Techniques d'expression écrite - Chapitre II - PDF

PREMIÈRE PARTIE : TECHNIQUES D’EXPRESSION ÉCRITE CHAPITRE II : LE TEXTE : LES FONDEMENTS ET LES FORMES I-LES FONDEMENTS DES TEXTES Chaque jour sans y prêter souvent attention, nous sommes en contact avec des dizaines, voire des centaines de textes. Et, cette familiarité avec le texte nous d...

PREMIÈRE PARTIE : TECHNIQUES D’EXPRESSION ÉCRITE CHAPITRE II : LE TEXTE : LES FONDEMENTS ET LES FORMES I-LES FONDEMENTS DES TEXTES Chaque jour sans y prêter souvent attention, nous sommes en contact avec des dizaines, voire des centaines de textes. Et, cette familiarité avec le texte nous donne l’impression qu’il va de soi. Ce qui fait que nous tendons à oublier que sa composition autant que sa lecture ne sont possibles qu’au prix d’un apprentissage et d’une expérience assez longs. Par ailleurs, nous sommes tous capables de reconnaître un texte lorsque nous en voyons un ; mais, le problème se complique lorsqu’il s’agit de comprendre et de définir ce que c’est qu’un texte. Aussi, les choses se compliquent, elles le sont beaucoup plus si l’on veut aller au-delà de la notion a priori qu’il s’agit d’une série de phrases avec un début et une fin identifiables. Qu’est-ce donc un texte ? Un texte est un ensemble de phrases développant une idée ou un thème et ayant une fonction, une unité et une organisation. 1-LA FONCTION DU TEXTE Le texte sert à informer, décrire, narrer, argumenter ou convaincre. Bien sûr il est possible d’utiliser différents types de textes pour remplir ces fonctions ; et certains types de textes sont généralement plus efficaces que d’autres. Pour chaque fonction, les locuteurs de la langue ont mis au point des types particulièrement efficaces qui obéissent à des règles relativement précises. Pour composer un texte, on doit donc tenir compte d’abord de la fonction qu’on veut lui assigner. Pour comprendre donc un texte, il faut en avoir élucidé au préalable le type et la fonction. 2-L’UNITÉ DU TEXTE Un texte possède, à la différence d’une simple accumulation de phrases, une unité. Ainsi, les éléments qui le composent doivent fonctionner de manière synergique pour assumer cette unité. Un texte ne devrait pas comprendre de phrases qui pourraient en être retranchées sans que cette unité ne soit aucunement affectée ou au contraire qui ne compromettrait l’unité en ne participant pas à l’ensemble.  3-L’ORGANISATION Comme le corps possède un squelette et la maison une charpente, le texte possède une structure propre. L’agencement y est soigneusement choisi pour assurer la clarté, l’efficacité, l’équilibre et l’harmonie de l’ensemble. 4-AU-DELÀ DE LA PHRASE Jusqu’ici nous avons raisonné comme si le texte se composait de phrase car c’est l’impression qu’il nous donne. En effet, il s’agit d’apparence d’expression et non de contenu. En réalité, l’unité du texte est surtout notionnelle plutôt que linguistique. Un texte est donc un système dont les unités sont des idées exprimées par des phrases et non les phrases elles-mêmes. C’est-à-dire que le texte est un ensemble d’idées et non un ensemble de phrases. Ces idées sont liées entre elles par des relations thématiques ou par enchaînements logiques : causes, conséquences, parallélismes, contradictions, analogies… II-LA TYPOLOGIE DES TEXTES Pour une bonne étude approfondie, il est important de tenir compte du type de texte à étudier. Ainsi, on distinguera : 1-LE TEXTE DE TYPE INFORMATIF Il vise à transmettre des informations, des explications, et, il a le plus souvent une visée pédagogique, car cherchant à combler une lacune dans les connaissances du récepteur. On l’appelle aussi texte de type expositif, ou explicatif. On le retrouve dans les rubriques d’encyclopédie, dans les manuels scolaires et dans les textes de lois et, là, on parle de texte de type injonctif. 2-LE TEXTE DE TYPE DESCRIPTIF Il constitue une sorte d’arrêt sur image ne se déroulant pas dans le temps mais plutôt se rapportant à des éléments du réel distribués dans l’espace avec appartenance à un même champ lexical : principe fondateur de la description. 