La Fabrique des Territoires Colonisés - PDF
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Summary
Ce document traite de la colonisation Afrique avant 1884. Il décrit la présence française sur la côte ouest-africaine depuis le XVIe siècle, ainsi que les premières expéditions et les méthodes d'appropriation des territoires. Les motivations de la colonisation, comme les aspects économiques, politiques et sociaux, y sont également abordés.
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**[La fabrique des territoires colonisés : conquête et appropriation]** **[I) TERRITOIRES AFRICAINS ET COLONISATION AVANT 1884]** **[I.A) PRESENCE FRANÇAISE SUR LA COTE OCCIDENTALE DE L'AFRIQUE DEPUIS LE XVIE SIECLE EN SENEGAMBIE. ]** Fondation de Saint-Louis en 1659, contrôle du commerce à parti...
**[La fabrique des territoires colonisés : conquête et appropriation]** **[I) TERRITOIRES AFRICAINS ET COLONISATION AVANT 1884]** **[I.A) PRESENCE FRANÇAISE SUR LA COTE OCCIDENTALE DE L'AFRIQUE DEPUIS LE XVIE SIECLE EN SENEGAMBIE. ]** Fondation de Saint-Louis en 1659, contrôle du commerce à partir de plusieurs comptoir. Fin XVIIIe-XIXe siècle, premières activités à l'intérieur des terres initiées par les compagnies de commerce : la culture du café et de l'arachide. Milieu XIXe siècle : 1000 hommes métropolitain en Sénégambie, qq navires à vapeur et voilier qui surveillent le fleuve. Arrivée de Faidherbe en 1854 comme gouverneur, transforme ce territoire. A partir de la côte sénégalaise, entreprend une expansion vers l'intérieur des terres en suivant les rives des fleuves Sénégal et Niger. S'inspire de la méthode Bugeaud, il a lui-même servi en Algérie en tant qu'officier pendant 6 ans. En 1856 il crée la 1^èr^ corps de soldats indigènes. - Missions évangéliques, portées par les Pères du St Esprit au Gabon dès 1845, précédés des presbytériens américains. + Pères Blancs (voir fiche Algérie) - Des expéditions scientifiques ont permis de poser quelques bases de connaissances du territoires : - Exploration de l'Afrique subsaharienne dans les années 1870-1880, exploration de l'Afrique est portée par plusieurs institutions, La Commission des voyages et missions scientifiques et littéraire créée en 1874 est composée de savants, de parlementaires et de fonctionnaire, est rattachée au Ministère de l'instruction publique ; Un service des missions est créé en 1883 au sous-secrétariat des colonies. ; Comité de l'Afrique française. Catherine Coquery-Vidorovitch parle de la période 1850-1880 comme d'une « **incubation coloniale** », XIXe siècle révolution industrielle : demande occidentale en produit brut augmente fortement., recherche de matière première comme l'huile de palme, la gomme ou le caoutchouc devient un motif d'implantation en Afrique =\> des réseaux déjà bien établis depuis la traite négrière, on retrouve, en grande partie, les mêmes acteurs. A travers la conquête coloniale, la France tente de palier ce qui est vécu comme un « déclassement » de sa puissance après l'humiliante défaite de 1870 face à la Prusse. Volonté de consolider les territoires déjà acquis : dans cette logique que la France s'intéresse à la Tunisie, afin de verrouiller la porte de la maison Algérie. Ou encore le Sahara, afin de contrôler l'essentiel des routes caravanières mais aussi, à terme, de joindre les deux axes d'expansion de la France : celui du Nord au Sud en partant de l'Algérie et celui d'Ouest en Est à partir du Sénégal. Argument utilisé de libérer des esclaves ou de vouloir mettre fin à la traite. Prétextes utilisés pour occuper les territoires : 1907 : français prétexte l'assassinat d'un médecin français à Marrakech pour occuper Oujda à la frontière algérienne. Conquête se fait aussi par la voie de l'initiative individuelle des militaires. Les officiers sur place profitent de la distance avec la métropole pour s'affranchir des ordres et mettent les gouvernements devant le fait accompli. Tel est le cas de Louis Archinard, commandant du Soudan français qui, contre les ordres de la hiérarchie militaire conquiert Ségou en 1891 puis Mancina en 1893. Il est finalement rappelé en métropole. En général les conquêtes ne suivent pas une progression régulière mais sont constitués de mouvements et de consolidations ou de reprises. **[I.B) CONFERENCE DE BERLIN 1884-1885 : FIXER LES REGLES DE LA SOUVERAINETE SUR UN ESPACE, RECONNAITRE LA LIBRE NAVIGATION SUR LES FLEUVES CONGO ET NIGER, LA LIBERTE DE COMMERCE DANS LE BASSIN DU CONGO].