Mondialisation et Échanges (GPEC 2024-2025) PDF

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Ce chapitre présente les concepts de mondialisation et d'échanges internationaux, en incluant les définitions, les mesures, et quelques tendances historiques. Le document fournit aussi différentes perspectives sur l'impact de la mondialisation.

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Chapitre 5. Échanges et mondialisation GPEC - année universitaire 2024-2025 1 Plan 1. Introduction 2. La mondialisation 3. L’effet de la mondialisation sur les inégalités 4. Des politiques publiques indispensables pour réguler la mond...

Chapitre 5. Échanges et mondialisation GPEC - année universitaire 2024-2025 1 Plan 1. Introduction 2. La mondialisation 3. L’effet de la mondialisation sur les inégalités 4. Des politiques publiques indispensables pour réguler la mondialisation 5. Conclusion 2 Références bibliographiques Manuel ’CORE’ (2018) L’Économie La révolution capitaliste (Unité 1) [lien] L’insertion des pays dans l’économie mondiale (Unité 18) [lien] Les inégalités (Unité 19) [lien] 3 Définitions Mondialisation (en anglais globalization) : terme décrivant l’intégration croissante des économies du monde par des flux grandissants de biens, de services, de capitaux et de personnes au-delà des frontières nationales. Au-delà de l’interconnexion économique croissante, il y a des aspects non économiques (circulation des idées dans le monde, goûts musicaux de plus en plus semblables, alignement des systèmes juridiques,...) La mondialisation transforme en profondeur les structures économiques et sociales de chaque pays. 4 Les enjeux de la mondialisation Les échanges permettent de réaliser des gains réciproques (partie 2), mais ils peuvent également être source de conflits sur la répartition des gains (partie 4). Il se peut que des gains réciproques techniquement possibles ne soient pas réalisés. La répartition résultante pourrait sembler injuste aux yeux de certains, notamment en termes d’inégalités (partie 3) Des politiques publiques bien conçues peuvent améliorer l’efficacité ou l’équité des résultats (partie 5) 5 Plan 1. Introduction 2. La mondialisation 2.1 Définition et mesure de la mondialisation 2.2 Tendances de long terme 2.3 Échanges et spécialisation : le moteur de la mondialisation 3. L’effet de la mondialisation sur les inégalités 4. Des politiques publiques indispensables pour réguler la mondialisation 5. Conclusion 6 Plan 2. La mondialisation 2.1 Définition et mesure de la mondialisation 2.2 Tendances de long terme 2.3 Échanges et spécialisation : le moteur de la mondialisation 7 Un phénomène multi-dimensionnel Plusieurs types d’échange Échange de biens (ou de marchandises) : produits tangibles physiquement transportés à travers les frontières par la route, le train, l’eau ou les airs. Échange de services : produits intangibles échangés entre agents localisés de part et d’autre de frontières Permettent le commerce de marchandises (transport, services financiers, conseils juridiques, assurances) Développement d’autres types de services : tourisme, éducation (Europe et États Unis), services médicaux, informatiques Échange d’humains : migrations de travailleurs qualifiés et non qualifiés Échange financier : flux de capitaux entre les pays 8 Mesurer la mondialisation (1) le volume des échanges Une approche simple consiste à mesurer le volume des échanges d’un pays, d’une région ou du monde entier dans son ensemble, au cours du temps. Si une augmentation est observée, nous pouvons en conclure que le pays, la région, voire le monde sont de plus en plus mondialisés. Un indicateur couramment utilisé est l’évolution de la part des importations ou des exportations ou du commerce total (importations plus exportations) dans le PIB, ce qui permet de prendre en compte la croissance du PIB autant que celle du commerce. 