Psychologie cognitive - PSYC-E-102: L'Attention - Chapitre 3 PDF

Psychologie cognitive PSYC-E-102 LUNDI 7 OCTOBRE CHAPITRE 3 : L’ATTENTION SECTION 1 - PERCEPTION ET ATTENTION 1. L’illusion de la complétude « Nous croyons, à tort, percevoir tout ce que la scène visuelle contie...

Psychologie cognitive PSYC-E-102 LUNDI 7 OCTOBRE CHAPITRE 3 : L’ATTENTION SECTION 1 - PERCEPTION ET ATTENTION 1. L’illusion de la complétude « Nous croyons, à tort, percevoir tout ce que la scène visuelle contient » — Naccache (2020). — On ne perçoit que ce sur quoi se concentre notre attention. — On construit la scène visuelle qui est en dehors de notre point d’attention. Notre cerveau construit de manière permanente les éléments manqués sur base des connaissances de scène et de nos expériences passées. Ex: sélective attention test: vidéo aves les passes (balle) et la gorille qui apparait. (Simons & Chabris, 1999) ✦ Perception partielle des scènes visuelles Cécité attentionnelle = tendance que nous avons à ignorer ce qui se trouve sous nos yeux lorsque notre attention est concentrée sur autre chose. Perception consciente = le fait d’être capable de se rapporter à soi-même ce que l’on a vu (j’ai vu l’ours, je me rapporte à moi-même avoir vu l’ours). ✦ D’où vient l’illusion de la complétude ? Illustration 1 : McConkie et Rayne (1975). Plusieurs phrases présentées à lire. On mesure où le regard des participants tombent. Pendant la saccade, les chercheurs vont changer la position de « x » ou les remplacer par les lettres aléatoires. Après une fixation, le mot fixé était écrit correctement, mais les parties autour étaient remplacées par des X. = changement fait en temps réel Les participants n’ont rien remarqué Impression d’avoir perçu la phrase en entier complète, sans voir des X ou des non-mots ! —> À notre insu, à chaque instant, on invente de quoi est constitué l’ensemble de ce qui est face à nous. Impression de percevoir l’entièreté de la scène alors que ce qui a été présenté à l’écran a été manipulé = illusion de la complétude. Dû au fait que l’on construit tjs la scène visuelle + les connaissances sur le monde. 1  Psychologie cognitive PSYC-E-102 LUNDI 7 OCTOBRE Illustration 2 : Cohen et al. (2020) Perception de l’info centrale peut influencer la perception de ce qui est présenté en périphérie. Le participant peut se balader dans la scène visuelle via un casque de réalité virtuelle. Aa début, l’image est complètement saturée/en couleurs, au fur et à mesure ça va tendre vers le gris sauf au point où le regard du participant est porté. 50% des participants ne remarquent pas le changement de couleurs en périphérie. —> Les couleurs qu’on perçoit en périphérie sont très largement construites par le cerveau à partir des couleurs présentées dans l’endroit où l’on fixe notre attention. 2. C’est quoi l’attention ? ✦ Intuitions Le terme « attention » peut avoir plusieurs définitions possibles en fonction du contexte (ex: concentration, sélection de l’information, capacités limitées, automaticité, automatisation (on est capable de faire certaines choses sans y faire l’attention). ✦ Processus mental vs. Énergie de la vie mentale Filtre Énergie = processus mental qui filtre les informations = énergie mentale limitée ou ressource (limitée) perçues par nos sens pour concentrer notre effort qui alimente notre système mental et qui nous mental sur un stimulus externe (ex.: une permet d’être focalisé sur une tâche. conversation donnée) ou interne (ex.: vos réflexions « carburant » sur l’état du monde). À l’extérieur du système cognitif, mais qui va il faut se focaliser sur un flux d’info et donc booster notre système mentale. ignorer les autres. Processus à l’intérieur du système cognitif L’attention soutenue = capacité de maintenir une concentration prolongée sur une tache (Ex: lecture, conduite, l’étude). ` Attention sélective Attention divisée Traiter une seule source d’information parmi Faire attention à plusieurs ux d’infos et d’y plusieurs présentées en même temps (ex: au resto) répondre en même temps le mieux possible. Attention = ltre Attention= énergie (ressources à allouer, diviser Sélectionner/ ltrer les infos, se focaliser sur une l’attention parmi plusieurs sources). Allocation des seule source ressources