871-1932 ¬ Conceptions de l’enfance. – Inné/acquis. Conscient que les facteurs héréditaires peuvent jouer un certain poids. Conscient aussi que le milieu social joue. – « Besoins », liens entre intelligence et affectivité. L’apprentissage doit répondre aux besoins de l’enfant. ¬ Critiques de l’école traditionnelle. – Dénonce l’excès de discipline. Compare les écoles à des casernes sans vie. Conséquences ? Sur le dvlpmt intellectuel et affectueuse de l’enfant. – Inadaptation des programmes. Logique de l’adulte / besoins de l’enfant. Pas assez articulés. – Morcellement des apprentissages. – Dénonce verbalisme. Néglige l’éducation des sens, motrice, esthétique/artistique… ® Accorde bcp d’importance aux activités manuelles. ¬ Buts de l’éducation. Éducation globale ® Tête, cœur, corps. = Intellectuelle, affective et psychomotrice. Léa Leemans ౨!⋆˚。⋆ 25 « Pour la vie, par la vie ». Déjà une expérience de vie et pas juste une préparation à la vie. ¬ Moyens. « Globalisation ». Méthode globale : Apprendre directement des petites phrases, que l’on compare ensuite ensemble. Avant, c’était la méthode analytique. Prenait bcp de temps + dénué de toutes significations pour l’enfant. Centres d’intérêt : Trouve que trop de notions désorganisées. ex. : Thèmes (Carnaval, Noël…) ® Regrouper les apprentissages autour de centres d’intérêt. Observation / Association / Expression. ¬ Critiques. + – Donner du sens aux apprentissages. Critiques méthode globale. Éviter morcellement des apprentissages. Conceptualisation « empiriste » ? Ouverture sur la vie. Centres d’intérêt ? Peut donner lieu à des dérives. 5. Freinet FREINET ¬ Biographie. 1896-1966 A commencé des études d’instituteur interrompue par la guerre. Ensuite, reprend son métier animé par un sentiment anti-bellicisme. À la recherche de pratiques pédagogiques alternatives. Influence : Courant de l’éducation nouvelle (colloque en Suisse) + communisme. ¬ Conceptions de l’enfance et de l’apprentissage. - Tâtonnement expérimental ® Pas respecté par l’école. « Essais-erreurs ». - Libre-expression : Expression des émotions, doutes, envies… ® Continuité entre apprentissages « naturels » et l’école. ¬ Buts de l’éducation. 26 - Éducation « naturelle ». Projet social : Égalitaire (anti-élitiste) et +/- auto-gestionnaire. A rompu avec le communisme, en avait pressenti les dérives. ¬ Moyens. - Conseils de coopérative (sur le tapis). Discussion sur problèmes qui se posent, solutions à mettre en place… - Tâtonnement expérimental. Fiche de travail et progressent selon leur rythme. - Texte libre. Encourager les enfants à s’exprimer. - Correspondance inter-scolaire. ¬ Critiques. + – Ouverture sur la vie. Fondements scientifiques ? Dimension sociale : Projet de société clair et défini. 6. Synthèse, bilan ¬ Comparaison (convergences). Critiques école Propositions alternatives traditionnelle Conception de l’enfance Dépréciation % enfants. Respect. Autorité. « Liberté ». Clôture scolaire Clôture. +/- ouverture. Caractère artificiel des +/- naturel. apprentissages basés sur une logique adulte. Didactisation Morcellement. Globalisation. Verbalisme = Discours du Concret/sens. maître. « Passivité ». « Activité ». ® Passage de méthodes passives à des méthodes actives. Léa Leemans ౨!⋆˚。⋆ 27 ¬ Comparaison (divergences). Rôle de la nature + +/- Montessori Rousseau Decroly Dewey, Freinet (Pestalozzi) Coupure éducation / vie sociale + +/- Dewey, Freinet, Rousseau Montessori Decroly Pestalozzi ¬ Apports sur le plan. … des pratiques. – Effets directs limités. – Effets indirects nombreux mais diffus. … scientifique. – Apports directs très limités. – Mais influence sur le constructivisme. … de la réflexion axiologique. – Dignité de l’enfant. – Sens des apprentissages. – Questionnement critique. 28 Chapitre 3 : L(égalité (mythes et réalités) À l’origine : des structures inégalitaires Qui allait à l’école ? ¬ Écoles primaires ? Les enfants ni les plus pauvres (= l’école était payante), ni les plus riches (= ont leur propre précepteur). ¬ Collèges ? Bourgeoisie et petite noblesse. ¬ Universités ? Privilégiés mais pas forcément les + élevés au niveau social. Fondements de l’idée d’égalité 1. Précurseurs COMENIUS ¬ Comenius (1592-1670). ¬ Condorcet (1743-1794). CONDORCET ! Tous les deux prônent l’égalité mais pour des raisons sensiblement différentes. < Comenius : L’éducation = Bienfait, prolongement de l’œuvre de la nature, tout le monde doit en bénéficier. < Condorcet : Ajoute la dimension politique, égalité = égalité comme citoyens, pouvoir exercer toutes les fonctions. 