9 Mesurer la mondialisation (1) le volume des échanges 10 Mesurer la mondialisation (2) l’écart de prix entre X et M Une seconde méthode consiste à mesurer les coûts additionnels de l’exportation de biens par rapport à une vente sur le marché domestique Coûts de transport Coûts de transaction Lorsque le coût d’échange entre pays diminue, cela signifie, en termes économiques, que le monde a ’rétréci’, comme si les pays s’étaient rapprochés. Cela implique une diminution des écarts de prix entre pays exportateurs et importateurs 11 Mesurer la mondialisation (2) l’écart de prix entre X et M Le mécanisme de la convergence des prix : l’arbitrage 1. En achetant à bas prix sur les marchés exportateurs et en vendant à un prix supérieur sur les marchés importateurs, les négociants peuvent faire un profit tant que l’écart de prix est supérieur aux coûts totaux d’échange. 2. Lorsque les négociants réalisent des arbitrages de ce type, ils diminuent l’offre du bien sur le marché d’exportation, ce qui y augmente son prix ils augmentent l’offre du bien sur le marché d’importation, ce qui diminue son prix 3. Ces deux effets mènent à une baisse de l’écart de prix et se poursuivent jusqu’à ce que l’écart de prix soit égal au coût de l’échange, rendant tout nouvel arbitrage non rentable. 12 Mesurer la mondialisation (2) l’écart de prix entre X et M Indicateurs de l’intensité de la mondialisation Baisse des prix des importations (mais elle peut être due à une diminution de la demande ou à une augmentation de l’offre) Hausse des prix des exportations (mais elle peut être due à une hausse de la demande ou à une baisse de l’offre) Réduction des écarts de prix entre les pays importateurs et exportateurs = plus fiable (surtout si augmentation du volume des échanges) Écart de prix élevé : le commerce est coûteux et la mondialisation limitée. Écart de prix faible : mondialisation plus marquée + monde dans lequel le commerce est peu coûteux. 13 Mesurer la mondialisation (2) l’écart de prix entre X et M 14 Mesurer la mondialisation (2) l’écart de prix entre X et M 15 Plan 2. La mondialisation 2.1 Définition et mesure de la mondialisation 2.2 Tendances de long terme 2.3 Échanges et spécialisation : le moteur de la mondialisation 16 Le commerce des biens et services Mondialisation : 1840-1914 chemins de fer empires coloniaux diminution des droits de douane) Démondialisation : 1914-1945 (protectionnisme) droits de douane quotas sur les importations Remondialisation : 1945-2020 Transports libéralisation des échanges 17 Les capitaux Autarcie pure financement des investissements uniquement issu de l’épargne intérieure dépense domestique = revenu domestique par obligation Situation actuelle : activités de prêt et d’emprunt entre les pays ( = les individus, les institutions financières, les entreprises et les États de différents pays) Un pays peut dépenser plus que ce qu’il gagne en empruntant à l’étranger. Ses dépenses seront supérieures à ses revenus Un pays peut décider de ne pas utiliser son épargne pour financer des investissements domestiques, afin de la prêter à l’étranger et obtenir un rendement sur ces prêts à l’étranger. Dans ce cas, son épargne sera supérieure à son investissement domestique, ou de façon équivalente, ses revenus seront supérieurs à ses dépenses. 18 Les capitaux Historiquement, l’intensification du commerce a eu tendance à créer de plus grands déséquilibres pour les balances courantes. En effet, quand les pays échangent entre eux, ils ont également tendance à emprunter et à prêter Mêmes tendances que sur le marché des biens et services, avec un décalage temporel Mondialisation (XIXe siècle → 1914) : flux massifs de de capitaux provenant des pays du nord-ouest de l’Europe ayant une BC excédentaire (Royaume-Uni, France, Allemagne) qui financent les investissements ferroviaires et les infrastructures dans des pays comme l’Argentine, l’Australie, le Canada et les États-Unis. Démondialisation (1914 → 1970) : limitations strictes aux mouvements de capitaux = faibles déficits et excédents des balances courantes. Contrôles des capitaux perdurent jusqu’à partir des années 1970 et 1980. Remondialisation (1945 →...) : libéralisation des capitaux. Forte augmentation des flux de capitaux, des excédents et déficits courants. Interconnexion intense des marchés financiers. 