** Otto Von Bismarck réunit autour d'une conférence les représentants de 14 pays (0 africain) pour fixer les règles d'occupation de l'Afrique entre les puissances coloniales. La conférence doit régler plusieurs **contentieux** : - rivalité franco-anglaise autour du Niger - rivalité franco-belge autour du bassin du Congo Plusieurs **arguments** sont évoqués : - « mission civilisatrice », prétexte humanitaire d'abolir la traite - Assurer la liberté de commerce et de la navigation sur les grands fleuves Plusieurs **principes** établis à l'issu de la conférence : - Toute occupation d'un Territoire ne peut être valable que si la puissance exerce « une autorité suffisante pour faire respecter les droits acquis » **article 35** - Les puissances s'engagent à « veiller à la conservation des populations indigènes (...) et à concourir à la suppression de l'esclavage et surtout de la traite des noirs » **article 6** - Les missionnaires, savants, explorateurs seront l'objet d'une protection spéciale - Toute puissance européenne installée sur la côte peut étendre sa domination vers l'intérieur des terres jusqu'à rencontrer une sphère d'influence voisine. Règle le contentieux franco-belge : Léopold II obtient le bassin du Congo exploré par Stanley ; France obtient la rive droite du Congo et de l'Oubangui. - En prônant le contrôle effectif, accélère l'appropriation des terres africaines par les puissances coloniales européennes. **[II) GUERRES ET CONQUETES COLONIALES]** **[II.A) LES AVANCEES TECHNOLOGIQUES AU SERVICE DE LA COLONISATION]** Siècle d'amélioration des outils de transport et de communication qui permettent de raccourcir les distances. Généralisation des navires à vapeur à la fin du XIXe siècle permet d'augmenter le tonnage ; besoin de moins de navires pour transporter une grande quantité d'hommes ; + rapide ; Les bâtiments de l'État peu nbx sont consacrés aux courrier, voyages de hauts fonctionnaires. Transports surtout assurés par les compagnies marchandes, parfois navires compagnies maritimes réquisitionnées pour la guerre. Navigation fluviale privilégiée : fleuve Sénégal premier axe de pénétration de la France en Afrique. \* En 1884, les Français lancent un petit vapeur nommé Le Niger, apporté en pièces détachés à Bamako, sur le fleuve Niger. Il est emprunté pour gagner Tombouctou en 1887. \* Les vapeurs à coque métallique se généralisent à la fin du siècle et le tonnage des bateaux augmente [**Argument** ]: L'aménagement de l'espace fait aussi partie de la mission des nations civilisées, dont le devoir moral consisterait à mettre en valeur ces terres, avec d'autant plus de légitimité que les autochtones seraient « coupables » de négliger de telles richesses. Chemin de fer sont utilisés quand il n'y a pas de voies navigables : facilite l'envoi de troupes militaires. Dvt des échanges, outil de propagande de la « mission civilisatrice » fr, comparées aux « voies romaines ». ministre des Travaux publics Freycinet encourage l'aménagement d'un **transsaharien** en 1879 =\> fort enthousiasme des sociétés savantes, venir à bout des contraintes du milieu, montrer la puissance de la France impériale : 4 expéditions envoyées pour déterminer des voies d'implantation possibles. Plusieurs événements ont ralenti la réalisation du projet : massacre de la mission Flatters par les Touaregs en 1881 ; détournement des crédits à des fins militaires 1883 (pour construire des forts). \*Ligne Dakar-Saint