2. Obligation scolaire En Belgique, vers 1914. Mythe de l’égalité scolaire Pourquoi parle-t-on de « mythe » ? Comme l’école est devenue obligatoire, on pourrait penser qu’elle est devenue égalitaire. ® Ce n’est pas le cas ! Dénonciation du mythe 1. « Rapport Coleman » (1966) Contexte aux USA : Discrimination raciste. Léa Leemans ౨!⋆˚。⋆ 29 Martin Luther King, Rosa Parks… Buts : Vérifier si les élèves ont les mêmes opportunités d’étude, quelle que soit leur « race, couleur, religion ou origine nationale ». Méthodologie : Très vaste enquête. – 650 000 élèves, 4000 écoles. – 5 niveaux de scolarité. 1ère, 2ème, 3ème primaires + 2 niveaux de secondaire. – Tests variés. Résultats : – Inégalités selon l’origine ethnique (dès le début de la scolarisation). Exception : Enfants d’origine asiatique. – Stabilité tout au long des 5 niveaux. – Effet d’agrégation. Conclusion, interprétation : « School makes no difference ». L’école ne permet pas de corriger les inégalités qui se maintiennent tout au long du parcours. Critiques ? – Inégalités ethniques cachent inégalités économiques. – « Neutralité » des tests ? – Sous-estimation variables liées à l’école. 2. Bourdieu et Passeron (1970) ® Théorie de la reproduction. Constat : Reproduction par l’école des inégalités sociales. BOURDIEU ET PASSERON 1469-1536 Explication ? « Habitus ». – Définition ? Dispositions psychiques à penser/agir qui se traduisent par des goûts, préférences, des styles de vie. ex. : Place donnée à la lecture dans la maison. – Propres à une personne ou à un groupe social. – S’acquièrent explicitement ou par « imprégnation ». Certains « habitus » sont plus valorisés que d’autres. 30 ® « Capital culturel ». ® Reproduction des inégalités : L’école fonctionne selon « habitus » des classes dominantes. « Violence symbolique » de l’école. Raisons ? Impose à tous les normes d’un groupe, en les faisant apparaitre comme seules légitimes. Exige « habitus » qu’elle n’enseigne pas explicitement. 3. Implication de ces deux recherches Paradoxe : Constats analogues, mais conclusions très différentes. ¬ Dans le 1er cas : Mieux adapter les élèves à l’école, sans la remettre en cause. ¬ Dans le 2ème cas : Remettre en question la légitimité de l’école. Explication ? Coleman répond à une commande, Bourdieu et Passeron ne répondent à aucune commande. + En France, remise en question + crise de la légitimité des institutions à cette époque. Moins présente aux États-Unis. … Conséquences ? ¬ Dans le 1er cas : Théorie des « handicaps socio-culturels », pédagogie compensatoire. ¬ Dans le 2ème cas : Réformes structurelles visant à rendre l’école plus égalitaire, notamment par un allongement du « tronc commun ». Les différentes conceptions de l’égalité 3 grandes conceptions < M. Crahay, 2000. ¬ « Égalité des chances ». ¬ « Égalité de traitement ». ¬ « Égalité des acquis ». Analyse selon 4 critères. Recherche d’indicateurs opérationnalisant ces critères. 1. L’égalité des chances Léa Leemans ౨!⋆˚。⋆ 31 ¬ Définition. < Crahay, 2000. On pose Existence de « dons », « aptitudes ». ≠ d’une personne à l’autre. On admet – Traitements inégaux. – Résultats inégaux. On dénonce Biais empêchant que le mérite soit le seul critère d’accès. Pas d’accès aux études par exemple pour les enfants défavorisés. On prône – Détection des « talents ». – Égalité d’accès à aptitudes égales. ¬ Critiques de la notions d’aptitude. Fondements ? Notion du sens commun. Danger ? Déterministe : Certains individus auraient certaines aptitudes et en fonction de ça devraient ê orientés vers tel ou tel métier + « la nature l’y destine ». ® Légitimer des inégalités sociales par un « naturalisme » ou « psychologisme ». ¬ Valeurs liées à l’égalité des chances ? Paradoxe : « Consensus » apparent (tout le monde va dire qu’il est en faveur de l’égalité des chances), mais pour des raisons très différentes. Implications en matière de conceptions de la justice ? Comment être juste ? Quelles sont les conceptions de la justice de l’école ? – Égalitaire. Égalité formelle : Rendre l’école obligatoire, allonger le tronc commun, admettre tous les étudiants à l’université sans examen d’entrée… – Méritocratie. Ceux et celles qui font le + d’efforts / réussissent le mieux gagnent des grades, des mentions… – Compensatoire. Si + de difficultés, il est normal que le système cherche à les aider (bourse d’étude, guidances…). = Manières d’être juste. ! Impossible d’être juste à 100%. 