Psychologie Cognitive 2: Apprentissage Associatif

Psychologie Cognitive 2 : Apprentissage Associatif

• L'apprentissage associatif consiste à apprendre une connexion entre deux éléments du monde.
• D'un point de vue cognitif, la co-activation de deux représentations d'événements établit ou renforce le lien entre elles (Hall, 2003).

Types de conditionnement

• Conditionnement classique.
• Conditionnement opérant (ou instrumental).
• Dispositions biologiques.
• Conditionnement évaluatif.
• Alimentation et conditionnement.

Conditionnement Classique

• Découvert par Pavlov.
• Implique une procédure et des définitions spécifiques.
• Présente des phénomènes associés.
• Peut être de second ordre ou de haut niveau.
• A des mécanismes sous-jacents.
• Peut induire une réponse compensatoire.
• Joue un rôle dans le conditionnement à la peur (expérience du petit Albert).
• A des applications pratiques.

Terminologie du Conditionnement Classique

• Autres termes pour le conditionnement classique incluent : conditionnement Pavlovien, conditionnement répondant et conditionnement de Type I.
• Le conditionnement classique est le processus par lequel un stimulus neutre acquiert la capacité de provoquer une réponse après avoir été associé à un stimulus qui produit déjà cette réponse.

Découverte par Pavlov (1927)

• Pavlov travaillait sur la digestion et a découvert le conditionnement en étudiant la salivation chez les chiens.
• Il a démontré qu'un chien pouvait être entraîné à saliver au son d'un métronome.
• Pavlov (1849-1936).

Procédure de Conditionnement Classique (Pavlov)

• Avant le conditionnement :
  • Nourriture (SI) provoque salivation (RI).
  • Métronome (SN) ne provoque pas de salivation.
• Pendant le conditionnement :
  • Métronome (SN ou SC) + Nourriture (SI) provoquent salivation (RI).
• Après le conditionnement :
  • Métronome (SC) provoque salivation (RC).

Stimulus Inconditionnel (SI) et Réponse Inconditionnelle (RI)

• Dans la conception traditionnelle de Pavlov, le SI est un stimulus qui évoque une réponse (RI) sans conditionnement.
• RI est une réponse non-apprise et innée au SI, souvent décrite par Pavlov comme une « réponse réflexe ».
  • Nourriture provoque salivation.
  • Un son fort et soudain provoque émotion/peur.
  • Souffle d'air sur l'œil provoque clignement.

Stimulus Conditionnel (SC) et Réponse Conditionnelle (RC)

• Le SC est un stimulus initialement neutre (SN) par rapport à la RI.
• La RC est la réponse provoquée par le SC et est similaire à la RI, mais souvent moins intense.
• Un stimulus sans signification particulière peut devenir un signal annonçant des stimuli/événements essentiels, provoquant ainsi une réponse.

Conditions Requises

• Répétition de l'association SN-SI.
• Proximité temporelle entre l'apparition du SN et du SI (délai optimum : 0.5 seconde).
• Contingence entre SN et SI.

Contingence et Dégradation (Rescorla, 1967)

• La contingence fait référence à la probabilité relative de l'occurrence du SI en présence du SC, comparée à sa probabilité en l'absence du SC.
• Condition 1 : SC suivi de SI (30 fois) conduit au conditionnement.
• Condition 2 : Mélange de SC suivi de SI (30 fois) et SI seul (30 fois) conduit à un conditionnement absent ou réduit.
• Dans la deuxième condition, le SC est un moins bon prédicteur du SI, indiquant l'importance de la contingence pour le conditionnement.
• Rescorla (1968) : « Contingency refers to the relative probability of occurrence of US in the presence of CS as contrasted with its probability in the absence of CS. The contingency notion suggests that, in fact, conditioning only occurs when these probabilities differ. »

Conditionnement Aversif vs. Appétitif

• Conditionnement aversif : Le SI est un événement que l'organisme tend à éviter (ex. odeur désagréable, choc électrique).
• Conditionnement appétitif : Le SI est un événement que l'organisme tend à approcher ou rechercher (ex. nourriture, eau, stimuli sexuels).
• Le conditionnement aversif se produit très rapidement et est lié à la genèse des phobies et des anxiétés.
• Par conditionnement, un stimulus aversif peut devenir appétitif.

Conditionnement Excitateur vs. Inhibiteur

• Conditionnement excitateur : le SN/SC est associé à la présence du SI
  • Le SC induit une réponse après conditionnement.
• Conditionnement inhibiteur : le SN est associé à l'absence ou au retrait du SI
  • Le SC inhibe une réponse après conditionnement.
  • Notation : SC+ et SC-.

