Histoire vs Récit (Éléments de narratologie) PDF

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Ce document traite de la distinction entre histoire et récit. Il explique comment la narration d'une histoire peut être structurée et comment différents récits peuvent être créés à partir d'une même histoire.

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**[Histoire vs Récit]** **(Éléments de narratologie)** **La lecture d'un « message » en tant que narration = [2 niveaux] narratifs (de lecture) incontournables :** « Une **histoire** est la [succession chronologique de faits] se rapportant à un sujet donné. Tandis que le **récit** (ou **discours*...

**[Histoire vs Récit]** **(Éléments de narratologie)** **La lecture d'un « message » en tant que narration = [2 niveaux] narratifs (de lecture) incontournables :** « Une **histoire** est la [succession chronologique de faits] se rapportant à un sujet donné. Tandis que le **récit** (ou **discours**) est la [mise en ordre, arbitraire et spécifique, des faits] d'une histoire. » **Pour une même « histoire », différents récits sont donc possibles\... ** [**A) L'histoire** (la ***diégèse***, l'énoncé, le raconté → sens premier) → Contenu (+/-)] **= Succession chronologique d'informations / d'évènements / d'actions « objectives » (= F. référentielle)** → L'ensemble des événements relatés par la narration en tant que « histoire » = +/- Contenu (sans organisation) → = **~~Univers~~ propre à l'œuvre** **= Tous les éléments internes de l'histoire proprement dite, [sans focalisation] ou pt de vue narratif.** - - [**B) Le Récit** (le ***discours***, l'énonciation, le racontant → la fable ou sens profond) → Forme (+/-)] **= Mise en ordre, arbitraire et spécifique, des faits de l'histoire → Narration = Mise en ordre des faits obj.** = Subjectivité de l'auteur (= F. expressive + poétique) → Regard que l'auteur porte (consciemment ou non) sur *l'histoire* (qu'il raconte de façon personnelle, subjective). = +/- Contenant (organisation *esthétique* du contenu) → **= Propos sur ~~l'univers~~ présenté** = Représentation d'une **[vision du monde]** qui se dégage de l'œuvre, au final (= point de vue de l'auteur) = Morale (au sens large) de l'œuvre → FABLE **Exemples (au cinéma) de [différence entre les 2 NIVEAUX NARRATIFS] (ou niveaux de « lecture »)** - [1er exemple : **Musique dans un film**]** **: 1. [Elle appartient à **l'histoire**] (intra-diégétique) : Une fanfare passe à l'écran derrière (devant ?) un couple qui s'embrasse\... → Musique « contextuelle » de fanfare\... (Y a-t-il quelque chose à comprendre ?) Non ? → Musique appartient à l'histoire (≠ commentaire du cinéaste) Oui ? → C'est la fête (?) dans leur tête (= *Discours* du réalisateur qui « commente » [subtilement] l'histoire). 1. [Elle appartient au **récit**] (extra-diégétique) : la même scène sans fanfare, mais avec une musique romantique de violon : le réalisateur ajoute une musique sur un contexte qui n'en contient pas au départ (et qui n'existe que pour le spectateur\...) → Il y a donc un discours (ici [extra]-diégétique) du réalisateur pour nous faire voir (comprendre) la scène de la même façon que lui (commentaire musical lié à la tristesse). - [2e exemple : **Une femme quitte son mari\...**] **Quelle musique met-on ?** (→ Comment représente-t-on la scène) ? **→ Choix = récit (→ idéologique\... ?)** A\) Celle qui représente l'émotion de la femme ? (musique triomphante de victoire et de liberté\...) B\) Celle qui représente l'émotion de l'homme ? (musique lancinante de désespoir\...) - Cette musique représente le [récit] du réalisateur (le [pt de vue] qu'il veut nous proposer\...) - [3e exemple : **un tyran meurt à la fin de l'histoire, dans de longues souffrances terribles**] **Comment représente-t-on sa mort ?** **→ Choix = Récit (discours)\... (→ idéologique\... ?)