32 Poids différent selon systèmes éducatifs. ex. : Bourses d’études. Dans logique méritocratique, on peut leur supprimer si réussisse pas bien. Dans logique compensatoire, on peut penser qu’on ne la leur supprimera pas parce que leur échec peut être dû à bcp d’éléments. ® En fonction de quelle logique on favorise, on peut donc pas 100% ê justes. ¬ Indicateurs. + Diplômes de l’enseignement secondaire en Belgique (Eurydice, 2000). 22 ans ® 80%. 25-34 ans ® 75%. 55-64 ans ® 37%. Conclusion : Augmentation des taux de scolarisation, mais persistance des inégalités sociales. On voit qu’au fil du temps on a une augmentation de la proportion de personnes qui ont un diplôme de l’enseignement supérieur. 2. L’égalité de traitement ¬ Définition. On pose Capacité de tous à réaliser des apprentissages fondamentaux. On admet – Existence de dons ou aptitudes. – Résultats inégaux si traitements égaux. On dénonce Inégalités de l’enseignement (ex. : hiérarchie d’écoles, de filières…). On prône – Large tronc commun. – Moins d’inégalités entre écoles. ¬ Choix de valeurs et implications en matière d’égalité de traitement. Léa Leemans ౨!⋆˚。⋆ 33 Conceptions de l’ê hû : Égalité / différentialisme et inégalités ? Hô et fê sont égaux ? Méritent le même enseignement ? Conceptions du « vivre-ensemble » : « Universalisme » / « communautarisme » ? Rôle de l’école : Démocratisation / élitisme ? En faveur de l’égalité de traitement En défaveur de l’égalité de traitement – Égalité. – Différentialisme et inégalités. – « Universalisme ». – « Communautarisme ». – Démocratisation. – Élitisme. ¬ Mécanismes producteurs d’inégalités de traitement. Hiérarchie de filières1, disciplines2, établissements. Logique de tri, de sélection. 1 Souvent, la trajectoire est d’aller dans le général, puis si ça ne va pas d’aller dans le technique, et si pas dans le professionnel. ® Pas toujours fait/vu de manière positive. 2 Le latin/grec vu comme supérieur, … Importance du redoublement et des processus de « relégation ». Logiques de concurrence entre établissements. ex. : Van Zanten (1999) : Recherche d’élèves apportant une « valeur ajoutée » à l’établissement ® Accroissement des inégalités. Comparaison Paris – Londres (idem dans les deux cas). ex. : En Belgique : « Quasi-marché » lié à la double liberté1 de l’enseignement : – Inégalités très fortes de résultats entre établissements (ex. : enquêtes PISA réalisées tous les 3 ans depuis 2000). – Inégalités de recrutement social entre filières et établissements. 1 Choix de pouvoir se scolariser dans le laïque ou le libre (liberté de la « demande ») + liberté des établissements dans l’ « offre » / créer leur propre programme. 34 Indice socio-économique % élèves des différentes filières de l’enseignement. ¬ Enseignement spécial : Milieu très défavorisé. ¬ Enseignement primaire ordinaire : Toute origine sociale. ¬ Enseignement secondaire 1er degré différencié : Milieu défavorisé majoritairement. ¬ Enseignement professionnel 3e degré : Milieu défavorisé. ¬ Enseignement secondaire général 3e degré : Meilleur indice socio-économique. ® L’école reproduit les inégalités sociales. Parts de la variance des performances en sciences se situant entre les établissements et au sein des établissements. Importante inégalité entre les établissements. ® Explication de ces forces inégalités entre établissements (en particulier en Belgique) ? a) Quasi-marché scolaire lié à la double liberté d’enseignement. – Le choix d’un établissement ne se fait pas au hasard. – Les établissements sont typés scolairement et socialement. – Regrouper des élèves dans des écoles ou dans des classes en fonction de leur niveau augmente les inégalités. – Classes de niveaux et filières liées au « bons » et « mauvais ». ex. : Classes de niveaux (Duru-Bellat, Mingeat, 1997) ® Effet de « contexte » (CE2). Ouvriers Cadres français Français Étrangers Classes type 1 110 99 99 Classes type 2 108 97 96 Classes type 3 103 93 92 Remarque : Types définis selon la composition sociale de la classe (% de parents cadres). Léa Leemans ౨!⋆˚。