19 Le travail Évolution contrastée par rapport à la mondialisation des biens et services et du facteur capital 1. Mondialisation (XIXe siècle ↣ 1914) Forte mobilité des travailleurs issus des colonies et ex-colonies de peuplement (USA, Argentine, Australie... ) Permet à l’Europe de réguler sa transition démographique Baisse brutale du taux de mortalité (progrès de la médecine) Baisse brutale du taux de natalité décalé dans le temps 2. Démondialisation (1914 → 1950) : limitation stricte de l’immigration pendant l’entre-deux-guerres 3. Pas de remondialisation Légère libéralisation dans l’immédiat après-guerre (décolonisations, besoins de reconstruction en Europe) Restrictions croissantes à la libre circulation des personnes (les entrées et sorties de travailleurs sont globalement plus limitées aujourd’hui qu’en 1913) Pas d’absorption des dernières transitions démographiques 20 Le travail Pourquoi un tel retard pour le facteur travail ? Un facteur particulier : coût spécifique de la migration (coût familial, apprentissage d’une nouvelle culture ou langue, portabilité des diplômes) Obstacles institutionnels croissants : contrôle croissant des mouvements de personnes Pas de convergence des salaires (= écarts de prix du facteur travail) entre les pays −→ pas de validation de l’hypothèse de mobilité de la concurrence pure et parfaite 21 Le travail 22 Plan 2. La mondialisation 2.1 Définition et mesure de la mondialisation 2.2 Tendances de long terme 2.3 Échanges et spécialisation : le moteur de la mondialisation 23 Introduction Le résultat du processus d’intégration économique mondiale implique qu’aujourd’hui, presque tous les pays font partie d’une économie mondiale intégrée caractérisée par : La spécialisation : certains endroits se spécialisent dans la production de certains biens. L’échange : ces biens sont ensuite échangés avec d’autres endroits dans le monde, eux-mêmes spécialisés dans d’autres biens. La spécialisation implique l’échange, car en produisant moins de variétés de biens et services que vous n’en utilisez, vous devez échanger pour acquérir ce que vous ne produisez pas. L’échange international résulte de la spécialisation des pays. L’échange implique des gains mutuellement avantageux Si les pays se spécialisent là où leur avantage comparatif est le plus grand 24 Introduction Le modèle des avantages comparatifs, établi au XIXe siècle en pleine ère industrielle par David Ricardo, permet de montrer que sous l’hypothèse de spécialisation, l’échange est avantageux pour toutes les parties prenantes de l’échange commercial. C’est un moteur puissant de la mondialisation. Nous allons le présenter dans cette sous-partie, avant d’en présenter les limites et prolongements. Nous étudierons dans la partie suivante ses effets en termes d’inégalités. 25 La notion d’avantage absolu Tableau 1. Ressources nécessaires (en h de travail) pour produire du tissu (en pièces de tissu) et du vin (en tonneaux) h de travail Tissu Vin Portugal 20 10 Royaume-Uni 1 8 Le Royaume Uni est plus performant dans la production des 2 biens Il lui faut 1 heure pour produire 1 pièce de tissu (vs. 20) Il lui faut 8 heures pour produire 1 tonneau de vin (vs. 10) rightarrowtail il dispose d’un avantage absolu dans la production des 2 biens 26 Le principe des avantages comparatifs L’énoncé du principe : L’échange est bénéfique pour tous si les agents se spécialisent dans le domaine où ils sont relativement les plus performants Le contexte : la première révolution industrielle Le Royaume-Uni est avance dans la production de biens manufacturés (notamment le tissu grâce aux métiers à tisser à vapeur) Contraste avec les autres pays européens, plus agricoles L’enjeu pour le Royaume-Uni : renoncer à allouer des ressources rares à la production agricole pour tout miser sur les produits manufacturés. 