UE 11 - Les facteurs de risque des maladies parodontales

Facteurs de risque parodontaux: Définition

• Un facteur de risque est un attribut, une caractéristique ou une exposition qui augmente la probabilité de développer une maladie ou de subir un traumatisme, selon l'OMS.
• Il se distingue d'un facteur étiologique, qui est la cause de la maladie.
• La parodontite chronique est une maladie multifactorielle influencée par divers facteurs de risque, mais elle peut exister même sans ces facteurs.
• Des exemples de facteurs de risque pour les parodontites chroniques sont le tabac et le diabète, surtout s'il est mal contrôlé.
• La classification des maladies parodontales a été mise à jour en 2017 à Chicago.

Facteurs ou indicateurs de risque

• Cela dépend de la force de l'association entre le facteur et la maladie, évaluée par des études.
• Pour identifier un facteur de risque, il faut des études longitudinales (suivi d'une population dans le temps) et d'intervention (contrôle ou suppression du facteur réduisant le risque de maladie).
• La reproductibilité et la solidité de l'association doivent aussi être démontrées à travers différentes populations et en tenant compte des polypathologies.
• Sans ces conditions, on parle d'indicateur de risque (études transversales).

Pathogénèse de la parodontite

• Le principal facteur étiologique est constitué des bactéries de la plaque dentaire.
• Les bactéries sécrètent des endotoxines (LPS) qui déclenchent une réponse immunitaire et inflammatoire, modifiant le métabolisme osseux et des tissus conjonctifs, entraînant la maladie parodontale.
• La destruction tissulaire dépend à la fois des bactéries et de la réponse de l'hôte.
• Les facteurs généraux peuvent moduler la réponse de l'hôte, le métabolisme des tissus osseux et conjonctifs, et les réponses des polynucléaires neutrophiles.
• La parodontite peut avoir un impact majeur sur la perte de tissus parodontaux, comme dans les maladies génétiques (syndrome de Down) ou inflammatoires (polyarthrite rhumatoïde).
• D'autres maladies ou consommations peuvent influencer la pathogénie de la maladie parodontale.
• Certaines maladies peuvent entraîner une perte de tissus parodontaux même en l'absence de parodontite (par exemple, une tumeur néoplasique).

Facteurs de risque généraux

Facteurs comportementaux: Tabac

• Le tabac est le premier facteur de risque important.
• En moyenne, 30% de la population fume entre 15 et 85 ans.
• Les fumeurs ont trois fois plus de parodontites et sont exposés à 4000 composants nocifs.

Effets du tabac

• La nicotine comprime les capillaires.
• L'élévation de température buccale favorise certaines bactéries.
• Le tabac favorise les anaérobies, induit une vasoconstriction (affaiblissant la réponse immunitaire), et affecte les fonctions des polynucléaires neutrophiles.
• Il est considéré comme un facteur de risque majeur et aggrave les problèmes parodontaux, réduisant la réponse aux traitements et augmentant les récidives.

Conseil aux patients

• Les conseils aux patients et l'aide au sevrage sont essentiels.
• Les atteintes parodontales sont plus marquées chez les fumeurs que chez les non-fumeurs.

Facteurs comportementaux: Stress

• Le stress affecte le système nerveux et endocrinien et a un impact sur le comportement.
• Le stress direct libère des hormones, notamment le cortisol, qui est immunosuppresseur et altère la réponse immunitaire, augmentant le risque d'invasion bactérienne et de parodontite.
• Le stress indirect peut entraîner un changement de comportement, une mauvaise hygiène buccale et une réponse immunitaire affaiblie, favorisant la plaque et la parodontite.

Facteurs comportementaux: Cocaïne

• L'application de cocaïne peut provoquer des lésions hyperparticulières, des récessions parodontales, une alvéolyse sévère et une mauvaise cicatrisation en raison de son effet vasoconstricteur puissant.

Facteurs systémiques

Le diabète

• L'hyperglycémie chronique due à un défaut d'insuline est associée à une prévalence de 5 à 10%.
• Le diabète de type 1 est insulino-dépendant, résultant d'une destruction auto-immune des cellules β du pancréas.
• Le diabète de type 2 est lié à une résistance et/ou un déficit en insuline.
• Le diabète affecte l'immunité, le système vasculaire et le métabolisme collagénique, augmentant la sévérité et la progression des maladies parodontales, facilitant les récidives et diminuant la réponse aux traitements.