⋆ 35 Il existe des inégalités selon le niveau social de l’élève + tenir compte de la composition sociale de la classe. Plus la proportion d’enfants de cadres est importante dans la classe, plus le niveau des élèves dans la classe va être + élevé. Rassembler entre eux des élèves de milieu défavorisé est le meilleur moyen pour que les choses ne s’améliorent pas. ® Favoriser la diversité. b) Une orientation/filiarisation précoce. « À chaque palier d’orientation, les enfants d’origine sociale défavorisée se présentent avec moins d’atouts que leurs homologues d’origine sociale favorisée. Ces différences de réussite entraînent des orientations dans des cursus scolaires différents. Mais, à chaque palier d’orientation, des élèves comparables, aux vues de leurs résultats scolaires et des possibilités associées, n’accèdent pas aux mêmes filières selon le genre et l’origine sociale. » (Nakhili, 2002, p.48). a) Une pratique intensive du redoublement et de la « relégation » entre filières. Proportion de jeunes de 15 ans ayant répété une année au moins (en primaire et/ou en secondaire). Belgique francophone a taux très élevé. Proportion d’élèves de 15 ans à l’heure (pas redoublement) et en retard (redoublement). Répartition des élèves à l’heure et en retard scolaire dans l’enseignement ordinaire de plein exercice en 2017-2018. 36 ! Moins d’1 élève sur 2 a réussi sa scolarité sans avoir doublé une fois. ¬ Mesures en faveur d’une plus grande égalité de traitement. – Obligation scolaire. – Gratuité. Contre la « hiérarchie des filières » Prévoir un large « tronc commun ». Contre le « redoublement » « Promotion automatique » (cf. aussi enseignement par cycles, différenciation, évaluation formative, aides…). Passer d’une classe à l’autre sans redoublement avec aides spécialisées. Contre la hiérarchisation des établissements « Carte scolaire ». Contre les classes de niveaux Classes hétérogènes. Contre la concurrence entre écoles Mécanismes de coopération (ex. : « bassins scolaires », Delvaux, 2008). Comparaisons internationales : Comment assurer plus d’équité ? – Promotion automatique / redoublements ? – Tronc commun / filières ? – Sectorisation / libre choix de l’école ? ® Effets combinés des 3 paramètres entourés pour assurer + d’équité. < Crahay. ® Suggestions : – Abolir ou limiter le redoublement. – Créer un tronc commun. – Sectoriser. 3. L’égalité des acquis ¬ Définition. On pose – Potentialités extensibles. – Rythmes différents. On admet Résultats différents (au-delà des compétences essentielles). On dénonce – Idéologie des dons. Léa Leemans ౨!⋆˚。⋆ 37 – Discriminations négatives. On prône – Égalité des acquis pour les compétences essentielles. – Discriminations positives. ¬ Contexte. – Désillusion des politiques de démocratisation (années 80). Au moins, « garantissons que tous élèves aient pu acquérir à l’école des compétences jugées essentielles ». – « Back to basis ». – Évolution conceptions psycho-pédagogiques. – Évolution : Obligation de moyens ® Obligation de résultats*. *ex. : Avocats à obligation de moyens mais pas de résultats, doit tout faire pour son client mais se peut que ça ne réussisse pas. Alors qu’un maçon à l’obligation du résultat mais pas du moyen d’y arriver. Différences de scores moyens en lecture entre les 25% d’élèves les moins favorisés et les 25% favorisés. Différences de scores moyens des élèves selon le statut par rapport à l’immigration. Différences de scores en lecture entre élèves natifs et immigrés. Conclusions (inégalités sociales) Facteurs tendant à être associés à l’« efficacité » (qualité) et à l’« équité » (enquêtes internationales). ¬ Une offre d’enseignement de niveau équivalent entre les établissements (et une composition sociale au sein de chaque établissement qui tend à refléter celle de la population). ¬ Un tronc commun étendu (afin de postposer les choix de filières et/ou orientations). 38 ¬ Une gestion des difficultés scolaires par des modalités qui évitent au maximum le redoublement. Mesures pour une plus grande égalité : ¬ Favoriser l’égalité des chances et l’égalité d’accès. ex. : – Réduire les inégalités socio-économiques. – Favoriser des dispositifs appropriés aux primo-arrivants. ¬ Favoriser l’égalité de traitement. ex. : – Accroître la mixité sociale et culturelle au sein des établissements. – Prévoir un tronc commun long. – Éviter, après le tronc commun, des filières cloisonnées et hiérarchisées (ex. : prévoir passerelles dans les deux sens). – Harmoniser les exigences évaluatives entre établissements. ¬ Favoriser l’égalité des acquis (et de traitement). ex. : Promouvoir des pratiques alternatives au redoublement et à la relégation. + Lutter contre les stéréotypes sociaux, culturels, sexistes, contre une certaine culture de « l’entre-soi »… Léa Leemans ౨!