Louis, première ligne de chemin de fer en AOF. Le projet est confié à la Société de construction des Batignolles en 1880. Travaux entre 1883 et 1885, malgré les résistances des populations locales. Les projets d'expansion coloniale s'appuient sur ces moyens de communication. Exemple : le « Plan Niger » conçu par Faidherbe (gouverneur du Sénégal 1850'-1860') est mis en œuvre dans les années 1880 et 1890. Il vise à obtenir une continuité du territoire entre les colonies de l'Ouest de l'Afrique et celles du Nord. Télégraphe se diffuse en Europe dans les années 1870 =\> Cable qui relie la France et l'Algérie, liaison Sénégal-France passe par l'Espagne, essentiel du réseau télégraphique est développé par les britanniques : utilise cette supériorité technique comme dans la crise de Fachoda, Kitchener est le seul à détenir une ligne directe avec Londres. Informations circulent plus rapidement. **[II.B) MODALITES DES EXPEDITIONS ET DE LA CONQUETE]** Ces conquêtes se déploient en plusieurs temps à partir des côtes. Les campagnes militaires sont progressivement menées par des troupes coloniales : troupes recrutés localement. 1857 : 1^er^ corps de tirailleurs, 1880 : deux bataillons dont un est destiné à la conquête du Soudan. Troupes blanches de Marine de -- en -- utilisés pour des troupes dites de couleur. Pour favoriser le recrutement : les Français rachètent des esclaves à leur maitre pour les enrôler dans l'armée, ils incorporent aussi les prisonniers de guerre et recrutent des mercenaires essentiellement **d'origine servile** jusqu'à la veille de la 1GM. Tirailleurs ont passé les premières années d'occupation en campagne militaires, sont engagés sur plusieurs années consécutives. C'est le cas Boubon Sissoko, né en 1872 à Koungané au Sénégal ; il s' s'engage à quinze ans comme conducteur, puis est engagé comme tirailleur en 1892 a fait la campagne de Dahomey, la colonne Monteil (Côte d'Ivoire) puis la campagne de Madagascar. Expéditions de Madagascar a traumatisé les Français 1895-96 : 1/3 des troupes venues de métropoles meurent du paludisme =\> se développent alors l'idée que les hommes noirs résistent mieux aux épidémies. **Fachoda** agit comme un sursaut chez les fr : faiblesse numérique. Crise a joué un rôle dans le vote de la Loi du 7 juillet 1900 : création les troupes coloniales Le 19e corps d\'armée est un corps de l\'armée française, créé par décret du 30 septembre 1873. (= « Armée d'Afrique ») Le 19e corps d\'armée est implanté dans la 19e région militaire qui comprend les départements d\'Alger, d\'Oran et de Constantine. En 1911 : compte 55 000 hommes dont près de 2000 officiers. 1912 : décret qui met en place une conscription partielle concernant les hommes de 20 à 28ans, instituant un service militaire de 4 ans. Elle marque la transition d'une armée de mercenaires à une armée de conscrits venant de toutes les couches de la pop. =\> à partir de 1900 le recrutement d'auxiliaires autochtones devient de plus en plus significatif. Certains régiment qui fonctionnent avec une centaine d'officiers blancs. Cette importance du contingent autocthones dans les armées de conquête conduit l'historien Henri Brunschwig à [reconsidérer le rôle des Africains dans la conquête. Il insiste sur le fait que les guerres de conquête furent principalement des guerres intra-africaines où le colonisé devient le colonisateur. (exemple du massacre de Diapé)] Les tirailleurs représentent la figure tierce par excellence et le symbole de l'ambiguïté coloniale. Ils sont à la fois au cœur du dispositif de maintien de l'ordre et en même temps, dans le contexte des premières années d'occupation, eux-mêmes l'objet d'un contrôle constant. Ils composent le gros des troupes, mettent en œuvre l'occupation, exercent la force pour le compte des militaires français, tout en étant eux-mêmes sous domination La colonisation a fonctionné parce qu'elle s'est appuyée sur les inégalités sociales des sociétés africaines, en