27 Coût d’opportunité en autarcie Tableau 1. Ressources nécessaires (en h Tableau 2. Coût d’opportunité de la de travail) pour produire du tissu (en production de tissu et de vin en autarcie pièces de tissu) et du vin (en tonneaux) CO Tissu Vin h de travail Tissu Vin Portugal 2 1/2 Portugal 20 10 Royaume-Uni 1/8 8 Royaume-Uni 1 8 Pour le Royaume Uni, le coût d’opportunité d’une unité de tissu est égal à la quantité de vin que l’on aurait pu produire y consacrant les ressources utilisées pour produire cette unité de tissu Pour produire une unité de tissu, il faut 1 h, alors qu’il faut 8h pour produire une unité de vin En 1 h, on peut donc produire 1/8e de bouteille de vin Le coût d’opportunité du tissu au RU est donc égal a 1/8e 28 Coût d’opportunité en autarcie Tableau 1. Ressources nécessaires (en h Tableau 2. Coût d’opportunité de la de travail) pour produire du tissu (en production de tissu et de vin en autarcie pièces de tissu) et du vin (en tonneaux) CO Tissu Vin h de travail Tissu Vin Portugal 2 1/2 Portugal 20 10 Royaume-Uni 1/8 8 Royaume-Uni 1 8 Quel est le coût d’opportunité 1. D’une unité de vin au Portugal ? 2. D’une unité de tissu au Portugal ? 3. D’une unité de vin au Royaume Uni ? 29 Avantage comparatif : définition Définition : un pays dispose d’un avantage comparatif dans la production du bien où il possède, relativement à l’autre pays, le coût d’opportunité le plus faible par rapport à la production de l’autre bien CO Tissu Vin Portugal 2 1/2 Royaume-Uni 1/8 8 Par rapport au Royaume-Uni, le Portugal dispose d’un avantage comparatif dans la production de vin car 1/2 < 8 Par rapport au Portugal, le Royaume-Uni dispose d’un avantage comparatif dans la production de tissu car 1/8e < 2 30 Avantage comparatif et intérêt à l’échange Principe de l’avantage comparatif : chaque pays a intérêt à participer au commerce international en se spécialisant dans la production du bien où il dispose d’un avantage comparatif CO Tissu Vin Portugal 2 1/2 Royaume-Uni 1/8 8 Si les 2 pays suivent ce principe et se spécialisent Le Portugal produit et exporte du vin (et importe du tissu) Le RU produit et exporte du tissu (et importe du vin) 31 Analyse du marché du tissu CO Tissu Vin Portugal 2 1/2 Royaume-Uni 1/8 8 Avant l’ouverture au commerce, une pièce de tissu est vendue 1/8 unité de vin au Royaume-Uni 2 unités de vin au Portugal Après l’ouverture au commerce Le Royaume Uni a intérêt à exporter du tissu au Portugal s’il en tire un prix supérieur à 1/8 unité de vin Le Portugal a intérêt à importer du tissu du Royaume Uni s’il le paye à un prix inférieur à 2 unités de vin ⇒ les deux pays ont mutuellement intérêt à échanger du tissu si Roy Port COtissu < ptissu < COtissu 1/8 < ptissu < 2 32 Analyse du marché du vin CO Tissu Vin Portugal 2 1/2 Royaume-Uni 1/8 8 Avant l’ouverture au commerce, une pièce de vin est vendue 8 unités de tissu au Royaume-Uni 1/2 unité de tissu au Portugal Après l’ouverture au commerce Le Portugal a intérêt à exporter du vin au Royaume Uni s’il en tire un prix supérieur à 1/2 unité de tissu Le Royaume Uni a intérêt à importer du vin du Portugal s’il le paye à un prix inférieur à 8 unités de tissu ⇒ les deux pays ont mutuellement intérêt à échanger du vin si Port < p Roy COvin vin < COvin 1/2 < pvin < 8 33 Extensions et limites du modèle Le principe de l’avantage comparatif montre qu’il n’est pas nécessaire d’être le plus performant sur l’ensemble des biens produits pour gagner à échanger : s’ils se spécialisent en fonction de leurs avantages comparatifs, il est donc intéressant pour les deux pays d’échanger les deux biens. Ce résultat fort qui permet de comprendre les bénéfices tirés de la mondialisation pour tous les pays a été consolidé et étendu par la suite généralisation à n pays et n biens introduction de coûts de transport et de taux de change application aux facteurs de production (modèle HOS de Hecksher, Öhlin et Samuelson) L’analyse économique travaille aussi sur les angles morts du modèle la transition pendant la spécialisation (secteurs ou facteurs de production gagnants/perdants) la spécialisation dans des produits dont les termes de l’échange sont structurellement défavorables (matières premières) l’échange entre pays identiques (modèle de Krugman) 34 Résumé : le moteur des échanges 35 Plan 1. Introduction 2. La mondialisation 3. L’effet de la mondialisation sur les inégalités Application du modèle des avantages comparatifs aux