⋆˚。⋆ 39 Chapitre 4 : Les inégalités selon le genre en matière d=éducation remarque PRÉLIMINAIRE Importance de distinguer : ¬ Le sexe biologique. ¬ L’identité de genre = Comment chaque individu se définit (cisgenre / transgenre). ¬ L’expression de genre. ¬ Les orientations sexuelles. ® Tous ces aspects ne seront pas abordés dans ce chapitre. Aperçu historique 1. Les clivages traditionnels entre rôles masculin et féminin Infériorité du statut de la femme : En Grèce2, à Rome3, le mythe d’Adam et Eve4, lors de la Révolution française5 (cf. Olympe de Gouge), dans le code Napoléon6… Le combat des femmes pour des droits citoyens (S. Hasquenoph, 2000). ¬ 1791 : Non exclusion des femmes des droits de succession. ¬ 1907 : Droit de la femme de disposer librement de son salaire. ¬ 1920 : Adhésion possible à un syndicat sans autorisation maritale. ¬ 1938 : Suppression de l’incapacité civile féminine (pcq considérée à ce moment-là comme une mineure d’âge). ex. : Inscription possible des fê à l’université, sans autorisation obligatoire de leur mari. ¬ 1944 : Droit de vote des femmes. ¬ 1965 : Droit de la femme mariée d’ouvrir un compte à son nom et d’en disposer librement. 2 Ne pouvaient pas avoir accès à la citoyenneté : Les esclaves, les étrangers et les femmes. 3 Principe de la toute puissance du pater familias. 4 Eve serait une « excroissance » d’Adam + serait la pêcheresse/tentatrice qui incite à manger le fruit défendu. 5 Déclaration des droits de l’homme ne concernait pas les femmes, Olympe de Gouges a écrit une Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne. 6 Sexiste et machiste < Droit romain. 40 ¬ 1970 : Autorité parentale partagée (le père n’est plus le chef de famille). Remarque : 4 vagues de mouvements féministes. Vagues qui se chevauchent largement. 2. Implications en matière de scolarisation Fréquentation scolaire longtemps plus faible chez les filles. On considérait que les efforts en éducation devaient être cantonnés aux garçons. Accès aux « savoirs savants » très tardif. ex. : Au 19ème siècle, dans les pensionnats conventuels : Éducation religieuse + « arts d’agrément » (couture, musique, danse, chant, piano…). But : Former des mères et maîtresses de maison. ® Quelques étapes dans la scolarisation des filles : – 16ème (contre-réforme). ex. : Ursulines = Ordre religieux consacré uniquement à l’enseignement des filles. – 17ème – 18ème : Couvents + initiatives publiques. ex. : 1684, Maison Royale créée par Mme. de Maintenon. École qui accueillait des filles de nobles qui avaient été tués lors de la guerre auprès de Louis XIV. – 19ème : France (1881-82), école obligatoire, gratuite, laïque, mais les programmes restent différents (surtout dans le secondaire). En Belgique, plusieurs promotrices importantes de l’enseignement des filles et de l’émancipation des femmes: ¬ Marie Louise de Beauvoir (1776-1855). Fonde, à Liège, la première école secondaire pour filles en 1816. ¬ Zoé Gatti de Gamond (1806 - 1854). Crée des écoles pour filles et des écoles normales de formation des institutrices, devient inspectrice. « L’homme ne deviendra libre que lorsque la femme le sera également ». Léa Leemans ౨!⋆˚。⋆ 41 ¬ Isabelle Gatti de Gamond (1839 - 1905). Crée en 1864 des « écoles moyennes »7 pour filles (avec des cours de science, mathématique, langues anciennes et modernes, éducation physique, sans cours de religion). Crée en 1880 une section de régentes. Ouvre en 1892 un enseignement pré-universitaire pour filles. Rattraper les matières que les filles n’avaient pas eues et dont les garçons avaient bénéficié. ® Accès à l’université des femmes très tardif. ex. : Isala Van Dies (1ère femme médecin belge), diplômée à Berne en 1879 (suite au refus de l’Université de Louvain de l’accueillir), n’a pu ouvrir son cabinet qu’en 1884, suite à un arrêté royal spécial. L’ULB fût, en 1880, la 1ère université en Belgique à s’ouvrir aux femmes. Persistance