Philosophie Chapitre 1: L'existence humaine

L'existence est définie comme le simple fait d'être dans le temps, entre la naissance et la mort.

L'existence est opposée à l'essence, tandis que l'essence correspond à l'identité des choses, l'existence se réfère à leur réalité et présence dans le monde.

L'existence précède l'essence, ce qui signifie que l'homme est d'abord jeté dans le monde avant de pouvoir se définir lui-même.

Exister signifie littéralement "se tenir hors de soi", impliquant une séparation entre soi et le monde.

La conscience d'exister implique une prise de conscience de cette séparation, créant une distinction entre le sujet et l'objet.

La conscience est à la fois sujet et objet, mais elle ne coïncide pas avec elle-même, créant une séparation entre le sujet et l'objet.

La prise de conscience de soi conduit à une scission entre le soi et le monde, car la réflexion nous isole du monde environnant.

La séparation entre soi et le monde peut être soit une réalité objective (Descartes), une représentation subjective (Kant), un rapport intentionnel (Husserl) ou une dé-coïncidence (Jullien).

La conscience séparée se compose de deux pôles: le pôle subjectif du "pour soi" et le pôle objectif de l'"en soi".

L'adaptation au monde est essentielle pour comprendre la conscience de soi. Tant qu'on fonctionne naturellement dans son environnement, on ne prend pas conscience de soi.

Lorsque l'on ne se sent plus adapté au monde, face à des événements dramatiques ou des changements progressifs, on prend conscience de notre existence.

La conscience de la mort et de la souffrance est un moteur fondamental de la séparation entre soi et le monde, nous faisant prendre conscience de notre condition humaine.

L'homme, contrairement à l'animal, s'étonne de sa propre existence, ce qui a donné naissance à la métaphysique.

L'homme construit un monde culturel (art, langage, technique) pour s'adapter à son environnement, ce qui exprime son inadaptation naturelle.

Le mythe de Prométhée illustre l'inadaptation de l'homme dans la nature, la nécessité du feu et de la technique pour survivre, symbolisant les limites de la maîtrise humaine de la nature.

Le récit biblique de la genèse montre la prise de conscience de la nudité comme symbole de la dé-coïncidence de l'homme avec son état paradisiaque.

L'inadaptation de l'homme dans la nature pousse à s'adapter par l'esprit et la conscience, dont le langage est l'expression et le moyen de cette adaptation.

Le « je » à la première personne est la manifestation décisive de la conscience de soi, apparaissant dans le langage et marquant un passage du sentiment à la pensée.

Utiliser le « je » implique une représentation, non une substance, et confère à l'homme l'unité, la dignité et la responsabilité.

Le langage conceptuel, propre à l'homme, permet à la conscience de s'exprimer et distingue l'homme de l'animal.

Le stade du miroir n'est pas décisif pour la conscience, car certains animaux en sont capables, mais le langage conceptuel est une caractéristique unique de l'homme.

La conscience est une synthèse, un processus de construction qui synthétise les sensations, les formes et les concepts, créant notre rapport au monde.

La conscience, loin de simplement situer le corps dans l'espace-temps, s'ouvre sur le monde, créant une synthèse de l'espace et du temps.

Le temps vécu par la conscience est une durée qualitative, différente du temps objectif mesurable par l'espace.

Le temps objectif, malgré sa complexité scientifique, reste une construction, tandis que le temps subjectif est lié à l'expérience et à la conscience.

Le temps subjectif comprend le passé, le présent et le futur, formant un continuum, et la conscience est libre de se déplacer entre ces dimensions.

Le cogito, la première vérité indubitable pour Descartes, fonde la science en démontrant l'existence d'une conscience qui pense.

L'objectivité nécessite un sujet qui pense sans se laisser influencer par sa subjectivité, créant un défi pour les sciences humaines où la subjectivité de l'observateur peut influer sur l'analyse.

Le sujet pensant est libre, car il pense sans être contraint par une cause extérieure, ce qui pose la question de la liberté du sujet dans un monde déterministe.

Le libre arbitre, la capacité de choix sans raison, révèle la liberté d'indifférence, tandis que la liberté éclairée permet de choisir en fonction de la connaissance.

La légende de l'âne de Buridan illustre la liberté d'indifférence, où l'âne ne peut choisir entre deux options équivalentes et meurt de faim.

La liberté d'indifférence est considérée comme le degré le plus bas de la liberté, car le choix est sans raison, tandis que la liberté éclairée est motivée par la connaissance de la situation.

La connaissance n'est jamais totale, ce qui pose la question de la liberté dans une situation où l'ignorance est toujours présente.

La possibilité de choisir le mal en connaissance de cause, malgré la connaissance du bien, soulève la question de la liberté face au déterminisme moral.