** A\) Comme une libération pour l'ensemble du peuple = pt de vue nationaliste B\) Comme la mort terrible d'un être humain isolé, repentant mais rejeté = pt de vue humaniste C\) Comme une vengeance personnelle du héros = pt de vue individualiste D\) Comme la stupidité d'un peuple encore plus tyrannique que le tyran = pt de vue philosophique - Morale = Discours du réalisateur sur l'histoire qu'il raconte = son message (son « idéologie ») - **[BREF] :** **[Pour l'analyse d'une œuvre et de son discours] :** **Il faut SAVOIR LIRE le « discours » de l'auteur (le détecter) et le distinguer de la simple *histoire* racontée\...** **= [Fondamental] pour la [compréhension COMPLÈTE] de l'œuvre (*Histoire* + *Discours* = SENS)** **[Ensuite faut-il regarder si le *RÉCIT* APPUIE ou non *L'HISTOIRE*\...]** **Quand Histoire + Récit = même sens (= fusion) → Apologie (aucune distance entre les 2)** **Quand Histoire + Récit ≠ même sens (≠ fusion) → Critique (dénonciation de l'histoire)** **NB : [La *critique*] (transmise par le *discours* de l'auteur) survient souvent par l'entremise d'un personnage dont le rôle narratif (important) consiste à remettre en question l'histoire donnée, à la contester en tant qu'*illusion du réel\...* (ce qu'est précisément une *histoire* !) : héros-rebelle, victime tragique ou émouvante, etc. (= opposant à l'univers social de l'œuvre).** **[Quant à *l'apologie*, elle tend plutôt à] :** **- [escamoter toute référence (trop directe) au Réel\...] (cacher/transformer les faits objectifs → Mésinformation),** **- [confondre les deux] (lorsqu'il est impossible de les oblitérer suffisamment\... → Désinformation)** 2 exemples : **[\ Apologie vs critique]** **(Art et idéologie)** **[Particularité entre l'idéologie et l'art] :** L'ART (+/- jusqu'au Moyen Âge) a longtemps été considéré comme : → Un simple processus de [représentation pure] (neutre) → Dénué de tout « discours » (de l'artiste) sur la « chose » (objet, personne, situation) représentée. → ART = F. référentielle (l'artiste devait se *dissoudre* dans son œuvre, = discours absent) Exemples : 1. (Le roi, affreux et courbé, = représentation neutre ? → Et un roi debout, droit, drapé de richesses ?) 2. 3. Écrire une fable animale... - Art **PEUT-il** être considéré comme une [simple représentation « pure et objective »] ? (= fctn **référentielle**) - Art **DOIT-il** (au contraire) être considéré comme un [***discours*** inévitable] (un pt de vue sur\...) ? (= fonction **expressive**, voire **incitative** !) **(discussion ?)** Réponse : **[Il ne peut y avoir d'énoncé sans énonciation...]** Le texte suivant (Balzac, auteur réaliste) est donné par **Benveniste** (1966, p.241) comme exemple d\'histoire, de « récit pur », c'est-à-dire ne contenant **[aucun signe d\'énonciation]**\... Mais déjà, Benveniste est **obligé d\'avouer qu\'il y a dans ce « texte-histoire »** (ou « récit pur ») **« [une *réflexion* de l\'auteur]** **qui échappe au plan du récit ».** (Trouvez où la « réflexion » de Balzac s'exprime à travers cette description apparemment *objective*\...).  Autrement dit, il n\'y a pas vraiment deux plans discrets et opposés : l\'énonciation marque tous les textes, même ceux qui la cachent.  *« Après un tour de galerie, le jeune homme regarda tour à tour le ciel et sa montre, fit un geste d'impatience, entra dans un bureau de tabac, y alluma un cigare, se posa devant une glace, et jeta un regard sur son costume, un peu plus riche que ne le permettent en France les lois du goût.  Il rajusta son col et son gilet de velours noir sur lequel se croisait plusieurs fois une de ces grosses chaînes d'or fabriquées à Gênes; puis, après avoir jeté par un seul mouvement sur son épaule gauche son manteau doublé de velours en le drapant avec élégance, il reprit sa promenade sans se laisser distraire par les oeillades bourgeoises qu'il recevait. » * *(Balzac, « Gambara », dans La Comédie humaine, X, Paris, Biblioth. de la Pléiade, 1979, p. 460.)* BREF : **Il n\'y a que des textes à marques d\'énonciation [plus ou moins manifestes.]** **On peut en dire tout autant de l'art pictural\... et de toute forme d'art.