facteurs de production Conséquences dans les pays à haut revenu 4. Des politiques publiques indispensables pour réguler la mondialisation 5. Conclusion 36 Mondialisation : qui gagne, qui perd ? Globalement, nous avons vu que l’ouverture au commerce et la spécialisation entraînent des échanges mutuellement avantageux pour tous les pays. Mais il existe des gagnants et des perdants de la mondialisation Les pays peuvent se spécialiser dans des produits qui ne sont pas favorables du point de vue des termes de l’échange de l’innovation Au sein de chaque pays, la transition de la spécialisation entraîne des conflits entre secteurs et entre facteurs de production Dans cette section, nous nous intéressons à l’un de ces aspects : les effets de l’ouverture au commerce entre la Chine et les États-Unis sur les travailleurs et les détenteurs du capital de ces deux pays. 37 Hypothèses sur les dotations factorielles des deux pays Hypothèses = simplifier le raisonnement Deux pays USA : économie avancée avec une tradition de production de biens manufacturés. Abondamment dotée en capital Chine : moins développée, deuxième économie du monde, exportatrice de biens manufacturés. Abondamment dotée en travail Deux biens Avions commerciaux, dont la production réclame une forte intensité capitalistique (machines, infrastructures) Produits électroniques grand public (ordinateurs, consoles), dont la production n’est pas très capitalistique mais réclame beaucoup de main d’œuvre 38 Spécialisation des deux pays On suppose que les États-Unis ont un avantage absolu dans la production des deux biens les États-Unis ont un avantage comparatif dans la production d’avions la Chine a un avantage comparatif dans la production d’ordinateurs Si les les USA se spécialisent dans la production d’avions et la Chine dans la production d’ordinateurs, l’échange est mutuellement avantageux : l’ensemble des possibilités de consommation augmente pour les deux pays si les prix sont établis dans la fourchette des coûts d’opportunité Cependant conflits d’intérêt émergent entre les facteurs de production au sein de chaque pays 39 Déplacements de facteurs de production entre secteurs L’échange et la spécialisation entraînent le déplacement des ressources d’une industrie vers l’autre Les travailleurs américains précédemment employés dans le secteur de l’électronique grand public doivent essayer de trouver un emploi dans le secteur aéronautique De façon analogue, en Chine, le nombre d’emplois augmente dans le secteur de l’électronique grand public et diminue dans celui de l’aéronautique Au moins sur le court terme, les travailleurs employés dans le secteur dans lequel leur pays ne se spécialise pas vont perdre à l’échange. 40 Effet sur la demande relative des facteurs de production : USA vs La spécialisation modifie la demande relative des facteurs de production Aux États-Unis Augmentation de la demande de capital (facteur de production utilisé de façon intensive dans l’industrie où le pays se spécialise) Augmentation du prix relatif du capital qui devient relativement rare à mesure que la production d’avions augmente Hausse des inégalités sociales car les riches ont tendance à détenir une partie plus importante de leur richesse sous forme de capital que les pauvres : l’ouverture au commerce bénéficie aux riches 41 Effet sur la demande relative des facteurs de production : Chine → La spécialisation modifie la demande relative des facteurs de production En Chine Augmentation de la demande de travail (facteur de production utilisé de façon intensive dans l’industrie où le pays se spécialise) Augmentation des salaires car le travail devient relativement rare à mesure que la production d’ordinateurs augmente Réduction des inégalités sociales car les pauvres ont tendance à obtenir une partie plus importante de leur revenu du travail que les riches : l’ouverture au commerce bénéficie aux pauvres 42 Effet sur le facteur de production rare Les facteurs de production relativement rares dans un pays par rapport au reste du monde sont relativement chers comparativement aux prix pratiqués ailleurs quand il n’y a pas