attentionnelles 2 fi fi fl Psychologie cognitive PSYC-E-102 LUNDI 7 OCTOBRE SECTION 2 - L’ATTENTION SÉLECTIVE : UN FILTRE POUR SÉLECTIONNER 1. Théorie de l’attention comme un ltre précoce Broadbent (1954) Fait écouter 3 paires de chiffres à des participants, pas la même chose dans les deux oreilles. —> Écoute dichotique = technique où l’on présente deux messages différents au même moments dans les deux oreilles. Expérience 1 : les paires sont séparées par un intervalle d’une demi- seconde et la tache = rappel des chiffres, dans n’importe quel ordre. —> 65 % des chiffres correctement rappelés —> chiffres d’abord d’une oreille puis ceux de l’autre Expérience 2 : Rappel dans l’ordre exact —> les participants ont été moins bons (20%) Déplacer l’attention prend du temps. Si on fait des intervalles + longs, ils deviennent meilleurs. Modèle du ltre attentionnel (modèle du goulot) — Broadbent (1957) = modèle mécanique théorique qui consiste en un tube en forme de Y et en une série de billes identifiables. Canal perceptif à capacités limitées (qu’une bille acceptée à la fois due à l’étroitesse de cette parti ) Branches supérieures + larges qui savent accepter + d’une bille à la fois. À la jonction des parties supérieures et de la partie du Y se trouve un clapet (filtre) qui oscille d’un coté ou de l’autre afin de permettre aux billes des deux branches d’entrer dans la partie inférieure du Y. —> Si l’intervalle est trop court, il y a très peu temps pour que le clapet aille de l’autre coté et donc pour déplacer l’attention. Désigne un processus du fonctionnement du système cognitif, ce n’est pas un organe dans le corps. L’information qui arrive par un canal passe dans le canal perceptif, donc on est capable de rapporter l’information. 3 fi fi  Psychologie cognitive PSYC-E-102 LUNDI 7 OCTOBRE Le changement de focalisation de l’attention doit se passer assez rapidement avant que l’info pour l’oreille ignorée ne se dégrade dans le registre sensoriel. Le registre sensoriel (dans ce cas, mémoire échoïque) est une chose qui se dégrade très rapidement. Ça ne correspond pas vraiment à la réalité. Il est très difficile à ignorer une oreille en se concentrant sur l’autre. Dans le modèle de Broadbent (1959), on parle de ltre attenionnel précoce. Quand l’info arrive au système sensoriel qu’est l’oreille, elle est stockée temporairement dans le registre sensoriel, et là un filtre est appliqué. À cause de ce filtre, la reconnaissance des formes est impactée —> Tout n’est pas nécessairement reconnu (certains chiffres énoncés et non rapportés n’ont pas été perçus consciemment). 2. Théorie de l’atténuation < Treisman (1964) : En même temps , sur chaque oreille, phrases/mots différents. Tâche de shadowing : répéter à haute voix et immédiatement le message entendu dans une des oreilles sur lequel on se focalise tout en ignorant le contenu de l’autre oreille. À un moment donné, les mots dans l’oreille principale forment un début de la phrase dans l’oreille « à ignorer ». Effet « cocktail party » : on est focus sur notre discussion dans une fête, mais on va entendre notre prénom dans la discussion à côté malgré que notre attention soit focalisée sur un seul flux. Ce résultat semble incompatible avec le modèle de sélection attentionnelle précoce : percevoir que « soleil » constitue une bonne suite de la phrase nécessite non slm d’avoir perçu le mot, mais aussi d’avoir retrouvé sa signification en mémoire. —> Il y a eu donc un traitement sémantique (=récupération du sens, de la signification mot en mémoire) dans l’oreille ignorée. 1ère théorie remise en question : comment les participants pourraient-ils répéter en écho des mots du canal ignoré dont le sens a été traité ? 4 fi Psychologie cognitive PSYC-E-102 LUNDI 7 OCTOBRE Modèle de l’atténuation (Treisman, 1960, 1964). Quand on est dans un flux d’infos différentes, même quand on focalise notre attention sur un seul message, il y de l’info des autres qui est traitée et reconnue. Dans le message non écouté, le filtre ne bloque pas tout et les mots sont reconnus en fonction de comment ils sont stockés dans un dictionnaire (si leur intensité ou leur force subjective dépasse son seuil). Filtre = distingue deux messages en tenant compte de leurs caractéristiques physiques (la localisation, l’intensité ou le ton) Seuil = intensité minimale nécessaire pour la reconnaissance. Certains mots ont en permanence un seuil + bas. —> mots importants dans notre vie (ex: le prénom) Càd qu’il faut peu d’attention pour qu’ils soient reconnus. 