** L'art est **[TOUJOURS]** une question de choix : \- Si on ne choisit pas toujours le **contenu à représenter**... \- On choisit [toujours] la **FORME de sa représentation, donc on pose [inévitablement] un discours → *The medium IS the message\...* , ça vous rappelle quelque chose ?** **[*[Le Martyre de sainte Ursule]*](https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Martyre_de_sainte_Ursule) (**1610) Pour LIRE cette œuvre (et **mieux** en comprendre la signification, le message de l'auteur\...) : Ursule, fille du roi de Bretagne, martyrisée par les Huns à Cologne, est placée à droite dans la composition ; son bourreau armé d\'un arc à gauche est à l\'origine de la flèche plantée dans le torse de la sainte, qui penche la tête pour contempler sa blessure mortelle d\'où jaillit le sang. Le manteau rouge sous l\'armure du guerrier constitue le pendant visuel du drapé rouge que revêt la sainte[^^](https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Martyre_de_sainte_Ursule#cite_note-5), sur un fond d\'un noir absolu. « Avec son chapeau à plumes et sa cuirasse ornementée, l\'assassin est clairement désigné comme le prince courroucé de la légende. Tranchant sur le fond sombre, le rouge flamboyant de la tunique princière et de la cape de la sainte unit irrévocablement le prétendant déçu et sa promise. » --- Catherine Puglisi Deux personnages, placés légèrement en arrière-plan, escortent sainte Ursule : seuls leurs visages émergent partiellement de l\'ombre profonde. Un dernier personnage se tient à droite, presque sorti du cadre du tableau, un soldat en armure qui avance le bras comme pour protéger Ursule. La figure du peintre peut être reconnue dans celle du personnage derrière Ursule. Chez le Caravage (peintre), les modèles féminins sont Fillide Melandroni, Anna Bianchini et Maddalena Antognetti, une concubine du Caravage, toutes des [**prostituées connues** qui apparaissent plusieurs fois dans ses toiles comme des femmes et des personnalités religieuses, y compris la Vierge et des Saintes diverses.]  **Caravage lui-même apparait dans plusieurs tableaux**. Dans son dernier tableau, il se trouve derrière la martyre semblant la soutenir, se confondre avec elle comme un double\... (œuvre = discours\... → De quoi ?) **Un *discours* « idéologique » (f. incitative) se cache souvent derrière des représentation pures, objectives (f. référentielle)** **comme** **prétextes** pour faire passer des messages, des discours, des idéologies **qui, autrement, NE PASSERAIENT PAS (seraient rejetés par le récepteur)**\... **[Le meilleur exemple de ça]** = **Le cas Leni Riefenstahl (la cinéaste attitrée du régime nazi\...)** **→ Ou quand l'artiste se met « aveuglément » au service d'une idéologie\... même la + horrible\...** → Présenter extraits du film ***Le Triomphe de la volonté*** (1935) ***[Le Triomphe de la volonté]*** (Leni Riefenstahl, 1935, **1h44**) - **(Total extraits : 45 min.)** Film sur le [6^e^ congrès (1934) du parti national-socialiste (nazi), de Hitler] (un an après son élection de 1933). [Résumé] : Reprenant l'intitulé du Congrès du parti nazi de Nuremberg organisé en 1934, **le film a pour objectif d'exalter la puissance de l'Allemagne nazie.** Les discours enflammés des hauts responsables du parti succèdent aux défilés militaires et aux parades en costumes traditionnels...  [Commentaire] : « **S'il est un film qui concentre en lui la complexité et les paradoxes du film de propagande, c'est bien  *Le Triomphe de la volonté.*** Conçu pour témoigner du congrès du Parti nazi à Nuremberg en 1934, Hitler en confie la réalisation à la jeune cinéaste dont il avait repéré le premier film,* Das Blaue Licht *(*La lumière bleue,* 1932). Leni Riefenstahl : « *Ma première réaction a été de lui dire que je n'avais jamais fait ce genre de choses et que je ne connaissais rien à l'organisation du parti. Je risquais de passer à côté de tout ce qu'il y avait d'intéressant à filmer, en supposant que je sois capable de seulement réaliser un* « *documentaire* ». ***Hitler répondit** que c'était exactement ce qu'il recherchait. [Une personne bien informée de la hiérarchie du Parti réaliserait sans doute un film très didactique, mais ce n'était pas ce qu'il voulait. **Il voulait un film qui émeuve et impressionne ceux qui en temps ordinaire ne s'intéressent pas à la politique**]* **\[\...