Chapitre 2: Le Langage Canin et la Communication - 2025 - PDF

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2025

Karine Ross

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animal communication dog language animal behavior animal care

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This document, from the Veterinary Health Techniques course, discusses canine language and communication. It explains different methods of communication, including body language, scents, and vocalizations, and highlights the importance of understanding canine communication for a better relationship between humans and dogs. It also emphasizes avoiding anthropomorphism when interpreting canine behavior.

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- Chapitre 2 - Le langage canin et la communication Comportement animal 145-CAN-HY Hiver 2025 Techniques de santé animale Mis à jour par Karine Ross, janvier 2025 0 « L’homme a un grand pouvoir de parole, mais la plus grande...

- Chapitre 2 - Le langage canin et la communication Comportement animal 145-CAN-HY Hiver 2025 Techniques de santé animale Mis à jour par Karine Ross, janvier 2025 0 « L’homme a un grand pouvoir de parole, mais la plus grande partie en est vide et trompeuse. Celui des animaux est petit, mais ce peu est utile et vrai. Or, une chose petite vaut mieux que beaucoup de faussetés. » Léonard de Vinci, Carnets, vers 1500 Pour communiquer avec un chien, il faut d’abord apprendre le vocabulaire, c’est-à-dire ce qui correspond aux « mots » dans le langage canin. Il faut également en connaître la « grammaire », soit la manière dont les mots s’enchaînent et s’associent pour former les « phrases » qui portent en elles la signification des messages reçus et émis. Il est beaucoup plus facile d’interpréter les émotions d’un chien ou ses intentions à partir du moment où l’on comprend mieux comment il communique. La maîtrise de la langue canine donne également les outils nécessaires pour lui expliquer ce que l’on attend de lui et anticiper ses réactions. Cela permet d’éviter bien des malentendus qui sont monnaie courante entre nos deux espèces. Il est important de réaliser à quel point la compréhension du langage canin influe sur le rapport entre l’humain et le chien. La capacité à comprendre le langage des chiens détermine en grande partie la plus ou moins bonne acceptation de l’animal par ses propriétaires. Souvenez-vous qu’on ne peut régler un conflit sans communiquer, cela vaut autant pour les individus de la même espèce qu’interespèce. On a tendance, comme humain, à parler beaucoup verbalement à notre animal, mais le faisons-nous efficacement? Est-ce la seule façon de communiquer? Est-ce que l’on s’assure que notre animal comprend bien ce qu’on tente de lui communiquer? Sommes-nous en mesure de bien interpréter sa réponse? C’est ce que nous tenterons d’analyser dans les prochaines pages de ce chapitre. 1 Le langage non verbal Les humains ont les mots pour communiquer leurs pensées, leurs besoins ou tout simplement pour exprimer leur joie et leur peine. Par le langage verbal, généralement, on se comprend lorsque nous parlons la même langue. Cependant, si vous voyagez sans cellulaire ni traducteur dans un autre pays sans connaître la langue locale, vous devez vous débrouiller pour demander votre chemin, dénicher un endroit où loger ou trouver les toilettes. Comment ferez-vous? Comment les gens de ce pays arriveront-ils à vous comprendre sans déchiffrer un seul mot de ce que vous dites? Les humains peuvent donc aussi s’exprimer d’une autre façon. Si vous observez votre interlocuteur lever ses yeux au ciel pendant votre exposé, qu’allez-vous penser? Si votre chum ou blonde bâille ou regarde ailleurs lorsque vous lui exposez vos plans pour la journée. Comment interprétez-vous cela? Si lors d’une entrevue d’embauche, vous croisez vos bras sur votre poitrine lorsque l’employeur vous parle, que dégagez-vous comme impression? Communication Notre corps est aussi à la merci de nos pensées et Chien versus Humain émotions et souvent malgré nous, il transmet des informations que nos interlocuteurs peuvent décoder à notre avantage ou non. Il est donc possible de transmettre des informations verbalement, mais aussi non verbalement par l’expression de notre corps. C’est ce qui se nomme, le langage non verbal ou langage corporel. Les animaux utilisent avec excellence ce mode de langage puisqu’ils ne peuvent parler comme nous le faisons. Le chien, en particulier, est un animal social. Son langage corporel est primordial pour sa communication avec nous et ses pairs. Comprendre le chien, c’est connaître son langage, mais aussi apprendre comment il perçoit le nôtre. Le chien ne parle pas en mots avec nous. Il parle en utilisant son langage corporel, des odeurs et des vocalisations. 2 Se comprendre est essentiel dans notre relation chien-humain et c’est malheureusement dans l’incompréhension de notre langage mutuel que les erreurs d’interprétation prennent forme. Ces problèmes de communication ont comme conséquence les comportements inopportuns (indésirables) de notre fidèle compagnon. L’éducation du langage canin à l’humain doit se faire dès l’adoption de son animal et même avant. Le chien et l’humain sont des êtres sociaux faits pour vivre ensemble. Toutefois, nos codes de communication sont différents parce que notre morphologie et nos équipements sensoriels ne sont pas les mêmes. Dans notre compréhension du langage canin, on doit surtout éviter de faire de l’anthropomorphisme (Anthropos = homme, mophê = forme). L’anthropomorphisme est la tendance humaine à attribuer à l’animal des caractères et émotions humaines. L’être humain est ainsi fait et le cinéma nous plonge dans un monde où l’on fait parler des animaux. Pensez aux films Dr Dolittle, L’ère de glace, G-Force, Comme des bêtes et bien d’autres. L’anthropomorphisme amène l’humain à mal interpréter les comportements de son chien et entraine ainsi des réponses inappropriées de l’humain. Le tout dégénère en problème de comportement un peu trop fréquemment. Le chien est un chien, pas un humain. Il interprète nos conduites et mimiques selon le langage qu’il connaît, soit celui des chiens. On peut donc prétendre que le chien fait du « canimorphisme ». Vous avez déjà des laboratoires qui vous permettent d’acquérir des techniques d’approche avec les animaux. Dans quelques années, vous serez des techniciens et techniciennes en santé animale diplômés qui devront collaborer et interagir avec les animaux tous les jours. Tous les animaux n’ont pas la chance d’avoir des propriétaires informés et exemplaires (comme vous) en matière d’éducation. Quelquefois, leur socialisation ou leur éducation sera déficiente à différents niveaux. En clinique vétérinaire, les animaux seront soumis à un stress bien involontaire. Ils ne sont pas dans leur milieu familial, ils ont affaire à des inconnus, ils ont régulièrement de la douleur ou des antécédents inconnus, ils n’ont peut-être jamais rencontré d’autres animaux de leur espèce ou même d’espèces différentes, leurs réactions seront quelquefois inattendues, mais vous serez en mesure d’aider vos amis à poils préférés à mieux gérer ces situations stressantes. 3 Le langage canin est indispensable à connaître pour pouvoir agir et interagir avec l’animal. Imaginez-vous devant une cage. Vous devez sortir le chien qui s’y trouve pour un examen quelconque, la connaissance du langage corporel vous permettra de :  Éviter les morsures,  Diminuer le stress de l’animal,  Prévoir ses réactions et effectuer des examens, interventions ou contentions appropriés,  Assurer la sécurité de tous ceux qui seront présents (l’animal, le propriétaire, le technicien, le vétérinaire et même du public de façon générale),  Favoriser un bon « compagnonnage ». Pour bien évaluer le comportement d’un animal et bien le juger, les clés du succès sont de bien tenir compte de :  Toutes les parties du corps de l’animal;  Surveiller tous changements d’attitude, même subtils;  Être attentif à ce qui se passe autour (environnement);  Noter le contexte dans lequel le comportement survient. Dans le premier chapitre, nous avons souligné que les comportements sont assujettis au fonctionnement, entre autres, du système nerveux périphérique qui permet la communication inter et intraspécifique à l’aide de toutes les informations reçues et transmises par les sens : vue, ouïe, toucher, goût, odorat. Ce n’est pas suffisant évidemment. Tous ces influx doivent être compilés, enregistrés et analysés par un ordinateur personnel : le système nerveux central. Il permet l’organisation, le décodage et la mémorisation des informations. Évidemment, le SNC est indispensable dans les apprentissages des différents comportements. Sans ces deux systèmes perfectionnés, il nous est impossible de vivre, de comprendre et analyser nos comportements. 4 La communication canine Le chien est un animal social qui a su s’intégrer dans un groupe imposé d’humains et quelques fois incluant d’autres animaux. L'interaction sociale exige la communication. La communication, par définition, implique un émetteur et un récepteur. Wouf! Émetteur Récepteur Pour que les informations passent, il faut sans contredit que l’émetteur et le récepteur soient disponibles et attentifs pour bien capter toutes les subtilités des différents types de communication. L’émetteur doit aussi transmettre un message clair et déchiffrable pour son récepteur. Entre chiens, les informations peuvent se transmettre de multiples façons que nous décrirons ici-bas. Il est évident qu’avec les humains, puisque nos bagages sensoriels sont différents, la captation des messages canins ne se fera pas de la même façon. Sur différents niveaux, certains de nos sens sont moins développés que ceux des chiens. Observez les chiens dans les parcs à chien ou encore tout simplement en faisant votre marche quotidienne. Qu’est-ce que le chien fait ? Il se promène en vadrouillant son nez partout, frétille de la queue, urine, jappe, observe, il communique. Le chien communique par : 1) les odeurs (sens de l’odorat) = communication chimique 2) les vocalisations (sens de l’audition) = communication auditive 3) les contacts directs (sens du toucher) = communication tactile 4) le langage corporel (sens de la vision) = communication visuelle 5 1- Les odeurs La communication par les odeurs représente sans contredit le mode principal de communication des chiens. Les odeurs laissent des messages à long terme, à courte et longue