Installation d'une culture fruitière

• Les notes ci-dessous portent sur l'installation d'une culture fruitière, de la préparation du terrain aux techniques d'irrigation, en passant par la pollinisation et l'entretien des plants.

Travaux préliminaires à la plantation

• La densité de plantation se calcule par la formule : Nombre de plants par hectare = 10 000 m2 / (E * e), où E représente l'écartement entre les lignes et e l'espacement entre les plants.
• Les systèmes de plantation varient en densité, allant du verger extensif (80-150 pieds/Ha) au verger super intensif (2500-3000 pieds/Ha et plus).
• Pour les rosacées, une densité de 500 à 1200 arbres/ha est recommandée, avec un espacement de 3-4 mètres entre les arbres et 4-5 mètres entre les lignes.
• Les agrumes nécessitent une densité de 400 à 700 arbres/ha, espacés de 4-5 mètres entre les arbres et 5-6 mètres entre les lignes.
• La densité de l'olivier varie de 100 à plus de 2000 arbres/ha, avec un espacement de 1,3 à 8 mètres entre les arbres et 4 à 10 mètres entre les lignes.
• Les palmiers dattiers requièrent une densité de 100 à 150 arbres/ha, espacés de 8 à 10 mètres entre arbres et lignes.
• Pour la vigne, une densité de 3000 à 5000 pieds est préconisée, avec un espacement de 1,5-2 mètres entre les pieds et 2,5-3 mètres entre les lignes.
• La plantation peut se faire en carré (distance égale entre les lignes et les plants), en quinconce (formation de triangles équilatéraux), en rectangle ou en haie (rangées rapprochées).

Pollinisation

• La pollinisation des arbres fruitiers exige souvent deux variétés différentes d'une même espèce, car la plupart sont autostériles, nécessitant une pollinisation croisée.
• Il est crucial de choisir des variétés dont les périodes de floraison se chevauchent, compte tenu de l'étalement de la floraison sur plusieurs jours ou semaines, dépendant des espèces, variétés et années.
• L'abeille est un vecteur de pollinisation pour les rosacées (2 à 5 ruches/ha), tandis que le blastophage est spécifique au figuier.
• L'entomophilie désigne la pollinisation par les insectes et l'anémophilie celle par le vent (exemples : noyer, pistachier, olivier, vigne).
• Un arbre autofertile assure sa propre fécondation à partir de son pollen, contrairement à un arbre autostérile qui a besoin du pollen d'autres arbres.
• Exemples d'arbres autostériles : pommier, poirier, palmier dattier, cerisier et amandier.
• Exemples d'arbres autofertiles : pêcher, cognassier, agrumes, olivier et abricotier.

Préparation du sol et des plants

• Le piquetage délimite la parcelle avec des piquets, en utilisant des bâtons et une corde ou une ficelle mesurée.
• Creuser les trous manuellement ou à la tarière hydraulique, le nombre de trous équivalant au nombre de plants.
• Sur sol labouré, il suffit d'un coup de sape pour les boutures.
• Sur sol non labouré, creuser des trous cubiques de 1m3.
• Il est préférable de séparer les couches de terre lors du creusage, en réservant la couche superficielle riche pour le fond du trou.
• Sélectionner des plants sains et vigoureux avec un axe droit, des points de greffage cicatrisés, des racines ramifiées et une certification.
• Pour les plants à racines nues, il faut habiller les racines (couper l'extrémité pour faciliter la mise en place, éliminer les racines endommagées et favoriser l'émission de nouvelles racines) et praliner (tremper les racines dans du pralin pour réhydrater, favoriser la cicatrisation et stimuler l'émission de nouvelles racines).
• Pour les plants en mottes ou en conteneur, retirer le conteneur, ajuster la motte à la taille du trou et éliminer les racines desséchées.
• Planter en novembre-décembre dans les sols légers et zones peu pluvieuses et après l'hiver dans les zones froides à sol lourd.

Mise en place de la culture

• Le repiquage consiste à transplanter un jeune plant de son emplacement initial vers un autre endroit.
• Les étapes de la transplantation incluent : arracher le plant en motte, ajouter du fumier mélangé au sol, mise en place du plant, tuteurage, remplissage du trou et tassement du sol, puis irrigation.
• Étapes pour la plantation: positionner l'arbre dans le trou, enfoncer un tuteur du côté du vent dominant, reboucher le trou en gardant le point de greffe au-dessus du niveau du sol.
• Autres Étapes pour la plantation: tasser le sol et former une cuvette, arroser abondamment et protéger le tronc des animaux et des machines.
• La confection de cuvettes autour des arbres (1 mètre de diamètre, 10-15 cm de profondeur) favorise l'absorption de l'eau, optimise l'irrigation et protège contre l'érosion.

Taille des arbres – Principes fondamentaux

• La taille d'un arbre fruitier sert à éliminer une partie plus ou moins importante des organes végétatifs.
• La taille permet de structurer l'arbre, d'améliorer l'aération et la pénétration de la lumière, de favoriser la croissance, la floraison et la production de fruits, et d'assainir et rajeunir l'arbre.
• Couper toujours au-dessus d'un œil extérieur et ne jamais tailler au-dessus d'un œil orienté vers l'intérieur.
• Supprimer un rameau au ras de la branche pour éviter les chicots.