\].** » (J. Bimbenet in *Pleine Vie*, auteur de la biographie ***Leni Riefenstahl, la cinéaste d'Hitler*,** Tallandier, 2015) **→ = 3 mots : La [M] \_ \_ \_ \_ \_ \_ \_ \_ \_ \_ \_ des [m] \_ \_ \_ \_ \_ \_.** **Réponse : La MANIPULATION DES MASSES** ***[\ Le Triomphe de la volonté]*** (Leni Riefenstahl, 1935, **1h44**) - **(Total extraits : 45 min.)** **Ou l\'art de convaincre une population à ABDIQUER SA PENSÉE et à ACCEPTER L'HORREUR (du projet politique à venir) → [La splendeur esthétique du film] (f. poétique) [a pour effet d'édulcorer le réel,] de [maquiller la réalité] : l'horreur sans nom du projet nazi et la grande violence du discours de son « Chef suprême »\...** LIEN-1 : [**[https://www.dailymotion.com/video/x6uajey]**](https://www.dailymotion.com/video/x6uajey) (partie 1 : 47min.30) **[Générique]** → (Mythologie du Moyen Âge germanique → évoque la puissance du Führer\...) **0-1.30** → [Obéissance et déférence] de la réalisatrice (Film = « réalisé sur *[ordre]* du Führer » !) **[Début du film : L'arrivée en avion]** → (le Messie vient nous sauver\...) **1.30-5.00** **[(Nuremberg) -- UNION de toutes les disparités allemandes]** → **UNIFICATION des régions (Femmes)** **18.00-20.00** → De **folklores** régionaux à → Unité nationale **[Discours des « officiers-ministres »]** → (Annonce cachée du ***Plan de match* → Installer la dictature\...**) **26.00-31.20** **30.00-30.50 →** Goebbels et sa « propagande totale » → (Langage [symbolique] sur la supériorité allemande\...) **[Régions]** → **UNIFICATION nationaliste des régions allemandes (Hommes)** **31.30-38.15 →** De **travailleurs** [régionaux] → Unité [nationale] ! → (**Appel aux morts\...)** → Union des vivants et des morts (Histoire + Nation = [UN]) **[Traveling de nuit]** → (Beauté très *romantique* des brumes enfumées et des « ombres » humaines\...) **38.15-39.00** → (= mélange d'onirisme et d'univers guerrier\... = Les Esprits vous appellent\...) **[(Lendemain) Hitler - Discours à la jeunesse]** → (Appel au sacrifice et au dévouement national\...) Intro (trompette) : 41.50-44.00 **44.30-50.30** LIEN-2 : [**[https://www.dailymotion.com/video/x6uajey]**](https://www.dailymotion.com/video/x6uajey) (partie 2 : 52 min.48) **[Hitler - Discours de nuit]** **(= JUSTIFICATIONS \[idéologiques\] de toutes les atrocités à venir\...)** **(3.25 - 8.20)** (+1 min. pour **marche au flambeau** ; +1 min. pour musique douce et plan mégalomane !) **[Hitler -- Discours de clôture (6^e^ congrès du parti)]** → (Travailleurs devenus soldats\... prêts à l'assaut) **(43.25 - 47.45) = [TOTALITARISME]** → (Discours de millénarisation du régime nazi) **(41.25 - 50.30)** → Dénonciation / Anéantissement des « faibles » (Régime + Peuple) → Inspection « morale » de soi-même ([culpabilité + soumission)] → [Auto-dénonciation de soi-même] (si maillon faible du régime !) **[30 ans après, Leni Riefenstahl, la réalisatrice, déclarait (1964)] :** « J\'ai seulement montré ce dont tout le monde, alors, était témoin\... À l\'époque, on croyait encore à quelque chose de beau. Le pire était à venir, mais qui le savait ? » (Hum\...) → Comparer avec **[DÉBUT]** (**0 à 1.55** : **marche au flambeau à\...)** et **[FIN]** (**19.04 -- 21.04 :** interview du chef !) de **Charlottesville** : [[https://www.youtube.com/watch?v=RIrcB1sAN8I]](https://www.youtube.com/watch?v=RIrcB1sAN8I) **(21/08/2017)** **FIN → «  \[\...\] and the right is just meeting MARKET demand. » (Ouf !! On est en pleine société marchande\...)**

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