distance. Le chien est un nez sur quatre pattes! Les humains ont souvent, à tort, tendance à priver l’animal de ce comportement si naturel pour lui. La détection et le dépôt des odeurs sont de la plus haute importance. Pensez aux chiens pisteurs, chercheurs de truffes, détecteurs de maladie, etc. Leur nez est si sensible qu’il peut détecter 1 goutte d’acide sulfurique (H 2S04) dans 10 000 000 de gouttes d’eau. Impressionnant, n'est-ce pas? On ne doit pas brimer de façon démesurée ce moyen de communication. Sinon, on pourrait induire des comportements déviants. Laissons-les utiliser leur nez lors de nos promenades quotidiennes. Les informations recevables et analysables sont émises le plus souvent par des phéromones. Les phéromones sont des substances chimiques ou des hormones qui sont excrétées en vue de provoquer un comportement ou d’influencer le détecteur. Ces phéromones sont produites par les sacs anaux, le conduit auditif externe, les sécrétions vaginales, les glandes entre les coussinets plantaires, les glandes du fourreau pénien, l’urine, les selles et les glandes sébacées situées sur la face dorsale de la queue, au menton et aux oreilles. Les odeurs peuvent être émises volontairement ou non sur une surface ou sur un être vivant. Ces odeurs permettent la reconnaissance du territoire. Ce n’est pas pour délimiter un territoire et dire : « Ne passe plus ici, ce territoire m’appartient ! ». Leur but est surtout d’activer une réponse : « Est-ce qu’il y a d’autres chiens qui passent par ici ? Si oui, qui et quand sont-ils passés ? ». Elles permettent aussi la reconnaissance sexuelle et filiale. Les humains aussi produisent et sécrètent des phéromones. Le chien peut les détecter facilement et reconnaître si la personne devant lui est homme ou femme, jeune ou adolescent, si une femme est en période menstruelle ou même enceinte. D’après certaines observations, on remarque que les chiens peuvent aussi détecter les humeurs (tristesse, peur…), mais peu d’études réellement scientifiques le prouvent actuellement. Ces affirmations sont encore au stade anecdotique. Les odeurs sont des indicateurs : - Du stade physiologique (âge, sexe, maturité et réceptivité sexuelles) - De la reconnaissance de l'individu (ami ou ennemi) - De son état émotionnel - De sa localisation spatiale (GPS et fréquence de passage) 6 1.1- Les sacs anaux et les glandes sébacées Les odeurs sont livrées par les sacs anaux, entre autres, qui sont des poches situées de chaque côté de l’anus. Ils relâchent leur odeur sur une base volontaire ou non. En effet, le chien peut vider ses sacs anaux de façon réflexe à la suite d’une émotion forte ou contracter volontairement ses muscles périanaux et faire sortir quelques gouttes de sécrétions. C’est ce qui permettra, lors d’une rencontre museau-popotin, de livrer de précieuses informations. C’est ce qu’on appelle un marquage social. Sacs anaux Chaque chien a son odeur particulière de sacs anaux (toujours à parfum de poisson pourri persistant). Cette odeur identifie le rang de l’animal dans sa vie sociale. La composition chimique de cette odeur est donc variable selon les situations dans la vie du chien. Les odeurs des sacs anaux persistent longtemps dans le temps. Elles laissent un message chimique aux autres animaux qui passeront au même endroit. Voilà qui n’est pas pratique du tout quand un chien anxieux vide ses sacs anaux en salle de consultation. Les animaux possèdent aussi des glandes sébacées distribuées sur leur corps en plus grande concentration au niveau du menton, du pavillon des oreilles et sur la base dorsale de la queue. En frottant ces glandes sur les surfaces, ou même sur nous, les chiens laissent aussi des informations d’appartenance au milieu. 1.2- L’urine La deuxième source d’odeur en importance est l’urine. L’émission d’urine volontairement ou non, encore une fois, est la source de beaucoup de frustration des propriétaires lors de leur marche quotidienne. Ce comportement demeure important pour l’animal. Les chiens peuvent quelquefois marquer leur environnement de leur urine jusqu’à 20 fois par heure. Il reste toujours dans leur vessie un petit volume d’urine résiduel leur permettant de laisser quelques gouttes de ce précieux liquide. C’est par l’urine que sont livrées les phéromones. Ces substances chimiques essentielles à la reconnaissance du sexe de l’animal, mais aussi de sa maturité et de sa réceptivité sexuelles. Ces substances chimiques, surtout en ce qui concerne les hormones de réceptivité femelle, sont identifiables sur une longue distance allant jusqu’à quelques kilomètres! C’est ce qui explique pourquoi lorsqu’une chienne est en chaleur, il faut la surveiller attentivement lors de ses sorties à l’extérieur. C’est aussi pourquoi, aux 6 mois environ, des prétendants canins mâles inconnus tournent autour de sa maison ! L’urine sert aussi à indiquer le territoire de chaque animal. De plus, selon l’intensité de l’odeur, l’heure du passage sur ce territoire peut être estimée par le récepteur. Ils peuvent donc savoir de jour en jour qui est passé par là et quand. C’est d’autant plus important en milieu urbain où il y a beaucoup d’animaux, car leurs territoires se recoupent. Le chien qui urine va souvent aussi se faire aller les membres pelviens de façon à gratter l’herbe ou la terre. Il ajoute ainsi une deuxième odeur, celle de ses glandes podales et une troisième marque, celle-ci visuelle, pour augmenter la chance que son signal soit perçu. 7 1.3- Les selles Le dépôt de selles peut aussi laisser des odeurs en plus d’une marque visuelle pour les autres chiens. La société humaine désapprouve ce comportement canin et ramasse les selles des animaux au fur et à mesure de leur production privant ainsi le chien de ce moyen d’identification supplémentaire pour marquer son territoire à l’odeur. Quelques chiens souhaitent que leur message soit plus clair, ils vont donc aussi gratter le sol pour y laisser une deuxième marque visuelle et olfactive. 1.4- Les sécrétions génitales Les femelles peuvent, en plus de leur urine, laisser des messages très clairs de leur réceptivité sexuelle en déposant des traces de leurs sécrétions vaginales dès qu’elles s’assoient. Vous apprendrez dans le cours Pathologies et approches thérapeutiques III que le cycle canin femelle dure en général 6 mois. Les chaleurs provoquent des pertes sérosanguinolentes qui durent environ 9 jours puis c’est l’ovulation, période de fertilité. Les phéromones contenues dans les urines permettent donc aux mâles de pister et surveiller l’évolution des odeurs indiquant la fertilité de la chienne. Chez les mâles, les glandes préputiales laissent aussi des odeurs. 2- Les vocalisations L’ouïe est très utile pour les animaux nocturnes comme le chat et les animaux nomades parce qu’elle leur permet de s’orienter et de détecter les dangers. Les sons se transmettent rapidement sans laisser de traces, mais ils permettent une détection de présence à distance. Chez les espèces nocturnes, l’ouïe est plus sensible et mieux développée. Chez le chien, animal principalement diurne, l‘ouïe revêt un peu moins un caractère de sécurité. Ce sens lui sert surtout à décoder des sons audibles à courte ou longue distance. Selon la fréquence, l’intensité et la musicalité, les sons provoqueront chez le récepteur un comportement (une réponse). L’audition des chiens est plus développée que chez les humains. Les sons identifient un groupe et permettent très tôt les reconnaissances filiales (chiots, louveteaux). Les vocalisations chez nos chiens urbains sont souvent encouragées involontairement ou volontairement par l’humain. Le répertoire des sons canins est étendu. Les premiers sons sont émis dès l’âge de 3 semaines. Il est plus facile pour le chien d’entendre les sons de hautes fréquences et même les ultrasons. C’est pourquoi certains chasseurs utilisent des sifflets haute fréquence, habituellement inaudibles à notre oreille, mais très bien perçus par le chien. Nos oreilles peuvent différencier environ 8 à 10 différents aboiements selon l’état émotionnel du chien et ses besoins. Les vocalisations visent à appeler le jeu, impliquent la menace, la peur ou la douleur. L’intensité, le tempo et la longueur des sons peuvent aussi nous informer sur les intentions du chien. 8 Les vocalisations du chien expriment les émotions au présent. Les sons sont accompagnés de postures corporelles ou de mimiques qui nous aident à décoder leur signification. L’humain peut communiquer par la voix ou les sons avec le chien. On peut classifier les sons en trois types principaux : Sons d’appel Sons de récompenses Sons de mécontentement Ces sons qui sont émis par les humains font référence à des expériences vécues (positives ou non) par le chien. Par exemple, les sons d’appel font référence aux bruits de la tétée. En langage humain, cela signifie : « viens ». De même, lorsque l’on tape dans nos mains, on rappelle au chien le battement de queue de sa mère qui annonce la tétée. Instinctivement, le chien se dirigera vers le bruit. En parlant au chien à voix basse et haletante, ce dernier perçoit la sécurité et une attitude positive parce que des petits sons du même type étaient émis par sa mère. Il rappelle aussi le halètement de la chienne qui est fréquent au cours de la période de tétée des chiots. Nous avons souvent le réflexe de parler de façon aiguë et répétitive. Pour le chien, c’est une récompense ultime et très positive pour lui. En revanche, si l’on émet un son bref et saccadé ou un grognement, le chien comprendra notre mécontentement. Significations des sons canins Pour comprendre et interpréter les vocalisations canines, on doit tenir compte de la durée, la fréquence et la tonalité. Tonalité : Son grave = peur, menace Oua, oua ! = Bonjour ! Son aigu = joie, excitation Durée : Son bref = réflexe, surprise Ooooua, ooooua, oooua ! = Je veux ça ! Son prolongé = veut quelque chose Fréquence : Ouaouaouaouaoua…! = Que se passe-t-il ? Sons répétitifs et rapides = urgence, inquiétude Sons éloignés = désintéressement 9 Voici un aperçu des vocalises les plus courantes chez le chien et leurs significations : Gémissements : Sons émis par les chiots pour exprimer un besoin ou un inconfort. Chez les adultes, les significations sont multiples : salutation, invitation au jeu, se montrer vulnérable, détresse, recherche de contact et de soins. Cris aigus : Vocalises utilisées dans les situations de détresse (douleur, peur) ou lors d’excitation importante. Grognements ou grondements : Sons venant profondément de la poitrine, ils peuvent être émis à gueule ouverte ou fermée (défensif ou offensif). Ils servent à exprimer l’insécurité, Il est utile l’inconfort, la détresse ou à intimider son adversaire. C’est le dernier d’entendre un chien grogner ! avertissement avant l’attaque. Le chien peut aussi grogner lors du jeu. Ce comportement est fréquent chez les chiots qui grognent alors par satisfaction. Jappements ou glapissements : Sons plutôt courts et aigus dérivés du gémissement. Ils sont utilisés dans les mêmes circonstances que ce dernier. Toussotements : Il s’agit d’aboiements étouffés. C’est un signal de défense, de menace ou d’alerte. Hurlements : Surtout utilisés chez les loups et les chiens de races nordiques pour signaler leur position aux autres. Ils sont plus utilisés lors d’ennui ou lorsque la femelle est en chaleur. Les aboiements sont plus complexes et leur signification est différente selon les contextes. Aboiements d'alerte : Courts et répétés fréquemment par séquences de 2, 3 ou 4 vocalises suivies d'une pause assez courte. Le chien aboie par réflexe et est dans l'urgence d'une situation. Il cherche à avertir son propriétaire que quelqu'un approche. Aboiements de menace : Plus longs que pour l'alerte, graves et répétés fréquemment. Le chien qui aboie manifeste son intention de voir l'individu prendre de la distance. Il menace l'autre de réagir rapidement. La tonalité grave ajoute à la menace. Aboiements de retour du propriétaire ou d'accueil : Plutôt aigus, courts et peu répétés. Le chien manifeste ainsi sa joie. Aboiements sociaux : Longs avec de longues pauses entre chacun. Le chien manifeste son envie de communiquer ou de trouver de la compagnie. Aboiements d'invitation au jeu : Aboiements répétés généralement par séquences de 2 vocalises, plutôt aigus et longs. 10 Voici quelques particularités concernant les vocalises canines : Les chiens de race Basenji n'aboient jamais. Leur larynx n’est pas conçu pour ce type de vocalises. Les races asiatiques comme le Chow Chow, le Shar peï et le lévrier anglais à poil court (greyhound) émettent en général peu de vocalises. Les chiens courants de type « scenthound » et les terriers vocalisent pendant la chasse. Le chien peut aussi comprendre quelques mots, dans certains cas plus de 100, et même des phrases. Lorsque nous parlons, nous avons des modulations et un ton dans la voix que le chien interprète. C’est le langage paraverbal. Le chien est donc attentif au ton, aux modulations, aux mots et à nos gestes (notre langage non verbal). Il faut être conséquent avec tous ces signes pour que l’animal interprète convenablement et sans ambiguïté notre message. Mieux vaut s’exprimer de façon succincte, car le chien ne peut comprendre de longues phrases interminables. Pour lui, tous ces mots n’en sont qu’un seul et, plus c’est long, moins on retiendra son attention. 3- Les contacts directs On sous-estime les contacts entre les chiens ou même avec nous, leur compagnon à deux pattes. Pourtant, si vous observez attentivement deux chiens qui se côtoient pour la première fois, il y a tout un rituel qui permet au fil de la rencontre de situer la place que l’animal veut prendre dans la relation ou la rencontre. S’il veut diriger (« dominer »1) son ami, il va placer ses membres thoraciques sur lui souvent à la hauteur des épaules. S’il veut jouer les « soumis », il lèchera les babines de son ami chien. S’il se colle tout simplement sur le flanc de l’autre, il veut lui dire qu’il souhaite être son ami et qu’il accepte le compagnonnage. Les zones touchées et la façon de le faire ont donc leur importance sur le comportement de l’autre chien par la suite. Les influx nerveux relâchés aux endroits touchés envoient des informations au système nerveux central qui sont utiles pour la survie et la reproduction de l’espèce. 1 Ce terme faisant référence à la dominance est de moins en moins accepté et utilisé. Dans la profession, nous tentons d’éviter d’utiliser ce mot. Ici, on fait appel à un comportement entre les individus de la même espèce, donc il est plus à propos. Un chien ne domine pas les humains. Il n’y a pas de hiérarchie complète entre 2 ou plusieurs chiens, cela dépend des circonstances. La dominance fait souvent appel à l’envie d’acquérir une ressource quelconque. On tente de plus en plus de parler d’assertivité. 11 Le toucher des humains sur le chien n’a pas, de prime abord, les mêmes significations. L’humain a tendance à cajoler le dessus de la tête, à toucher les pattes ou à encercler le cou de l’animal. Dans son langage canin, comment le chien perçoit-il ces touchers? En langage canin, ces parties du corps touchées impliquent l’assertivité d’un animal par rapport à l’autre, alors pourquoi notre chien se laisse-t-il ainsi faire? ______________________________________________________________________________________ ______________________________________________________________________________________ ______________________________________________________________________________________ 4- Le langage corporel L’apprentissage et la reconnaissance des signaux visuels devraient s’acquérir par le chiot dès son plus jeune âge par les jeux et les interactions entre les animaux dans la période critique de sa socialisation. Tous ces signes sont indispensables à la prise de la place de l’animal dans son groupe social. Les propriétaires de chien devraient tous apprendre à lire le langage corporel de leur animal. Ils pourraient ainsi détecter que l’animal est à bout de patience, tolérant ou prêt à mordre. La communication canine porte sur le langage non verbal qui se compose des signaux corporels physiques (position, poils, queue, etc.), les contacts physiques (touchers), les émissions olfactives (urine, sacs anaux et autres sécrétions diverses) et les sons émis. Tous ces éléments sont influencés par les émotions de l’animal. Le langage corporel est indispensable au chien pour décoder les intentions et les émotions d’un autre animal. Les signaux visuels sont des messages à courte distance et dans le moment présent. Il y a 4 catégories de signaux visuels que le chien perçoit : Signaux morphologiques : Conformation, apparence, queue, oreilles, pelage, taille, couleur, patron…__ Signaux volontaires ou intentionnels : _______________________________________________________ ______________________________________________________________________________________ Signaux involontaires ou émotifs : __________________________________________________________ ______________________________________________________________________________________ Signaux ou messages complexes : Signaux de plusieurs catégories, selon l’environnement, le contexte et les apprentissages = signaux d’inconfort______________________________________________________ 12 Ces signaux sont très ponctuels et doivent être réévalués à chaque seconde, car l’état de l’animal et ses mouvements sont actifs et variables dans le temps. Un chien extrêmement peureux peut, si votre approche est parfaite, changer sa physionomie, sa posture et se montrer plus confiant 1 à 2 secondes plus tard. Gardez les yeux ouverts à tout moment, car le contraire est aussi vrai et une omission de bien analyser le comportement pourrait vous valoir une douloureuse morsure. Un même chien, selon le contexte, pourra adopter tantôt une position, tantôt une autre. Selon les réactions de l’autre chien ou de l’humain, des ajustements de comportement et des changements s’opèreront. Il est essentiel d’observer toutes les parties du corps de l’animal individuellement et en son entier pour mieux cerner l’attitude et la signification du langage non verbal du chien. Surtout, il ne faut pas oublier de tenir compte de l’environnement et du CONTEXTE. Voici maintenant une description des signaux volontaires et involontaires émis par les chiens et leurs significations : 4.1- La tête La tête est la première partie du corps que l’on observe sur un animal. Elle comporte différentes sections toutes aussi importantes les unes que les autres. Toutefois, il faut être prudent dans notre interprétation des signes de physionomies faciales. On doit toujours l’aborder comme un tout, avec le corps, la queue et LE CONTEXTE. Les éléments de la tête à observer sont : - Le port de tête, - Les oreilles, - Les yeux (regard, paupières, pupilles, etc.), - La gueule (incluant les dents), - La mimique faciale, - Les poils au niveau du cou. Un exercice est disponible à l’annexe 1 pour vous exercer à analyser seulement la tête du chien. Le port de tête Tête haute et droite : signifie que le chien est sûr de lui, relaxe ou à l’attention. Tête inclinée sur le côté : signifie que le chien se questionne, cherche des indices. C’est mignon comme tout! → Tête basse : égale ou sous la ligne des épaules, signifie le plus souvent que l’animal ne cherche pas le conflit, est inconfortable, veut se faire petit. 13 Les yeux « Les yeux sont le reflet de l’âme » a dit Jean-Claude Brinette un poète bien connu. On doit bien observer, le regard, sa direction, les paupières (fermées, ouvertes ou entre les deux), les pupilles (dilatées ou non) et leurs mouvements (rapides ou lents). Ces nombreux détails significatifs nous amènent à décoder l’émotion du chien au moment présent. Un « regard de baleine » et des mouvements rapides du globe oculaire signifient la peur. Le terme regard ou yeux de baleine est utilisé lorsque la conjonctive bulbaire de l’œil (partie blanche) est visible. Un regard droit devant et fixe démontre que l’animal est sûr de lui. Un regard dévié d’un côté ou de l’autre laisse penser que le chien fuit la situation, ne cherche pas le conflit, évite le regard de l’autre pour diminuer son intérêt. La pupille (partie circulaire noire et centrale de l’œil) réagit instantanément à la lumière, elle se rétracte (devient petite → myose) si la lumière est très forte. Au contraire, elle se dilate (devient grande → mydriase) lorsque la lumière est faible pour permettre l’entrée d’un maximum de lumière et améliorer la vision. Cependant, lorsque l’animal vit des émotions intenses, la pupille se rétractera et se dilatera malgré la luminosité ambiante. L’observation de la pupille doit aussi se faire en tenant compte du contexte. La pupille en mydriase indique un animal peureux, excité, agressif. La pupille en myose indique que l’animal est détendu. Les paupières viennent accentuer l’expression de l’œil, elles sont mobiles comme les nôtres. Un chien surpris ou à l’attention aura les