tenant d'abord aux plus faibles et notamment aux esclaves le langage de l'égalité, en leur promettant protection et fin de l'arbitraire. *[Des pays au Crépuscule]*, l'autrice (Camille Lefebvre) décrit le parcours de Moussa Keita dont on ne sait que peu de choses. Homme de condition servile, il passe de propriétaire en propriétaire jusqu'au jour où son maître l'envoie vendre des pagnes. Moussa décide de s'enfuir et rejoint la ville de Saint-Louis où il s'engage comme tirailleur. Son maitre ne peut plus en revendiquer la possession, il était devenu libre. Les armées coloniales sont des lieux d'opportunité parce qu'elles sont ouvertes aux esclaves et aux cadets sociaux. **[II.C) THEORIES DE LA GUERRE COLONIALE]** La guerre coloniale façon Bugeaud : usage de la tactique et de la discipline auprès de ses troupes organisées en forces mobiles et légères. L'idée est de concentrer les forces en quelques places conquises puis de les déployer dans un rayon assez large. Pratique de la razzia, incendie les récoltes et villages. Au fur et à mesure, privilégie les troupes locales plutôt que celles de métropoles car celles-ci résistent mieux aux maladies. Fait construire des routes comme instrument essentiel de la conquête. Plusieurs militaires se revendique de Bugeaud et applique ses théories tels les officiers qui ont participé à la conquête du Soudan. Modèle Gallieni : théorise la « tache d'huile », idée de quadriller un territoire en le découpant en canton, pour y implanter progressivement une administration au fur et à mesure de la conquête =\> permet de contrôler politiquement les territoires conquis militairement. La clé de voute de cet ancrage territorial est le « poste », un lieu multifonctionnelle à la fois commissariat, école, dispensaire, marché... L'idée de Gallieni est de fournir à la population un ensemble de services indispensables qui ainsi les détourneraient de la révolte. En réalité ces théories de la guerre coloniale coexistent. **[II.D) RESISTANCES LOCALES]** Conquête de la côte d'ivoire a été longue et sanglante : résistance ont accompagné la soumission, de la création officielle de la colonie en 1893 jusqu'à la 1GM : résistance de l'Empire de Samory Touré; résistance des **Baoulé** entre 1891 et 1911... Exemple résistance de Béhanzin au Dahomey : la résistance militaire du roi Béhanzin (1890-1894) contre la France fut marquée par **deux guerres principales**. Béhanzin mobilisa l'armée du Dahomey, y compris le célèbre corps des Amazones, pour défendre son royaume face à l\'invasion française. **Amazones** sont un corps d'élite de l'armée du royaume du Dahomey, composée exclusivement de femmes dont les premières traces remontent au début du XVIIIe siècle. Elles sont recrutées sur volontariat mais sont surtout tirées au sort. Ces femmes sont généralement célibataires et soumises à un entraînement physique et militaire intensif. En période de paix, elles jouent un rôle dans les cérémonies et rituels de la monarchie tant leur prestige est reconnu. En outre, elles ont activement participé la guerre du Dahomey contre les Français dans les années 1890, en particulier lors de l'assaut contre **le fort de Cotonou**. Après la reddition de Béhanzin en 1894, le corps militaire cesse d'exister. À l'issu de la première guerre, un protectorat est signé et la France s'engage à verser annuellement 20 000 francs au roi. Cependant la paix est fragile et Béhanzin profite de ce traité pour remobiliser ses forces. En 1892 une deuxième guerre éclate et se termine par la victoire française, la capture et l'exil de Béhanzin. En 1894, le royaume du Dahomey et ses dépendances deviennent une colonie et les Français nomment le frère de Béhanzin comme nouveau roi. [Exemple de Samory Touré] : Samory Touré, chef d'État islamique de **l'empire Wassoulou** (Soudan français, actuel Mali) choisit d'accumuler des armes contre les Français en prévision d'une confrontation qui lui paraissait inévitable. A la tête de