d’échange. Lorsque leurs économies commencent à échanger avec le reste du monde, leur prix est tiré vers le bas vers la moyenne mondiale, car ils se trouvent en situation de concurrence avec les facteurs de production étrangers plus abondants. Qui perd à l’échange ? Aux USA : les travailleurs En Chine : les épargnants et détenteurs de capital 43 Effet sur le facteur de production abondant Les facteurs de production relativement abondants dans un pays par rapport au reste du monde sont relativement peu onéreux comparativement aux prix pratiqués ailleurs quand il n’y a pas d’échange. Lorsque leurs économies commencent à échanger avec le reste du monde, leur prix est tiré vers le haut vers la moyenne mondiale, car ils se trouvent en situation de concurrence avec les facteurs de production étrangers moins abondants. Qui gagne à l’échange ? Aux USA : les épargnants et détenteurs de capital En Chine : les travailleurs 44 A court terme, les gagnants et les perdants de la mondialisation Principe général : les propriétaires de facteurs de production relativement rares dans leur pays avant l’ouverture au commerce sont perdants et les propriétaires de facteurs relativement abondants sont gagnants. USA Chine Gagnants Employeurs Travailleurs Détenteurs de capital Consommateurs Consommateurs Perdants Travailleurs Employeurs Détenteurs de capital 45 Extension à d’autres facteurs de production vs On peut étendre le en considérant non plus deux facteurs de production travail vs. capital, mais le travail qualifié vs. le travail non qualifié. Si une économie riche, où le facteur relativement le plus abondant est la main-d’œuvre qualifiée, échange avec un pays pauvre, où le facteur relativement le plus abondant est la main-d’œuvre non qualifiée, alors dans le pays riche les travailleurs non qualifiés vont y perdre alors que les travailleurs qualifiés vont y gagner ↣ augmentation des inégalités, sentiment d’abandon, rancœur des classes populaires dans le pays pauvre les travailleurs non qualifiés vont y gagner alors que les travailleurs qualifiés vont y perdre ↣ diminution des inégalités, pas d’incitation à s’éduquer, fuite des cerveaux 46 L’effet modérateur de la taille du marché : la Chine Facteur mitigeant : si l’augmentation de la taille du marché global est suffisante, elle peut permettre de contrebalancer la diminution relative de la demande du bien le moins abondant, et donc éviter la diminution de sa rémunération. Pour la Chine Transition de la Chine vers la production de biens intensifs en main-d’œuvre, donc ↗ de la part du travail dans le gâteau chinois Réduction relative des profits en % de la répartition de la valeur ajoutée MAIS la somme des gains issus de l’échange augmente suffisamment pour qu’en valeur absolue la rémunération du capital augmente également 47 L’effet modérateur de la taille du marché : les États-Unis Facteur mitigeant : si l’augmentation de la taille du marché global est suffisante, elle peut permettre de contrebalancer la diminution relative de la demande du bien le moins abondant, et donc éviter la diminution de sa rémunération. Pour les États-Unis transition de la Chine vers la production de biens intensifs en capital ↣ accroissement de la part du capital dans le gâteau étatsunien réduction relative du travail en % de la répartition de la valeur ajoutée ET malheureusement la somme des gains issus de l’échange n’augmente pas suffisamment pour qu’en valeur absolue la rémunération du travail augmente également Les travailleurs américains perdent à l’échange 48 Conclusion L’échange produit des gains mutuellement avantageux SI les pays se spécialisent selon leurs avantages comparatifs L’échange engendre des gagnants et des perdants selon L’abondance relative des facteurs de production dans les pays partie prenante à l’échange L’augmentation relative de la taille du marché après l’ouverture au commerce Analyse approfondie en Licence 3 : économie internationale et commerce international Partie suivante de ce chapitre : les outils à disposition des pouvoirs publics 49 Avenir des pays à haut revenu : le maillon intermédiaire man- quant ? Les inégalités grandissantes au sein de la plupart des pays développés sont associées à une modification de la distribution des emplois. Le nombre d’emplois à salaire faible et à salaire élevé a augmenté, tandis que les emplois à salaire intermédiaire se font de plus en plus rares. La conséquence ↣ plus d’emplois en haut et en bas de l’échelle économique et moins sur les échelons intermédiaires est connue sous l’appellation ’le maillon intermédiaire manquant’. 