paupières bien ouvertes. En revanche, si elles sont refermées légèrement, c’est que le chien est relaxe et ne voit aucun conflit à l’horizon dans la plupart des cas. 14 Les oreilles Les oreilles sont de forme, longueur et position différentes d’un animal à l’autre. Pensez à un Basset Hound et comparez ses oreilles à celles d’un Chihuahua. De plus, l’homme a aussi trafiqué la nature en procédant à des tailles d’oreilles (essorillement) chez les Dobermans, Boxers ou Grands danois afin de leur donner une physionomie de tête plus aristocratique ou plus sévère. Il faut tenir compte de tous ces paramètres encore une fois dans l’évaluation du port d’oreilles. Les oreilles taillées ont beaucoup moins de liberté de mouvement que les oreilles intactes. Oreilles droites non étirées : signifient que le chien est détendu, au neutre. Oreilles tendues vers l’avant : indiquent que l’animal est à l’attention. Oreilles pliées vers l’arrière : position plus fréquente lorsqu’il est inquiet, anxieux. Oreilles aplaties : indiquent la crainte ou qu’il se sent menacé. Plus les oreilles sont aplaties, plus l’émotion est forte. Si les oreilles sont en mouvement, l’animal est à l’attention, à l’affût des informations dans l’environnement. La gueule Fermée ou ouverte, babines retroussées ou non, les dents sont-elles exposées ? La gueule doit être observée avec rigueur. Bouche légèrement ouverte et détendue : l’animal est heureux et confortable. Si les incisives et les canines (dents du devant) sont exposées, le chien démontre une certaine assurance, il est en mode « offensif ». Les babines ont une forme de « C ». Si toutes les dents sont exposées (canines, incisives et prémolaires et molaires), le chien cherche à impressionner en montrant tout son attirail dentaire, mais il est en attitude défensive. Il est moins confiant que le chien précédent. 15 Les mimiques faciales Certains chiens ont un visage difficile à déchiffrer. Il faut bien regarder les yeux habituellement à demi fermés et le port de tête qui est détendu et bas si le chien est au neutre ou à l’aise. Un chien qui a le front plissé, les babines retroussées et semble sourire en exposant ses incisives, c’est ce qu’on appelle un sourire de soumission. Ce n’est pas une menace, il souhaite apaiser les tensions. Il s’agit en réalité d’une expression d’inconfort, de peur ou d’anxiété. Un chien qui présente un sourire de soumission à un congénère de son espèce veut éviter les conflits. Si la peau du visage est plissée au niveau du front, comme le font si bien les Boxers, cela signifie que le chien est inquiet ou à l’attention. Si la peau du visage est détendue, le chien ne semble avoir rien à craindre. Il est normal, sans inquiétude et sûr de lui. Un chien qui halète, bâille à répétition ou se lèche le nez, envoie à son observateur des signaux de stress ou une tentative d’apaisement. Ces signaux seront vus plus en détail dans une autre section du présent chapitre. 4.2- La queue La queue du chien, comme celle du chat, a comme première fonction le maintien de l’équilibre. Encore une fois, cette partie du corps de l’animal peut nous donner des indices sur son état émotionnel. En espérant, une fois de plus, que l’humain ne soit pas intervenu pour enlever ses lettres de noblesse à cet appendice poilu. Certaines races ont généralement la queue taillée pour répondre aux standards de leur race. La caudectomie, tout comme l’essorillement, intervient dans l’expression du langage corporel canin. La position de la queue, le poil hérissé ou lisse, la vitesse de mouvements et leur amplitude sont de multiples indices à observer. La queue est un outil essentiel à la communication entre chiens. Lorsque vous prenez la laisse de votre chien à la maison pour sortir vous promener avec lui, il aura la queue haute sur le corps et qui frétillera de tous les côtés rapidement pour démontrer sa joie. Si la queue est en ligne avec le corps (horizontale) ou élevée avec un mouvement lent, cet animal est à surveiller de près. Il pourrait attaquer. Les mouvements latéraux de la queue sont reliés aux émotions du chien. Des chercheurs italiens ont démontré que les battements majoritairement orientés vers la droite étaient associés à des émotions positives. Une prédominance du côté gauche serait plutôt liée au stress. Cette théorie est parfois remise en question. La hauteur de la queue est plus significative. Une queue haute signifie l’excitation ou un état d’alerte. Une queue basse est plus fréquente lors de peur, inquiétude ou apaisement. alerte 16 4.3- Le corps Le corps dans son entier représente la prestance du chien, son désir d’impressionner ou de passer inaperçu. L’annexe 2 vous donnera plusieurs exemples supplémentaires.  Une posture haute signifie l’assurance, que le chien est attentif et prêt à agir. Une posture basse est plus souvent utilisée pour apaiser l’autre, lors de peur ou de doute. →  Le corps est porté vers l’avant lorsque l’animal est sûr de lui, lorsqu’il est intéressé ou lors de menace offensive. Le corps est tiré vers l'arrière lorsque le chien a peur ou lorsqu’il est en mode défensif. →  L’appel au jeu est représenté par une posture basse sur les membres thoraciques et un postérieur relevé. Cette position est utilisée pour inviter un autre individu au jeu, mais peut aussi être un signal d’inconfort. 4.4- Le pelage Les poils peuvent se hérisser de façon involontaire au niveau du cou, des épaules ou de la base de la queue. Ce phénomène nommé piloérection indique un état d’excitation pouvant être positive ou non. Si la piloérection se situe près de la queue, elle dénote la confiance, le mode offensif. Si elle se situe au niveau du cou et des épaules, cela signifie la peur, le mode défensif. Si le poil hérissé est au niveau du cou, des épaules et à la base de la queue, l’animal est dans un état d’ambivalence émotionnelle. Il est en conflit dans ses émotions et ne sait pas trop quoi faire. 4.5- Les membres thoraciques Si le chien lève un membre thoracique, il est habituellement en état d’évitement, d’inconfort ou de stress face à la situation. Il faut bien différencier ici, les pattes levées pour l’entrainement ou secondairement à une boiterie. 4.6- La trajectoire du déplacement La trajectoire peut aussi avoir sa signification. Si le chien se dirige en ligne droite, c’est qu’il ne voit rien d’irritant dans son environnement, il est sûr de lui et confiant. Si sa démarche est détournée, sinueuse, indirecte ou s’il longe les murs, c’est qu’il a peur, est nerveux, anticipe une punition ou tente d’apaiser son adversaire ou son récepteur. 17 Les comportements agonistiques Les comportements dans l’éthogramme des animaux sont liés à un moment et un lieu donné. Ce lieu, le domaine de vie est défini comme l’espace nécessaire aux activités de tous les jours de l’animal (alimentation, repos, jeu, élimination, etc.). On le nomme aussi l’espace social. Les comportements dans le domaine de vie seront dépendants de : L’humain et ses connaissances (surtout le propriétaire), La socialisation du chien, Des individus ou des animaux présents, Des antécédents (expériences vécues), De la physiologie, Des émotions, Des ressources, Du milieu. Toutes ces conditions vont influencer les comportements de notre chien et ses apprentissages. L’animal se déplace dans un espace physique et social. Ces déplacements ont aussi une vertu communicative. Le chien bouge dans son espace pour se rapprocher ou s’éloigner d’un humain, d’un animal ou même d’un objet. Là où les comportements agonistiques viendront de manifester, c’est lorsque l’humain ou un autre animal entre dans les zones à proximité du corps du chien. On peut les représenter à l’aide de cercles concentriques. Plus on s’approche du corps, plus l’émotion du chien et ses réactions seront intenses. Évidemment, cela est toujours selon le fameux CONTEXTE. On nomme ces zones de la plus distancée à la plus proche : domaine de vie, zone territoriale, zone de sécurité, zone critique et zone individuelle. Les comportements agonistiques sont des possibilités qui s’offrent au chien dans une situation réelle ou estimée, d’urgence, de conflit ou de danger physique. Dans la nature, ces comportements s’opèrent naturellement sans aucun apprentissage. Dans notre domaine de vie dans lequel évoluent nos chiens, ces comportements sont des acquis relevant de l‘expérience dans certaines circonstances. Les distances qui séparent chacune des zones sont extrêmement variables selon les animaux et les situations. Il faut donc bien observer et analyser ces zones afin de mieux comprendre les réactions de notre animal et intervenir pour améliorer ou modifier certains comportements. De plus, notre mode de vie exige des clôtures, des laisses, un territoire limité alors que cela n’existe pas dans la nature. L’opossum, par exemple, a un comportement agonistique original particulièrement efficace. Il fait le mort et sécrète une odeur de putréfaction avancée, ce qui révulse ses prédateurs qui le laissent tranquille. Le lièvre a tendance à figer s’il voit un chien parce qu’instinctivement, il sait que le mouvement le fera repérer plus facilement par le chien. 18 En général, on peut définir 4 comportements agonistiques. En anglais, ils représentent les quatre « F ». Fly → Fuite Fool around → Faire n’importe quoi (signaux d’inconfort) Freeze → Figer ou Menace (offensive ou défensive) Fight → Foncer ou Agression (offensive ou défensive) Ainsi lorsque deux chiens ou deux animaux (incluant l’humain) se rencontrent, il y a émission de signaux olfactifs, auditifs et posturaux qui exigent une réponse de l’adversaire. Cela entraine une suite de comportements qui amèneront le jeu, le conflit, l’agression, l’ignorance ou l’accouplement. Les comportements sont actifs et des changements subtils dans l’environnement ou dans la posture des individus influencent le déroulement et la conclusion des événements. Les 4 comportements agonistiques peuvent se présenter dans des ordres différents. Les zones émotionnelles de l’animal Zone de sécurité → fuite distance entre le chien et un intervenant qui permet la fuite. Si le chien éprouve de la crainte et de la peur, il le démontrera en tentant d’éviter ou d’échapper à l’intrus. Zone territoriale Zone → domaine de vie critique familiale Zone où l’animal ne peut plus fuir et risque d’attaquer Domaine de vie ou de menacer ouvertement. → zone large, incluant le quartier, le parc à chien, etc. Zone individuelle → sa bulle Zone neutre = domaine de vie Zones où l’animal est aux aguets = zones territoriale et de sécurité Zones où l’animal menace et risque d’attaquer = zones individuelle et critique 19 Ces distances émotionnelles sont inversement proportionnelles au degré de socialisation de l’animal. L’approche d’un chien vers un autre est dictée par des codes ritualisés. La trajectoire de l'approche, la cinétique, les postures corporelles et les mimiques faciales sont autant de facteurs qui joueront sur la réaction d’un et de l’autre chien. 