de discriminations à l’emploi. ex. : Refus d’admettre Marie Popelin, docteur en droit de l’ULB (1888), au barreau : « Attendu que la nature particulière de la femme, la faiblesse relative de sa constitution, la réserve inhérente à son sexe, la protection qui lui est nécessaire, les exigences et les sujétions de la maternité (…) ne lui donnent ni les loisirs, ni la force, ni les aptitudes nécessaires aux luttes et aux fatigues du barreau ». // « paternalisme bienveillant ». Quelques constats actuels 1. L’accès aux études ex. Belgique : Égalisation entre 1960 et 1980. (A. Van Haecht, 1985) 1960 1970 1978 G F G F G F 14-15 79 74 90 90 96 95 18-19 31 19 41 36 48 52 À partir de 1983, l’enseignement va devenir obligatoire pour tous jusque 18 ans. ex. autres pays : 2/3 enfants non scolarisés dans le monde sont des filles (UNESCO, 2020). 7 3 premières années du secondaire. 42 Aujourd’hui, les filles tendent à être plus nombreuses que les garçons dans l’enseignement supérieur. ex. : Belgique francophone (2010). – Non universitaire type court : 61%. – Non universitaire type long : 49%. – Universitaire : 53%. Cet avantage en termes de diplôme ne se répercute pas nécessairement dans la vie professionnelle… Les filles ne choisissent pas forcément les filières les + prestigieuses. 2. Les orientations d’études différenciées ex. : Bac en France (1994). Lettres 81% Sciences la vie 49% Mathématiques 37% Technique tertiaire 66% Technique industriel 31% Enseignement secondaire général (Belgique francophone, 2010). Éducation artistique 72% Sciences sociales 71% Grec 61% Histoire 61% Latin 61% Sciences économiques 49% Sciences 49% Math fortes 43% Géographie 33% Éducation physique 32% Éducation technique 23% ® Constats globalement les mêmes depuis 30-40 ans. Léa Leemans ౨!⋆˚。⋆ 43 Un domaine où ça a changé : La médecine. Enseignement supérieur type court. Inscriptions à l’ULB (2017-2018) % de filles. Pédagogique préscolaire 97% Sciences hû et sociales 61% primaire 81% Philosophie 34% secondaire 54% Droit 65% Paramédical 83% Psycho 78% Social 73% Sciences et techniques 37% Artistique 54% Sciences 37% Économique 50% Bio-agro 47% Agronomique 25% Polytechnique 22% Technique 12% Architecture 51% Médecine 59% Bonne ou mauvaise chose ? Vétérinaire 70% ¬ Choix n’est pas un vrai choix, Art 64% conditionné par la société. ¬ Toutes les filières d’études sont aussi honorables que les autres. = 2 types d’arguments. 3. Les taux de réussite Un phénomène d’exclusion et de relégation tend à toucher plus de garçons, dès le jeune âge. ex. : Enseignement spécial à 12 ans : 65% de garçons. ex. : Premier degré différencié : 58,5% de garçons. ex. : Enseignement secondaire général : 54% de filles. Les filles, quand elles sont confrontées à des difficultés, sont poussées dans l’enseignement secondaire, les garçons sont plus facilement exclus/relégués. ® Les filles tendent globalement à mieux réussir et par la suite à être plus nombreuses que les garçons dans l’enseignement supérieur. Enquête PISA (de 2000 à 2021) : Plus de 60 pays, jeunes de 15 ans. Résultats : – Mathématiques : Score moyen des filles très légèrement inférieur à celui des garçons (varie selon les pays). – Langue maternelle : Score moyen des filles assez nettement supérieur à celui des garçons (partout). 44 Lecture Mathématiques Sciences Taux de diplômés de l’enseignement supérieur en Europe, chez la population âgées de 30 à 34 ans (Eurostat, 2020). ® Les deux ont progressés mais surtout les femmes. Les femmes sont + diplômées que les hommes. Orientations très différentiées soulèvent aussi d’autres types de difficultés. Quelques pistes d’explication 1. Sociologiques Conformité aux stéréotypes masculins et féminins définis par la société. ex. : Garçons = Maîtrise les objets, de l’environnement, leadership… ex. : Filles = Sensibilité émotionnelle, compréhension d’autrui, communication, expression artistique… ® Présence aussi de stéréotypes dans les manuels. 2. Psychologiques Différences « d’aptitudes » (cognitives) ? ® Très peu concluant… Différences socio-affectives ? ex. : – Degré d’anxiété. Les filles en ont en moyenne +. Léa Leemans ౨!⋆˚。⋆ 45 – Facteurs attributionnels réussite / échec. – Degré d’investissement. Études récentes sur le phénomène dit du « virilisme » (ex. : D. Welze-Lang, 2010). La menace du stéréotype (Steele & Aronson, 1995). Test à des filles et des garçons (10-12 ans) < Huguet et Régnier, 2007. 