Matériel et période de taille

• Le matériel de taille inclut : sécateur, coupe branche, scie (tronçonneuse), échelle, gants et mastic.
• La désinfection des outils de coupe prévient la propagation des maladies et les outils doivent être aiguisés.
• La taille s'effectue pendant la période de dormance pour les arbres à feuilles caduques et pendant les périodes de faible activité pour les arbres à feuilles persistantes.
• Il y a moins de risque de perturber l'arbre, la guérison est plus rapide et les branches sont plus visibles.

Types de taille

• La taille de formation donne l'aspect souhaité à l'arbre.
• La taille de fructification équilibre la croissance végétative et la production de fruits.
• La taille de rajeunissement élimine les ramifications âgées pour favoriser de nouvelles pousses.
• La taille de formation s'effectue généralement durant les 3 à 5 premières années de l'arbre, en rabattant une branche au-dessus d'un bourgeon orienté dans le sens voulu.
• Opérations techniques lors de la taille de formation: la 2ème année, tailler les charpentières à 0,5-0,6m; la 3ème année, tailler les sous-charpentières pour former les rameaux fructifères.
• La taille de fructification a pour but de favoriser la mise à fruit, régulariser la production, améliorer la fructification, limiter l'alternance, assurer un équilibre nutritionnel, assurer une aération et favoriser de nouvelles pousses.
• La taille de fructification consiste à enlever les branches mortes, cassées ou mal dirigées et à supprimer les branches intérieures pour favoriser la lumière et l'aération. Taillez plus long des branches du bas et plus courtes celles du sommet.
• La taille de rajeunissement est justifiée lorsque l'arbre est trop haut, présente des dénudements importants ou devient improductif.
• La taille de rajeunissement consiste à éliminer toute la frondaison au niveau le plus haut du tronc pour permettre le développement de nouvelles pousses.

Opérations complémentaires à la taille

• Les pincements coupent l'extrémité des pousses vertes en plusieurs passages.
• Les arcures courbent les rameaux pour distribuer la sève et orienter la production.
• L'ébourgeonnage enlève les bourgeons ou pousses non désirées.
• L'incision annulaire bloque la sève élaborée en coupant l'écorce.
• L'inclinaison donne une direction oblique au rameau pour favoriser les bourgeons floraux.

Entretien du sol et désherbage

• Le travail du sol aère le sol, diminue l'évaporation, améliore la perméabilité, enfouit les mauvaises herbes et incorpore des engrais (phospho-potassiques).
• Le travail du sol ne doit pas dépasser 4 à 6 passages par an, avec un pulvériseur réglé à 18-20 cm de profondeur.
• Le paillage recouvre le sol autour des plantes avec des matériaux naturels (paille) ou synthétiques (plastique) pour limiter les mauvaises herbes, augmenter la température du sol, protéger les fruits, maintenir l'humidité.
• Le paillage en plastique réduit l'évaporation et protège le sol, mais peut créer des couches salines, coûte cher, pollue et nécessite un arrosage fréquent.
• Le paillage organique (mulching) améliore la fertilité et réduit l'évaporation.
• Le paillage organique (mulching) est inflammable, sert d'abri aux animaux et augmente les risques de gelée.
• Le désherbage élimine les mauvaises herbes (adventices), qui peuvent être annuelles, bisannuelles ou vivaces.
• Les adventices annuelles germent et fleurissent dans l'année, les bisannuelles ont un cycle de vie de deux ans, et les vivaces se propagent par racines et graines.
• Pendant les 3 premières années, les mauvaises herbes sont éliminées manuellement dans un rayon de 50 cm autour du tronc, puis des désherbants chimiques peuvent être utilisés à partir de 4 ans.
• Le désherbage peut être mécanique, manuel ou chimique (herbicides).
• Les herbicides de prélevée empêchent la germination des mauvaises herbes, tandis que ceux de postlevée ciblent les plantes déjà établies.
• Les herbicides sélectifs ciblent des types spécifiques de mauvaises herbes, et ceux non sélectifs éliminent toutes les plantes.
• Les herbicides de contact affectent uniquement les parties touchées de la plante, tandis que les herbicides systémiques sont absorbés et tuent toute la plante.
• Un programme de désherbage doit inclure un diagnostic précis de l'infestation, les dates de traitement, les produits, les méthodes à employés, un suivi de l'efficacité et un ajustement du programme si nécessaire.

Irrigation

• L'irrigation est essentielle en arboriculture pour compenser le manque de précipitations.
• Les systèmes d'irrigation incluent l'irrigation gravitaire, par aspersion et goutte à goutte.
• Les éléments essentiels pour l'irrigation sont : les besoins en eau de la culture, la capacité du sol à retenir l'eau, les stocks d'eau dans le sol, les apports d'eau extérieurs et l'évapotranspiration.
• Planifier l'irrigation en fonction du stade de développement de la plante et des conditions climatiques.
• La formule pour déterminer les besoins en eau est : ETc (mm) = Kc x Kr x ETo (mm)
• ETc (mm) est l'évapotranspiration des cultures, Kc est le coefficient cultural, Kr est le coefficient lié à la couverture du sol et ET0 est l'évapotranspiration de référence (mm/jour).
• La quantité d'eau d'irrigation se calcule par : I (mm) = ETc - Pe
  • Où Pe est la pluie efficace (calculée selon que la pluviométrie P est supérieure ou inférieure à 75 mm).
• L'irrigation localisée est conseillée dès l'installation de la parcelle, tous les jours ou un jour sur deux, ou en irrigation de complément.
• En goutte à goutte, utiliser un goutteur par arbre (20 cm du tronc) pendant les 2 premières années, puis 2 goutteurs par arbre (1 m du tronc) à partir de la 3ème année.