1- La fuite ou fuir (Fly) Zone de sécurité Fuite Chien Intrus Le premier comportement agonistique et le plus efficace pour éviter un conflit ou une bataille est la fuite. Si le chien a le choix, au lieu de se battre, il va fuir et rechercher un endroit sécuritaire. Il veut augmenter la distance entre lui et son adversaire. Leur but ultime n’est certes pas l’affrontement et la bataille. Sinon, cela pourrait mettre en péril la survie de l’espèce. La fuite évite des batailles. L’animal évite alors de subir des blessures qui ne feraient que le mettre encore plus en danger. Qu’il soit attaché à sa laisse, relié à une niche, en cage ou accolé à un mur, le chien ne peut pas toujours fuir la menace qu’il perçoit. Il se comportera différemment pour éliminer ou éloigner ce qui le perturbe. 2- L’expression de l’inconfort ou faire n’importe quoi (Fool around) Ces signes étaient appelés signaux d’apaisement2 il y a quelques années. Toutefois, ce terme est très vague et ne renseigne pas précisément sur les émotions et les intentions réelles de l’animal. Maintenant, on s’entend pour appeler ces signes : signaux d’inconfort ou de stress. Ils sont émis par l’animal face à une situation inconfortable pour lui. Ces signaux physiques et physiologiques émis par l’animal sont utilisés pour : Se calmer lors de situation stressante,  Se contrôler si l’excitation est trop grande,  Communiquer un malaise, un stress ou que ses intentions sont pacifiques (ne cherche pas le conflit),  Calmer un individu qu’il sent stressé. 2 Signaux d’apaisement est un terme encore utilisé par plusieurs. Ne vous surprenez pas de le voir encore dans la littérature ou de l’entendre de la bouche de certains acteurs du monde canin. Dans le cadre de ce cours, nous nous efforcerons d’utiliser l’un des termes plus actuels, c’est-à-dire inconfort ou stress. 20 Si le chien ne peut fuir ou qu’il veut obtenir plus d’informations sur l’autre animal ou l’humain, il devra trouver d’autres façons d’éviter la confrontation. Il utilisera son langage corporel, et quelques fois vocal, pour tenter de s’apaiser, pour montrer à l’autre son inconfort. L’objectif est de lui envoyer un message disant : « Je ne désire pas de conflit, je ne veux pas me battre, je veux partir, je souhaite t’ignorer, j’ai peur, je suis anxieux, je n’aime pas le contexte où je me trouve… ». Pour ce faire, le chien utilise alors un ou plusieurs des signaux d’inconfort ou signaux de stress suivants en séquence ou parfois simultanément jusqu’à ce que son adversaire comprenne : Détourner les yeux, la tête ou le corps, Faire semblant d’être occupé, Se lécher la truffe ou les babines, Marquer ou déposer son odeur, incluant uriner, Figer, Se coucher ou s’asseoir, Bouger lentement, contourner ou avoir une Se secouer ou se gratter, démarche sinueuse, Lever un membre thoracique, Appel au jeu (play bow), Sentir l’air ou renifler le sol, Remuer la queue en gardant l’arrière-train S’interposer, immobile, +/- Bailler (remis en question). S’aplatir les oreilles, cligner des yeux à répétition, Depuis 2020, bâiller ne serait plus considéré comme un signal d’inconfort par certains. Des observations ont été faites et, entre chiens, on remarque qu’un bâillement n’attire pas une réponse de bâillement chez l’autre chien. Les bâillements sont observés lors de faim, douleur, ennui, activité répétitive, mal des transports, maux d’estomac, etc. Il a été conclu par des scientifiques que le bâillement n’est qu’un signe de changement de rythme. D’autres persistent à l’inclure dans les signaux d’inconfort. Un exercice est disponible à l’annexe 3 pour vous permettre de reconnaître les signaux d’inconfort. D’autres signes physiques permettent une communication entre les chiens pour éviter les conflits. On parlait avant de soumission active ou passive, mais la soumission est ponctuelle et contextuelle. Les termes ont donc évolué. Vous en apprendrez davantage à ce sujet dans la section 2.4 du Chapitre 3. La posture basse active pour un chien se traduit par une position debout, mais basse. Sa démarche est sinueuse et écrasée. L’animal peut figer, les oreilles tournées vers l’arrière, le regard indirect, la tête et la queue sont gardées basses. Il peut laper l’air ambiant ou tenter de lécher l’autre animal. Sa posture basse est souvent accompagnée d’une distribution inégale du poids du corps sur ses quatre pattes. →  La posture basse passive est très explicite pour l’adversaire, car le chien soumis est couché sur le flanc au sol, expose son ventre, tourne sa tête et expose aussi son cou vulnérable à une morsure. Il peut accompagner cette posture de petits gémissements ou d’une miction. Il démontre clairement sa vulnérabilité. 21 Quatre types de signaux non verbaux et un verbal, bien compris des chiens, peuvent être utilisés par nous pour diminuer la peur ou le stress d’un animal. Ils sont en lien avec : De façon pratico-pratique, on doit donc : La position du corps, Détourner la tête, le corps, le regard La cinétique, Marcher lentement La trajectoire d’approche, Utiliser une direction sinueuse Le regard (direction et intensité), Éviter le regard direct La voix. Prendre une voix posée, calme, utiliser un débit lent Comment bien se présenter à un canidé On fait appel à son sens de l’odorat et de l‘observation. ✓ Premièrement, on ignore le chien physiquement et visuellement (langage corporel et visage neutre); ✓ Ensuite, on salue les propriétaires du chien calmement sans saluer le chien; ✓ En continu, on observe minutieusement le chien du coin de l’œil. On laisse le chien nous humer et ainsi prendre des informations précieuses qu'il a besoin de connaître; ✓ On observe si le chien a des signaux d’inconfort ou s'il semble calme et amical; ✓ S'il est calme, on s’accroupit en « petit bonhomme » pour se mettre à sa hauteur et on laisse le chien renifler et sentir notre main non crispée; ✓ Si la réaction physique du chien est de bouger la queue et s’il a les yeux bien ouverts, on pourra tenter une caresse sur le poitrail. Important : Je ne vais pas vers lui et ne tente pas d’entrer en contact avec lui si le chien demeure loin de moi, je le laisse s'adapter doucement en effectuant des gestes lents et en utilisant une voix douce. Posture d’affrontement : _________________________________________________________________ ______________________________________________________________________________________ ______________________________________________________________________________________ Posture d’appel : ________________________________________________________________________ ______________________________________________________________________________________ 22 3- La menace ou figer (Freeze) Le 3e comportement agonistique pouvant être utilisé est la menace. Elle survient lorsque le chien ne peut fuir ou qu’il a tenté d’exprimer son inconfort à son adversaire réel ou non sans succès. Si l’adversaire ne semble pas comprendre le refus d’interaction ou parce que cet adversaire est entré dans la zone critique, le chien tente la menace afin d’impressionner l’autre. La menace servira à lui dire encore plus clairement : « Stop, si tu continues à avancer, je peux me battre, je ne le veux pas nécessairement, mais je vais le faire si tu ne m’en laisses pas le choix. ». Le chien peut utiliser 2 menaces selon ses intentions et le comportement de son adversaire. Si la bataille est imminente et qu’il est prêt à l’engager, il utilisera la menace offensive. Il signale clairement qu’il est prêt à se battre. Dans cette forme, tout le corps est tendu vers l’avant, le regard est direct, les crocs et les incisives sont exposés, la piloérection est visible minimalement à la base de la queue, des grognements sont audibles, les oreilles sont tournées vers l’avant et la queue est en ligne avec le corps ou en position haute. Si l’adversaire continue à avancer, c’est l’attaque ! Le chien peut adopter la menace défensive. Dans ce cas, il est moins tenté par la bagarre, mais il veut quand même démontrer à son adversaire qu’il passera à l’attaque si nécessaire. Dans cette forme de menace, la piloérection est située au niveau du cou, toutes les dents sont exposées (canines, incisives, prémolaires et molaires), la queue est basse, les oreilles sont pivotées vers l’arrière, des grognements sont audibles et le corps est tendu, mais campé vers l’arrière. Il est prêt à reculer s’il en a l’occasion. Le chien peut adopter l’une, l’autre ou les deux postures selon chaque situation. La menace est importante dans la séquence comportementale de l’agression, car elle indique les intentions du chien. On doit être en mesure de lire tous ces signes non verbaux puisqu’ils nous indiquent clairement : « Arrête ce que tu fais, sinon je risque de te mordre! ». Tous les signes n’ont pas à être présents, chaque animal et encore une fois chaque contexte est différent. Une menace peut-être plus subtile. On peut remarquer seulement une piloérection ou des grognements, mais cela peut tout de même être une forme de menace. 23 4- L’agression ou foncer (Fight) L’agression est le 4e comportement agonistique. Elle est sans contredit le plus dangereux des comportements, autant pour les chiens que pour les humains. Lorsque le chien en est rendu à cette étape, c’est souvent qu’il a épuisé toutes les autres possibilités et que c’est le seul comportement qu’il a trouvé, expérimenté ou qu’il sait efficace pour faire fuir la menace. Le chien répète ce qui a contribué à diminuer son stress et faire fuir son adversaire! L’animal apprend tout au long de sa vie canine à agir et réagir. Il est un animal opportuniste et ne reproduira que les comportements qui lui ont donné raison et ont fait fuir la menace qu’il percevait, que cette dernière soit réelle ou non. Toutefois, son but ultime est toujours le même, ne pas générer de bataille. Le chien désire la survie de son espèce, pas son extinction. L’agression vise à augmenter la distance entre deux individus. On peut qualifier les agressions de normales ou anormales, de défensives (réactives) ou offensives. Une agression est dite normale, si la séquence comportementale est complète. C'est-à-dire, si toutes les étapes (actes moteurs) au niveau du langage corporel se succèdent. Ces signes précurseurs sont essentiels à définir et reconnaître dans le but, bien sûr, de désamorcer l’escalade de l’agression. Si le chien montre les dents ou grogne, c’est que la situation à laquelle il fait face le rend inquiet ou l’angoisse. Il faut donc préserver ces signes et surtout ne pas punir le chien. La menace précède l’agression. La punition ne servira qu’à enseigner au chien à passer plus rapidement à l’agression sans passer par tous les actes moteurs habituels (signes précurseurs). La punition augmente le stress ou l’anxiété de l’animal et l’agression sera plus rapide. Si l’intégrité de la séquence est modifiée, l’animal est considéré comme pathologique. Ces types d’agressions sont anormales, souvent imprévisibles, très rapides et multiples. 