2 conditions : Test de géométrie + de mémoire. Les enfants doivent reproduire de mémoire une figure. Dans un groupe, on dit que c’est un « exercice de géométrie » et dans un autre celui « de mémoire » ® Même tâche mais le nom donné est différent ® Résultats changent ! Activer le stéréotype comme quoi les filles sont moins fortes en math que les garçons. Choix d’un métier – mécanisme (Vouillot, 2010). ¬ Besoin de reconnaissance. Est-ce que ce que je désire pour moi va m’assurer estime et reconnaissance, de la part des personnes qui comptent pour moi ? ¬ Sentiment d’auto-efficacité. Croyance en sa capacité d’effectuer une tâche, liée à l’étiquetage des activités comme masculines/féminines. ¬ Comparaison soi-prototype. Personnages types pour chaque métier. ¬ Menace du stéréotype. ® Conséquences : – L’auto-sélection : Vœux moins ambitieux que ce que les résultats scolaires permettraient. – L’autocensure : Renoncer à certains choix sans en avoir conscience. Parfois aussi en en ayant conscience. 46 3. Pédagogiques Stéréotypes des enseignants. ex. : Primaire (Feat, Salomon, 1991). – Image de « l’élève idéal ». – Images filles / garçons. ® Image des filles plus proche de celle de l’élève idéal. Connotations des disciplines enseignées. ex. : Image de la lecture / image de la science. ex. : Orientation en 1ère S (Marro, 1995). Plutôt considérées comme prestigieuses. Garçons Filles Avis élèves 71% 48% Avis professeurs 53% 36% ® Stéréotypes existent aussi bien chez les élèves que chez les professeurs. Pratiques pédagogiques (ex. : Duru-Bellat, 1994). – Interactions professeurs-élèves : Différences filles-garçons ? – Jugements portés par les enseignants ? Influence sur la confiance en soi. Garçons considérés en individualité (« à avoir à l’oeuil »), filles en groupe indifférencié < Par les professeurs. – Interactions entre élèves et stéréotypes de genre ? Remarque pour certains : Remise en cause de la mixité… ® Qu’en penser ? Léa Leemans ౨!⋆˚。⋆ 47 La sensibilisation des enseignants à la dimension genre Il existe un cours « Approche théorique et pratique de la diversité culturelle » au sein des sections pédagogiques des Hautes Écoles. 2005 : Ajout de « la dimension de genre » à l’intitulé de ce cours. 2008 : Enquête auprès des 22 Hautes Écoles concernées. Résultats (auprès de 26 enseignants) : – 14 ignorent le changement d’intitulé. – 4 refusent d’aborder ce thème dans leurs cours. – 8 ont intégré la dimension genre, mais en l’associant souvent à la diversité culturelle. Obstacles recensés par les auteurs : ¬ Manque d’information. ¬ Manque de temps. ¬ Concept peu problématisé, « fourre-tout ». ex. : « Je ne suis guère favorable à cette politique des genres et je dirais Arguments peu recevables même au nom du féminisme (…) que je ne suis pas du tout ce courant différentialiste ». ! Confusions. ¬ « Cela me semble une question anachronique. Je me demande si on n’est pas sorti de ce mouvement-là, j’ai l’impression qu’on est sorti de ce combat ». ¬ Craintes de susciter des problèmes en classe. « Je ne veux pas faire de discriminations ni dans un sens, ni dans un autre. J’ai peur que le féminisme inverse les choses et discrimine les garçons. Je crois que les garçons sont plus défavorisés que les filles, parce que l’école est justement très scolaire et assez féminine (…) ». conclusions 1. Défis actuels – Filles : Moindre accès aux sciences « dures », aux métiers techniques et de l’industrie. – Garçons : Phénomènes d’exclusion ou de relégation plus fréquents. Difficultés par rapport à la lecture. 48 2. Pistes d’action ¬ Donner une vision moins stéréotypée des rôles masculin et féminin dans la société, mais aussi dans les manuels scolaires. ¬ Éviter connotations sexuées des disciplines scolaires. ¬ Prise de conscience des stéréotypes. ¬ Éviter les phénomènes d’exclusion ou de relégation d’élèves en difficultés. ¬ … Léa Leemans ౨!⋆˚。