Discriminations et Sociétés

La pauvreté est un phénomène de masse, souvent perçue comme intégrée.
Elle pouvait être associée à une valeur spirituelle avant le XIIIe siècle.
La lutte contre la pauvreté a commencé au début du XVIIe siècle en Angleterre avec les premières lois sur les pauvres.
À partir de la fin du XVIIIe siècle, la pauvreté a été perçue non comme une fatalité, mais comme un problème que les sociétés pouvaient résoudre par le travail et l'éducation.
Au XIXe siècle, la question sociale a remis en cause cette croyance.
La généralisation des lois d'assistance aux pauvres a commencé au début du XXe siècle, avec des mesures comme l'Aide sociale et l'Assistance médicale pour les plus pauvres en France (1893).
La pauvreté n'est pas uniquement caractérisée par le manque de ressources, mais également par un rapport à ces dernières, c'est le constat de Georg Simmel dans son texte Les Pauvres.

Pauvreté relative (France, Europe) : Basée sur la comparaison avec la situation de l'ensemble de la population (seuil de pauvreté fixé à 60 % du niveau de vie médian en Europe).
Pauvreté absolue (États-Unis) : Se base sur la détermination d'un panier de consommation estimé essentiel pendant une période déterminée en tenant compte des spécificités économiques et sociales. La Banque mondiale a fixé un seuil d'extrême pauvreté à 1,90 $ /jour.

Les mesures monétaires de la pauvreté sont unilatérales et ne tiennent pas compte des éléments non pris en compte, notamment de :
- La propriété d’un logement
- La production domestique
- L’incertitude économique
- Le capital social
- L’offre de services publics
L’évaluation du panier peut reposer sur des représentations sociales biaisées.
La concentration de la population autour du seuil de pauvreté ne change pas si le revenu double pour toute la population.
La pauvreté augmente même si le revenu augmente, mais plus pour les catégories sociales les plus privilégiées.

La pauvreté en conditions de vie mesure l'accès aux biens essentiels et aux consommations de base.
Il ne s'agit pas simplement du manque d'un bien matériel spécifique, mais plutôt du cumul de difficultés d'accès.
Le seuil de pauvreté est de 5 privations parmi une liste de 13. Peter Townsend a développé une approche de la pauvreté en termes d'absence de privations.
12 privations déterminées par Townsend : alimentation, logement, chauffage, électricité équipement du ménage, conditions de travail, santé, éducation, environnement, activités familiales, activités de loisirs, relations sociales.

La pauvreté subjective mesure le sentiment de pauvreté déclaré par les personnes.
Elle examine le risque de devenir pauvre dans les cinq prochaines années (question posée dans l’enquête).
Des limites comme les attentes frustrées ou le goût dispendieux des enquêtés peuvent influencer les résultats.
Nicolas Duvoux a étudié les notions de comparaison de la société actuelle avec les années 1960-1970 et les perspectives d’avenir pour les personnes pauvres.

L'étude des discriminations s'inscrit dans le cadre des inégalités sociales.
Les individus sont assignés à des catégories à partir de critères externes et subi un traitement différent.
L'économie des discriminations a été développée par Gary Becker.
La discrimination statistique est définie par l’utilisation de caractéristiques observables comme l’ethnie pour prédire des caractéristiques non observables tels que les compétences (Arrow, 1972).
Cette analyse de la discrimination statistique exonère les sujets mais peut ne pas refléter les réalités. On doit tenir compte des préjugés, des stéréotypes, des rapports de domination.
Les discriminations sont des distinctions ou différences de traitement illégitimes et arbitraires.
Les motifs de discrimination sont différents : ethnie, nation, race, religion, sexe etc.

Des politiques publiques spécifiques existent pour lutter contre la pauvreté, dont les aides et actions sociales.
La sécurité sociale, créée à la fin de la Seconde Guerre mondiale en France, a pris une partie importante dans ces politiques pour réduire la pauvreté, principalement pour les retraités et les personnes âgés.
Des associations ou des groupes sociopolitiques ont également joué un rôle dans le développement de politiques spécifiquement contre la pauvreté, pour pallier les carences de l'emploi.
L'État social est devenu moins efficace dans la lutte contre la pauvreté depuis 1970, notamment à cause de la flexibilisation de l'emploi, de la participation des femmes au marché du travail salarié, et de la crise économique qui a créé un chômage massif.

Charlotte Debest et son étude des stratégies et conséquences du choix d’une vie sans enfant (2014) montrent l'importance grandissante de cette option comme un choix plus personnel et moins imposé par les pressions sociales.
Les personnes qui ne veulent pas d’enfant n'ont pas reçu la possibilité d'être accompagnées du point de vue psychosocial.
La notion de « construction sociale » d'une vie sans enfant se caractérise par la manière dont les personnes perçoivent et réagissent à ce choix, ainsi que par la création de sous-cultures.
Cette expérience démontre des nouvelles formes de représentations sociales au sujet de la maternité qui n'ont plus de caractère normatif.

L'approche décoloniale critique le récit moderniste centré sur l'Occident pour analyser la question de la pauvreté, des inégalités ou de la discrimination.
Une approche décoloniale, comme celle d'Edward Saïd dans Orientalisme (1978), permet de mettre en avant les constructions occidentales de la réalité des pays sous colonisation et leurs conséquences.
Edward Saïd critique le récit qui a été construit autour du monde « Oriental » par des intellectuels occidentaux.
La critique postcoloniale, comme celle de Gayatri Chakravorty Spivak (« Les subalternes peuvent-elles parler ? »), met en exergue la nécessité de prendre en compte les différences entre les cultures et de ne pas considérer les visions occidentales comme universelles et applicables à toutes les situations.
L'approche décoloniale, comme celle d'Anibal Quijano et d’Enrique Dussel met en avant le concept de "colonialité du pouvoir." Cette approche va au-delà de la période coloniale, et vise à reconnaitre et analyser le pouvoir de l'Occident qui continue d'influencer le monde.