sa propre armée, après 20 ans de batailles et de conquêtes, il s'est taillé un royaume considérable, depuis le nord de la côte d'ivoire jusqu'aux abords de Bamako. En 1881, les Français lui proposent de placer son royaume sous protectorat, ce qu'il refuse catégoriquement. Humiliation française et début de la guerre. Les Français, aux prises avec d'autres souverains locaux (armée toucouleur\...), négocient. Un traité en 1886, qui fait du fleuve Niger la frontière entre les possessions françaises et **l'empire wassoulou**. Il signe plusieurs traités entre 1886 et 1889 avec la France tout en se préparant à la guerre. Il achetait des fusils auprès des marchands du Sierra Leone britannique voisin. En parallèle, il avait mis en place des ateliers qui fabriquaient des fusils et des cartouches. Après huit années de guerre, il est arrêté en 1898 par les soldats du capitaine Gouraud et condamné à l'exil. En fin stratège, durant toutes ces années, il joue sur l'opposition entre Français et Anglais. **[III) LES TRAITES : ENTRE AFFIRMATION DE LA SOUVERAINETE FRANÇAISE ET STRATEGIES DES AUTORITES LOCALES]** **[Traité de berlin]** : souveraineté française sur les territoires doit s'accompagner par la signature de traités avec les autorités locales. Traités sont passés entre les militaires et les potentats locaux. A la différence des Britanniques qui produisaient des traités pré-imprimés standardisés, les français rédigèrent chaque convention sur le terrain. Celui-ci est donc le produit d'une « négociation ». =\> Formes et contenues très hétérogènes des traités. **[III.A) LE ROLE DES INTERPRETES]** Le rôle des interlocuteurs africains est important. Les militaires français, peu nombreux, disposent de moyens dérisoires et ne maîtrisent ni la configuration du terrain ni les techniques de déplacement, et n'ont pas les capacités de s'imposer uniquement par la force. Ils s'appuient sur les structures politiques existantes. L'interprète est un personnage incontournable, qui pouvait remplacer le fonctionnaire colonial, le commandant de cercle et le représenter face aux chefs locaux. Il devait être un agent habile pour se déplacer sans heurts entre les autorités coloniales et les locales. Dans les colonies, l'Européen dépendait dans tous ses actes administratifs, juridiques, dans les contact avec la pop locale, d'un interprète autochtone. Interprète pouvait manipuler les français et en même temps, défendre les intérêts de la pop. locale. Dans les colonies françaises, les interprètes étaient formés dans des établissements dénommés « Ecole des otages » puis « Ecole des Fils des chefs » à Saint-Louis. Exemple Boubou Penda, interprète de l'administrateur colonial Ernest Noirot dans la province **du Fouta Jallon en Guinée** à la fin du XIXe siècle. Cet interprète est un ancien soldat qui a été promu pour bons et loyaux services. Il devient le second de Noirot et dispose de larges prérogatives dont **il abuse** à plusieurs reprises : vols, enlèvement de femmes, viols. Malgré ces abus, **Noirot protège son interprète** jusqu'à mettre sa propre carrière en jeu. Boubou Penda est finalement condamné et emprisonné tandis que Noirot est congédié de son poste. Se pose la question de la traduction, comporte des erreurs ou des sens différents. Exemple du traité signé entre lieutenant Monteil et l'Almamy de San : texte français utilise le terme de « protectorat » dans son acception européenne de l'époque, cad un partage de souveraineté reposant sur une dissociation entre souveraineté extérieure et intérieure. Dans le texte arabe, le mot utilisée est « protection », dans les usages africains, cela signifie une soumission de l'almamy qui se traduit par une garantie de non-agression en cas de passage des Français dans ses terres. Il n'envisage aucunement d'abandonner ses prérogatives de politiques extérieures. Un traité perçu comme faiblement engageant pour les autorités locales. Traiter peut être aussi une ruse pour gagner du