24 Mise au point concernant le stress, l’anxiété et la peur Peur : Émotion déclenchée par une menace perçue, réelle ou non, dans l’environnement. Elle permet la survie. Si un animal a peur, il peut figer ou tenter de fuir. Si ce n’est pas possible, il passera possiblement à l’agression. Quand on a peur, notre cœur bat plus vite et la circulation est centrée sur les organes vitaux. Anxiété : Émotion qui résulte de l’anticipation du danger réel ou imaginaire. L’animal ne cherchera pas toujours à fuir. Stress : Réponse à un stimulus (stresseur) qui modifie l’homéostasie physique et émotive. Les chiens souffrent aussi de stress. Les manifestations de cet état sont multiples. L’état de stress est associé régulièrement à la peur, l’anxiété ou des conflits d’émotions. S’il est trop élevé ou chronique, cela peut entrainer des troubles comportementaux (hypervigilance, hyperactivité, irritabilité, etc.). Phobie : Peur extrême ou exagérée. L’animal pense qu’il va mourir. Dans une situation nouvelle, lors d’une visite chez le vétérinaire ou d’une rencontre fortuite avec un étranger animal ou humain, le chien peut éprouver de l’anxiété ou du stress. Il émettra donc des signes physiques ou comportementaux qui devraient attirer notre attention. Sinon, ils impliquent que le chien pourra, si son stress ne diminue pas, passer rapidement à la menace ou l’agression. Il faut détecter le plus tôt possible les signes d’anxiété chez le chiot afin d’aider le chien à se développer plus sainement en agissant de façon appropriée. Le stress peut provenir d’une source : Endogène : de l’individu lui-même secondairement à une maladie ou une douleur Exogène : de l’extérieur de l’individu, son environnement, son milieu, d’autres individus… Exemples de signes observables Qu’est-ce qui peut stresser mon chien? chez un chien stressé : Menaces directes (violence, colère, agression) Front plissé Exigences exagérées Halètement Trop d'exercices ou d’activités Tremblements Faim, soif Léchage du nez, des babines ou des pattes Température (froide ou chaude) Faire les 100 pas Douleur Absence d’exploration Bruits Hypervigilance Solitude Incapable de se détendre Événements inattendus Queue basse Être toujours dérangé Oreilles vers l’arrière Changements brusques Membre thoracique levé Maladies (p. ex. : hyperadrénocorticisme) Faire semblant de dormir Etc. Selles ou urines Etc. Pourquoi doit-on reconnaître ces signes? _____________________________________________________ ______________________________________________________________________________________ 25 Lorsque nous communiquons avec un chien, s’il y a discordance entre notre discours et notre langage corporel, le chien répondra au langage corporel. Le non verbal est ce qu’il décode et comprend le mieux. Donc, si nous voulons éviter toute erreur dans l’interprétation canine, nous devons être clairs, précis et constants dans nos communications avec les animaux. En tant que TSA en clinique, vous devrez observer l’animal et détecter les signes de stress en portant attention : - Aux interactions de l’animal avec son environnement, - Sa communication et ses interactions avec les humains présents, - Sa réaction aux manipulations, - Son niveau d’énergie, - Aux signes de stress vus précédemment, - Aux vocalisations… Il existe des échelles pour mesurer le stress des animaux et ainsi nous aider à mieux interagir avec eux. Ceci contribue à améliorer le bien- être de l’animal, mais aussi du personnel soignant. ÉCHELLE DE STRESS – CHIEN D’après Hernander (2008), adapté par Overall (2013) Niveau COMPORTEMENT DU CHIEN ET APPARENCE de stress 1 Calme, détendu, pas impressionné 2 Alerte, mais calme et coopératif 3 Tendu, mais coopératif, halète doucement, se laisse mener en laisse 4 Tension évidente, anxieux, tremble, pleure, ne s’assoit ou ne se couche pas, halète intensément, difficile à contrôler en laisse 5 Stress extrême, aboie ou hurle, essaie de se cacher, doit être soulevé ou forcé fermement lorsqu’il est emmené en laisse Les échelles d’évaluation de la peur, de l’anxiété et du stress (PAS) chez le chien et le chat réalisées par Fear Free sont disponibles à l’annexe 4 et 5 respectivement. 26 L’agression L’agressivité est difficile à définir clairement, car cela dépend des points de vue et elle dépend fortement du contexte. La psychologie considère l’agression comme une atteinte à l’intégrité physique ou psychologique qui interfère avec la liberté d’un autre individu. Joël Dehasse ajoutait que l’agression peut contraindre un individu ou le garder à distance sans son consentement. Le comportement agressif peut avoir plusieurs fonctions chez l’animal : Se défendre contre une menace, Se maintenir en vie (parce qu’il se sent en danger), Communiquer à un autre animal qu’il doit se distancer (ne veut pas d’interaction). Les origines Les origines de l’agressivité sont multiples. On sait évidemment que la génétique des parents est en cause dans beaucoup de cas. Sinon, pourquoi utiliserait-on une race plus qu’une autre pour leur côté gardien et protecteur? Certaines races de chien ont définitivement des aptitudes plus développées pour la prédation, la protection ou la réactivité. Le chien nait avec son tempérament propre et son potentiel d’agressivité, mais c’est l’humain qui peut être responsable de sa manifestation adéquate ou non. L’éducation des parents canins (adoptifs ou biologiques) est aussi très importante dans l’équilibre social et émotionnel du chien. Des parents canins nerveux et peureux enseigneront malgré eux la peur et la nervosité à leur progéniture. De bons parents bien socialisés et équilibrés transmettent leurs comportements et émotions jusqu’à la période de sevrage des chiots. Nous verrons dans le chapitre 4 – Notions de base en éducation canine que le chien a des périodes de socialisation dans son jeune âge. La socialisation d’un animal consiste à l’habituer à différentes situations ou rencontres. Un manque de socialisation amènera le chien à être méfiant face à certaines situations ou certains individus. L’environnement, après l’adoption du chiot, représente aussi un facteur non négligeable. Le chiot aura beau avoir eu les meilleurs parents canins, si l’humain qui en devient propriétaire n’a aucune notion sur l’éducation ou les besoins de son animal. Il pourra créer un chien inadapté. Par exemple, un terrier du révérend Jack Russell à poil lisse qui n’a aucun accès à de l’exercice ou à des jouets deviendra complètement incontrôlable. Si, en plus, ce propriétaire utilise la punition à répétition, le chien apprendra à craindre son propriétaire. Si le chien manque d’exercice, s’il est exclu, ne voit jamais d’autres humains ou animaux, tous ces facteurs sont mauvais pour sa santé globale. Tout le vécu de l’animal dans sa vie avec l’humain lui permet d’apprendre certaines attitudes ou des comportements qu’il renouvellera s’il en retire un avantage quelconque. La peur, le stress et l’anxiété peuvent conduire à une mauvaise analyse et interprétation du danger perçu. Ils peuvent donc mener à une agression. 27 En résumé, les origines de l’agressivité peuvent être : La génétique, La mauvaise éducation de la mère et des adultes chiens ayant fréquenté l’animal, Le manque de socialisation, L’environnement, Les expériences vécues qui façonnent par apprentissage les comportements de l’animal, L’inexpérience et les faux pas du propriétaire, La peur ou l’anxiété, La maladie mentale ou maladie d’autre origine… Pour qu’une agression se produise, l’animal doit avoir la pulsion (composante génétique surtout), une personnalité proactive ou réactive et le contexte doit y prédisposer. L’agressivité d’un animal est toujours contextuelle. Une agression peut être normale ou non. Elle est considérée comme anormale lorsque, pour un contexte donné, la réaction agressive ne se justifie pas. La classification Les animaux ne sont pas tous agressifs pour les mêmes raisons. Certains le seront face à la nourriture, face à certains chiens, face aux facteurs, voilà autant de situations qui peuvent donner l’occasion à l’animal de manifester son agressivité. Certains chiens sont agressifs envers tout ou presque. Évidemment, ces animaux représentent une plus grande dangerosité. La liste ci-dessous énumère la classification commune des agressions. Celles marquées d’un astérisque* sont les agressions qui font le plus fréquemment l’objet de consultations en clinique de comportement. Agression pour la nourriture* (Protection de ressources alimentaires) : Protège quelque chose de consommable (p. ex. : sa nourriture, un os, une gâterie…)________________________________________ Agression maternelle : ___________________________________________________________________ ______________________________________________________________________________________ Agression territoriale ou de protection d’objet* (Protection de ressources non alimentaires) : Lors d’intrusion sur son territoire ou pour protéger un objet ou un humain_______________________________ Agression de prédation* : Envers une proie (animal, humain, objet). La séquence est différente (attaque silencieuse, absence d’avertissement, secouage…). Il n’y a pas de menace____________________________ Agression redirigée : Réoriente son agression sur un autre individu, car il n’est pas en mesure d’atteindre la source primaire________________________________________________________________________ Agression par l’assertivité* (anciennement dominance) : _______________________________________ ______________________________________________________________________________________ Agression par la peur* : Zone critique envahie, ne peut pas fuir, la menace n’a pas fonctionné…__________ Agression induite par la douleur ou la maladie* : ______________________________________________ ______________________________________________________________________________________ Agression idiopathique : Agression dont on n’a aucune idée de l’origine et de la cause__________________ 28 Pourquoi classifier les agressions? Afin de nous aider à savoir si l’on pourra les gérer ou pas, Cela aide à évaluer le niveau de dangerosité de l’animal et son pronostic, Pour nous permettre d’y travailler (modifier le comportement ou les habitudes du propriétaire). Pronostic et gestion selon la classe d’agression Bon pronostic Douleur (+/- maladie) Agressions imprévisibles Peur, Idiopathique Agressions dangereuses Peur, Prédation, Idiopathique, Assertivité (si apprise) Agressions contrôlables Maternelle, Nourriture, Redirigée, Territoriale L’agression de prédation est dans une classe à part. Elle se manifeste chez les chiens qui ont un haut niveau d’instinct de prédation (chasse). L’attaque est soudaine et impulsive, car le chien chasse une « proie » ou un objet en mouvement. Des mouvements de secouage sont presque toujours remarqués, car le chien tente de faire une mise à mort (p. ex. : gros chien qui secoue un petit chien dans sa gueule). Ce type d’agression est très dangereux, car le patron moteur est généralement ancré dans la génétique de l’animal. Ces cas sont très difficiles à travailler. On misera davantage sur le contrôle de l’environnement et la prévention en exigeant le port d’une muselière-panier au moindre risque (souvent en tout temps), exclure la « proie » du milieu de vie, contrôler l’environnement, travailler l’autocontrôle, le rappel, etc. Dans le cadre de ces consultations en comportement (réalisées par une personne compétente ou un vétérinaire comportementaliste). Une anamnèse complète est menée pour statuer sur le type d’agressivité. Cela permettra d’y travailler pour tenter de modifier le comportement de l’animal ou les habitudes du propriétaire qui contribuent à générer ou stimuler les comportements agressifs. La gestion des agressions par un TSA La prévention est l’élément le plus important. Le technicien en santé animale doit s’intéresser au comportement, car il est souvent la première personne qui reçoit l’appel d’un client désespéré aux prises avec ce type de problème. Vous n'aspirez certainement pas toutes et tous à devenir comportementalistes, mais vous devez tous comprendre l’agressivité, la peur et l’anxiété afin de pouvoir aider le client, aider l’animal ou le référer à la personne- ressource la plus pertinente selon le problème. Il faut, en tout premier lieu, analyser le comportement en posant les bonnes questions au propriétaire. Il faut le faire parler, prendre le temps et pouvoir faire ressortir les points pertinents dans les propos du client. Ce qui n’est pas toujours facile! L’objectif est de pouvoir déterminer le type d’agression et ce qui semble avoir déclenché l’attaque. Pour faire parler son client, on doit lui poser des questions ouvertes. Tel que vous l’avez déjà appris dans le cours de Clientèles animales, il s’agit de questions qui imposent un développement plutôt qu’une réponse par oui ou non. 29 Voici quelques exemples de questions à poser dans les cas d’agression canine : Comment votre chien a-t-il averti avant de mordre? Expliquez comment il a agi avant la morsure. La morsure était-elle prévisible ou non selon vous? Qui le chien a-t-il mordu? Êtes-vous en mesure d’identifier ce qui a déclenché le comportement? Si oui, quel est le stimulus? Pourriez-vous me décrire en détail les événements? Est-ce sa première morsure? Sinon, combien de fois cela est survenu-il? Racontez-moi la première fois que votre chien a mordu. Quel âge avait-il? Est-ce que ce comportement est plus fréquent? Les morsures plus sévères? A-t-il un comportement d’agression envers les humains, les animaux, un type d’individu en particulier? Etc. Pour y voir plus clair, vous devrez utiliser la technique d’analyse comportementale ABC telle que détaillée au Chapitre 1 – Introduction à l’éthologie. Soyez honnête et professionnel. Ne tentez pas de répondre en dehors de vos compétences seulement pour vous débarrasser de votre interlocuteur. Idéalement, avant de proposer quoique ce soit, vous devez conseiller un examen vétérinaire. Cet examen par un professionnel compétent est essentiel pour éliminer toutes les causes médicales. On pourra compléter votre anamnèse, procéder à un examen physique complet et effectuer des tests complémentaires comme un bilan sanguin au besoin. Dans certains cas, le vétérinaire pourra tenter de mettre le chien dans la situation qui provoque son agressivité pour lui permettre de voir en temps réel tous les actes moteurs ou signes physiques. Ce n’est pas toujours réalisé, car c’est rarement applicable de façon sécuritaire. Quand cela s’avère impossible, on recommande de plus en plus de filmer la séquence comportementale à l’insu de l’animal et d’apporter cette vidéo au professionnel. L’animal dans son milieu est souvent beaucoup plus explicite et ces vidéos permettent de voir l’environnement dans lequel survient l’agression et toutes ses composantes. Évidemment, on déconseille à la famille de se mettre à risque en déclenchant une agression. La sécurité des personnes doit primer. Le but de cet examen vétérinaire est aussi d’outiller le propriétaire pour réduire les risques en lui prodiguant des conseils et recommandations. NOTE IMPORTANTE : Depuis mars 2020, le Règlement d’application de la Loi visant à favoriser la protection des personnes par la mise en place d’un encadrement concernant les chiens (voir l’annexe 6) exige que : « Un médecin vétérinaire doit signaler sans délai à la municipalité locale concernée le fait qu’un chien dont il a des motifs raisonnables de croire qu’il constitue un risque pour la santé ou la sécurité publique a infligé une blessure par morsure à une personne ou à un animal domestique en lui communiquant, lorsqu’ils sont connus, les renseignements suivants: 1° le nom et les coordonnées du propriétaire ou gardien du chien; 2° tout renseignement, dont la race ou le type, permettant l’identification du chien; 3° le nom et les coordonnées de la personne blessée ou du propriétaire ou gardien de l’animal domestique blessé ainsi que la nature et la gravité de la blessure qui a été infligée. ». Bien que cette responsabilité incombe le médecin vétérinaire, vous pourrez lui rappeler cette obligation ou l’aider dans le processus. 30 Les personnes à risque Le chien a 3 armes : sa masse, ses dents et son instinct de prédateur. En tenant compte de ces facteurs, on peut estimer que certaines personnes se retrouveront plus à risque de subir une attaque. Les individus plus faibles physiquement ou les personnes incapables de décoder le langage canin sont plus à risque. Voici une liste non exhaustive et approximative des personnes à risque en ordre décroissant : Enfant de moins de 5 ans, Enfants de plus de 5 ans, Personnes démontrant peu d’assurance ou craintives, Personnes âgées, Personne avec un handicap majeur, Femmes, Homme. Le risque de dangerosité Comme il est impossible d’évaluer en toute objectivité l’agressivité, certains médecins vétérinaires spécialistes en comportement (Dehasse, Dre Frank, Dr Godbout, etc.) ont mis au point une formule mathématique ou un tableau récapitulatif des facteurs qui amèneront ou non un potentiel de récidive de l’épisode d’agressivité. C’est ce qu’on appelle le risque de dangerosité. On le définit comme étant la probabilité que l’animal qui a mordu récidive une ou plusieurs autres fois sur l’individu d’origine ou la collectivité en général. C’est une estimation du danger que représente l’animal. Attention, cela ne veut pas automatiquement dire qu’on se porte garant de toutes les situations à venir. L’analyse de la dangerosité n’est pas prédictive. Il faut se rappeler qu’un animal qui a mordu peut toujours le refaire. Depuis la mise en vigueur du Règlement d’application de la Loi visant à favoriser la protection des personnes par la mise en place d’un encadrement concernant les chiens (voir l’annexe 6) en mars 2020, l’évaluation du risque de dangerosité est maintenant une étape exigée par les municipalités pour les chiens représentant un risque pour la santé ou la sécurité publique. Afin de vous illustrer la complexité de la chose, deux outils vous sont partagés à la page suivante. 31 Le premier outil provient de la Belgique et il a été développé par Joël Dehasse. Il consiste en l’application de 2 formules mathématiques. Un aperçu vous est fourni à l’annexe 7. Ce test aide à évaluer un risque global pour une personne en particulier, mais ne tient pas compte des contextes et des autres personnes ayant des contacts avec l’animal. Il faut donc recalculer pour chaque personne le risque de dangerosité d’un même animal. Ce n’est pas très pratique. La dangerosité est proportionnelle à : Poids et Masse du chien Personnes à risque Aspect offensif ou défensif de l’agression (pro ou réactif) Imprévisibilité de l’agression Au contrôle et à l’intensité de la morsure* Répétition et maintien des morsures ** On évalue le contrôle et l’intensité des morsures : Mise en gueule, pas de trace Pincement de la peau Morsures contrôlées avec hématome Morsures contrôlées et tenues : peau percée Morsures fortes : muscles percés Morsures fortes et tenues : lacérations musculaires Morsures de prédation, arrachements musculaires **Répétitions des morsures : morsure simple, simple et tenue, multiples, multiples et tenues L’annexe 9 illustre aussi le niveau de morsure. Le 2e outil a été élaboré au Québec par Dre Diane Frank et il a été utilisé pendant de nombreuses années à la Faculté de médecine vétérinaire. On y fait intervenir l’animal, les individus, l’environnement et la séquence comportementale. Un aperçu vous est fourni à l’annexe 8. On tient compte dans cette évaluation de : L’Animal : taille, âge actuel, âge de la première agression, présence de maladie physique ou mentale L’Environnement : famille, environnement physique, compréhension et capacité de la famille à gérer le problème L’Agression: cibles, contexte, fréquence, variation, type, prévisibilité, sévérité, nombres de morsures, intensité La Séquence : présence de tous les actes moteurs ou non Dans le cadre de cette évaluation, on la qualifie l’agression selon le risque encouru de récidive soit : risque léger, moyen ou élevé. 