Rôle dans l'Attraction Interpersonnelle

• L'attraction envers une personne peut être influencée par son association avec des stimuli positifs, même de manière incidente (Byrne & Clore, 1970).

Études Illustratives

• Herman et al. (2000) : Association de visages neutres avec une odeur désagréable (conditionnement aversif).
  • l'activation du corrugateur est plus importante, signifiant une émotion négative.
• Gottfried et al. (2002) : Association d'odeurs agréables (vanille) avec des visages (conditionnement appétitif).
  • La présentation de SC+ active le circuit de la récompense dans le cerveau.

Phénomènes Associés au Conditionnement Classique

• Apprentissage graduel : le conditionnement se fait de façon progressive, avec une RC qui augmente avec la répétition des associations SN-SI.
• Extinction et récupération spontanée.
• Généralisation et discrimination.

Apprentissage Graduel

• Le conditionnement classique se fait généralement de manière progressive.
• La RC tend à augmenter avec la répétition des associations SN-SI.
• Le caractère graduel du conditionnement classique est une tendance générale mais des exceptions peuvent exister.
• La vitesse à laquelle s'établit le conditionnement dépend de nombreux facteurs: délai SN-SI, nature du SI (ex: aversif vs appetitif), nature du SN, expérience de l'individu avec le SN

Extinction

• SC seul (sans SI) → RC diminue puis disparaît.
• Plutôt qu'une disparition de la liaison SC-SI, il y a établissement d'une nouvelle association SC-SI inhibitrice (conditionnement inhibiteur).

Récupération Spontanée

• Après extinction, une période de repos est introduite.
• Puis, la présentation du SC seul provoque de nouveau une RC.

Généralisation

• Lorsqu'un stimulus a été conditionné, des stimuli similaires peuvent déclencher la RC.
• Gradient de généralisation : la généralisation se produit d'autant plus que le nouveau stimulus ressemble au stimulus d'origine.
• Expérience du petit Albert (Watson & Rayner, 1920) est un exemple.
• Un enfant devant aller à l'hôpital SN, à cause d'un traitement désagréable SI engendre de l'anxiété RI.
• Désormais, l'hôpital SC engendre de l'anxiété RC.
• Les hôpitaux présentant des caractéristiques similaires engendreront de l'anxiété RC.

Discrimination

• L'opposé de la généralisation.
• La réponse n'est provoquée que par un stimulus spécifique, et non par d'autres stimuli similaires.

Conditionnement de Second Ordre/Haut Niveau

• Un stimulus neutre (SN) associé à un stimulus conditionnel (SC) existant peut devenir un nouveau SC.
• Le SN est associé à un stimulus qui a une valeur acquise et non innée.
• Utilisé dans les publicités pour associer un produit (SN) à une star (SC), modifiant ainsi notre attitude envers l'objet.

Association S-S vs S-R

• L'hypothèse S-S (Stimulus-Stimulus) suggère que le SC est associé au SI, tandis que l'hypothèse S-R (Stimulus-Réponse) suggère que le SC est associé directement à une réponse.
• L'hypothèse S-S est aujourd'hui favorisée, appuyée par des arguments tels que le pré-conditionnement sensoriel et le fait que la RC n'est pas toujours identique à la RI.

Perspective Cognitive

• Dans l'approche cognitive, le changement de comportement n'est pas l'apprentissage en soi, mais un témoin de cet apprentissage.
• Après une exposition répétée à une relation de contingence entre deux événements, une nouvelle structure mentale se forme, reflétant cette relation (établissement d'un lien entre les représentations de ces deux événements).
• L'activation de la représentation A (SC) peut conduire à l'activation de la représentation B (SI).
• Hypothese de la reponse préparatoire ou le SC prepare à répondre au SI.

Réponse Compensatoire

• Il peut arriver que la RC soit à l'opposé de la RI, souvent dans les conditionnements impliquant des réactions aux drogues.

Théorie des Processus Opposés de l'Émotion (Solomon & Corbit, 1974)

• Un événement émotionnel provoque deux processus opposés : un processus A primaire mis en jeu immédiatement et un processus B opposé au processus A qui le contrecarre.
• Ce modèle est une version de la théorie de la réponse préparatoire et est inspiré par la théorie des processus opposés de l'émotion.
• Prise d'héroïne (SI) => réduction de la pression artérielle (RI) puis réponse compensatoire (augmentation de la pression artérielle).
• Indices contextuels (SC) + héroïne (SI) => réduction de la pression artérielle (RI) compensée par l'augmentation.

Conséquences

• La réponse première à la substance est compensée par la RC.
• Une réponse compensatoire plus faible ou retardée peut expliquer les overdoses.
• La présentation unique des SC peut engendrer dans ce cas des états affectifs négatifs.
• Ce type de modèle a été proposé aussi pour l'alcool (Elvig et al., 2021).