temps et de reconstituer ses forces. Par exemple Samory Touré, fondateur d'un empire entre Sénégal, Soudan Français et Côte d'Ivoire a conclu plusieurs traités entre 1886 et 1889 avec la France avant de reprendre les hostilité en 189. **[III.B) TRAITER POUR SE PREMUNIR D'UN VOISIN EXPANSIONNISTE]** =\> Saadia Touval T[raités, frontières et partition de l'Afrique] (1966) certains nombres de chefs d'État africains pouvaient trouver un intérêt de se lier avec un partenaire européen que ce soit pour obtenir des armes ou pour se prémunir d'un voisin expansionniste. Exemple du roi Toffa, roi de **Porto-Novo** (**Hogbonou**), qui utilise la présence des puissances coloniales pour servir ses intérêts. Porto-Novo est un territoire convoité par la France et le Royaume-Uni depuis le milieu du XIXe siècle. En 1882, le roi de Porto-Novo décide de signer un protectorat avec la France. Le choix du roi s'est porté vers les Français car le Royaume-Uni avait soutenu l'indépendance de cités vassales de Porto-Novo. Par cette alliance, la position de Toffa Ier se retrouve renforcer face à ses différents rivaux, notamment au sein de son propre royaume mais aussi face à son puissant voisin et rival, le Dahomey. Béhanzin, nouveau roi de Dahomey, lance un raid contre Porto-Novo en 1899 car il perçoit l'alliance entre Toffa et les Français comme une menace. Dès lors, Toffa se range définitivement du côté des Français et le royaume de Porto-Novo sert de base arrière pour toutes les opérations militaires françaises dans la région, notamment lors des deux guerres du Dahomey en 1890 puis en 1892-1894. Toffa fournit notamment des porteurs aux armées françaises qui en retour lui offre le siège en bois doré de Béhanzin après sa défaite. Après la création de la colonie du Dahomey en 1894, dont Porto-Novo devient le chef-lieu, le royaume de Toffa garde officiellement son indépendance même si progressivement les colonisateurs étendent leurs prérogatives. A la fin de son règne, il proteste à plusieurs reprises contre l'instauration de nouvelles taxes, en vain. A sa mort en 1908, la titulature de roi est abolie et il est remplacé par un « chef supérieur » soumis à l'administration française. L'exemple de Toffa est intéressant car il montre que ce roi africain a su se jouer des rivalités coloniales pour préserver l'indépendance de son royaume puis quand cela s'est révélé nécessaire il fit le choix de l'alliance politique avec la France afin de renforcer sa position dans la région et bénéficier d'un soutien militaire face aux contestations internes. Cette alliance fut dans un premier temps fructueuse puisqu'il assoit son autorité sur un territoire plus étendu mais très vite il devient un roi fantoche soumis au pouvoir colonial français. D'autres ont su jouer des rivalités entre Européens : exemple de Samory Touré **[IV) L'APRES CONQUETE : PACIFIER, EXPLOITER ET TERRITORIALISER]** **[IV.A) PACIFIER : CONTROLER LES TERRITOIRES RECEMMENT CONQUIS PAR LA TERREUR]** Gabriel Angoulvant : Gouverneur de la Côte d'Ivoire de 1908 à 1917, écrit un ouvrage *[La Pacification de la Côte d'Ivoire 1908-1915 : méthodes et résultats]* publié en 1916 où il présente ses méthodes pour contrôler les populations des territoires récemment conquis. Sa méthode est brutale mais jouit d'une reconnaissance en métropole grâce à ses résultats : par exemple, il obtient le recrutement de tirailleurs en **pays baoulé**, région en constante révolte les 1ères années de son gouvernorat. Cette réussite s'explique par la misère dans laquelle il a plongé les populations de la Côte d'Ivoire pendant des années : destruction des récoltes, amendes considérables, déportation des chefs, relocalisation des villages près des routes... révoltes punis par une répression sanglante. =\> spécificités de la guerre coloniale : effacement relatif de la limite qui sépare militaire et civil. Tous les hommes sont considérés comme de potentiel combattant et tout village comme un