L'obésité

• L'obésité est associée à des maladies cardio-vasculaires, à l'hypertension, au diabète de type 2 et à l'apnée du sommeil.
• L'obésité modifie la quantité du biofilm bactérien, provoque une réponse inflammatoire de bas grade et une altération de la réponse immunitaire.
• La perte de poids peut améliorer la réponse aux traitements parodontaux.
• Le tissu adipeux libère des hormones et des cytokines qui altèrent la réponse inflammatoire.

L'équilibre endocrinien

• Puberté et grossesse peuvent provoquer une gingivite.
• La grossesse peut aussi provoquer une gingivite gravidique, et des épulis lié aux niveaux d'œstrogène et de progestérone peuvent aussi augmenter la fragilité épithéliale.
• La contraception et la ménopause peuvent aussi avoir un impact.
• Les pilules contraceptives actuelles ont peu d'impact parodontal, étant microdosées.
• Un déficit en œstradiol est un facteur de risque pour la diminution de la masse osseuse et l'ostéoporose.

HIV

• Le VIH est liée à des manifestations buccales dues à l'immunodéficience, telles que des candidoses, des néoplasies, un érythème gingival linéaire, et des GUN/PUN.

Facteurs génétiques

L'âge

• La prévalence de la parodontite de grade B augmente avec l'âge, mais le risque de parodontite de grade C ne suit pas cette tendance.

Le sexe

• Les hommes sont plus à risque de parodontite de grade B, potentiellement en raison d'une hygiène orale moins rigoureuse et d'une consommation de tabac plus élevée.

Facteur ethnique

• Les populations africaines présentent un risque plus élevé de parodontites de grade C par rapport aux populations asiatiques et caucasiennes.
• Ces facteurs doivent être ajustés en fonction des critères socio-économiques.
• Des évolutions bactériennes différentes selon les populations migrantes peuvent expliquer ces différences.
• La perte osseuse n'est pas toujours liée à la quantité de plaque en bouche, et est souvent plus importante chez certaines populations.

Déficience des PMN

• Les PMN, originaires de la moelle osseuse, sont essentiels pour la défense de l'hôte contre les agressions bactériennes, assurant le chimiotactisme, la production de peroxyde, la phagocytose et l'activité bactéricide.
• Leur déficience peut provoquer des pathologies rares avec des manifestations cliniques sévères, comme le syndrome de Chédiak-Higashi ou la maladie de Papillon-Lefèvre.

Syndrome de Chédiak-Higashi

• C'est une maladie rare avec des épisodes infectieux fréquents.

Maladie de Papillon-Lefèvre

• C'est une maladie dermatologique autosomique récessive avec hyperkératose et parodontite sévère.

Syndrome de Down

• Ce syndrome est lié à des perturbations des neutrophiles.

Patients à risque accru

• Patients à risque accru pour la maladie parodontale
• Une gingivite sévère, une béance antérieure et une occlusion croisée postérieure augmentent le risque.
• Une importante perte d'attache, des poches profondes et une hypotonie linguale sont aussi des facteurs de risque.

Polymorphisme de l'IL-1

• Il s'agit d'une variation d'allèle dans le génome qui peut affecter le phénotype, augmentant la susceptibilité génétique aux parodontites agressives.
• L'IL-1 est une cytokine pro-inflammatoire libérée par les monocytes en réaction aux LPS, amplifiant la réaction immuno-inflammatoire et altérant le métabolisme conjonctif et osseux.

Test génétique PST

• Il s'agit d'un test de susceptibilité aux parodontites qui détecte le polymorphisme de l'IL-1, à visée pronostique et non diagnostique.

Résultats du test PST

• Un résultat PST+ indique une susceptibilité accrue aux parodontites, mais ne signifie pas systématiquement une parodontite.
• Un résultat PST- reflète une susceptibilité normale, mais n'exclut pas une parodontite agressive.

Conclusion

• Les maladies parodontales sont multifactorielles.
• Il faut tenir compte dans le traitement de certains facteurs modifiables et des différents facteurs cumulés.