Étude d'Exemple (McCusker & Brown, 1990)

• Administration d'alcool et de tâches a des participants consommateurs d'alcool, et une différence d'environnement.
• L'environnement lié à l'alcool (le bar) résulte en une meilleure performance des participants.
• Les mécanismes précis du conditionnement classique restent encore débattus (Cradock et al., 2018 ; Honey & Dwyer, 2022).

Conditionnement à la Peur

• L'expérience du Petit Albert par Watson & Rayner (1920) démontre le conditionnement à la peur chez l'enfant.
• Chez le petit Albert:
  • SI : Bruit métallique fort.
  • RI : Peur.
  • SN : Vue d'un rat.
  • SC et RC : Vue d'un rat et peur.
• Lors du conditionnement, Albert est exposé à un rat et développe une phobie concernant divers animaux/objets à poil.
• Il s'agit du processus de généralisation, où la RC se produit pour des stimuli qui ressemblent au SC.
• Une étude de Mertens et al. (2021) examine le conditionnement à la peur chez l'adulte, avec 102 participants.
• Un conditionnement à la peur est établi.
• La réaction de peur est mesurée par la réponse électrodermale (SC).
• Les images sont présentées de façon aléatoire, chaque image est présenté 8 fois.
• Il est possible d'établir le conditionnement à la peur avec seulement une ou deux associations SN-SI.
• Le conditionnement classique peut s'établir rapidement avec des stimuli inconditionnels aversifs.

Explication des phobies spécifiques en termes de conditionnement

• L'association est particulièrement forte dans le cas d'une phobie.
• Episode de conditionnement : Expérience où une association se met en place entre l'objet de la phobie et un événement entraînant une réponse de peur.
  • Exemple, une phobie des chiens, l'épisode de conditionnement possible est : chien + morsure.
  • Ceci induit une association objet de la phobie (chien) avec stimulus entraînant réponse de peur (être mordu).
• Surgénéralisation : Peur de tout ce qui évoque l'objet/situation.
• Problème d'extinction : Rencontre avec un chien sans morsure ne réduit pas le conditionnement, possiblement à cause d'un processus d'extinction défaillant.
• De multiples causes sont possibles (ex. observation, connaissances,...)
• L'origine des troubles anxieux chez certaines personnes reste inconnue, potentiellement liée à l'histoire individuelle et aux dispositions génétiques.
• Des dérèglements du conditionnement classique à la peur sont impliqués dans les troubles anxieux comme les phobies spécifiques, l'anxiété sociale, le syndrome de stress post-traumatique et le TOC.
• Ces troubles seraient aussi liés à des problèmes de conditionnement de signaux indiquant l'absence de danger.

Applications Pratiques

• Phobies.
• Élimination de comportements.

Phobies

• Les phobies touchent environ 7% de la population.
• Les phobies les plus répandues incluent les insectes, les souris, les serpents, les hauteurs et les transports en commun.
• Une phobie spécifique est une peur persistante, intense et irraisonnée déclenchée par la présence ou l'anticipation d'un objet ou d'une situation spécifique (ex: hauteurs, avion, animaux, injection, sang).
• Le sujet reconnaît généralement le caractère excessif de sa peur.
• Le conditionnement à la peur peut expliquer le développement de certaines phobies spécifiques.
• Le conditionnement classique peut être utilisé dans le traitement des phobies.

Thérapie par exposition

• Une approche thérapeutique utilisée dans le traitement des phobies.
• Le patient s'engage progressivement vers le stimulus ou les stimuli provoquant l'anxiété.
• Ceci commence avec des formes atténuées du stimulus (ex: exposition à l'image d'un chien, puis à un chien en plastique, etc., jusqu'à un contact avec un chien).
• Un processus d'extinction se produit, car le SC (chien) n'est plus suivi du SI (attaque, morsure), réduisant progressivement la réponse de peur.

Contre-conditionnement

• Stratégie complémentaire à la thérapie par exposition qui consiste à établir un conditionnement opposé.
• Exemple : pour une phobie des chiens, manger des aliments appréciés et savoureux en écoutant de la musique préférée tout en observant un chien à distance.
• Cette approche est une description simplifiée.
• Il existe de nombreuses façons de traiter les phobies, souvent combinées, dans les thérapies cognitives et comportementales.

Élimination de Comportements

Thérapie par aversion

• Procédure qui réduit l'attractivité d'un comportement en l'associant à un stimulus aversif.
• Utilisée notamment pour les addictions (ex: addiction à l'alcool).
• Exemple : Administration d'une substance émétique (=> nausée) suivie de la consommation d'alcool.