support logistique. Attribuer à l'adversaire des pratiques non-conventionnelles justifie les violences exercées à son encontre pourtant non-conformes au droit de la guerre Fabio Viti a étudié les massacres de Diapé et Makoudié en juin 1910 Contexte 1910 révolte des **Abbey** (peuple) de janvier à avril fait plusieurs centaines de mort du côté des troupes coloniales, surtout des tirailleurs sénégalais. Après la reddition =\> déportation des chefs, la destruction de villages et une amende de guerre. Juin 1910, lieutenant Alessandri fait une tournée de police dans plusieurs villages accusées de cacher les meneurs de la révolte de janvier. Les notables des villages s'en défendent et déclarent leur fidélité aux autorités coloniales ; les villages sont soumis à plusieurs amendes, quelques chefs sont capturés et/ou déportés, quelques morts. Massacres villages de **Diapé** : tirailleurs tuent 54 hommes, femmes enfants puis têtes coupées, village brûlée. Qq jours plus tard Village de **Makoundié** : tirailleurs saisissent 10 otages parmi les notables pour l' histoire d'un guide fugitif (il a abandonné les troupes en plein expédition), les fusillent en route puis les décapitent, ramènent les oreilles au poste en guise de preuve. - Esprits de vengeance des officiers français et troupes coloniales Gouverneur Angoulvant entend parler du massacre de **Diapé** en juillet 1910, en informe le GG de l'AOF William Ponty qui dépêche une enquête dont les résultats accablent la mission. Angoulvant, reporte la responsabilité sur l'autorité militaire et minimise les actes commis : la préméditation ainsi que le terme de massacre sont écartées pour utiliser la formule de « dureté dans la répression ». Pour le massacre de **Makoundié**, Angoulvant sollicite une mesure disciplinaire à l'égard des tirailleurs, mais justifie en quelque sorte leurs actes, par la « primitivité » de leur mœurs. Répression révèle plusieurs choses : - Complexité des relations entre les populations « indigènes », certains servent les autorités coloniales, d'autres s'y opposent. =\> populations africaines loin de constituer un bloc monolithique, même au sein d'une même aire géographique. - Décapitation chose courante dans la conquête de la CI, geste fort et symbolique qui démontre la surenchère permanente du cycle de la vengeance. - Justification du massacre montre une forme d'accréditation de cette violence extrême par les autorités coloniales. - L'existence de tensions dans les rapports entre administration civile et militaire - La dissonance qu'il y a pu exister entre les théories de la pacification et les réalités de terrain. **[IV.B) UN MOMENT DE REDISTRIBUTION DU POUVOIR LOCAL]** Pour certaines populations locales, l'arrivée des Français représente une aubaine : 1\. Pour se libérer d'un joug ancien : groupes animistes qui avaient cherché tout au long du XIXe siècle à se prémunir contre l'hégémonie politique et religieuse de Sokoto. Selon le récit de Voulet, certains se soumettent aux Français en échange d'une protection effective. 2\. Pour se maintenir ou accroître son pouvoir. En effet, les officiers français ne se sont jamais préoccupés de la légitimité réelle de leurs soutiens. Ils utilisaient les chefs locaux au gré de leurs besoins. Si un chef entrait en résistance il était destitué et remplacé par un autre notable soutien de la France. **Exemple tiré de l'ouvrage de Camille Lefebvre, *[Des pays au crépuscule]*** Exemple d' Anawar, noble touareg issu d'une grande famille, appartient à une branche cadette et ne peut accéder au pouvoir. A l'arrivée des Français, il déclare qu'il refuse d'être commandé par quiconque et se réfugie en brousse. Deux ans après sa fuite, il décide de prendre contact avec les Français et se met à leur service, comme agent d'information et de renseignement. Il contribue à la soumission de plusieurs chefs africains. En récompense, un canton est créé spécifiquement pour lui, constitué par les villages et