32 L’utilisation des outils précédents et la réalisation d’une évaluation de dangerosité en bonne et due forme peuvent être complexes à réaliser pour des novices. Le tableau ci-dessous tente de résumer une partie des aspects qui sont évalués afin d’établir le pronostic de résolution de l’agressivité du chien. Ce tableau nous aide à déterminer si le pronostic du chien accumule plus d’éléments qui penchent vers un pronostic favorable ou vers un pronostic défavorable. Un pronostic favorable ne veut pas dire que le chien ne mordra pas. Cela signifie seulement qu’il y a plus de chance de travailler avec ce chien pour réduire les risques dans le futur. À l’opposé, un chien qui obtient un pronostic de résolution de l’agressivité défavorable sera plus difficile à travailler et des mesures plus strictes devront être mises en place pour prévenir les récidives. Ces critères pourront vous permettre de rapidement porter un jugement sur la situation afin de mettre en garde le propriétaire et de l’aviser du travail qu’il aura à faire s’il veut éviter de nouvelles agressions. Pronostic de résolution de l’agressivité Pronostic de résolution de l’agressivité favorable défavorable Âge Vieux Jeune Plusieurs personnes sont agressées et Personne ou 1 seule personne plusieurs circonstances ou contextes circonstance amorcent les agressions Prévisibilité et Vocalisations et/ou signes corporels signes Subit présents précurseurs Type Défensive Offensive d’agression Occasionnel, 1 seule fois Fréquence Fréquent ou le chien mord, puis s’enfuit! Sévérité des Légère Sévère morsures Plus ou moins intéressé à s’impliquer Propriétaire Coopératif et bonne compréhension activement Attention, en tentant de trop simplifier, on peut aussi augmenter les risques de faire une mauvaise évaluation. Ces formules et ces tableaux ne sont qu’un premier pas. Un examen vétérinaire et une évaluation complète du risque de dangerosité par un comportementaliste devront être réalisés. 33 Prévention Comme le dit si bien l’adage : mieux vaut prévenir que guérir! Lorsqu’on parle d’agression, on peut s’informer auprès de personnes-ressources compétentes. En étant proactif et très attentif à l’éducation de nos fidèles compagnons, on peut en venir à diminuer les risques d’agression. En respectant les critères suivants, on pourra diminuer les risques de dangerosité ou d’agression chez le chien : ✓ Animal en santé confirmé par un examen vétérinaire régulier ✓ Bonne socialisation aux chiens, aux humains et à différents contextes avant l’âge de 4 mois ✓ Cours d’obéissance de groupe ✓ Apprendre le langage corporel ✓ Méthodes d’éducation basées sur le renforcement positif ✓ Pas de punition physique ✓ Exercice régulier ✓ Éviter les situations conflictuelles ✓ Gérer l’environnement afin de retirer l’animal des situations stressantes pour lui ✓ Coin repos sécuritaire ✓ Coin repas à l’écart ✓ Utiliser des jouets appropriés (Ne jamais utiliser les mains, les pieds, des bas, des gants ou des mitaines) ✓ Respecter le chien (repas, sommeil…) ✓ Toujours superviser les interactions entre un enfant et le chien Que faire quand deux chiens se battent? Malheureusement, il n’y a pas de recette magique. N’oubliez pas que si vous vous exposez, vous êtes à risque de subir une agression redirigée qui est relativement fréquente dans ce contexte. Voici quelques pistes de solutions qui peuvent être tentées pour séparer les deux chiens : o Utiliser une voix ferme et autoritaire peut suffire à l’occasion. Plus souvent, les deux chiens dans le feu de l’action ne vous entendront pas. o Faire beaucoup de bruit avec des objets, ce qui pourra attirer leur attention et les détourner de la bagarre. o Jeter une couverture lourde, sur les deux bagarreurs. Ils se retrouveront dans l’obscurité et ne pourront plus continuer. o Les asperger d’eau froide peut être très efficace. o Être deux personnes et empoigner chacun l’arrière-train de chaque chien en faisant des mouvements circulaires. (Peu recommandable en raison du risque de blessure.) Que faire en cas d’agression? ______________________________________________________________________________________ ______________________________________________________________________________________ 34 Annexe 1 Langage corporel – Tête Observez bien les oreilles, la gueule, la visualisation des dents (ou non) et la mimique faciale afin de classifier les chiens suivants. Trouvez celui qui présente une : attitude neutre : _______ attitude craintive : ________ attitude de menace défensive : _________ attitude indiquant qu’il est prêt à l’attaque (offensif, sûr de lui) : ________ 35 Annexe 2 Passive Active Positions basses assertivité 36 Langage corporel – Positions du corps Séquence de peur Annexe 3 Signaux d’inconfort ou signaux de stress Identifiez les signaux d’inconfort illustrés ci-dessous. question depuis Remis en 2020 37 Annexe 4 Échelle d’évaluation de PAS chez le chien par Fear Free 38 Annexe 5 Échelle d’évaluation de PAS chez le chat par Fear Free 39 Annexe 6 Règlement d’application de la Loi visant à favoriser la protection des personnes par la mise en place d’un encadrement concernant les chiens (chapitre P-38.002, a. 1, 2e al.). SECTION I CHIENS EXEMPTÉS 1. Les chiens suivants ne sont pas visés par le présent règlement: 1° un chien dont une personne a besoin pour l’assister et qui fait l’objet d’un certificat valide attestant qu’il a été dressé à cette fin par un organisme professionnel de dressage de chiens d’assistance; 2° un chien d’une équipe cynophile au sein d’un corps de police; 3° un chien utilisé dans le cadre des activités du titulaire d’un permis délivré en vertu de la Loi sur la sécurité privée (chapitre S- 3.5); 4° un chien utilisé dans le cadre des activités d’un agent de protection de la faune. SECTION II SIGNALEMENT DE BLESSURES INFLIGÉES PAR UN CHIEN 2. Un médecin vétérinaire doit signaler sans délai à la municipalité locale concernée le fait qu’un chien dont il a des motifs raisonnables de croire qu’il constitue un risque pour la santé ou la sécurité publique a infligé une blessure par morsure à une personne ou à un animal domestique en lui communiquant, lorsqu’ils sont connus, les renseignements suivants: 1° le nom et les coordonnées du propriétaire ou gardien du chien; 2° tout renseignement, dont la race ou le type, permettant l’identification du chien; 3° le nom et les coordonnées de la personne blessée ou du propriétaire ou gardien de l’animal domestique blessé ainsi que la nature et la gravité de la blessure qui a été infligée. 3. Un médecin doit signaler sans délai à la municipalité locale concernée le fait qu’un chien a infligé une blessure par morsure à une personne en lui communiquant la nature et la gravité de cette blessure et, lorsqu’ils sont connus, les renseignements prévus aux paragraphes 1 et 2 de l’article 2. D. 1162-2019, a. 3. 4. Aux fins de l’application des articles 2 et 3, la municipalité locale concernée est celle de la résidence principale du propriétaire ou gardien du chien qui a infligé la blessure ou, lorsque cette information n’est pas connue, celle où a eu lieu l’événement. SECTION III DÉCLARATIONS DE CHIENS POTENTIELLEMENT DANGEREUX ET ORDONNANCES À L’ÉGARD DES PROPRIÉTAIRES OU GARDIENS DE CHIENS § 1. — Pouvoirs des municipalités locales 5. Lorsqu’il existe des motifs raisonnables de croire qu’un chien constitue un risque pour la santé ou la sécurité publique, une municipalité locale peut exiger que son propriétaire ou gardien le soumette à l’examen d’un médecin vétérinaire qu’elle choisit afin que son état et sa dangerosité soient évalués. 6. La municipalité locale avise le propriétaire ou gardien du chien, lorsque celui-ci est connu, de la date, de l’heure et du lieu où il doit se présenter avec le chien pour l’examen ainsi que des frais qu’il devra débourser pour celui-ci. 7. Le médecin vétérinaire transmet son rapport à la municipalité locale dans les meilleurs délais. Il doit contenir son avis concernant le risque que constitue le chien pour la santé ou la sécurité publique. Il peut également contenir des recommandations sur les mesures à prendre à l’égard du chien ou de son propriétaire ou gardien. 8. Un chien peut être déclaré potentiellement dangereux par la municipalité locale qui est d’avis, après avoir considéré le rapport du médecin vétérinaire ayant examiné le chien et évalué son état et sa dangerosité, qu’il constitue un risque pour la santé ou la sécurité publique. 9. Un chien qui a mordu ou attaqué une personne ou un animal domestique et lui a infligé une blessure peut également être déclaré potentiellement dangereux par une municipalité locale. 10. Une municipalité locale ordonne au propriétaire ou gardien d’un chien qui a mordu ou attaqué une personne et qui a causé sa mort ou lui a infligé une blessure grave de faire euthanasier ce chien. Elle doit également faire euthanasier un tel chien dont le propriétaire ou gardien est inconnu ou introuvable. Jusqu’à l’euthanasie, un chien visé au premier alinéa doit en tout temps être muselé au moyen d’une muselière-panier lorsqu’il se trouve à l’extérieur de la résidence de son propriétaire ou gardien. 40 Pour l’application du présent article, constitue une blessure grave toute blessure physique pouvant entrainer la mort ou résultant en des conséquences physiques importantes. 11. Une municipalité locale peut, lorsque des circonstances le justifient, ordonner au propriétaire ou gardien d’un chien de se conformer à une ou plusieurs des mesures suivantes: 1° soumettre le chien à une ou plusieurs des normes prévues à la section IV ou à toute autre mesure qui vise à réduire le risque que constitue le chien pour la santé ou la sécurité publique; 2° faire euthanasier le chien; 3° se départir du chien ou de tout autre chien ou lui interdire de posséder, d’acquérir, de garder ou d’élever un chien pour une période qu’elle détermine. L’ordonnance doit être proportionnelle au risque que constitue le chien ou le propriétaire ou gardien pour la santé ou la sécurité publique. § 2. — Modalités d’exercice des pouvoirs par les municipalités locales 12. Une municipalité locale doit, avant de déclarer un chien potentiellement dangereux en vertu des articles 8 ou 9 ou de rendre une ordonnance en vertu des articles 10 ou 11, informer le propriétaire ou gardien du chien de son intention ainsi que des motifs sur lesquels celle-ci est fondée et lui in

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