⋆ 49 Chapitre 5 : L(enseignement secondaire ! Ne pas oublier les textes du portefolio. – Faire un résumé pour chaque texte, à étudier pour l’examen. – Comparer avec les notions vues au cours. Épistémologie = « Philosophie/sociologie/… des sciences », réflexion critique sur les foncements et conditions de validité des savoirs/sciences. Passage des savoirs scientifiques aux savoirs scolaires 1. Différences disciplines scientifiques / scolaires ? Notion de « discipline » : – Sens étymologique < « discipulus » = Disciple. Renvoie à une règle de conduite propre à une communauté. – Sens large = Discipline scolaire, discipline sportive… ¬ Exercices d’une « pratique ». ¬ Implique des savoirs, savoir-faire, attitudes. Parfois, très formalisés, jargons propres… ¬ Régie par des règles visant à assurer une certaine forme de standardisation de ces pratiques et une forme de reconnaissance sociale. Discipline scientifique = Une certaine manière d’interroger la réalité. Discipline scolaire : D’une certaine manière, préparer aux disciplines scientifiques + certaine forme de socialisation. Parfois, s’inspire d’une discipline scientifique mais parfois pas (ex. : les langues). 2. Notion de « transposition didactique » Processus de « transformation » du savoir et non uniquement de « simplification » de la discipline scientifique (M. Verret, 1975). Présentation des savoirs ? ex. : Sélection, désyncrétisation, dépersonnalisation… ® Image de l’activité scientifique qui va ê communiquée aux élèves ? 50 Choix de valeurs ? Pour les relier à des évènements du passé par exemple. ® Implication en matière de citoyenneté ? ex. : Comparaison syllabus / manuels scolaires en histoire (M.C. Pollet, 2001). cf. PPT pour les extraits. ¬ Texte argumentatif (thèse – antithèse – synthèse). Manuel scolaire donne, lui, impression de consensus. Pas de débats… ¬ Polyphonie textuelle dans le syllabus. ¬ L’auteur du texte prend position8. ® Savoir « problématisé ». ex. : Extrait de manuel scolaire (Mathy, 1997) // valeurs, positionnement implicite. cf. PPT. ¬ Vision technocratique : Il y a des spécialistes qui possèdent le savoir et il faut suivre ce qu’ils nous disent. ¬ Fait semblant d’inviter à la réflexion ® Invite + à la culpabilisation. ¬ Bcp de choix implicites qui sont posés. Réflexion sur la nature de la science 1. « Images » des sciences dans l’opinion publique Quelques paradoxes (J.P. Jouary, 2002) : – « Déification » de la science / croyances irrationnelles (astrologie…). – Vision « dogmatique » / relativiste. – Sur-information / Faible culture scienifique. 2. Analyse épistémologique Comment expliquer ces paradoxes ? a) 1ère raison : Assimiler la science à une « observation de faits », conçue de manière naïve. Tend à donner de la sciences une vision « absolue ». 8 Dans le manuel scolaire, la prise de position peut être plus implicite. Léa Leemans ౨!⋆˚。⋆ 51 Or, qu’entend-on par « observation » et « faits » ? Faits bruts >< faits scientifiques souvent contre-intuitifs. Rôle de l’observation : « Pour apporter une observation de quelque valeur, il faut avoir au départ une certaine idée de ce qu’il y a à observer. Il faut avoir décidé de ce qui est possible (…) grâce à une certaine idée de ce que peut être la réalité, grâce à l’invention d’un monde possible. Ensuite, joue la démarche expérimentale, joue la confrontation entre ce qui pourrait être et ce qui est ». < F. Jacob, 1981. b) 2ème raison : Confondre sciences et opinion. Tend à donner une vision de la science exagérément relativiste. Or, différences fondamentales : – « Réfutabilité » (Popper) = Les théories ne sont pas immuables, peuvent ê réfutées. On fait avancer la science en réfutant les théories. Vérifiable ≠ Réfutable. ® Exigence de tout énoncé qui prétend ê scientifique. – « Le fait scientifique est conquis, construit et constaté » (Bachelard). ex. : Le suicide vu par Durkheim. Anomie = Perte de repères et de valeurs. ® Rupture par rapport au registre de l’opinion. 3. Deux visions contrastées de l’activité scientifique Illustration (manuels scolaires, Ph. Mathy, 1997). ® Quelle image donnent-ils de la science ? Extrait 1 : « Darwin est arrivé à l’idée d’évolution et de sélection naturelle à la suite des faits qu’il a constatés lors de son voyage autour du monde ». Activité solitaire. Extrait 2 : « Dans la première moitié du 19e siècle, l’idée de transformation des êtres vivants et de sélection était courante parmi les intellectuels britanniques. Acquis très tôt à cette idée, Darwin a entrepris un voyage autour du monde pour accumuler des matériaux biologiques interprétables selon cette idée (…) ». Activité qui s’insère dans un environnement intellectuel. 52 Positivisme-empirisme Socio-constructivisme = Extrait 1