3. Théorie de l’attention comme ltre tardif < Deutsch et Deutsch (1963) Le filtre (la sélection) apparait plus tard, principalement après l’étape de perception, après la reconnaissance des formes. Selon le modèle du filtre tardif, l’entièreté des messages est reconnue mais les messages « non écoutés » passent dans la mémoire à court terme (et donc on les oublie immédiatement si ils ne sont pas pertinents). ex.: lorsque nous sommes à table entre deux personnes qui parlent, notre système perceptif analyserait le sens des deux conversations mais n’enverrait à notre esprit que le contenu de l’une d’entre elles. 5 fi Psychologie cognitive PSYC-E-102 LUNDI 7 OCTOBRE 4. Conclusion : quel est le bon modèle de l’attention sélective ? —> Pas de consensus établi. 1. Les étapes du filtre et du registre sensoriel sont essentielles. L’attention = le filtre qui choisit quelle info sera reconnue. —> Un message « non écouté » peut être reconnu que si l’attention se déplace vers ce message avant qu’il ne se dégrade dans la mémoire échoïque. 2. Le filtre atténue le message ignoré et très peu de mots sont alors reconnus. Seuls les mots dont le seuil de reconnaisse des formes est assez bas peuvent passer malgré cette atténuation. 3. Les étapes de la reconnaissance de formes et de la sélection sont les plus importantes. Les 2 messages sont reconnus mais seuls les mots que la sélection autorise à entrer dans la mémoire pourront être rappelés. Les individus ont un certain contrôle sur là où ils placent le filtre. Position du filtre est plus flexible par rapport à ces 3 modèles. Plusieurs filtres possibles situés à des endroits différents. SECTION 3 — L’ATTENTION DIVISÉE L’attention est une ressource d’énergie limitée pour alimenter tout le système cognitif. Allouer la façon dont on décide de distribuer nos ressources. Plus le nombre d’étapes de traitement est élevé, plus la demande en ressources cognitives (en attention) est élevée et moins d’infos entreront dans le système. 1. Principe de capacité limitée ✦ Ressources attentionnelles et double tâche Òn n’a pas une quantité de ressources infinie —> capacité limitée = limite générale de la capacité attentionnelle. Allocations des ressources = contrôle sur la distribution des ressources attentionnelles entre les différentes tâches. ex.: l’apprentissage du vélo. Se tenir en équilibre sur le vélo exige de l’intention et de la conscience de ce qu’on est en train de faire, et d’un effort mental qui peut interférer avec notre concentration sur d’autres activités. —> Une fois qu’on sait faire du vélo, on peut allouer notre attention à d’autres choses (le paysage, parler avec qqn…) —> Attention = réservoirs de ressources. 6 Psychologie cognitive PSYC-E-102 LUNDI 7 OCTOBRE À quelles conditions le système cognitif est-il capable d’exécuter deux tâches en même temps? À quel moment ça devient automatisé? —> Paradigme de double tâche. ✦ Allocation des ressources attentionnelles L’ampleur de la diminution de la performance dépend de plusieurs facteurs, mais ces trois sont les plus importants : la ressemblance (ou proximité) entre les tâches, la difficulté des tâches, et le niveau d’expertise à l’une des deux tâches. a) Ressemblance entre les taches et interférence (Wickens, 1984) Entraine une diminution de la performance quand elles sont réalisées ensemble. Interférence de l’une sur l’autre Les deux taches peuvent être réalisées en même temps sans diminution de la performance si elles sont différentes de tous ces critères : — stimuli de même modalité (visuelle ou auditive) — Mise en oeuvre des processus communs (ex: répétition à voix haute, mémorisation) — mobilisation du même type de représentations mentales — même modalité de réponse (pr ex, voix, appui sur une touche) Ex.: En même temps, flux d’informations audio et quand syllabe « pa » doivent le mentionner (B) + tache de poursuite (A). Groupe 1 : réponse manuelle pour tache B —> Même façon de répondre Coupe 2 : réponse à voix haute pour tache