50 Avenir des pays à haut revenu : le maillon intermédiaire man- quant ? La figure ci-dessus classe les emplois du mieux payé en haut (en termes de salaire horaire) au moins bien payé en bas, et estime la croissance ou la contraction de l’emploi sur l’axe des abscisses. La ligne horizontale en pointillé correspond au salaire horaire moyen dans tous les métiers aux États-Unis en juin 2015. La ligne en pointillé en forme de C est un polynôme du second degré qui s’ajuste aux données présentées dans le graphique. 51 Le maillon manquant Les hauts salaires travaillent avec les technologies de l’information : les emplois pour lesquels se créent des postes à haut salaire (mis à part les services à la personne), comme la recherche opérationnelle, les statisticiens et les développeurs Web, sont ceux dans lesquels le traitement numérique de l’information a fortement augmenté la productivité des travailleurs dotés des compétences adéquates. Les travailleurs avec des salaires moyens sont les perdants : les métiers perdant des emplois tendent à avoir des salaires proches de la moyenne, voire inférieurs. 52 Le maillon manquant Absence de niveau intermédiaire : les emplois à haut salaire et (particulièrement) ceux à bas salaire connaissent une forte hausse des effectifs, alors que les gains d’emploi pour les métiers à salaire intermédiaire sont plus limités. Les métiers remplacent le travail autrefois effectué au seins des familles : les augmentations les plus importantes sont dans le secteur des services à la personne, la plupart d’entre eux étant liés aux professions de la santé. Ces emplois en hausse se substituent au travail qu’effectuaient autrefois les membres de la famille, comme les aides personnelles ou les soins de santé à domicile. Les tâches répétitives sont effectuées par des machines : la numérisation réduit la demande pour des métiers impliquant des tâches répétitives, comme les préposés au tri postal et les opérateurs de machines. Les tâches que les machines ne remplacent pas sont soit bien payées (conseillers financiers personnels, infirmiers praticiens) soit très peu payées, comme celles consistant à s’occuper de personnes âgées à leur domicile. 53 Une tendance de moyen terme La Figure précedente ne montrait que les métiers pour lesquels les gains ou les pertes de postes prévus représentaient au moins 20% du niveau de l’emploi en 2014 et concernaient au moins 10 000 employés. Cependant, comme le montre la Figure suivante, la tendance se maintient quand on considère l’ensemble des emplois de l’économie américaine. 54 Plan 1. Introduction 2. La mondialisation 3. L’effet de la mondialisation sur les inégalités 4. Des politiques publiques indispensables pour réguler la mondialisation 5. Conclusion 55 Les outils à disposition des États Les États utilisent leur souveraineté à l’intérieur de leurs frontières pour réguler la mondialisation Mise en place de tarifs douaniers : ces taxes sur les importations sont discriminatoires à l’encontre des biens produits dans d’autres pays Politiques d’immigration : les pouvoirs publics régulent les déplacements des personnes entre les pays d’une manière qui serait impossible (ou inacceptable) au sein de la plupart des pays Contrôles de capitaux : des limitations sont posées à la capacité des personnes ou des entreprises à déplacer des actifs financiers d’un pays à l’autre Politiques monétaires : elles ont une incidence sur le taux de change et in fine sur les prix relatifs des biens importés et exportés 56 Les limites au pouvoir des États Si les frontières nationales offrent aux gouvernements des instruments politiques supplémentaires, elles limitent également la portée de leurs actions. Par exemple, au sein d’un pays, les pouvoirs publics parviennent généralement à protéger les droits de propriété là où ils existent et à faire exécuter des contrats. Parce qu’il n’existe pas de gouvernement mondial (et que les institutions internationales sont souvent faibles), il est souvent impossible de faire respecter des contrats et protéger des droits de propriété au niveau mondial. 