3-LE TEXTE DE TYPE NARRATIF Il se rapporte à des faits vécus par des personnes réelles, imaginaires ou symboliques sur une période ou une certaine durée se distinguant par le message d’un état initial à un état final, s’opérant par le biais de la narration qui est un processus de transformation des faits.  4-LE TEXTE DE TYPE ARGUMENTATIF Il vise à démontrer, convaincre et son déroulement est nécessairement orienté vers une conclusion. Il ne cherche pas à présenter des faits pour eux-mêmes mais pour en dégager une interprétation abstraite. Il se situe dans le domaine des idées. Son but est de modifier les opinions et, éventuellement, le comportement du récepteur en avançant une thèse nouvelle et en repoussant une thèse précédemment admise. De même que dans la narration on peut distinguer un état initial et un état final, on peut distinguer dans l’argumentation deux stades de pensée. L’un est celui que l’auteur dépasse ou refuse : c’est la thèse refusée. L’autre est celui auquel l’auteur parvient : c’est la thèse proposée. Le texte argumentatif passe de l’un à l’autre au moyen du processus d’argumentation. 4-1-LE DÉVELOPPEMENT ARGUMENTATIF Pour passer de la thèse refusée à la thèse proposée, le texte se développe selon un circuit sélectif. Ce circuit présente les faits ou les idées retenues par l’émetteur pour être rattachés à l’une ou l’autre thèse. Ce sont ces faits ou idées qui constituent les arguments, qui se définissent comme des preuves données à l’appui, d’une thèse ou d’un raisonnement. Ainsi, l’argumentation se présentera comme un raisonnement plus ou moins explicité, par lequel l’émetteur s’efforce de persuader le récepteur, c’est-à-dire l’amener à adhérer aux opinions de l’émetteur ou à modifier les siennes. Rien ne limite a priori le nombre des arguments, ni ne détermine leur nature. Les exemples peuvent être multipliés et développés ; les références peuvent être précisées, des éléments d’information peuvent être empruntés à des domaines très divers. Il serait cependant illusoire de croire qu’un circuit argumentatif peut-être complet, qu’on peut tout dire sur un sujet ; ce qui fait que l’émetteur est contraint de faire un choix. En outre, ses compétences culturelles, ainsi que celles qu’il prête à son récepteur, l’amènent à puiser ses exemples et ses arguments dans un champ particulier. 4-2-L’ORGANISATION DES TEXTES ARGUMENTATIFS La coexistence de thèses opposées, l’une refusée et l’autre proposée, dans le texte argumentatif, débouche sur des organisations diverses : - Le texte se présente comme une sorte de dialogue : l’émetteur prend en compte les objections éventuelles d’autrui (ou de soi-même) et y répond pour avancer sa propre opinion. Il peut par exemple présenter le point de vue qu’il refuse et avancer par la suite  sa propre opinion en l’introduisant par un connecteur d’opposition (ex : la conjonction mais). - Le texte se présente comme une démonstration : l’émetteur choisit de privilégier le développement de sa propre pensée en ignorant ou en minimisant la pensée de l’autre. Le texte tend alors à se présenter comme une démonstration et à reproduire le déroulement logique d’un raisonnement. Quelle que soit son organisation, le texte argumentatif se caractérise toujours par une double dimension : la première est liée à la finalité du texte (amener un récepteur à passer d’une thèse refusée à une thèse acceptée) ; la seconde est liée à sa structure (ce passage s’effectue grâce au développement des arguments) - Comprendre un texte argumentatif, c’est donc se demander : quelle est la thèse que l’émetteur refuse ou dépasse ? quelle est la thèse à laquelle il veut conduire le récepteur ? quelle est la stratégie argumentative qu’il emploie ? - C’est aussi vérifier ces hypothèses de départ : en rassemblant les indices qui pourront les confirmer (indices d’énonciation, d’organisation, lexicaux) ; en analysant le fonctionnement d’ensemble du texte et en identifiant les différents arguments.