les populations qu'il a aidé à conquérir, pris notamment à un chef qui refuse de se soumettre. Anawar, qui ne pouvait prétendre au pouvoir, réussit donc par l'intermédiaire des colonisateurs à constituer un commandement et à conquérir un territoire. **[IV.C) EXTERNALISATION ECONOMIQUE AU CONGO FRANÇAIS : LES COMPAGNIES CONCESSIONNAIRES]** Délégation du contrôle du territoire à des compagnies privées, recours au « portage » pour l'exploitation du caoutchouc. En mars 1905, après la révélation dans la presse de l'exécution barbare d'un prisonnier indigène au Congo par deux fonctionnaires coloniaux, le ministre des Colonies ordonna une « enquête approfondie sur la situation générale de ces territoires ». Elle fut aussitôt confiée à Pierre Savorgnan de Brazza qui avait été le premier commissaire général de la République au Congo en 1886, et auquel une retraite prématurée avait été imposée en 1898. D'avril à septembre 1905, il parcourut le Congo accompagné d'inspecteurs des Colonies, d'administrateurs et d'officiers coloniaux de confiance et de deux journalistes, dont Félicien Challaye mandaté par [le Temps]. En août 1905, Brazza informait le président du Conseil qu'il rapportait la preuve que l'administration coloniale, pour contraindre les hommes à collecter du caoutchouc pour le compte des compagnies concessionnaires, organisait des camps d'otages où elle enfermait les femmes et les enfants, dans des conditions telles que la plupart mouraient rapidement. Mais il mourut lui-même à Dakar avant de regagner la France. **[IV.D) DE L'ESPACE AU TERRITOIRE]** Les conquêtes peuvent aussi être lues comme des formes d'appropriations de l'espace pour construire des territoires : la délimitation des frontières et l'établissement concomitant de cartes d'une part, et la description paysagère d'autre part, y participent. **Des frontières coloniales élaborées à partir des délimitations d'États antérieurs** Exemple tiré de la thèse de Camille Lefebvre, [Frontières de sable, frontières de papier] (2015) sur les frontières de la colonie du Niger =\> **Réévalue le rôle des Africains ont pu jouer dans la production des frontières** et territoires coloniaux à partir de l'exemple du Niger. Elle parle donc de « coproduction » des territoires coloniaux Exemple région du Niger et Nigeria actuelle : fin XIXe siècle frontières des États du Sokoto et Bornou ne sont pas linéaires se matérialisent par des villages sur lesquels les représentant du sultan prélèvent des taxes sur les marchands caravaniers. Ces villages sont des points de passage obligés pour ces marchands itinérants. L\'arrivée des Européens redéfinit ces frontières : en 1890, un traité entre la France et le RU délimite, sur une carte et depuis Londres, leurs territoires respectifs, la frontière tracée est dès le départ conçue comme provisoire. En 1898 et 1906, après des missions exploratoires, des accords précisent davantage les frontières, intégrant les revendications des chefs locaux. Le chef Beybeye, au sud-ouest du Niger, parvient à faire déplacer les frontières initialement prévues par la mission franco-britannique afin de respecter les limites de sa tribu Par exemple, lors de la mission de 1890-92, le commandant Parfait-Louis Monteil est chargé de signer des « protectorats » avec tous les chefs africains qui ne seraient pas encore engagés avec les Britanniques. Lors de son expédition, Monteil est étonné d'apprendre, par l'intermédiaire des populations locales, que le Royaume du Sokoto n'a pas d'engagement avec la Royal Niger Company. Finalement, à l'issu de sa mission, il se rend compte que les Anglais ont largement exagéré l'importance de leur influence dans la région. Les réalités locales sont intégrées lors du 2^e^ traité franco-britannique en 1898. Cette nouvelle territorialisation combine les anciennes structures précoloniales avec les nouvelles limites impériales, en intégrant les communautés villageoises et leurs protections traditionnelles