57 Le trilemme de Rodrick (2012) Trois objectifs souhaitables selon Rodrick 1. Hypermondialisation : un monde dans lequel presque aucune barrière politique ou culturelle n’empêche la circulation des biens et des capitaux. 2. Démocratie au sein des États-nations : cela signifie que le gouvernement respecte à la fois les libertés individuelles et l’égalité politique. 3. Souveraineté nationale : chaque gouvernement national peut mettre en place les politiques qu’il souhaite sans restriction significative imposée par d’autres pays ou des institutions internationales. Rodrick : impossible de remplir les 3 objectifs à la fois 58 Voie 1 - abandonner l’hypermondialisation L’hyper-mondialisation est abandonnée : cela se produit si la souveraineté nationale et la démocratie au niveau national sont maintenues. La mise en œuvre de politiques nationales efficaces de stabilisation, de soutenabilité environnementale et de redistribution telle que demandée par l’électorat en démocratie requiert de limiter la mobilité du travail et du capital. 59 Voie 2 - abandonner la démocratie La démocratie est abandonnée : les politiques d’hyper-mondialisation ne peuvent être adoptées par un gouvernement national que si l’opposition citoyenne à ces politiques est affaiblie par la dilution des processus démocratiques. 60 Voie 3 - abandonner la souveraineté nationale La souveraineté nationale est abandonnée : si les politiques d’hyper-mondialisation sont accompagnées par des institutions supranationales qui peuvent, par exemple, empêcher un nivellement par le bas des standards environnementaux et du marché du travail, elles peuvent ainsi obtenir un soutien démocratique. Cependant, cela réduit la capacité des pays à choisir indépendamment leurs politiques nationales. 61 Plan 1. Introduction 2. La mondialisation 3. L’effet de la mondialisation sur les inégalités 4. Des politiques publiques indispensables pour réguler la mondialisation 5. Conclusion 62 Conclusion La mondialisation repose sur un moteur puissant : le gain mutuel de l’échange entre individus et territoires spécialisé. La dynamique de la mondialisation a conduit à une diminution des inégalités entre pays et a permis le rattrapage de grands pays comme l’Inde, le Brésil ou la Chine. Elle entraîne également l’accroissement des inégalités au sein des pays anciennement industrialisés, et la dégradation relative des populations les moins qualifiées dans ces pays. Des politiques publiques sont indispensables pour réguler la mondialisation des économies. 63 Conclusion Hausse de l’éducation et de la productivité qui a réduit le chômage. 1920 → 1980 Réduction de la segmentation du marché du travail et d’autres sources d’inégalités entre les Diminution des inégalités au sein travailleurs. des pays Améliorations technologiques qui étaient complémentaires aux compétences des travailleurs fai- blement ou moyennement qualifiés. Hausse des inégalités entre travailleurs due aux nouvelles technologies qui étaient complémen- taires aux compétences des travailleurs très bien payés, et étaient des substituts aux travailleurs 1920 → 1980 effectuant des tâches répétitives. Diminution des inégalités au sein des pays Des syndicats plus faibles et des partis politiques plus conservateurs au pouvoir ont fait basculer le pouvoir de négociation en faveur des employeurs, tandis que les profits résultants, plus élevés après impôt, ne se sont pas traduits par une hausse de l’emploi (dans certains pays). 1980 → 2017 Stabilité ou hausse des inégalités Diminution de la segmentation du marché du travail mondial grâce à la croissance rapide de la au sein des pays productivité du travail et de la demande en Chine et dans d’autres pays. 64