B. 7 Psychologie cognitive PSYC-E-102 LUNDI 7 OCTOBRE Valeur dépendante : nombre d’erreurs à la tache A. Résultats : + d’erreurs dans le groupe 1 que dans le groupe 2. b) Difficulté de la tâche : + les tâches à faire sont dures, - on peut les faire en même temps. Ex : Étude de Sullivan (1976), écoute dichotique Tache A : répéter un message arrivants à une oreille à voix haute (shadowing) Tache B : détecter des mots arrivant à l’autre oreille —> Faire attention aux deux messages. Résultat : lorsque le message à répéter est difficile (tache A), performance à la tache B diminue. c) Expertise (en psycho) = capacité à maîtriser une activité. ex : Les joueurs d’échecs : amateurs> Plus on devient expert dans une tache, plus celle-ci peut être faite correctement en demandant peu de resources attentionnelles (principe d’automatisation). 2. Processus automatiques et automatisation ✦ Processus automatiques >< traitement attentionnel controlé (se déroule consciemment et peut être interrompu après le déclenchement). ✦ Démonstration : Effet Stroop (1935) — Condition congruente (le nom de la couleur le mot de couleur sont identiques — Condition incongruente (la couleur et le mot ne se correspondent pas) — Condition contrôle (aucun mot écrit). 8 Psychologie cognitive PSYC-E-102 LUNDI 7 OCTOBRE La lecture des mots est un processus automatique et survient même lorsque la tache à faire ne requiert pas de lire les mots. La réponse apportée par la lecture entre donc en conflit avec la bonne réponse à apporter. On parle de l'interférence de la lecture sur la dénomination des mots. —> rallongement du temps de réponse : résoudre le conflit pour donner la bonne réponse. ✦ L’automatisation : avantage ou désavantage ? Ce qui permet d’automatiser les processus ? L’entraînement et la répétition. Diminution du coût attentionnel avec l’entraînement. — représentations des items en mémoire de très bonne qualité — récupération rapide de situations similaires en mémoire. —> les effets d’interférence avec d’autres taches deviennent très réduits. Ex: pour traverser, par automatique, on regarde à gauche. Sauf qu’en Ecosse puisque l’on roule à droite, il faut regarder à droite. Tellement fort qu’ils le notent souvent sur le passage piéton. —> Parfois, il faut « dés-automatiser » le comportement initial et apprenez à prendre de « bons automatismes ». Par contre, la répétition sans fin de la même procédure ou tâche peut mener à une dangereuse automatisation et provoquer des dégâts. L’étude de Barshi et Healy (1993) : check-lists comportant des multiplications simples où il faut trouver des erreurs. Deux groupe : listes dans un « ordre fixe » (23% d’erreurs ratées), listes dans un « ordre variable » (9% d’erreurs ratées). Automatisation dans la vérification fait louer certains points. SECTION 4 — EXEMPLE DE DÉFICITS ATTENTIONNELS L’attention mobilise différentes zones du cerveau en fonction du type de tâches et de processus en jeu. Négligence spatiale unilatérale (ou héminégligence spatiale) Déficit associé à une lésion du cerveau : les patient échouent à faire attention à l’information qui se trouve d’un coté de l’espace visuel. ex: test du design de l’horloge et test de barrage des lignes (Grabowecky et al., 1993) 9 Psychologie cognitive PSYC-E-102 LUNDI 7 OCTOBRE Syndrome de Balint (1909) — suite à la lésion dans le cerveau Incapacité de faire attention à plus d’un objet à la fois. Si on présente une scène avec deux cercles en même temps, les patients vont rapporter n’en voir qu’un. La maladie d’Alzheimer, dégénérante neurologique progressive. Pertes de mémoire + difficulté à déplacer l’attention. Problème de désengagement de l’attention = quand l’attention des patients est attirée à un endroit, ils ont du mal à déplacer son attention vers un second stimulus. —> Pas tous les aspects du cerveau qui sont déficitaires, performance normale dans d’autres types de tâches de l’attention. Ces trois exemples suggèrent que lorsqu’il y a une lésion au cerveau, tous les différents aspects de l’attention ne deviennent pas déficitaires : certains patients ont des aspects de l’attention qui sont atteints, d’autres aspects qui sont préservés. Cela dépend de quelle région est touchée et de quel aspect de l’attention est examiné. 10